Il prend la forme d’un envoi massif et frénétique de CV pour répondre à un refus d’augmentation, ou plus souvent, à un environnement de travail jugé toxique. Le rage applying est la nouvelle tendance qui monte auprès des salariés. Si son efficacité est douteuse, ce qu’elle dit du mal-être d’un salarié, est en revanche très concret.
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00:12 Fenêtre sur l'emploi. Avez-vous entendu parler de "Reg Applying"?
00:16 Moi, je dois avouer que je n'avais pas vraiment entendu parler de cela,
00:20 mais on va en parler avec Stéphanie Richard.
00:22 Bonjour Stéphanie.
00:23 Bonjour.
00:24 Directrice de chez Walters People, Robert Walters People.
00:28 Tout à fait.
00:29 C'est le journal de Robert Walters.
00:31 D'abord, un petit mot, parce que moi, je n'aime pas les anglicismes.
00:34 Reg Applying, c'est quoi ? C'est la rage de se faire recruter ?
00:38 C'est comme ça qu'on pourrait le dire ?
00:39 Alors, on parle davantage de candidature enragée.
00:43 Ce n'est pas forcément l'objectif de se faire recruter.
00:46 L'objectif est vraiment de postuler massivement sur plein d'offres d'emploi
00:51 au même moment suite à un mécontentement dans son environnement de travail.
00:56 Ah oui, c'est-à-dire qu'en fait, repartant à la base, on a tellement la rage,
01:00 puisque c'est l'étymologie de l'expression, qu'on va inonder sans même pour autant s'équater.
01:05 C'est presque un geste de désespoir, de rage.
01:07 On inflige à l'entreprise une sorte de geste de désespoir presque.
01:11 Voilà, c'est comme un défoulement.
01:12 Certains font du sport, d'autres vont se mettre à manger,
01:16 et dans le monde du recrutement, ils vont décider de postuler massivement,
01:20 en un temps assez record souvent, à toutes les offres d'emploi.
01:23 Donc j'ouvre des centaines de portes pour claquer celle de mon employeur.
01:27 C'est un peu ça ?
01:28 Alors, ce qui est amusant dans l'enquête que nous avons pu effectuer,
01:31 c'est que finalement, la personne n'a pas l'objectif obligatoirement de démissionner.
01:36 On parle vraiment de réaction impulsive, comme une colère,
01:41 en réaction à, par exemple, un manager toxique.
01:45 Vous le dites, l'objectif ce n'est pas forcément de trouver un emploi,
01:47 mais 73% des professionnels, ça s'est tiré de votre étude,
01:50 ont déjà cherché à changer de job.
01:53 Ça veut dire quand même que malgré tout, derrière ça,
01:56 l'idée que si cette rage arrive, on s'en va à la fin.
02:02 Alors, comme on a pu le voir, c'est vrai, dans l'enquête,
02:05 c'est que 73% des gens, donc quand même 3 français sur 4,
02:08 3 professionnels sur 4, c'est énorme,
02:11 qui ont déjà cherché depuis le début de l'année à quitter leur emploi.
02:14 Mais ce qui était très intéressant dans cette étude,
02:17 c'est de voir que la moitié de ces personnes, donc une sur deux,
02:21 le faisaient davantage par rapport à une culture d'entreprise,
02:25 un environnement…
02:26 Toxique, par exemple ?
02:27 Exactement.
02:28 Là où, par exemple, la rémunération ne correspondait qu'à 23% des causes de…
02:34 Donc on voit bien que ce sont des raisons presque psychologiques,
02:37 presque psychiques d'un manager toxique, d'une mauvaise ambiance.
02:42 Ça dit quoi de notre société ?
02:44 Parce que ce phénomène a toujours existé,
02:46 il n'en peut plus, mais ce que vous dites, c'est qu'il a progressé.
02:49 Tout à fait.
02:50 Alors, le phénomène a effectivement toujours existé.
02:53 Aujourd'hui, vous savez, on met des mots anglais sur chaque action,
02:57 ce qui permet aussi l'amplification du phénomène.
03:01 Aujourd'hui, depuis le Covid, on voit bien que les gens sont plus sur un équilibre
03:05 vie perso, vie pro, mais la vie pro est très importante pour eux,
03:09 pour un équilibre de vie.
03:11 Et effectivement, le marché du travail aujourd'hui,
03:15 qui reste quand même très tendu,
03:17 on a beaucoup d'offres d'emploi de la part des entreprises,
03:20 de la part de nos clients, qui ont un problème également de rétention.
03:23 Et en fait, je pense que nos salariés savent ça, jouent là-dessus également.
03:29 Ils ont pris le pouvoir, dit-on ?
03:31 Un petit peu, on peut dire ça.
03:33 C'est vrai, vous qui êtes au cœur de ce sujet, je n'exagère pas.
03:36 Ils se disent, après tout, je peux claquer la porte
03:38 et puis je vais retrouver assez rapidement dans mon secteur.
03:40 Tout à fait. La moyenne aujourd'hui de durée dans une entreprise,
03:43 c'est de trois à quatre ans, voire même de trois ans.
03:46 Parce qu'on a également un sujet, aujourd'hui, générationnel,
03:49 où on parle beaucoup de quête de sens,
03:51 on parle également d'environnement, de contexte.
03:55 Et aujourd'hui, face à ces phénomènes,
03:58 les entreprises doivent être plus flexibles, plus agiles,
04:02 doivent proposer des solutions, s'adapter en permanence
04:06 et être à l'écoute de leurs salariés.
04:08 C'est un sujet, évidemment, de préoccupation pour les RH,
04:11 avec la volonté de continuer à les engager
04:13 et j'imagine remettre la culture d'entreprise au cœur du sujet.
04:16 Tout à fait.
04:17 Merci de nous avoir éclairés sur ce "Rage applying".
04:19 On a eu le "Quiet quitting", qui était un peu le dernier nez.
04:22 Là, on a vraiment le dernier nez, le tout dernier nez,
04:24 le "Rage applying" avec cette étude assez intéressante
04:26 à découvrir chez Walters People,
04:28 qui donne quand même une photographie assez inquiétante du phénomène.
04:31 Merci Stéphanie Richard.
04:33 Merci de m'avoir reçu.
04:34 Merci de nous rendre visite, directrice Walters People.
04:37 Merci à vous, merci de votre fidélité.
04:38 Évidemment, merci à toute l'équipe.
04:40 Merci à Romain à la réalisation.
04:41 Merci Alexis Ausson.
04:43 Et merci à l'équipe de programmation Nicolas Juchat et Alexis.
04:46 Merci à vous.
04:47 À très très bientôt.
04:48 Bye bye.
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