• l’année dernière

Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui, il reçoit Claude Lelouche. Ensemble, ils évoquent la vie et la filmographie de Claude Lelouche.

Vous voulez réagir ? Appelez-le 01.80.20.39.21 (numéro non surtaxé) ou rendez-vous sur les réseaux sociaux d’Europe 1 pour livrer votre opinion et débattre sur grandes thématiques développées dans l'émission du jour.
Retrouvez "Pascal Praud et vous" sur : http://www.europe1.fr/emissions/pascal-praud-et-vous

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Transcription
00:00 Pascal Praud et vous.
00:02 Et votre matinée se poursuit sur Europe 1 avec Pascal Praud de 11h à 13h.
00:05 Vous écoutez Pascal Praud et vous.
00:07 Vous réagissez au 01 80 20 39 21.
00:09 Il y a un numéro que vous pouvez composer pour poser vos questions à notre invité Claude Lelouch.
00:13 Pascal ce matin.
00:14 Je n'arrive plus à savoir si lorsque Claude Lelouch entend "Shabada Bada"
00:18 il se dit "voilà quel manque d'originalité des gens qui me reçoivent d'écouter cette chanson"
00:23 ou au contraire il se dit "bah non c'est le patrimoine national aussi cette chanson".
00:26 Bonjour Claude Lelouch. Je pense qu'il n'y a aucun film que je n'ai pas aimé de vous.
00:30 Mais écoutez, je suis comme je vous le disais tout à l'heure
00:35 au bon endroit et le bon jour.
00:38 Non vous savez, j'ai eu la chance depuis 60 ans de partager mes observations
00:46 avec le plus grand nombre et des fois le plus petit nombre, ça dépendait des films.
00:51 Et je n'ai rien été d'autre qu'un témoin de mon temps, de mon époque que j'ai adoré.
00:56 J'ai pris un plaisir fou à filmer les complications et les contradictions du monde dans lequel on vit depuis 60 ans.
01:04 Et ces complications et ces contradictions ont fait que je ne me suis pas ennuyé une seule seconde.
01:09 Et ce qui donne un sens à la vie c'est de ne pas s'ennuyer.
01:12 Je dirais même qu'il vaut mieux avoir des ennuis que s'ennuyer.
01:15 Et donc vous avez en face de vous un homme heureux, c'est une espèce en voie de disparition.
01:21 - Alors vous êtes là aujourd'hui parce que le 14 novembre dernier au Palais des Congrès de Paris
01:27 vous aviez proposé un spectacle qui mêlait les chansons, les musiques de vos films
01:34 et puis des instants de grâce que vous avez filmé depuis 60 ans.
01:39 Et ce spectacle il part en tournée symphonique, il va partir à la Baroise de Bar-le-Duc,
01:45 ça sera le 11 novembre, mais également à la salle Pléiel de Paris le 15 novembre,
01:50 aux Énides de Lille, aux Énides de Rouen, aux Énides de Caen.
01:53 Et je crois, parce que ça c'est très important, qu'à chaque fois vous serez présent dans la salle.
01:58 - Oui, je serai là justement parce que c'est un spectacle symphonique, il n'y aura pas de paroles.
02:06 Donc si à la fin les gens ont envie que je parle un tout petit peu,
02:11 pour donner quelques explications complémentaires, je le ferai avec plaisir.
02:15 C'est très important le public.
02:17 Le public, quand on fait le métier que je fais, il est essentiel, il est fondamental.
02:21 Je dirais qu'il a toujours raison même quand il a tort.
02:24 Et donc sans eux, moi je suis rien.
02:27 Le vrai producteur de mes films, c'est le public.
02:30 Les autres sont des intermédiaires qui ont mis leur nom au générique.
02:34 Donc si vous voulez, j'ai beaucoup de respect pour ces hommes et ces femmes très différents,
02:38 et qui font que la masse, cette salade des plus malins et des plus intelligents...
02:46 Alors comme on est tous le con de quelqu'un, et les cons sont très photogéniques,
02:51 mes plus grands succès c'est quand j'ai filmé les cons.
02:54 Vous voyez ce que je veux dire ? Dans l'aventure c'est l'aventure.
02:57 Il y avait quelques connards qui étaient là, qui ont bien fait rire la terre entière.
03:00 - Oui mais dans la bonne année, il n'y a pas de cons.
03:03 Dans les uns et les autres, il y a des méchants parfois.
03:06 Dans "Itinéraire d'un enfant gâté", le personnage est exceptionnel.
03:10 - Non non, mais ce sont des hommes et des femmes, si vous voulez.
03:12 Je n'ai jamais filmé de super héros ni de super salauds, ça n'existe que dans les films américains.
03:17 Ça n'existe pas. On a tous les qualités de nos défauts. Tous.
03:21 Et un beau personnage, c'est un personnage qui a autant de qualités que de défauts.
03:25 Les personnages de mes films sont des gens un peu moins dégueulasses que les autres.
03:29 Ce sont des gens que j'ai envie d'avoir comme copains,
03:32 ou des femmes que j'ai envie de prendre dans mes bras.
03:34 Donc si vous voulez, c'est toujours des histoires d'amour.
03:38 Vous savez, tout le temps qu'on consacre à autre chose que l'amour, c'est du temps de perdu.
03:43 Et j'ai passé ma vie à filmer des hommes et des femmes,
03:48 des pays que j'aimais un peu plus que d'autres.
03:50 Donc je prends beaucoup de plaisir à transmettre et à partager tout ce qui me donne du plaisir.
03:57 C'est pour ça que je suis dans le positif.
03:59 Le positif a toujours triomphé du mal.
04:02 Toutes les grandes aventures, toutes les grandes inventions,
04:06 tous les grands progrès de l'humanité se sont construits sur des horreurs,
04:10 se sont construits sur des catastrophes.
04:13 Le mal est l'inventeur du bien.
04:15 Une fois pour toutes, il faut le savoir, le positif l'emporte.
04:18 Le problème, c'est que dans l'instant présent, ceux qui crient ont des micros.
04:24 Ceux qui transmettent les mauvaises nouvelles ont plus de succès, ça fait plus d'audimat.
04:28 Quand vous avez un copain ou une copine avec qui vous parlez,
04:31 si vous lui parlez de vos malheurs, elle va vous écouter un peu plus que d'habitude.
04:35 Si vous lui dites que tout va bien, vous allez l'ennuyer.
04:38 Donc si vous voulez, on vit dans un monde de jaloux.
04:41 Et quand la jalousie se transforme en admiration, c'est formidable.
04:45 Mais il faut absolument qu'à un moment donné, les jaloux deviennent des admirateurs.
04:50 Donc c'est ce monde-là que j'aime et qui fait que je ne m'ennuie pas.
04:55 Je ne dis pas qu'il est parfait, il est plein de contradictions.
04:58 Et ce sont ces contradictions que j'essaye de filmer et qu'on m'a souvent reproché.
05:02 J'ai toujours dit que la vie était un mélange de genres.
05:05 Et c'est ce mélange de genres que j'aime filmer.
05:07 Avec le dernier film, le 51e que je viens de faire,
05:10 qui s'appellera finalement, puisque c'est peut-être un des derniers que je fais,
05:14 je finis, je termine toutes les histoires que j'ai essayé de commencer.
05:19 - Finalement sortira quand ?
05:21 - L'année prochaine. On ne sait pas encore quand, à quelle heure, mais dès qu'il sera prêt.
05:27 - Le thème de finalement ?
05:29 - C'est le monde d'aujourd'hui.
05:31 C'est le monde d'aujourd'hui qui est en train de devenir fou.
05:36 Et c'est cette folie que j'ai essayé de filmer.
05:40 On a tous les outils nécessaires pour que cette folie nous permette de faire un monde nouveau, ou la fin du monde.
05:48 Soit on va précipiter à la fin du monde, soit on fait un monde nouveau.
05:51 C'est pour ça qu'il va falloir que les quelques personnes qui nous dirigent soient un peu plus malines que d'habitude.
05:57 - On va marquer une pause. Claude Lelouch est avec nous et j'ai envie de dire,
06:02 cette conversation est très Lelouchienne.
06:04 C'est-à-dire que nous sommes partis de films, nous sommes partis de choses légères,
06:08 nous sommes partis d'amour et nous avons terminé sur la fin du monde.
06:12 On est au cœur de la conversation Lelouchienne.
06:18 A tout de suite et ça nous fait vraiment plaisir que vous soyez autour de cette table.
06:23 - De 11h à 13h, vous écoutez Pascal Praud sur Europe 1.
06:26 - Pascal Praud et vous.
06:28 - Pascal Praud que vous écoutez de 11h à 13h tous les jours sur Europe 1.
06:31 Pascal, on vous retrouve avec votre invité, Claude Lelouch.
06:34 - Il t'en vient avec que tu vas être confronté à pas mal de choses que tu ne connais pas.
06:39 Tu vas faire semblant de les connaître.
06:42 Et le meilleur moyen de faire croire que tu connais tout,
06:45 c'est de jamais avoir l'air étonné.
06:47 - Alors il y a quelque chose qui vient avec le temps,
06:54 c'est le cas de Belmondo et c'est le cas d'autres, ils sont morts.
06:59 Et lorsqu'on entend cette voix, lorsqu'on le voit,
07:03 ça ajoute quelque chose à la dramaturgie, je trouve, en tout cas du film,
07:08 parce qu'on a une tendresse pour Belmondo et puis pour d'autres
07:12 qui vient se rajouter au premier plaisir qu'on a eu lorsqu'on a découvert le film.
07:16 - Oui, et c'est pour ça que j'ai fait aussi ce concert.
07:19 C'est pour rendre hommage à tous ces acteurs qui ne sont plus là.
07:23 Et le cinéma, quand même, a inventé l'éternité.
07:27 Grosse ou Cinéma, Gabin, Belmondo, Trintignant, Déner sont toujours là, ils sont présents.
07:34 Et c'est vrai que le temps qui passe va les faire grandir.
07:38 Va les faire grandir d'abord parce que de leur temps,
07:43 ils ont marqué leur époque d'une façon absolument incroyable.
07:48 Je pense qu'il y a eu la France de Gabin, il y a eu la France de Belmondo,
07:53 il y a eu la France de Brigitte Bardot.
07:57 Je veux dire qu'à un moment donné, les acteurs sont la synthèse d'un pays.
08:03 C'est à ce moment là que ça prend de la force.
08:07 Et donc c'est vrai que Jean-Paul Belmondo, Johnny Hallyday sont là pour toujours.
08:13 - Est-ce qu'il y a des acteurs qui vous ont dit non ?
08:17 - Oui, je les remercie, ça m'a permis de trouver ceux qui m'ont dit oui.
08:22 C'est avec ceux-là que j'ai pu faire 50 films.
08:25 Bien sûr, il y a des gens qui ont un peu peur de mon cinéma.
08:29 Parce que quand je commence un film, je leur dis que je ne suis pas sûr que vous auriez le rôle principal.
08:34 Il va falloir le gagner.
08:36 C'est à la fin du film qu'on sait qui a le rôle principal.
08:39 Parce que des fois sur une petite scène, vous bouffez tout le reste.
08:43 Voilà donc si vous voulez, quand on commence un film, c'est comme on commence une vie.
08:49 Moi, mes acteurs, je ne leur donne pas le scénario, pas toujours.
08:53 Je ne leur donne pas la fin du film.
08:55 Quand Anouk Emmey descend sur le quai de la gare à la fin d'Un homme et une femme,
08:59 elle ne sait pas que Trintignant l'attend.
09:01 Quand Annie Gerardo attend Belmondo qui descend ou pas de l'avion d'Un homme qui me plaît,
09:06 elle ne sait pas s'il va descendre ou pas.
09:08 Et d'un seul coup, ils ne jouent plus.
09:10 Ils ne jouent plus, ils redeviennent des autres humains.
09:12 Et à un moment donné, on ne sait pas pourquoi,
09:15 mais quand on ne joue plus, c'est à ce moment-là qu'on est essentiel.
09:19 Moi, ce qui m'amuse, c'est de filmer l'inconscient des gens.
09:21 Il y a ce qu'on dit et ce qu'on pense.
09:23 Et le cinéma peut filmer ce qu'on pense.
09:25 - C'est ce travail qui nous intéresse parce que souvent,
09:27 quand on aime les comédiens, et je pense que les gens adorent les comédiens,
09:30 ils se rendent compte qu'ils n'ont jamais été aussi bons que chez vous.
09:33 Et ça, ça nous interroge forcément.
09:35 Pourquoi on voit des émotions, par exemple Belmondo dans Itinéraire,
09:38 ce qu'il vous donne à vous, mais c'est sans doute votre empathie,
09:42 votre intelligence, votre séduction peut-être, je n'en sais rien,
09:45 votre hourri pourquoi pas, vous voulez l'amener sur un certain terrain, je ne sais pas.
09:50 Mais ce travail-là m'intéresse vraiment beaucoup,
09:53 et je ne sais pas si vous le faites à l'instinct, si vous y pensez,
09:56 si vous vous adaptez en fonction du comédien.
09:58 Comment vous travaillez ?
10:00 - Alors, je travaille avec mes comédiens, je suis un coach,
10:03 plus qu'un metteur en scène. Je suis plus un metteur en vie qu'un metteur en scène.
10:07 Pour moi, les acteurs sont des athlètes de très haut niveau.
10:11 De très très haut niveau.
10:13 Et moi, je suis là pour leur faire battre des records.
10:16 J'aime bien quand ils sautent un peu plus haut que d'habitude,
10:18 quand ils courent un peu plus vite que d'habitude.
10:20 Et donc, je me sers de leur qualité, je me sers de ce qu'ils savent faire.
10:24 Je ne leur demande pas de faire des rôles de composition.
10:27 Quand je prends Lino Ventura, je lui fais faire du Lino Ventura un peu plus que d'habitude.
10:32 Quand je prends Jean-Paul, ce qui m'intéresse, c'est quand il fait du Belmondo.
10:37 Mais, en même temps, il faut le doser.
10:40 Et la direction d'acteur, on ne dirige pas un acteur, on le dose.
10:44 Je fais une prescription comme un médecin, et il faut qu'il prenne la bonne dose.
10:49 Et c'est en prenant la bonne dose qu'on bat des records,
10:51 qu'à un moment donné, on est un peu mieux que d'habitude.
10:54 Et puis surtout, j'ai avec mes comédiens des relations d'amour.
10:58 Je veux dire, ce sont de vraies histoires d'amour.
11:01 Et quand on est dans des histoires d'amour, on se fait des cadeaux.
11:03 On ne spécule pas sur l'amour et l'amitié.
11:05 Donc, c'est un travail de longue haleine.
11:08 Ce n'est pas sur le plateau qu'on dirige les gens.
11:11 On les dirige pendant des mois, on se téléphone, on se rend compte, on se voit, on se parle.
11:16 - Et c'est un potentiel, vous le voyez à l'écran ou vous le voyez dans la vie ?
11:20 Par exemple, vous êtes dans un dîner, puis vous voyez une personnalité,
11:24 ou sur un cours de théâtre, où tout éclate.
11:26 - Non, je le vois dans la vie.
11:28 Je le vois dans la vie, et quand je discute avec Bernard Tapie, j'ai envie de le faire tourner.
11:32 - Oui, mais convenez que Tapie est un comédien particulier, parce qu'il est Tapie.
11:36 Et il est Tapie tout le temps.
11:38 Mais Jacques Vigré, il n'est pas Jacques Vigré.
11:39 Il est à la fois Jacques Vigré tout le temps, et il n'est pas Jacques Vigré tout le temps.
11:42 - Jacques Vigré, je l'ai connu à ses tout débuts.
11:46 Je veux dire, il tourne dans toute une vie.
11:48 Le rôle d'un mec qui va au cinéma, il est tout seul dans la salle,
11:51 il est rentré parce qu'il y avait de la pluie.
11:53 - Il tourne dans Robert et Robert également, avec Jean-Claude Triali et Charles Desmer.
11:58 - Non, ce qui me fait plaisir, c'est que la plupart de mes comédiens ont eu un César.
12:02 Voilà, et donc, pour moi, c'est la plus belle des récompenses.
12:06 - Violette va être avec nous dans une seconde, parce que, évidemment, vous avez vos fans.
12:11 Et j'imagine que vos fans, depuis 50 ans, parfois dans les dîners,
12:15 parce qu'il y a toujours des réfractaires, il y a des gens qui n'aiment pas le louche.
12:18 Donc ces gens-là, je ne sais pas ce qu'il faut leur faire.
12:21 Mais bon, c'est souvent des hommes d'ailleurs.
12:23 Ils n'aiment pas le louche, parce que voilà, ils trouvent que c'est peut-être pas chic d'aimer le louche.
12:28 Et on imagine dans les dîners.
12:30 Ce qui est sûr, c'est que vous avez inventé un cinéma,
12:33 notamment toutes ces affaires, toutes ces histoires qui avancent en parallèle.
12:36 Personne ne le faisait à l'époque.
12:37 Aujourd'hui, j'ai envie de dire, c'est banal.
12:39 Une manière de filmer une proximité, une intimité qui n'existait pas de cette manière-là.
12:46 En tout cas, je trouve qu'il y a un avant et un après le louche.
12:48 Il y a beaucoup de gens qui se sont inspirés forcément de vous.
12:51 Il est 11h19, nous revenons dans une seconde. À tout de suite.
12:54 - Avec Claude Lelouch, vous pouvez lui poser vos questions au 01 80 20 39 21, 11h13.
12:59 Vous écoutez Pascal Praud et vos Sûr Europe 1.
13:01 - Et de 11h à 13h, vous pouvez réagir au 01 80 20 39 21.
13:07 Ce matin, vous pouvez aussi poser vos questions à notre invité, Claude Lelouch.
13:11 - D'abord, je n'ai pas salué Fabrice Laffitte.
13:24 Et je salue également Olivier Guenegg qui viendra nous voir, j'espère.
13:28 - Alors, Olivier Guenegg, c'est pour vous. Je vous assure, c'est un comédien pour vous.
13:33 Ce garçon est exceptionnel. Il a quelque chose que d'autres n'ont pas, qui est la fantaisie.
13:38 Il était avec nous dans une autre maison. Je lui ai dit de venir avec nous.
13:41 Sa simple présence change l'atmosphère d'un studio. Nous sommes d'accord, Olivier ?
13:47 - Bonjour à tous. Merci, ça me touche. Merci beaucoup.
13:51 - Bonjour, Monsieur Lelouch.
13:52 - Il ne s'en rend même pas compte, cette fantaisie.
13:56 - Attendez, mais vous voulez me refourguer à Monsieur Lelouch ?
13:58 Ça veut dire que vous ne me voulez plus ? Je ne comprends pas.
14:00 - Pas du tout. Je trouve que vous êtes...
14:01 - Attendez, je suis venu avec vous ici.
14:02 - Je suis sûr qu'il fera un truc formidable avec vous.
14:05 - Ah bon ? C'est gentil.
14:06 - Cette chanson, j'ai demandé à Fabrice de la passer,
14:08 parce que c'est la bande originale d'un film qui s'appelle "Les bons et les méchants".
14:12 Et j'adore cette chanson. Les paroles sont de Philippe Labron, d'ailleurs.
14:17 - Absolument.
14:18 - Et il est chanté par Dutronc et c'est génial comme il le chante.
14:21 Et j'adore cette chanson, dès que c'est aussi bête que ça.
14:24 - Non, c'est vrai que c'est une chanson magique, magique,
14:27 puis qui est allée comme un grand à Jacques.
14:29 Enfin, on lui avait fait un truc, un costard sur mesure, là, quand même.
14:33 Mais non, c'est vrai que...
14:35 - On va l'écouter. Regardez quelques notes.
14:37 - Oui, est-ce que je t'aime ? Est-ce que nous nous aimons comme avant ?
14:45 - Il y avait Marlène Jobert aussi. C'était un couple formidable.
14:49 - Dans nos passions, dans nos manades,
14:52 - La musique, évidemment, elle est au cœur de votre cinématographie.
14:55 Alors, j'ai annoncé Violette plusieurs fois et, Violette, pardonnez-moi,
14:59 je vous ai fait vraiment attendre. Bonjour, Violette.
15:01 Violette ?
15:04 - Est-ce que Violette est là ?
15:05 - Oui, oui, je suis là.
15:07 - Bonjour, Violette. Vous habitez Mons, en Belgique, et vous êtes écrivaine.
15:12 Et vous êtes surtout fan de Claude Lelouch, et c'est pour ça que vous nous avez appelé.
15:16 - Ah oui. Je suis ravie de pouvoir parler à M. Lelouch,
15:19 à qui je dis bonjour aussi.
15:21 - Et pourquoi vous aimez Claude Lelouch,
15:24 et quels sont les films qui vous ont le plus marqué ?
15:26 - Alors, moi, mon film préféré, c'est « La belle histoire ».
15:29 Mais j'ai beaucoup aimé aussi Edith et Marcel, Roman Garre, Attention, Bandy,
15:35 et « Les plus belles années de vie » aussi.
15:38 Et pour moi, le cinéma de Claude Lelouch, c'est magique.
15:41 Parce qu'à chaque fois, au début du film, j'ai un peu l'impression,
15:46 parce que j'ai déjà entendu parler de la manière dont il tourne,
15:51 et j'ai vraiment l'impression d'être sur le plateau et de le voir filmer.
15:55 Et puis après, je suis embarquée dans l'histoire des personnages,
16:00 dans ces vies qui se croisent, qui retournent dans le passé,
16:04 des rencontres improbables.
16:06 Et là, voilà, je suis...
16:08 Je ne suis que spectatrice, je suis ravie.
16:12 C'est un cinéma qui m'enchante, beaucoup.
16:16 - Claude Lelouch, qui écoute ses témoignages et ses compliments avec plaisir,
16:22 qu'est-ce que les gens vous disent le plus souvent, Claude Lelouch, sur vos films ?
16:26 - Eh bien, les gens m'arrêtent dans la rue, souvent.
16:29 Là, récemment, j'ai un jeune garçon qui avait 15-16 ans,
16:33 qui m'arrête et me dit « Est-ce qu'on peut faire un selfie ? »
16:35 Je lui dis « Oui, pourquoi pas ? »
16:36 Je lui dis « Mais tu as vu mes films ? »
16:38 Et il m'a dit « Mes parents m'ont forcé à les voir,
16:41 et maintenant je force mes copains à les voir. »
16:44 Et donc je croise des gens qui me disent « Grâce à Itinéraire,
16:48 grâce à Nom et une Femme, grâce à Vivre pour vivre,
16:51 j'ai eu le courage de faire ci, j'ai eu le courage de faire ça. »
16:55 Donc plein de gens aussi m'arrêtent pour me dire
16:58 « Grâce à vous, j'ai envie de faire du cinéma.
17:01 Si je fais du cinéma aujourd'hui, c'est un peu grâce à vous. »
17:04 Donc si vous voulez, je ne savais pas que mes films allaient laisser des traces.
17:08 Et c'est vrai qu'aujourd'hui mon égo est fou de joie
17:12 de voir que ces traces, d'abord, elles perdurent.
17:17 Comme je le disais tout à l'heure, il y a des films qu'on va voir,
17:21 et ceux qu'on a envie de revoir,
17:23 et j'ai le sentiment que les gens vont revoir mes films.
17:27 Et avec le temps qui passe,
17:29 certains films qui n'ont pas eu de succès au moment de leur sortie
17:32 sont aujourd'hui devenus des films cultes.
17:34 Alors je suis un peu gêné,
17:36 parce que ma modestie en prend un coup,
17:40 mais je suis très très heureux de voir que mes observations n'étaient pas nulles.
17:44 Puisque dans mes films, j'ai mis, j'ai retransmis...
17:48 Vous savez, moi je suis une concierge, tout m'intéresse, j'aime tout.
17:53 J'aime le chaud, j'aime le froid, j'aime la mer, la campagne, la montagne, j'aime tout.
17:58 Les gens intelligents, évidemment.
18:00 J'ai une petite préférence, comme je vous le disais tout à l'heure, pour les cons,
18:03 parce qu'ils sont plus photogéniques,
18:05 parce que c'est avec eux qu'on fait les plus belles comédies,
18:08 qu'on fait rire, mais on est tous le con de quelqu'un.
18:12 Et donc on peut tous permettre avec les cons, voilà.
18:15 Et c'est ce que expliquait très bien Michel Audien.
18:19 Donc si vous voulez, je ne sais pas pourquoi j'ai réussi à faire 51 films,
18:24 et chaque film a inventé celui d'après.
18:27 Donc j'ai le sentiment d'avoir fait qu'un seul film, voilà,
18:30 et avec "Finalement", qui va sortir l'année prochaine,
18:33 j'espère que tous ceux qui ont eu la gentillesse de me suivre depuis si longtemps,
18:39 c'est un hommage que je leur fais, voilà.
18:42 C'est ma façon de dire merci à tous ceux qui m'ont été fidèles.
18:46 - Violette, j'ai l'impression que vous avez surtout cité des films, j'ai envie de dire, à partir des années 80.
18:50 Est-ce que vous avez vu par exemple "Le Voyou" avec Jean-Louis Trintignant, avec Yves Robert et avec...
18:56 - Non, celui-là je ne l'ai pas vu.
18:58 En fait, moi j'ai l'âge du cinéma de Claude Lelouch.
19:03 - Donc vous auriez pu le voir, mais ce qui est formidable également,
19:07 et c'est vrai aussi chez d'autres cinémas,
19:10 mais c'est aussi une époque, et lorsqu'on voit "Le Voyou",
19:13 on voit les rues de Paris en 66, 67 ou 68, je ne sais pas quand est-ce que c'est tourné,
19:18 on voit l'Olympia en 68, on voit des acteurs de l'époque en 68,
19:21 de la même manière dans "La Bonne Année", on est chez Michou au départ.
19:25 Donc on voit aussi, ça a un charme, par exemple,
19:30 l'appartement de "La Bonne Année", c'était votre appartement,
19:33 le travelling absolument formidable,
19:36 Françoise Fabian est en train de tout rapasser en 10 secondes,
19:39 c'était la fin de "La Bonne Année", c'était votre appartement à l'époque.
19:43 Donc on voit aussi comment était décoré un appartement dans ces années-là.
19:48 Il y a quelque chose qu'on ne voyait pas par définition à l'époque,
19:53 et qui marque précisément un temps, et c'est très agréable de voir ça.
19:57 - J'ai eu la chance d'être le témoin de mon temps,
19:59 et donc j'ai filmé les voitures que je conduisais,
20:04 j'ai filmé les femmes que j'ai aimées.
20:08 - Et vous avez tourné dans les appartements dans lesquels vous habitez.
20:11 Allez, la pause, Claude Lelouch est avec nous,
20:13 on parlera de l'actualité dans deux secondes.
20:16 Violette, je reviens vers vous dans deux secondes,
20:19 car nous savons, comme disait Thierry Roland,
20:21 il faut bien vivre, et il lançait comme ça la publicité.
20:24 Maintenant, il faut bien vivre, donc on va faire une petite page en couleur.
20:27 A tout de suite.
20:28 - Vous écoutez Pascal Praud de 11h à 13h sur Europe 1.
20:30 - Merci de nous rejoindre sur Europe 1 de 11h à 13h,
20:34 vous écoutez Pascal Praud et vous,
20:36 et nous sommes avec notre invité Pascal, Claude Lelouch.
20:39 - Claude Lelouch est évidemment avec nous, ça c'est une musique de Francis Leigh ?
20:50 - Oui, bien sûr.
20:51 - Formidable.
20:52 - Bien sûr, et Mireille Mathieu.
20:54 - Ça, ça doit être le début ou la fin peut-être d'ailleurs de la bonne année,
20:58 ça se passe chez Michou.
20:59 Alors un des plus grands acteurs de l'épopée Lelouchienne est avec nous,
21:02 il s'appelle Adrien Bajet.
21:04 - Bonjour Pascal.
21:05 - Bonjour Adrien.
21:06 - Bonjour Claude Lelouch.
21:07 - Vous faites partie de l'équipe d'Europe 1,
21:09 vous êtes programmateur de la matinale,
21:11 et vous étiez figurant,
21:13 donc vous avez vu travailler Claude Lelouch.
21:15 - Absolument.
21:16 - Et qu'est-ce que vous avez retenu de la manière dont il travaille ?
21:19 - C'est extraordinaire, moi je suis un grand fan de vos films,
21:22 et étant bourignon, j'ai fait 4 petits jours à Beaune,
21:26 je me suis dit je vais être au cœur de la machinerie Lelouch,
21:29 et je n'ai pas été déçu,
21:31 parce que c'était 4 jours vraiment extraordinaires,
21:33 avec des grands acteurs, des grandes actrices,
21:35 il y avait Jean Dujardin, il y avait Johnny Hallyday,
21:38 il y avait Béatrice Dalle,
21:41 et moi j'avais quelques petites scènes,
21:43 notamment une un petit peu physique,
21:45 où je devais rattraper une actrice qui,
21:48 lors d'une scène de suicide, se jetait dans le vide,
21:51 c'était un mannequin qu'il fallait rattraper,
21:54 et un petit peu jouer avec, c'était vraiment très très bien.
21:58 Donc non, c'est un grand plaisir,
22:00 c'était vraiment très très intéressant,
22:03 et quel professionnel que Claude Lelouch.
22:06 - Et Adrien Bachelet, qui est un jeune journaliste européen,
22:09 et vous-même vous avez un lien particulier avec cette maison européen,
22:13 parce qu'avant de faire des films,
22:15 vous aviez commencé par des films,
22:17 vous n'avez pas marché, vous avez fait du scopitone
22:19 pour gagner un peu d'argent,
22:21 et avec Europe 1, vous avez écrit même des feuilletons pour cette maison ?
22:23 - Absolument, absolument, j'ai commencé dans les années 62-63
22:26 avec Gérard Cyr,
22:28 qui produisait les scopitones, les clips de l'époque,
22:31 et Gérard écrivait énormément de feuilletons,
22:34 il y avait des feuilletons tous les jours sur Europe 1,
22:37 et effectivement, souvent il m'a pris comme négro,
22:40 j'écrivais des feuilletons à toute allure,
22:42 comme ça, pour Europe 1,
22:44 et j'ai très bien connu Lucien Maurice,
22:46 toute la bande de l'époque,
22:48 Jean-Yann, Jacques Martin,
22:50 donc j'ai connu cette époque formidable,
22:53 et la voix de Gérard Cyr,
22:55 qui est sûrement une des plus belles voix,
22:57 avec celle de Jean-Louis Trintignant,
22:59 a accompagné pas mal de mes films,
23:01 dont "Un homme et une femme",
23:03 et le fils de Gérard Cyr,
23:05 c'est lui qui fait le rôle d'Antoine,
23:07 dans "Un homme et une femme",
23:09 qui est maintenant un garçon
23:11 qui écrit des bouquins formidables sur le cinéma.
23:13 - Alors pour ceux qui connaissent l'œuvre de Claude Lelouch,
23:15 la voix de Gérard Cyr,
23:17 dans "La bonne année",
23:19 lorsqu'il y a l'évasion,
23:21 c'est lui qu'on entend à la radio,
23:23 avec une voix tout à fait...
23:25 et puis qui parle de 68, 69,
23:27 que nous réserve 68, 69, etc.
23:29 Là aussi le montage est formidable,
23:31 d'ailleurs, il est très moderne.
23:33 C'est aussi intéressant,
23:35 c'est pour ça que voir les films aujourd'hui,
23:37 il y a parfois une modernité
23:39 de montage, de rapidité,
23:41 d'efficacité, qui à l'époque
23:43 était tout à fait novateur.
23:45 - Non mais j'ai très vite compris
23:47 que l'acteur principal du cinéma,
23:49 c'était quand même la caméra.
23:51 Et c'est vrai que cette caméra, elle a joué dans tous les films
23:53 de l'histoire du cinéma, elle est dans tous les plans.
23:55 C'est un acteur invisible.
23:57 Et j'ai très vite compris qu'il fallait
23:59 que je me donne beaucoup de mal
24:01 pour diriger surtout cet acteur.
24:03 Et avec cet acteur,
24:05 qui est un véritable microscope,
24:07 j'ai compris la force de l'image,
24:09 de la musique et du son.
24:11 Et c'est vrai que le montage
24:13 au cinéma, c'est la star du cinéma.
24:15 La grande star du cinéma,
24:17 c'est le montage, c'est ce qui reste
24:19 quand on a tout coupé. C'est un peu comme la mémoire,
24:21 c'est ce qui reste quand on a tout oublié.
24:23 Et donc,
24:25 mes films sont construits là-dessus.
24:27 Vous allez voir, le tout dernier,
24:29 j'ai pris encore plus de risques que d'habitude,
24:31 ce qui me permet de jouer constamment
24:33 avec le passé, le présent et le futur.
24:35 Car quand on dit "Tiens,
24:37 cette glace est très bonne", c'est par rapport
24:39 à toutes les glaces qu'on a mangées.
24:41 Quand on dit "Cette femme
24:43 est un peu mieux que les autres", c'est par rapport
24:45 à toutes les femmes qu'on a eu la chance de prendre dans ses bras.
24:47 Donc on est constamment dans
24:49 un mode de comparaison.
24:51 Et donc, le cinéma utilise
24:53 formidablement bien le passé, le présent
24:55 et le futur,
24:57 et c'est ces trois conjugaisons que j'ai
24:59 essayé d'utiliser
25:01 au maximum.
25:03 - Finalement, qui sortira donc
25:05 en 2024,
25:07 si tant est que le pitch
25:09 existe dans un film de Claude Lelouch ?
25:11 Parce que j'ai compris que
25:13 j'aurais pas forcément les réponses très
25:15 précises à la question que j'allais poser.
25:17 J'ai compris que c'était "Où la fin du monde ?"
25:19 ou "Le début d'un monde nouveau". Bon, c'est assez
25:21 large, disons-le, comme pitch.
25:23 Mais en revanche, ce que vous pouvez me dire,
25:25 c'est qui va tourner, ou qui a tourné ?
25:27 D'abord, tout est fini, on est allé filmer au montage ?
25:29 - Oui, le tournage est fini. Alors c'est Kad Merad,
25:31 avec qui je tourne pour la première fois,
25:33 et qui s'est révélé extraordinaire.
25:35 Il sait tout faire.
25:37 Il sait chanter, il a la voix d'Yves Montand
25:39 quand il chante.
25:41 Il s'est jugé de la trompette.
25:43 C'est Ibrahim Malouf qui a fait la musique du film.
25:45 Barbe Livien a écrit 4 merveilleuses
25:47 chansons. Donc si vous voulez,
25:49 c'est un film très, très musical,
25:51 puisque l'irrationnel va jouer
25:53 un rôle très important dans ce film.
25:55 C'est vrai que j'ai essayé de faire le portrait
25:57 de ce monde actuel,
25:59 qui est extraordinaire,
26:01 qui est le plus fabuleux qu'on ait jamais connu.
26:03 Et c'est vrai qu'aujourd'hui, on a tous les outils
26:05 pour aller très vite à la fin du monde
26:07 ou de créer un monde nouveau.
26:09 Voilà, et donc c'est autour de cette crise.
26:11 - Mais avec Kad Merad,
26:13 est-ce que les autres acteurs
26:15 seront secrets ?
26:17 - Non, non. Alors je suis ravi
26:19 de les citer.
26:21 Elsa Siblerstein, qui fait sa femme,
26:23 Barbara Pravi, une chanteuse extraordinaire.
26:25 - Bien sûr, qui a été à l'Eurovision.
26:27 - Voilà. Françoise Fabian,
26:29 qui est la mère de
26:31 Kad Merad,
26:33 et le fils de Lino Ventura,
26:35 qu'elle a eu à l'époque
26:37 de La Bonne Année.
26:39 - Ah ! Mais vous ne nous dites pas tout !
26:41 Mais je ne savais pas cette affaire !
26:43 - Donc Kad Merad est le fils
26:45 de Lino Ventura
26:47 et de Françoise Fabian. Et Françoise Fabian,
26:49 étant toujours vivante, c'est la mère
26:51 de Kad Merad. - Bien sûr.
26:53 - Et il y a Sandrine Bonner,
26:55 qui est aussi
26:57 la demi-soeur de Kad Merad,
26:59 puisque Sandrine Bonner,
27:01 sa maman, c'est Nicole Courcel.
27:03 Dans l'aventure, c'est l'aventure.
27:05 Et Lino Ventura a quitté
27:07 Nicole Courcel pour aller voir
27:09 Françoise Fabian. - Et Françoise Fabian
27:11 vit toujours à Cannes. Elle a vendu
27:13 sa maison d'antiquaire
27:15 qu'elle avait. - Non, mais alors maintenant,
27:17 elle a un magasin d'antiquité à Paris.
27:19 - Avec cette petite
27:21 commode Louis XV, je crois ?
27:23 - C'est ça. - Ou Louis XVI.
27:25 "Fais très attention à lui !"
27:27 dit la patronne
27:29 du restaurant
27:31 "Merveilleux Films", avec
27:33 une phrase culte, d'ailleurs,
27:35 "Qu'est-ce qu'un homme pour vous ?"
27:37 Et c'est vous qui inventez ce dialogue.
27:39 C'est quoi déjà un homme pour vous,
27:41 Claude Lelouch ? - Un homme, c'est
27:43 une femme qui pleure de temps en temps.
27:45 - Vous vous souvenez qui a trouvé
27:47 cette phrase ? C'est vous.
27:49 - Oui. Oui, enfin, je sais
27:51 pas comment je les trouve, je sais pas comment elles viennent.
27:53 Je sais pas, peut-être que je l'ai entendue.
27:55 Je sais pas, vous savez,
27:57 tous les personnages de mes films,
27:59 je les ai croisés.
28:01 Tous les dialogues de mes films, je les ai
28:03 entendus. Je suis un voleur,
28:05 je vous l'ai dit, donc je prends les choses comme ça.
28:07 Je fais pas ce qui m'appartient, ce qui appartient
28:09 aux autres. Dans tous les cas, je suis un reporter
28:11 de la vie. - Il y a cette dimension-là,
28:13 effectivement. Moi, je trouve qu'il y a un œil de journaliste,
28:15 et d'ailleurs, c'est pour ça que les films étaient très actus.
28:17 D'ailleurs, vous avez commencé votre carrière
28:19 comme témoin avec un film
28:21 célèbre en
28:23 Union soviétique, à l'époque. Vous avez
28:25 piqué un plan, d'ailleurs, que vous avez reproduit
28:27 dans
28:29 "Les uns et les autres", un plan extraordinaire.
28:31 - C'était le plan de "Qu'en passent les cigognes"
28:33 - Exactement. Quand il monte dans l'escalier
28:35 et que vous êtes au centre, à la place de
28:37 l'ascenseur pour le suivre avec cette montée
28:39 de l'escalier. C'est Daniel Obrowski
28:41 qui va retrouver "Ma chaméril".
28:43 11h41, je devrais faire un quiz
28:45 lelouche, tu sais.
28:47 - Ça serait super.
28:49 - Un quiz lelouche. 11h41,
28:51 on revient dans une seconde.
28:53 - Et avant de revenir avec Pascal, pourriez-vous, et Chloé Lelouch,
28:55 vous rappeler que cette semaine, Europe 1 et la compagnie Corsair
28:57 à l'occasion de la Transat Jacques Vabre
28:59 vous offrent un voyage de rêve
29:01 pour deux personnes, écoutez bien, en Martinique
29:03 dans un hôtel 4 étoiles avec une vue
29:05 imprenable face à la mer. Un voyage
29:07 d'une valeur de 4000 euros. Alors, envie
29:09 d'évasion, gagnez ce beau voyage en écoutant
29:11 tous les matins, le jour où, à 7h20
29:13 avec l'heure d'Autriche, l'heure d'Autriche qui
29:15 chaque jour vous plonge dans les archives
29:17 sonores d'Europe 1. Le rendez-vous est pris
29:19 demain, 7h20, sur Europe 1 pour gagner
29:21 ce très beau voyage en Martinique
29:23 avec Corsair. Bonne chance !
29:25 - Europe 1, Pascal Praud.
29:27 - Et de 11h à 13h, vous pouvez
29:29 composer le 01 80 20 39
29:31 21. Vous écoutez Pascal Praud et
29:33 vous, et nous sommes toujours avec notre invité, Pascal
29:35 Chloé Lelouch.
29:37 - L'aventureux
29:39 c'est l'aventureux
29:41 elle est pas la
29:43 - Olivier Vinaic est avec nous,
29:45 il est monsieur Boubou, je l'appelle
29:47 comme ça, nous l'avons appelé comme ça parce qu'il s'occupe
29:49 de la page Facebook. - Exactement. - Et c'est
29:51 vrai Olivier que vous avez une particularité qui
29:53 est tout à fait étonnante parce que vous êtes doué d'une
29:55 très grande intelligence et
29:57 c'est vrai que vous avez lu
29:59 et vu peu de films et lu peu de livres.
30:01 - Oui, oui. - Et à chaque fois que je vous interroge, je vous dis par exemple
30:03 Chloé Lelouch, vous avez sans doute
30:05 peu vu de films de lui. - Si, mes
30:07 parents m'ont montré l'itinéraire d'un enfant
30:09 gâté, ça ils m'ont montré. Si, si, si
30:11 je m'en souviens très bien.
30:15 Mais sinon c'est vrai que je n'ai de toute
30:17 manière que très peu de mémoire, donc même
30:19 si je les avais vus, je m'en souviendrai pas.
30:21 Donc, pardon
30:23 monsieur Lelouch, c'est comme ça, j'oublie tout.
30:25 - Je vous jure que
30:27 il a, Olivier
30:29 a quelque chose de si particulier
30:31 - C'est gentil, je sais pas. - C'est qu'il ne triche pas.
30:33 - Ah non, ça je peux pas. Non, non, ou très rarement
30:35 avec vous, voilà. Non mais quand
30:37 on me donne les réponses depuis la régie, voilà, mais sinon...
30:39 - Alors que nous, nous sommes souvent des
30:41 hélas, des tricheurs parfois
30:43 et c'est pas bien d'ailleurs. - C'est-à-dire ?
30:45 - Mais parce que, voilà, ça nous
30:47 arrive de calculer, de fabriquer
30:49 hélas, et on aimerait
30:51 être purs et naïfs.
30:53 - Bah non, ce sont des aveux particuliers ce que vous faites.
30:55 - Non, mais c'est bien normal, quand on pose
30:57 parfois des questions, on pose des réponses.
30:59 - Bien sûr. - Bon, là vous allez peut-être donner
31:01 "Uniquement itinéraires d'un
31:03 enfant gâté". - Oui, voilà, ça je suis certain
31:05 que vous l'avez vu, mais le reste je peux pas
31:07 être sûr. - Bon, mais dès ce soir, vous allez peut-être
31:09 revoir ou voir des films.
31:11 - Oui, bah il y en a combien, 50, c'est ça ?
31:13 - Ça va faire 51.
31:15 - Bon, bah voilà, 51, je peux
31:17 tous les regarder.
31:19 - Et il y a des messages que vous vouliez
31:21 nous donner ou pas ? - Alors, le souci
31:23 c'est que je les ai pas pris avec moi.
31:25 Ils sont en régie, je peux y retourner,
31:27 on se revoit tout à l'heure. Voilà, je peux aller
31:29 les prendre. Mais il y en a beaucoup, hein, beaucoup de succès.
31:31 J'ai mis une photo de vous sur notre page Facebook,
31:33 beaucoup de commentaires, etc. Voilà, non,
31:35 franchement, énorme succès.
31:37 - Et c'est bien normal, parce que c'est
31:39 un des réalisateurs, en plus, toute votre
31:41 génération, il n'y a plus un réalisateur, évidemment.
31:43 De qui vous étiez le
31:45 plus proche parmi tous les réalisateurs ?
31:47 Il y a une qualité
31:49 exceptionnelle, d'ailleurs, dans ces hôtels-là, de
31:51 Bertrand Blier, à François Truffaut,
31:53 Romer, Godard, etc. Je pourrais en citer 50.
31:55 Et des gens très différents,
31:57 des gens comme Granier de Fer, qui étaient très différents
31:59 de votre cinéma, mais qui étaient des gens de très
32:01 grande qualité. Évidemment, sautaient
32:03 des gens, comment dire,
32:05 très différents. Est-ce que ces gens-là,
32:07 vous les regardiez parfois avec admiration ?
32:09 Est-ce que vous étiez proche d'eux ? - Mais bien sûr !
32:11 J'ai grandi avec eux. J'ai grandi
32:13 avec eux, j'ai commencé un peu avant eux,
32:15 puisque, à l'âge que j'ai,
32:17 quand je fais
32:19 "Un homme et une femme" en 1966,
32:21 Pialat n'a pas encore tourné, Sauter
32:23 n'a pas encore fait ses grands films,
32:25 et donc, si vous voulez,
32:27 j'ai grandi
32:29 avec Godard, j'ai grandi avec
32:31 Truffaut, j'ai grandi avec Chabrol,
32:33 j'ai grandi
32:35 avec cette fameuse Nouvelle Vague, dont je me suis
32:37 toujours un petit peu éloigné, parce que
32:39 je les remerciais
32:41 souvent en leur disant
32:43 "Vous m'avez surtout montré ce qu'il fallait pas faire"
32:45 Voilà, et donc
32:47 j'ai grandi avec tous ces metteurs en scène,
32:49 mais surtout, j'ai grandi avec tous les metteurs en scène américains.
32:51 Parce que quand "Un homme et une femme"
32:53 a fait le tour du monde,
32:55 Woody Allen m'a appelé en me disant "Pendant 4 ans,
32:57 j'ai essayé de faire du Lelouch",
32:59 Sidney Pollack m'a appelé, Kubrick
33:01 m'a appelé pour me dire
33:03 qu'il était fou de la bonne année,
33:05 Altman m'a dit
33:07 "J'aurais jamais fait Shortcuts si j'avais pas fait les uns et les autres"
33:09 - De tous ceux que vous avez cités, évidemment.
33:11 - Et Tarantino, qui était fou du voyou.
33:13 Donc si vous voulez,
33:15 tous ces metteurs en scène, j'ai grandi avec eux
33:17 et maintenant que
33:19 je suis leur ami,
33:21 et pour tous ceux qui sont encore là, je vais bientôt
33:23 faire des masterclass avec eux pour apprendre
33:25 à filmer à la terre entière, parce qu'il y a 8 milliards
33:27 de gens aujourd'hui qui filment avec leur portable
33:29 et il faut leur apprendre à filmer.
33:31 Bon, une pause, et après
33:33 on sera avec Eric, parce qu'Eric c'est comme Violette
33:35 tout à l'heure, je le fais un peu attendre
33:37 mais c'est vrai que c'est
33:39 toujours passionnant de vous écouter.
33:41 A tout de suite.
33:43 - Et vous pouvez poser vos questions à Claude Lelouch
33:45 en composant le 01 80
33:47 29 21, la page
33:49 Facebook existe aussi.
33:51 - Europe 1 - Pascal Prot et vous
33:53 - Bonne fin de matinée à l'écoute d'Europe 1
33:55 avec Pascal Prot de 11h à 13h.
33:57 - Elles sont toutes belles,
33:59 belles comme le jour.
34:01 - Ah oui, donc là c'est une question quiz.
34:03 Pourquoi "Belle belle belle" et Claude Lelouch ?
34:05 Ça c'est une bonne question quiz.
34:07 Claude ?
34:09 - Oui, "Belle belle belle" c'est Claude François
34:11 et c'est
34:13 moi qui ai fait ce premier clip
34:15 de l'époque.
34:17 Je me rappelle, il avait neigé
34:19 dans la nuit. On avait prévu
34:21 de faire danser Claude François
34:23 et quelques Claudettes
34:25 de l'époque dans le bois de Versailles
34:27 et dans la nuit il avait neigé.
34:29 Et Claude me dit "Matin qu'est-ce qu'on fait ?"
34:31 Je lui dis "On va danser dans la neige".
34:33 - Et c'est peut-être pour ça que le
34:35 Scooby-Doon est passé et a passé
34:37 les années. Génial, génial ce Scooby-Doon.
34:39 - Voilà, et je me suis dit "Fou de faire danser
34:41 des filles en robe de cocktail dans la neige"
34:43 mais la neige était tombée
34:45 dans la nuit. Voilà, donc si vous voulez c'est un peu mon cinéma.
34:47 Voilà, je me sers un peu
34:49 de tout ce qui arrive
34:51 et je peux mélanger
34:53 en permanence la réalité et la fiction
34:55 qui sont
34:57 les deux plus grands scénaristes du monde.
34:59 Le plus grand scénariste du monde c'est la vie.
35:01 Le plus grand dialoguiste du monde c'est la vie
35:03 donc je travaille avec
35:05 ces deux personnes.
35:07 - Violette, je la remercie
35:09 d'avoir été avec nous.
35:11 Merci et bonne journée en Belgique Violette
35:13 et puis Éric... - Une petite question.
35:15 Une petite question.
35:17 - Je vous en prie Violette, allez-y.
35:19 - Oui, voilà, je
35:21 fais de temps en temps de la figuration
35:23 et mon rêve serait de faire
35:25 de la figuration dans un film de
35:27 Théopoilus. Donc je voudrais savoir
35:29 comment c'est possible
35:31 que ça se réalise ?
35:33 - Écoutez, si
35:35 les dieux du cinéma sont avec moi, j'aurai la chance
35:37 de faire un "Finalement 2".
35:39 Appelez-moi à ce moment-là, on sait jamais.
35:43 On essaiera de réaliser
35:45 ce petit miracle.
35:47 - Je vous remercie.
35:49 Je vous remercie surtout
35:51 pour tous les merveilleux moments que vous m'avez
35:53 fait passer et que vous me ferez encore passer.
35:55 - Voilà, bah écoutez,
35:57 j'essaye de vous faire rêver et comme je le répète
35:59 ainsi souvent, quand moi ne meurs jamais d'une overdose
36:01 de rêve, profitons-en.
36:03 - Claude Lelouch est avec nous.
36:05 Vous êtes un optimiste, ou en tout cas
36:07 vous avez décidé de l'être.
36:09 Vous êtes né dans un monde où l'antisémitisme
36:11 était très présent. Il est au cœur
36:13 bien souvent de votre
36:15 oeuvre. Je pense évidemment
36:17 aux uns et aux autres,
36:19 avec ces scènes inoubliables
36:21 d'ailleurs qui sont tournées
36:23 dans un camp de concentration et puis
36:25 ces personnages et prisonniers qui
36:27 reviennent, je pense à
36:29 Nicole Garcia qui reviennent dans une gare parisienne.
36:31 Aujourd'hui, l'antisémitisme est de nouveau
36:35 présent. Ce qui s'est passé en
36:37 Israël avec le Hamas,
36:39 les terroristes du Hamas
36:41 qui ont pénétré sur le sol
36:43 d'Israël et qui ont tué et massacré
36:45 des juifs parce qu'ils étaient juifs.
36:47 C'est-à-dire que c'est important
36:49 de dire que lorsque le Hamas tue
36:51 un juif, c'est une victoire. Lorsque
36:53 Tzahal tue un palestinien,
36:55 c'est un échec, c'est-à-dire que c'est un
36:57 civil, c'est un échec. Ce que veut
36:59 Israël, c'est d'abord de tuer le Hamas.
37:01 Quelle réflexion
37:03 sur le monde d'aujourd'hui
37:05 vous avez lorsque vous voyez
37:07 ça ? Est-ce que cet optimisme
37:09 n'est pas pris en défaut ?
37:11 - Écoutez, ce qu'a fait
37:13 le Hamas est impardonnable.
37:15 Impardonnable.
37:17 Et en même temps, qu'est-ce qui
37:19 pourrait tout arranger aujourd'hui ? C'est le pardon.
37:21 Le pardon, c'est
37:23 l'aristocratie de l'intelligence.
37:25 C'est la forme
37:27 suprême de tous les raisonnements.
37:29 C'est-à-dire qu'il faut
37:31 absolument aujourd'hui que
37:33 d'abord on passe par un cessez-le-feu.
37:35 C'est urgent.
37:37 Et ensuite, qu'on ait
37:39 le courage de se pardonner les uns et les autres.
37:41 Toutes nos erreurs.
37:43 Donc si vous voulez, la Terre est un gâteau.
37:45 Incroyable. Et il faut savoir le partager.
37:47 Vous savez,
37:49 quand vous allez à un anniversaire d'enfant,
37:51 celui qui a
37:53 la petite part
37:55 du gâteau, il passe une mauvaise soirée.
37:57 Et aujourd'hui,
37:59 le gâteau de la Terre,
38:01 il faut le repartager.
38:03 Intelligemment.
38:05 Je pense que cette crise terrible
38:07 qu'on est en train de traverser,
38:09 c'est peut-être ce qui peut nous arriver de mieux
38:11 pour sauver le monde.
38:13 J'ai envie de croire
38:15 que des hommes un peu plus
38:17 intelligents et des femmes un peu plus intelligentes
38:19 que les autres vont trouver la solution
38:21 d'un problème terrible.
38:23 Mais je crois au pardon.
38:25 J'ai souvent eu des conflits dans ma vie
38:27 et à chaque fois que j'ai eu
38:29 le courage de pardonner, j'ai gagné.
38:31 Je crois donc qu'aujourd'hui,
38:33 il faut qu'on arrive dans une
38:35 zone de générosité et qu'on arrête
38:37 de se cracher dessus les uns
38:39 sur les autres comme ça. Voilà, vous savez, mon père
38:41 était juif, ma mère était catholique.
38:43 Elle s'est convertie au judaïsme
38:45 par amour,
38:47 uniquement par amour, et elle disait tout le temps
38:49 à mon père "Mais pourquoi on n'aime pas les juifs ?"
38:51 Elle lui a posé
38:53 cette question toute sa vie.
38:55 "Pourquoi on n'aime pas les juifs ?" Et mon père lui a dit
38:57 "Bah écoute, je vais te dire un truc très antisémite.
38:59 C'est parce qu'il n'y a pas de juifs
39:01 moyens. C'est terrible.
39:03 C'est terrible."
39:05 Il a dit "Il y a des français moyens, il y a des italiens moyens,
39:07 il y a des allemands moyens, il n'y a pas de juifs moyens.
39:09 Ils sont un peu plus bons
39:11 que les autres et un peu moins bons
39:13 que les autres. Et c'est avec ça
39:15 qu'il faut faire." Voilà.
39:17 Et donc, comme dans
39:19 tous les cas,
39:21 les moins bons récupèrent
39:23 les bons, ça crée
39:25 un problème permanent.
39:27 Et mon père lui a dit "Ce que je viens de te dire
39:29 c'est très antisémite.
39:31 C'est très antisémite mais c'est la vérité."
39:35 Et c'est vrai qu'au cours de ma vie
39:37 j'ai pu constater
39:39 souvent qu'il y avait des jalousies.
39:41 Des jalousies
39:43 terribles vis-à-vis
39:45 de certains personnages
39:47 qui étaient juifs.
39:49 Voilà. Donc c'est cette jalousie qu'on paye
39:51 en permanence.
39:53 - Vous êtes juif. Est-ce que vous êtes
39:55 religieux ? Est-ce que vous allez à la synagogue ?
39:57 - Non. Non.
39:59 J'aime toutes les religions.
40:01 Je les aime toutes parce que
40:03 elles disent
40:05 toutes la même chose. La seule chose qui compte
40:07 c'est la mise en scène.
40:09 Il y a des metteurs en scène différents,
40:11 mais ils disent tous la même chose. Toutes les religions
40:13 sont
40:15 respectables parce que c'est le refuge
40:17 des plus malheureux.
40:19 Quand quelqu'un est très malheureux,
40:21 qu'il n'a plus personne, il lui reste la religion.
40:23 Donc je respecte toutes les religions.
40:25 Toutes. Sans exception.
40:27 C'est un refuge. C'est un refuge pour les
40:29 plus malheureux d'entre nous.
40:31 Je ne pratique aucune religion.
40:33 J'ai 7 enfants. Ils ont tous
40:35 choisi des religions différentes.
40:37 Je les ai laissés libres de tout.
40:39 Mon père n'a jamais voulu
40:41 que je pratique quoi que ce soit.
40:43 J'ai été autant à la synagogue
40:45 qu'à l'église.
40:47 Parce que ma mère, même si elle s'est convertie,
40:49 a continué à aller à l'église.
40:51 Sous l'occupation, c'est parce que
40:53 j'ai appris les prières catholiques que j'ai
40:55 sauvé ma vie. Un jour,
40:57 les allemands sont arrivés dans une salle
40:59 de classe. On a demandé à tous les enfants
41:01 de baisser leurs pantalons pour savoir
41:03 lequel était circoncis.
41:05 Et lorsqu'on s'est aperçu
41:07 que j'étais circoncis, la maîtresse
41:09 a été géniale. Elle a dit "non, non, lui
41:11 c'est parce qu'il a été opéré, parce qu'il faisait
41:13 pipi de travers". Et comme j'avais
41:15 appris les prières catholiques,
41:17 j'ai récité une prière catholique.
41:19 Ça a convaincu l'allemand
41:21 que j'étais pas juif.
41:23 - Et cette scène existe...
41:25 - Elle existe dans les uns et les autres.
41:27 - Elle est absolument magnifique, avec la maîtresse d'école
41:29 d'ailleurs, qui est formidable également
41:31 dans cette scène. Et puis l'officier allemand qui a tout compris.
41:33 C'est une très belle scène.
41:35 Il est 11h59
41:37 et on va marquer
41:39 une pause. Vous restez encore
41:41 quelques minutes avec nous, Claude Lelouch,
41:43 et puis on se dira au revoir après midi.
41:45 - Vous écoutez Pascal Froyer-Vaudieu,
41:47 11h à 13h sur Europe 1. Les Beatles
41:49 sont en tête des charts britanniques
41:51 avec leur titre "Now and Then",
41:53 le titre sorti jeudi dernier. - Cette phrase est folle.
41:55 Cette phrase est folle.
41:57 Les Beatles se sont en tête. - Ça faisait 54 ans
41:59 que c'était pas arrivé. - J'imagine quelqu'un qui se réveille
42:01 et qui a zappé
42:03 les 50 dernières années et qui vous entend,
42:05 Émilie. - Donc que le titre
42:07 sorti jeudi dernier est né d'une maquette
42:09 enregistrée à la fin des années 70
42:11 par John Lennon et ressuscité
42:13 grâce à l'intelligence artificielle.
42:15 - Vous l'avez écouté, Claude Lelouch ? - Non, pas encore.
42:17 Pas encore, mais c'est vrai que
42:19 l'intelligence artificielle est en train
42:21 de changer le monde.
42:23 - Et peut-être qu'on ressortira,
42:25 j'imagine qu'on pourra ressortir
42:27 des chutes de vos films
42:29 et pourquoi pas de les prolonger,
42:31 d'en faire des nouvelles versions, que sais-je.
42:33 Je sais pas d'ailleurs si vous avez pensé à tout ça
42:35 ou tout est exploité déjà.
42:37 - Je vais laisser ça à mes héritiers.
42:39 Je vais laisser ça à mes enfants.
42:41 Moi j'ai pas le courage de faire
42:43 de tel tripotage.
42:45 - Lorsqu'on va, Émilie, le flash est terminé ?
42:47 - Je vous laisse là-dessus.
42:49 - Merci beaucoup, Émilie Dez, bien évidemment.
42:51 Mais lorsqu'on va
42:53 dans votre entre,
42:55 Avenue Hoche, Ciné 13,
42:57 il y a plein de bobines
42:59 qui sont derrière des vitres.
43:01 Ce sont des vraies bobines ? Ce sont des originaux ?
43:03 - Absolument, oui absolument.
43:05 J'ai gardé les bobines,
43:07 j'ai gardé toutes les caméras que j'ai utilisées.
43:09 J'ai utilisé
43:11 une cinquantaine de caméras
43:13 depuis 51 films
43:15 et je les ai toutes gardées.
43:17 Je les ai jamais louées, les caméras
43:19 sont des choses
43:21 essentielles pour moi,
43:23 c'est le cœur de ma vie.
43:25 Je les garde.
43:27 - Je dois vous libérer parce que je sais qu'à 12h20
43:29 vous serez sur C8 avec l'ami William Lémer.
43:31 Qu'a tourné avec vous ?
43:33 - Dans "Les Misérables".
43:35 - Exactement.
43:37 - C'est lui, monsieur Tour Eiffel.
43:39 - Exactement.
43:41 Je dois vous libérer, mais peut-être qu'Éric voulait vous dire un mot
43:43 parce qu'on l'a fait patienter.
43:45 Éric, vous avez peut-être un mot
43:47 pour la question très rapidement, vous avez 10 secondes.
43:49 - Bonjour monsieur Pro,
43:51 je vous suis depuis longtemps.
43:53 Bonjour monsieur Lelouch.
43:55 J'adore "Itinéraire d'un enfant gâté".
43:57 - Écoutez,
44:01 moi aussi.
44:03 - C'est pour moi
44:05 le meilleur film français.
44:07 - La musique,
44:09 c'est Francis Lea toujours ?
44:11 - Oui, absolument.
44:13 - Superbe musique.
44:15 - Vous pouvez vous m'aider ?
44:17 Je cherche depuis 10 ans une affiche de ce film.
44:19 J'ai été en février jusqu'à Prague
44:21 parce qu'on m'avait dit qu'il y en avait,
44:23 j'en ai pas trouvé.
44:25 - Écoutez, vous allez laisser votre adresse
44:27 et je vais vous en faire cadeau d'une.
44:29 - Ça me ferait énormément plaisir
44:31 si vous pouvez me la dédicacer.
44:33 Je vous le suis depuis des années,
44:35 j'adore vos films.
44:37 Tout à l'heure, monsieur Pro a dit que
44:39 les hommes n'aimaient pas Claude Lelouch,
44:41 mais moi j'adore Claude Lelouch.
44:43 - Vous êtes comme une fille,
44:45 c'est pour ça que vous êtes comme moi.
44:47 Je ne le dis jamais,
44:49 mais la vérité c'est que je suis une fille.
44:51 Quand on me disait quand j'avais été ado
44:53 "Va pas voir ça, c'est un film pour les filles",
44:55 je courais, je y allais immédiatement.
44:57 Moi je vais au cinéma pour pleurer,
44:59 autrement le reste ça m'intéresse pas.
45:01 Pour être ému en tout cas, bien sûr.
45:03 Merci Claude,
45:07 c'était vraiment un plaisir.
45:09 Merci pour tout ce plaisir
45:11 que vous nous donnez depuis tant d'années.
45:13 C'est vrai que parfois on croise dans la vie
45:15 des gens qui nous font penser à des héros de Lelouch.
45:17 - Je vais essayer de faire
45:21 les prolongations et les tirs au but.
45:23 - Exactement.
45:25 Vous avez dit en 2024,
45:27 mais vous n'avez pas dit la sortie encore,
45:29 c'est pas calé peut-être.
45:31 - On va savoir ça très vite.
45:33 - Merci Claude Lelouch,
45:35 c'était un bonheur d'être avec vous depuis 11h.
45:37 Merci également pour les mots que vous avez dits
45:39 au Proche-Orient.
45:41 Je pense qu'il y aura beaucoup de commentaires
45:43 sur ce que vous venez de dire et sur cette notion de pardon.
45:45 Il est 12h08,
45:47 la pause, et nous revenons dans un instant
45:49 avec l'actualité, le projet de loi
45:51 d'immigration arrive au Sénat aujourd'hui.
45:53 A tout de suite.
45:55 à 80 20 39 21 11h 13h c'est pascal proé vous sur europa

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