• l’année dernière
Avec la pénurie de médicaments qui touche actuellement environ 4.000 produits, la situation dans les pharmacies est compliquée. La France est l'un des pays qui consomme le plus de médicaments. Alors, les Français en consomment-ils trop ? Aurélien Rousseau, ministre de la Santé, répond aux questions d'Amandine Bégot.
Regardez L'invité de RTL du 31 octobre 2023 avec Amandine Bégot.

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00:02 RTL matin
00:06 RTL 7h43, excellente journée à vous tous qui nous écoutez. Amandine Bécaud vous recevez ce matin notre ministre de la santé et de la prévention
00:13 Aurélien Rousseau.
00:14 Aurélien Rousseau, l'agence régionale de santé des pays de la Loire a annoncé hier le décès d'un élève de 5e qui avait fait
00:19 un malaise le 19 octobre dernier.
00:21 15 minutes seulement après avoir été vacciné contre le papillomavirus.
00:26 Une nouvelle vaccination qui est proposée à tous les élèves depuis la rentrée tous les élèves de 5e.
00:30 L'ARS assure que ce malaise est sans lien avec le produit vaccinal. Est-ce que vous pouvez ce matin nous le confirmer ?
00:36 Ce décès n'a aucun rapport avec ce vaccin.
00:39 D'abord mes pensées elles vont vers les parents de cet élève du collège Saint-Dominique de Saint-Herblain.
00:46 Ça s'est passé le 19 octobre.
00:49 Quelques minutes après la vaccination cet élève a fait un malaise vagal, il a fait une lourde chute sur la tête.
00:56 Et le malaise vagal c'est dans toute vaccination
00:59 le premier risque c'est à dire c'est l'aiguille, la peur de l'aiguille. Il n'a aucun lien avec le produit injecté.
01:06 On le sait c'est un vaccin qu'on connaît très bien, il y a 300 millions de fois
01:11 injecté dans le monde. Donc une fois que j'ai dit cela
01:16 évidemment on pense encore une fois à la famille, à sa douleur, à sa tristesse, à sa colère sans doute. Et on va
01:24 reconstituer minute par minute tout ce qui s'est passé. Il y a une enquête qui est diligentée.
01:28 C'était les équipes du centre hospitalier universitaire de Nantes qui assuraient cette vaccination. Il a été pris en charge
01:34 immédiatement et puis après effectivement on a eu une dizaine de jours
01:38 terribles et j'imagine pour les parents un fortiori d'attente sur son état de santé quand il était hospitalisé en réa.
01:45 Suite à ce malaise le 19 octobre la campagne de vaccination contre le papillomavirus a été suspendue dans le département de Loire-Atlantique.
01:51 Pourquoi ? Si ça n'a aucun lien avec le vaccin ? D'abord c'était les vacances scolaires donc la suspension était un peu
01:57 automatique. Après moi je pense qu'il faut toujours prendre la mesure de l'émotion.
02:01 On aura le retour de cette enquête qui a été diligentée par l'ARS
02:05 le 8 novembre et moi je veux prendre le temps parce que la vaccination
02:09 c'est toujours quelque chose qui
02:12 suscite des interrogations, des doutes.
02:14 C'est un des vaccins sans doute les plus sûrs au monde. C'est ce que vous dites ce matin à tous les parents qui nous écoutent.
02:19 C'est pour des enfants en cinquième qu'il faut faire vacciner.
02:22 Absolument c'est un des vaccins les plus sûrs au monde mais la vaccination sur le papillomavirus n'est pas obligatoire.
02:28 C'est le choix des parents
02:31 de faire ou non vacciner. Et vous leur dites il n'y a pas de risque ? Il n'y a pas de risque sauf les risques
02:36 qu'on connaît. Un vaccin peut créer la peur de l'aiguille,
02:40 un malaise, une syncope. On le sait et là c'est terrible
02:46 et c'est un drame parce que c'est un collégien de cinquième.
02:49 Aujourd'hui sur toutes les autres vaccinations qu'on a faites à ce jour contre le HPV en France, c'est à dire 20 000 vaccinations,
02:58 on n'a eu aucun événement de cette nature.
03:00 Et c'est aussi pour ça qu'il y a des équipes médicales qui surveillent les 15 minutes post-vaccination pour vérifier que tout aille bien.
03:07 20 000 vaccinations depuis la rentrée donc sur des élèves de cinquième. Autre vaccin monsieur le ministre c'est celui contre la grippe. La campagne de
03:14 vaccination a débuté il y a deux semaines tout juste le 17 octobre. Est-ce que vous avez déjà des premiers chiffres ?
03:18 On a une campagne de vaccination qui démarre bien puisqu'on est près de... on va plus vite que l'an dernier. On a
03:25 1,6 millions de vaccinés à l'heure où on se parle.
03:28 C'est pas la course aux chiffres. Moi ma préoccupation c'est que
03:33 d'abord les gens fragiles, la grippe ça peut être très très dangereux.
03:38 Ça peut aussi se transmettre, ça peut engorger les hôpitaux et donc la vaccination c'est là encore un outil facile, simple,
03:46 sécurisé.
03:48 Voilà et sur le Covid on a
03:50 une vaccination qui a franchi les 2 millions de vaccinés c'est à dire presque d'un million de plus
03:55 que l'année dernière à la même date.
03:58 Alors même qu'on parle moins du Covid ?
04:00 Alors même qu'on parle moins du Covid mais on en a parlé un peu plus tôt. Vous vous rappelez, moi j'avais décidé d'avancer de 15 jours
04:05 la campagne de vaccination. On a vu autour de nous, chacun de nous, plus de gens qui avaient le Covid donc on a
04:10 décidé d'avancer. C'était
04:12 c'était sans doute ce qu'il fallait faire. Donc on a 2 millions et quelques de vaccinés contre le Covid.
04:17 On en avait 1 million d'eux à pareille date l'an dernier. 1 million de sites de vaccination contre la grippe.
04:23 Et il faut continuer et on peut faire ces deux doses en même temps. Il faut faire Covid et grippe en même temps ?
04:28 Oui on le recommande vraiment s'il y a la haute autorité de santé.
04:33 Moi c'est de la médecine et des sujets par les preuves. C'est des scientifiques qui nous disent ça. La haute autorité de santé
04:39 dit profiter de faire l'un pour faire l'autre et on est totalement protégé.
04:43 Il n'y a pas plus de fatigue par exemple je pense aux personnes
04:46 âgées ou fragiles ? Elles ne seront pas plus fatiguées après un tel vaccin ?
04:49 Je sais et je comprends que ce soit une crainte parce qu'on réagit tous différemment au vaccin.
04:54 Mais aujourd'hui il n'y a aucune donnée qui montrerait qu'il y a une fatigue complémentaire
05:01 structurelle si je puis dire. Alors venons-en Aurélien Rousseau à ce chiffre.
05:04 Ces pénuries de médicaments. 4 000 médicaments en rupture de stock ou au bord de la rupture c'est ce qu'indique l'union des syndicats de
05:11 pharmaciens d'officine. On l'a dit ça concerne plein de médicaments. Des antibiotiques, des antidiabétiques, des antirejets, des traitements de
05:17 simiothérapie aussi parfois. Ce phénomène n'est pas nouveau. Ça fait un certain temps qu'on en parle.
05:23 Mais il s'aggrave disent les pharmaciens. 3 700 médicaments en tension on va dire ça comme ça l'hiver dernier. 4 000 aujourd'hui.
05:30 Qu'est ce qui cloche quand on regarde par exemple les chiffres de l'agence de sécurité du médicament.
05:35 A priori les labos,
05:37 ceux qui fabriquent les médicaments, ont tous du stock. 3 à 5 mois de stock sur chaque médicament. Et pourtant ils n'arrivent pas dans les pharmacies.
05:45 Alors justement vous avez raison. C'est pour ça que je disais tout à l'heure j'espère parce que je pense que les français en ont un peu assez
05:52 qu'on leur dise
05:54 voilà tout va se régler d'un coup de baguette magique. Moi j'essaie de comprendre et d'agir. On a 450 médicaments
06:00 qui sont mis sous surveillance par l'agence nationale de sécurité du médicament.
06:04 Et en effet globalement on a du stock au niveau national.
06:08 Et après certains de nos concitoyens ne trouvent pas. Après entre rupture et risque de rupture il y a toujours
06:15 cette ambiguïté. De même que tout à l'heure vous disiez
06:19 il y avait un sondage je crois qui dit que près de 90% de français disent qu'ils ne font pas de stock.
06:24 Mais on a tous quand même quelques boîtes de
06:27 médocs chez nous je pense que sans avoir le sentiment de faire des stocks on est tous un peu pharmaciens.
06:34 - C'est un reproche que vous adressez ? - Non alors c'est vraiment pas du tout un reproche.
06:40 - Mais vous appelez à la responsabilité ?
06:42 - En fait il y a les industriels, les grossistes répartiteurs. Vous savez c'est les petits camions qui vont livrer les pharmacies.
06:48 Il y a les pharmaciens et puis il y a les patients. Et c'est vrai que un peu comme quand s'annonce une grève des stations-services.
06:55 Quand on a peur qu'il y ait une pénurie de médicaments et bien on achète des médicaments un peu en avance.
07:00 - Donc on alimente le risque de pénurie ?
07:03 - Une fois que j'ai dit ça, moi je réunirai la semaine prochaine tous les acteurs de la filière pour comprendre.
07:09 Notamment il y a un point qui nous interroge et le projet de loi de financement de la sécurité sociale donnera ce pouvoir là
07:18 à l'agence nationale de sécurité du médicament. C'est que
07:21 il y a certaines très grosses pharmacies qui commandent direct aux industriels et qui font du surstock et donc des petites pharmacies qui elles
07:29 n'arrivent pas à avoir.
07:31 - Donc ça veut dire que ce ne sont pas forcément les labos qui jouent pas le jeu mais aussi certaines grosses pharmacies.
07:35 Enfin tout le monde est un peu responsable. Je voudrais qu'on prenne un exemple si vous le voulez bien monsieur le ministre.
07:40 La moxiciline qui est
07:42 l'antibiotique le plus utilisé. Vous avez décidé d'augmenter de 10% le prix de vente de ce médicament. C'est effectif depuis le 1er octobre et l'idée
07:50 c'était pour que les fabricants privilégient le marché français.
07:53 Depuis le 1er octobre, plus 10% donc. On est le 31, on a toujours du mal à trouver cette moxiciline.
07:58 Certains vous disent finalement vous avez fait un cadeau au labo et derrière ils jouent pas le jeu.
08:04 - Je crois pas qu'on ait du mal à en trouver à ce stade. On en trouve après. Ce qui est une vérité c'est que ces
08:10 produits dits "matures" dans toute l'Europe,
08:14 on a ces situations de pénurie. Donc ça n'est pas rassurant ou réconfortant parce que les autres vivent la même chose que nous.
08:21 Mais on a essayé d'anticiper en
08:23 proposant cette augmentation de prix. La plupart des labos ont accepté de jouer le jeu.
08:28 Et moi je vous assure que c'est tous les jours que j'ai sur mon bureau le tableau des ruptures
08:33 pour vérifier.
08:36 Ça fait partie des discussions qu'on a quand il y a un produit qui manque ou
08:40 j'appelle directement les patrons des labos pour comprendre ce qui se passe, pour voir où est le bouchon. Mais encore une fois,
08:48 dans ces cas là, il vaut mieux mettre tout le monde dans la même pièce et qu'on s'en parle parce que les français à la fin,
08:54 quand on doit faire deux fois, trois fois
08:56 une pharmacie pour trouver le Doliprane en suspension buvable.
09:01 - Et encore j'allais vous dire le Doliprane...
09:03 - Non mais je pense aux enfants parce qu'il y a eu ce sujet beaucoup quand on a une fièvre chez un petit.
09:08 On est toujours plus stressé que quand c'est pour...
09:10 - Donc vous nous annoncez ce matin que vous allez réunir l'ensemble des acteurs de la filière autour d'une même table la semaine prochaine, c'est ça ?
09:16 - Oui, le plus vite possible.
09:18 - Ceux qui ne jouent pas le jeu vont se faire remonter les bretelles, si j'ose dire ?
09:21 - Je pense qu'on a une responsabilité collective et que le pays a besoin de confiance.
09:26 Si on commence à avoir peur de ne pas pouvoir se soigner dans un pays
09:30 comme le nôtre, ça ne va pas. Par ailleurs, on a 25 produits les plus essentiels.
09:34 Le président de la République a décidé de faire des efforts de relocalisation.
09:39 - Oui mais sauf que ça ne règle pas le problème pour cet hiver.
09:40 - Oui, ça ne règle pas le problème pour cet hiver mais je veux dire, réagir en temps court,
09:46 ça n'exclut pas aussi de se dire que si on peut éviter que ce soit la même chose l'an prochain,
09:50 c'est toujours ça de pris. Par exemple,
09:52 Sanofi, dont on en parlera peut-être, va investir 20 millions de plus dans son usine de Lisieux
09:59 pour produire 150 millions de plus de boîtes d'oliprades.
10:02 Après, je le dis aussi simplement, plus on sera protégé des épidémies,
10:07 moins on aura besoin de médicaments. L'an dernier, on a eu cette pénurie majeure
10:12 parce qu'on avait trois épidémies en même temps.
10:14 - Merci beaucoup monsieur le ministre. - Merci.
10:16 et vous restez.
10:17 [SILENCE]

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