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L'assurance maladie lance une campagne de sensibilisation pour inviter les Français à plus de sobriété : « Le bon traitement, ce n'est pas forcément un médicament ». Par ailleurs, le Doliprane reste le médicament le plus consommer, plus de 300 millions de boîtes ont été prescrites en France, selon des données arrêtées à mi-2024. Jean-Paul Hamon, médecin généraliste - Président d'honneur de la Fédération des médecins de France est l'invité pour tout comprendre dans RTL Soir.
Regardez L'invité pour tout comprendre avec Yves Calvi du 14 novembre 2024.

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Transcription
00:00Yves Calvi, Aude Vernuccio, RTL Soir.
00:03Il est 18h43, bonsoir Jean-Paul Hamon.
00:05Bonsoir.
00:06Merci de nous rejoindre sur RTL, vous êtes médecin généraliste, président d'honneur
00:10de la Fédération des médecins de France, le bon traitement ce n'est pas forcément
00:14un médicament.
00:15Je répète, le bon traitement ce n'est pas forcément un médicament.
00:18Je viens de vous citer en avant-première le slogan de la future campagne de l'assurance-maladie.
00:22Elle a pour but de freiner notre consommation, consommation apparemment excessive, notamment
00:26quand on la compare à nos voisins européens.
00:27Est-ce nécessaire cette campagne Jean-Paul Hamon ?
00:30Écoutez, je n'en sais trop rien, si c'est un message de la sécurité sociale pour que
00:36les patients aillent voir les gogo-thérapeutes qui vont les mettre en régime ou leur faire
00:42quelques manipulations quelquefois dangereuses, ce n'est peut-être pas un bon signe.
00:48Maintenant, on sait que la caisse d'assurance-maladie constate comme nous que les médicaments
00:56coûtent cher, ils coûtent de plus en plus cher, mais ce n'est pas nous qui fixons le
01:02prix des médicaments.
01:03Maintenant que les patients consomment un petit peu trop de médicaments, peut-être
01:10que certaines personnes âgées ne nous préviennent pas qu'ils ont encore des médicaments en
01:15stock dans leur pharmacie parce que ce sont des médicaments qui sont prescrits en si besoin
01:21et qui les stockent.
01:22Des fois, on a des surprises quand on fait des visites à domicile, découvrir les boîtes
01:27à pharmacie qui débordent.
01:28Mais chez moi, ça me rend un service.
01:31Pardonnez-moi, est-ce que vos patients comprennent qu'aller chez le médecin, ça ne veut pas
01:35dire filer directement à la pharmacie ensuite ?
01:38Il y en a quelques-uns chez moi qui oublient carrément leur ordonnance et qui ne viennent
01:45même pas la chercher.
01:46Donc, ça veut dire que la consultation et l'examen les a suffisamment rassurés.
01:50Alors là, c'est Alzheimer quand même ?
01:52Non, pas forcément.
01:54J'avais une amie architecte qui me disait « quand on vient chez toi en consultation,
02:00quand on repart, on ne sait plus pourquoi on est venu ».
02:04La consultation, le contact avec les patients, l'examen, les rassurer, bien souvent, ça
02:11suffit.
02:12Vous n'avez jamais ressenti de pression cette espèce d'attente du patient à récupérer
02:17son ordonnance à la fin ?
02:19Bien sûr, bien évidemment, il y en a vraiment qui réclament les médicaments.
02:24Notre travail, c'est vraiment de limiter les médicaments au juste nécessaire.
02:30Comment on explique ce comportement ?
02:32Il y a plein de choses.
02:34Il y a eu une campagne qui avait été très efficace il y a quelques années, et ce serait
02:39bien que ce soit reconduit, c'était « les antibiotiques, ce n'est pas automatique ».
02:42Quand vous avez de la fièvre, quand vous avez un syndrome grippal, les antibiotiques,
02:47ce n'est vraiment pas automatique.
02:48Et là, pour ça, on a besoin de tout le monde, on a besoin de la Caisse d'Assurance Maladie
02:54qui recommence cette campagne, parce que là, c'est une campagne très bénéfique.
02:58Et puis, nous, c'était un soulagement de pouvoir être aidé de ce côté-là, parce
03:04que là, maintenant, on a des tests qui nous permettent de savoir si c'est la grippe,
03:10si c'est le Covid.
03:11Il y en a même des tests qui nous permettent de voir si c'est le VRS, et donc ça nous
03:14permet d'avoir des arguments à exposer aux patients pour leur dire « Écoutez, là,
03:20vous n'avez pas besoin d'antibiotiques, on va vous donner de quoi faire baisser la
03:25fièvre, vous allez boire.
03:26Bon, et puis, si vous avez un peu mal à la gorge, il y a toujours des vieilles recettes
03:29qui marchent au poil, c'est le citron pressé, une mielle, et puis vous gargarisez et vous
03:34avalez.
03:35C'est le grog sans le rhum, vous voyez, ça marche très bien.
03:38Et donc, il suffit d'expliquer ça aux patients, mais on a besoin d'une campagne pour rappeler
03:46ça parce qu'elle avait été très efficace et moi, je serais très heureux qu'on puisse
03:49la reconduire.
03:50Alors, je cite les chiffres, une consultation sur cinq n'aboutit pas à une prescription
03:57de médicaments en France contre une sur deux ou une sur trois dans d'autres pays.
04:02La prescription de médicaments est quasiment systématique.
04:06En fait, les patients ne sont pas préparés à ça, ils ne trouvent pas normal de quitter
04:11leur médecin sans au minimum une prescription.
04:14Je suis un peu surpris par le chiffre de 1 sur 5 et 1 sur 2, parce que franchement, c'est
04:21vrai que bon, quand les gens viennent nous voir, moi, je prends l'exemple de toutes les
04:25consultations que j'ai eues depuis ce matin.
04:28Franchement, il y a des gens qui ont mal au dos, il y a des gens qui ont des sciatiques.
04:33Franchement, je les vois mal sortir sans médicaments, parce que franchement, ils prennent
04:39carrément la gueule.
04:40Je viens de voir une enfant qui avait de la fièvre, c'était vraisemblablement viral.
04:51On fait une désinfection rhinopharyngée, on donne quand même du Doliprane pour faire
04:57baisser la fièvre.
04:58C'est une prescription médicamenteuse, il n'y a pas d'antibiotiques, on a éliminé
05:06des signes de gravité, mais bon, pour faire baisser la fièvre, franchement, je ne vois
05:10pas trop ce qu'on peut...
05:12Vous voyez, il y a des anthalgiques, si vous avez des lombalgies, vous êtes forcés de
05:16donner des anthalgiques.
05:17Les gens ne peuvent pas sortir avec de bonnes paroles, vous comprenez ?
05:19Alors, il y a quand même des maladies chroniques pour lesquelles des médicaments sont nécessaires.
05:25L'anthroplasme, l'allergie, certaines formes d'hypertension aussi.
05:29Oui, l'hypertension, le diabète, il y en a un paquet de maladies chroniques.
05:33J'ai vu des diabétiques, j'ai vu des hypertendus, forcément, ces gens-là ressortent avec des
05:43médicaments.
05:44Franchement, une personne sur deux, une personne sur cinq en Europe qui sortirait simplement
05:52sans ordonnance, là franchement, je suis épaté.
05:57Et pourtant, le coût des médicaments ne cesse d'augmenter.
06:0225,5 milliards d'euros de médicaments remboursés en 2023, augmentation de 3,4% par rapport
06:08à 2021.
06:09Ça coûte cher ?
06:10Oui, ça coûte cher, mais en même temps, on n'est pas responsable.
06:13On a beaucoup parlé du Doliprane ces temps-ci.
06:15Oui, en effet.
06:16On a beaucoup parlé du Doliprane.
06:18Écoutez, le Doliprane, en 2012, ne figurait pas dans le répertoire des génériques.
06:24C'est-à-dire que si je prescrivais du Doliprane, le pharmacien ne pouvait pas substituer pour
06:29du paracétamol.
06:30Sanofi avait vendu l'affaire au gouvernement en disant que ça économisait sa priorité
06:34de sauvegarder 1 000 emplois.
06:36En fait, on a découvert que c'était 500.
06:39Mais cette plaisanterie coûtait 360 millions d'euros à la collectivité.
06:44Sur le seul Doliprane ?
06:46Sur le seul Doliprane, et ça a duré pendant dix ans.
06:50Et ça a diminué seulement il y a quelques années, où le prix du Doliprane a été
06:56diminué, et ça a coûté 180 millions d'euros.
06:58C'est une plaisanterie qui a coûté, depuis 2012, écoutez bien, 4,6 milliards à la collectivité.
07:03On appelle ça aussi du paracétamol, donc voilà, elle est là l'information, on est
07:07bien d'accord ?
07:08Mais, preuve qu'on peut faire d'ailleurs des économies quand je vous écoute.
07:11Je suis désolé de vous couper la parole au moment où vous vous énervez.
07:15Merci beaucoup Jean-Paul Hamon, vous êtes médecin généraliste et président d'honneur
07:18de la Fédération des médecins de France.
07:20Dans un instant Marc-Antoine Lebray.

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