Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui, la difficulté à vivre normalement en ce moment avec cette actualité trop anxiogène.
Vous voulez réagir ? Appelez-le 01.80.20.39.21 (numéro non surtaxé) ou rendez-vous sur les réseaux sociaux d’Europe 1 pour livrer votre opinion et débattre sur grandes thématiques développées dans l'émission du jour.
Retrouvez "Pascal Praud et vous" sur : http://www.europe1.fr/emissions/pascal-praud-et-vous
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00:00 - Et votre matinée se poursuit sur Europe 1 avec Pascal Praud. De 11h à 13h, vous écoutez
00:11 Pascal Praud et vous, et vous témoignez, réagissez en appelant le 01 80 20 39 21.
00:16 - Comment ça va ? - Bonjour Pascal.
00:18 - Comment ça va ? - Très bien et vous ?
00:19 - Chère Aldine, c'est vrai, ça va bien vous en ce moment ?
00:21 - On essaye.
00:22 - Parce que c'est la question qu'on va poser aux auditeurs, ça va et l'âme en ce moment ?
00:26 - C'est difficile. - C'est très très difficile.
00:29 - C'est difficile parce que comment échapper à cette actualité anxiogène ? Écoutez.
00:35 - Ce qui arrive en Israël, ce qui s'est passé le 7 octobre, arrivera ici.
00:43 - Nous devons vivre dans une société de vigilance.
00:47 - J'ai accordé des subventions pour des gilets pare-balles.
00:49 En d'autres termes, l'État l'a dit, je ne peux plus vous protéger.
00:53 - Les punaises de lits sont un problème national de santé publique.
00:57 - On ne peut pas mentir aux Français sur la réalité des prix de l'énergie.
01:02 Les prix fossiles, on ne produit pas les carburants, ils vont continuer à augmenter dans la durée.
01:06 Je ne parle pas des 3 mois qui viennent, je parle des années qui viennent.
01:09 - Allez faire remplir votre caddie avec 1300 euros de salaire net par mois, comment vous faites ?
01:14 - On sera d'ailleurs tout à l'heure avec le professeur Michel Lejoyeux qui est psychiatre.
01:23 Il est auteur du livre "Les 4 temps de la Renaissance".
01:26 - Mais c'est vrai qu'on a tous une chape de plomb avec cette actualité.
01:32 L'actualité a toujours été horrible.
01:35 Qu'est-ce qui change depuis 15 jours, 3 semaines ?
01:38 C'est ce qui est arrivé en Israël.
01:41 C'est-à-dire que le massacre du Hamas,
01:46 la manière dont ces gens sont morts, égorgés, éventrés, des enfants, etc.
01:52 nous renvoient d'abord à l'humanité, à ce que nous sommes, nous les humains.
01:55 Et on dit "c'est pas possible que nous soyons nous, collectivement, capables de faire ça".
02:02 Ce dont sont capables les hommes est effrayant.
02:06 Et effectivement, il y a une forme de compassion immédiate, de pensée immédiate pour les otages.
02:12 On se dit "comment ces gens-là vivent-ils actuellement ? On pense à leur famille, c'est absolument insupportable".
02:18 Donc ça crée un traumatisme peut-être différent parce qu'il est concret.
02:24 On a vu les images, en tout cas on sait comment ces gens-là sont morts.
02:28 Donc ça peut nous hanter.
02:30 On y pense quand on s'endort le soir, sans doute, quand on est avec des amis, quand on en parle.
02:37 Et c'est pour cela que l'époque est peut-être différente.
02:40 On est avec Aziz, je pense. Bonjour Aziz.
02:43 - Oui, bonjour Pascal. - Et merci. Vous nous appelez d'où ?
02:47 - De Charente, d'Angoulême.
02:49 - D'Angoulême, la jolie ville d'Angoulême, qui est à deux heures de Paris en train.
02:54 - Oui. - Mais c'est bien Angoulême.
02:58 - C'est magnifique, c'est super beau. - Alors je dirais pas que c'est magnifique,
03:01 mais je dirais que la région est agréable. Je trouve que la ville a sans doute beaucoup changé depuis 20-30 ans
03:08 et que, elle est parfois, notamment le centre-ville, il y a beaucoup de magasins, par exemple, qui sont à vendre.
03:14 - Oui, c'est vrai. Mais c'est une magnifique petite ville.
03:17 - Je suis d'accord, ça a dû l'être plus encore qu'aujourd'hui et je regrette ce côté...
03:23 Parfois tu te balades dans une rue et t'as trois... Dans le temps, il y avait sans doute des magasins qui étaient là
03:29 et ces magasins cherchent des bailleurs.
03:32 - Oui, c'est vrai. Oui, il y a des soucis en ce moment de bailleurs et c'est un peu compliqué, oui.
03:38 Mais la ville est vraiment, vraiment, vraiment très agréable.
03:40 - Vous habitez dans Angoulême ou à l'extérieur ? - Non, dans les alentours.
03:44 - Où est-ce que vous habitez dans les alentours ? À Champnay ?
03:47 - Oui, c'est ça. - Non !
03:49 - C'est ça. - Ah, bah écoutez, vous voyez, moi je connais.
03:52 Je me suis baladé dans toutes les villes de France.
03:55 - Oui. - Bon, votre moral ?
03:58 - Il est très bas. Il est très, très, très bas.
04:02 Mais voilà, oui, vu le contexte, oui, il est vraiment, vraiment très bas.
04:06 Mais j'ai l'impression qu'il a toujours été, en fait.
04:09 Je voulais resituer la chose, c'est que je suis français, d'origine marocaine,
04:14 et depuis, oui, ça date.
04:18 C'est un moral qui va de pire en pire.
04:24 Et ça, le contexte actuel n'arrange pas les choses.
04:28 - Mais est-ce que c'est lié à votre origine ?
04:31 - Alors, c'est pas lié... Oui, je pense que oui.
04:34 On va dire que oui, c'est lié à mon origine.
04:37 Mais lié, c'est pas la faute de mon origine.
04:43 C'est ce que les gens perçoivent de mon origine.
04:47 Je sais pas si j'arrive à me faire comprendre. - Si, très bien.
04:51 - Donc en fait, voilà, je suis né...
04:54 Ah voilà, pour résumer, c'est que je suis né en France,
05:01 et mon origine, c'est pas moi qui l'ai choisie.
05:04 Je suis né marocain, je suis né arabe,
05:07 et vivre en tant qu'arabe en France, c'est très compliqué.
05:13 C'est vraiment super compliqué.
05:15 - Mais plus précisément, parce que ça c'est vraiment intéressant.
05:19 D'abord, vous avez quel âge, Aziz ?
05:20 - Alors, j'approche la cinquantaine. - Bon, vous êtes né où ?
05:24 - Je suis né à Tangier, au Maroc.
05:27 Mais je suis arrivé deux mois après en France.
05:31 - Une des plus belles villes du monde, Tangier.
05:33 - Oui, ça c'est vrai. Après Angoulême, oui.
05:36 - Après Angoulême. Vous êtes arrivé où en France ?
05:39 - Je suis arrivé... J'étais dans le sud de la France.
05:43 J'étais dans le Vaucluse.
05:44 - Bon, et quand est-ce que vous êtes arrivé à Angoulême ?
05:48 - Oh, il y a une trentaine d'années.
05:51 - Bon, donc vous avez fait votre vie, j'imagine ?
05:53 - Oui, quasiment.
05:55 - Bah, quasiment, elle est pas finie, mais quand je dis fait votre vie,
05:57 vous avez peut-être marié, vous avez peut-être des enfants ?
06:01 - Exactement, j'ai des enfants.
06:03 - Bon, et vous avez fait ce qu'on appelle un mariage mixte ?
06:07 - Exactement, oui. Je suis issu d'un mariage mixte.
06:12 - Non, vous êtes marié avec... Donc vos enfants ont la double culture,
06:18 d'une certaine manière. Je sais pas si vous sentez d'ailleurs de culture marocaine ou pas,
06:22 parce que si ça fait 50 ans que vous êtes sur le sol de France,
06:26 la culture marocaine, elle est moins présente que la culture française, j'imagine.
06:31 - Oui, mais j'ai quand même une double culture.
06:33 Mes parents sont d'origine marocaine, donc j'ai forcément une double culture.
06:37 Donc oui, je vis avec une culture marocaine et...
06:41 - Ils habitent où, vos parents ?
06:43 - Ils habitent pas loin de chez moi, eux, ils habitent en Charente.
06:46 - Aussi. Et ils étaient venus de Tanger avec vous quand vous aviez deux mois.
06:50 Bon, on marque une pause parce que c'est passionnant, effectivement,
06:53 et ça permet aussi de se mettre dans votre tête, si j'ose dire,
06:58 et la difficulté que vous avez de voir parfois le regard des autres se poser sur vous dans cette situation.
07:04 C'est ça que je comprends par rapport à ce que vous venez de nous dire. A tout de suite.
07:07 - De 11h à 13h, vous écoutez Pascal Praud sur Europe 1.
07:09 - Appelez Pascal Praud au 01 80 20 39 21.
07:13 - Comment vivre normalement avec cette actualité trop anxiogène en ce moment ?
07:16 On en parle avec Pascal Praud de 11h à 13h sur Europe 1 au 01 80 20 39 21.
07:21 Et nous accueillons Aziz qui est avec nous en ligne tout à l'heure.
07:23 - Et le concept de "normalement" fera sans doute réagir Michel Lejoyeux qui est psychiatre.
07:29 Parce que que veut dire vivre normalement ?
07:33 Qu'est-ce que quelqu'un de normal ? Faudrait qu'on me le présente un jour.
07:37 Je voudrais rencontrer quelqu'un de normal. On a eu un président normal.
07:40 En tout cas, il voulait l'être. Aziz, bon, ce que je comprends, Aziz, au fond,
07:45 vous êtes d'origine marocaine. Vous êtes né marocain d'ailleurs à Tanger.
07:50 - Oui, une nationalité française. - Vous êtes français depuis 50 ans.
07:54 Vous êtes sur le sol de France depuis 50 ans. Vous faites votre vie ici.
07:58 Vous rencontrez une jeune femme qui est, elle, française, née en France.
08:03 - Oui. - Et vous avez combien d'enfants ?
08:06 - Trois. - Trois enfants.
08:08 Et au fond, vous voyez dans le regard, parfois dans cette période particulière,
08:13 dans le regard de ceux qui ne sont pas comme vous, nés au Maroc ou nés en Algérie
08:20 ou enfants de l'immigration, pour résumer, vous voyez dans leur regard quelque chose
08:24 qui ne vous plaît pas. C'est ça ?
08:27 - Alors, oui, c'est ça. Mais j'ai l'impression que ça a toujours été, en fait.
08:33 Et ça ne fait que s'empirer. Être un arabe en France, c'est déjà compliqué.
08:41 Et ça ne va pas sans argent, en fait.
08:45 C'est vraiment... Je me sens oppressé, harcelé par les médias.
08:52 - Mais plus que dans les années 70, parce que moi j'ai le sentiment
08:55 qu'il y avait plus de racisme en France dans les années 70, par exemple, qu'aujourd'hui.
08:59 - Vous savez bien que le racisme, c'est assez pervers.
09:02 Ce que j'ai remarqué, moi, avec le temps, c'est que maintenant, c'est de plus en plus frontal.
09:09 Avant, c'était assez discret. Mais maintenant, ouvertement, on vous dit
09:15 "essayez quelque chose". Vous vous passez pour quelqu'un qui s'appelle Mohamed
09:23 et allez chercher un appartement en France, et vous allez voir que vous allez avoir du mal
09:27 à trouver un appartement ou une maison.
09:32 - Et vos enfants, comment vivent-ils cette situation ?
09:35 - Alors, cette situation, j'essaye de les préserver, moi.
09:38 - Quelles âges ils ont ?
09:40 - Ils ont le plus grand à 20 ans.
09:42 Alors, ce que j'ai fait, moi, en parlant des enfants, par exemple,
09:46 à la naissance, on a le droit d'avoir deux noms, deux prénoms.
09:52 Et ce que j'ai fait, c'est que j'ai appelé mes enfants à consonance française
09:58 pour pas qu'ils aient un nom de consonance française, pour pas qu'ils aient de problème.
10:03 Donc, le premier prénom est arabe, parce que j'en ai pas mes origines,
10:08 et le deuxième, pour qu'ils puissent ne pas avoir de soucis,
10:12 ne serait-ce que pour aller chercher un travail,
10:15 ne serait-ce que pour aller chercher un appartement,
10:19 je lui ai donné un prénom bien français.
10:22 - Et c'est ce prénom qui est usuel, je comprends.
10:24 Alors, Michel Lejoyeux vous écoute, il est psychiatre, il est auteur du livre
10:28 "Les quatre temps de la Renaissance", aux éditions Jean-Claude Lattès.
10:31 Je ne sais pas s'il peut vous aider, ou vous poser une question,
10:34 ou avoir un avis sur ce que vous venez de dire.
10:37 Bonjour, Monsieur Lejoyeux. - Bonjour, Monsieur Proulx.
10:40 - Monsieur Lejoyeux, le bien nommé en ce moment,
10:42 parce que nous avons besoin un peu de légèreté.
10:45 Qu'est-ce que vous diriez à Aziz, après avoir écouté son témoignage ?
10:50 - Ecoutez, il ne m'appartient pas, vous savez, moi je suis universitaire,
10:55 je travaille sur les données générales, sur le stress post-traumatique,
10:59 sur les réactions psychologiques, il ne m'appartient pas d'improviser comme ça
11:03 un avis sur une situation individuelle.
11:07 - Ecoutez, je vous remercie.
11:09 Vous me direz plus de la consultation.
11:12 - Vous savez, les consultations, ça ne se fait pas tellement à la radio.
11:15 - Non, mais vous entendez dans le sens de ma question,
11:20 d'abord Aziz, est-ce que vous diriez que cette souffrance,
11:24 si tant est que ce soit une souffrance de 1 à 10,
11:28 vous lui donnez quel chiffre ?
11:32 Aziz ?
11:36 - Ah c'est à moi ?
11:37 - Oui, parce que c'est à vous.
11:39 - Ah oui, pardon, excusez-moi.
11:41 - Je ne sais pas si c'est souffrance, mal-être, je ne sais pas comment le qualifier,
11:45 je ne suis pas psy, mais cette difficulté du moment,
11:49 qui est plus prégnante qu'elle ne l'était il y a 20 ou 30 ans,
11:53 il y a aussi l'âge parfois qui avance.
11:55 Je vois qu'en même temps que tu avances dans l'âge,
11:59 j'ai 59 aujourd'hui, je suis un peu plus sombre sur l'humanité
12:03 que je pouvais l'être quand j'avais 20 ans,
12:05 quand je vois ce qui s'est passé en Israël,
12:07 et que j'ai mes 4 filles dont l'aîné a 30 ans,
12:09 je me dis, dans quel monde vont-elles vivre ?
12:12 Et ça peut m'attrister.
12:15 Donc cette souffrance, vous l'évaluez de 1 à 10, à combien ?
12:20 - Je l'évalue à 9.
12:23 - Ah oui, c'est une souffrance très importante,
12:26 parce que la souffrance est toujours subjectif,
12:28 et pour vous c'est une souffrance très importante.
12:30 - C'est une souffrance parce qu'elle est quotidienne tous les jours,
12:33 c'est vraiment quelque chose qui m'habite.
12:36 Tout à l'heure, elle n'est pas forcément individuelle,
12:39 j'ai l'impression que c'est aussi tous mes amis d'origine arabe,
12:47 ou africaine, ou d'origine étrangère,
12:51 on se partage des choses, et j'ai l'impression que c'est la même.
12:56 On souffre en silence en France.
12:59 Je sais que Pascal, tu dis souvent qu'il n'y a pas de représentation
13:08 qui vient témoigner à l'antenne,
13:12 mais ce que j'emmarque, c'est que généralement,
13:16 on fait le dos rond, et on ne sent pas légitime
13:24 de parler de tout ça au nom des autres.
13:26 - Alors cette génération, oui, la jeune génération
13:28 est peut-être différente de ceux de 20 ans.
13:30 On marque une pause, Aziz.
13:32 Monsieur Lejoyeux est avec nous, et toujours avec nous, je l'espère.
13:35 - Oui, oui, absolument.
13:36 - Et vous allez quand même, je l'espère, nous donner quelques clés,
13:39 collectivement, pour aller mieux, Monsieur Lejoyeux.
13:42 - Absolument.
13:44 - Alors là, je suis content.
13:46 11h20, écouter Europe 1, par exemple, ça rend de meilleure humeur.
13:50 - Surtout avec ce qui arrive, Pascal.
13:52 Le top jeu Europe 1.
13:54 - Cette semaine, on vous offre un très bel iPhone.
13:56 L'iPhone 15+ est à gagner sur Europe 1.
13:59 Tentez votre chance, dès que vous entendrez le top jeu Europe 1,
14:02 vous n'aurez que 15 minutes pour vous inscrire.
14:04 - On pourrait aussi offrir les livres de la Pléiade, de temps en temps.
14:06 - Ça vous en passez au poste, pourquoi pas ?
14:10 - Parce que vous voyez, est-ce que c'est mieux d'offrir un iPhone 15,
14:14 ou par exemple, la collection de la Pléiade ?
14:16 - Eh bien, essayons de faire gagner la collection de la Pléiade aussi.
14:19 Vous gagnez votre iPhone 15, en repérant le top jeu Europe 1.
14:22 Soyez très attentif, il peut arriver à n'importe quel moment de la journée.
14:25 - Monsieur Boubou, que je salue.
14:27 Comment allez-vous, Olivier Guenec ?
14:29 - Ça va et vous ? Bonjour à tous.
14:30 - Si je vous donne le choix entre la collection de la Pléiade et un iPhone 15,
14:33 vous choisissez quoi ?
14:34 - La Pléiade, évidemment ! Attendez !
14:37 - iPhone 15+, attention.
14:38 - Qu'est-ce qu'on en a à faire de l'iPhone ? Non, la Pléiade, évidemment !
14:41 - Et particulièrement, est-ce qu'il y a un auteur de prédilection
14:44 que vous iriez chercher en premier ?
14:46 - Par exemple, si vous faites gagner du Marcel Proust,
14:48 je participe tous les jours !
14:50 - Je voudrais du Marcel Proust !
14:53 Est-ce que vous en avez ?
14:56 - Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?
14:57 - Mais c'est parfait.
14:58 - Je le sais, c'est mon auteur préféré.
15:00 - Vous avez raison.
15:01 Vous êtes au courant de ce qui est arrivé à DJ Fab ?
15:04 - Qu'est-ce qui lui est arrivé encore ? Il ne s'est pas réveillé ?
15:06 - Non, mais au contraire, je me suis réveillé trop tôt !
15:08 - Non, mais je pense que ce que vous racontez,
15:11 je vous jure, ça m'inquiète.
15:13 Parce qu'évidemment, ça ne m'est jamais arrivé.
15:16 C'est-à-dire que vous êtes réveillé à 2h15 du matin, c'est bien ça ?
15:19 - 1h30.
15:20 - 1h30 du matin.
15:21 Donc vous êtes habillé, vous êtes lavé, etc.
15:24 - Absolument. Je me suis mis au volant de ma voiture, il était 2h15,
15:27 je crois qu'il était un peu trop tôt.
15:28 Mais il faut expliquer que l'année dernière, c'était mon heure,
15:30 depuis plusieurs années, de levée habituelle.
15:32 Et sur mon téléphone, instinctivement, j'ai remis cette horaire.
15:35 - Je suis d'accord avec vous, mais que vous vous trompiez d'année,
15:39 parce que c'est ça que vous me dites.
15:40 Parce que d'habitude, vous vous levez à quel âge ? A quelle heure ?
15:42 - Aux alentours de 5h.
15:43 - Donc, sans que vous vous rendiez compte,
15:46 il était 1h du matin, vous pensiez qu'il était 5h.
15:49 Moi, je pense que là, c'est pas "Monsieur Le Joyeux, il faut le consulter",
15:53 mais directement.
15:54 - Je crois qu'il va avoir une consultation.
15:56 - Direct, parce que là, vous m'inquiétez de se tromper de 4h,
15:59 je ne sais pas ce que vous avez dans votre tête.
16:01 11h22, à tout de suite.
16:02 - De 11h à 13h, vous écoutez Pascal Fraud sur Europe 1.
16:04 - Europe 1, Pascal Fraud.
16:06 - Pascal Fraud et vous, de 11h à 13h sur Europe 1.
16:09 Pascal, on vous retrouve avec Aziz, qui nous a contactés au 018203921,
16:13 et le professeur Michel Le Joyeux.
16:15 - Et je le remercie grandement, Aziz, d'avoir été avec nous.
16:18 Professeur Le Joyeux, vous êtes psychiatre.
16:21 C'est important de dire d'ailleurs qu'un psychiatre est un médecin,
16:24 parce que parfois, dans le langage populaire,
16:26 les gens ne savent pas exactement la différence entre psychiatre et psychanalyste.
16:31 Un psychiatre est d'abord un médecin, monsieur Le Joyeux.
16:34 - Absolument, nous sommes professeurs de médecine,
16:37 ça devient de plus en plus rare quand même,
16:38 les gens qui ne savent pas qu'un psychiatre est un médecin, vous savez.
16:41 - En tout cas, ils pensent peut-être que le psychanalyste l'est aussi.
16:44 - Et certains psychanalystes le sont, pour être précis.
16:49 La psychanalyse est un type de psychothérapie
16:52 qui peut être pratiquée par des médecins ou des non-médecins.
16:54 - Bon, qu'est-ce que vous diriez de la période que nous traversons ?
16:57 - Vous savez, vous aviez joliment parlé de la pléiade tout à l'heure.
17:02 Il y a un auteur qui est un des grands auteurs de la pléiade, qui est Albert Camus.
17:06 Et Albert Camus a écrit dans "L'étranger",
17:09 "Le personnage principal de l'étranger est malade parce qu'il ne ressent pas d'émotion".
17:15 Vous savez, le début de "L'étranger", c'est ce matin, ma mère est morte,
17:17 et je n'ai rien ressenti.
17:19 Et toute la tragédie de "L'étranger" va être liée à ça.
17:23 Donc je dirais que tant que nous ressentons des émotions,
17:27 et des émotions d'épouvant, de colère, de peur,
17:31 c'est signe que nous allons bien.
17:33 Vous savez, mes malades, puisque vous le rappelez,
17:35 nous avons des malades en psychiatrie,
17:38 eux passent à côté de l'événement.
17:40 Nous ne voyons pas une augmentation des maladies.
17:42 Donc c'est important que chacune et chacun se disent,
17:45 vous savez, "émotion", ça vient de "motion", le mouvement.
17:48 Que quand on est bouleversé par une situation comme ça, c'est bon signe.
17:52 C'est signe qu'on est humain, et c'est signe qu'on a une capacité à s'adapter.
17:56 Je serais très inquiet de quelqu'un me disant,
17:59 "je traverse cette période complètement zen, tranquille,
18:02 comme s'il ne se passait rien."
18:04 - Non, mais il y a des gens, et je les entends, qui ferment les oreilles,
18:07 qui disent, "je ne veux plus allumer une chaîne info."
18:10 - Bien sûr, parce que... - Vous leur dites quoi à ces gens ?
18:12 - Vous savez que dans la violence de cet événement,
18:15 il y a des facteurs qui rajoutent encore de la violence.
18:18 Une des choses nouvelles, c'est évidemment les images,
18:21 c'est aussi la brutalité, c'est-à-dire le fait que c'était totalement imprévu,
18:26 et ce sont les identifications, d'ailleurs chacun ne s'identifie pas aux mêmes personnes,
18:30 ça ne vous a pas échappé.
18:32 Donc, images, brutalité, identification,
18:35 fait qu'on est au maximum de la charge émotionnelle d'un événement,
18:40 et certains réagissent en s'engageant, en réagissant,
18:44 d'autres en refusant de se connecter aux images.
18:47 Vous savez, une grande règle en médecine et en psychiatrie,
18:51 c'est que le mode de réaction que vous avez est le bon.
18:54 Moi, je ne suis pas là pour prescrire des comportements,
18:56 je suis là pour voir si les comportements qu'on utilise sont adaptatifs,
19:00 c'est-à-dire font du bien ou font du mal.
19:02 - Que diriez-vous à quelqu'un qui vous dirait,
19:05 "c'est trop dur pour moi, je veux me préserver,
19:08 je ne veux pas voir ces images,
19:10 je préfère un monde, le mien que j'ai construit,
19:14 à travers la littérature, pourquoi pas, à travers les arts,
19:17 à travers l'amour, à travers ma famille,
19:19 mais je ne veux pas être perturbé, contaminé
19:22 par ce qui arrive de ce monde extérieur."
19:25 - Il y a deux choses différentes.
19:27 Il y a un aspect de citoyen,
19:30 c'est-à-dire être indifférent au malheur du monde,
19:33 je ne suis pas sûr que ce soit l'attitude la plus adaptée
19:36 pour si tout un pays décide d'être indifférent au malheur du monde,
19:39 vous imaginez ce qui va se passer.
19:41 Mais qu'à titre individuel, personnel,
19:43 je pense notamment aux enfants et aux adolescents.
19:45 On dit que le matraquage d'images,
19:48 au-delà des événements qui ont leur charge politique et émotionnelle majeure,
19:52 que ce matraquage d'images est un traumatisme qu'on peut leur éviter,
19:56 je respecte cette attitude,
19:58 à condition qu'elle ne s'accompagne pas d'une sorte de conformisme,
20:02 d'indifférence, qui là pour le coup n'est pas dans le champ de la médecine
20:06 que j'exerce, mais dans le champ de la politique.
20:08 - On va marquer une pause, et puis après je vous interrogerai
20:10 sur ces combattants du Hamas qui nous renvoient à ce qu'est l'humanité,
20:13 ces gens par exemple qui sont capables d'éventrer, de tuer, de décapiter.
20:18 Monsieur Le Belzic, avec qui on était hier,
20:21 rapportait qu'un des combattants, un des terroristes du Hamas,
20:24 a appelé ses parents en même temps qu'il tuait des Israéliens.
20:28 Ces jeunes gens qui ont 20 ans, 22 ans,
20:32 quel regard, j'ai envie de dire psychiatrique, portez-vous sur eux ?
20:37 Est-ce que nous sommes tous capables d'être des terroristes du Hamas
20:42 si tant est que nous baignons dans une atmosphère pendant 20 ans
20:45 qui nous incite à ça, qui nous endoctrine dans cette mouvance-là ?
20:50 Voilà des questions que chacun se pose.
20:52 C'était la chanson de Goldman d'ailleurs.
20:54 Qu'aurais-je fait de pire que ces gens si moi-même j'avais été allemand, etc.
20:59 A tout de suite.
21:00 - De 11h à 13h, vous écoutez Pascal Praud sur Europe 1.
21:03 - Europe 1.
21:04 - Europe 1.
21:05 - Pascal Praud et vous.
21:06 La suite sur Europe 1 avec votre invité, Pascal,
21:09 le professeur Michel Lejoyeux, psychiatre.
21:11 - On va être avec Marcel en direct de Guérande dans une seconde,
21:13 mais cette question qui nous interroge forcément sur ce que nous sommes,
21:18 Monsieur Lejoyeux, écoutez ce que disait ce matin Alain Bauer,
21:23 qui est professeur de criminologie.
21:24 - La barbarie, elle existe, elle est naturelle, elle est humaine.
21:27 Dans mon métier, la criminologie, on voit des barbares assez réguliers.
21:30 En général, nous arrivons par la science, l'éducation, le contrôle social,
21:34 le surmoi, pour faire plaisir à Freud, à gérer nos pulsions irrésistibles.
21:38 Mais quand vous regardez le nombre de crimes d'assassinat, d'agressions
21:41 qui existent, vous savez que la barbarie, elle est à fleurs de peau.
21:44 - Monsieur Lejoyeux, quel regard vous portez ?
21:47 Parce que j'ai le sentiment qu'on est au-delà de la barbarie.
21:50 C'est pas le sentiment, on est au-delà de la barbarie
21:52 avec ce qui s'est passé en Israël sur ces jeunes gens
21:55 qui ont 20 ans, 22 ans et qui ont fait ce qu'ils ont fait.
21:59 Quel regard portez-vous de psychiatre sur ces cas-là ?
22:02 - Alors, le regard que je porte, c'est que je les ai pas examinés,
22:06 que je les ai pas rencontrés et qu'on reconnaît un expert
22:09 au fait qu'il ne donne pas d'avis sur les gens qu'il n'a pas rencontrés.
22:13 Par contre, on a d'autres expériences.
22:15 On a vu les terroristes du Bataclan, certains ont été, ont été,
22:20 ont pu faire l'objet d'expertises psychiatriques.
22:22 Vous savez, il faut faire très attention.
22:24 Si vous demandiez à un cardiologue, à un professeur de cardio,
22:26 est-ce que vous pensiez qu'ils étaient hyper tendus ou pas ?
22:28 Et si vous répondez, ils s'aventureraient.
22:31 Nous, notre métier, c'est vraiment la médecine,
22:33 c'est vraiment l'examen face à quelqu'un et trouver des maladies.
22:37 Qu'est-ce qu'on a trouvé dans d'autres cas,
22:39 dans des personnes qui ont pu commettre des atrocités qu'on a examinées ?
22:43 D'abord, souvent, une très grande normalité.
22:45 Parce que pour s'intégrer dans un mouvement guerrier,
22:50 il faut pas être complètement délirant.
22:51 Et d'ailleurs, ces combattants savent que quelqu'un de complètement délirant...
22:56 - C'est terroriste, si vous me permettez.
22:57 Je préfère, pour le hommage, je les appelle pas des combattants,
23:00 je les appelle terroristes.
23:01 - Pardon, vous avez totalement raison.
23:03 Mais moi, je suis mille fois d'accord avec vous,
23:09 ce sont évidemment des terroristes.
23:10 Mais globalement, dans toute entreprise comme ça,
23:15 on voit assez peu de nos malades, pour le dire comme ça.
23:20 Ils ne sont pas assez organisés et assez prévisibles pour en faire partie.
23:26 Et leur normalité rend la monstruosité de leur acte et de leur terrorisme,
23:33 évidemment, encore plus terrible.
23:35 Vous savez, c'est cette posture indépassable d'Anna Arendt,
23:39 qui, quand elle avait expertisé les bourreaux du 3e Reich,
23:44 avait dit qu'ils étaient encore plus terrifiants parce que d'autant plus normal.
23:48 Il y a quand même une chose qu'on trouve, quelquefois,
23:50 ce sont des appuis de toxiques.
23:52 C'est l'utilisation de produits, soit pour obtenir des états d'excitation
23:57 ou de levée de volonté.
23:59 Mais en tout cas, je serais extrêmement prudent,
24:02 quand j'allais dire, quand tu as une psychiatrisation du terrorisme,
24:07 et évidemment pas de combattants, de terroristes,
24:10 et je ferais très attention parce que la psychiatrisation
24:13 pourrait même être un début d'excuses, d'explications, de justifications.
24:18 Je n'ai pas envie de faire un pas de ce côté-là.
24:20 - On a parlé de Cap Tagon pour les produits que pourraient prendre
24:24 ces jeunes personnes, ces terroristes du Hamas.
24:27 Ce qui est frappant également, c'est que la culpabilité
24:29 semble absente chez ces grands terroristes.
24:31 Je rappelle quand même qu'au procès Nuremberg,
24:33 personne n'appelait des coupables.
24:35 Personne n'appelait des coupables.
24:37 - Le mot "assassin" vient de "hachiche".
24:41 Les guerriers chargés de hachiche devenaient des assassins.
24:47 - Ah ça, je ne savais pas ça !
24:49 - Ah bon ?
24:50 - Les "achachins" c'était les combattants chargés au hachiche.
24:54 Vous chercherez l'étymologie du mot "assassin",
24:56 elle est liée au mot "hachiche".
24:58 - Alors là, monsieur Lejoyeux, je ne connaissais pas évidemment cela,
25:01 et merci de nous avoir donné ce renseignement.
25:04 - Je suis très heureux de vous apprendre un mot, alors.
25:05 - Mais alors vous pouvez m'en apprendre tous les jours, vous savez,
25:07 parce que comme disait Jean Gabin, "je sais, je sais que je ne sais rien".
25:11 - Restez avec nous, monsieur Lejoyeux, parce que nous sommes avec Marcel,
25:14 et vous allez écouter Marcel.
25:15 Alors Marcel, je crois que c'est la première fois qu'il m'appelle sur Europe.
25:18 Bonjour Marcel.
25:20 - Bonjour monsieur Proulx.
25:21 - Je crois que c'est la première fois que vous m'appelez sur Europe,
25:23 que vous nous appelez sur Europe.
25:25 - C'est pas moi qui vous appelle, monsieur Proulx,
25:27 c'est Olivier qui vient de m'appeler,
25:29 et qui m'a dit de venir mettre un petit peu d'humeur joyeuse.
25:33 - Eh bien il a eu raison, il a eu raison,
25:35 parce qu'on s'est souvent eus sur une autre radio, dans une autre vie.
25:39 Bon d'abord vous, je rappelle votre profil, vous êtes prof, ancien prof ?
25:43 - Exactement, à la retraite, oui.
25:44 - Bon, vous êtes à Guérande ?
25:46 - Instituteur, ussard de la République, et ensuite professeur, oui.
25:50 - Exactement, instituteur, j'aime ce mot, instituteur.
25:53 Et vous êtes droit dans vos bottes, et plutôt à l'ancienne ?
25:56 - Droit dans les bottes, et les bottes dans l'eau.
25:58 - Bon, et vous avez bien raison.
25:59 Mais cette période que nous vivons aujourd'hui,
26:02 si on cherche à se remonter le moral, à parler à Guérande,
26:05 visiter les fortifications, acheter une gaufre,
26:08 et des crêpes dentelles, qu'est-ce qu'on peut faire ?
26:11 Des gavottes ?
26:13 - Ah non, non, mais qu'est-ce qu'on peut faire, c'est aller se ressourcer,
26:16 comme disent les résidents secondaires.
26:19 Parce que monsieur Proulx, il est de Loire-Atlantique, de Nantes,
26:22 et il vient de temps en temps dans notre secteur,
26:24 se ressourcer, comme disent les résidents secondaires et les touristes.
26:27 Nous, on n'a pas besoin de se ressourcer, on a les pieds dedans,
26:30 tout le temps, toute l'année.
26:31 Et on se bat pour que la nature et les paysages restent le plus intactes possible.
26:37 Et voilà, parce que vous savez, il y a le propos habituel,
26:41 c'était mieux avant.
26:43 Ben, c'était pas mieux avant, sur pas mal de problèmes,
26:47 surtout sur les problèmes que vous évoquez aujourd'hui.
26:50 - Ce qui était différent avant, c'est qu'on ne le savait pas.
26:52 Voilà, c'est ça qui change tout.
26:54 - Ce que j'étais en train de dire à Olivier tout à l'heure,
26:56 c'est qu'avec maintenant les informations non-stop, les réseaux sociaux,
27:00 on est informé de tout ce qui se passe partout.
27:04 Mais avant, écoutez, il y avait déjà beaucoup d'imbéciles,
27:09 mais avec les réseaux sociaux, maintenant,
27:11 tout le monde en a des preuves en masse.
27:14 La bêtise circule à la vitesse de la lumière maintenant.
27:18 - Non mais ce qui est vrai, c'est que...
27:19 - Quand on voit ce que les gens écrivent, c'est pas possible.
27:23 Des gens qui ont un avis sur tout.
27:25 Alors on lit des montagnes de niaiseries, des débilités,
27:29 et elles sont stockées pour l'éternité.
27:31 En attendant, ça nous pollue, parce que ça consomme de l'énergie, ces affaires-là.
27:35 - Non mais là où vous avez raison, c'est que les Einzeits Gruppen,
27:38 par exemple, qui étaient des unités mobiles d'extermination du 3e Reich,
27:44 on sait ce qu'elles ont fait.
27:46 Elles jetaient parfois des gens vivants dans des fosses en Ukraine.
27:50 On sait tout ça.
27:51 - Mais oui, il y a eu des horreurs d'or un peu partout.
27:53 Il y en a même eu un dans le bled où habitait mon père,
27:56 qui était recherché par la Gestapo comme résistante.
27:59 - Mais aujourd'hui, en plus, on voit les images,
28:02 et avec ce monde numérique, on sait tout.
28:04 Bon, vous vous préservez, Marcel ?
28:07 Est-ce que vous diriez, par exemple, une question toute bête d'ailleurs,
28:11 est-ce que vous diriez que vous êtes heureux ?
28:13 - Ah, écoutez, pas de problème, parce qu'à ce moment-là, écoutez,
28:17 si on se charge le dos et les épaules de tous les malheurs du monde,
28:21 on n'en finit pas.
28:23 Et nos parents, je parle des miens, mais nos parents ont à peu près le même âge,
28:27 je suis un petit peu plus âgé que vous, mais nos parents ont vécu bien pire.
28:30 Parce que ce que vivent certains peuples,
28:34 aujourd'hui, les Français l'ont vécu avec des occupations militaires.
28:39 - Oui, mais Marcel...
28:41 - Je suis en train de vous dire tout à l'heure que mon père a failli être enfermé
28:45 avec tous les hommes de son petit bourg de 600 habitants
28:48 par les Allemands dans l'église.
28:51 C'était un groupe de soldats allemands qui était en pleine débâcle,
28:57 et ils ont réuni tous les gens d'un petit bourg ici,
29:02 et ils ont failli les coller dans l'église, comme à Auradou-Hors-sur-Glane.
29:06 Alors mon père a appris Auradou-Hors-sur-Glane un peu plus tard,
29:09 et il nous a dit "eh ben, on a échappé à la catastrophe".
29:13 - Marcel, on va marquer une pause. D'abord, ce que vous dites est vrai.
29:16 - Ah bon, déjà ? - Oui, parce que vous savez bien, il faut bien vivre.
29:19 - Bon, ben je vais en profiter pour aller lire Pascal de La Pléiade,
29:23 mais pas Pascal Pro. - Non, c'est le vrai, moi je suis le faux.
29:27 - Non, c'est de la faute d'Olivier, ça, il m'a dit...
29:30 - Restez avec nous. - Il m'a dit pour faire sourire Pascal,
29:33 il n'est pas en pleine forme en ce moment.
29:36 - On est tous un peu pareil, mais là où vous avez raison, c'est vrai que le monde a toujours été horrible,
29:40 que les piu-piu qu'on envoyait à la guerre de 14, bien évidemment,
29:43 et puis la guerre de 40, tout ça est vrai. Mais en revanche,
29:46 et moi je suis un des représentants de cette génération, il y a une forme de parenthèse enchantée,
29:51 on va dire, du début des années 60 jusqu'à ce qu'il s'est refermé au début du XXIe siècle.
29:58 Et cette parenthèse enchantée, pour nous occidentaux, en tout cas pour nous français,
30:02 elle était... il y avait une liberté évidemment totale,
30:07 il y avait également une prospérité économique,
30:10 il y avait une certaine atmosphère de légèreté dans cette France-là,
30:16 avec des progrès médicaux qui arrivaient, qui étaient très importants, etc.
30:20 Donc cette parenthèse enchantée, elle s'est refermée déjà il y a 20 ans.
30:25 Donc on la regrette, parce qu'on pouvait imaginer, notamment après la chute du mur,
30:32 que voilà, on allait aller vers un monde peut-être plus léger.
30:37 C'est pas le cas.
30:38 Il est 11h41, à tout de suite.
30:40 - On va dire au revoir à monsieur Le Joyeux, mais c'est vrai que je vous ai eu plusieurs fois au téléphone,
30:51 et j'adore parler avec un psychiatre, parce qu'on a le sentiment que vous savez des choses de nous,
30:57 que nous-mêmes ne savons pas.
30:58 - On ne s'en bat pas.
30:59 - Et comme moi je n'ai jamais vu de psychiatre de ma vie,
31:02 parce que l'occasion ne s'en est pas produite,
31:05 je pense que les gens qui viennent vous voir, c'est des gens qui souffrent, forcément.
31:09 Mais en même temps, on pourrait venir aussi pour peut-être mieux se connaître soi-même.
31:13 Je ne sais pas si cette motivation existe parmi ceux que vous voyez, monsieur Le Joyeux.
31:17 - Alors, bien sûr que cette motivation existe, et c'est là où on fait quand même toute la différence entre une psychothérapie,
31:23 c'est-à-dire un travail sur soi, et une approche psychiatrique médicale,
31:27 où j'allais dire, par exemple à l'hôpital, moi je dirige un service hospitalier,
31:31 où nous avons quand même des gens qui sont particulièrement malades.
31:35 Et notre regard incite quand même à une vraie prudence sur tout ce que vous expliquez là quant à l'impact.
31:43 C'est-à-dire qu'au fond, tout ce qui se passe, qui est épouvantable, dont je ne dénie pas le caractère monstreux et épouvantable,
31:51 ne fait pas beaucoup bouger la fréquence des dépressions majeures, la fréquence des diabètes, la fréquence des infarctus.
31:57 On est vraiment plus dans une espèce de ressenti collectif que dans ce que nous en médecine appelons des maladies devant être traitées.
32:05 Vous savez, il y a même une sorte de paradoxe.
32:08 Pendant la seconde guerre mondiale, il y a des données qui ont montré que la situation n'était pas extraordinairement guée non plus, ça ne vous a pas échappé.
32:15 Il y avait plutôt une diminution de la fréquence des maladies.
32:19 Les pays en guerre souffrent et souffrent collectivement évidemment, mais il y a une vraie différence.
32:25 Et c'est quelque chose qu'on essaie de faire passer.
32:27 Vous parliez de la différence psychanalyste-médecine, il y a une vraie différence.
32:32 Et moi, si je dois terminer en donnant un tout petit conseil médical,
32:35 dans ces moments de crise, méfions-nous des faux amis.
32:39 Je préside beaucoup d'instances en addictologie, on a un copain formidable à notre disposition,
32:44 c'est l'alcool, c'est le tabac, c'est ces substances, méfions-en nous, c'est elles, on y est particulièrement exposés.
32:52 Quand il y a de la tension, une petite détente avec un petit verre, ce que nous regardons, c'est l'augmentation de la prévalence des addictions.
33:00 Vous entendez monsieur Guenec ? C'est important ce que dit monsieur Lejoyeux.
33:04 - Dites-moi. - Vous entendez ce qu'il dit ?
33:06 - Non pas du tout, dites-moi. - Méfiez-vous des faux amis, le petit coup de bouteille, le petit coup de rouge, comme ça.
33:13 Méfiez-vous de ça monsieur Guenec.
33:16 - Le petit coup de rouge, pour aller mieux. - Non, pour aller mieux.
33:18 - Ça fait l'effet contraire. - Non mais je vais écouter le reflet de l'émission.
33:21 - Mais qu'est-ce que vous faites là, vous dormez ? Vous êtes pas à la radio ?
33:24 - Vous êtes au courant que je ne vous regarde pas pendant deux heures, comme ça ?
33:26 - Moi je remercie monsieur Lejoyeux en tout cas, et un jour, il y a du travail sur nous,
33:31 on viendra collectivement tous vous voir et vous nous direz ce qui ne va pas.
33:34 - Mais vous allez parfaitement bien monsieur Proulx, vous savez c'est ça.
33:38 - Je ne suis pas sûr mais bon. - Moi j'en suis complètement sûr,
33:41 parce que pour faire une émission tous les jours, comme vous l'avez fait, c'est un vrai indice de santé mentale.
33:45 Donc voilà, vous partez avec un diplôme de santé mentale, c'est pas mal ça.
33:49 - Bon bah écoutez, vous êtes gentil en tout cas.
33:51 Alors, monsieur Marcel, merci, bonne journée monsieur Lejoyeux.
33:54 Marcel, donnez-nous, remontez-nous le moral Marcel.
33:58 Donnez-nous l'envie d'avoir envie.
34:01 - Oui, si vous me laissez parler, oui, on y arrive.
34:04 - Non, ce n'est pas le principe de l'émission.
34:05 - Bon, alors écoutez, monsieur Lejoyeux, psychiatre,
34:10 mais nous on n'a pas besoin de psychiatre ici à la campagne,
34:13 de toute façon on est beaucoup moins joyeux quand on voit le tarif de la consultation.
34:16 - Vous n'êtes jamais allé voir un psychiatre ou un psychanalyste ?
34:22 - Écoutez, on parlait tout à l'heure quand on a eu des coupures pub etc.
34:28 et on disait qu'on est très informé par rapport à la génération de mes parents.
34:34 Il y a des gens qui disent trop d'infos tuent l'info.
34:37 Bah qu'ils aillent en Corée du Nord, ils verront s'ils ont de l'info.
34:40 Mais on parlait aussi des gens qui disent tout et n'importe quoi sur les réseaux sociaux.
34:46 Alors, trop de conneries, ça n'a jamais tué un con.
34:51 Parce qu'il y en a toujours autant.
34:54 - Qu'est-ce que vous allez faire cet après-midi, Marcel ?
34:58 - Vous allez liser les dépôts des gens qui disent n'importe quoi.
35:01 - Mais je suis d'accord avec vous, mais qu'est-ce que vous voulez que je réponde à ça ?
35:03 - Qu'est-ce que vous allez faire cet après-midi ?
35:05 - Qu'est-ce que je vais faire cet après-midi ?
35:07 Il m'a déjà demandé ça la dernière fois.
35:10 - À chaque fois je demande ça aux auditeurs, mais bon c'était une autre après-midi.
35:13 - À l'époque vous étiez dans une autre boutique.
35:15 - Qu'est-ce que vous faites ? Vous appelez ça une boutique, vous ?
35:18 - Bah oui, c'est des boutiques à pub.
35:20 - Bon, dites-moi, qu'est-ce que vous faites cet après-midi ?
35:23 - Écoutez, monsieur Pro, c'est des boutiques à pub.
35:25 - Qu'est-ce que vous faites cet après-midi ?
35:27 - C'est pas l'heure de répondre.
35:28 - Marcel, répondez !
35:30 - Ce que je fais aujourd'hui, je fais la même chose que ce que vous m'avez demandé la dernière fois qu'on s'est eu au téléphone.
35:37 Je vais aller parcourir les marais salants qui sont sous ma fenêtre.
35:42 - Ah ça c'est bien. Et vous allez en brière ?
35:44 - Et figurez-vous que dimanche, on a organisé un marais salant sans moteur, sans voiture
35:49 et on a mis 3000 cyclistes, piétons, trottinettes et rollers à circuler dans les marais salants.
35:54 Vous avez entendu ? 3000 !
35:56 - Ça c'est génial. Et là, je pense que tout le monde était heureux le soir.
35:59 - On pensait vous voir, on s'est dit "On va venir faire un petit tour".
36:02 - En ce moment, je suis à Paris, je bouge pas de Paris, mais cet été, j'étais là-bas, j'étais dans votre GTA.
36:07 - Mais dans un temps, faut venir respirer du grand air.
36:10 - La plage du Pouligal.
36:11 - Si je réponds à Paris, là-bas.
36:12 - Vous venez jamais à Paris ?
36:14 - Sûrement pas, non.
36:15 - Pourquoi "sûrement pas" ?
36:17 - Quand on entend les Parisiens parler de Paris, ça donne pas envie d'y aller.
36:21 - Mais on n'a pas le choix, nous on bosse à Paris.
36:23 Si vous m'installez à Guérande, j'irais travailler à Guérande.
36:26 - Vous travaillez en télétravail.
36:28 J'ai un cabanon au fond du jardin qui sert à rien.
36:31 - Vous vous installez en studio.
36:33 - Ah non, mais c'est pas idiot.
36:34 - Pourquoi pas ?
36:35 - Oui, il y a les toilettes sèches à côté, il y a tout le confort.
36:38 - Non mais je suis jamais.
36:40 - Voilà.
36:41 - Vous savez que quand on sait ce qu'on sait, et quand on voit ce qu'on voit, on a raison de penser ce qu'on pense.
36:47 - Oh bah si vous voulez.
36:49 Mais c'est pas du blesse pascal, c'est du prouf.
36:52 - C'est du pas terrible.
36:53 - C'est du pas terrible.
36:55 - On vous embrasse.
36:56 - Ça sera pas dans la pléiade.
36:57 - Non, ce sera pas dans la pléiade.
36:58 Marcel, embrassez la région pour nous.
37:01 Allez sur la petite plage du "non" NAU au Pouliguin cet après-midi.
37:06 - Ah oui, ça c'est la plage du Pouliguin.
37:07 Mais non, il y a plein d'immeubles derrière.
37:09 - Il y a plein d'immeubles.
37:10 - Il y a les immeubles.
37:11 Écoutez, on a un nouveau maire.
37:13 On a, comme disent les gens de la région ici, on a Laboul avec beaucoup de retraités fortunés, on a un seul ouvrier.
37:20 - Oui, c'est Franck Louvrier qui est le maire de Laboul, mais il est parfait.
37:23 - Oui, on a un seul ouvrier.
37:25 Les autres sont pas ouvriers du tout.
37:27 - Bien sûr.
37:28 - C'est le maire.
37:29 - Eh ben, c'est la plus belle région du monde.
37:31 - Et on a 80 éoliennes dans le paysage.
37:33 - Ah ça c'est horrible.
37:34 - Ah bah ça c'est le maire aussi.
37:35 - Non, c'est pas le maire.
37:36 - Oui monsieur.
37:37 - Non, c'est pas le maire qui a décidé.
37:39 - Il s'est jamais opposé à ce projet.
37:41 - Mais il vient d'arriver.
37:42 - Oui, il vient d'arriver.
37:43 Bon, merci en tout cas Marcel.
37:45 - Bon, allez bon appétit.
37:46 - Bon appétit.
37:47 - Il est 11h51.
37:48 - C'est un peu tôt là.
37:49 - Vous savez qu'on déjeune plus tard à Paris.
37:52 - Il est 11h51, oui, alors c'est midi ça.
37:55 - Oui mais on déjeune plus tard à Paris.
37:58 - Oui, et écoutez, vous avez abîmé votre santé.
38:00 - Ben ça je suis bien d'accord avec vous, mais comme ça fait 35 ans...
38:03 - Et puis en plus vous mangez peut-être pas des choses très bonnes dans votre cantine là.
38:06 - La cantine d'Europe 1 est-elle meilleure que la précédente ?
38:11 - J'ai entendu parler de France Inter d'après que c'est pas mal.
38:14 - Eh ben moi je mange...
38:15 Alors on va demander, Digifab, vous la trouvez comment la cantine ?
38:18 - Ah ça va, ça s'est amélioré.
38:19 - Moi je la trouve bien la cantine d'Europe 1, elle est très très bonne,
38:21 il y a des pâtes qui sont excellentes,
38:23 on déjeune tous les jours avec l'ami Olivier Guenec.
38:26 - Oui.
38:27 - Il est pas là Olivier, je sais pas ce qu'il se passe aujourd'hui, je lui parle mais bon...
38:29 - Mais si, si, moi je l'entends.
38:31 - Ah vous l'entendez ? Ben écoutez, il est pas là.
38:33 Bon, Marcel, je vous embrasse.
38:35 Et rappelez-nous régulièrement parce que ça nous fait du bien de parler avec vous.
38:39 - Eh ben écoutez, vous me sollicitez, je vous répondrai.
38:43 - Eh ben écoutez, frappez et on vous ouvrira.
38:45 11h52. Je vous embrasse.
38:47 - Merci, à bientôt.