Guerre en Israël : Macron et la politique française sont-ils à la hauteur ?

  • l’année dernière
Avec Arnaud Benedetti, Professeur à la Sorbonne, rédacteur en chef de la revue politique et parlementaire et auteur de “Chaos - essai sur les imaginaires des peuples" (Editions du Cerf)

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##PARLONS_VRAI_CHEZ_BOURDIN-2023-10-24##
Transcript
00:00 Vérissure, le numéro 1 des alarmes en France.
00:02 Rendez-vous sur verissure.fr pour votre demande de vie gratuite.
00:06 Vérissure présente...
00:07 - Sud Radio, parlons vrai chez Bourdin, 9h10, Jean-Jacques Bourdin.
00:13 - Bien, il est 9h34, 0826-300-300, la situation au Proche-Orient,
00:17 vous avez votre avis sur la question, vous n'hésitez pas à vous appeler.
00:20 Thomas Guénolé est englué dans les embouteillages à Paris,
00:25 qui sont terribles, il pleut, ben oui, vous savez comment ça se passe.
00:29 On ne peut plus rouler, Arnaud Benedetti, lui, est bien avec nous,
00:33 professeur à la Sorbonne, rédacteur en chef de la Revue Politique et Parlementaire,
00:36 et auteur de K.O. Essai sur les imaginaires des peuples, aux éditions d'ICERF.
00:40 Bonjour, Arnaud Benedetti.
00:43 Arnaud Benedetti, Emmanuel Macron joue gros en Israël,
00:48 il joue gros sur le plan intérieur, mais il joue une partie importante aussi
00:52 pour les otages qui ont été kidnappés, les Français notamment,
00:57 qui ont été kidnappés, et aussi dans l'optique, un jour peut-être,
01:02 d'une solution à deux États, nous verrons bien, c'est d'ailleurs toujours la politique française.
01:07 C'est depuis, c'est une constante, la France a toujours défendu la solution à deux États, Arnaud Benedetti.
01:14 - Oui, depuis 50 ans, clairement, il rappelle une position qui est une position constante,
01:19 comme vous le dites, de la diplomatie française.
01:22 Alors, on a reproché à Emmanuel Macron d'avoir tardé à se rendre en Israël,
01:28 moi j'ai le sentiment qu'il a été comme, d'abord, particulièrement préoccupé par les conséquences
01:34 de ce conflit terrible en France, et d'ailleurs quand on écoutait son intervention
01:39 au 20h, il y a maintenant une dizaine de jours, on voyait que ce qui l'inquiétait,
01:44 au-delà bien évidemment de la situation en Israël, c'était aussi les répercussions
01:49 sur notre territoire, les tensions communautaires qui peuvent exister, il faut quand même rappeler qu'on a
01:54 la première communauté juive d'Europe, 600 000 compatriotes juifs, et première communauté musulmane.
02:02 Donc ça, je crois que c'est ce qui a vraiment expliqué, disons, cette position d'attente qui était la sienne,
02:07 ceci dit, là, il rappelle encore une fois, j'allais dire, des points de doctrine,
02:12 qui sont des points de doctrine particulièrement connus, en ce qui concerne la France.
02:18 - Maintenant, c'est vrai qu'il y a un sujet, c'est que, on le dit, moi ce qui me frappe dans cette affaire,
02:22 c'est que c'est passé un peu sous le scope, c'est que quand même, c'est la première attaque terroriste,
02:29 et l'attaque terroriste qui touche des Français la plus meurtrière depuis Nice 2016.
02:33 30 de nos compatriotes sont morts en Israël, et il est naturel, bien évidemment, qu'ils se manifestent,
02:40 il est naturel qu'ils se soucient du sort de nos otages. Après, la vraie question, c'est de savoir,
02:49 quelle est la force de la parole de la France encore aujourd'hui, dans ce conflit ?
02:55 Quelle est la force d'ailleurs de la parole de la France sur la scène internationale ?
02:59 Et ce qui est quand même assez frappant, c'est que depuis le 7 octobre, malgré des propos, malgré des prises de position,
03:09 on a le sentiment d'être un peu en deçà de ce qu'était finalement la parole de la France depuis de nombreuses années sur ce sujet.
03:18 - Oui, mais on dit toujours la parole de la France, mais pardon Arnaud Bénédetti, d'abord le monde a changé,
03:22 - Tout à fait. - Depuis De Gaulle, tout le monde dit De Gaulle c'était différent,
03:26 oui enfin bon, le monde était différent aussi, depuis il y a eu la montée, la poussée de l'islamisme,
03:33 il y a eu Daesh, il y a eu l'état islamique, il y a eu le 11 septembre, il y a eu une guerre conduite à tort par les américains en Irak,
03:45 - Et où la France a fait entendre sa voix. - Où la France a fait entendre sa voix, c'est vrai,
03:48 il y a eu la guerre en Afghanistan, enfin bon, le monde a changé, et aujourd'hui il y a une réalité,
03:54 et la réalité c'est qu'il y a un pouvoir en Israël qui est un pouvoir qui ne voulait pas d'une solution à deux états,
04:03 le pouvoir israélien Netanyahou ne veut pas d'une solution à deux états, Arnaud Bénédetti.
04:09 - C'est pas ce qu'il dit officiellement, on peut considérer que sa politique en tout cas ne crée pas les conditions
04:17 pour qu'il y ait aujourd'hui une solution de ce type qui émerge, mais on sait très bien que la condition de toute façon de la sécurité d'Israël
04:28 passera par inévitablement une solution à deux états.
04:33 Moi j'ai écouté Jean-Louis Bourlange à l'Assemblée nationale hier, et qui a fait un discours qui est tout à fait équilibré,
04:39 qui est tout à fait remarquable, et qui s'inscrit vraiment dans la grande tradition française d'équilibre et d'équidistance,
04:44 où il disait finalement les pères fondateurs d'Israël avaient le sentiment de leur vulnérabilité,
04:50 y compris ceux qui avaient parfois été les plus durs dans leur position vis-à-vis des palestiniens,
04:55 et quand on voit finalement l'évolution qui avait été celle de Rabin, de l'évolution qui avait été celle de quelqu'un qui était plutôt un dur,
05:04 M. Béguine, ou même Dariel Sharon, c'était de considérer qu'à un moment donné on n'avait pas d'autre choix que de discuter avec les palestiniens
05:12 pour parvenir à une sécurisation de l'état d'Israël, et que c'est vrai, c'est vrai, le sentiment qu'on a depuis l'expérience Netanyahou,
05:21 c'est qu'on est rentré dans une autre dimension qui est une dimension qui est moins consciente de la vulnérabilité de l'état d'Israël.
05:28 - Est-ce qu'Israël veut... - Elle a été démontrée sur le terrain malheureusement le 7 octobre, d'un point de vue pratique.
05:34 - Vous avez raison, la vulnérabilité d'Israël a été démontrée malheureusement,
05:39 et c'est vrai peut-être que les dirigeants n'ont plus ce sentiment de la vulnérabilité.
05:44 - Il y avait quelque chose qui avait disparu en plus, si vous voulez, dans l'agenda international,
05:50 force est de constater que la question palestinienne qui a scandé l'agenda international durant les années 70, 80, 90,
05:58 avait comme, d'une certaine manière, disparu des préoccupations des grands dirigeants.
06:02 Et malheureusement, je dis bien malheureusement, et du monde arabe aussi,
06:07 et en fait, quand on essaye d'analyser l'atroce action, parce qu'il n'y a pas d'autres mots, du Hamas,
06:15 et le résultat politique, je dis le résultat politique de cette action,
06:19 c'est d'avoir remis la question palestinienne au centre de l'échiquier, au centre des préoccupations,
06:26 et d'avoir ressoudé d'une certaine manière ce qu'on appelle la rue arabe,
06:30 dans une sorte de mouvement de solidarité vis-à-vis des palestiniens.
06:35 Donc, de ce point de vue-là, force est de constater qu'ils ont, d'une certaine manière,
06:41 atteint leur objectif dans des conditions qui sont absolument épouvantables,
06:45 et qui ne peuvent être que condamnées.
06:47 - Est-ce que vous pensez que le gouvernement israélien actuel, il y aura des commissions d'enquête,
06:53 il y aura évidemment des remous politiques en Israël dans quelques semaines, dans quelques mois,
06:59 est-ce que vous pensez que le gouvernement actuel souhaite une solution à deux États ?
07:05 - Tout va dépendre de la pression de l'opinion publique israélienne.
07:08 Ce que l'on sait aujourd'hui, c'est que ce qui se passe d'ailleurs de manière récurrente en Israël,
07:14 c'est que dès qu'Israël est attaqué, il y a d'abord dans un premier moment un réflexe d'union sacrée qui se fait.
07:20 - C'est logique. - Je note que même les opposants aujourd'hui à M. Netanyahou,
07:24 ou quelqu'un comme Benny Gantz par exemple, rentrent au gouvernement pour justement défendre Israël.
07:31 Mais inévitablement les conséquences de ce qui s'est passé seront examinées. Pourquoi ?
07:35 Parce qu'il y a une réalité, une réalité qui est une réalité institutionnelle, qui est une réalité politique,
07:40 c'est qu'Israël est une démocratie. Israël est une démocratie et c'est ce qui fait sa force
07:45 dans un océan géopolitique régional où les démocraties sont inexistantes.
07:51 Donc il y aura à un moment donné pour M. Netanyahou des comptes à rendre,
07:55 des comptes à rendre non seulement sur la façon dont il a assuré la sécurité sur un plan pratique,
08:00 des Israéliens, mais aussi des comptes à rendre sur la politique qu'il a menée depuis un certain nombre d'années.
08:07 Je crois qu'inévitablement ce débat va démarrer en Israël.
08:11 - Oui, il aura lieu, évidemment.
08:13 Nous allons prendre dans un instant, on va faire une petite pause,
08:15 nous allons prendre Julien qui est aide-soignant, qui était dans l'Essonne,
08:19 et qui voudrait s'exprimer sur la question. A tout de suite.
08:21 Vérissure, le numéro 1 des alarmes en France.
08:24 Rendez-vous sur verissure.fr pour votre demande de devis gratuits.
08:28 Vérissure présente...
08:31 Sud Radio, parlons vrai chez Bourdin, 9h10, Jean-Jacques Bourdin.
08:35 - Je sais que la situation au Proche-Orient suscite de très nombreuses réactions,
08:39 nous n'en parlons pas que de ça tous les jours évidemment,
08:41 mais aujourd'hui c'est l'actualité majeure,
08:45 il fut un temps où l'actualité majeure c'était la guerre entre l'Ukraine et la Russie,
08:49 maintenant c'est la situation au Proche-Orient, les situations internationales,
08:54 la géopolitique prend toute son importance évidemment.
08:58 Arnaud Bénédicte est avec nous, professeur à la Sorbonne,
09:00 rédacteur en chef de la revue politique et parlementaire et auteur de chaos,
09:04 essai sur les imaginaires des peuples aux éditions du Cerf.
09:07 Nous parlions, vous disiez, et ça je trouve ça très intéressant Arnaud Bénédicte,
09:12 vous disiez que les dirigeants israéliens n'ont peut-être plus aujourd'hui
09:17 le sentiment de la vulnérabilité d'Israël,
09:21 ce qui veut dire qu'Israël se sentirait intouchable.
09:24 Or, ce qui s'est passé le 7 octobre a montré qu'Israël n'était pas intouchable.
09:29 Julien, lui, est aide-soignant et regarde ça,
09:33 est dans les zones et regarde ça avec distance mais en même temps avec préoccupation,
09:37 mais aussi grand intérêt. Julien, bonjour.
09:39 - Oui, bonjour Jean-Jacques, comment allez-vous ?
09:41 - Eh bien ça va très bien mon cher Julien, vous êtes auditeur de Sud Radio, Julien ?
09:45 - Tout à fait, depuis très longtemps maintenant.
09:48 - Bon, écoutez, ça me fait plaisir de vous accueillir sur l'antenne.
09:52 Julien, qu'est-ce que vous avez envie de dire ?
09:54 - Eh bien, moi j'ai envie de dire que la situation est préoccupante
09:58 parce qu'en fait le problème de la France, c'est qu'elle est assise sur une poudrière.
10:01 Avoir voulu faire le vivre ensemble pendant 30 ans,
10:05 qui a été un échec malheureusement qu'on constate aujourd'hui,
10:07 on est en fait à un problème, on est sur des bases communautaristes très profondes en France
10:13 qui font que si la situation dégénère, elle risque déjà de dégénérer chez nous,
10:17 et qu'on n'a déjà pas les moyens de la gérer chez nous,
10:19 alors pour aller s'amuser à la gérer à l'étranger,
10:22 et encore autre chose, on voit que la France a été chassée de tous les pays africains,
10:25 c'est pas innocent, c'est qu'on constate vraiment la déchéance de la France au niveau international.
10:31 - Mais peut-être que la France a été chassée des pays africains
10:33 parce qu'il y a aujourd'hui un sentiment dans les pays africains
10:37 peut-être de revanche après la colonisation, je ne sais pas,
10:40 je ne sais pas, puis la France est devenue bouc-émissaire, c'est vrai,
10:43 dans certains pays d'Afrique, pas tous,
10:45 mais certains pays d'Afrique, c'est une réalité.
10:48 - Oui, c'est tout à fait le fait,
10:51 c'est qu'on constate l'échec de la colonisation,
10:53 on constate les méfaits de la colonisation,
10:55 et on constate que la France continue à appuyer son soutien
10:58 pour un pays qui colonise massivement un autre pays,
11:02 donc en fait le problème est toujours là,
11:03 c'est qu'en fait, tant qu'on n'aura pas compris que coloniser les autres pays
11:06 et aller à l'encontre de la souveraineté d'un pays
11:09 est un acte criminel, est un acte qui ne se termine jamais bien,
11:13 tant qu'on ne comprend pas des leçons de l'histoire,
11:16 on continuera toujours à manger comme ça l'a toujours été.
11:20 - Je comprends ce que vous voulez dire Julien,
11:22 ce qui est assez juste, Arnaud Benedetti, c'est...
11:24 - Oui enfin sauf que la colonisation s'est arrêtée en 1962,
11:27 il faut le rappeler, et qu'il y a quand même des décennies qui sont passées...
11:31 - Et que nous avons accordé l'indépendance à l'Algérie,
11:34 - Et que nous avons accordé l'indépendance à l'Algérie,
11:35 et à tous les pays qui constituaient l'empire colonial,
11:39 mais par contre je partage la remarque,
11:42 c'est-à-dire qu'aujourd'hui on a quand même le sentiment
11:45 que la France est très isolée,
11:46 notamment dans les zones où elle avait une influence,
11:49 qui était une influence importante.
11:51 Il faut se poser des questions sur les raisons de cet isolement,
11:55 d'abord on assiste à un mouvement qui touche la France,
11:58 mais qui touche l'ensemble des pays d'Occident,
12:00 qui est ce que l'on appelle la désoccidentalisation du monde.
12:04 Et on l'a vu durant la guerre en Ukraine,
12:06 parce que finalement les positions qui sont les positions occidentales
12:09 de soutien à l'Ukraine, qui sont tout à fait légitimes,
12:12 ne sont pas comprises par une grande partie du monde,
12:15 et notamment par la plupart des pays africains...
12:18 - Je voudrais rappeler aussi au passage,
12:20 c'est une parenthèse, qu'Israël n'a jamais voté
12:25 contre aux Nations Unies,
12:27 contre l'intervention russe, l'envahissement,
12:31 l'invasion russe de l'Ukraine, je voudrais quand même le rappeler.
12:34 - Oui, et non seulement Israël a essayé d'avoir une position
12:38 qui était plus ou moins équidistante,
12:40 mais aussi a pris des initiatives,
12:42 il faut s'en souvenir, au tout début du conflit,
12:44 pour essayer de trouver une voie diplomatique
12:46 à la solution de ce conflit, comme d'autres puissances régionales,
12:49 la Turquie aussi, entre autres.
12:51 Donc ça c'est une réalité.
12:53 Ensuite, moi ce qui me frappe, si vous voulez,
12:56 c'est que l'affaiblissement de la France,
12:58 il vient de loin sur la scène internationale,
13:01 mais qu'il y a une sorte d'accélération,
13:03 d'une certaine manière avec Emmanuel Macron,
13:05 pour des raisons qui sont peut-être liées au fait que
13:09 parfois les initiatives qu'il a pu prendre,
13:11 notamment en Afrique, ont créé
13:14 une sorte de courroux parmi un certain nombre de chefs d'État africains.
13:18 Je pense notamment quand il essaye de faire un sommet
13:20 franco-africain, où il va passer au-dessus de la tête des chefs d'État africains
13:25 et dialoguer directement avec la société civile.
13:27 Ce qui part plutôt d'un bon sentiment,
13:30 pour faire vivre la démocratie, il était content de discuter avec la société civile.
13:34 Mais les chefs d'État africains ne l'entendent pas ainsi.
13:37 - Oui, mais pardon, l'intervention de la France en Libye, ça n'a pas été une réussite.
13:41 - L'intervention, je suis tout à fait d'accord avec vous,
13:43 l'intervention de la France en Libye a vraisemblablement
13:46 déconsidéré et délégitimé les positions de la France,
13:49 notamment dans le monde arabe, mais également en Afrique,
13:52 puisqu'on a eu le sentiment qu'on s'alignait sur des positions
13:55 qui étaient des positions américaines.
13:57 Et la politique de la France a toujours été
14:00 quand même une politique qui était certes solidaire du monde occidental,
14:03 mais avec une voie qui était une voie distincte.
14:06 - Alors le monde occidental étant très discuté aujourd'hui,
14:09 la France est évidemment faisant partie de ce monde occidental,
14:12 qu'on le veuille ou non.
14:14 - La France est évidemment très discutée, sa position est évidemment très discutée.
14:18 - Elle avait une voie singulière dans le monde...
14:22 - On a perdu cette voie singulière.
14:23 - Oui, mais si vous voulez, le principe de la diplomatie,
14:26 on revient au général de Gaulle, mais il faut toujours revenir au père fondateur,
14:29 le principe de la diplomatie du général de Gaulle,
14:33 c'était l'équidistance, c'est-à-dire essayer d'avoir une position d'équilibre.
14:38 C'est ce qu'il essayait d'avoir au moment de la guerre froide.
14:41 Et finalement, on se rend compte, alors le monde a changé,
14:43 je suis parfaitement d'accord avec ce que vous avez dit depuis 1989,
14:46 mais malgré tout, aujourd'hui, il semblerait que cette voie ne puisse plus porter.
14:52 Et si elle ne porte plus, c'est qu'on est considéré comme nous alignons
14:55 en permanence sur les positions américaines.
14:57 - C'était quand même presque plus facile avec deux blocs qui se faisaient face.
15:01 - Complètement.
15:02 C'est-à-dire que le monde multipolé est devenu un monde beaucoup plus dangereux.
15:07 Mais où la France avait un savoir-faire.
15:09 Et la France avait un savoir-faire justement hérité de cette histoire coloniale
15:13 dont on vient de parler.
15:14 Et les diplomates avec lesquels vous parlez aujourd'hui,
15:17 considèrent que ce savoir-faire ébranlé,
15:19 la suppression du corps diplomatique des ministres Pellinier-Potentier
15:22 et des conseillers des affaires étrangères en 2022,
15:26 a créé quand même une onde de choc au quai d'Orsay.
15:28 Ce qui montre quand même quelque part qu'on a des outils,
15:32 mais qu'on ne les utilise pas.
15:33 - Oui, Julien, vous voulez ajouter quelque chose ?
15:36 - Non, c'est assez cohérent.
15:38 Ce que je voulais dire, c'est qu'on se fait face à ce retour de bâton.
15:42 Vous savez, quand un jeune enfant est agressé par un groupe
15:45 et quand il se retrouve avec une arme et qu'il est mis en position de revanche,
15:48 il se met à faire exactement ce qu'il subissait.
15:50 Et en fait, tant qu'on n'essaye pas d'arrêter cette spirale-là,
15:54 on ne s'en sortira jamais.
15:55 Moi, ce que je constate, c'est que Gaza ressemble étrangement au ghetto de Varsovie.
16:01 C'est un peu le monde à l'envers.
16:03 - Oui, ce que vous dites est vrai, Julien.
16:04 J'ajouterais quand même une dimension religieuse,
16:07 une dimension religieuse,
16:09 avec la volonté, pardon, mais du Hamas,
16:12 donc de certains Palestiniens, d'éradiquer totalement Israël
16:17 et de tuer les Juifs.
16:18 - C'est dans la charte du Hamas.
16:19 - C'est dans la charte du Hamas, Julien.
16:22 - Tout comme il y a une volonté religieuse à reconquérir l'intégralité d'Israël
16:24 pour les colons, pour les colonies, pour les ultra-orthodoxes.
16:27 - Mais ce n'est pas une raison !
16:29 Non, mais vous avez raison.
16:31 - Des deux côtés, c'est une notion religieuse.
16:33 Les extrémistes religieux ne souhaitent qu'une chose,
16:38 c'est la mort de l'autre.
16:40 - Oui, et la laïcité a été mise en place uniquement pour ça.
16:42 C'est que l'idée même de la laïcité,
16:44 c'est de dire que la religion étant propre à un groupe et pas à un autre,
16:47 on ne peut pas se servir de cette base-là pour travailler ensemble.
16:50 Donc il faut mettre de côté ces religions-là, ces idées-là,
16:53 et se dire "ok, c'est une idée à moi,
16:54 elle ne m'intéresse que moi, elle n'intéresse pas les autres".
16:56 Il faut arrêter de mettre sur le plan politique des idées religieuses.
17:00 - Ah, ça je suis d'accord.
17:03 - Cette politique-là, cette idée-là,
17:05 je te dis "oui, non, mais Dieu a dit non".
17:07 - Pardon, mais pour certains,
17:09 l'islam est une religion de conquête, de conquête politique.
17:13 - Ah oui, complètement.
17:14 Je suis le premier à blâmer les frères musulmans en France,
17:17 il n'y a aucun problème de ce côté.
17:18 Je dis toujours, je préfère avoir un voisin d'origine juive
17:22 puisqu'on est sur la même idéologie,
17:24 puisqu'on est sur une culture judéo-chrétienne tous les deux,
17:27 donc on a plus facilement à vivre ensemble
17:30 que de vivre avec un musulman qui aura pas la même politique,
17:33 le même désir à ta et le même regard sur la façon de vivre ensemble.
17:37 Je suis entièrement d'accord avec vous,
17:39 mais ça n'empêche pas que je ne vais pas pour autant baisser les bras
17:42 et dire "non, non, mais Israël est blanc comme neige,
17:45 Israël est innocent, Yvonne n'a aucun reproche à se faire".
17:50 Non, ils sont les premiers à avoir des reproches
17:52 puisque déjà de base,
17:54 avant que les anglais leur donnent la moitié de l'Israël,
17:57 déjà le découpage a été fait de manière très favorable
18:00 à Israël, on leur a donné un doigt,
18:02 ils veulent manger la main maintenant.
18:03 Il y a un moment, il faut arrêter,
18:05 on leur a donné un territoire,
18:06 et qu'ils arrivent à...
18:08 ils ont pas eu le morceau le plus dégueulasse du territoire,
18:11 on va pas se mentir.
18:13 À un moment donné, il faut qu'ils arrêtent aussi d'en vouloir toujours plus,
18:15 ils ont déjà eu plus que de raison,
18:17 et déjà c'était très compliqué, déjà politiquement à l'époque,
18:21 de trouver un accord pour que les Palestiniens
18:24 qui ont été délaissés de leur terrain trouvent un compromis,
18:27 et plutôt que de dépenser des milliards en armement
18:30 pour se défendre et se battre et aller à la guerre,
18:31 ils auraient mieux fait de défendre des millions
18:33 à organiser une vie, une co-vie,
18:36 à deux états distincts,
18:38 ça aurait coûté moins cher en états, en or, en homme et en argent.
18:42 - Merci Julien, merci à vous pour cette...
18:46 Julien, dites-moi Bénézie, que vouliez-vous dire de plus ?
18:49 - Non, juste, je crois que si vous voulez ce qui a changé
18:51 dans l'histoire de la cause palestinienne,
18:54 c'est que la cause palestinienne était une cause,
18:57 quand c'était le FATA ou l'OLP, qui était laïque.
19:00 Autant que l'on puisse être laïque dans des cultures d'air musulmanes.
19:06 Le grand changement aujourd'hui, c'est que l'avant-garde
19:08 de la cause palestinienne, c'est le Hamas.
19:10 Et le Hamas, c'est un mouvement islamiste,
19:11 c'est un mouvement totalitaire, c'est un mouvement terroriste.
19:15 Ce qui change aussi la nature du combat des Palestiniens,
19:18 ce qui d'ailleurs n'est pas sans poser problème
19:20 dans le soutien que peuvent apporter
19:21 un certain nombre de forces politiques en France,
19:24 à cette cause palestinienne à travers le Hamas.
19:27 Parce que la gauche a soutenu, historiquement,
19:29 la cause palestinienne.
19:30 Sauf qu'elle soutenait une cause palestinienne
19:32 qui était une cause palestinienne, il faut s'en souvenir,
19:34 et qui était une cause palestinienne essentiellement laïque,
19:37 ce qui n'est plus le cas aujourd'hui avec le Hamas.
19:40 - Merci beaucoup, merci à vous Arnaud Benaliti,
19:43 c'était passionnant, c'est passionnant d'ailleurs
19:45 de réfléchir à toutes ces questions-là.
19:47 Vous restez sur Sud Radio, évidemment,
19:51 vous restez sur Sud Radio pour, après les informations,
19:55 retrouver Christine Bouillot, l'émission de Christine Bouillot
20:01 sur Les Médias, juste après les infos, il est 9h57.

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