Emmanuel Macron à la messe : choquant ?

  • l’année dernière
Avec Aurélien Saintoul, député LFI de la 11e circonscription des Hauts-de-Seine et Jean Frédéric Poisson, Président de “VIA, la voie du peuple”, ancien député

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##PARLONS_VRAI_CHEZ_BOURDIN-2023-09-15##
Transcript
00:00 Jean-Jacques Bourdin.
00:01 - Il est 9h37, alors je me tourne vers vous Jean-Frédéric Poisson.
00:05 Emmanuel Macron va assister à la messe que célébrera le pape François au stade Vélodrome, logique ?
00:12 - Oui probablement, enfin il n'y a rien en tout cas de contrevenant
00:18 par rapport au respect des lois françaises, de la légitimité, etc.
00:22 Le chef de l'état peut être considéré comme étant dans une grande mesure dans son rôle
00:28 lorsqu'il va assister à un office
00:30 célébré par le chef d'état qui est le pape François et qui vient
00:33 certes pas en visite officielle, mais enfin il vient quand même.
00:36 - Oui, rien en tout ?
00:38 - Non, il vient pas.
00:40 - Evidemment que non, excusez-moi, mais on attend du moindre agent de la fonction publique
00:46 de ne pas manifester sa conviction religieuse et le chef de l'état lui-même,
00:51 lui, le premier personnage de l'état, pourrait manifester sa conviction religieuse sans aucun problème.
00:57 Evidemment il n'y va pas comme un simple particulier, il n'y va pas dans la discrétion.
01:00 - Je ne sais pas s'il y va pour manifester sa conviction religieuse, ça lui appartient, ça ne m'appartient pas.
01:04 - D'autant plus qu'il ne participera pas à l'eucharistie.
01:06 - Il n'y aurait pas eu de communiqué de presse j'imagine, s'il n'avait pas eu la volonté de le faire savoir.
01:10 - La participation de l'eucharistie d'une certaine manière est anecdotique, je ne peux pas dire ça pour moi qui...
01:16 - Le sacrement de la communion.
01:18 - C'est pas tout à fait éthique, mais c'est pas le sujet.
01:20 Quand vous y êtes, vous y êtes.
01:23 - Oui.
01:25 - Après, que le chef d'Etat y soit, très bien, moi je ne vois pas de problème particulier,
01:29 mais j'ai une conception sans doute plus libre de la laïcité qu'à un certain nombre d'autres formations politiques du paysage français.
01:37 Par ailleurs, moi je ne pratique pas l'indignation à géométrie variable, c'est-à-dire,
01:42 ça ne me choque pas que des élus saluent la fête de l'Aïd ou fassent l'iftar avec les musulmans de France et de Navarre,
01:49 de la même manière que ça ne me choque pas non plus que le chef de l'Etat assiste à un geste religieux.
01:53 - Mais vous n'allez pas rompre le jeûne du Ramadan ?
01:57 - Non, non.
01:58 - Mais d'autres le font.
01:59 - Ecoutez, je ne partage pas cette habitude-là.
02:04 Moi, il me semble que, évidemment, c'est une invitation qui a été faite.
02:09 On parlait de Carlos Martins Bilongo, mais de nombreux autres personnalités politiques de tous bords participent à ce genre de choses.
02:14 - Oui, rupture du jeûne.
02:16 - Moi, j'ai une conception scrupuleuse, disons, de la laïcité.
02:20 Je considère qu'on n'a pas à participer à des offices religieux, à des moments religieux.
02:24 - Mais vous, en tant que député, vous allez bien à une messe ou dans une synagogue ou dans une mosquée ?
02:31 - Je n'ai pas à faire état de mes convictions spirituelles.
02:34 Je représente la nation française.
02:36 C'est ma fierté de représenter la nation française.
02:38 J'ai mes convictions.
02:40 Elles m'appartiennent et je ne veux pas qu'elles viennent interférer d'une quelconque façon avec les arguments que je pourrais développer par ailleurs.
02:46 Ça n'empêche pas que le message du pape nous intéresse.
02:50 J'entends l'intellectuel qu'il est, la personnalité morale qu'il est,
02:54 et qui évidemment intéresse beaucoup les insoumis.
02:57 Quand je l'entends défendre l'idée d'un accueil digne et juste envers les personnes qui migrent,
03:03 quand je l'entends défendre l'écologie et se soucier de l'avenir de la planète,
03:07 évidemment, c'est l'intellectuel que j'entends et ça m'intéresse.
03:11 Après, qu'il fonde lui son raisonnement sur sa conviction religieuse,
03:16 évidemment, de toute façon, on ne demande pas aux gens de se départir de leur conviction.
03:19 Un dernier point, si vous me le permettez, c'est que j'ai l'impression que, d'une manière générale,
03:23 ce gouvernement instrumentalise la question de la laïcité et de la religion en général pour diviser les Français.
03:29 S'il était vraiment soucieux de la laïcité, il s'inquièterait que, par exemple,
03:31 il y ait 25% des communes en Vendée où il n'y a pas d'école publique.
03:34 Il s'inquièterait que 8 milliards de subventions aillent à l'enseignement privé.
03:38 Il s'inquièterait, par exemple, que moi, dans mon propre département des Hauts-de-Seine,
03:42 un lycée a distribué des petits flyers, des tracts, pour inciter à participer à une hommonerie catholique.
03:48 Ce sont plein de circonstances dans lesquelles la laïcité est mise à mal et qui, évidemment, ne suscite pas l'indignation du gouvernement.
03:56 - Ce genre d'événements, parce que tous ces événements sont inscrits dans la loi.
04:00 Ce que dit mon excellent collègue en ce moment, c'est qu'en réalité,
04:04 il est possible pour des enfants d'un lycée public de participer à une hommonerie,
04:08 parce qu'il est possible d'avoir une hommonerie dans un lycée public, c'est tout.
04:10 C'est l'état de la loi.
04:12 - Alors l'hommonerie n'est pas dans un lycée public, elle est éventuellement dans un internat.
04:16 - Dans tous les cas, l'état...
04:18 - Il y a des hommoneries dans les lycées publics de France et de Navarre, enfin bon...
04:22 - Comme dans les prisons... - Exactement.
04:24 - Ou à l'armée. - Oui, ou à l'armée.
04:26 - Armée, prison, hôpitaux, parce que ce sont des lieux...
04:29 - Et même aussi éducation nationale.
04:31 - Internats, les internats. - Ce ne sont pas les impôts que les internats...
04:35 - Précisément, ce sont les internats.
04:37 Il y a des dispositions qui sont là, justement parce que la laïcité est là pour garantir la liberté de conscience,
04:41 et y compris la liberté de culte.
04:43 - Oui, le fait d'être confronté à...
04:45 - En revanche, quand vous êtes un élève de seconde à qui on vous...
04:49 - Oui, oui, oui, oui, le félicitaire...
04:51 - Si vous êtes un élève de seconde, ou un élève de seconde externe,
04:53 à qui on donne un prospectus en lui disant qu'il peut ou il devrait participer à l'hommonerie,
04:58 oui, il y a un problème de laïcité, évidemment.
05:00 - C'est l'appel à la liberté des gens, et à l'éveil et à l'énergie de leur liberté de conscience.
05:04 C'est un acte éducatif, c'est une bonne nouvelle, et heureusement que dans notre pays on a encore cette liberté.
05:09 Mais je frémis quand j'entends qu'on voudrait nous la supprimer.
05:12 Moi, donc, je ne suis pas choqué par la présence du chef de l'État,
05:14 parce que je pense que la laïcité ne consiste pas à supprimer toute forme d'expression religieuse
05:19 sous prétexte qu'on est en public.
05:21 La laïcité veut dire que l'État est neutre parce que la société ne l'est pas.
05:24 Et qu'à partir de ce moment-là, comment dire,
05:27 la garantie de la liberté de conscience d'expression elle vaut aussi pour le chef de l'État.
05:30 Et même si c'est une personne un peu particulière,
05:32 le fait qu'il assiste à une cérémonie, quelle qu'elle soit, j'ai bien dit quelle qu'elle soit,
05:36 n'est pas pour moi choquant.
05:37 - On voit bien que c'est à géométrie variable.
05:39 Un simple fonctionnaire ne peut pas manifester sa conscience religieuse.
05:43 - Mais parce qu'un simple fonctionnaire n'est pas chef de l'État.
05:45 - Et le premier personnage de l'État pourrait.
05:46 - Parce qu'un simple fonctionnaire n'a pas de fonction de représentation.
05:48 - Soit on adopte une conception, mais pour tout le monde,
05:51 soit on adopte l'autre, mais ça ne peut pas être comme ça à géométrie variable.
05:54 - Oui, parce que, comment dire, d'abord le chef de l'État n'est pas un fonctionnaire, premièrement.
05:58 - Il est représentant de l'État.
06:00 Et c'est en tant que représentant de l'État que les agents de la fonction publique...
06:04 - Il est le chef de l'État, ça n'est pas la même chose.
06:06 Cela étant, il y a une mécanique de récupération.
06:11 Bon, on comprend quand on regarde les dessous de cette affaire
06:14 qu'il y a eu beaucoup d'insistance pour que le chef de l'État assiste à cette cérémonie.
06:19 On comprend que le pape était parti pour ne pas passer autant de temps à Marseille
06:22 que ce qu'il avait imaginé, enfin il était question qu'il fasse pour aller à Strasbourg,
06:25 comme à Strasbourg un peu un aller-retour.
06:27 - C'est-à-dire qu'on impose du pape ?
06:29 - Bah on a... - Vous dites, Jean-Fréderic Poisson, on impose...
06:33 - On n'impose pas forcément... - L'emploi du temps du pape ?
06:35 - Non, pas forcément. - Je ne crois pas trop, ça.
06:37 - Non, pas forcément, mais enfin, il y a des relations.
06:39 Bah écoutez, c'est en tout cas ce qui circule dans un certain nombre de couloirs.
06:42 - Mais vous n'aimez pas beaucoup le pape ?
06:44 - Pourquoi ? - Non, je ne sais pas, parce qu'il a des positions qui sont...
06:48 - Alors premièrement, personne ne peut reprocher au pape de dire ce qu'il a à dire comme pape.
06:52 - Oui, oui, ça... - Deuxièmement...
06:54 - Non mais ça, il faut être sérieux.
06:56 Deuxièmement, que le chef des croyants rappelle aux croyants qu'ils ont un devoir de solidarité
07:00 et de charité à l'égard de la terre entière, ça pourrait être choquant.
07:04 - Ça vous choque ? - Ben non.
07:06 Troisièmement, qu'il le rappelle, il le fait de temps en temps,
07:08 on l'entend moins d'ailleurs quand il le fait, mais peut-être que ça arrange aussi un certain nombre d'auditeurs.
07:12 Quand il dit, comme quand il rentre de Stockholm il y a déjà quelques années,
07:15 qu'au fond, il y a certes un devoir de charité et de solidarité qui s'imposent en principe à tous,
07:21 mais particulièrement aux croyants,
07:23 mais que bien entendu, il appartient au pouvoir politique d'assurer la régulation, la mise en oeuvre de cette charité.
07:27 Qu'est-ce qu'il y a à dire à ça ? Il n'y a rien à dire à ça.
07:30 Donc en fait, le pape vient nous dire, nous avons un problème en Méditerranée,
07:34 personne ne peut le contester, ou autour de la Méditerranée.
07:36 Deuxièmement, il va quand même falloir considérer que nous ne pouvons pas, nous, nation occidentale,
07:42 encore un peu plus riche que les nations de l'hémisphère sud des nations d'Afrique,
07:46 encore un peu, ça ne va peut-être pas durer, mais pour l'instant c'est encore le cas,
07:48 nous ne pouvons pas nous débarrasser du problème en disant simplement "Niet", c'est fini, ça ce n'est pas possible.
07:53 La deuxième chose qu'il nous dit. La troisième chose qu'il nous dit, c'est qu'il va falloir se parler
07:57 pour régler ce problème de manière un peu conjointe.
07:59 Et la quatrième chose qu'il nous dit, c'est que les responsables politiques doivent prêter une attention particulière à cette question,
08:05 comment être conforçable ?
08:06 - Là vous êtes d'accord avec tout ça ?
08:08 - Ah mais je suis d'accord avec ces choses qui sont des appels à la conscience.
08:10 Maintenant, je revendique, je termine, brillez-vous,
08:12 - Oui.
08:13 - ... une liberté d'action des responsables politiques nationaux,
08:16 et ça peut varier d'un pays à un autre, pour régler cette question,
08:19 parce qu'il demeure vrai que, un, la question migratoire est devenue un problème pour les pays européens,
08:26 et que deux, comment dire, s'il n'y a pas de prise en compte, de prise de conscience du fait que c'est un problème,
08:33 alors nous n'avons plus, depuis longtemps la France affiche complet d'une certaine manière,
08:37 nous n'avons plus la possibilité d'accueillir, dans de bonnes conditions, des migrants.
08:40 - Le pape peut dire ce qu'il veut, charité, mais vous dites non, charité, c'est pas possible.
08:44 - Non mais la charité, monsieur Bourdin,
08:46 - Non mais attendez, c'est ce que je...
08:47 - Non, c'est pas que c'est pas possible, je vous ferai remarquer qu'on la pratique déjà beaucoup.
08:50 - Oui, non, non, mais je...
08:52 - Je vous ferai remarquer que...
08:53 - Moi je ne prends pas position, je vous dis, je résume votre propos.
08:56 - Non mais j'ai pas dit que vous preniez position, je dis, un, nous la pratiquons déjà beaucoup.
08:59 - Oui.
09:00 - Deux, non seulement en accueillant beaucoup de gens sur notre territoire,
09:02 parce qu'il y en a un certain nombre, mais en continuant de financer en tout cas ceux qui l'acceptent,
09:07 un certain nombre d'états africains en versant des subsides considérables,
09:10 des aides humanitaires, médicales, éducatives, etc. à l'égard en particulier des pays d'Afrique.
09:15 Nous pratiquons ça, et je dis, l'accueil des migrants c'est une chose,
09:19 ça n'est pas la seule manière de pratiquer cette solidarité,
09:22 et cet accueil des migrants massif comme nous l'avons connu jusqu'ici,
09:24 de mon point de vue, n'est pas possible,
09:26 mais c'est pas parce qu'on a dit que c'est pas possible qu'il faut s'en désintéresser et ne rien faire pour autant.
09:30 - Bien, 9h46 Aurélien Saint-Aulp va prendre la parole,
09:33 il est donc 9h46, vous êtes sur Sud Radio, n'hésitez pas si vous avez envie d'intervenir 0826 300 300.
09:40 - Sud Radio, parlons vrai chez Bourdin, 9h10, Jean-Jacques Bourdin.
09:46 - Bien, je voudrais préciser certaines choses, la rencontre entre Emmanuel Macron et le pape François,
09:51 la première rencontre aura lieu au Palais Pharaon à Marseille le vendredi.
09:58 Donc ce sera un face-à-face, ils vont entre deux chefs d'Etat,
10:04 même si c'est pas une visite d'Etat, mais tout de même,
10:07 et j'imagine que les questions migratoires seront abordées, évidemment, entre les deux hommes.
10:12 La messe c'est le lendemain, ça n'a rien à voir.
10:16 Est-ce que c'est une opération de communication pour vous de la part d'Emmanuel Macron ?
10:20 - Ah, ça n'est que ça. - Ça n'est que ça ?
10:22 - Je pense que ça n'est que ça. - Et vous faites fuite de ses convictions religieuses, donc.
10:25 - Comment dire, je n'en fais pas fi, encore une fois, elles ne m'appartiennent pas.
10:29 - Parce que ce n'est pas la première fois qu'ils rencontrent le pape François,
10:32 et d'ailleurs ils se sont rencontrés plusieurs fois.
10:34 - Ils ont même, paraît-il, de bonnes relations. - Ils ont même, paraît-il, de bonnes relations, oui.
10:37 - C'est-à-dire, le pape est réputé pour avoir de bonnes relations avec beaucoup de monde,
10:41 c'est son tempérament, et comme d'habitude le pape...
10:44 Mais oui, je pense qu'il y a au fond une grosse opération de récupération,
10:50 pour plusieurs raisons, la première c'est que
10:53 il sent bien, probablement, qu'il y a un risque d'échappement d'une partie de l'électorat conservateur
10:58 à cause des projets de loi qui arrivent, en particulier sur l'euthanasie à la fin de l'année.
11:01 - La fin de vie, oui. - Et ça, ça ne va pas plaire.
11:03 - Euthanasie, fin de vie. - L'euthanasie sera dans le texte, donc...
11:07 - Pas l'euthanasie. - Attends, les choses parlent...
11:09 - L'aide active va mourir, ce qui n'est pas tout à fait pareil.
11:11 C'est un vaste débat, mais on en reparlera.
11:14 - Faites-moi revenir pour en parler à l'occasion. - On en reparlera, oui.
11:17 - Enfin, l'euthanasie est légalisée dans le texte, pour l'instant.
11:20 Premier élément. Deuxième élément, ça, ça va fâcher un peu, et beaucoup, une partie de l'électorat
11:25 des croyants, quelles que soient leurs convictions, et donc je pense qu'il y a là une volonté de
11:29 récupération et de, comment dire, d'affichage,
11:33 qui ne va pas tromper, en tout cas,
11:36 tous ceux qui regardent ça de près.
11:38 Et troisièmement, il y a une volonté de profiter aussi de la lumière qui se porte
11:43 sur le chef de l'église catholique quand il y a en France, et de partager un petit peu de la...
11:47 Partager un peu de la réputation. - Vous êtes d'accord ?
11:50 Vous allez être d'accord, rien sur tout ? - Dans l'ensemble, j'ai l'impression qu'il y a une forme d'instrumentalisation.
11:53 Je vous l'ai dit, il y a une instrumentalisation de la religion,
11:56 et il y a une instrumentalisation de la laïcité par ce gouvernement.
11:59 En l'occurrence, vous l'avez dit, ça n'est pas une visite d'État.
12:03 La veille, il y a cette rencontre, ce tête-à-tête,
12:07 qui est entre deux personnes, on pourrait quasiment dire deux personnes privées,
12:10 même si on comprend que personne ne change son statut en claquant des doigts.
12:14 Donc, ça ne serait pas spécialement choquant.
12:17 En revanche, on voit bien qu'il y a un problème de principe,
12:20 qui est la volonté par le chef de l'État, finalement,
12:23 de remettre le débat religieux en scène, en permanence,
12:27 et de donner plus de place à la religion dans le débat politique.
12:30 - Mais Aurélien Juntube, c'est amusant, parce que ce samedi-là,
12:34 le pape et Emmanuel Macron seront ensemble,
12:38 et puis dans les rues de Paris, il y a une mobilisation, et ailleurs,
12:41 une marche contre le racisme, et contre l'islamophobie.
12:48 - Non, pour toutes les justices.
12:51 - Et nous verrons des députés de la République marcher aux côtés de jeunes femmes voilées,
12:56 le même jour. - Mais, quel est le problème ?
12:59 - Non, non, mais je ne... - Expliquez le problème, s'il vous plaît, monsieur Bourdin.
13:03 - Je vous dis ce qui va se passer ce jour-là. - Vous savez que la tradition catholique,
13:07 veut que les femmes se voilent lors d'une messe.
13:10 - Il y a longtemps que ça ne se fait plus.
13:13 - C'est dans Saint-Paul, si vous pensez que Paul est un saint, sinon c'est Paul de Tarse.
13:17 Mais en tout cas, la tradition catholique veut que les femmes se voilent durant une messe.
13:21 - Mais vous n'êtes plus persuadé de fait, je le répète. - Peut-être, mais que voulez-vous ?
13:26 Quel est le problème ? Est-ce que des jeunes femmes qui seraient voilées,
13:29 seraient les représentantes d'un culte ? Est-ce qu'elles perdraient leur citoyenneté ?
13:33 Non, elles ne sont pas les représentantes ni d'un culte, ni de l'État.
13:36 Elles sont là à titre de personnes privées dans une manifestation.
13:39 Est-ce que vous voulez interdire le port du voile dans l'espace public ?
13:42 - Non. - Est-ce que vous voulez interdire le port de la soutane ? - Non.
13:45 - Écoutez, il fut un temps où l'abbé Pierre manifestait, et il fut un temps où Mgr Gayauc,
13:49 si vous l'appelez Mgr, manifestait.
13:52 Personne n'a jamais pensé que c'était une atteinte à la laïcité.
13:55 Ils étaient là en tant que personnes privées. Bon, ce sont des personnes privées.
13:58 Le 23 septembre, il y a eu une manifestation, effectivement,
14:01 à l'appel d'une centaine d'organisations, de partis politiques, de syndicats, de la Ligue des droits de l'homme.
14:05 - A dire la baïa est islamophobe, c'est ce que j'entends dans la bouche.
14:09 - Alors, ne mélangeons pas les sujets. Là, je vous parle du 23 septembre,
14:12 et je viens sur la baïa dès que vous voulez.
14:14 Mais sur le 23 septembre, c'est une marche très importante,
14:17 puisqu'il s'agit de rappeler qu'aujourd'hui, il y a une volonté du gouvernement
14:21 de passer à autre chose, de faire oublier, un, la réforme des retraites,
14:25 ce grand moment d'unité nationale qui s'est cristallisé autour d'une question sociale.
14:30 Il y a la volonté de maltraiter la population,
14:33 de faire oublier l'assassinat de Nahel, le meurtre de Nahel, en tout cas, il y a eu...
14:38 - Le meurtre de Nahel ?
14:39 - L'assassinat de Nahel. Vous avez un policier qui a tué...
14:43 - L'assassinat, c'est une préméditation.
14:45 - L'assassinat de Nahel...
14:46 - Le meurtre, c'est pas une préméditation. L'assassinat, ça veut dire préméditation.
14:49 - En tout cas, vous avez eu la mort de Nahel.
14:51 - Oui, c'est tout.
14:52 - La mort de Nahel vous permettra de...
14:54 - Je vous le dis, il vaut mieux.
14:55 - Non, mais ne vous inquiétez pas, je n'ai peur de rien.
14:58 - En la matière, on voit bien qu'il y a eu la mort de Nahel, il a été tué par un policier,
15:05 et aucun des problèmes soulevés par cette mort n'a été traité politiquement par le gouvernement
15:10 qui a simplement expliqué qu'il y avait une partie de la population qui était dangereuse
15:14 et qui a laissé dire des syndicats de policiers que nous jugeons factieux,
15:17 que dans la population il existait des nuisibles, avec un vocabulaire quand même qui sent assez...
15:22 - Aussi factieux finalement que le syndicat de la magistrature qui est politisé très à gauche.
15:27 - Non, non.
15:28 - Si je ai bien compris, mélangeons tout.
15:30 - Politisé et factieux, ce n'est pas la même chose.
15:32 - Donc ils sont politisés quand même, le syndicat de la magistrature.
15:35 - Mais j'imagine qu'ils ont des convictions politiques.
15:37 Ce que je trouve problématique dans le cas des syndicats de policiers que je juge factieux,
15:42 c'est leur volonté d'intimider des pouvoirs dont normalement ils assurent la sécurité.
15:47 Quand vous avez des policiers qui viennent manifester devant l'Assemblée nationale en bombant le torse,
15:52 en expliquant...
15:53 - On est loin du pape à Marseille, monsieur Bourdin.
15:54 - Bien sûr, mais le 23 septembre, effectivement, c'est ça l'enjeu pour nous.
15:57 Nous avons la volonté de rétablir la République dans ses prérogatives et de remettre le pays sur ses rails.
16:03 Ceux qui veulent participeront à ça.
16:05 - Le 21e siècle, disait Malraux, sera spirituel ou ne sera pas.
16:09 Et je pense que l'acharnement que met certains à vouloir éradiquer...
16:15 Si ce n'est pas lui qui le disait, peu importe, mais cette phrase est juste et c'est ça qui est important.
16:19 Le fait de vouloir éradiquer, d'avoir la volonté d'éradiquer l'expression religieuse de l'espace public
16:24 est dangereux pour l'humilité du corps social.
16:26 Ça ne veut pas dire que l'État doit prendre ça en charge.
16:28 Ça veut dire qu'il ne doit pas en avoir peur et que collectivement, nous devons permettre
16:32 l'expression libre de la liberté de conscience.
16:34 Sinon, nous allons vers un accroissement des fractures, des frictions
16:39 et de toutes les choses qui montrent les communautés les unes contre les autres.
16:43 - Et monsieur Poisson se bat contre un mot l'un avant.
16:47 En l'occurrence, personne n'a demandé d'éradiquer l'expression publique de la religion.
16:50 Le pape a une totale liberté d'expression.
16:53 A l'instant, par contre, vous m'avez dit qu'il y avait un problème
16:56 si une jeune fille manifestait avec son voile.
16:58 Vous voyez bien qu'il y a manifestement...
17:00 - Je ne vous ai pas dit qu'il y avait problème.
17:02 - Ah bon ? - C'est la présence de personnages écrits.
17:04 - Je vous ai dit... Je ne vous ai pas dit ça.
17:06 Je vous ai dit qu'on aura un choc des images ce jour-là, le 23.
17:10 C'est ce que je vous ai dit.
17:11 - Vous savez, dans les manifestations... - Moi, une jeune fille peut porter son voile dans la rue,
17:15 ça ne me gêne pas. - Dans les manifestations en France,
17:17 vous avez toutes sortes de personnes, beaucoup d'athées,
17:20 beaucoup de croyants. - Oui, on est d'accord.
17:22 - C'est l'image de la société, une manifestation.
17:24 - Merci, merci à vous deux. - C'est un grand moment populaire.
17:26 - Merci d'être venu nous voir.
17:28 Après les infos au Sud Radio Média,
17:30 Stéphanie Demuret et Gilles Gansman reçoivent la journaliste Élise Jadot.
17:34 9h58.
17:36 [Musique entraînante diminuant jusqu'au silence]

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