Avec Florence Bergeaud-Blackler, anthropologue chargée de recherche au CNRS, en poste au laboratoire Groupe Sociétés, Religions, Laïcités de l'EPHE et Florence Bergeaud-Blackler, anthropologue chargée de recherche au CNRS, en poste au laboratoire Groupe Sociétés, Religions, Laïcités de l'EPHE
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00:00 Vérissure, le numéro 1 des alarmes en France.
00:02 Rendez-vous sur verissure.fr pour votre demande de vie gratuite.
00:06 Vérissure présente...
00:08 Sud Radio, parlons vrai chez Bourdin, 9h10, Jean-Jacques Bourdin.
00:13 - Il est 9h33, l'antrisme de l'islamisme dans les écoles,
00:18 et pas que dans les écoles, dans les universités évidemment,
00:21 mythes aux réalités, nous en parlons tout de suite avec Florence Bergeau-Blackler,
00:25 qui est anthropologue au CNRS, auteur de ce livre qui est un best-seller,
00:31 "Le frérisme et ses réseaux", aux éditions Odile Jacob.
00:34 Florence Bergeau-Blackler, bonjour. - Bonjour.
00:36 - Merci d'être avec nous. Je me souviens d'ailleurs de votre première interview ici-même,
00:39 c'était ici-même, et je me souviens de la force de votre message,
00:45 qui a d'ailleurs... qui vous a provoqué tant d'ennuis après.
00:50 - C'est vrai, et quelques menaces en effet. - Et quelques menaces en effet.
00:53 - Bien, avec nous également Eve Vagerland, qui est professeure agrégée de lettres au collège, bonjour.
00:59 - Bonjour. - Alors, vous êtes auteure de "Un prof ne devrait pas dire ça",
01:03 "Choses vues et choses tues".
01:05 L'éditeur ? - L'artilleur. - L'artilleur.
01:08 Bien, il est 9h34. Vous avez entendu tout à l'heure l'échange entre Fadila Mahroufi,
01:15 qui est anthropologue et militante belge, laïque, belgo-marocaine, laïque,
01:20 et François Gemenne, qui est spécialiste des migrations et du climat qui est belge.
01:24 Vous avez entendu cet échange ? Florence Bergeau-Blackler ?
01:27 - Oui, j'ai été assez surprise par la violence des propos tenus par M. Gemenne contre Fadila Mahroufi,
01:34 qui est une femme extrêmement courageuse, qui défend la laïcité dans ce pays comme personne,
01:39 qui est menacée de mort très brutalement pour ces raisons-là,
01:43 qui vient d'une famille troisième génération issue de l'immigration marocaine,
01:47 qui connaît parfaitement ce sujet, qui a travaillé 20 ans auprès des services sociaux.
01:52 Et ce monsieur, qui est un spécialiste de l'immigration très très politisé à gauche,
01:57 se permet de la traiter de complotiste et de conspirationniste avec pas le moindre argument.
02:02 Ça c'est tout à fait choquant, mais ça vous donne une idée du climat
02:07 qui existe aujourd'hui à Bruxelles, ou la doxa, c'est-à-dire ce qu'il faut penser,
02:11 c'est ce que ce monsieur a dit, c'est-à-dire il n'y a rien à voir,
02:14 ce sont des gens qui se sont influencés par des gourous, ils sont un peu malheureux, etc.
02:19 Or, dans le livre, les deux livres que j'ai faits,
02:24 j'ai fait ce dernier livre sur le frérisme et ses réseaux,
02:26 où j'explique cette idéologie programmée, cette intelligence qu'il y a derrière,
02:30 et nous avions fait un livre dans lequel Fadila Marroufi a fait une contribution très intéressante
02:36 justement sur les difficultés dans ces familles, sur l'endoctrinement très très lourd,
02:41 très prononcé depuis 30 ans dans les familles belges d'origine marocaine.
02:46 Ce livre s'appelle "Cacher cet islamisme", il a été préfacé par Elisabeth Badinter,
02:50 et on montre en effet qu'il y a une véritable grande graine de l'islamisme,
02:55 il faut utiliser ce mot dans le champ politique, dans le champ associatif,
03:00 dans le champ culturel bruxellois en particulier, francophone,
03:04 qui est en train de faire de Bruxelles une capitale de repli de tous les islamistes.
03:11 - Alors pourquoi ce déni ? Pour des raisons clientélistes, la plupart du temps,
03:16 parce que c'est vrai que dans l'agglomération bruxelloise,
03:19 il y a une communauté musulmane qui est très importante.
03:23 - Qui est très importante, je crois qu'elle l'a rappelé, dans certaines communes c'est 40% au moins,
03:28 donc il pèse énormément dans les élections locales,
03:32 et puis surtout l'influence des frères musulmans sur les musulmans est une influence,
03:39 je dirais, c'est une mainmise, qui fait que cette population a tendance à voter comme un seul homme.
03:45 Et c'est ça le vote musulman, c'est pas forcément des gens qui sont persuadés des idées des islamistes,
03:51 mais qui sont sous la pression de ces gens-là.
03:53 On le voit aussi en Palestine avec le Hamas, qui a une force phénoménale sur les Palestiniens.
04:00 - Le déni, ce déni évoqué par Florence Bergeau-Blackler,
04:05 vous le rencontrez au quotidien dans l'éducation nationale, Eva Guerlain ?
04:11 - Oui, bien sûr, il y a des forces du déni qui sont très fortes dans l'éducation nationale,
04:15 et qui ont de multiples visages.
04:18 Ça fait trois ans que Samuel Paty est mort,
04:20 trois ans qu'on ne prononce pas son nom dans une salle des professeurs,
04:23 trois ans qu'on n'évoque pas non plus le cas de ses collègues.
04:26 - Vous ne prononcez pas son nom dans une salle de professeur ?
04:29 - On n'en parle pas, non.
04:30 Et les quelques fois où je l'ai fait, j'ai eu l'impression d'avoir dit un gros mot.
04:32 C'est très délicat d'évoquer ça dans une salle des profs.
04:35 - Même chose depuis la mort de notre enseignant Dominique Bernard, on en a parlé ?
04:41 - On en a parlé, bien sûr, on en a parlé en salle des profs.
04:43 - Hier, vous étiez à la série, il y a eu dans votre établissement une manifestation de soutien ?
04:50 - On a eu une journée très éprouvante hier, avec des collègues,
04:53 maintenant je crois qu'ils ne cachent plus leur peur,
04:56 ce qui est déjà un effritement du déni.
05:00 Des collègues qui ont craqué, qui avaient peur de faire cette minute de silence avec les élèves.
05:07 - Il n'y a pas eu d'incident dans votre établissement ?
05:10 - Moi, j'ai trouvé qu'il y avait un climat, et ça m'a été rapporté dans divers établissements,
05:16 un climat qui n'était pas évident du tout.
05:19 On sait que des élèves ont ri pendant la minute de silence.
05:22 J'ai constaté aussi quelque chose d'inquiétant,
05:25 et c'est un autre visage que prend le déni, et que je suis vraiment tombée des nuits hier en découvrant,
05:31 dans au moins trois établissements, on m'a rapporté, et je l'ai vu aussi dans mon établissement,
05:35 des élèves qui ne contestaient pas particulièrement la minute de silence,
05:40 ils contestaient les faits en fait.
05:41 Apparemment, sur les réseaux sociaux des jeunes, actuellement,
05:44 il y a une théorie qui tourne, qui consiste à dire qu'il n'y a pas eu d'attentat, mais un assassinat,
05:50 que le tueur n'était pas un terroriste, qu'il n'est pas un islamiste,
05:54 et qu'on n'a pas de preuve qu'il ait crié à la Ouagbar.
05:57 Et des élèves l'ont soutenu en classe hier,
06:00 et je sais que c'est dans plusieurs établissements que ça s'est produit,
06:04 c'est des choses qui tournent sur les réseaux sociaux,
06:06 et voilà, par-delà même l'acte du terroriste et le profil du terroriste,
06:11 je suis inquiète de toute une part de cette génération qu'on a,
06:15 qui prête à nier de tels faits.
06:21 C'est vraiment très inquiétant.
06:23 - Mais quand vous avez un élève qui vous dit cela, qui nie ces faits,
06:27 comment pouvez-vous réagir ? Comment réagissez-vous ?
06:30 Comment doit réagir un enseignant ?
06:32 - Moi j'ai expliqué ce que j'avais à ma connaissance,
06:34 quand on a quand même une famille de Tchétchènes qui sont fichés S,
06:40 - Une gouche, mais c'est presque pareil.
06:42 - Qui sont repérés depuis des années, l'ensemble de la famille,
06:46 qui ont fait l'objet de procédures d'expulsion, justement, pour cette radicalisation,
06:50 je l'ai réexpliqué, c'était dans toutes les informations,
06:53 mais la question c'est pourquoi de telles informations circulent ?
06:56 Et plus globalement...
06:58 - Et qui les fait circuler ?
07:00 - Pour quelle raison ? Il y a un confort en fait,
07:03 certaines personnes ne veulent pas assumer non plus leur propre idéologie,
07:08 c'est très inquiétant.
07:10 Et globalement, la réaction des élèves, notamment sur les réseaux sociaux,
07:14 m'inquiète beaucoup.
07:15 On sait que lors de l'attaque de Samuel Paty,
07:18 des élèves de son collège avaient liké la photo de sa tête décapitée,
07:22 et là, depuis plusieurs jours, j'entends parler sur les réseaux sociaux,
07:25 d'élèves, rien que pour la journée d'hier, qui se sont réjouis
07:29 au effort de commencer à 10h grâce à la mort de ce professeur,
07:32 des choses vraiment indécentes, indignes, une sorte d'absence d'empathie,
07:36 et j'ai ressenti aussi cette absence d'empathie hier chez certains élèves.
07:41 - Oui, Florence Bergeau-Blackler, ce qui se passe dans le secondaire,
07:46 se passe aussi à l'université, j'imagine.
07:49 - Absolument. Je commente un peu ce que madame vient de dire.
07:53 Ce déni organise en fait notre perte de mémoire,
07:58 systématiquement, à chaque attentat, nous sortons les fleurs,
08:04 nous pleurons, nous nous demandons ce qui nous arrive,
08:07 certains sont dans le déni, d'autres inventent que ça ne s'est jamais produit, etc.
08:11 Et nous perdons la mémoire, c'est-à-dire que nous n'arrivons pas à voir
08:14 la cohérence de tous ces actes de provocation à l'école,
08:19 qui conduisent parfois à des formes de violences très graves.
08:23 Ça peut être des provocations, on a parlé des abayas,
08:26 ça peut être aussi le hijab de 1989, ça commence là,
08:31 l'influence des frères musulmans, elle débute là.
08:34 Et comme toutes les idéologies suprémacistes, puritaines et purificatrices,
08:40 comme l'idéologie des frères musulmans, on en parlera un petit peu plus en détail,
08:45 elles finissent par produire des éléments violents,
08:49 qui pètent un câble, comme on dit, et qui passent à l'action.
08:53 Alors ça peut être pour des motifs, ça peut être parce qu'un Coran a été brûlé,
08:59 on le voit avec l'attaque de Bruxelles, qui serait motivé par cela.
09:05 Ça peut être aussi plusieurs forces de déstabilisation,
09:08 on parle aussi des Russes, peut-être, pour cette affaire bruxelloise,
09:11 qui pourraient, disons, jeter de l'huile sur le feu.
09:14 Donc il y a plusieurs causes qui peuvent se réunir,
09:17 derrière un passage à l'acte de quelqu'un qui le fait, lui, au nom de Dieu,
09:21 et pour des motifs fanatiques.
09:23 Il est possible aujourd'hui, avec ces idéologies purificatrices,
09:28 faites au nom de Dieu, de passer à l'action,
09:30 de tuer du mécréant parce qu'il est mécréant,
09:32 de tuer des juifs parce qu'ils sont juifs.
09:34 Et ça, c'est quand même quelque chose de particulier.
09:37 Donc il y a tout ça pour dire qu'il y a un bruit de fond,
09:40 il y a un travail de fond qui a été mis en place
09:44 dès les années 80-90 par les frères musulmans,
09:48 qui, eux, n'ont pas de préférence particulière pour la violence,
09:53 mais sont en train de tisser une idéologie,
09:56 de créer une atmosphère, comme disait Gilles Kepel,
09:59 bien qu'il faut faire attention à cette formule,
10:01 parce que derrière cette atmosphère, il y a des réseaux,
10:04 il y a de la matière, en fait, il y a de la matière culturelle.
10:07 - Oui, c'est plus qu'une atmosphère.
10:08 Le mot "atmosphère" me paraît un peu éthéré, pardon de le dire.
10:12 - Une fois qu'on a dit ça, qu'on a compris qu'effectivement
10:14 il y a de l'imprégnation dans toute la société,
10:17 c'est pas suffisant, il faut passer à la vitesse supérieure
10:19 et identifier ces réseaux qui, comme je disais,
10:22 ne sont pas violents en première intention,
10:24 mais qui peuvent, par leur côté fascisant, totalitaire,
10:30 inciter, et suprémaciste, inciter certaines personnes
10:34 à vouloir protéger le prophète,
10:38 pour défendre l'honneur du prophète, pour aller au paradis.
10:41 Donc toutes ces composantes-là expliquent
10:46 ces passages à l'acte soudains qui peuvent être,
10:50 comme je le disais, le lieu de plusieurs causes.
10:54 Alors évidemment, la question du déni que Madame soulevait,
10:58 qui est essentielle, et là je réponds un peu plus à votre question,
11:02 elle est, disons, transmise par les syndicats,
11:06 les syndicats étudiants, mais elle vient aussi de l'université.
11:08 C'est-à-dire qu'il y a, dans l'analyse, par exemple,
11:12 de ce qui se passe au Proche-Orient,
11:14 dans le conflit israélo-arabe,
11:17 une tendance à vouloir faire de cette guerre
11:22 qui se passe aujourd'hui en Israël et Palestine,
11:25 une guerre de territoire.
11:27 Or, on sait aujourd'hui qu'elle a été ré-islamisée,
11:31 islamisée puis ré-islamisée.
11:33 Islamisée, Georges Ben Sousan en parle très bien,
11:36 dans les années 1920,
11:37 et puis ensuite sont venues les périodes des décolonisations,
11:42 et on a revu en fait cette ré-islamisation du conflit
11:45 à partir de 1987, la naissance du Hamas,
11:48 qui est devenue aujourd'hui, par ces méthodes terroristes,
11:53 mais aussi terrorisantes pour les populations palestiniennes,
11:56 en leur faisant croire tout un tas de choses,
11:58 en les manipulant,
12:00 c'est devenu une force qui est délétère
12:05 et qui empêche la résolution d'un conflit
12:09 qui était au départ, effectivement, territorial.
12:11 - Bien, il est 10h45, petite pause,
12:13 je reviens à l'école, le collège,
12:17 dans un instant, il est 9h45,
12:20 donc 10h45, à tout de suite.
12:23 Sud Radio, parlons vrai chez Bourdin,
12:25 9h10, Jean-Jacques Bourdin.
12:28 - Avec nos deux invités, Florence Bergeau-Blackler,
12:30 anthropologue au CNRS,
12:31 auteure de ce best-seller "Le frérisme et ses réseaux"
12:35 chez Odile Jacob,
12:36 et puis, Ève Vaguerlant,
12:38 qui est professeure agrégée de lettres au collège,
12:40 auteure d'un prof, ne devrais pas dire ça,
12:42 "Choses vues et choses tues",
12:44 édition L'Artilleur,
12:45 Ève Vaguerlant,
12:47 l'élève qui vous a fait la remarque
12:51 en vous disant, en disant à tout le monde,
12:54 en disant "oui, mais de toute façon,
12:56 l'assassin de l'enseignant d'Arras
12:59 n'était pas islamisé,
13:01 c'était pas un islamiste,
13:03 il n'était musulman ?"
13:05 - Alors, je ne pense pas,
13:07 je pense qu'il y a une imprégnation tellement large
13:09 chez les jeunes,
13:11 que ce type de discours peut être tenu
13:14 par n'importe quel jeune.
13:16 - Mais c'est puéril aussi, ça peut être puéril aussi, non ?
13:18 - Oui, alors il y a ce déni,
13:20 je pense que ceux qui émettent les premiers
13:22 ce genre d'idées dans les réseaux sociaux,
13:24 c'est un déni presque complice, en fait,
13:26 avec sous-entendu l'idée qu'on serait islamophobe,
13:30 de suggérer que ce terroriste serait islamiste,
13:32 c'est tout ça.
13:34 Ensuite, il y a chez les élèves,
13:37 alors il y avait des tas d'élèves
13:39 qui étaient aussi touchés, évidemment, et bouleversés,
13:41 il ne faut pas le nier,
13:42 mais il ne faut pas non plus nier
13:43 la défiance et la provocation
13:45 chez une bonne part aussi d'élèves.
13:47 Hier, ça s'est parfaitement senti,
13:49 une indifférence qui peut paraître parfois puérile
13:51 parce qu'ils ne se rendent pas compte des choses,
13:53 mais il y a aussi le fait qu'on a tellement,
13:55 depuis maintenant des décennies,
13:57 entretenu les élèves dans la contestation permanente
13:59 du professeur de son autorité,
14:01 qu'on sent, et c'est pareil dans les messages
14:03 sur les réseaux sociaux,
14:05 qu'il y a quasiment quelque chose de jubilatoire
14:07 parfois du fait qu'on a pris sa revanche
14:09 sur le prof, qu'il ait arrivé un sale truc au prof,
14:11 et on l'a ressenti hier, je suis désolée,
14:13 on est obligés de le constater.
14:15 Ensuite, tout à l'heure, Madame parlait
14:17 un peu des structures,
14:19 au niveau des syndicats, c'est vrai que
14:21 en cette rentrée, on a été confrontés
14:23 au problème des abaya,
14:25 l'interdiction des abaya, on a quand même
14:27 un syndicat de l'éducation nationale
14:29 qui a déclaré,
14:31 qui a fait des déclarations hallucinantes
14:33 en disant que cette interdiction
14:35 était une interdiction raciste,
14:37 islamophobe, justement.
14:39 Donc là, il y a quand même un gros problème à ce niveau-là.
14:41 Moi, je ne comprends pas pourquoi les professeurs
14:43 s'y pront à se mettre en grève
14:45 à la moindre occasion,
14:47 face à la mort d'un de leurs collègues
14:49 qui a été tué parce qu'il était prof. Pourquoi nous ne sommes pas en grève ?
14:51 - C'est-à-dire que les professeurs ne sont plus
14:53 les défenseurs de la laïcité alors qu'ils en ont toujours été ?
14:55 - Si, je pense, mais
14:57 il y a de plus en plus d'infiltrations
14:59 de personnes
15:01 d'extrême-gauche ou
15:03 peut-être déjà islamistes
15:05 qui remettent en cause cette laïcité
15:07 à l'intérieur de l'école.
15:09 Les autres professeurs la défendent encore,
15:11 c'est pour ça qu'on a été attaqué.
15:13 Aujourd'hui, pourquoi les professeurs sont devenus
15:15 une cible prioritaire ? C'est parce qu'on
15:17 a interdit les abayas, c'est parce que
15:19 nous sommes des représentants emblématiques de l'école.
15:21 Donc, bien sûr qu'on la défend encore,
15:23 c'est pour ça qu'on est attaqué. Mais,
15:25 à l'intérieur même de l'éducation nationale, il y a une
15:27 contestation de ça, et je ne comprends
15:29 pas, encore une fois, pourquoi on ne se rebelle pas
15:31 aujourd'hui, pourquoi on n'est pas en grève ?
15:33 L'ensemble des profs,
15:35 les conditions de notre métier sont de plus en plus
15:37 abominables, et s'il faut en plus
15:39 mourir pour le faire maintenant, en plus, qui va
15:41 vouloir être prof maintenant ? C'est la question
15:43 que je me pose, sachant les problèmes de recrutement
15:45 qu'on a déjà.
15:47 - C'est une stratégie pour les frères musulmans,
15:49 l'entrisme dans
15:51 l'école, chez les professeurs,
15:53 dans l'éducation nationale, au sens large ?
15:55 - Alors, l'objectif
15:57 des frères musulmans,
15:59 des frères musulmans européens, c'est de rassembler
16:01 toutes les composantes, des plus réformistes
16:03 aux plus littéralistes, aux djihadistes,
16:05 pour amener donc l'ensemble
16:07 de l'Ummah, la nation islamique,
16:09 vers l'accomplissement de la prophétie
16:11 califale, c'est-à-dire la société
16:13 islamique mondiale et mondialisée.
16:15 Donc ça, c'est une chose.
16:17 Évidemment, les frères musulmans
16:19 ne sont pas, comme je le disais, ce sont
16:21 les maîtres de la wasatiyah, c'est-à-dire
16:23 l'islam du juste milieu, et
16:25 donc, ils se sont des opportunistes,
16:27 des théocrates
16:29 plus que des théologiens, et ce qu'ils veulent,
16:31 c'est se servir, en fait, de toutes les
16:33 forces musulmanes. Donc il y a des djihadistes,
16:35 des gens qui passent
16:37 à l'acte violent, ils ne l'approuvent
16:39 pas, mais si ça se produit,
16:41 si l'acte violent se produit,
16:43 alors ils l'utilisent,
16:45 et essayent de le mettre, de le ramener
16:47 à leur avantage, parce que finalement,
16:49 ils partagent quand même le même
16:51 objectif avec les djihadistes, même s'ils
16:53 ne sont pas d'accord sur
16:55 les moyens. Les moyens des frères,
16:57 c'est d'abord l'éducation,
16:59 c'est la transformation
17:01 par secteur d'une société,
17:03 et la première, vraiment
17:05 la priorité, c'est l'éducation, donc l'école
17:07 et l'université.
17:09 Cette éducation,
17:11 elle a pour but de...
17:13 ils l'ont élaboré,
17:15 à peu près au début des années 1990,
17:17 à Château-Chinon,
17:19 un texte qui va
17:21 paraître, qui est
17:23 publié par l'ISESCO, qui est, si vous
17:25 voulez, l'équivalent de l'UNESCO
17:27 pour l'ONU, donc l'ISESCO
17:29 c'est l'UNESCO
17:31 de l'organisation de la coopération
17:33 islamique, un texte
17:35 qui paraît en 2000 et qui
17:37 explique donc la stratégie de l'action
17:39 culturelle islamique en Occident
17:41 et ce qu'il faut faire pour
17:43 empêcher l'assimilation des
17:45 jeunes musulmans
17:47 dans les sociétés, afin qu'ils ne perdent pas
17:49 leur islam comme culture
17:51 et comme religion et comme civilisation.
17:53 - Donc pas d'intégration, pas d'assimilation.
17:55 - Voilà, surtout
17:57 faire en sorte qu'ils ne s'assimilent jamais
17:59 et donc il faut absolument
18:01 reprendre
18:03 leur éducation le plus tôt possible
18:05 et faire en sorte de créer des écoles islamiques
18:07 séparées, afin qu'ils ne soient pas
18:09 touchés par
18:11 l'influence
18:13 de la laïcité.
18:15 Et ça c'est quelque chose
18:17 avec lequel ils n'ont jamais varié.
18:19 C'est-à-dire que
18:21 même si on en entend peu parler,
18:23 dans les périodes un peu calmes,
18:25 en réalité ils travaillent toujours dans cet objectif-là.
18:27 Quand les filles sont
18:29 arrivées en 1989 avec des foulards
18:31 à Creil, c'était
18:33 très important parce qu'il fallait
18:35 inclure
18:37 la norme dans l'espace scolaire.
18:39 Et la norme religieuse,
18:41 c'est le foulard, c'est le voile
18:43 islamique, sépare les femmes
18:45 des hommes parce que leur destinée
18:47 c'est la
18:49 séparation sexuelle
18:51 des tâches. Les femmes
18:53 doivent être les enseignantes pour leurs
18:55 enfants, donc elles doivent se cultiver et être
18:57 éduquées dans ce sens. Et les garçons
18:59 eux ont d'autres métiers
19:01 et d'autres fonctions.
19:03 Donc le voile est très très important.
19:05 Même s'ils ont concédé
19:07 la loi de 2004 pour pouvoir
19:09 rentrer au CFCM, les frères
19:11 de toute façon ont toujours dit qu'ils
19:13 travailleraient pour que le hijab soit
19:15 réintégré dans l'école. Évidemment
19:17 ils savent que ça va faire des conflits.
19:19 Ils vont en profiter de ces conflits pour
19:21 créer des écoles islamiques. Tout cela
19:23 est tout à fait
19:25 expliqué dans cette stratégie que tout le monde
19:27 peut lire sur internet. C'est la
19:29 stratégie de l'ISESCO,
19:31 publiée en 2000 à Doha.
19:33 Si vous cherchez sur internet, vous allez le trouver.
19:35 - Oui, dernier mot, parce qu'il
19:37 nous reste 30 secondes.
19:39 Vous l'avez pratiquement
19:41 concrètement remarqué.
19:43 - Oui, on l'a remarqué, c'est ça.
19:45 Et puis on voit que l'éducation est vraiment
19:47 au coeur de la défense
19:49 de notre société. - Vous le sentez, vous le voyez, vous le percevez.
19:51 - Ils ont compris que
19:53 quand on veut affirmer sa culture, ça passe
19:55 par l'école. Et donc nous,
19:57 il faut de nouveau refaire
19:59 une école qui transmette notre
20:01 culture. Et pas qu'il
20:03 soit toujours dans la célébration des
20:05 cultures d'origine des élèves, comme on le fait
20:07 à l'heure actuelle. Il faut
20:09 que l'école soit un lieu qui fasse
20:11 des Français, et pas seulement des Républicains
20:13 comme le dit Elisabeth Born.
20:15 Des Français. Et on le voit,
20:17 le parcours de ce terroriste, c'est un
20:19 échec de l'intégration via l'école. Il est
20:21 arrivé à 6 ans, je crois,
20:23 il a bénéficié d'une scolarité
20:25 gratuite en France, alors que c'est quand même
20:27 10 000 euros par an la scolarité
20:29 d'un élève. Tout ça pour se retourner
20:31 finalement contre ses professeurs.
20:33 On nous dit qu'il venait à l'école en camis,
20:35 donc une tenue islamique, qu'il
20:37 priait en classe. Il n'a jamais été
20:39 sanctionné pour ça, visiblement. On a laissé faire,
20:41 on a laissé tout ça s'installer, et
20:43 jamais on ne lui a transmis visiblement à ce garçon
20:45 l'amour de notre
20:47 pays. Il faut que l'école revienne
20:49 à ça. - Merci
20:51 à toutes les deux d'être venues nous voir. Je
20:53 rappelle le livre de Florence Bergeau
20:55 Blacklère, "Le frérisme et ses réseaux",
20:57 dit Jacob, et puis Eve Vaguerland.
20:59 Le titre de votre
21:01 ouvrage, "Un prof ne devrait pas
21:03 dire ça", chose vue et chose tue,
21:05 aux éditions de l'Artillerie. Merci
21:07 toutes les deux d'être venues nous voir, c'était passionnant.
21:09 Tout de suite, Sud Radio
21:11 Média, après les infos, Valérie Expert et
21:13 Gilles Gansman reçoivent Romain Niquita
21:15 qui est journaliste spécialiste des séries.