Aujourd’hui encore un professeur est mort assassiné en France

  • l’année dernière
Il s'appelait Dominique Bernard. Ce passionné de Julien Gracq était professeur de lettres au lycée Gambetta-Carnot d'Arras. Ce 13 octobre, trois ans après Samuel Paty, il a été lui aussi assassiné par un jeune islamiste tchétchène.

Le magazine Marianne est en kiosques chaque jeudi et disponible en ligne.
"Le goût de la vérité n'empêche pas de prendre parti". Albert Camus
Marianne TV : https://tv.marianne.net/
Marianne.net : https://www.marianne.net/
Facebook : https://www.facebook.com/Marianne.magazine/
Twitter : https://twitter.com/MarianneleMag
Instagram : https://www.instagram.com/mariannelemag/

Category

🗞
News
Transcript
00:00 Il s'appelait Dominique Bernard, il était professeur de lettres et ce qu'on sait de
00:09 lui c'est qu'il était passionné par l'œuvre de Julien Gracq, c'est-à-dire parce qu'il
00:14 y a de plus beaux, de plus subtils et de plus intelligents dans la littérature.
00:20 Dominique Bernard a été assassiné aujourd'hui par un jeune d'origine tchétchène né en
00:31 2003, pour ce que l'on en sait peut-être ancien élève de ce collège.
00:38 Il a été assassiné dans des circonstances que pour l'instant on ne maîtrise pas mais
00:45 selon toute vraisemblance par un jeune homme qui a voulu tout simplement rejouer l'assassinat
00:51 de Samuel Paty.
00:53 On est trois ans après la mort de Samuel Paty, trois ans après le moment où un professeur
01:00 a été décapité en France.
01:04 Et depuis trois ans tout le monde s'était habitué, comme on s'est habitué à vivre
01:10 dans un pays où des dessinateurs ont été massacrés pour avoir simplement voulu rire
01:17 des religions, comme on s'est habitué à vivre dans un pays où des jeunes gens ont
01:23 été tués, là aussi massacrés dans une salle de concert, comme on s'est habitué
01:29 à vivre dans un pays où en 2012 déjà des enfants avaient été tués à bout portant
01:35 parce qu'ils étaient juifs.
01:36 On s'habitue à tout cela à chaque fois, on voit des débats surgir dans les quelques
01:44 jours qui suivent et là on espère qu'on va pouvoir poser la question du statut de
01:50 l'assassin qui visiblement avait vu sa demande d'asile refusée mais qui n'était
01:57 pas expulsable parce qu'arrivée en France avant l'âge de 13 ans.
02:00 On sait que l'assassin de Samuel Paty était lui-même Tchétchène, là aussi radicalisé
02:11 comme l'assassin de Dominique Bernard sans que l'on ne puisse faire quoi que ce soit.
02:17 La question de l'islamisme, de la façon dont il se diffuse chez des gens qui ont été
02:27 accueillis par la France pour être protégés parce qu'eux menacés dans leur pays, cette
02:33 question-là doit être posée comme doit être posé le rôle des associations qui
02:37 ont empêché visiblement que la famille de cet assassin ne soit expulsée quand elle
02:47 devait l'être.
02:48 Mais plus largement, c'est la question de la diffusion de l'idéologie que portent
02:55 ces gens qui doivent être posés, c'est-à-dire le rôle des réseaux sociaux, la capacité
03:03 que nous avons à lutter contre cette propagande, la capacité que peuvent avoir les professeurs
03:11 seuls abandonnés en première ligne face à cela, dans une société où on en est
03:20 encore à se poser la question de savoir comment nommer les choses.
03:24 Certes, maintenant on prononce le mot islamisme, ce n'était pas le cas après Mohamed Merah,
03:33 même après les frères Kouachi.
03:34 Certes, on peut espérer qu'il faudra un tout petit peu de temps cette fois-ci pour
03:40 voir surgir les pas d'amalgame alors que c'est en général la première chose qui
03:45 surgit avant même la condamnation des actes terroristes.
03:52 Globalement, il y a un combat culturel à mener, un combat contre l'idéologie islamisme,
04:04 l'idéologie islamiste qui s'attaque d'ailleurs en premier lieu aux citoyens français de
04:11 confession musulmane en essayant de les capter, en essayant de les enrôler de force.
04:16 C'est tous les citoyens français de quelque confession que ce soit qui doivent aujourd'hui
04:23 se faire entendre, qui doivent aujourd'hui considérer que nous sommes en guerre contre
04:29 une idéologie mortifère.
04:31 Mais c'est une guerre culturelle qui nécessite d'avoir les armes, qui nécessite de ne pas
04:39 continuer à fermer les yeux, qui nécessite de se poser la question de l'obscurantisme
04:46 et de sa diffusion.
04:47 Au moment de l'assassinat de Samuel Paty, nous écrivions dans Marianne que les mêmes
04:54 qui étaient incapables de nommer cette idéologie avaient pendant des années œuvré à faire
05:00 en sorte que l'école ne puisse pas transmettre des savoirs, c'est-à-dire justement les
05:07 armes pour lutter contre l'obscurantisme.
05:10 Aujourd'hui un professeur passionné de Julien Gracq a été assassiné par un bigot persuadé
05:26 que l'on gagne des points de paradis en massacrant d'autres êtres humains.
05:31 C'est contre tout cela que la philosophie des Lumières, l'humanisme, ont voulu lutter.
05:41 Nous sommes censés être les héritiers de cette philosophie qui entend lutter contre
05:50 la bigoterie, contre l'obscurantisme religieux.
05:56 Nous avons oublié cet héritage et c'est un héritage pourtant qui doit être transmis
06:02 à tous les enfants qui arrivent sur le sol français, à tous ceux qui ont vocation à
06:09 vivre en France.
06:11 C'est ça la principale arme et c'est cela le minimum que nous devons à tous ceux qui
06:17 sont morts jusqu'à présent et pour lesquels on se contente de déplorer, de dire « plus
06:26 jamais ça » avant de se féliciter de la résilience de notre société.
06:31 [Musique]
06:35 [SILENCE]

Recommandée