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Projet de char franco-allemand du futur mal engagé, projet de défense antiaérienne européenne Skyshield excluant la France, nucléaire, hydrogène vert, etc. La liste des sujets de discorde entre Paris et Berlin ne cesse de s'allonger...

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Transcription
00:00 La scène se passe il y a quelques jours, lors de la réunion des ambassadeurs allemands à Berlin.
00:07 Le vice-chancelier, qui est également ministre de l'économie et de la protection du climat,
00:12 Robert Habeck, évoque les relations franco-allemandes.
00:15 Et il dit tout haut ce que beaucoup pensent tous à, à Paris comme à Berlin.
00:20 Nous ne sommes d'accord en fait sur rien.
00:23 Et il est vrai que la liste des sujets de discorde entre nos deux pays ne cesse de s'allonger.
00:28 Dernier avatar, le projet de char franco-allemand du futur.
00:31 Un serpent de mer de la coopération militaire.
00:34 Il était prévu que les Allemands aient le leadership sur ce projet,
00:38 mais les Français doivent avoir en principe 50% de ce futur char.
00:42 Mais depuis le lancement du projet il y a 6 ans, les choses traînent en longueur.
00:47 Les Allemands sont eux-mêmes très divisés.
00:50 Une de leurs entreprises, Rheinmetall, s'est même invitée dans le projet, ce qui l'a déséquilibré.
00:55 Et il y a quelques jours, les Français ont découvert, en lisant le Handelsblatt,
00:59 que les deux constructeurs allemands allaient s'associer avec le Suédois Saab
01:04 et l'Italien Leonardo pour fabriquer un char lourd qui serait le successeur des fameux Léopard.
01:10 Alors c'est ce qu'on appelle faire un enfant dans le dos.
01:14 Quelque peu gênés, les autorités allemandes expliquent que ce nouveau projet
01:18 n'est pas forcément contradictoire avec le char du futur.
01:21 En fait, il l'est. Ils témoignent en tout cas de la volonté des Allemands
01:26 de ne pas travailler avec la France sur ce sujet et de leur préférence
01:30 pour un char peut-être moins sophistiqué, mais qui répondra aux besoins immédiats.
01:34 Toujours dans le domaine militaire, la ministre allemande des Affaires étrangères
01:38 a défendu le projet de défense antiaérienne européenne Sky Shield,
01:42 porté par l'Allemagne et qui exclut la France.
01:44 Pour elle, ce projet ne peut pas attendre et il vaut mieux intégrer les systèmes existants.
01:49 En fait, il s'agit de combiner le système allemand, le patriote américain et un système israélien.
01:55 Avec le char franco-allemand et Sky Shield, l'industrie de défense allemande
02:01 entend marginaliser l'industrie française, qui n'est finalement pour elle
02:04 qu'un concurrent plutôt qu'un partenaire potentiel.
02:07 Et c'est cette même démarche qui est en file grande du bras de fer
02:11 entre nos deux pays sur l'énergie. Là aussi, nous ne sommes d'accord sur rien.
02:15 Olaf Scholz ne manque pas une occasion de marteler que le nucléaire est un cheval mort.
02:21 Sa ministre, Annalena Baerbock, une verte, estime qu'au niveau de l'Union européenne,
02:26 l'énergie nucléaire ne doit pas freiner le développement des énergies renouvelables.
02:31 L'Allemagne a donc développé un lobbying intense à Bruxelles
02:34 pour que le nucléaire ne soit pas considéré comme une énergie renouvelable.
02:38 Ainsi, elle fait tout pour que le futur hydrogène vert,
02:42 qui devrait remplacer en partie le gaz, soit produit à partir d'une électricité
02:47 d'origine solaire ou éolienne et non du nucléaire.
02:51 La bataille se déroule également autour de la réforme du marché européen de l'électricité.
02:56 Les Allemands militent pour que les centrales nucléaires existantes
03:00 ne bénéficient pas de financements privilégiés.
03:03 La bataille se déroule dans les couloirs de la Commission, mais aussi au Parlement européen.
03:08 La France a réussi à réunir autour d'elle une quinzaine de pays
03:11 qui sont peu ou prou favorables au développement de l'énergie nucléaire.
03:15 Les Allemands, eux, agissent en coulisses, avec notamment l'appui des Espagnols.
03:20 En fait, au-delà de la querelle quasiment théologique autour du nucléaire,
03:25 la politique allemande est motivée par un grand objectif.
03:27 Surtout, ne pas donner à la France un avantage compétitif
03:32 avec une énergie nucléaire décarbonée et bon marché.
03:35 C'est depuis toujours son obsession.
03:38 C'est ce qui a présidé à sa politique énergétique depuis 25 ans,
03:42 en misant notamment sur un gaz russe bon marché.
03:45 Aujourd'hui, cette source s'est tarie.
03:47 Le gaz, notamment américain, est bien plus cher.
03:50 Les entreprises allemandes, notamment les grands groupes,
03:52 gros consommateurs d'énergie, sont tentés par les délocalisations.
03:57 En ostracisant l'électricité d'origine nucléaire,
03:59 en rendant son financement plus difficile et plus coûteux,
04:03 qu'il s'agisse de la prolongation du parc existant
04:05 ou de la construction de nouvelles centrales,
04:07 l'Allemagne veut que la France paie bien plus cher son électricité.
04:12 C'est tout l'enjeu de cette bataille du marché européen de l'énergie.
04:15 Et si le lobbying de Berlin l'emporte,
04:18 la France perdra un des derniers petits avantages
04:21 qu'elle avait en matière de compétitivité.
04:23 Voilà pourquoi de plus en plus de gens de tous bords politiques
04:27 prônent désormais une politique de la chaise vide à Bruxelles
04:30 sur ce sujet du marché européen de l'énergie.
04:34 Pratiquer la politique de la chaise vide a des inconvénients à court terme,
04:38 mais c'est dans des cas extrêmes le seul moyen
04:41 de préserver nos intérêts à long terme.
04:44 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
04:47 [SILENCE]

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