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Emmanuel Macron a donc désavoué Elisabeth Borne sur l'autorisation de la vente à perte des carburants. Le gouvernement peut-il faire baisser le prix à la pompe ? En agissant sur la TVA ? Pas si sûr...

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Transcription
00:00 Ce gouvernement et le président de la République
00:06 donnent vraiment l'impression de naviguer à la godille.
00:09 Un jour on lance une idée, le lendemain on la remet au placard.
00:14 Dernier épisode, celui de la vente à perte sur les carburants.
00:17 Alors on ne sait qui a soufflé cette idée saugrenue à Elisabeth Borne,
00:21 mais une telle mesure était bien évidemment impossible à mettre en place.
00:25 Face à la bronca généralisée des distributeurs,
00:28 Emmanuel Macron a désavoué dimanche soir sa première ministre.
00:32 Exit la vente à perte.
00:34 Mais c'est le retour en revanche du chèque aux automobilistes les plus nécessiteux.
00:39 Alors rappelons au passage qu'Elisabeth Borne avait annoncé Urbit et Torbi
00:44 il y a quelques semaines que c'en était fini de la distribution des chèques
00:47 au nom du quoi qu'il en coûte.
00:49 Lorsque j'ai entendu le président annoncer que ce chèque serait de 100 euros,
00:53 j'ai pensé bien sûr 100 euros par mois.
00:55 Eh bien non, c'est 100 euros par an, soit 8 euros par mois.
01:00 Et encore pour uniquement les automobilistes aux très faibles revenus
01:04 et à la forte consommation de kilomètres.
01:06 Alors de qui se moque-t-on ?
01:08 En fait, cette question des taxes sur l'essence est récurrente depuis des décennies.
01:13 Les taxes sur les carburants sont une ressource essentielle pour le budget d'État.
01:17 Et ces taxes sont de deux ordres.
01:20 Il y a la TICPE, la Taxe Intérieure sur la Consommation de Produits Énergétiques
01:26 qui a remplacé en 2011 la Taxe Intérieure sur les Produits Pétroliers.
01:29 Elle rapporte grosso modo une bonne trentaine de milliards par an.
01:33 Et puis il y a la TVA de 20% qui rapporte elle une douzaine de milliards.
01:39 Mais là où l'affaire se corse, c'est qu'il y a deux TVA.
01:42 Lorsque les produits pétroliers sortent des raffineries ou sont importés,
01:46 une première TVA de 20% s'applique.
01:48 Pour prendre un exemple, au mois de juillet dernier,
01:51 le litre d'essence de SP95 avait un prix brut à la pompe de 84 centimes.
01:58 À cela s'ajoutait une TVA de 17 centimes.
02:02 Et à partir de là, on applique la TICPE qui est une taxe fixe décidée par le Parlement
02:07 et qui peut légèrement varier selon les régions.
02:09 Cette TICPE était de 69 centimes.
02:13 Mais, et c'est l'absurdité de ce système, il y a une TVA de 20% sur la TICPE,
02:18 c'est une taxe sur la taxe.
02:20 Et cela renchérite encore de 16,8 centimes le prix du litre d'essence.
02:24 Au bout du compte, notre litre est vendu à la pompe au consommateur 1,84 euro.
02:30 Sur ce total, les taxes représentent plus de la moitié, 99 centimes.
02:36 Dès lors, une des solutions pour diminuer l'impact des hausses des prix du pétrole
02:40 au niveau international consisterait à jouer sur les taxes.
02:44 Et notamment sur la TVA dont on pourrait ramener le taux de 20 à 5,5%.
02:50 Ce serait d'autant plus justifié que mécaniquement,
02:52 l'État engrange des recettes supplémentaires de TVA
02:55 lorsque les prix des produits raffinés montent.
02:59 Alors bien sûr, à Bercy, on explique que l'État a bien besoin de ces recettes
03:02 pour financer la transition énergétique.
03:05 Cela, c'est le discours des communicants.
03:08 La réalité, c'est tout simplement que le budget de l'État, largement déficitaire,
03:12 a besoin de cette source de revenus.
03:14 Mais ce que l'on se garde bien de dire,
03:18 c'est que l'on ne peut pas toucher à ce système UBS que de taxes.
03:21 Pourquoi ?
03:23 Bien tout simplement parce que l'Europe nous l'interdit.
03:26 C'est une directive européenne qui impose que la TVA
03:29 soit également appliquée sur les taxes portant sur les produits énergétiques.
03:33 Et cette TVA, toujours au regard des règles européennes, doit être de 20%.
03:39 Avec un double souci, l'harmonisation de la fiscalité en Europe
03:43 et le financement à travers ces taxes de la transition énergétique.
03:47 Dès lors, le gouvernement est piégé.
03:50 Il ne peut pas avouer que c'est Bruxelles qui détermine finalement notre fiscalité énergétique.
03:55 Alors certes, on pourrait toujours diminuer la taxe intérieure de la TICPE.
04:00 Mais comme il faut rester dans la moyenne européenne,
04:02 la baisse ne pourrait être que marginale.
04:06 Pour qu'elle soit sensible au portefeuille du consommateur,
04:09 il faudrait qu'elle soit au moins d'une quinzaine de centimes par litre.
04:13 Ce qui représenterait un manque à gagner pour le budget d'environ 6 milliards d'euros.
04:18 Impossible dans le contexte actuel des finances publiques
04:21 et des besoins d'investissement tous azimuts dont la France a un impérieux besoin.
04:25 Alors, eh bien, on amuse la galerie avec le chèque de 100 euros par an
04:30 et l'espoir que les distributeurs et les producteurs se montreront raisonnables
04:35 et renueront sur leurs marges.
04:37 Mais surtout, à l'approche des élections européennes,
04:40 ne pas remettre en cause les directives de Bruxelles et sa politique énergétique.
04:45 [SILENCE]

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