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Avec Marie-Estelle Dupont, psychologue clinicienne et auteure de “Être parents en temps de crise - Comment restaurer l'équilibre psychique de nos enfants” publiéé aux éditions Guy Trédaniel.

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##LE_FACE_A_FACE-2023-10-11##

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Transcription
00:00 Sud Radio Bercov dans tous ses états, le face à face.
00:06 13h05 sur Sud Radio, André Bercov reçoit aujourd'hui pour le face à face Marie-Estelle
00:11 Dupont, psychologue clinicienne et auteure de ce nouveau livre qui sort demain en librairie
00:14 "Être parent en temps de crise, comment restaurer l'équilibre psychique de nos enfants ?"
00:19 C'est publié chez Guitre et Daniel.
00:20 Et d'abord je dois vous dire que Marie-Estelle Dupont est sulfureuse.
00:25 Non seulement elle est sulfureuse mais elle est provocatrice.
00:27 Imaginez-vous que sur la couverture de son livre, que je recommande par ailleurs mais
00:30 nous en reparlerons, elle met "Être parent en temps de crise, comment restaurer l'équilibre
00:35 psychique de nos enfants ?" et le dessin montre, je vous tiens donc j'assure je suis un peu
00:40 choqué mais bon, il faut accepter même des oppositions, un homme et une femme et un enfant.
00:45 Un homme et une femme ? Mais qu'est-ce que c'est ? Enfin je veux dire, vous savez très
00:49 bien Marie-Estelle Dupont que maintenant c'est plus ça du tout.
00:52 Je veux dire, il n'y a pas femme et homme, ça n'existe pas.
00:54 Mais vous savez très bien André que je suis irrécupérable.
00:57 Voilà, voilà, terrible.
00:59 Alors soyons sérieux, effectivement vous faites, et je trouve que c'est, enfin personnellement
01:04 c'est le meilleur de vos livres jusqu'ici parce que vous avez fait quelque chose de
01:11 très remarquable qui est, du point de vue des parents et des enfants, la psychologue
01:17 que vous êtes a fait le bilan, a fait le bilan de "C'est pas une guerre, ça n'a rien
01:23 à voir avec ce qui se passe ailleurs, comparaison, nous ne comparons pas ce qu'il n'y a pas
01:28 à comparer".
01:29 Mais depuis le 16 mars 2021, le traumatisme initial on peut dire, c'est-à-dire le début
01:35 du confinement, ça fait trois ans et demi aujourd'hui, et bien vous avez vu, maintenant
01:40 on a le recul et vous avez eu le recul et pour ça que vous le direz être intéressant,
01:44 qu'est-ce qui s'est passé, qu'est-ce qui se passe au niveau des enfants, au niveau
01:49 des parents, et rappelez-nous justement, au fond, comment est tombée dans cette espèce
01:55 de management de la peur, la pluie des interdits ? Qu'est-ce qui s'est passé ?
01:59 Merci de votre invitation et merci de m'avoir fait sourire parce que je vous disais avant
02:02 l'émission que j'arrivais vraiment le coeur très très lourd depuis trois jours
02:06 avec tout ce qui se passe en Israël et j'ai vraiment une pensée pour mes patients et
02:09 mes amis qui sont en train de perdre des gens là-bas, voilà, et je trouve qu'on ne l'a
02:14 pas assez exprimé en France.
02:15 On l'a dit, on l'a dit.
02:18 Pour revenir à ce livre, oui, je repars en fait de la scène traumatique initiale pour
02:23 essayer d'expliquer en fait ce que c'est que la logique du trauma.
02:27 En fait, le 16 mars 2020, il y a cette scène inaugurale, c'est-à-dire en quatre heures,
02:33 les restaurateurs doivent avoir vidé les congélateurs, on doit se faire une attestation
02:38 pour faire sortir le chien, donc c'est-à-dire que la vie s'arrête, tous les repères
02:42 vacillent, tout ce qui était assuré vole en éclat et à partir du moment où, si
02:48 vous voulez, il y a la possibilité du confinement, les gens, après le confinement, vont pour
02:54 beaucoup se dire "tout m'est pas ça".
02:56 Et là, on rentre dans la logique du trauma, c'est-à-dire qu'on est prêt à accepter
02:59 un pass, on est prêt à accepter tout un tas de mesures qui sont en fait pour beaucoup
03:04 délétères, je le montre dans le livre, contraires non seulement à une démocratie, mais contraires
03:08 au développement de l'enfant, et en fait on va être prêt à les accepter quand on
03:12 est dans la logique du trauma, parce que la logique du trauma, c'est bien sûr "tout
03:15 m'est pas ça".
03:16 Donc dans le livre, je reviens sur ce qu'est un trauma, comment le cerveau se dissocie
03:21 face à une agression qui est chronique et répétée dans le temps, quand l'individu
03:26 perd la possibilité de lutter contre une situation, et notamment les enfants n'avaient
03:31 pas de prise sur la situation, c'est-à-dire qu'ils voyaient leurs parents en difficulté,
03:35 ils ne pouvaient pas changer la donne.
03:37 Donc, qu'est-ce qu'ils ont fait pour beaucoup ? Ils se sont passés en hypoactivation, c'est-à-dire
03:41 qu'ils se sont effondrés, résignés, repliés sur eux-mêmes, avec un cortège de symptômes
03:46 que je décris dans le livre, que ce soit des bébés jusqu'aux adolescents.
03:49 - Mais donnez-nous des exemples concrets, Marie-Estelle.
03:52 - Comment on s'adapte à quelque chose qui est contraire à nos besoins ? Eh bien, ça
03:55 va être par des somatisations diverses, des maux de ventre, des manifestations anxieuses,
04:01 une perte de l'appétit, une perte de projection.
04:04 On a vu quand même 52% des étudiants durant l'hiver 2021 qui disaient vouloir arrêter
04:08 leurs études, c'est-à-dire que dans ce climat très anxiogène mais sur lequel ils
04:12 se sentaient non seulement impuissants mais potentiellement coupables, parce qu'on les
04:16 a beaucoup, beaucoup culpabilisés, les enfants, il y a eu vraiment cette inversion des places
04:20 où les enfants devenaient potentiellement dangereux pour les adultes.
04:23 - Je peux vous rappeler, juste pour aller dans votre sens, mais l'illustration pour
04:28 moi la plus forte, ça a été sur toutes les télévisions, la vidéo où on voyait
04:32 une petite fille qui allait embrasser sa grand-mère.
04:35 - Et la grand-mère intubée.
04:36 - Et la grand-mère intubée.
04:37 Mais ça traduit quoi ? Mais je débarque chez les gens qui ont fait cette vidéo.
04:42 Déjà, dans leur petit fil, c'était quoi ?
04:45 - Alors, bien sûr, c'est ce que j'explique dans le livre, c'est qu'on a été soumis
04:48 à un management par la peur.
04:50 On en avait parlé d'ailleurs à votre micro.
04:52 Et en fait, à partir du moment où vous activez les mécanismes de peur, vous obtenez
04:57 une déconnexion de la rationalité chez l'individu, une déconnexion du lobe frontal, la personne
05:01 ne raisonne plus, elle va réagir de manière...
05:05 La peur est mauvaise conseillère, donc comme elle est dans la panique, elle va cesser de
05:09 réfléchir, cesser de nuancer, cesser de distancier, la grande majorité de la population
05:14 va finalement se soumettre à des injonctions dont elle sait qu'elles sont peut-être excessives
05:19 ou inappropriées, mais on va jouer sur la peur de l'ostracisation, la peur d'être
05:23 criminalisée, montrer du doigt, etc.
05:25 - La peur d'être différent des autres.
05:27 - Et en fait, ce que j'explique dans le livre, c'est que dans la société contemporaine,
05:31 qui s'appelle une démocratie, qui n'est donc pas ouvertement un régime totalitaire
05:35 ou dictatorial, on n'impose pas, on empêche en fait.
05:39 C'est-à-dire qu'en jouant sur les peurs d'être ostracisé, d'être marginalisé, de mettre
05:43 notre enfant en difficulté en le déscolarisant, etc.
05:45 On met les gens dans une situation finalement impossible où soit ils s'adaptent, ils se
05:52 soumettent et ils cessent de réfléchir, soit ils risquent de mettre leurs enfants en difficulté,
05:58 c'est ce qu'on a vu pour beaucoup de parents qui ont déscolarisé leur enfant et qui étaient
06:03 en grande difficulté matérielle pour tenir l'enseignement à la maison.
06:06 Et donc l'individu, dans ces moments-là, soit il se dissocie pour supporter la situation
06:11 et donc il perd le contact avec ses affects, donc il n'est plus du tout empathique, il
06:15 n'est plus en colère, finalement il est complètement résigné, complètement zombifié, il fait
06:19 tout ce qu'on lui dit, soit il s'effondre.
06:22 Et donc c'est ce qui explique le cortège de symptômes psychiatriques qu'on a encore
06:25 trois ans après.
06:26 - Oui, alors justement, attendez, c'est intéressant ça, parce que vous dites ça, mais à un moment
06:31 donné le confinement s'est arrêté, les masques ont été ôtés, enfin en tout cas
06:36 dans la quasi majorité, les gestes barrières, etc.
06:40 Et ça continue pour certains ? Ce traumatisme continue ?
06:44 - Alors, chez les adultes, pas du tout autant que chez les jeunes.
06:49 Mais il faut comprendre que c'est arrivé chez les moins de 20 ans, à une période
06:53 de leur vie où il n'y avait pas tellement d'autres référentiels pour les plus jeunes,
06:57 et surtout à un âge où, et ça beaucoup de médecins l'ont dit, beaucoup de la société
07:04 française de pédiatrie l'a rappelé, c'est arrivé à un âge où le développement de
07:08 l'enfant nécessite et exige, je veux dire, si vous vous privez d'aller au cinéma, il
07:13 n'y a pas de trauma.
07:14 Un enfant qui ne peut pas faire de sport, un enfant à qui on dit "tu vas tuer ta grand-mère",
07:17 un enfant à qui on dit "si tu sors, t'es dangereux", un enfant à qui on empêche l'accès
07:21 à l'école et on impose un écran toute la journée, c'est un enfant à qui on prescrit
07:26 de faire tout l'inverse de ce dont il a besoin pour devenir un adulte équilibré.
07:30 Donc chez ceux-là, il y a une vraie, ce que je décris comme la souffrance narcissique
07:35 identitaire, il y a une vraie entrave qui a été mise à leur construction psychique.
07:40 Et chez les bébés qui sont nés pendant le confinement, les études neurobiologiques
07:43 le montrent aujourd'hui, il y a une réduction des erreurs cérébrales liées aux compétences
07:48 sociales et chez certains au langage.
07:51 - Et on l'a vu, ça relève pas aujourd'hui.
07:52 - Oui, mais ce qui est formidable, enfin ce qui est formidable, je suis très ironique
07:55 quand je le dis, je le décris dans le livre, en fait on est dans la société du chiffre.
08:01 Les chiffres ça se discute pas et donc quand vous êtes dans une société qui a délaissé
08:06 finalement le vivant pour les algorithmes, on va dire à tous les cliniciens qui en 2020
08:13 disaient "attendez, attendez, attendez, il faut quand même penser aux dégâts collatéraux,
08:17 qu'on protège du Covid, les âgés, etc."
08:19 Oui, oui, très bien, mais les enfants, on doit aussi les protéger d'autres choses,
08:23 notamment de la souffrance psychique, d'être confiné avec des parents qui boivent, etc.
08:27 quand on disait ça, parce que nous, cliniciens, on voyait les enfants s'effondrer, on disait
08:31 "mais attendez, dans les crèches, il y a des retards de parole pour ceux qui rentrent
08:34 en maternelle", on nous disait "non, non, mais vous êtes une maman trop inquiète,
08:38 vous êtes ceci, vous êtes cela", on voulait pas entendre les cliniciens et nous, les cliniciens,
08:42 on est sur le terrain, donc on voyait la catastrophe arriver de la vague pédopsychiatrique.
08:46 Et puis comme on est dans une société du chiffre, on nous dit "attendez les chiffres",
08:49 mais quand les chiffres arrivent, c'est beaucoup trop tard.
08:50 Et donc aujourd'hui, on nous dit "Santé publique France athèse, des passages aux
08:55 urgences pour gestes suicidaires, il y a les études qui le montrent", et nous on est là
08:58 "bah oui, évidemment que les études le montrent", mais en fait, la clinique, elle existe.
09:01 Et dans la société des algorithmes, seuls les chiffres comptent, et quand seuls les
09:05 chiffres comptent, malheureusement, on prend des mesures trop tard.
09:08 On en parle tout de suite après cette petite pause avec Marie-Estelle Dupont.
09:12 Les parents, les enfants, comment être parent en temps de crise ?
09:17 Avec Marie-Estelle Dupont et avec vous bien sûr au 0826 300 300, au téléphone ou bien
09:22 sur Facebook et Youtube, on prend tous vos commentaires.
09:25 A tout de suite sur Sud Radio.
09:26 13h19 sur Sud Radio, nous sommes avec vous jusqu'à 14h aujourd'hui.
09:31 André Bercoff reçoit Marie-Estelle Dupont qui vient nous voir pour son nouveau livre
09:35 "Être parent en temps de crise, comment restaurer l'équilibre psychique de nos enfants ?"
09:38 C'est publié chez Guitre et Daniel.
09:40 Alors, Marie-Estelle Dupont, on a commencé à parler des dégâts et des dommages non
09:47 collatéraux.
09:48 Ce ne sont pas des dommages collatéraux de ce qui s'est passé effectivement depuis
09:52 l'instauration de ce confinement et nos auto-attestations.
09:57 Qu'est-ce qu'il y aurait à dire ? D'ailleurs, on l'a déjà dit sur l'incroyable, l'incroyable
10:03 gloubi-boulga de mesures où tout est son contraire.
10:08 Vous parlez de fenêtre de tolérance, que voulez-vous dire par là ?
10:11 Oui, en fait je réexplique ce que c'est que le trauma.
10:13 Le trauma c'est un événement qui vient faire effraction dans les limites psychiques
10:17 ou physiologiques d'un organe ou d'un individu.
10:19 Et donc face à un stress, à un stresseur externe, on a tous une fenêtre de tolérance
10:26 qui est variable.
10:27 Variable en fonction de notre histoire, de notre personnalité, de notre résilience,
10:30 etc.
10:31 Quand on est au milieu de la fenêtre, avant un examen, on est normalement stressé, normalement
10:36 mobilisé mais c'est un stress qui n'est pas sidérant.
10:39 Quand on va passer un examen par exemple.
10:40 Il mobilise.
10:41 C'est du bon stress, on reste dans sa fenêtre.
10:43 Quand le trauma est répétitif, chronique, avec une maltraitance ou qu'il est extrême,
10:49 par exemple un viol, les victimes de viol vous disent bien qu'il y a un moment donné
10:51 où il y a quelque chose qui lâche et elles se sentent derrière une vitre et elles assistent
10:55 à la scène mais elles ont l'impression de ne plus être là, d'être mortes.
10:57 Et en fait ça correspond à un événement physiologique dans le cerveau, c'est-à-dire
11:01 que sous l'effet du stress vous avez des hormones de stress qui fonctionnent, de la
11:05 noradrénaline, de l'adrénaline, du cortisol, etc.
11:07 Et pour éviter à un moment donné qu'il y ait un accident vasculaire cérébral ou
11:11 cardiaque parce qu'il y a trop d'hormones, un signal d'alarme qui devient trop violent,
11:17 ces hormones sont encapsulées par le cerveau et il y a une pluie d'hormones anesthésiantes,
11:23 la morphine et la kétamine.
11:24 Et donc ça, ça va nous faire passer en hypoactivation et donc dans notre fenêtre de tolérance,
11:28 vous pouvez voir que quand les enfants sortent de leur fenêtre de tolérance, soit ils sont
11:33 trop dans le stress et c'est la phase où ils sont encore anxieux, en colère, agités,
11:37 agressifs, etc.
11:38 Et puis tout d'un coup, pouf, ils s'effondrent et c'est ce qui a fait dire à certains adultes
11:43 "mais non mais ils vivent très bien le masque, ils ne s'en plaignent pas", etc.
11:45 Et en fait ils se sont mis un petit peu en...
11:49 Ils se sont un petit peu congelés.
11:50 - Vous voulez dire ils se sont mis comme dans un igloo, comme ça ?
11:53 - Exactement.
11:54 Ils se sont un petit peu mis en hibernation, sauf que c'est un âge où c'est très très
11:57 grave d'être en hibernation, puisque vous n'allez plus vers les autres, vous êtes
12:01 enfermé, vous êtes triste, vous êtes apathique, vous êtes indifférent.
12:04 Et donc évidemment tout ce qu'à ce moment de votre vie vous avez besoin d'apprendre
12:08 dans les interactions avec l'autre, ça disparaît.
12:11 Donc voilà.
12:12 - Est-ce que, juste un mot, pas un détail mais quand même qui n'est pas rien, est-ce
12:15 que les enfants qui voyaient par exemple leur prof revêtant un masque et donc ils ne voyaient
12:19 plus la bouche en train de s'exprimer, mais même leurs parents aussi, etc.
12:22 Est-ce que ça faisait partie de cette espèce de sidération ou d'intolérance qu'ils ont
12:29 vécu ?
12:30 - En fait déjà ça leur transmettait un message très très anxiogène, c'est-à-dire
12:33 que l'autre est un danger.
12:34 J'ai une petite fille qui est arrivée en me disant "je ne sais pas si je vais embrasser
12:37 ma maman parce que quand on s'embrasse on se touche".
12:39 Donc il fallait que je transforme les séances de thérapie en cours de biologie en lui expliquant
12:43 qu'elle avait des défenses immunitaires, que les câlins avec maman c'était aussi
12:46 très important pour ne pas être en dépression.
12:48 Donc quand ils ne voyaient jamais le visage de leur prof, bien sûr qu'on s'affaisse,
12:53 qu'on est moins dans l'interaction, et puis que les profs étaient en difficulté pour
12:58 transmettre parce qu'aller apprendre l'anglais avec un masque sur la bouche c'est quand
13:01 même un peu compliqué.
13:02 Donc ça a évidemment amené à un décrochage scolaire pour beaucoup et les enseignants
13:07 qui me parlent aujourd'hui me disent ceux qui étaient en l'année du confinement en
13:11 CP c'est absolument catastrophique en fait parce qu'ils savent à peine tenir un stylo,
13:15 on doit tout reprendre depuis le début et puis les enfants ont lâché puisque en fait
13:18 l'école n'était plus un lieu d'apprentissage, l'école était un lieu d'évitement du
13:23 microbe.
13:24 Donc il y avait des profs qui ouvraient les portes avec leurs pieds pour ne pas toucher
13:25 la clanche.
13:26 Donc on a eu des situations absolument ambigües où finalement l'enfant était dans la peur,
13:31 dans l'anxiété, et ça on sait que ça met trop de cortisol dans le cerveau et que
13:35 le cortisol peut entraver les apprentissages et la mémoire de la même manière que quand
13:38 il y a des conflits à la maison que ça gueule toute la journée, on ne peut pas apprendre
13:41 ses leçons, c'est du bon sens.
13:42 Oui mais alors justement je ne veux pas me faire l'avocat du diable, c'est le cas de
13:45 le dire, mais enfin les gouvernants peuvent vous dire, enfin les autorités, d'ailleurs
13:49 c'est pas seulement en France, ça a été dans le monde, ils disent oui mais il fallait
13:52 bien protéger du virus, qu'est-ce que vous voulez, d'accord, ce que vous me décrivez
13:56 c'est très très bien, mais enfin c'est très bien mais il fallait protéger du virus, qu'est-ce
14:00 que vous voulez qu'on fasse, il ne fallait rien faire, qu'est-ce que vous répondez à
14:03 ça ?
14:04 Non mais alors attendez, moi mon métier de psychologue, ce n'est pas de dire ce qu'il
14:07 fallait faire par rapport au Covid, c'est de dire attention ne soyons pas dans une pensée
14:11 binaire, ne soyons pas dans le déni, ce n'est pas parce qu'on prend une mesure pour la santé,
14:15 il y a eu un basculement anthropologique si vous voulez, c'est-à-dire qu'on a redéfini
14:19 la santé comme l'évitement d'un virus et comme un chiffre de circulation virale.
14:23 Je suis désolée, l'OMS dit bien que la santé c'est un état global d'équilibre, y compris
14:28 social et donc pour un enfant, et la maladie c'est madame Christelle Gralegen qui n'est
14:33 quand même pas une complotiste, elle l'a bien rappelé, les enfants n'étaient outillés
14:38 pour lutter contre le virus, ils n'étaient pas pour gérer les mesures.
14:41 Et je vous rappelle que le Covid a fait plus de morts par suicide chez les enfants que
14:45 par infection.
14:46 Donc moi mon rôle de psychologue, c'est de dire quand on prend des mesures, attention
14:52 à ce que le remède ne soit pas pire que le mal et est-ce qu'on respecte les besoins
14:55 de l'enfant.
14:56 Je rappelle quand même que dans les stades de développement de l'enfant, les besoins
14:58 sont physiologiques, émotionnels, d'accomplissement physique et psychique, de reconnaissance,
15:03 de stabilité, de repère.
15:04 Ce n'est pas moi qui le dis, ce sont toutes les conventions internationales des droits
15:07 de l'enfant citées par l'UNESCO.
15:08 Et je crois qu'on a mis de côté toute la santé à l'exception du Covid.
15:15 On a bien vu d'ailleurs les syndromes de glissement que ça engendrait chez des personnes
15:17 âgées qui du coup mourraient pas du Covid mais mourraient de tristesse.
15:20 Tout à fait, et quand on voit les chiffres, on voit très bien ce qui s'est passé.
15:25 En fait, ce qu'il y a eu, et juste un mot là-dessus, on va continuer d'en parler avec
15:30 vous, c'est que moi ce qui m'a frappé, alors justement, là aussi la psychologue,
15:35 c'est que quand même il y a eu une acceptation pratiquement unanime.
15:39 Il y a eu quelques personnes qui sont mises en marge mais l'acceptation a été ça.
15:45 On se rappelle pendant les deux premières années, tous vaccinés, tous protégés,
15:48 on se voit bien, dans le meilleur des mondes, etc.
15:50 Et vous étiez vraiment regardé comme une espèce de...
15:53 Enfin, je ne veux pas revenir là-dessus, mais je ne veux pas parler des vaccins, je
15:56 parle du regard qu'on avait sur ceux qui ne se conformaient pas à la doxa que nous
16:03 avions du matin au soir à la télévision et ailleurs.
16:05 Oui, oui, bien sûr.
16:07 Je me rappelle de choses assez cocasses.
16:09 D'ailleurs, je me suis fait traiter de criminel parce que je disais qu'il fallait faire des
16:11 bisous aux nourrissons pour pas laisser le bébé se déprimer en fait.
16:15 Je crois que, si vous voulez, il y a eu une hystérisation du débat et une impossibilité
16:21 de penser.
16:22 Je reviens dessus dans le livre.
16:24 Parce que la crise sanitaire n'a pas été le début de quelque chose.
16:28 Enfin, la crise de la Covid-19, pardon, n'a pas été le début de quelque chose.
16:31 Ça a été l'aboutissement d'un processus à l'œuvre depuis 40 ans.
16:34 C'est-à-dire que depuis 40 ans, notre démocratie se transforme en bureaucratie.
16:38 Et il y a eu des mécanismes de virtualisation de l'existence, de réduction au numérique,
16:45 de gestion de management par la porte.
16:47 On l'a dit, je reviens sur tout ça.
16:48 Et aussi dans la formation des médecins.
16:50 La formation des médecins n'est plus la même aujourd'hui qu'il y a deux générations.
16:54 Aujourd'hui, les jeunes médecins n'ont pas fait leurs humanités.
16:56 Ils sont formés à coups de QCM et de stages et de bisuitages traumatisants qui les dissocient
17:01 de leur affect.
17:02 Les médecins, on leur dit, j'en ai en sixième année de médecine qui pleure dans mon bureau
17:05 en me disant "mon chef de service m'a dit que je ne pouvais pas parler aux patients
17:08 parce que je perdais mon temps".
17:09 Donc si vous voulez, quand on déshumanise ceux qui soignent, évidemment qu'on a des
17:13 exécutants de choses absurdes qui, par peur d'être mis de côté, ne vont pas penser
17:19 les choses.
17:20 Il y en a qui l'ont pensé, il y en a qui ont continué à penser.
17:22 Mais on était un peu pointés du doigt quand on osait penser parce qu'on était dangereux.
17:25 On va en reparler tout de suite parce que je voudrais rester là-dessus sur ce serment
17:31 d'hypocrate, etc.
17:32 Parce qu'il y a eu vraiment des problèmes là-dessus.
17:34 On se retrouve juste après cette petite pause avec Marie-Estelle Dupont.
17:37 On continue cette discussion avec vous au 0826 300 300.
17:41 Vous nous appelez, Emmanuel vous attend au standard 0826 300 300.
17:45 A tout de suite sur CELARIO.
17:46 Et évidemment avec Marie-Estelle Dupont qui, elle, est dans tous ses états, mais elle
17:51 c'est sa vocation et son métier.
17:52 Elle est psychologue, je le rappelle, être parent en temps de crise.
17:57 Alors justement, on parlait de la formation des médecins et de la nouvelle formation,
18:02 de l'innovation d'aujourd'hui.
18:04 Marie-Estelle Dupont, je rappelle quand même que le serment d'hypocrate c'est une nuire
18:08 à points, non inétanguérée.
18:09 - Primo.
18:10 - Primo, voilà, exactement, pardon.
18:12 Et puis l'autre, le consentement éclairé.
18:15 Or, où était le consentement et où était l'éclairage dans cette histoire ?
18:20 - Surtout où était l'éclairage.
18:22 - C'est quand même, quand on y pense, c'est quand même hallucinant.
18:27 Et en fait, parce que je voudrais qu'on parle aussi, et c'est à la psychologue que je m'adresse
18:32 et à l'auteur, à l'écrivain, qu'est-ce qui s'est passé ?
18:35 Bon, on parlait des enfants, et vous avez très bien décrit, et il est très bien décrit
18:41 dans votre livre, ce qui peut se passer pour les enfants quand on instaure ce climat.
18:48 Mais qu'est-ce qui se passe pour les adultes, et spécialement, comment les parents ont
18:53 géré ça ?
18:54 Parce que, encore une fois, pas de consentement, ça a été...
18:58 Si vous n'avez pas votre passe sanitaire, votre passe vaccinale, vous ne sortez pas,
19:02 vous ne bougez pas, etc.
19:03 Je ne parle pas des relations avec les grands-parents qui étaient en EHPAD ou ailleurs.
19:08 Et qu'est-ce qui a fait qu'il y a eu cette espèce d'extraordinaire consensus, consentement,
19:14 oui mais c'est comme ça, voilà, sans aller jusqu'à la balance de 1000 grammes, vous
19:18 savez, la servitude volontaire, qu'est-ce qui s'est passé ?
19:20 - Pour beaucoup de gens, il n'y a pas eu de consentement.
19:24 On a joué, en fait, sur un non-consentement, mais avec une sidération qui est arrivée
19:30 tellement vite qu'il y a une logistique quand on est parent.
19:35 Aujourd'hui, on est dans une société où, très majoritairement, le père et la mère,
19:40 quand ils sont encore en couple, travaillent tous les deux.
19:44 Donc la société moderne a abîmé la famille, c'est-à-dire que, déjà, il y a énormément
19:49 de divorces, c'est l'objet d'un de mes livres.
19:51 Et puis, quand les parents sont ensemble, de toute façon, la nécessité économique
19:56 fait que les deux parents sont obligés et peuvent difficilement se mettre, surtout s'ils
20:00 ont leur propre entreprise, en congé parental pour faire face.
20:03 Donc il y avait une urgence de la logistique, une urgence économique, le besoin de remplir
20:09 le frigo a primé sur, à ce moment-là, d'autres besoins à l'enfant.
20:12 Et c'est bien pour ça que dans le livre, je dis, s'il vous plaît, ne vous jugez pas
20:16 les uns les autres.
20:17 Chaque parent a placé le curseur là où il a pensé qu'il devait le placer pour le
20:21 bien de la famille.
20:22 Et donc, à partir de ce moment-là, il y a les parents qui ont été pris de cours,
20:28 qui n'ont pas eu le temps de s'organiser.
20:29 Il y a les parents aussi qui sont, depuis 40 ans, ma génération, on est quand même
20:35 dans une société où la baisse de l'instruction, la baisse de la culture, l'entrisme idéologique
20:40 à l'école fait qu'à part ceux qui ont eu un environnement familial où ils ont
20:44 eu accès à de la culture, je suis désolée, mais on a peu, moi déjà, ma génération,
20:49 de notions d'histoire, de notions de philosophie.
20:52 C'est-à-dire que comme on a une baisse de l'instruction, on a une baisse du discernement.
20:55 Comment on fait pour exercer sa liberté et son esprit critique quand on n'a pas de
20:58 discernement ? C'est beaucoup plus difficile.
21:00 Et puis que quand vous entendez des choses répétées en boucle, en boucle, en boucle,
21:05 en boucle, c'est ce que dit Milozes d'ailleurs à propos des démocraties populaires dans
21:10 son livre sur la pensée captive.
21:12 Il dit bien, en fait, globalement, chaque citoyen n'est pas d'accord, mais comme
21:17 il répète tous les jours la liturgie du régime pour ne pas être ostracisé, il finit
21:20 par adhérer à ce qu'il répète.
21:21 Mais est-ce qu'il n'a pas surtout peur des sanctions ?
21:23 Je crois que l'instinct grégaire fait partie de l'instinct de survie et qu'il
21:27 avait une telle peur de perdre son boulot, de voir son enfant moquer parce qu'il était
21:33 déscolarisé, etc. que voilà, les parents aussi géraient avec leur personnalité et
21:38 leur histoire.
21:39 C'est ce que je dis dans le livre.
21:40 Je crois quand on a fait l'expérience de l'emprise, qu'on est capable de déconstruire
21:45 un narratif et d'introduire de la nuance, on est déjà plus outillé pour ne pas céder
21:50 à la peur et donc pour temporiser auprès de son enfant et lui dire "oui, tu entends
21:54 ça, mais attends, je te rappelle que... et ton corps a des défenses immunitaires".
21:57 Parce qu'il y a vraiment eu une explosion des troubles hypochondriaques et phobiques
22:03 chez les enfants.
22:04 Je veux dire, moi j'avais des enfants qui ne voulaient pas toucher mon bureau sans l'avoir
22:06 désinfecté parce qu'ils pensaient qu'il y avait des germes dessus.
22:08 Je devais leur expliquer qu'en fait, les bactéries, les gerbes et les microbes existaient depuis
22:11 la nuit des temps, y compris dans leur intestin, pour qu'ils ne soient pas en état de panique.
22:16 Donc c'est quand même très préoccupant de mettre des enfants dans un état d'obsession
22:19 hypochondriaque.
22:20 Et non seulement ça, pour reparler aux parents, moi je me rappelle, on l'a tous vécu, des
22:26 moments où effectivement, et c'était en plein masque, je me rappelle très bien, c'était
22:30 à une gare, je crois que c'était la gare de La Baule, j'avais le masque au-dessous
22:34 du nez à un moment donné.
22:35 Et je me rappelle d'une dame, je ne sais pas son nom de disant, qui s'est mise à hurler
22:39 en disant "mais vous pouvez crever quand vous voulez, mais là vous me contaminez", alors
22:44 que j'étais à 5 mètres d'elle.
22:45 C'est-à-dire qu'il y a eu quand même une hystérie à un moment donné, très très
22:48 très très forte.
22:49 - Bien sûr, bien sûr, mais j'explique comment un délire collectif peut prendre, et quand
22:54 je parle de délire, je ne dis pas du tout que le Covid n'a pas existé.
22:56 Je dis cette hystérisation du débat.
22:58 Elle arrive aussi sur une société, André, totalement déspiritualisée.
23:03 C'est-à-dire que finalement il y a un tel vide existentiel, il y a une telle pauvreté
23:09 spirituelle dans l'espace public, qu'à un moment donné, la peur du Covid a été une
23:14 espèce de cellophane.
23:16 C'est-à-dire qu'on était dans une société avec un tel individualisme d'un certain côté,
23:20 un tel communautarisme à d'autres endroits, donc la démocratie était déjà tellement
23:24 poreuse, tellement effilochée, que finalement il y a une espèce de cellophane.
23:30 C'est-à-dire qu'on s'est raconté un truc qui était très très prenant, qui était
23:33 très très, comment dire, réunifiant par extérieur, rappelons-nous quand même.
23:38 - C'était la béquille.
23:39 - Nous sommes en guerre, on fait front, etc.
23:43 Et que finalement, je crois que chez certaines personnes qui étaient perdues, qui n'avaient
23:47 plus d'intériorité spirituelle, c'est venu compenser.
23:50 Ça a été un boulevard en fait.
23:51 Et la peur a pris la place de ce vide.
23:54 C'est pour ça que je dis qu'une société transhumaniste, ultra progressiste, où on
23:59 croit que l'homme est tout puissant, ça ne peut faire que des catastrophes.
24:01 Parce que quand on peut raccrocher ses angoisses à une spiritualité, à une transcendance,
24:07 on gère avec plus de calme la peur de la maladie, la peur de la mort, etc.
24:11 - C'était le placebo d'un manque de repères.
24:14 On n'avait plus de repères, on a fait des béquilles.
24:16 - Tout à fait.
24:17 - Est-ce que nous avons des auditeurs ?
24:19 - On a du monde standard André.
24:20 Nous avons Myriam qui nous appelle depuis Pertuis.
24:23 Bonjour Myriam.
24:24 - Bonjour Myriam.
24:25 - Oui bonjour.
24:26 Bonjour André.
24:27 - On vous écoute.
24:28 - Bonjour Maricel.
24:29 - Oui bonjour.
24:30 - Donc en fait, moi je suis maman de trois enfants, donc j'ai deux grands, deux filles.
24:36 Et j'ai un petit garçon qui a 10 ans, qui du coup, j'écoutais tout à l'heure Maricel
24:41 qui parlait des enfants qui étaient en CP pendant la période Covid, donc c'est ce
24:45 qui nous est arrivé.
24:47 En plus, moi j'ai un enfant qui a des difficultés à l'école, donc ça a été très compliqué.
24:52 Et voilà, donc moi je faisais partie du coup des parents qui n'ont pas trop suivi les
25:03 restrictions, donc c'est vrai que je me sentais un peu seule devant l'école parce que j'étais
25:07 sans masque, avec mon vélo et puis tout le monde me regardait un peu de travers, donc
25:11 je me suis sentie quand même assez seule.
25:13 Mais bon, j'ai réussi.
25:16 On avait quand même pas mal de gens qu'on pouvait écouter où on se sentait moins seul,
25:22 donc j'ai résisté.
25:24 Et donc ma question à Marie-Estelle, c'est donc là je fais partie des groupes de parents
25:31 d'élèves et notamment on a un groupe WhatsApp avec les parents.
25:35 Et là, à l'entrée de l'hiver, il y a des virus comme chaque année, comme depuis
25:41 la nuit des temps, les enfants qui sont malades.
25:44 Et là on a encore des parents, donc là sur le groupe, qui nous ont dit "j'ai fait tester
25:50 mon enfant, il a 38 de fièvre, on les a fait tester contre le Covid".
25:55 Et là, donc là à la rentrée, on est encore reparti avec des parents qui font tester leurs
26:00 enfants.
26:01 - Et votre question c'était quoi?
26:06 - Alors ma question c'est quelle attitude on peut avoir face à des parents qui continuent
26:10 à faire tester leurs enfants alors qu'on est quand même à presque 4 ans du Covid.
26:17 Et je me dis mais qu'est-ce qui se passe dans la tête des gens pour continuer à faire
26:22 ça?
26:23 Les enfants ont été traumatisés, tout le monde est au courant, tout le monde le sait
26:27 maintenant qu'il y a eu des gros dégâts psychologiques sur les enfants.
26:30 Mais il y a encore des parents qui continuent à mettre des masques.
26:34 En fait ils ne sont pas sortis du tout.
26:37 - Marie-Estelle?
26:38 - Et du coup moi en tant que parent d'élèves, en tant que maman, qu'est-ce qu'on peut leur
26:45 dire pour essayer de leur donner une histoire?
26:47 - Je pense que vous pouvez avoir un discours de l'apaisement et leur dire que vous êtes
26:53 responsable de vos enfants et donc bien évidemment que vous faites comme vous l'entendez pour
26:59 vos enfants.
27:00 Maintenant je crois important que dans l'école les enfants ne soient pas exposés à nouveau
27:06 à des discours anxiogènes, qu'ils puissent se concentrer sur les apprentissages.
27:09 Vous faites ce que vous voulez avec votre enfant.
27:11 Par contre essayez de ne pas trop diffuser cette peur auprès des autres enfants.
27:15 Puis vous vous concentrez sur l'éducation.
27:17 On n'est responsable que de ses enfants, on n'est pas responsable de l'éducation et des
27:21 choix et chacun peut se tromper, chacun se trompe, vous faites tous des erreurs.
27:25 Donc votre enfant, vous faites votre travail de filtre et de tampon avec lui, qu'il ne
27:30 soit pas contaminé par la peur.
27:32 Et puis moi j'ai un élève dans la classe de mon fils l'année dernière qui faisait
27:36 le signe de croix parce que mon fils n'avait pas le masque en dehors du collège.
27:39 Écoutez, il fait le signe de croix, je souhaite à cet enfant un jour de pouvoir prendre du
27:46 recul par rapport à ce qui lui a été dit mais je ne suis pas sa maman.
27:50 Donc faites au mieux pour votre enfant en filtrant, en lui disant que finalement toutes
27:55 les opinions, tous les positionnements sur le curseur existent et si jamais ses parents
27:59 deviennent intrusifs avec les enfants des autres, alors là vous posez une limite, vous
28:02 dites "attendez, vous faites ce que vous voulez avec votre enfant, maintenant les enfants
28:04 des autres..."
28:05 - Vous n'allez pas imposer...
28:06 - Jusqu'à nouvel ordre, vous permettez mais je suis sa mère et donc c'est moi qui suis
28:09 détenteuse de l'autorité parentale, donc c'est moi qui décide si je vais faire tester
28:12 ou non mon enfant.
28:13 - Merci Myriam, nous avons Emmanuel au 0826 300 300.
28:18 Bonjour Emmanuel.
28:19 - Bonjour Emmanuel.
28:20 - Bonjour André, bonjour Madame Dupont, merci pour tout ce que vous avez pu faire durant
28:24 ces mois, voire presque ces années, maintenant ça passe tellement vite, et bonjour à toute
28:27 l'équipe.
28:28 Moi je suis quand même assez surpris de voir tout ce qui se passe sur les enfants puisque
28:33 c'est votre domaine, les adultes aussi mais bon normalement ils ont un peu plus de recul.
28:37 Entre les traumatismes qu'ils ont vécu pendant le Covid et ce qu'on leur fait vivre aujourd'hui
28:40 avec la pseudo éducation sexuelle, qui pour moi n'en est pas une, comment arrêter ce
28:45 massacre ? Parce que franchement on en arrive à avoir des enfants complètement flippés,
28:50 qui ne se construisent plus en rien.
28:52 Vous parliez de l'autorité parentale, mais les lois qui sont passées aujourd'hui, notamment
28:56 sur l'éducation à la maison etc, sont de plus en plus coercitives.
28:59 - Mais c'est le sujet de mon livre.
29:01 - Tout à fait.
29:02 - C'est vraiment l'objet du livre, de dire qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui en tant que
29:05 parents, parce que moi j'ai aussi trois enfants, avec une autorité parentale qui est réduite
29:08 et il n'y aura pas de miracle.
29:10 C'est-à-dire que globalement la bureaucratie va capter de plus en plus d'espace dans l'intime.
29:14 - Comme toutes les dictatures, ils ont mis la main sur les enfants le plus tôt possible.
29:17 Moi j'ai des enfants qui sont en âge d'être parents, parce que je l'étais à leur âge.
29:21 Je peux vous dire que même là, alors que j'en rêve d'avoir des petits enfants et ma
29:24 femme aussi, j'en suis à me dire "pas tout de suite".
29:27 Mais même moi je me dis "pas tout de suite".
29:30 Quand je vois ce qu'on va leur faire subir entre l'école, l'apprentissage, les 11 vaccins,
29:36 j'ai dit "mais qu'est-ce qu'on fait de nos gosses ?" Et effectivement quand on en fait
29:41 des gens qui sont complètement déracinés, sans famille, sans culture, sans religion,
29:45 sans tout ça, on en fait des ilots et puis après on en fait ce qu'on veut surtout.
29:48 - Mais oui c'est la société ultra progressiste.
29:51 - Vous prenez une copie, excusez-moi je finis là-dessus très rapidement parce que j'ai
29:54 mis le temps à se terminer, mais vous prenez une copie d'un certificat d'études des années
29:57 50, je peux vous garantir que vous n'avez même pas un bachelier sur 100 qui fait la
30:01 même, ne serait-ce qu'en termes de calligraphie, de faute d'orthographe et de savoir...
30:05 - Je ne sais pas si c'est à ce point mais effectivement le problème est posé, c'est
30:09 vrai.
30:10 Marie-Estelle.
30:11 - Oui, mais justement c'est partant de ce constat que j'ai écrit ce livre parce que
30:13 je me suis dit "moi je ne peux pas être que une lanceuse d'alerte à un moment donné,
30:17 maintenant il faut que je donne des clés aussi de par mon métier parce qu'en fait
30:20 si nous on se décourage, c'est foutu.
30:22 En fait ils n'ont que nous les enfants.
30:24 Donc il ne faut pas qu'on se décourage, il faut qu'on garde une espérance et l'espérance
30:27 elle passe effectivement par ce moment de constat un peu catastrophé où on dit "ok
30:31 on est dans une démocratie qui n'a plus de démocratie que le nom puisque de toute façon
30:35 il n'y a plus de souveraineté d'un peuple pensant, il y a des organismes supranationaux
30:39 qui décident qu'il faut parler de fellation à des petites filles de 4 ans.
30:42 Donc comment on fait ? Alors mettre les enfants dans des écoles privées ce n'est pas toujours
30:47 la solution à tout et en plus on n'a pas toujours les moyens financiers.
30:49 Donc comment on fait ?
30:50 - Mais même l'école à la maison elle est de plus en plus difficile à faire.
30:55 - Bien sûr.
30:56 - Avant c'était une déclaration, aujourd'hui c'est une autorisation qui est obtenue une
31:00 fois sur 50.
31:01 - Bien sûr puisque l'État...
31:02 - Donc il y a bien une volonté derrière.
31:04 - Non mais là on est d'accord là-dessus.
31:06 - Mais bien sûr que c'est l'idéologie progressiste de toute l'Union Européenne, c'est ce que
31:11 j'explique dans le livre finalement, d'arracher l'homme à ses scories trop humaines et de
31:16 le redéfinir selon des principes transhumanistes.
31:18 Et bien nous en tant que parents on doit y mettre beaucoup d'énergie et lutter pas à
31:22 pas et pied à pied chaque jour pour donner à nos enfants ce dont il a besoin et je rappelle
31:26 ce que c'est que la fonction parentale et comment on peut mettre ça en place dès le
31:29 plus jeune âge pour aider l'enfant en fait à se construire à l'intérieur de son corps
31:34 et à faire la part aussi entre l'adaptation et la soumission.
31:39 - Donc c'est un combat quotidien des parents, c'est ce que vous dites.
31:41 - En fait je crois que si on regarde les choses, si on s'oblige à regarder les choses positivement,
31:45 finalement ce qu'on a appris de cette crise c'est qu'on ne pouvait plus se permettre d'être
31:49 paresseux et que finalement le métier de parent est le métier le plus difficile au monde
31:53 parce que c'est celui pour lequel il n'y a pas de formation et vous êtes sur le pont
31:56 7 jours sur 7, mais qu'en fait on va vraiment devoir se retrousser les manches parce que
31:59 là on ne peut pas faire confiance au monde extérieur.
32:01 C'est pas possible.
32:03 Leurs besoins ne sont pas respectés par les décisions qui sont prises aujourd'hui à
32:06 mon sens dans beaucoup de domaines et donc nous les parents, il y a des domaines sur
32:10 lesquels on est impuissant, mais il y a quand même des domaines où on a une vraie action
32:14 si déjà on fait tout ce qu'on peut, c'est beaucoup mieux que si on ne le fait pas et
32:18 c'est toute la deuxième partie du livre où je donne beaucoup d'éléments là-dessus.
32:21 - Merci Emmanuel.
32:22 - Merci pour votre combat.
32:25 - On va se retrouver dans un instant sur Sud Radio avec Marie-Estelle Dupont et avec vous
32:30 au 0826 300 300.
32:31 A tout de suite.
32:32 Dernière ligne droite dans ce Face à Face avec Marie-Estelle Dupont et puis nous avons
32:36 Philippe qui nous appelle depuis Vincennes en région parisienne.
32:39 Bonjour Philippe.
32:40 - Bonjour Philippe.
32:41 - Bonjour.
32:42 - Oui très bien.
32:43 On vous entend.
32:44 Allez-y Philippe.
32:45 - Merci pour cette émission très intéressante.
32:48 Je voulais savoir si la rébellion des enfants était identique ou supérieure, égale à
32:54 celle de leurs parents et dans quelle mesure cette rébellion dépend de leurs parents
32:57 eux-mêmes qui, comme la personne qui présente l'a dit, sont eux-mêmes encore soumis à
33:02 s'enquêter.
33:03 Parce qu'il me semblait qu'il y avait aussi une enquête récente qui indique que les enfants
33:08 ou les ados, je ne sais plus de quel proche d'âge est allé s'allister, auraient retrouvé
33:12 un mode de vie similaire à ce qui était le leur avant le Covid.
33:17 - Ah oui, qu'ils ont recouvré effectivement, que ça a été surmonté.
33:22 D'accord.
33:23 - Oui, alors pas chez les adolescents.
33:24 Chez les adolescents, on reste avec un niveau de troubles alimentaires et d'addiction plus
33:28 élevé qu'avant.
33:29 Ça les a vraiment fait replonger notamment sur les écrans.
33:32 Mais pour la résilience des enfants, en fait un enfant c'est une personne et d'une personne
33:38 à l'autre la résilience est variable.
33:40 Donc il y a des enfants plus résilients que d'autres.
33:43 C'est lié à des éléments cognitifs, à des éléments de sensibilité.
33:47 Mais c'est vrai que c'est lié aussi aux parents.
33:49 C'est-à-dire qu'il y a des enfants chez qui les parents ont donné un cadre bienveillant,
33:54 une sécurité intérieure sur le plan affectif qui permet à l'enfant d'avoir une confiance
33:58 en lui, qui va pouvoir mieux absorber les chocs et avoir des ressources affectives pour
34:02 se relever.
34:03 Et puis il y a des enfants dont les parents sont très dissociés, ont eu même eu du mal
34:09 à être pendant la crise dans l'empathie vis-à-vis de leur enfant et se sont suradaptés
34:13 aux consignes du monde extérieur.
34:14 Et pour ces enfants, il a fallu plutôt, c'est pas de la résilience en fait, c'est plutôt
34:19 de la suradaptation.
34:20 C'est-à-dire que ce sont des enfants qui ne posent aucun problème, qui ne font pas
34:22 de vagues, parce que de toute façon s'ils sont en détresse, personne ne va être secourable.
34:26 Et on fait passer ça pour la résilience.
34:28 Mais là c'est là que je dis attention.
34:29 Parfois chez un enfant, ce qu'on croit être de la résilience, en fait c'est de la suradaptation.
34:33 Il est en train d'épuiser ses ressources et plus tard il va nous faire une dépression
34:36 blanche.
34:37 C'est-à-dire qu'il n'aura pas de symptômes, il ne pleurera pas mais il n'aura envie de
34:39 rien.
34:40 Et donc c'est à ça qu'il faut rester vigilant.
34:42 Mais après il y a des enfants qui sont extraordinairement résilients.
34:45 Parfois on a été maltraités, on garde sa joie de vivre.
34:47 Et puis il y a des enfants qui sont plus fragiles que d'autres.
34:50 Et quand on a une fratrie, on le voit.
34:51 Même quand on a des jumeaux, on le voit.
34:53 Ils n'ont pas tous les mêmes ressources.
34:54 Il y a aussi une part d'inné, une mystère chez l'être humain.
34:56 Heureusement.
34:57 Heureusement, aucun enfant ne ressemble à un autre, effectivement.
35:00 Merci.
35:01 Merci Philippe pour votre appel.
35:02 On accueille Cécile depuis Angers.
35:04 Bonjour Cécile.
35:05 Bonjour Cécile.
35:06 Oui bonjour.
35:07 Bonjour André, bonjour Estelle.
35:08 Je voulais déjà vous remercier pour la qualité de votre travail.
35:12 C'est très précieux de vous avoir.
35:15 Merci beaucoup.
35:16 Je vous en prie.
35:17 Moi je voulais vous témoigner.
35:18 Je suis infirmière et je travaille dans une école spécialisée pour des enfants handicapés.
35:25 Et pendant la période du Covid et du confinement, on a fait le choix de ne pas mettre de masque
35:32 aux enfants parce que c'est déjà la question du sens.
35:35 Quel sens ça prend pour eux de mettre un masque ? Et puis la question de leur faire
35:41 porter ce masque.
35:42 De toute façon, ils ont aussi des troubles de l'oralité avec beaucoup de bavage.
35:46 Donc finalement sur un plan infectieux, je pense que ça aurait été même encore pire.
35:50 Au final, les enfants ont été très peu malades.
35:57 Beaucoup moins que certains de mon entourage.
36:02 Voilà, je voulais juste apporter cette émission.
36:05 Oui, oui, intéressant témoignage.
36:06 J'avais entendu des médecins dire justement que l'année dernière, la recrudescence
36:08 de bronchiolite était liée à une sorte de rattrapage.
36:11 C'est-à-dire qu'il y avait eu tellement peu d'exposition des petits à un environnement
36:14 normal de microbes que finalement, dans un environnement trop aseptisé, l'enfant ne
36:18 fait pas ses défenses immunitaires et que ça pouvait expliquer justement qu'après
36:21 il y a des espèces de pics de virus chez les enfants à l'entrée de l'automne.
36:25 Donc votre bon sens a certainement évité à ces enfants d'attraper toutes les cochonneries
36:29 qui traînaient après.
36:30 Bravo en tout cas.
36:32 Et puis bravo d'avoir respecté leur dignité parce que pour les enfants handicapés, moi
36:35 j'avais eu le cas d'une petite fille trisomique qui ne comprenait pas en fait.
36:39 Et on sentait qu'elle le vivait vraiment comme une brimade très très humiliante.
36:42 Ce n'était pas élaborable en fait pour eux et je crois que ce n'est pas la peine de rajouter
36:46 du traumatisme sur des épreuves de cette ampleur.
36:49 Oui, vous voulez ajouter quelque chose ?
36:53 Non, non, non, c'est tout.
36:54 Merci beaucoup.
36:55 Eh bien merci, merci de votre témoignage en tout cas.
36:57 Merci à vous.
36:58 Au revoir.
36:59 Au revoir.
37:00 Marie-Estelle, justement on arrive un peu en fin d'émission, le temps passe vite.
37:04 Mais je voudrais au fond, dans votre livre, il n'y a pas effectivement aucun parent
37:10 ne ressemble à un autre comme aucun enfant ne ressemble à un autre et heureusement.
37:15 Mais ce qui se dégage de votre livre est un peu une des lignes rouges, c'est de dire
37:21 aussi, comptez sur vous-même et ne vous, j'allais dire, ne vous couchez pas, ne vous
37:27 soumettez pas à une doxa, à une pensée qu'on essaie de vous présenter comme la pensée
37:33 du bien.
37:34 Voilà, le bien il est là, le mal il est là et on vous somme un peu, on vous somme,
37:39 ce n'est pas la police à 6h20, on vous somme de vous comporter comme on vous le dit le
37:44 soir à 20h à la télévision, monsieur santé, monsieur etc.
37:48 Bien sûr, mais ce qui caractérise notre condition d'homme, c'est quand même qu'on
37:51 pense et je trouve que l'homme contemporain est souvent marqué par une régression vers
37:57 une pensée très binaire où en fait on fait l'économie de pensée, parfois on en a confort
38:02 ou faute de temps et on se repose sur des choses extrêmement caricaturales et notre
38:08 premier rôle de parent, je crois, c'est de penser et de parler, c'est-à-dire de mettre
38:13 toutes les nuances du sens, redonner du vocabulaire aux enfants et du symbolique et leur dire
38:18 que par exemple un effort, ce n'est pas la même chose qu'un sacrifice, rien que ça
38:21 vous crée une immunité psychique chez l'enfant qui sera moins manipulable.
38:24 Voilà, effort n'est pas sacrifice.
38:27 Merci Marie-Estelle Dupont.
38:28 Merci beaucoup Marie-Estelle Dupont d'avoir été avec nous.
38:30 On rappelle ce livre "Être parent en temps de crise, comment restaurer l'équilibre
38:34 psychique de nos enfants".
38:35 Ça sort demain et c'est publié aux éditions Guy, Très Daniel.

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