• il y a 2 ans
Samedi 23 septembre 2023, PLACE AUX FLAMMES reçoit Kay Bourgine (Coach en prise de parole, storytelling et chant improvisé)

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Transcription
00:00 Chanteuse, elle met aujourd'hui tous ses dons au service des organisations.
00:10 Elle aide l'entreprise à respirer, à écouter et à vibrer.
00:17 Elle a travaillé avec les plus grands, Bobby McFerrin, Ryan, entre autres,
00:22 et suivi les cours de la Bill Evans Academy.
00:24 Elle est franco-américaine, vous allez l'entendre, sa voix est musique.
00:30 Kay Bourgine, un grand merci.
00:32 Merci d'avoir accepté notre invitation, ma chère Kay.
00:35 Bon alors, explique-nous comment tu en es venue à l'improvisation.
00:39 Dans ma formation de chanteuse jazz, on apprenait à improviser le scat.
00:44 On apprenait à suivre une grille d'accords.
00:47 On peut expliquer le scat pour ceux qui ne connaissent pas ?
00:49 Oui, c'est improviser mais sur une grille d'accords, sur les accords, la base de la chanson qu'on chante.
00:57 Et normalement, on chante le thème une fois, on improvise soi-même,
01:01 les instrumentistes improvisent et on reprend le thème.
01:05 Et je n'arrivais jamais à me sentir à l'aise là-dedans.
01:12 J'ai appris à le faire, mais de temps en temps, dans mes premiers cours de jazz,
01:17 on improvisait plus librement.
01:20 Et chaque fois qu'on faisait ça, je me disais "Ah, ça c'est génial !"
01:25 Et puis complètement par hasard, j'ai reçu une invitation à un stage
01:29 avec une Canadienne, Chantal Gosselin,
01:32 d'improvisation vocale plus libre, dans l'esprit de Bobby McFerrin.
01:36 Et je me souviendrai toujours, le premier jour, je la regardais faire,
01:40 je la regardais animer le stage, nous dire comment faire, nous donner des jeux, des exercices.
01:46 Et je me suis dit "Non seulement je vais faire ce qu'elle fait,
01:51 je vais être libre comme elle, je vais chanter ce qui me passe par la tête,
01:55 je vais chanter comme je respire, mais je vais faire ce qu'elle fait."
02:00 Parce que tout de suite, c'est-à-dire enseigner et transmettre,
02:04 tout de suite j'ai vu le potentiel de cet art de l'improvisation.
02:10 Je me suis sentie libre, enfin au début, pas tant que ça,
02:15 mais je voyais la possibilité de me sentir libre.
02:19 Parce qu'en fait, une anecdote, dans les cours de jazz,
02:23 quand on était assis en cercle et qu'on faisait du scat à tour de rôle,
02:28 deux personnes avant moi, je faisais "Haaaaa, Haaa, Haaa, Haaa, Haaa"
02:34 et quand c'était mon tour de chanter, il n'y avait plus rien qui sortait.
02:37 - Ah oui, tu étais asphyxiée, en apnée. - Pétrifiée.
02:40 - Ah oui. - Et j'avais vraiment envie de vaincre ça,
02:43 j'avais envie de prendre du plaisir dans l'improvisation
02:45 et je voyais ce que ça pouvait m'apporter dans ma vie.
02:50 J'ai tout de suite vu, dans ce premier jour avec Chantal Gosselin.
02:54 J'ai fait ce stage avec elle, j'en ai fait un deuxième,
02:57 elle m'a parlé de Bobby McFerrin, je suis allée voir sur Internet
03:02 et j'ai trouvé un stage à New York,
03:05 exactement au moment où je devais être à New York avec mon plus jeune fils.
03:10 J'ai eu une assez belle histoire sur ma première fois,
03:15 mon premier stage avec Bobby McFerrin,
03:17 parce que je n'avais jamais créé un circle song moi-même.
03:22 J'avais fait ces deux stages avec Chantal,
03:24 où j'avais commencé à apprendre comment on improvise librement,
03:27 comment on trouve…
03:29 pas comment on trouve, parce qu'on a tous des milliers de chants en nous.
03:33 Rhiannon dit justement, "Ne cherchez pas à l'intérieur de vous,
03:38 juste prenez un truc, parce qu'on a tous des milliers de mélodies en nous."
03:43 Et j'ai pu cette première année ne passer que deux jours.
03:46 Et le deuxième soir, quand je savais que j'allais partir le lendemain,
03:51 mon fils était avec moi,
03:52 et ça faisait deux jours que je lui envoyais des SMS,
03:55 je lui disais "Lucas, viens écouter, c'est trop génial, tu vas adorer."
03:59 Et il me disait "Je ne peux pas, je joue au basket, je ne peux pas, je nage, je ne peux pas, etc."
04:05 Et ce deuxième soir, je suis assise par terre, comme ça,
04:09 avec une envie d'y aller, mais pétrifiée.
04:12 Il y a une femme assise à côté de moi, que j'aimerais pour toujours,
04:18 parce qu'elle m'a regardée, elle m'a dit "Go for it."
04:21 Je l'ai regardée, je lui ai dit "Really?"
04:27 Et elle m'a dit "Yeah!"
04:29 So, je me suis levée, j'ai couru, je me suis mise au milieu du cercle,
04:33 Bobby McFerrin m'a tendu le micro avant que je sache ce que j'étais en train de faire.
04:38 Et là, panique totale.
04:42 Je me suis dit "Oh my God, maintenant je fais quoi?"
04:47 Mais j'étais suffisamment habituée de la scène,
04:51 pour savoir, même en tant que chanteuse, que quand on parle, ça détend,
04:55 l'énergie, on peut s'ancrer, l'énergie baisse.
05:01 So, j'ai dit à haute voix "Oh my God, this is so intimidating."
05:06 "Oh mon Dieu, qu'est-ce que c'est intimidant d'être dans un cercle de chanteurs
05:11 qui venaient de partout, qui étaient bien plus expérimentés que moi."
05:15 So, je me suis mise à chanter, et pour la première fois de ma vie,
05:20 j'ai contacté, je me suis connectée à quelque chose au-dessus, en-dessous,
05:25 une énergie qui me traversait, j'ai créé une première partie,
05:29 deuxième, troisième, les altos, les ténors, les basses, les sopranes,
05:34 les deuxième soprane, parce que chez Bobby, il y a toujours les cinq pupitres.
05:39 J'ai terminé mon cercle, j'ai rendu le micro à Bobby,
05:44 et Bobby m'a regardé dans les yeux, il m'a fait un baisement,
05:49 et il m'a dit "Thank you, that was beautiful."
05:52 Magnifique.
05:54 Ça m'a vraiment changé la vie.
06:00 Je me suis dit "Wow, en fait, je peux le faire."
06:04 Et pour l'histoire personnelle, ce jour-là,
06:09 mon fils, qui ne venait pas écouter ce qu'on faisait,
06:13 il était venu, il avait monté la colline juste avant que je me lève,
06:18 il était à la fenêtre, il n'osait pas rentrer,
06:21 mais il écoutait à la fenêtre, il m'a entendu dire "Oh my God, this is so intimidating."
06:26 Et il a enregistré sur son téléphone.
06:28 Non seulement mon fils était là, témoin de ce moment de changement de vie,
06:32 mais je l'ai, je peux l'écouter quand je le souhaite.
06:36 Formidable. Merci, Kei, deux choses.
06:37 D'abord, je voudrais inviter tous ceux qui vont regarder ce sujet et cette flamme
06:42 d'aller sur YouTube en particulier pour aller voir les vidéos de Bobby McFerrin.
06:48 Vous pourrez voir en image ce que vient d'évoquer Kei,
06:51 c'est absolument extraordinaire.
06:52 Et je vous recommande un concert à Leipzig
06:55 pour un anniversaire sur Jean-Sébastien Bach, où il siffle,
06:58 il improvise avec notre ami Jacques Lussier, le trio de Jacques Lussier.
07:03 Je voudrais aussi dire combien ce que tu viens d'évoquer, Kei,
07:07 et peut-être l'échange qu'on a aujourd'hui, est très important pour tous ceux
07:11 qui vont écouter et qui sont pétrifiés dans l'idée de prendre la parole en public.
07:16 Le monde de l'entreprise est rempli de stress concernant ces prises de parole,
07:22 que ce soit dans les petites réunions, que ce soit dans des amphithéâtres,
07:25 que ce soit dans des conventions.
07:26 Ce don de la parole n'est pas donné à tout le monde.
07:29 Et je pense que c'est très important que tu puisses faire part de ton expérience,
07:32 peut-être lever des freins, peut-être proposer tes services d'ailleurs,
07:35 parce qu'aujourd'hui, tu en fais ton métier.
07:38 Et j'ai assisté à certaines de tes prestations.
07:40 C'est absolument extraordinaire.
07:42 Et je pense que je voudrais insister sur l'idée que c'est accessible à tout le monde,
07:45 parce qu'on pense que seuls des êtres d'exception sont capables d'improviser.
07:51 Kate Jarret disait que l'improvisation ne s'improvise pas, mais elle s'apprend.
07:55 Et je pense que c'est peut-être ce que tu fais.
07:57 Absolument.
07:58 Ma chère Kate, tu connais la règle de flamme, c'est qu'il y a quatre chapitres.
08:02 Et donc, je te propose qu'on commence par le premier, le chapitre de ce que tu as reçu.
08:07 Quelle est la flamme ? Qui t'a transmis la flamme dans le parcours que tu viens d'évoquer ?
08:12 Alors, je dirais, j'ai réfléchi un peu et déjà ma mère française, parce que je suis franco-américaine,
08:19 ma mère française qui m'a amenée dans des musées toute ma vie, qui m'a donné le goût de la lecture
08:27 et qui m'a fait faire des cours de danse à partir de l'âge de cinq ans
08:32 et des cours de violoncelle toute mon enfance et mon adolescence.
08:35 J'ai vraiment… et j'ai un souvenir, quand j'avais cinq ans et mon frère quatre,
08:43 mes parents nous ont amenés voir Maya Plisetskaya danser le Lactesigna.
08:48 Et c'est ce jour-là que j'ai décidé que je serais danseuse.
08:51 Le souvenir de Maya Plisetskaya, ça m'a transversée, ça m'a bouleversée.
08:58 Et puis aussi mon père américain, alors d'origine lituanienne, qui m'a fait deux cadeaux
09:06 qui ont changé ma vie aussi.
09:07 Quand j'avais… pour mes 13 ans, il m'a amenée à New York pour le week-end, juste lui et moi,
09:13 en avion, on a pris l'avion tous les deux, on est allés à l'hôtel et il m'a amenée voir le spectacle Hair.
09:20 Et je crois que c'était ma première commune musicale et là je me suis dit,
09:24 « Ah, ça c'est ce que je veux faire ! »
09:27 Et quand quelques années plus tard, je suis partie à la fac à New York,
09:30 parce que je suis allée à Barnard College, Columbia University à New York,
09:35 il m'a donné un cadeau, il m'a dit, « Voici ton cadeau pour les quatre années,
09:39 pour tous les anniversaires, tous les Noëls. »
09:41 Et j'étais comme, « Quoi ? À ça ? »
09:45 Il m'a donné un numéro de téléphone et je lui ai dit, « Mais, qu'est-ce que c'est ? »
09:50 Et c'était le numéro de téléphone d'un agent pour avoir deux places tous les mois pour ce que je voulais.
09:56 C'est génial comme idée.
09:57 C'est incroyable.
09:59 On va tout expliquer cette idée.
10:01 C'était une idée de génie.
10:03 Je suis allée voir New York City Ballet, American Ballet Theater,
10:07 des communes musicales, des pièces de théâtre, des concerts, c'était incroyable.
10:11 Magnifique.
10:12 Voilà ce que mes parents m'ont apporté.
10:16 Et puis en fait, mes deux grands-mères étaient artistes.
10:18 Ma grand-mère américaine, son premier boulot avant de se marier,
10:22 c'était d'improviser au piano dans les silent movies, dans les films muets.
10:27 C'est ce qu'elle faisait jeune.
10:29 Et puis ma grand-mère française, c'était peintre.
10:32 Et si je suis parisienne depuis 40 ans, c'est grâce à elle.
10:36 Parce que je voulais… je l'admirais beaucoup, je voulais lui ressembler.
10:40 Très bien.
10:41 Alors, passons à la flamme dont tu voudrais te servir pour éclairer une cause,
10:47 des sujets que tu voudrais partager avec nous.
10:52 Étant franco-américaine et me sentant toujours différente quand j'étais enfant,
10:58 je suis l'aînée de ma famille et je portais des robes que mes cousines françaises
11:05 nous envoyaient, des petites robes en coton à smock.
11:08 En liberté ?
11:09 Complètement.
11:10 Quand tous les copains et copines étaient en jean.
11:14 Et j'avais des oranges comme dessert quand tous les copains et copines avaient des ringdings
11:20 et devildogs.
11:21 À l'époque, c'est ce que les petits Américains mangeaient.
11:24 Alors, je me suis toujours sentie… et je n'avais pas le droit à la télé non plus.
11:28 Je n'avais pas le droit de regarder la télé.
11:29 C'était symbale ça.
11:31 Non, mais sauf que quand les enfants, pendant les récrés, quand ils parlent de la télé,
11:36 je ne savais pas de quoi ils parlaient.
11:37 Ça a commencé comme ça.
11:39 Puis j'ai une scoliose très prononcée.
11:42 J'essaye de ne plus dire très grave parce que je pense que les paroles portent quelque
11:48 chose et influencent.
11:49 Très prononcée et j'ai porté un corset horrible quand j'avais 12-13 ans.
11:56 J'ai beaucoup souffert de ma différence, de la différence que je percevais.
12:01 Et je dirais que « belonging » et mon « why », l'appartenance et ce qui m'importe.
12:08 Je suis très sensible à l'exclusion, à tout le rejet que certaines personnes ressentent
12:18 dans la société.
12:19 Vraiment, ce que j'essaye de créer et ce qui est le plus important pour moi, c'est
12:23 un espace de bienveillance, un « safe space » où les gens peuvent se sentir libres de
12:30 se rendre vulnérables, d'essayer des choses, parfois d'être ridicules et de vaincre
12:37 toutes ces peurs.
12:38 Est-ce que ce sont des choses que tu rencontres lors de tes stages, par exemple ? Ce regard
12:43 de différence ou est-ce que c'est un point de vigilance que tu as lorsque tu animes tes
12:48 stages puisque par définition tu as des personnes venant de toutes origines, de tout horizon.
12:52 Comment y parviens-tu ?
12:54 Je pense que c'est en partie mon positionnement.
12:58 D'ailleurs, une des choses que je fais en ce moment, je suis trainer et coach pour les
13:03 professeurs de HEC en prise de parole en public, media training, c'est dire face aux journalistes,
13:09 et puis storytelling.
13:11 Une des choses que j'essaie d'aborder avec eux, c'est comment on se présente justement
13:20 quand on est en position de « pouvoir » quand on est professeur, quand on est facilitateur,
13:27 ce que je suis ou quand on est coach.
13:29 La semaine dernière, il y a un des profs de HEC qui m'a dit que ça a changé sa vie
13:38 de voir comment je me présentais en travaillant avec eux.
13:41 Le fait que je me rends vulnérable et que je ne me présente pas en grande chanteuse
13:49 et coach incroyablement expérimenté, mais que je leur fais part de mes doutes, de mes
13:55 échecs, etc., il s'est dit « non mais pourquoi je ne fais pas pareil ? » et ça a complètement
14:01 transformé son attitude envers ses élèves.
14:05 Je pense que ça, c'est vraiment une chose qui met les gens à l'aise.
14:11 Souvent quand j'anime des ateliers en chant, je ne fais pas forcément tout bien.
14:19 Je fais des choses drôles.
14:22 Même quand j'enseigne la prise de parole en public, je raconte des histoires drôles
14:28 de ma vie.
14:29 Je joue le jeu.
14:31 Je montre des émotions fortes.
14:35 Je fais des grimaces.
14:36 Je fais beaucoup de grimaces.
14:38 J'imagine que j'en fais là.
14:39 Réfléchis à une anecdote.
14:41 Quand on a préparé cet entretien, tu m'as raconté l'anecdote d'une jeune femme
14:47 qui était en situation de blocage.
14:49 Je voudrais que tu la racontes parce que je pense qu'il y a beaucoup de gens qui
14:53 sont en situation de blocage par rapport à ces exercices qui ressemblent un peu aux alcooliques
14:57 anonymes.
14:58 On se dit « mais ça va être terrible, je vais être jugé, je vais être évalué,
15:01 comme tu le disais tout à l'heure, peu concernant, je n'y arriverai jamais.
15:05 » Peut-être peux-tu raconter ?
15:06 Oui, absolument.
15:07 Parce qu'on n'est pas du tout jugé ni évalué.
15:10 En fait, j'animais un assez grand groupe d'une quarantaine de personnes dans une
15:16 entreprise.
15:17 En plus, j'étais sur des béquilles.
15:19 J'avais eu un accident, je m'étais blessée l'hanche, j'étais sur des béquilles,
15:24 ce qui n'était pas évident.
15:25 J'avais une session d'une heure et demie, au bout d'à peu près une demi-heure,
15:31 j'ai fait un exercice où à tour de rôle, les gens se lèvent et ils créent un petit
15:36 pattern, chanter, parler, bruiter.
15:39 Je leur explique, vous pouvez chanter, vous pouvez parler, dire « oh là là, qu'est-ce
15:45 qu'il fait beau », ou vous pouvez faire « krrr, ti-ti-ti, krrr, ti-ti-ti », n'importe
15:51 quoi.
15:52 Et à peu près cinq personnes, je pense, après le début, une jeune femme se lève,
15:58 elle fait « j'en reviens pas à ce qu'on me demande de faire ça, j'en reviens pas
16:03 à ce qu'on me demande de faire ça, j'en reviens pas à ce qu'on me demande de faire
16:07 ça ». C'était son pattern.
16:10 Alors moi, il y a quelques années, je pense que j'aurais pu être tétanisée ou furieuse
16:17 en me disant « non, surtout en me disant, mais qu'est-ce que je fais maintenant ? Oh
16:23 my God, elle va tout foutre en l'air, c'est pas possible, je fais quoi avec ça ? ». Mais
16:31 là, j'ai appris que l'impro, c'est de l'impro et je lui ai dit « waouh, génial,
16:36 j'adore vous exprimer, next ! ». Et je suis passée au suivant.
16:40 Alors, cette jeune femme a dû continuer à faire ça pendant que tous les autres s'intégraient
16:47 au groupe.
16:48 Et puis, on a fait nos parties en bougeant, chaque petit groupe a bougé en chantant son
16:57 morceau et à la fin de la session, une heure plus tard, c'est la première personne qui
17:02 est venue me voir et qui m'a remerciée, qui m'a dit « merci, j'avais vraiment
17:07 pas envie d'être là ». Je lui ai dit « ben oui, je m'en suis aperçue ».
17:10 Elle l'a d'ailleurs dit ?
17:11 Ouais, ouais, ouais, ça, je l'ai vue.
17:14 Et elle m'a dit « merci, je me suis connectée à quelque chose que je ne soupçonnais pas,
17:21 une créativité que je ne pensais pas », parce qu'après, elle avait fait autre chose,
17:25 elle n'était pas restée dans cet esprit.
17:26 Sur Jean-René Vianfant, qu'on me demande de faire ça.
17:28 Elle n'était pas restée dans cet esprit pour l'heure d'après.
17:31 Et elle me dit « je ne savais pas que je pouvais être créative, que je pouvais inventer
17:37 des patterns mélodiques ». Et elle me dit « j'ai vu mes collègues sous un angle
17:42 complètement nouveau, j'ai découvert des facettes de leur personnalité que je ne soupçonnais
17:48 pas et j'ai senti vraiment une cohésion.
17:52 En fait, c'était tous les dire-coms internationaux d'une entreprise et certains ne se connaissaient
17:59 pas.
18:00 Alors là, ils se sont découverts en s'amusant, en faisant quelque chose de nouveau, en découvrant
18:05 quelque chose tous ensemble.
18:07 C'était super efficace.
18:09 Et puis, l'anecdote de cette jeune femme, c'était trop drôle.
18:12 Alors, pour ceux qui sont intéressés par les mécanismes créatifs, on peut recommander
18:16 la lecture d'un livre qui s'appelle « Le déclic créatif » du pianiste de jazz
18:20 Yaron Herman, qui est un des seuls musiciens qui a pris la peine d'écrire pour expliquer
18:25 qu'il était basketeur de haut niveau, il a eu un accident à l'âge de 16 ans et
18:30 il s'est mis au piano, il a commencé le piano à 16 ans.
18:33 Il est devenu un artiste de réputation internationale et il a pris la peine d'écrire les ressorts
18:40 de la créativité.
18:41 Et il reprend la phrase que tu viens de prononcer qui est « tout le monde peut être créatif
18:46 » et tout le monde peut s'y mettre et il suffit juste de faire un pas.
18:52 Passons au troisième chapitre, si tu veux bien, qui est la flamme qui réchauffe, les
18:55 raisons d'espérer, les raisons d'être joyeux et de s'enthousiasmer, vu par Kay
19:02 Borgin.
19:03 Pour moi, le travail d'improvisation, en fait, j'utilise l'improvisation comme
19:07 le Feldenkrais dans tout ce que je fais, que ce soit dans le coaching de prise de parole
19:11 en public, media training, storytelling.
19:13 Tout est basé là-dessus parce que pour moi c'est vraiment la source.
19:21 Tout le monde improvise.
19:23 Là, cette conversation, on est en train de l'improviser.
19:26 Tout être humain improvise toute la journée en fait et on ne s'en rend pas compte.
19:32 Mais on n'écrit pas le chemin qu'on va prendre d'aller d'un point à l'autre,
19:37 on n'écrit pas nos conversations avant de les avoir.
19:39 En fait, l'impro est essentiel et plus on est à l'aise avec l'improvisation,
19:48 moins on en a peur, plus on est libre, plus on est authentique.
19:52 Et plus on est authentique, pour moi, plus on est dans la joie, dans la découverte de
19:58 chaque instant, dans la curiosité.
20:00 Est-ce que tu es en train de dire, Kay, que peut-être grâce à l'improvisation, on
20:05 est armé face à l'imprévu ?
20:06 Absolument.
20:07 Finalement, la vie n'est faite que d'imprévus.
20:10 Complètement.
20:11 Et que si on cherche à tout anticiper, tout prévoir, on est très désarmé en réalité.
20:16 Et donc l'improvisation donne cette arme formidable qui est de pouvoir réagir à tout
20:21 imprévu, l'imprévu quotidien.
20:25 C'est ça, de ne pas en avoir peur parce que tout le monde réagit tout le temps, mais
20:29 souvent on en a peur.
20:30 Et pour moi, l'impro est un art de l'instant et de l'instinct.
20:35 Et plus on le travaille, plus on apprend à se faire confiance et savoir qu'on va
20:40 retomber sur ses pieds, qu'on va trouver une solution, qu'on va être réactif.
20:47 J'ai noté que justement, quand on travaille l'improvisation, on apprend à se laisser
20:56 être vu tel que l'on est et on devient plus accessible et plus authentique.
21:02 C'est ça dont le prof dont je parlais tout à l'heure m'a parlé, parce que quand
21:07 on se présente tel que l'on est, sans essayer d'être génial, etc., on devient
21:14 plus accessible pour les autres et plus authentique.
21:16 Personnellement, je préfère plus de messages directs, pas abrupts, mais clairs et simples.
21:27 Et en entreprise, dans les réunions, si les gens posaient une idée clairement, c'est
21:33 ce qui se passe dans les certains champs justement, on apprend à dire une chose clairement pour
21:38 que ce soit entendu par tout le monde et pour que ça puisse être repris par ceux qui le
21:43 souhaitent par exemple.
21:44 En faisant ça, on apprend à la faire clairement parce que sinon personne ne reprend.
21:50 Et on apprend aussi à lâcher son idée si quelqu'un d'autre propose autre chose
21:55 qui fonctionne mieux.
21:56 C'est-à-dire qu'il n'y a pas tous ces dangers.
21:59 Pour moi, c'est ce qui compte dans les interactions, dans la collaboration, la cohésion.
22:06 Quand les gens s'expriment clairement, osent s'exprimer clairement, osent dire réellement
22:12 ce qu'ils pensent, l'entreprise pour moi fonctionnerait mieux.
22:16 Formidable.
22:17 On a besoin d'une cure de simplicité.
22:20 Moi, je viens du monde du spectacle et j'essaie d'apprendre aux gens qui travaillent dans
22:25 les entreprises comment fluidifier leurs interactions, comment collaborer de façon plus fluide,
22:34 comment s'écouter mieux.
22:35 L'écoute est essentielle et souvent on n'écoute pas les gens autour de nous.
22:41 Souvent on ne s'écoute pas nous-mêmes.
22:44 Cela nous fait une transition pour le quatrième chapitre qui est cette flamme que tu souhaites
22:50 transmettre.
22:51 On a déjà beaucoup parlé, mais peut-être en guise de conclusion, avant que tu nous
22:56 fasses un petit exercice d'improvisation, je ne sais pas si on dit comme ça, mais qu'est-ce
23:01 que tu aimerais transmettre ?
23:02 Ce que l'on vient de dire, c'est-à-dire que je suis passionnée de la transmission
23:12 de ce safe space, de cet espace bienveillant où les gens peuvent lâcher prise, découvrir
23:18 des nouvelles façons d'être plus libres, se rendre compte de leur propre créativité.
23:23 Mais tout ce que je fais, quoi que j'enseigne, cela passe par ça, par le corps, par les
23:29 connexions.
23:30 On voit quoi ? Notre voix, c'est notre expression de soi, c'est l'instrument le plus ancien.
23:40 Toi qui es pianiste, la voix c'est l'instrument le plus ancien, le plus connecté à nous-mêmes.
23:48 En plus, c'est un instrument collectif qu'on peut partager aussi, dans les différentes
23:53 formations.
23:54 C'est ça qui est formidable, c'est très simple.
23:56 Oui, c'est ça.
23:57 Et puis, ce que je fais justement avec les circle songs, c'est créer des œuvres chorales,
24:02 spontanées, en meulant nos voix.
24:04 Je me souviens, quand j'ai commencé à le faire, ce dont je parlais tout à l'heure
24:08 dans les cours de jazz, les rares fois où on improvisait plus librement, la sensation
24:14 que j'avais, c'était que je versais ma voix dans le fleuve des autres voix.
24:19 C'est beau comme image.
24:20 Et ça, c'est vraiment une image qui m'est restée, c'est ce que je ressens aujourd'hui
24:25 quand je suis dans un groupe et que je crée un circle song, une œuvre chorale spontanée.
24:30 C'est se glisser dans le courant.
24:31 La tradition de Flamme, c'est que l'invité a le dernier mot et a une carte blanche.
24:38 Donc, voilà, nous te laissons cette carte blanche, peut-être pour improviser, peut-être
24:43 pour nous lire un poème, peut-être pour chanter.
24:46 Nous sommes à ton écoute.
24:48 Tu veux chanter avec moi ?
24:49 Je ne suis pas sûr.
24:50 Non ?
24:51 Vas-y.
24:52 OK.
24:53 Tu veux me rejoindre ?
25:18 Tu peux garder ça, Léo.
25:42 Ça va pas ?
25:49 Si, si, si.
25:50 C'est pas bon ?
25:51 J'ai une idée.
25:52 Si, si, si.
25:53 Ah bon.
25:54 Regarde le "tomate".
26:20 Tomate, tomate, tomate.
26:39 Nice, I like that.
26:40 Nice.
26:41 Nice.
26:42 Nice.
26:43 Nice.
26:43 [Sonnerie]
26:45 [SILENCE]

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