Dans son édito du 20/09/2023, Mathieu Bock-Côté revient sur la statue d'une femme en hijab, qui sera inaugurée près de Birmingham, au Royaume-Uni, le mois prochain.
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00:00 ces dernières années, la mode était à la destruction des statues, au déboulonnage
00:03 des statues. On nous expliquait que c'était nécessaire. On nous disait même faut-il
00:07 ériger des statues sur le fond des choses parce que celui qu'on admire aujourd'hui
00:10 sera nécessairement critiqué demain. Ne devrions-nous pas souhaiter un espace public
00:15 vide? On déboulonnait pas seulement des vrais méchants. On déboulonnait par exemple Churchill.
00:20 On a tagué, comme on dit, sa statue en Grande-Bretagne.
00:23 - Et regardez, si vous permettez, l'image du renversement de la statue de Colston. C'était
00:29 le sceptre à l'évent, justement. - Oui, bien sûr. Mais Colston, comme je dis,
00:32 c'est le méchant de service. Mais il ne faut pas oublier qu'on s'en est pris à Churchill.
00:35 Donc Churchill devait tomber. Et ceux qui se portaient à la défense de la statue de
00:39 Churchill étaient présentés comme des militants d'extrême droite, évidemment. C'est amusant
00:42 ça. Alors quoi qu'il en soit, une société ne vit jamais dans un ordre symbolique neutre.
00:47 Et quand on fait tomber quelque chose, c'est pour ériger quelque chose d'autre. Et cette
00:51 statue, elle est érigée aujourd'hui dans un territoire, ça vaut la peine de le dire,
00:55 la BBC nous le rappelle, un territoire à forte population musulmane. Ce qui nous rappelle
00:59 que la démographie fait l'histoire. Et on pourrait appeler ça le mot « marquer son
01:03 territoire », planter une statue à la manière d'un geste de conquête. Je m'explique,
01:09 cette statue a pour nom la force du hijab. Est-ce que ça représente une femme en particulier
01:15 qui porterait le hijab, une femme exceptionnelle? Non, non, c'est une femme qui porte le hijab
01:20 de manière générique. Donc c'est la femme en hijab, en elle-même, au-delà de son visage
01:24 particulier, qu'elle tend d'ailleurs à ne pas toujours montrer, la femme en hijab devient
01:28 un symbole, et c'est une statue, je précise, d'une tonne et de cinq mètres. C'est pas
01:33 un détail. C'est une statue monumentale qui a pour fonction d'imposer une présence
01:40 indiscutable et conquérante. Alors, qui a commandé cette statue? C'est une association
01:46 de mise en valeur de la diversité issue de l'après-guerre, globalement une association
01:50 gauche multiculti, ce multiculturaliste. Ce qui nous rappelle qu'il y a une alliance
01:54 naturelle entre la gauche multiculturaliste qui déconstruit tout et qui met de l'avant
01:58 un doigt la différence, dont s'en parlent les islamistes pour dire reconnaissez notre
02:02 différence, et notre différence c'est la femme voilée. La femme voilée qu'on veut
02:06 transformer en statue, et tous vous devrez vous incliner devant cette statue, parce que
02:10 c'est le symbole de notre reconnaissance. Ce que dit d'ailleurs le sculpteur Luke Perry,
02:16 nous dit la force de cette statue, elle représente une femme qui porte le hijab, ça représente
02:22 la foi islamique et c'est une part de notre identité britannique qui est sous-représentée
02:27 dans l'espace public. Donc nous devons assurer la représentation de cette part de notre identité
02:32 britannique dans l'espace public qui est la femme voilée. Donc ça correspond, ajoute-t-il,
02:37 à un désir et une nécessité de visibilité des musulmans en Grande-Bretagne et avec cette
02:43 statue qui, je le dis, est une manière de marquer son territoire, en parlant de ça
02:48 au territoire conquis. On sait désormais où est-ce qu'on met les pieds lorsqu'il
02:51 y a une telle statue de 5 mètres et d'une tonne qui vous accueille. Eh bien c'est une
02:54 manière de dire voilà où vous entrez aujourd'hui. C'est assez fascinant. J'ajoute une chose,
03:00 c'est une manière aussi de publiciser la conquête d'un territoire par l'islamisme,
03:04 parce qu'on s'entend, on le répète souvent ici, mais qu'elle est la plus grande victoire
03:08 des islamistes, c'est de prétendre être les seuls à définir la représentation légitime
03:11 de l'islam. Et qu'est-ce qu'on voit aujourd'hui en Grande-Bretagne? Les islamistes sont parvenus
03:15 à s'emparer d'une partie de l'espace public.
03:18 Pour vous, ce n'est pas simplement une statue?
03:20 Ah bien certainement pas. D'autant, il faut avoir une forme, je dirais, de vision plus
03:24 large de la chose.
03:25 C'est-à-dire que pour vous, ce n'est pas un événement isolé parce qu'on dit que
03:28 c'est la première.
03:29 Non mais justement, c'est la première, donc ça marque un avant et un après. Vous
03:32 avez tout à fait raison. C'est la première, donc il y en aura d'autres ensuite. Parce
03:35 que quand on décide de marquer publiquement l'espace public, par définition marquer
03:39 publiquement la société, l'idée c'est qu'il y a des suites.
03:42 Qu'est-ce qu'on a vu à New York tout récemment? On en a parlé ici. Rappelez-vous de l'appel
03:47 à la prière des musulmans qui est désormais on n'a plus affaire de demande spéciale.
03:50 C'est un appel à la prière parmi d'autres, normalisation des codes culturels de l'islam
03:55 dans l'espace public new-yorkais.
03:57 Bon, il y a ça. Prenez les publicités de l'Union européenne où on voit de plus en
04:02 plus souvent des femmes en hijab. Quel est l'enjeu encore une fois? C'est de normaliser
04:07 le hijab, c'est de faire en sorte que ce soit un symbole parmi d'autres. Vous portez
04:10 un croc-top, vous portez un t-shirt, vous portez une cravate, vous portez un hijab,
04:13 c'est un vêtement comme un autre. Mais en même temps, nous savons que ce n'est pas
04:16 un vêtement comme un autre parce que c'est un vêtement qui se présente à nous non
04:18 pas comme une variété de mode, mais comme un symbole extérieur qui veut s'imposer
04:23 et qui nous rappelle que l'islam en Occident cherche moins à prendre les codes de l'Occident
04:26 qu'à imposer les siens au mode occidental. Ça correspond à l'analysation de l'alimentation
04:32 de plus en plus. Alors ça marque ça dans la vie ordinaire.
04:35 Donc cette statue en Grande-Bretagne, je présenterais ça comme un geste néocolonial. Le néocolonialisme,
04:42 il existe aujourd'hui. Il fut un temps où l'Occident se déployait à travers le monde
04:45 pour imposer ce symbole. On est aujourd'hui à l'ère du grand reflux de l'Occident
04:48 et ses propres frontières. Et un certain islam conquérant décide de marquer voilà,
04:54 nous sommes désormais chez nous ici. Cette statue est le symbole de notre conquête et
04:57 de notre puissance. Et vous, les locaux, je vous invite à la célébrer, célébrer notre
05:02 arrivée, notre puissance. On en parlait l'autre fois, ils arrivent pour reprendre la formule
05:07 de Jean Raspail, nous parlons évidemment des islamistes.
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