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Mardi 29 août 2023, ART ET MARCHÉ reçoit Chloë Collin (commissaire-priseur, Pierre Bergé & Associés)

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00:00 - Bonjour Chloé Collin. - Bonjour Stéphane.
00:06 - Merci beaucoup d'être avec nous. Alors vous êtes commissaire priseur chez Pierre Berger et Associés.
00:10 - C'est ça. - Et vous êtes aussi l'une des plus jeunes commissaires priseurs de France.
00:14 - Oui. - Est-ce que vous pouvez nous dire déjà comment est-ce qu'est née cette envie de faire ce métier ? D'où ça vient ?
00:21 - Alors en fait c'est venu assez tard finalement. J'ai toujours su que je voulais travailler dans l'art.
00:27 J'ai grandi en Bretagne, loin de l'art, dans une ferme avec trois frères, pas du tout dans le milieu de l'art.
00:36 Et en fait j'ai toujours eu cette... On a une sensibilité, de toute façon on le sent quand on est petit.
00:42 J'avais une sensibilité pour ça et puis en grandissant j'ai découvert un peu la profession par hasard en me baladant.
00:50 - Vous vous souvenez du moment où... - Ouais en fait je me souviens, je me baladais sur le marché des Lys parce que j'habitais près de Rennes.
00:56 Et quand j'ai vu Maître Gézékel orchestrer une vente, j'ai trouvé ça incroyable. C'était une femme, elle orchestrait la vente vraiment comme une chef d'orchestre avec plein de gens dans la salle.
01:06 Elle donnait envie aux gens je trouve d'acheter mais aussi de s'intéresser aux objets.
01:11 Et quand j'ai vu ça, vu que j'ai fait le conservatoire de théâtre en Bretagne, je trouvais que ça embrassait à la fois le côté théâtral...
01:19 - Le niveau de passion. - Le côté artistique, ouais.
01:21 Et puis c'est le fait que, aussi je me rappelle qu'elle prenait le temps de parler aux gens et je trouve que...
01:27 Je me rappelle Maître Diamant, en fait c'est une profession qui n'est pas que centrée sur les objets mais qui est aussi centrée sur l'humain et je trouvais ça intéressant.
01:35 Et après, voilà, j'ai fait l'estage.
01:38 - Justement, est-ce que vous pouvez nous dire quel est le parcours pour atteindre ce métier ?
01:41 - Alors le parcours, en fait, il y en a un qui est vraiment classique, qui est obligatoire.
01:47 C'est le fait de faire une licence d'histoire de l'art et une licence de droit.
01:51 Et après, moi j'ai commencé par d'abord l'histoire de l'art.
01:56 Ensuite j'ai fait un mémoire sur l'art urbain, l'institutionnalisation de l'art urbain, de la rue à la galerie jusqu'au musée.
02:05 Et puis à Nanterre. Et puis ensuite j'ai fait mon droit à Nanterre aussi.
02:09 Et ensuite j'ai passé le concours de commissaire-présoire.
02:13 - Donc ça c'est un concours obligatoire pour ensuite...
02:15 - C'est ça. Il faut une licence de droit et une licence d'histoire de l'art obligatoires.
02:20 - OK. Et vous qui avez du coup encore les yeux frais sur ce secteur,
02:25 est-ce que vous avez été confrontée à des choses où vous vous êtes dit "ça, ça ne parle pas à ma génération,
02:31 il faudrait que j'apporte peut-être ma touche et ce qui pourrait permettre aussi à attirer les plus jeunes pour faire ce métier".
02:40 - Par rapport au métier ?
02:42 - Oui. - En fait, moi j'aurais adoré qu'on m'en parle quand j'étais au lycée.
02:48 C'est un métier que finalement j'ai découvert plus tard, vers 20 ans, j'étais déjà en histoire de l'art à la fac,
02:53 en lettres classiques, parce que du coup j'ai fait une licence de lettres classiques en parallèle de la licence d'histoire de l'art,
02:58 parce que je ne savais pas vraiment que ça existait ce métier.
03:02 Et du coup je me suis dit "mais j'aurais adoré, je pense qu'on m'explique ça quand j'étais au lycée,
03:07 qu'il y a ce métier qui existe et tout".
03:09 - Et puis j'ai vu Galeries Réalisation du métier en fait.
03:11 - Voilà, c'est ça. Et du coup je me suis dit quand j'ai été commissaire-préseur
03:14 "bon ben je vais en parler à tous ces jeunes qui souhaitent arriver dans le milieu des études après le bac".
03:25 Et en fait, tous les gens qui m'écrivent ou qui me posent des questions par rapport au métier,
03:31 c'est beaucoup de lycéens qui découvrent la profession en traînant sur les réseaux,
03:36 des choses comme ça, qui voient certaines vidéos.
03:38 Et ça a été le but principal, c'était de rendre ça plus accessible
03:44 et de démocratiser un peu cette profession.
03:48 - Oui, parce que c'est vrai que vous communiquez beaucoup sur les réseaux sociaux.
03:52 Est-ce que vous voyez un impact que ça permet de toucher la jeune génération ?
03:56 - Ben, je ne sais pas si ça a un gros impact, mais en tous les cas...
04:01 - En tout cas les gens qui réagissent avec vous, c'est des personnes qui sont jeunes et qui sont intéressées.
04:05 - Voilà, et même s'ils ne souhaitent pas, exactement.
04:07 En fait, il y a plusieurs types de personnes qui regardent,
04:10 mais même si ce sont des gens qui ne veulent pas forcément passer les concours de commissaire-présent,
04:14 ou même devenir commissaire-présent, ce sont des gens qui sont intéressés par le milieu,
04:18 parce que c'est vraiment un univers à part entière.
04:21 C'est un monde, c'est assez féerique.
04:24 Il y a plein d'objets, il y a des histoires, des histoires de famille,
04:29 même des histoires avec un grand H, des histoires de notre pays,
04:33 parfois même des histoires dans des histoires.
04:35 Donc, c'est des gens aussi, je pense, qui sont curieux et qui s'intéressent au métier.
04:40 Donc, ça touche plusieurs personnes, en fait.
04:43 - Est-ce que vous pouvez nous dire rapidement quel est votre quotidien, s'il y en a un ?
04:47 Et comment vous faites vos expertises,
04:49 parce que vous devez avoir un panel d'objets différents que vous voyez tous les jours.
04:54 - Oui, il n'y a pas forcément de journée type,
04:57 mais ça dépend si on va, par exemple, faire des inventaires,
05:02 donc on va chez une personne, souvent c'est suite à des décès,
05:06 donc c'est dans le cadre d'une succession.
05:08 Et dans ces cas-là, on rentre chez les héritiers
05:11 et on inventorie tout ce qu'il y a dans la maison du défunt.
05:15 Et donc, ça, c'est une journée type, par exemple.
05:18 Et ensuite, d'ailleurs, on peut vendre aux enchères ce qu'il y a dans la maison.
05:23 On peut, par exemple, faire des journées d'expertise.
05:26 Donc, on ouvre l'étude au grand public
05:29 et puis les gens viennent faire expertise avec des objets.
05:32 On peut avoir des réunions avec des notaires.
05:34 On peut avoir, enfin, vraiment...
05:36 Et puis, bien évidemment, la vente aux enchères,
05:38 avec le petit marteau... - Quel moment théâtral !
05:40 - Quel moment très théâtral, exactement,
05:42 mais quelque part, chacun a son marteau.
05:45 Voilà, là, il est custom, avec le petit lacin glinglin,
05:48 et puis un peu de galucha, et je voulais un petit marteau un peu art déco.
05:53 Mais en fait, la fameuse vente aux enchères,
05:58 c'est un moment qui est assez court, finalement,
06:02 dans la semaine d'un commissaire-présor,
06:04 puisque c'est l'aboutissement de tout un long travail
06:08 qui est souvent fait entre l'objet, les gens, l'expertise,
06:12 pour après taper au marteau.
06:14 Mais finalement, on pense que commissaire-présor,
06:16 il ne fait que ça, mais pas du tout, vraiment.
06:18 - Et vous, vous êtes du coup chez FAUV, la maison de vente aux enchères.
06:20 Vous passez chez Pierre Berger, associé.
06:22 FAUV, c'est quand même une maison de vente aux enchères
06:24 qui est réputée assez innovante.
06:27 Est-ce qu'il y a des aspects de cette maison de vente aux enchères
06:30 que vous aimez bien et que vous pensez que c'est dans ce sens-là
06:33 que va aller le métier d'un commissaire-présor ?
06:37 - Alors, je pense que c'est un métier
06:39 où il y aura toujours plein de façons de l'exercer.
06:42 Je pense que c'est un métier où c'est un concours qui est difficile,
06:47 c'est un métier qui est historique,
06:49 qui vraiment embrasse des générations et des générations
06:53 et où on est un peu les gardiens du temps et des histoires.
06:57 Donc, de fait, c'est un métier qui doit garder, je pense, son aura.
07:03 - Et un socle. - Oui, tout à fait.
07:05 Le marteau. Il y a des traditions à garder.
07:08 Mais on peut y apporter un peu de modernité.
07:11 Et je pense que FAUV l'a très, très bien fait.
07:14 C'est une maison de vente vraiment jeune
07:16 qui a décidé d'encanailler un peu les enchères,
07:19 de les dépoussiérer et d'y apporter un vent de fraîcheur.
07:22 Ils l'ont très bien fait et je suis vraiment très contente
07:25 d'avoir été stagiaire et d'avoir fait mon premier coup de marteau là-bas.
07:30 - Très heureux. - Oui, vraiment.
07:32 - Et pour ça, pourquoi, par exemple, ces aspects plus innovants, plus actuels ?
07:35 - Par exemple, de faire des ventes toutes les semaines,
07:38 de bien communiquer sur les réseaux sociaux,
07:42 d'apporter aussi ce côté « tout le monde peut en chérir »,
07:50 « venez en basket, on n'est pas obligés d'être en costard »,
07:54 « on peut être branchés un peu ».
07:56 - Un peu moins poussiéreux. - Un peu moins poussiéreux, voilà.
07:58 Et du coup, c'est ça que j'espère aussi,
08:01 cette dimension assez… un mix entre la Saint-Glenglen,
08:05 qui est mon compte un peu, disons, avec le petit côté magique des enchères,
08:10 tout en apportant ce petit vent de fraîcheur que j'ai appris chez Fauve.
08:13 Donc voilà, c'est ça que j'apporterai chez Pierre Berger.
08:16 - Oui, vous allez aussi créer tout le département graffiti,
08:19 alors il nous reste une minute pour répondre à ça,
08:21 mais mettre de l'innovation dans le métier, c'est aussi passer par
08:25 apporter une visibilité sur des mouvements artistiques contemporains.
08:29 - Voilà, et du coup, quand je vais arriver en tant que directrice du département art contemporain
08:35 et création du pôle graffiti chez Pierre Berger début septembre,
08:39 ça va être dans cette idée de mettre en lumière des nouveaux aspects,
08:44 finalement, de l'art qui marche aujourd'hui.
08:47 C'est des aspects du marché de l'art qui sont assez importants,
08:50 puisque le graffiti commence vraiment à avoir son importance au sein du marché de l'art.
08:54 Il n'est plus considéré comme vandal et comme un art mis dans l'ombre.
09:00 Et donc, c'est aussi cette volonté de dépoussiérer les enchères,
09:04 mais tout en montrant des nouveaux aspects de l'art contemporain,
09:07 en fait, en étant à jour avec ce qui se passe aujourd'hui dans le marché de l'art.
09:10 - Tout à fait. Merci beaucoup, Chloé Collin.
09:12 Alors, je rappelle, vous êtes désormais commissaire-préserve chez Pierre Berger et associée.
09:17 Merci beaucoup de nous avoir suivis.
09:19 Et bien entendu, vous allez pouvoir retrouver ce numéro en replay sur Bismarck.
09:23 Et je vous retrouve la semaine prochaine pour un nouveau numéro de Darré Marché.
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