NÎMES - Gérald Darmanin est l'invité de RTL Matin

  • l’année dernière
Après les deux décès, d'un enfant de 10 ans et d'un adolescent de 18 ans, survenus à Nîmes en un peu plus de 48 heures, le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer répond aux questions de Amandine Bégot et fait le point sur la rentrée politique du gouvernement.
Regardez L'invité de RTL du 25 août 2023 avec Amandine Bégot.

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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL Matin
00:06 7h37 sur RTL. Bonjour Gérald Darmanin. Bonjour. Merci d'être sur RTL ce matin ici en studio avec nous, Monsieur le ministre de l'Intérieur,
00:16 d'avoir choisi RTL pour prendre la parole. On a plein plein de questions à vous poser.
00:20 Nîmes d'abord. Vous avez annoncé hier l'envoi du RAID dans le quartier de Pissevins. C'est là que Fayette, ce petit garçon de 10 ans,
00:28 10 ans seulement je le rappelle, a été abattu lundi soir. Hier c'est un homme de 18 ans qui a été tué par balle lui aussi.
00:34 Ça fait donc deux morts en moins de trois jours.
00:37 Gérald Darmanin, le RAID, ça va suffire ?
00:40 Alors d'abord il y a
00:43 remettre du calme dans un quartier où les habitants légitimement veulent vivre sans vivre avec les dealers, sans connaître le drame absolu
00:51 d'avoir un gamin de 10 ans qui meurt parce qu'il prend une balle dans la nuque. Je vais évidemment adresser à sa famille
00:58 maîtresse un sacre d'honneur. Je les ai eus au
01:00 téléphone. Ils sont évidemment bien sûr anéantis par ce qui s'est passé.
01:05 Une fois qu'on a rétabli l'ordre public, ce qui est le cas,
01:08 puisque non seulement il y a eu le RAID, mais aussi
01:11 deux unités de CRS qui sont aujourd'hui à Nîmes, dans ce quartier, il faut trouver les auteurs
01:16 de ces crimes affreux. Et je peux vous dire que la police judiciaire
01:19 a déjà un certain nombre d'interpellations.
01:22 Il y a eu des interpellations
01:24 dans l'enquête sur la mort de Fayette ?
01:26 Je ne rentre pas dans les détails de l'enquête. Il y a eu des interpellations
01:28 puisque beaucoup de moyens ont été mis. J'ai envoyé 15 officiers de police judiciaire supplémentaires des IR à Nîmes
01:34 puisque ces crimes ne peuvent pas rester impunis. Et puis ensuite il y a à démanteler les trafics de drogue, comme nous le faisons
01:40 partout sur le territoire national. Et il est vrai que à Marseille et à Nîmes, qui est un peu l'arrière-pays marseillais, il faut le voir aussi
01:47 comme ça, le trafic de drogue est très enquisté. Il rapporte beaucoup d'argent. Un point de deal c'est entre 60 000 et 100 000 euros d'argent.
01:54 Par jour ? Oui, liquide et pas déclaré. Avec ça, évidemment, on finance beaucoup de choses.
01:59 Pas simplement des voitures de luxe pour les dealers. On finance le terrorisme, on finance le proxénétisme, on finance l'exploitation des êtres humains. La drogue
02:06 c'est un écosystème évidemment de l'ensemble de la délinquance. Et pour lutter contre cette délinquance
02:11 de la drogue qui pourrit la vie de nos quartiers, qui tue des jeunes,
02:14 il faut beaucoup de moyens. Ce que nous mettons, et donc non, le RAID ne suffira pas.
02:18 Le RAID est sur place là, à l'heure où on se parle ?
02:20 Le RAID est sur place depuis hier. Il commet des opérations.
02:22 J'ai demandé à cinq chiens anti-drogue d'être présents et de quadriller
02:26 les quartiers avec des officiers de pays judiciaires pour rentrer dans les appartements.
02:29 Il y a une réponse... C'est pas juste de l'intimidation. L'idée c'est d'interpeller.
02:34 Il y a les deux. Il y a le mot de montrer que c'est l'autorité de l'État qui l'emporte.
02:37 C'est pas l'autorité des dealers. Et que par ailleurs, en effet, il faut trouver les auteurs de ces crimes ignobles.
02:44 Je vous ai posé la question "est-ce que le RAID va suffire ?" parce que c'est la question que se pose beaucoup d'habitants. On les entend
02:49 depuis mardi matin, ces habitants du quartier de Pissevins.
02:53 Et ils nous disent "ce sont les dealers qui font la loi dans ce quartier, c'est un ghetto".
02:59 Et hier on a vu un jeune homme de 18 ans
03:04 abattu alors même que la CRS 8 avait été déployée. On a l'impression que c'est Afrique en drogue. Finalement ils n'ont plus peur
03:10 ni de rien ni de personne.
03:12 Alors moi j'ai
03:14 été élu d'une ville dans des quartiers extrêmement populaires, Tourcoing, où il y avait des trafics de drogue. Il y en a toujours évidemment, je ne veux pas
03:21 être naïf. Et je sais ce que vivent les habitants du quartier populaire qui ont l'impression, et parfois qui ont raison,
03:26 de voir que les trafiquants de drogue c'est eux qui font les contrôles d'identité, c'est eux qui empêchent madame de rentrer chez elle, c'est eux qui
03:32 prennent les gamins de 12-13 ans, qui les pervertissent en leur donnant de l'argent pour pouvoir faire le choufre.
03:37 - Mais certains
03:38 n'autorisent même plus leurs enfants à sortir pour aller au parc par exemple.
03:40 - Et c'est eux, et c'est ces habitants du quartier populaire là qui ont besoin de la police en premier.
03:44 Donc moi je les comprends, et je veux leur dire que le combat est difficile, mais que l'autorité de l'état est singulièrement
03:49 ce que nous souhaitons avec le président de la république,
03:52 c'est l'éradication de ce trafic. Et dans tous les quartiers, nous arrivons dans beaucoup de quartiers, il y a des quartiers où encore c'est difficile,
03:57 le travail des ministères de l'intérieur c'est sans cesse refaire la mer,
04:00 et on ne lâchera pas. Les policiers seront présents, il y a eu 40% de policiers de plus à Nîmes depuis cinq ans.
04:05 S'il faut mettre davantage, on mettra davantage, je vais en parler tout à l'heure avec eux et avec les élus. Mais ce que je veux
04:10 vous dire, c'est que à Nîmes l'année dernière c'est trois tonnes de cannabis. - Trois fois plus ?
04:14 - Il faut bien voir ce que c'est dans le département du Gard, il y a eu trois tonnes de cannabis saisies en une année.
04:19 - C'est trois fois plus qu'il y a quatre ans ? - Eh oui, il y a eu plus de 150 interpellations de trafic en drogue dans un département.
04:24 Et nous avons, et c'est pour cela qu'il y a parfois malheureusement des règlements de comptes, nous mettons fin à des trafics
04:30 extrêmement rémunérateurs, qui évidemment font naître de la part des voyous, puisque ils y jouent leur vie, et leur vie évidemment de voyous,
04:39 des réponses, qu'elles soient des réponses contre les policiers. Je rappelle que monsieur Masson, ce policier a été assassiné par des trafics en drogue,
04:46 même si évidemment le jugement n'est pas terminé,
04:48 et pas loin de là dans le Vaucluse.
04:51 Donc parfois ils s'empruntent à des policiers de trafic en drogue, et puis ils s'empruntent évidemment qu'on le voit à Marseille ou à Nîmes
04:55 en règlement de comptes. - Mais je ne dis pas que... - Si vous ne voulez pas de problème,
04:58 il ne faut pas envoyer de policiers. Pendant très longtemps l'État a fermé les yeux et n'a pas envoyé de policiers dans ses quartiers.
05:03 Désormais il y a des policiers, il y a des magistrats, il y a des interpellations, il y a des saisies.
05:06 Nous empêchons le trafic de drogue de prospérer, comme c'est le cas aux Pays-Bas,
05:09 comme c'est le cas en Belgique. - Mais je ne dis pas que la police, le gouvernement, ne fait rien, vous le dites, 40% d'effectifs en plus.
05:14 - Mais c'est vrai que c'est difficile, mais c'est vrai que c'est difficile.
05:17 Et tous les matins, tous les soirs, je peux vous dire, commissaires à l'intérieur, nous sommes motivés, nous sommes extrêmement motivés pour rendre à ces habitants
05:24 l'autorité républicaine
05:25 contre l'autorité des dealers. - Les points de deal, la plupart du temps, en tout cas dans un certain nombre de cas, et ce n'est pas moi qui le dis,
05:30 ce sont les policiers, les syndicats de policiers, ils se déplacent souvent à quelques mètres.
05:35 Les trafics et les règlements de comptes, vous le disiez,
05:37 se multiplient, en tout cas pour les règlements de comptes.
05:40 Est-ce qu'il faut durcir la réponse pénale ? C'est ça la solution ? - Moi, mon travail, c'est d'être ministre de l'intérieur et de mettre des policiers pour
05:45 qu'ils arrêtent des voleurs. Donc c'est déjà assez difficile.
05:47 Comme travail, je peux constater que les magistrats, singularement la procureure de la République ici à Nîmes,
05:54 est une grande aide et d'un grand soutien des forces de police. Donc je ne suis pas là pour
05:58 opposer police et justice. Ce que je suis en revanche en train de vous dire,
06:01 c'est que oui, il y a les points de deal qui se déplacent.
06:04 Mais pardon, mais c'est déjà une première victoire que de faire déménager, de pouvoir faire fuir, il y en a qui disparaissent heureusement,
06:11 des points de deal parce que c'est la police qui reprend le dessus.
06:14 Évidemment, il y a beaucoup de travail. - Sauf que pour le quotidien de ses habitants, ça ne change pas. Que le point de deal soit à tel endroit ou à 100 mètres plus loin, c'est toujours l'enfer.
06:20 - Il y a beaucoup de choses qui changent. À Marseille, il y a des coins extrêmement difficiles et puis il y a des coins qu'on retrouve.
06:24 Moi, je peux vous y amener, la préfète de police peut vous y amener.
06:27 Nous avons mis 300 policiers de plus à Marseille. Il y a des endroits où les gens revivent. Mais partout, nous n'avons pas gagné, c'est vrai.
06:33 Et le travail est très important. Maintenant, quand j'ai été maire, vous savez, quand les gens me disaient "Monsieur le maire, ma rue est sale",
06:38 si je leur disais "Vous savez, elle sera sale dans deux jours,
06:40 il ne faut pas la nettoyer",
06:43 ils m'auraient regardé bizarrement. Vous regarderiez bizarrement votre maire.
06:45 Si vous disiez ça. Oui, la lutte contre la drogue, parce qu'elle est enquistée, parce qu'elle a consommation,
06:50 et que s'il n'y avait pas de consommation, il n'y aurait pas de vendeurs.
06:52 - Il faut durcir le ton à l'égard des consommateurs, vous l'avez fait. - Ils sont en partie responsables de ce qui se passe.
06:57 Le gamin de 10 ans qui meurt, c'est une victime collatérale de la consommation de drogue.
07:02 - Les consommateurs de drogue sont responsables de la mort de Fayenne, en partie.
07:05 - Bien sûr, quand vous fumez du cannabis, vous comprenez, votre travail de coke, ce n'est pas festif. C'est souvent les gens des bons quartiers
07:10 d'ailleurs qui le font. Pas toujours, mais souvent. Mais ça a des conséquences.
07:13 Le trafic de drogue a des conséquences. On exploite des gens partout,
07:17 du Maghreb jusqu'évidemment les quartiers de Marseille ou de Nîmes. Il y a des gens qui sont exploités, il y a des assassinats,
07:24 il y a du proxénétisme, il y a du financement du terrorisme. La consommation de drogue fait naître le trafic.
07:29 Et s'il n'y avait pas de consommation, s'il n'y avait pas de consommateurs, il n'y aurait pas d'offres et donc il n'y aurait pas de trafiquants de drogue.
07:34 - Vous serez à Nîmes, ce matin, vous vous rendez sur place, juste après l'émission, où vous allez annoncer les renforts policiers sur place.
07:44 - Je vais d'abord faire un point, évidemment, avec le nouveau préfet. C'est parce que j'ai pris conscience...
07:47 - Préfet qui a été nommé, pardon je le précise, pour nos auditeurs, la veille, qui est arrivée sur place en tout cas, pardon, la veille
07:53 de la mort du jeune Fayenne. - C'est parce que j'ai pris conscience et que je vais souvent à Nîmes, de la difficulté que connaissaient Nîmois
07:59 et les habitants du Gard en général, que j'ai proposé au président de la République de nommer comme préfet, ce qui n'est jamais arrivé, le patron de la
08:05 police judiciaire.
08:06 Donc, en mettant le patron de la police judiciaire comme préfet de la République à Nîmes,
08:11 nous voulons donner un signal extrêmement fort que, bien sûr, la priorité numéro un dans ce département,
08:15 c'est la sécurité et qu'on va rien lâcher. Et par ailleurs,
08:19 effectivement, je vais annoncer de nouveaux renforts à la demande du président de la République.
08:22 - Nîmes aujourd'hui, dimanche vous serez à Tourcoing, vous organisez une après-midi de réflexion sur les attentes des classes populaires. C'est l'intitulé,
08:30 c'est ce que vous avez expliqué, c'est quoi Gérald Darmanin, l'étape numéro un d'une candidature vers la présidentielle de...
08:36 - J'entends les commentateurs commenter, moi, c'est pas mon... - Il n'y a pas que les commentateurs, il y a un certain nombre
08:42 de personnalités de la majorité, je pense notamment à Stéphane Séjourné, par exemple, ce matin dans l'école du parisien.
08:49 - Moi, je fais de la politique, et la politique, c'est pas être technicien d'un sujet, comme si je ne m'intéressais pas à la vie
08:56 de mon pays,
08:58 aux difficultés des gens. Et par ailleurs,
09:00 dans ma région des Hauts-de-France, où j'ai toujours battu contre le rassemblement national, je les ai battus aux élections
09:05 municipales, j'ai aidé Xavier Bertrand à ma modeste place à battre Marine Le Pen dans une élection qu'elle avait manifestement gagnée d'avance,
09:11 et je ne peux pas voir, et vous ne pouvez pas voir, que
09:15 Madame Le Pen, les populistes, ont de plus en plus d'auras dans toutes les classes sociales, et
09:20 singulièrement chez les gens d'où je viens, où je suis élu, dont je suis issu par ma famille,
09:25 les gens des classes populaires et moyennes, les employés, les ouvriers, les artisans, les
09:30 fonctionnaires, qui, de plus en plus, ne s'en sortent plus.
09:34 Pas parce que le gouvernement n'a rien fait, nous avons fait
09:38 la prive d'activité, le zéro reste à charge, la suppression de la taxe d'habitation, le dénouement des classes, on a fait beaucoup de choses.
09:45 Mais parce que quand ils bossent, ils ont l'impression qu'ils payent tout pour tout le monde, sans être aidés, et que par ailleurs,
09:51 ils ont beau travailler, ils ne peuvent plus partir en vacances, ou très difficilement, contrairement à ce qu'ils faisaient quand ils étaient plus jeunes,
09:57 ils n'ont plus la sécurité
09:59 forcément près de chez eux, donc c'est évidemment une critique également de ce que nous pouvons faire et de ce que je peux faire bien sûr,
10:04 et ils n'ont pas l'impression qu'ils soient capables de donner à leurs enfants non seulement un patrimoine, mais un avenir.
10:09 Donc il faut y réfléchir. Si on ne parle pas des ouvriers, des employés, si on les méprise, j'ai vu que le Parti Socialiste faisait une table ronde
10:15 pour savoir si c'était des beaufs.
10:16 Que ce soit la gauche qui pense quelque chose comme ça, mais c'est extrêmement méprisant, extrêmement méprisant. Donc moi je pense que c'est
10:22 ignorer des débats parisiens, que de parler des ouvriers, des employés,
10:26 je pense que nous devons leur parler davantage,
10:29 comprendre que leurs sentiments sont des choses qui se respectent, et leur dire que nous allons les défendre, et comprendre ce qu'ils vivent.
10:35 Gérald Darmanin, vous le dites assez clairement ce matin, c'est pas forcément votre candidature,
10:41 mais il s'agit de la présidentielle de la prochaine, de 2027.
10:45 Mais il s'agit de la France.
10:47 On peut pas gouverner sans que le peuple, dans ses profondeurs, comme vous le disiez.
10:50 Ce qui m'intéresse c'est 2027, c'est ce que vous avez dit dans l'écolode du Figaro le 14 août.
10:54 Parce que l'objectif, malheureusement de Mme Le Pen, c'est une élection présidentielle. Quand Mme Le Pen serait élue présidente de la République, vous ferez des émissions,
10:59 vous inviterez plein de gens d'octes, qui expliqueront qu'est-ce qu'on n'a pas fait, il y aura deux sociologues et un politique qui...
11:03 C'est pas mon sujet moi, je suis un acteur.
11:05 Donc ce qui m'intéresse, c'est de savoir comment nous parlons davantage aux classes populaires et aux classes moyennes.
11:12 Personne ne peut être aveugle au point, ou alors très très parisien, ou très très déconnecté, pour ne pas voir que le chauffeur de bus,
11:20 l'assistante maternelle, l'auxiliaire de vie, la femme de ménage, le chauffeur routier, le boucher charcutier,
11:26 ils se posent des questions sur nos institutions, l'efficacité de l'État,
11:30 le fait que les patrons ne payent pas assez les salaires, et le fait que nous n'ayons pas assez cette classe populaire et moyenne.
11:35 Donc mon travail d'homme politique,
11:37 c'est de pouvoir dire que nous avons fait beaucoup de choses,
11:40 mais aussi de comprendre ceux qui le vivent et de les défendre.
11:43 Moi je suis élu de Toccoin, je ne suis pas élu du centre de Paris.
11:45 - Vous y pensez à 2027 ?
11:47 - Mais c'est vrai, enfin pardon, c'est des questions de journaliste très intéressantes.
11:50 - Bon, mais Nicolas Sarkozy, il n'est pas journaliste, dans son dernier livre "Le temps des combats", l'ancien président,
11:54 il dit "saura-t-il franchir une autre étape, voire l'étape ultime à propos de vous, celle qui mène à la présidence de la République ?"
11:59 Je lui souhaite, car il a des qualités évidentes.
12:02 - J'ai pris les propos du président Sarkozy comme des signes d'amitié, il me touche.
12:05 Mais mon sujet, vous savez j'ai 40 ans, je suis ministère de l'Intérieur,
12:07 c'est de ne pas voir mon pays sombrer dans autre chose,
12:11 après que le président de la République ait réussi par deux fois à parler à ses classes populaires.
12:15 Parce qu'Emmanuel Macron y a réussi.
12:17 On ne fait pas 30% au premier tour d'une élection présidentielle sans parler aux classes populaires.
12:20 Je dis simplement que la réponse, notre réponse politique globale,
12:24 les LR ils ont fait 4%, ils devraient se poser des questions,
12:26 le Parti Socialiste fait 2%, ils devraient se poser des questions.
12:29 Si on continue à être à Paris, pas proche des gens, pas au milieu d'eux, sans se poser de questions,
12:33 les gens nous regardent bizarrement.
12:35 - Le seul rempart contre Marine Le Pen a dit mercredi soir sur TF1 à Nicolas Sarkozy,
12:39 c'est un candidat capable de rassembler la droite, partie chez Emmanuel Macron,
12:42 et celle qui est dans l'opposition, les LR. Vous en sentez capable, vous ça ?
12:46 - Mais moi je pense que je ne suis pas tout à fait d'accord avec le président Sarkozy sur ce point,
12:49 et qu'il me le pardonne.
12:51 Je pense que le dépassement voulu par le président de la République est la bonne méthode.
12:54 Moi je suis gaulliste. J'ai rejoint le président de la République
12:57 parce qu'il a nommé Edouard Philippe Premier ministre.
12:59 C'était un signe magnifique pour dire "j'ai compris que le pays, c'était pas la droite, la gauche,
13:02 c'était des gens qui se retroussaient les manches, et je pense que c'est très important".
13:06 Donc il ne faut pas retourner à la droite, il ne faut pas retourner à la gauche.
13:08 Il y a plein de gens de gauche à Tourcoing qui votent pour moi,
13:11 heureusement parce que c'est une ville de gauche depuis quasiment toujours.
13:13 - Vous vous sentez même proche de François Ruffin sur certains points en tout cas.
13:15 - Non, je dis que François Ruffin réfléchit.
13:18 Et je trouve que quand... Je ne suis pas d'accord sur plein de choses avec François Ruffin,
13:22 mais il réfléchit. Et d'ailleurs, que dit François Ruffin ?
13:25 Il dit "la question sociale est la plus importante, je pense comme lui".
13:28 - Plus que l'immigration ?
13:30 - Ah, je pense qu'elle est davantage importante que la question identitaire, ça c'est certain.
13:33 Il y a 30% d'ouvriers et d'employés qui sont des immigrés.
13:36 Mes deux grands-pères étaient immigrés.
13:38 Et c'est pas une question identitaire, je me sens très français, je suis mis à l'intérieur de la France.
13:41 Et je pense que tout le monde voit que je suis patriote.
13:43 - C'est sur le social que va se faire la suite ?
13:45 - Non, c'est l'ethnie et la religion. Il y a une question de capacité d'intégration, évidemment.
13:48 Mais pas seulement, c'est la question sociale.
13:50 Donc Ruffin dit "la question sociale est importante".
13:53 Et grosso modo, Mélenchon a tort, ou les filles a tort, de s'en prendre à l'ordre aux flics et à la patrie.
13:59 Ou défendre le communautarisme ou le wokisme.
14:02 Evidemment, il ne le dit pas comme ça, mais c'est ce que ça veut dire, parce qu'il faut parler des ouvriers.
14:05 Et chez moi, dit Ruffin, moi j'ai les mêmes riques rouges.
14:07 Dans la Somme ou à Tourcoing, c'est les mêmes petites maisons, avec les ouvriers et les employés derrière ses portes.
14:12 Et dis-moi, ce que je vois, c'est que les gens vont voter Le Pen.
14:15 Et qu'on se trompe. Et la gauche se trompe.
14:17 Et bien, on ne peut pas ne pas écouter Ruffin.
14:19 Ça ne veut pas dire qu'il faut voter Ruffin.
14:21 Moi, je dis juste qu'il faut désormais prendre en considération l'immense majorité de ces ouvriers et de ces employés
14:26 qui ont l'impression, confus, peut-être vrai, peut-être faux, s'il faut en parler,
14:31 de travailler et de ne jamais être aidés par l'État.
14:35 Ce qui est à la fois faux, j'essaie d'expliquer, nous avons une santé gratuite, nous avons une éducation gratuite,
14:40 mais en même temps, correspond, me semble-t-il, à un malaise profond,
14:44 parce que, par exemple, ils ne sont pas payés à la hauteur de leur salaire.
14:47 - C'est l'une des questions sur lesquelles vous incitez ce matin dans les colonnes de nos confrères de la Voix du Nord.
14:52 Vous demandez que les entreprises fassent un effort sur les salaires.
14:55 Sincèrement, ça fait des mois et des mois que j'entends Bruno Le Maire nous dire "il faut que les entreprises augmentent les salaires".
15:00 Mais bien sûr qu'il a raison, mais ça, il n'y a pas de souci.
15:02 Sauf qu'il ne se passe rien. Comment l'État, le gouvernement, peut aider les entreprises, enfin, pas aider, pousser,
15:06 obliger les entreprises à augmenter les salaires ?
15:08 Les chefs d'entreprise qui nous écoutent, ben, ils font ce qu'ils veulent.
15:10 - D'abord, il y a beaucoup de patrons qui sont, comment on dit, sociaux.
15:13 Moi, dans le Nord, je connais des gens qui sont intéressés à bien payer leurs salariés,
15:17 à faire de l'intéressement, de la participation, voilà, une bonne idée gaulliste que pousse le président de la République.
15:22 - Et comment on peut les inciter, les forcer ?
15:24 - Et puis, il y en a d'autres qui ne regardent que les bénéfices et le profit.
15:27 Moi, je dis à ces patrons-là, ce ne sont pas tous les mêmes, évidemment,
15:30 mais je dis que quelques points de profit ou de bénéfice supplémentaires, ça ne vaut pas le coup,
15:35 si ça veut dire qu'il n'y aura pas de paix sociale.
15:37 Si c'est Mme Le Pen qui est présidente de la République,
15:39 si on n'écoute pas les ouvriers et les employés qui ont besoin de vivre du fruit de leur travail.
15:42 Et aujourd'hui, c'est l'État, et c'est les décisions du président de la République, très courageuses,
15:46 18 milliards d'euros d'argent public qu'a mis sur la table le président de la République
15:50 pour compenser les salaires qui n'étaient pas assez hauts, ce qu'on appelle la crème d'activité.
15:53 Ben, c'est très bien, le président de la République a sauvé les classes populaires et les classes moyennes,
15:57 mais en vrai, c'est au patron de le faire, désormais.
15:59 - Oui, mais juste en disant ça comme ça, ça ne va pas...
16:01 - Mais il faut leur dire, moi, j'ai la chance.
16:02 Il faut faire plus que leur dire, non ?
16:03 - La politique, c'est un peu du rapport de force, d'expliquer que nous faisons des baisses d'impôts, beaucoup,
16:08 et c'est tant mieux parce que le chômage baisse au patronat, il faut qu'il nous accompagne pour le faire.
16:12 - Il ne faut pas du donnant-donnant ?
16:14 - Moi, je ne suis pas ministre des économies et des finances.
16:17 - Mais vous vouliez parler d'autres sujets que ceux d'un ministère d'Intérieur.
16:20 - Non, mais je pense que c'est un sujet énorme.
16:22 Et vous savez, si les gens étaient heureux, vivaient du fruit de leur travail,
16:26 pourraient être propriétaires, il y aurait moins...
16:30 pas du tout, mais il y aurait quand même moins de problèmes, en général, d'intégration, de sécurité.
16:36 Donc, tout se tient.
16:38 La police, c'est les urgentistes, la situation.
16:40 Qui peut croire que le sujet n'est pas à la fois l'éducation nationale, les parents, l'urbanisme, l'immigration, l'économie ?
16:46 Tout est lié, et c'est bien normal, ça s'appelle la politique.
16:48 - Encore un mot sur les classes moyennes.
16:49 Emmanuel Macron avait promis des baisses d'impôts pour ces classes moyennes au mois de mai dernier.
16:53 A priori, ce ne sera pas pour tout de suite, pas pour 2024.
16:55 Rien, Bruno Le Maire a dit "ce sera fait dès que les conditions sont réunies".
16:59 J'imagine que vous le regrettez, ça ?
17:01 - Non, parce que d'abord, il a fait beaucoup de baisses d'impôts pour les classes populaires et moyennes.
17:05 La taxe d'habitation, c'était une taxe qui était payée par tout le monde.
17:07 - Oui, sauf qu'il y a eu des promesses en mai et...
17:09 - Non, non, le président de la République a dit d'ici la fin de son quinquennat, il ne faut pas lui faire dire ce qu'il n'a pas dit.
17:12 Mais d'abord, la taxe d'habitation, je veux le rappeler, c'est une taxe que payez non pas les très riches,
17:16 c'est une taxe que payez quand vous étiez locataire, notamment de votre appartement.
17:19 Moi, j'avais des gens dans le quartier de la Bourgogne, à Tourcoing, très populaires, 90% de logements sociaux,
17:23 qui payaient 1600 euros de taxe d'habitation.
17:25 Il l'a supprimée, c'est pour les classes populaires.
17:27 Par ailleurs, il faut dire, on n'est pas des populistes, nous ne sommes pas le Rassemblement National,
17:30 il faut dire la vérité aux gens.
17:32 Il faut boucler un budget. Les recettes doivent correspondre aux dépenses.
17:34 Et c'est la souveraineté de notre pays, c'est la condition de la sécurité sociale gratuite,
17:38 ou de l'éducation gratuite, que d'avoir un budget équilibré.
17:40 Moi, je soutiens évidemment ce que préparent le ministre de l'Economie et la Première ministre,
17:44 comme budget qui peut être difficile, parce que les temps sont difficiles,
17:47 et les Français peuvent tout à fait le comprendre.
17:49 Je dis juste qu'après avoir dépensé beaucoup d'argent public,
17:52 il appartient désormais au monde du privé,
17:54 et encore une fois, ce n'est pas une attaque contre les patrons,
17:56 j'ai beaucoup de respect pour eux, et je suis contre, évidemment, un impôt qui les toucherait,
18:00 ce n'est pas la question.
18:01 Je suis désormais pour que nous répartissions la richesse de meilleure moyenne.
18:06 - D'un mot, Gérald Darmanin, vous avez demandé l'autorisation à Emmanuel Macron
18:10 pour cette réunion de dimanche à Tourcoing ?
18:11 - Bien évidemment, je parle tous les jours au président de la République.
18:14 - Il vous soutient dans cette démarche ?
18:16 - En tout cas, il m'a autorisé, il a trouvé que le thème était important,
18:19 et tout le monde est bienvenu à Tourcoing, bien évidemment.
18:22 - J'imagine que vous avez aussi parlé avec lui de Matignon,
18:25 certains disent que vous vous seriez bien vu, Premier ministre,
18:28 à la place d'Elisabeth Borne lors du dernier remaniement.
18:31 L'Opinion, le journal, écrivait hier que vous avez d'ailleurs mal vécu cette occasion manquée.
18:34 C'est vrai ça, Gérald Darmanin ?
18:36 - Certains hommes politiques disent parfois, qu'ils lisent dans les journaux ce qu'ils pensent,
18:40 de manière ironique, de dire que parfois il arrive que vos collègues interprètent.
18:43 - Mais vous n'auriez pas aimé être nommé Premier ministre, sincèrement ?
18:46 - Je vais vous dire.
18:47 - Dans les yeux ?
18:48 - Oui, dans les yeux.
18:49 Je suis le fils d'une femme de ménage, et le petit-fils de deux grands-pères immigrés.
18:54 J'ai 40 ans, ça fait 6 ans que je suis ministre grâce à Emmanuel Macron,
18:57 et je suis ministre de l'Intérieur à 40 ans, et des Outre-mer.
19:00 J'ai un boulot énorme, très difficile, ça a été dit au début.
19:04 C'est-à-dire qu'il y a plein de gens qui attendent deux mois,
19:06 beaucoup d'énergie pour résoudre leurs problèmes du quotidien,
19:08 pour rentrer chez eux, pour rassurer que leurs filles puissent aller travailler.
19:11 Je n'ai pas d'autre ambition que de servir mon pays.
19:14 - Ça aurait pu passer par la Caisse de Matignon ?
19:16 - Je sers mon pays à la place où je suis, et c'est très difficile.
19:19 Et je vais vous dire, avec Elisabeth Borne, contrairement à ce que je peux dire ici ou là,
19:22 j'ai des échanges qui sont tout à fait conformes à ce que je pense.
19:25 C'est une femme d'ordre, elle a été préfète,
19:27 elle me soutient dans la politique de sécurité que je mène au nom du Président de la République.
19:31 Et c'est une femme qui a une conscience, on dit parfois de gauche, sociale pour moi.
19:34 Ce n'est pas que la gauche qui est sociale.
19:36 Et je sais qu'elle pense, pour avoir beaucoup discuté avec elle, à peu près la même chose.
19:41 - Elle sera là dimanche, vous l'avez invitée ou pas ?
19:43 - La Première Ministre a un agenda extrêmement chargé.
19:45 - Vous l'avez invitée ?
19:46 - Je l'ai invitée, elle est évidemment la bienvenue, d'ailleurs la Première Ministre est bienvenue partout,
19:49 bien sûr, et notamment pour faire de la politique.
19:52 Et je sais qu'elle a tout à fait conscience des difficultés que vit notre peuple,
19:56 et d'ailleurs je voudrais dire que c'est le cas de toutes les sociétés occidentales.
20:00 Et si on ne veut pas avoir nous-mêmes un Trump,
20:03 on ferait mieux de réfléchir à ce qu'on peut faire davantage pour notre pays.
20:07 - Merci beaucoup Gérald Darmanin d'être venu ce matin dans les studios de RTL.
20:11 RTL.
20:12 Merci à tous !

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