• il y a 7 mois
Première prise de parole audiovisuelle de l'ancienne Première Ministre Elisabeth Borne au micro de Amandine Bégot à partir de 7h40 dans RTL Matin.
Regardez L'invité de RTL du 08 mars 2024 avec Amandine Bégot.

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Transcription
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00:02 RTL matin
00:06 RTL 7h42, excellente à vous tous qui nous écoutez. Deux mois après son départ de Matignon, elle prend la parole et c'est sur RTL.
00:13 Amandine, vous recevez ce matin notre ancienne Première Ministre Elisabeth Borne.
00:17 Madame la Première Ministre, vous assisterez tout à l'heure à la cérémonie prévue à la chancellerie pour l'inscription officielle de l'IVG dans notre constitution.
00:23 On a senti un certain nombre de parlementaires extrêmement émus lundi lors du vote du Congrès à Versailles. Une émotion, j'ai envie de qualifier de sincère.
00:33 En tout cas, c'est l'impression qu'on a eu et de rare. C'est aussi ce que vous avez ressenti ?
00:37 Alors oui, absolument. Moi, je trouve qu'il y avait beaucoup d'émotions lundi. Un moment d'unité qui est assez inhabituel.
00:46 Voyez, évidemment, Aurore Berger qui s'était beaucoup impliquée, était très émue que cette révision de la constitution puisse se faire.
00:55 Mais c'est un des rares sujets, par exemple, sur lequel on peut être d'accord avec Mathilde Panot.
00:59 Donc, c'est un rare moment d'accord avec beaucoup de femmes, tout de même, qui sont impliquées pour que ce texte puisse aboutir.
01:10 Et évidemment, beaucoup de solidarité aussi entre toutes ces femmes. Je n'oublie pas qu'il y a aussi des députés, des messieurs qui ont voté cette révision constitutionnelle.
01:19 Certains convaincus, ils l'ont raconté par leur épouse ou par leur fille.
01:22 Oui, et du coup, vous voyez, je pense que la sénatrice qui était rapporteur sur ce texte, Agnès Canaillé, a aussi fait un gros travail.
01:30 Donc, on voit que c'est un sujet qui est totalement transpartisan avec beaucoup d'engagement de nombreuses femmes pour faire aboutir cette révision constitutionnelle.
01:38 La cause des femmes, les droits des femmes, c'est un sujet qui vous tient à cœur.
01:41 Vous aviez d'ailleurs dédié, les auditeurs s'en souviennent peut-être, votre nomination à Matignon à toutes les petites filles. On va réécouter.
01:47 Je voudrais dédier cette nomination à toutes les petites filles en leur disant "Allez au bout de vos rêves et rien ne doit freiner le combat pour la place des femmes dans notre société".
02:04 C'était il y a presque 22 mois, le 16 mai 2022, et quand vous avez quitté Matignon le 9 janvier dernier, vous avez fait référence à cette phrase sur les petites filles et ajouté
02:15 "J'ai pu mesurer assez souvent qu'il reste du chemin pour l'égalité entre les femmes et les hommes".
02:20 À quoi vous pensiez en disant ça, Elisabeth Borne ?
02:23 Alors, je vous le disais, c'est vrai dans beaucoup de domaines. Ça reste vrai sur la place des femmes dans les entreprises.
02:30 Elles sont encore peu nombreuses dans les comités de direction et les comités exécutifs.
02:35 Elles sont peu nombreuses dans les sciences et puis en politique. Je pense qu'il y a encore beaucoup de clichés.
02:42 Si je vous cite un exemple, vous voyez, dans les noms qui ont circulé pour me remplacer, moi je note qu'il n'y avait que des noms d'hommes.
02:50 Il n'y a pas le nom d'une seule femme.
02:53 C'est un peu comme si les commentateurs se disaient "Bah écoutez, on vient d'avoir pendant 20 mois une femme première ministre, ça va, ça c'est fait, voilà, donc on reprend une vie normale et donc le prochain sera un homme".
03:04 Mais vous l'avez vécu vraiment ça au quotidien à Matignon ? On vous faisait remarquer d'une façon ou d'une autre que vous étiez une femme ?
03:13 Moi je pense qu'il y a effectivement beaucoup de... Vous êtes en permanence comparé à des codes masculins, vous voyez, sur la façon dont vous vous faites par exemple le tour du salon de l'agriculture.
03:24 On dit "Bah Jacques Chirac, lui, il mangeait sa tête de veau, il buvait de la bière".
03:29 Donc vous êtes comparé à des codes masculins en permanence. La référence, c'est les hommes.
03:36 Mais c'était une petite pique ou... ?
03:38 Une petite pique à qui ?
03:39 Je ne sais pas, justement, je vous pose la question. Ce n'était pas anodin de dire cette petite phrase.
03:44 Moi je pense qu'effectivement les hommes en politique, ils ont tous intérêt à imposer des codes masculins, comme ça, ça élimine la concurrence.
03:54 Et c'est vrai en entreprise.
03:56 Certains se sont-ils permis des choses qu'ils n'auraient pas fait avec un homme ?
04:00 Non, je ne pense pas qu'on puisse dire ça. Vous voyez, moi j'avais organisé un dîner avec les femmes ministres de mon gouvernement, Edith Cresson.
04:08 Alors, elle nous racontait de ce qu'elle a pu vivre. Heureusement, on n'est pas dans le sexisme débridé comme elle avait pu le vivre.
04:16 Mais il reste une forme de sexisme qui est sans doute plus insidieuse.
04:21 Et puis vous savez, c'est vrai, je le disais dans d'autres domaines, mais quand vous êtes dans des milieux qui sont très masculins,
04:27 quand on est sur les postes de plus haute responsabilité, ça peut aussi retenir des femmes de vouloir s'engager dans des fonctions
04:38 dans lesquelles il y a vraiment une proportion très importante d'hommes.
04:42 Je reviens à ce que vous disiez justement, ces critiques qu'on a pu faire.
04:47 Et j'allais dire, c'est une responsabilité pas que politique sans doute, médiatique aussi un peu.
04:53 On a notamment souvent commenté vos déjeuners avec le président.
04:57 Oui, oui, je vous confirme effectivement que j'ai pu lire que c'était ennuyeux parce qu'avec Jean Castex, on mangeait des entrecôtes.
05:05 On n'aurait jamais lu ça avec un homme, vous pensez ?
05:09 Oui, je pense. Non, non, je pense.
05:11 Et c'était tout aussi chaleureux pour autant ?
05:13 Ah ben, c'était tout aussi chaleureux et c'était tout aussi fluide, je vous confirme.
05:17 Ça vous a blessé, Elisabeth Born, parfois, ces critiques ?
05:21 Oui, c'est pas très agréable.
05:25 C'est pas très agréable, enfin moi, c'est ma conception de l'engagement en politique, c'est qu'on est là pour faire.
05:31 On est là pour avoir des résultats pour son pays, pour nos concitoyens.
05:37 Et on vous renvoie à des choses qui sont assez décalées.
05:41 Ça fera demain deux mois que vous avez quitté Matignon, deux mois aujourd'hui pile que vous avez remis votre démission à Emmanuel Macron.
05:47 Comment allez-vous ?
05:49 Ben écoutez, je vais bien, vous voyez, je suis plus détendu, j'ai pu retrouver une vie personnelle.
05:53 Mais moi, je souhaite continuer à servir mon pays, c'est ce qui m'a toujours animé.
05:59 Et j'ai pu retrouver mon mandat, enfin pas retrouver, j'ai pris mon mandat de député, ce que je n'avais pas fait jusqu'à présent.
06:05 Et moi, je suis très heureuse et très fière d'être député du Calvados.
06:09 C'est une circonscription, je pense, qui a des problèmes qu'on retrouve dans beaucoup de territoires, sur l'accès à la santé, sur la mobilité.
06:17 Évidemment, une circonscription agricole aussi.
06:20 Et c'est important pour moi de pouvoir être plus en contact avec le terrain,
06:25 de pouvoir aussi rencontrer les Français sans être derrière un mur de caméras et de micros.
06:32 Donc, c'est vraiment quelque chose dans lequel je souhaite m'investir.
06:34 Vous ne seriez pas resté un peu plus longtemps à Matignon ?
06:37 C'est une hypothèse qui ne s'est pas posée, vous voyez.
06:40 Mais vous n'en auriez pas eu envie ?
06:42 Enfin, je ne peux pas, voilà, ce n'est pas le sujet d'aujourd'hui.
06:45 On parle souvent de l'enfer de Matignon. Est-ce que ça a été un enfer ?
06:48 Non, moi, je trouve que c'est assez déplacé d'employer ces termes-là,
06:53 parce que vous avez des gens qui vivent réellement des situations difficiles.
06:58 Il y a beaucoup de pression à Matignon, mais je pense qu'il faut un peu de décence.
07:02 Et par rapport à tous ceux qui sont dans la difficulté, je pense que ce n'est pas le terme à employer.
07:07 Le pire moment, s'il y en avait un à choisir, ça a été lequel ?
07:11 C'est difficile à dire, parce que vous avez des registres différents.
07:15 Peut-être le moment le plus émouvant, le plus fort émotionnellement,
07:20 c'est quand j'ai reçu la famille de Mia Shem, vous savez, qui était otage,
07:25 et à laquelle, voilà, vous n'aviez pas grand-chose à dire.
07:28 C'était beaucoup d'émotion, c'était dur.
07:30 Avant qu'elle soit libérée ?
07:31 Avant qu'elle soit libérée, oui.
07:32 Vous serez demain à Lille, Elisabeth Born, pour le premier meeting de la majorité
07:39 pour la campagne des européennes.
07:41 Vous souhaitez, vous l'avez dit, vous engager dans cette campagne.
07:43 Pourquoi ? Pour contrer l'ERN ? C'est ça l'objectif numéro un ?
07:47 Parce qu'on est dans un moment, je pense, crucial pour l'avenir de l'Europe,
07:52 et donc pour notre avenir, qui a des défis considérables,
07:56 avec la guerre aux portes de l'Europe, avec la crise climatique,
08:00 avec aussi une compétition avec la Chine, les États-Unis, sur les technologies,
08:05 et qu'on voit que ces dernières années, on a fait face à des crises,
08:09 par exemple la crise Covid, et on a pu surmonter ces crises grâce à l'Europe.
08:13 Et moi, je suis convaincu que, à l'avenir, c'est aussi en Européen
08:18 qu'on pourra relever ces défis.
08:20 Donc c'est ce que portera la liste de la majorité présidentielle.
08:24 Et face à ça, on voit bien que le Rassemblement national
08:27 continue à vouloir affaiblir l'Europe, détruire l'Europe.
08:31 Et ça montre que, sans doute, ils n'ont pas conscience
08:35 de ce qui se joue, des équilibres à l'échelle de la planète,
08:39 et puis ça montre aussi une forme de complaisance,
08:43 voire de complicité avec Vladimir Poutine,
08:46 et je pense que c'est important que la campagne soit l'occasion
08:49 de montrer ces différences de position.
08:51 On a trop banalisé le RN, nous disait en début de semaine,
08:54 ici même Éric Dupond-Moretti.
08:55 On se souvient que vous aviez évoqué le RN héritier de Pétain,
08:58 vous avez valu d'ailleurs un recadrage, si j'ose dire, de l'Élysée.
09:03 On a trop banalisé le RN, d'après vous ?
09:05 Je pense qu'on ne porte pas assez le débat sur ce que porte
09:10 réellement le Rassemblement national.
09:12 Mais vous portez une responsabilité là-dedans également, non ?
09:15 Vous, au collectif ?
09:16 Oui, peut-être. En tout cas, je pense que dans cette campagne
09:20 pour les européennes, clairement, on ne porte pas la même chose.
09:24 Du côté de la majorité présidentielle, on porte la nécessité
09:27 de continuer à faire avancer l'Europe, évidemment de continuer
09:30 à réformer l'Europe. Et de l'autre côté, vous avez un parti,
09:34 on ne comprend pas exactement quel est leur projet,
09:37 parce que des fois ils vous disent une chose et le contraire
09:39 le lendemain, mais en tout cas, on a bien compris qu'ils ne croient
09:42 pas à l'Europe. Et je vous dis, ça montre aussi qu'ils ne mesurent pas
09:48 les enjeux qui sont face à nous dans un monde où il y a beaucoup
09:52 de menaces, de crises. Et donc, je pense que c'est un combat
09:56 qui mérite vraiment d'être mené.
09:58 Une femme présidente, ça vous semble possible ?
10:01 Pourquoi pas ?
10:02 Marine Le Pen ?
10:03 Pourquoi pas ? On fera tout pour que ce ne soit pas le cas.
10:06 Juste d'un mot, votre successeur, Gabriel Attal,
10:09 on a beaucoup commenté son âge, lui.
10:11 Oui.
10:12 C'est une faute, ça aussi, comme on a commenté le fait que vous...
10:14 Oui, je pense qu'il faut quand même s'attacher au fond
10:17 et pas s'arrêter sur l'âge, sur le fait qu'on soit une femme.
10:21 Donc, je pense que c'est important aussi de juger les responsables
10:24 politiques sur leur action.
10:26 Merci beaucoup, Elisabeth Borne.
10:28 Vous restez avec nous, Elisabeth Borne, puisque...
10:29 puisque...

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