Niger : la France commence à évacuer ses ressortissants

Sud Radio

Avec Jean-Claude Felix-Tchicaya, chercheur à l’IPSE (Institut de Prospective et Sécurité en Europe) au pôle Afrique. --- Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry  --- ———————————————————————  ▶️ Suivez le direct : https://www.dailymotion.com/video/x75...   Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/   ———————————————————————   Nous suivre sur les réseaux sociaux   ▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOffi...  ▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradiooff...  ▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio  ▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr   #C_EST_A_LA_UNE-2023-08-02##

Transcript

00:00 Suite au coup d'État au Niger mercredi dernier, la France a décidé hier d'entamer l'évacuation des ressortissants français

00:05 qui sont sur place et sont arrivés cette nuit. Ils craignaient donc un embrasement de la situation.

00:10 Pour en parler, on accueille ce matin Jean-Claude Félix Tshikaya, chercheur à l'Institut de prospective et sécurité en Europe au Pôle Afrique.

00:17 Bonjour et bienvenue.

00:18 Bonjour Jean-Claude Félix Tshikaya, merci d'être avec nous ce matin sur Sud Radio.

00:23 Un premier avion, effectivement, rapatriant des Français s'est posé à Paris cette nuit.

00:27 Deux autres vont suivre. La France a l'habitude de mener de telles évacuations,

00:33 tant sur le plan opérationnel que matériel, Jean-Claude Félix Tshikaya.

00:36 Oui, la France a l'habitude et même les hautes compétences et efficiences reconnues en Europe d'ailleurs.

00:45 C'est la meilleure en la matière et au monde c'est la deuxième.

00:50 Malheureusement, c'est pour...

00:52 Derrière les États-Unis j'imagine.

00:53 Oui, derrière les États-Unis et encore que les États-Unis, la dernière fois en Afghanistan, c'était plutôt chaotique mais le fait n'était pas...

01:05 ne venait pas de la situation.

01:08 Pour revenir sur le Niger et sur le mode opératoire, c'est un mode opératoire très maîtrisé par la diplomatie française

01:18 qui est tout de suite rentré en lien et en dialogue avec les bouddhistes parce qu'il y a dix jours c'était donc des collègues.

01:28 Parce qu'il faut savoir que les militaires français sont sous commandement nigérien depuis plus d'un an et cela se passait très bien d'ailleurs.

01:40 Beaucoup ont été étonnés de la décision d'un général qu'ils connaissaient aussi très bien, M. Tchannou, celui qui est à la tête de ce putsch.

01:51 Donc les relations diplomatiques ont pu être affermées par cette antériorité et cela se passe bien pour l'instant.

02:01 La moitié des Français qui sont au Niger ont choisi de rentrer.

02:06 C'est plutôt une mesure préventive pour prévenir tout incident qui pourrait porter atteinte aux ressortissants français.

02:17 Pour l'instant, il n'y a pas eu de problématique à l'égard des ressortissants français.

02:23 Il faut savoir que l'expression "sentiment français" est un peu impropre parce que ce n'est pas à l'égard de Citoyen Lambda

02:30 ou même de celui qui est ingénieur ou diplomate ou dans les ministères différents au Niger.

02:36 C'est bien une critique politique avec un effet critique et pas une volonté xénophobe et raciste d'un peuple de 25 millions.

02:48 Cela ne veut pas dire que certains malheureusement ne peuvent pas franchir le rubicon de la xénophobie ou du racisme.

02:57 Mais la majorité des Nigériens regrette ce qu'il se passe à l'encontre des ressortissants français

03:10 qui puissent donc avoir pris la décision de partir, mais la comprennent tout à fait,

03:16 en regardant les images et les actes violents à l'égard de l'ambassade.

03:21 Quand vous portez atteinte à l'ambassade, c'est l'atteinte à tous les concitoyens qui soient d'accord ou non avec vous.

03:29 Donc beaucoup comprennent, regrettent, déplorent, mais ce n'est pas le sentiment des 25 millions de Nigériens.

03:37 - Vous l'avez dit, évacuation qui n'est pas obligatoire puisqu'elle se fait sur la base du volontariat,

03:45 ça veut dire qu'encore aujourd'hui nous ne sommes pas dans une situation d'extrême urgence ?

03:51 - Oui, le calme est revenu sur Niamey et dans les autres villes du Niger, mais c'est plutôt à Niamey que cela se polarisait.

04:02 Il faut savoir que Niamey la capitale est plutôt l'espace de l'opposition au président actuel.

04:11 M. Bazoum a été élu, mais de manière assez contrastée comme M. Soufou avant lui.

04:17 Donc il y a toujours en fond d'écran cet antagonisme politique

04:24 qui malheureusement ne reste pas assez dans le couloir de l'opposition et d'un adversaire politique

04:30 pour une frange de la population de Niamey et tous ne sont pas descendus pour soutenir les bouddhistes.

04:39 Quatre jours avant, sur la même place, des milliers de Nigériens étaient pour soutenir et pour le retour du président M. Bazoum

04:50 au palais présidentiel d'ailleurs qui n'a pas encore signé sa lettre de démission.

04:55 Donc il y a encore une situation qui reste dans le flou et dans l'incertitude.

04:59 Il y a des efforts de médiation qui sont tentés par des chancelleries qui sont régionales ou un peu plus loin.

05:08 Il y a toujours la diplomatie, même française, mais surtout continentale, l'Union africaine, la CDAO.

05:18 La CDAO d'ailleurs c'est la communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest qui se réunit d'ailleurs aujourd'hui.

05:22 Qui se réunit aujourd'hui jusqu'à vendredi d'ailleurs qui se donne plusieurs jours

05:26 parce que beaucoup au sein de la région ne veulent pas et veulent tout à fait éviter d'intervenir de manière armée devant un pays frère.

05:38 L'ultimatum tient d'ailleurs ce passé jusqu'à la fin de la semaine.

05:40 Voilà et surtout que les impacts ont déjà été ressentis que ce soit au niveau de tout comment il y a un plafond maintenant

05:48 quand vous tirez de l'argent à Niamey, au marché aussi.

05:52 Donc il y a déjà un impact dans un pays où 71% des Nigériens vivent sous le seuil de pauvreté.

05:58 Donc des sanctions qui vont sanctionner la plus grande partie du peuple qui n'est pas nanti, qui n'est pas au pouvoir.

06:06 Donc ça peut être ressenti comme une sanction à leur encontre alors que ce n'est pas la volonté de ceux qui sanctionnent.

06:14 Surtout que l'ACDAO est très impopulaire dans la région parce que là des décisions à géométrie variable et à double standard ce qui leur est reproché.

06:26 Mais donc ce qui est priorisé depuis 24 heures maintenant c'est plutôt les négociations et trouver une sortie de crise pacifique

06:37 que ce soit le retour de monsieur Bazoum ou le maintien malheureusement du Pouche et des militaires au pouvoir

06:47 qui égrènent quand même, qui annoncent et qui allignent des arguments qu'on pourrait trouver artificieux

06:55 parce que le bilan, ils sont liés aux bilans, ils sont associés au bilan.

07:03 Donc on trouve un petit peu fort de café j'allais dire, qu'ils puissent en désolidariser en quelques jours alors qu'ils sont au plus haut niveau de l'armée nigérienne.

07:13 Donc les réussites, les échecs sont partiliés, sont partagés et le Niger a besoin de tout mais sauf d'un coup d'état supplémentaire,

07:23 des crises politiques et des coups d'état, le Niger en a déjà connu en 1996, 1999, 2010, 2020, 2021, 2022.

07:33 Donc ça a échoué dans les années 2020 et 21 et 22 mais là est-ce que ça va réussir ou non ?

07:43 Mais toutes ces interstitutes malheureusement continuent à fragiliser un état social et économique qui est déjà très fragilisé.

07:50 Le Niger est un pays extrêmement riche sur le plan des matières premières mais extrêmement pauvre sur le plan social.

07:56 Riche notamment avec de l'uranium et on en parle avec la présence française aussi et ses intérêts sur place.

08:03 Des défauts de gouvernance malheureusement conduisent le pays dans cette situation.

08:09 Sauf que monsieur Bassoum qui est très critiqué mais il a quand même à son actif, sur le plan économique,

08:19 il est à 10% de croissance qu'il serait envié et il y a prévu 12% qui serait envié par beaucoup de pays sur notre planète

08:28 malgré la situation sociale et économique.

08:31 Donc voilà, tout le monde reste dans l'expectative, il y a une certaine tension en fond d'écran mais le calme est revenu.

08:39 Ce jeudi en revanche c'est la fête de l'indépendance.

08:42 J'allais vous en parler effectivement demain, fête de l'indépendance, fête nationale pour le Niger effectivement.

08:50 Donc on va suivre aussi la situation même si le calme est revenu pour l'instant, on l'a compris, cette évacuation.

08:55 On en profite justement de cette période de calme avec l'espace aérien qui a été fermé, on en profite justement pour rapatrier les français qui le souhaitent.

09:03 Bien évidemment Jean-Claude Félix Tchikaïa, un grand merci d'avoir été avec nous ce matin sur Sud Radio.

09:08 Je rappelle que vous êtes chercheur à l'Institut de Prospective et Sécurité en Europe au Pôle Afrique.

09:13 Merci à vous et bonne journée.

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