Soir Info Week-End (Émission du 08/07/2023)

  • l’année dernière
Les invités de CNEWS décryptent et débattent de l'actualité des dernières 24 heures dans #SoirInfoWE
Transcript
00:00 Bonsoir à tous, très heureux de vous retrouver sur le plateau de Soir Info Week-end.
00:05 Une heure d'informations, d'analyses, de débats sur l'actualité du jour.
00:08 Le sommaire dans un instant, mais avant, le point sur les dernières informations.
00:12 Les toutes dernières informations avec vous Isabelle Piboulot.
00:14 À moins d'une semaine des festivités du 14 juillet, Elisabeth Borne promet des moyens massifs
00:23 pour protéger les Français durant tout le week-end. Dans un entretien aux Parisiens,
00:27 la chef du gouvernement a également annoncé l'interdiction de la vente, du port et du transport
00:32 de mortiers d'artifices, excepté pour les professionnels, afin d'empêcher de nouvelles violences
00:37 comme le pays a connu après la mort de Nahel.
00:40 4000 pieds de cannabis découverts par la police dans la commune de Moret en Isère,
00:45 soit plus d'une tonne d'herbe entassée dans un entrepôt de culture en intérieur,
00:50 opéré par des grenoblois associés à des Albanais.
00:54 Au terme de 8 mois d'enquête, 6 personnes ont été interpellées et incarcérées.
00:59 Et puis tout roule pour le leader du championnat du monde de Formule 1.
01:03 Les qualifications du Grand Prix de Grande-Bretagne se sont déroulées à Silverstone.
01:07 Max Verstappen a décroché une 7e pole position sur 10 possibles cette saison, sa 5e consécutive.
01:14 Demain, le Néerlandais se lancera devant Lando Norris et Oscar Piastri.
01:19 Charles Leclerc lui complétera la 2e ligne et se sera à suivre dès 16h sur Canal+.
01:25 Merci Isabelle. Prochain point sur l'actualité avec vous, ce sera 21h30,
01:29 soit un faux week-end au sommaire ce soir.
01:31 L'émotion, la colère dans la commune de Vieux-Condé dans le Nord.
01:35 Un homme de 72 ans dans un état critique après avoir été agressé par 3 jeunes.
01:39 Il aurait simplement demandé aux adolescents de faire moins de bruit.
01:42 Deux mineurs de 14 et 15 ans et un majeur l'ont tabassé.
01:46 Un concept adagénaire entre la vie et la mort.
01:49 Malgré l'interdiction de la marche à l'initiative du comité Traoré,
01:53 des élus de la France Insoumise ont manifesté dans les rues de Paris cet après-midi.
01:57 Le camp présidentiel accusait les filles de vouloir une nouvelle fois attiser les tensions.
02:02 Un rassemblement interdit par la préfecture dans le contexte sensible,
02:05 après les émeutes liées à la mort de Naël.
02:09 Et puis cette polémique après les propos de la chanteuse Isia Hijlin.
02:14 Une enquête est ouverte par le Parc Annis pour provocation publique à commettre un crime ou un délit.
02:19 En plein concert, jeudi soir, la chanteuse s'est lancée dans une violente diatribe contre le président de la République,
02:24 ce qui provoque de nombreuses réactions.
02:27 Et pour débattre et décrypter l'actualité, à mes côtés ce soir,
02:31 l'écrivain Nathan Devers et le président de l'Institut Vibre français, Jean Messia.
02:36 Bonsoir messieurs. Vous allez débattre, analyser donc l'actualité.
02:40 On vous propose de démarrer avec cette agression dans le Nord, dans la commune de Vieux-Condé.
02:44 Plus précisément, un septuagénaire a été agressé dans la nuit de mercredi à jeudi par un groupe de jeunes,
02:49 dont deux mineurs. Le pronostic vital de l'homme est toujours engagé à cette heure-ci.
02:54 Le récit de Maureen Vidal.
02:56 Les faits se sont déroulés dans la nuit de mercredi à jeudi, dans cette petite commune du Nord, à Vieux-Condé.
03:02 Un homme, âgé de 72 ans, sort de chez lui pour demander à un groupe de trois jeunes de faire montre de bruit.
03:08 La situation dégénère, il est passé à tabac.
03:11 Il y avait les pompiers, le fils du voisin, le monsieur allongé au sol avec beaucoup de sang.
03:18 Le septuagénaire, laissé au sol, a été retrouvé par un voisin dans la nuit.
03:22 Il a été transporté à l'hôpital de Valenciennes. Aujourd'hui, il se trouve entre la vie et la mort.
03:28 C'est une personne qui a la main sur le cœur. Il a travaillé dans le social.
03:32 On ne s'attendait pas, ça n'aurait pas dû arriver.
03:35 Par côté, les trois jeunes ont été interpellés et placés en garde à vue.
03:38 Parmi eux, deux mineurs âgés de 14 et 17 ans et un majeur de 18 ans.
03:43 Alors, bien évidemment, une terrible agression révoltante.
03:46 Ce qui est marquant, messieurs, c'est aussi le fait qu'elle ait lieu dans une petite commune, une petite commune du Nord.
03:52 Quand le chef de l'État parle de décivilisation, Jean Messia, en voilà un exemple très concret, au fond.
03:58 La décivilisation, si vous voulez, c'est effectivement une sorte de no limit à rien.
04:07 On a dans notre pays une explosion d'une sauvagerie qu'on n'avait pas vue depuis très, très, très longtemps en France.
04:16 Il s'agit quand même d'une personne très âgée. Alors on nous dit trois jeunes. Mais qui sont ces jeunes ?
04:22 Quel jeune fait ça ? 14, 15 ans, qui roue de coup quelqu'un qui a l'âge de leur grand-père ?
04:28 C'est à la fois révoltant, c'est odieux et c'est criminel.
04:36 Le problème, si vous voulez, c'est quel cran d'arrêt est-ce que la société et nos institutions sont capables de mettre à cette dérive d'ensauvagement de notre pays ?
04:49 Est-ce que ces jeunes vont être appréhendés ? Une fois qu'ils seront appréhendés, est-ce qu'ils seront jugés ?
04:55 Est-ce qu'ils auront face à eux des magistrats capables de les sanctionner à la juste valeur du crime qu'ils ont commis ?
05:02 Et est-ce qu'ensuite, ils pourront s'amender parce que la sanction aura été suffisamment forte ?
05:07 Toute cette chaîne-là, sa défaillance explique en grande partie, alors je ne vous parle même pas de l'idéologie excusiste qu'il y a dans la société,
05:17 c'est-à-dire que ce sont des jeunes désœuvrés, victimes de discrimination qui ont des problématiques sociales, etc.
05:23 Et en fait, on se trouve à juger la société plutôt qu'à juger les coupables.
05:27 Et c'est vrai qu'on s'interroge sur l'éducation aussi, les valeurs transmises à ces jeunes quand on a 14 et 15 ans.
05:33 Comment peut-on s'en prendre à une personne de 72 ans, un grand-père ?
05:38 Oui, c'est un acte d'une barbarie particulière. Et moi, je tiens à répondre à Jean que je ne pense pas qu'il y ait beaucoup de gens en France qui soient excusistes,
05:48 comme vous dites, face à ce genre d'action. C'est-à-dire que ces actions sont...
05:51 Bien sûr, à pas le voir.
05:53 Il faudrait me citer qui dirait aujourd'hui dans le débat public que des actions comme celle-ci ne sont pas graves, qu'ils ne sont pas à les punir, qu'ils ne sont pas à les sanctionner.
06:01 35% des magistrats qui sont au syndicat de la magistrature, par exemple.
06:03 On verra, je pense qu'ils seront sanctionnés, ces jeunes-là. Premièrement.
06:08 Donc, premièrement, en tout cas pour ma part, je pense que ces actes doivent être sanctionnés et qu'ils sont extrêmement graves.
06:13 Deuxièmement, pour réagir à ce que vous disiez tout à l'heure sur le concept de décivilisation.
06:16 Je pense qu'il ne faut pas faire de détournement conceptuel.
06:18 Le concept de décivilisation, il est inventé par Norbert Elias. D'ailleurs, il n'est pas tout à fait présent dans son œuvre comme ça, mais notamment dans les Allemands.
06:25 Et pour penser quelque chose qui n'a absolument rien à voir, c'est-à-dire le fait que l'Allemagne ait passé d'une situation d'étanation à la fin du 19e siècle
06:32 à la situation qu'on connaît en 1940. Ça n'a absolument rien à voir comme fait.
06:36 Et la troisième chose, juste je réponds à Jean parce qu'on serait d'accord tout à fait, je pense, moralement, tous les deux,
06:41 pour dire que ces actes sont absolument inqualifiables, qu'ils sont barbares, qu'ils sont immoraux, tout ce que vous voulez, et qu'ils doivent être punis.
06:46 Ça, il n'y a pas de sujet là-dessus. En revanche, tirer tout de suite comme ça des conclusions politiques d'un acte,
06:53 des conclusions politiques d'un fait divers aussi tragique soit-il, je pense que c'est un paralogisme absolu.
06:58 Je vais vous citer... Je suis d'accord avec vous. À partir du moment où il s'agirait d'un fait divers isolé et qu'on ne voit qu'une fois l'an,
07:05 le problème, c'est qu'on a été sur ce plateau à commenter, rappelez-vous, cette grand-mère qui a Cannes s'est fait agresser par derrière par trois jeunes.
07:14 Et il y a d'autres histoires. Toutes les semaines, on a, et même tous les jours, on a des histoires de cet acabilla qui font l'actualité.
07:22 Donc à partir de combien de faits divers, vous allez considérer que ça devient un fait de société ? Il est là, le problème.
07:28 Si c'est quelque chose qui arrive très rarement, une fois tous les dix ans, on serait choqué, mais on ne le traiterait pas comme un fait politique.
07:35 Là, nous sommes amenés à le traiter comme fait politique parce qu'il vient s'agréger, s'additionner à une multitude de faits similaires.
07:43 Donc ça constitue un fait social qu'il nous faut tenter de comprendre. Parce que si on le réduit à la case fait divers,
07:50 dans ce cas-là, on n'a plus à le commenter, en fait. Ça s'arrête là.
07:53 Pour répondre, Nathan Devey, et on poursuivra ensuite, pour répondre effectivement sur le fait social que représente cette agression,
08:00 qui n'est plus un fait divers, donc.
08:02 Si, quand on parle du fait politique ou du fait social relatif aux agressions, la seule chose qu'il faut voir, c'est le nombre d'agressions par an.
08:09 Parce que si vous partez des faits divers, tragiques, qui surviennent, et encore une fois, ils sont tragiques, je ne relativise pas,
08:14 mais vous partez de ces faits divers dans leur particularité, je vous donne une expérience de pensée très simple.
08:18 Imaginez que demain, imaginez, je dis ça par hasard, qu'aujourd'hui, il y ait un fait divers comme ça toutes les semaines, particulièrement au Rio.
08:25 Et que l'année prochaine, il y ait une division par deux, ou même une multiplication par deux de ces faits divers tragiques.
08:30 Eh bien, ça fera que dans les médias, on parlera d'un fait divers tragique toutes les deux semaines.
08:34 Ça ne changera absolument pas notre perception de la réalité. Pourtant, par rapport aux faits politiques, il y aurait une division par deux.
08:40 Donc ce que je veux dire, c'est que ce qui compte, la seule chose qui doit aiguiller notre réflexion politique sur cette question de l'insécurité et des agressions,
08:47 c'est de voir année par année le recensement des statistiques globales et pas de réagir dans l'émotion,
08:54 qui est une émotion légitime, mais en instrumentalisant politiquement cette émotion.
08:57 Attends, juste une dernière question. Si je vous dis qu'il y a 120 coups de couteau par jour en France, pour vous, il n'y a que 120 faits divers en fait ?
09:05 Je vous dis que la manière dont on parle de cette question, c'est de voir le nombre global.
09:10 Pour le coup, sur les 120 coups de couteau en moyenne par jour, et là c'est des statistiques officielles, on en parle combien de fois ?
09:17 Mais ce que je vous réponds, c'est que...
09:19 C'est invisibilisé parce qu'en fait, la plupart des médias, ça ne les intéresse pas.
09:22 Ça ne les intéresse pas. Ce qui arrive à la France et aux Français, ça ne les intéresse pas.
09:26 Je ne pense pas qu'on puisse dire que la sécurité soit absente du débat public en France. Si vous dites ça, je pense qu'il faut...
09:32 C'est sûr que de ces news, elle n'est pas absente.
09:33 Non, non, je ne pense pas.
09:34 Et c'est fort heureux. Je ne pense pas que sur les chaînes concurrentes et encore moins sur les chaînes du service public, ça fasse la une.
09:39 Essayez de faire cette expérience un peu interstellaire, de regarder le JT des grandes chaînes du soir de France 2 ou de TF1,
09:48 vous allez avoir l'impression d'être dans un autre pays en fait.
09:50 Je pense que quand on lit la fresse écrite, quand on voit sur quel thème ont lieu les élections présidentielles,
09:56 notamment, mais pas que, en France depuis 15 ou 20 ans, on voit bien que la question de la sécurité est extrêmement présente dans le débat public.
10:04 Mais cet argument consistant à dire que les choses présentes ne sont pas présentes, c'est une sorte d'argument rhétorique qui est très efficace, mais qui n'est pas vrai.
10:10 Et en l'occurrence, moi je vous répondrai, je ne dis pas que c'est un non-sujet, je dis juste que 1, il faut l'appréhender dans sa globalité,
10:16 ça veut dire prendre le nombre d'agressions par jour, prendre le nombre d'agressions par an.
10:19 Mais l'exemple que vous donnez des 120 attaques au couteau par jour, à supposer encore une fois qu'il n'y en ait plus que 60,
10:24 eh bien si on s'en tient juste au récit de chaque agression, récit émotionnel, eh bien on ne peut pas penser le problème.
10:30 Il faut nécessairement prendre du recul par rapport au problème.
10:33 Il ne vous a pas échappé, je terminerai par là, il ne vous a pas échappé que nous avons quand même une chape de plomb idéologique
10:39 qui consiste à ne pas vouloir montrer, et un prisme du coup, qui consiste à ne pas vouloir montrer une certaine réalité.
10:47 Quand le président de la République, face aux dernières émeutes par exemple, nous affirme que dans des conditions pareilles,
10:52 il pourrait couper les réseaux sociaux pour éviter qu'il y ait des effets de mimétisme, etc., en réalité, qu'est-ce qui se cache derrière ce discours ?
10:59 C'est aussi parce que les réseaux sociaux permettent de faire émerger le réel brut tel qu'il est,
11:05 et non pas à travers le prisme médiatique coloré d'idéologie que voudrait lui donner un certain nombre de médias.
11:11 Vous comprenez, il y a eu un déni très fort de ce qui s'est passé ces dernières années en France
11:15 par rapport à la surreprésentation de certaines immigrations, à l'explosion de la délinquance et de la criminalité,
11:22 et donc effectivement, la question de la sécurité n'est pas traitée comme il se devrait par rapport à la réalité que nous vivons.
11:30 Allez, pour clore ce dossier, en un mot, pour répondre à Jean Messiaen à temps de verre ?
11:34 Deux questions très simples. Quand Jean Messiaen dénonce une chape de plomb idéologique, je ne crois pas que vous n'ayez pas vous d'idéologie.
11:41 Moi, mon idéologie, c'est le réel.
11:43 Alors, mais ça, c'est la phrase la plus idéologique qui soit. Le réel, ça ne veut rien dire. Le réel, c'est ce que vous en construisez, ce que vous en analysez, ce que vous en choisissez.
11:50 Quand on prend un fait tragique comme celui-ci et que vous l'orientez vers une grille explicative, immigration, ensauvagement, etc.,
11:56 tous les mots que vous avez prononcés dans le débat, ça s'appelle un choix idéologique, ça ne s'appelle pas le réel.
12:00 Le choix idéologique, c'est par exemple de dire, alors que tout le monde, il suffit juste de voir ce que vos yeux voient,
12:05 alors que tout le monde voit que les émeutes sont faites à 90, 19%, soit par des immigrés, soit par des enfants d'immigrés,
12:12 l'idéologie consiste à dire, ah ben non, je ne vois que des Kévin et des Mathéo. Ça, c'est de l'idéologie.
12:17 Allez, messieurs, vous aurez l'occasion, bien évidemment, d'en redébattre un prochainement autour de ce plateau.
12:23 Mais on va à présent parler de cette dizaine de députés du mouvement LFI, dont la chef de groupe à l'Assemblée nationale, Mathilde Panot,
12:31 eh bien ils ont participé cet après-midi à une marche interdite, une marche à l'initiative du comité Traoré.
12:37 Ce rassemblement étant en mémoire d'Adama Traoré, décédé en 2016, le camp présidentiel, eh bien il accuse la France insoumise
12:45 de vouloir une nouvelle fois attiser les tensions. Un rassemblement interdit par la préfecture dans le contexte, vous le savez, sensible,
12:51 après les émeutes liées à la mort de Nahel. Retour sur les faits tout de suite et on en débarque après.
12:57 Malgré l'interdiction, environ 2000 personnes se sont réunies à la marche pour Adama Traoré, place de la République.
13:05 Un rassemblement organisé à l'initiative de sa sœur, Assa Traoré, qui face à la foule et aux forces de l'ordre a qualifié les raisons de cette interdiction comme non valables.
13:14 Personne ne peut nous interdire de marcher, personne ne peut nous interdire de nous rassembler, personne ne peut nous interdire de donner le nom de nos morts.
13:22 Aujourd'hui c'est une réponse politique, c'est une interdiction politique que nous avons eue, qui touche directement sur l'affaire Adama Traoré.
13:29 Parmi les participants, quelques élus Europe Écologie Les Verts et une dizaine d'élus insoumis comme Éric Coquerel, qui a martelé son soutien au comité Adama,
13:38 insistant sur l'importance de leur présence en dépit de la décision prise quelques heures plus tôt par la préfecture de police de Paris.
13:45 Que veut le gouvernement si ce n'est une provocation ? Alors je vous le dis, on ne va pas y céder, on va se rassembler ici, place de la République, à autant que nous voulons, le temps que nous voulons.
13:58 Deux personnes ont été arrêtées dont Youssouf Traoré, frère d'Assa et Adama, pour des faits de violence sur personne dépositaires de l'autorité publique.
14:06 On déteste la police ! Une procédure judiciaire pour organisation d'une manifestation non déclarée a été ouverte contre Assa Traoré,
14:14 qui encoure une peine de 6 mois d'emprisonnement et une amende de 7 500 euros.
14:21 Nathan Deveyre, on connaît donc ce contexte post-émeute. On a des députés LFI qui ont appelé à se rassembler malgré l'interdiction de la préfecture de police.
14:32 Est-ce que ces députés LFI mettent de l'huile sur le feu ? Effectivement, c'est ce que souligne et c'est ce que condamne le gouvernement d'ailleurs.
14:39 Il y a à mon avis deux choses. La première chose, c'est qu'à titre personnel, je suis assez mal à l'aise en France depuis un certain temps face à toutes les interdictions de manifester qui peuvent être prises.
14:49 J'ai l'impression, vous vous souvenez, pendant la contestation contre la réforme des retraites, il y a eu beaucoup de manifestations, notamment les casserolades, qu'on pouvait ou non apprécier.
14:59 J'avais dit d'ailleurs à titre personnel que je n'appréciais pas tellement comme méthode politique d'utiliser une casserole pour étouffer le bruit de ses opposants politiques.
15:08 Mais ça, c'est une remarque purement personnelle, purement subjective, qui fait appel à mon éthique. Ce n'est pas du tout une remarque politique.
15:13 Et politiquement, le fait qu'autant de manifestations aient pu être interdites avec des arguments qui juridiquement sont très contestables et politiquement sont très contestables,
15:22 la notion de trouble à l'ordre public, quand on voit concrètement quels peuvent être les critères qui peuvent la déterminer, quand même il y a une certaine forme de zone grise juridique là-dessus.
15:31 Et donc, je pense que quel que soit encore une fois le degré d'accord que chacun ou chacune peut avoir avec une manifestation donnée, que ce soit les casseroles d'hier, que ce soit aujourd'hui la marche pour Adama Traoré,
15:42 je pense que la réaction face à cela, qui est celle d'interdire ou d'approuver l'interdiction, est une réaction très problématique.
15:48 Parce que ça signifie qu'il y a un réflexe politique aujourd'hui qui se développe de plus en plus dans nos démocraties, où quand on est en désaccord avec quelqu'un, en désaccord fondamental, on veut l'interdire.
15:56 Moi par exemple, je suis en désaccord fondamental avec Jean Messia sur à peu près tout, et pour autant, je ne voudrais pas l'interdire.
16:01 Cela dit, la question qui se pose, c'est à partir du moment où cette manifestation est interdite, est-ce que la bonne solution est quand même d'y aller ou d'avoir d'autres méthodes politiques ?
16:09 D'appeler quand on est député, parce qu'il y a aussi le fait de ne pas porter, Jean Messia, cette écharpe tricolore, et donc d'aller à l'encontre d'une décision de la préfecture, donc de l'État.
16:18 En fait, cette manifestation pose plusieurs problèmes. Il faut quand même rappeler qu'Adama Traoré est mort le 19 juillet 2016, c'est-à-dire il y a 7 ans.
16:29 Or, il y a 7 ans, nous avons une sorte de gang qui veut profiter d'une espèce de rente mémorielle microéconomique sur cette affaire-là, pour essayer d'en tirer un profit financier.
16:42 On sait que depuis, Assa Traoré est devenu l'égérie d'une grande marque de chaussures française, la vente de t-shirts, etc.
16:51 Et donc, périodiquement, ils font des sit-ins pour essayer de se relancer. Je rappelle quand même que nous sommes là en pleine récupération d'un drame, 7 années après.
17:01 D'accord ? Donc, ceux qui nous reprochent de récupérer les drames quand ils sont nationaux, feraient mieux de balayer devant leurs portes.
17:10 Ça, c'est le premier problème.
17:11 Et l'innocence des gendarmes a été démontrée, d'ailleurs.
17:13 Exactement. L'innocence des gendarmes a été démontrée, mais malgré ça, on récupère, on relance en permanence pour faire rentrer le cash, qu'il soit d'ailleurs politique ou financier.
17:23 Ça, c'est la première chose. La deuxième chose, c'est pourquoi l'État diable interdit une manifestation dont il n'est pas capable de faire respecter l'interdiction ?
17:32 Moi, ça me sidère. C'est comme les manifestations à Sainte-Sauline, etc., qui étaient soi-disant interdites.
17:39 Soit l'État a les moyens de faire respecter l'interdiction et dans ce cas-là, il la prononce et du coup, il la fait appliquer,
17:46 soit il n'en a pas les moyens et à ce moment-là, il ne la prononce pas.
17:49 Ça, en l'occurrence, à quoi on assiste ? On assiste à un État qui est devenu un État serpillère, dont on peut fouler au pied les décisions, etc.
18:00 Donc, moi, ça me choque profondément.
18:01 Et que des élus de la République qui font de la récupération de la récupération, c'est-à-dire la France insoumise, soient présents à une manifestation
18:09 qui est interdite par un État de droit dont ils ne cessent de brailler l'utilité quand il s'agit d'autres causes, moi, ça me choque.
18:16 Et enfin, si vous voulez, cette manifestation montre aussi la complaisance, la commissération du pouvoir avec l'extrême-gauche.
18:28 Imaginez un seul instant qu'il y avait eu 1% des participants de cette manifestation qui avaient été des royalistes
18:36 ou des gens barriolés rapidement par le système idéologique de gens d'extrême-droite qui chantaient gentiment des champaillards.
18:42 Là, on aurait donné l'instruction de faire descendre l'armée et de les bouter sur la planète Mars.
18:47 À deux poids, deux mesures, donc, pour Jean-Luc ?
18:49 Là, absolument rien.
18:50 Absolument rien. Donc, quand l'extrême-gauche nous explique que Macron est contre eux, que le système en place, c'est leur ennemi qui ne veut pas s'exposer,
18:59 pas du tout. Le système en place, il est intimidé par la France.
19:03 Là, ce qui a manifesté dans la rue, et je terminerai par ça, ce que vous voyez là, ce sont les deux vaches sacrées du système.
19:10 D'un côté, la diversité antinationale représentée par le gang traoré, et de l'autre côté, des mouvements politiques d'extrême-gauche également antinationaux.
19:22 Et ces deux vaches sacrées, eh bien, elles provoquent une espèce de tétanie du gouvernement macroniste qui a peur de réagir
19:29 pour pas que, pensez-vous, que ce soit une des racailles diversitaires ou une des racailles d'extrême-gauche se casse un ongle.
19:36 Parce qu'alors là, on parlerait de violence policière, évidemment.
19:38 Merci pour vos décryptages et vos points de vue.
19:41 Avant de marquer une pause, je voulais vous entendre sur cette initiative plutôt surprenante.
19:46 Vous allez le voir d'un maire du Voile de l'Oise, à Saint-Gracien, où des bâtiments publics ont été incendiés pendant les émeutes.
19:52 Eh bien, il demande aux habitants de dénoncer les délinquants pour reconstruire les bâtiments détruits.
19:56 On va regarder ce reportage de Jules Bédot avec Vincent Farandes et on vous écoute ensuite.
20:02 Voici ce qu'il reste du centre social Camille Claudel à Saint-Gracien.
20:08 Incendié pendant les émeutes la semaine dernière, sa reconstruction et celle de tous les bâtiments dégradés
20:14 se fera uniquement si les habitants du quartier Les Ragonnets dénoncent les fauteurs de trouble.
20:19 C'est en tout cas ce qu'a demandé le maire de la ville dans un courrier adressé aux habitants de ce quartier où se sont concentrés les tensions.
20:27 Tant que nous ne posséderons pas les noms, aucun travaux de reconstruction ne seront engagés.
20:32 Le seuil de tolérance est largement dépassé et maintenant la neutralité est considérée comme de la complicité.
20:38 Une idée qui provoque l'incrédulité de bon nombre d'habitants et commerçants de Saint-Gracien pour qui la situation se retourne contre eux.
20:46 Ce centre culturel, c'est le centre de tout le quartier. Leur histoire de dénonciation c'est du n'importe quoi.
20:50 Donc même s'il n'y a pas de dénonciation, il faut le reconstruire. Je trouve que c'est pénalisant pour tout le monde.
20:56 Il faut être extrêmement prudent avec ces choses-là. Je trouve ce courrier extrêmement gênant d'un point de vue social, humain et politique.
21:05 Il y a néanmoins quelques riverains atterrés par les violences de la semaine dernière qui partagent l'opinion du maire de la ville.
21:11 Je le soutiens à fond, oui, oui. A fond, oui. Parce que si on ne soutient pas, c'est souverain à tout.
21:17 L'Édil a par ailleurs précisé que les finances de la ville ne permettaient pas en l'état de reconstruire les bâtiments dégradés.
21:25 Votre réaction là et là au TNAD d'Andever ? Vous y voyez plutôt une délation un peu gênante ou davantage un appel à témoin dans des circonstances exceptionnelles
21:35 et finalement pour faire payer ceux qui doivent payer ? C'est ce que souhaite le maire en tout cas.
21:39 D'abord, j'ai de l'empathie pour la détresse de ce maire. J'ai lu son communiqué. Il explique qu'il a mis en place une politique d'urbanisme extrêmement exigeante
21:45 dans les quartiers qui ont été touchés par les émeutes et qu'il a été à titre personnel et politique absolument dégoûté de voir notamment le centre culturel
21:53 cassé, abîmé par ces violences et que d'autant que les finances ne permettent pas de reconstruire pour l'instant.
22:00 Donc j'ai vraiment de l'empathie pour les habitants et pour le maire en particulier. Je pense que la solution qu'il veut mettre en œuvre n'est pas une bonne solution.
22:07 Pour deux raisons. D'abord, une raison très concrète, c'est que la délation, il y a toujours la possibilité des dénonciations calomnieuses.
22:13 Premièrement. Et deuxièmement, c'est que politiquement, je pense que la délation est une méthode politique très contestable.
22:18 On l'a vu pendant le Covid, où les gens appelaient la police, mon voisin a fait la fête, etc. Et on l'a vu surtout pendant la Révolution française
22:25 avec ce grand paradoxe que la délation était une pratique qui était incorporée à l'Ancien Régime. La justice de l'Ancien Régime fonctionnait
22:32 notamment par délation et que certains révolutionnaires, pas tous, mais ont voulu instituer la délation comme méthode politique révolutionnaire,
22:39 alors que précisément, c'était peut-être le cheval de Troie des méthodes politiques et judiciaires de l'Ancien Régime. C'est pourquoi je pense que c'est
22:46 une méthode qu'il faut vraiment traiter avec énormément de prudence, voire de réticence, voire plus encore.
22:52 Jean Messia, 40 secondes pour conclure ce dossier.
22:56 Je pense pas pour le coup que la... En tout cas, l'idée peut être audible, parce que c'est vrai que ce qui s'est passé est quand même pas banal.
23:03 Maintenant, je ne suis pas sûr que la méthode fonctionne, parce que, bon, pour les raisons que Nathan Devers a avancées, avec lesquelles je suis d'accord,
23:10 mais surtout parce qu'au fond, si vous voulez, il y a une minorité de gens qui ont commis ça. Vous avez des gens qui ont été aussi victimes de ça,
23:18 les gens dont on a cramé les bagnoles, par exemple, qui vont travailler, etc. Pourquoi, en fait... C'est très difficile.
23:24 Là, pour le coup, moi, je fais confiance à la police à travers les enquêtes judiciaires pour chercher les coupables.
23:31 Parce que si on dit qu'une société fonctionne sur la délation, alors à quoi sert la police ? À quoi servent les enquêtes ?
23:36 À quoi servent les caméras de surveillance ? Enfin bon, tout le travail d'investigation qui permet justement, par recoupement, d'isoler et in fine d'identifier les coupables.
23:46 Alors j'entends que c'est un cri du maire et c'est vrai que ça peut paraître rationnel et audible dans l'émotion. Je ne suis pas sûr de l'efficacité de la mesure.
23:57 Allez, on va marquer une très courte pause. Restez avec nous sur CNews. Dans un instant, je ne sais pas si vous l'avez entendu,
24:03 on va revenir sur cette polémique après les propos de la chanteuse Isia Hijlin. Une enquête ouverte par le Parc Aignes-Nice pour provocation publique,
24:10 à commettre un crime et un délit. On en parle dans un instant. Nathan Devers et Jean Messia, à tout de suite sur notre antenne.
24:17 Et de retour sur le plateau de ce soir, Info Weekend. Bienvenue si vous nous rejoignez. On débat, on décrypte, on analyse l'actualité ce soir avec Nathan Devers et Jean Messia.
24:29 Dans un instant, on va revenir sur cette enquête ouverte contre la chanteuse Isia Hijlin après des propos évoquant un lynchage d'Emmanuel Macron.
24:36 Mais avant, on retrouve Isabelle Piboulot pour savoir quelles sont les toutes dernières informations. C'est à vous, Isabelle.
24:42 À Paris, procédure judiciaire engagée à l'encontre d'Assa Traoré. Au moins 2000 personnes se sont rassemblées, dont des élus de la nuppesse Place de la République,
24:54 en mémoire d'Adama Traoré, la sœur du jeune homme décédé en 2016, avait annoncé sa présence au rassemblement malgré l'interdiction de celui-ci.
25:03 Youssouf Traoré, l'un des frères d'Adama, a été placé en garde à vue pour violence sur personne dépositaire de l'autorité publique.
25:11 L'État va mobiliser 7 milliards d'euros supplémentaires en 2024 pour le financement de la transition écologique, annonce de la première ministre lors d'un entretien aux Parisiens.
25:21 L'objectif étant de doubler le rythme de réduction des émissions de gaz à effet de serre de la France, conformément aux nouveaux objectifs de l'Union Européenne.
25:30 Le pays doit d'ici à 2030 réduire ses émissions de 50% par rapport au niveau de 1990.
25:38 Ce dimanche sera chaud. Un épisode de canicule va toucher la partie est du pays.
25:43 4 départements sont placés en vigilance orange par Météo France, le Rhône, l'Inser et les Alpes-Maritimes, où les températures maximales oscilleront entre 34 et 37°C.
25:55 L'épisode caniculaire n'est pas exceptionnel pour la saison, mais sa persistance nécessite une vigilance particulière.
26:03 — Merci, Isabelle Piboulot, qu'on retrouve à 22h pour un nouveau point sur l'actualité. Je vous le disais, on va parler à présent de cette enquête
26:10 ouverte contre la chanteuse Isia Hijlin après des propos évoquant un lynchage d'Emmanuel Macron. Alors cela s'est passé lors de son concert
26:19 « Joli soir » à Beaulieu-sur-Mer dans le cadre du festival « Les Nuits-Guitare ». Et la chanteuse s'est lancée dans une violente diatrie
26:27 contre le président de la République, les précisions de Maureen Vidal.
26:31 Alors que le concert d'Isia Hijlin battait son plein, la chanteuse dérape entre deux morceaux et entreprend une longue tirade
26:38 contre Emmanuel Macron, imaginant comment ses spectateurs pourraient lyncher publiquement le président de la République.
26:44 — Ce dont le peuple a envie, c'est qu'on m'accroche à 20 mètres du sol, telle une pignata humaine géante, et qu'on soit tous, ici présents,
26:57 avec une énorme batte avec des clous au bout, comme dans Clockwork Orange, tu vois. Et là, on le ferait descendre, mais avec toute la grâce
27:06 et la gentillesse que les gens du Sud ont. Et on aurait tous notre batte avec nos petits clous et dans un feu de bengale de joie,
27:16 de chair vive et de sang. On le foutrait à terre, mais gentiment, tu vois.
27:21 À la fin de son concert, les gendarmes n'ont pas pu interpeller l'artiste exfiltré par ses équipes. Les mots de la chanteuse sont au-delà
27:28 de la provocation, selon la mairie de Beaulieu-sur-Mer.
27:31 — Quelle que soit l'appartenance politique du président de la République, le président de la République, c'est le président de la République française.
27:36 On ne l'insulte pas et on n'appelle surtout pas la violence contre lui. Si je me souviens ce qu'a dit son manager, il a voulu faire de l'humour.
27:43 Moi, je crois tout simplement que cette dame s'est trompée de métier. Elle a gâché la fête à Beaulieu. C'est dommage.
27:49 — La CAQ de Nice a ouvert une enquête pour provocation publique à commettre un crime ou un délit.
27:55 — Alors quand vous regardiez ce reportage, messieurs, je voyais dans vos yeux un mélange.
27:59 Vous étiez à la fois dépité, à la fois gêné. Quel est votre sentiment après ces propos de cette chanteuse issylaine, Jean-Mathien ?
28:07 — D'abord, moi, je ne connaissais pas cette chanteuse. Je la connais toujours pas, d'ailleurs.
28:13 Et je la trouve d'une vulgarité absolument innommable, d'abord dans ses propos, dans son style.
28:21 Et puis elle a quand même imaginé, si vous voulez, le lynchage, le scénario d'un lynchage en bonne et due forme d'un homme qui plus est le président de la République.
28:32 Je veux dire elle va quand même dans des détails qui sont assez scabreux. Alors je ne sais pas si en disant cela,
28:37 elle a été boostée ou sous substance illicite. Mais ça ne fait qu'aggraver finalement son cas si elle devait avoir consommé quelque chose avant.
28:49 Moi, je trouve qu'un président de la République est une institution. On ne devrait pas parler comme ça.
28:54 Mais ça prouve aussi quelque part – parce que c'est pas la première fois que ça arrive – que dans le monde artistique,
28:59 réputé très feutré, très gaucho-progressiste, très dans le système du showbiz, etc., à soutenir évidemment toutes les causes les plus convenues et les plus convenables,
29:10 on a quand même des gens qui régulièrement attisent la haine, des gens qui stigmatisent, qui sont dans une forme de violence.
29:20 Alors évidemment, on est à Beaulieu-sur-Mer. Elle a été je crois scolarisée à l'école alsacienne.
29:25 Elle est plutôt d'une famille assez bourgeoise. Donc bon, c'est assez facile, si vous voulez, d'avoir une sorte d'exagération sémantique
29:35 et de phraseologie exacerbée quand derrière, effectivement, on n'a fort heureusement d'ailleurs aucun acte.
29:43 Donc oui, pour moi, c'est un appel à commettre un meurtre en public. Et je crois que pour l'exemple, parce qu'elle se veut un exemple,
29:53 c'est quand même une artiste qui est regardée manifestement par des centaines de personnes. Pour l'exemple, elle doit être sanctionnée.
29:59 Vous attendez une sanction également, Nathan Devers ? On n'est pas dans la posture de l'artiste engagé, c'est autre chose, non ?
30:07 L'artiste engagé, ça doit appeler une sorte de responsabilité artistique, de finesse, de subtilité. Là, il y a quelque chose qui est profondément gênant.
30:18 Moi, je ferais la distinction, quand on est pour la liberté d'expression quasiment absolue, je pense qu'il y a très peu de limites à la liberté d'expression.
30:25 Mais qu'une des limites, c'est l'incitation à commettre un crime ou un délit. Je ferais bien la distinction, par exemple, entre quelqu'un qui insulterait,
30:31 même de manière très, très, très, très vulgaire, un président de la République, comme le faisait Sard dans les entretiens avec John Geraci sur De Gaulle,
30:37 où il le traitait de tous les noms, des noms d'oiseaux très vulgaires. Et là, même si c'est humoristique, même si au deuxième, au troisième ou au dixième degré,
30:45 quand même, la représentation et l'incitation à commettre un lynchage sur la personne du président. Je pense que moralement, politiquement, même pas moralement,
30:54 politiquement, c'est quelque chose d'absolument scandaleux. J'ajouterais qu'en plus d'être scandaleux, je me permettrais de dire que je trouve ça bête.
31:02 Parce que quand on est en contestation contre la politique d'Emmanuel Macron, je ne sais pas très bien sur quoi elle s'appuie pour dire ça.
31:08 Sans doute peut-être les retraites, enfin il y a plein de choses qu'on peut reprocher à la politique d'Emmanuel Macron. Mais si vous voulez avoir une obsession
31:16 pour la figure, pour la personne du président de la République, c'est un peu le degré zéro de l'analyse politique. Et d'ailleurs, en fait, on est dans une constitution
31:22 de la Ve République qui, d'une part, donne extraordinairement, enfin beaucoup de pouvoir au président de la République, et qui crée en négatif de ça,
31:29 parfois des oppositions un peu paresseuses, qui au lieu de critiquer une politique, créent la psychologie du président. C'est comme des Saint-Simon à l'envers, si vous voulez.
31:36 C'est l'équivalent des courtisans qui failloteraient toute la journée en disant que le président est génial, et eux c'est l'inverse.
31:41 Et par exemple, si on voit la réforme des retraites, le rôle joué par la personne d'Emmanuel Macron est mineur. Ce que je veux dire par là, c'est que
31:48 si vous aviez n'importe quel autre candidat représentant à peu près le même bord politique ou la même idéologie, il aurait sans doute fait la réforme des retraites de la même manière.
31:55 Donc faire une obsession sur la personne d'Emmanuel Macron, c'est passer complètement à côté de la question des idées politiques que représente derrière Emmanuel Macron.
32:03 Pardonnez-moi, je note juste une petite parenthèse. Je vérifiais pendant que vous reparliez. La ministre de la Culture, Emma Abdel-Malak, en tout cas, elle n'a pas réagi.
32:10 Je regardais à l'instant pour le moment.
32:12 Non, mais ce qui peut paraître scandaleux, si vous voulez, c'est qu'on sait très bien, il y a un fait qui est indiscutable, c'est que la personne du président de la République
32:21 est massivement rejetée par les Français. C'est-à-dire que ce n'est plus seulement sa politique, c'est sa personne qui fait l'objet d'une espèce de haine compulsive, viscérale,
32:31 d'une grande partie, sinon d'une majorité des Français. Mais pourquoi ? Parce qu'Emmanuel Macron inflige effectivement à ses Français une politique qui est extrêmement brutale,
32:43 que ce soit la politique économique, que ce soit la politique sociale, que ce soit la politique migratoire ou même la politique sécuritaire, en l'occurrence les deux dernières,
32:51 qui sont inexistantes et qui aboutissent au cafarnaum auquel on a assisté ces cinq derniers jours.
32:57 Mais cette artiste-là, en quoi en fait elle a souffert de la politique d'Emmanuel Macron ?
33:01 Je veux dire, elle vient quand même d'une famille archifriquée qui a fait des études dans des lycées extraordinaires.
33:09 Elle n'a pas pâti ou souffert de la politique d'Emmanuel Macron. Alors qu'elle se fasse le porte-voix et d'ailleurs son public à Beaulieu,
33:18 ce n'est pas le public le plus défavorisé et le plus au RSA qu'il puisse exister en France.
33:28 Je trouve ça à la fois bien sûr scandaleux et ça mérite une sanction judiciaire, mais par-delà ça, c'est totalement en décalage en fait avec ce qu'elle-même vit.
33:41 Emmanuel Macron, on va en parler justement dans un instant. Vous lui ajoutez une phrase, Nathan Le Verre ?
33:45 Sur votre deuxième argument, là où je ne suis pas d'accord, c'est que je ne pense pas qu'il faut souffrir de la politique de quelqu'un
33:49 ou être directement impacté pour pouvoir s'engager politiquement. D'ailleurs, je ne pense pas que vous, vous ayez été atteint personnellement
33:54 par la politique économique ou autre d'Emmanuel Macron.
33:57 Ah si, si, moi je ne me sens pas…
33:58 Et à mon avis…
33:59 Moi je me sens trahi, oui, par Emmanuel Macron.
34:00 Pas personnellement, dans votre vie, dans votre mode de vie, je ne pense pas.
34:02 Si, si, si, je me sens trahi, oui. Parce que moi, je me suis assimilé à un pays qui s'appelait la France,
34:06 dont Emmanuel Macron nous dit qu'il n'a ni culture ni identité.
34:09 Non mais dans votre vie quotidienne incarnée.
34:11 Je me sens trahi et dans mon intimité identitaire, oui, je me sens, j'éprouve une forme de souffrance, oui.
34:18 Allez, messieurs, malheureusement, le temps passe très vite. Je voulais revenir avec vous sur la suite des émeutes
34:25 à une semaine de la fin des fameux 100 jours, ces fameux 100 jours d'apaisement promis par Emmanuel Macron.
34:31 Le chef de l'État, eh bien, il doit maintenant sortir de cette crise que nous venons de traverser.
34:36 Alors, Élisabeth Borne s'est exprimée dans les colonnes du Parisien ce soir.
34:40 Bon, alors, une réponse à court terme.
34:42 La Première ministre promet des moyens massifs pour protéger les Français lors du week-end du 14 juillet,
34:46 pendant lequel la vente des mortiers d'artifices sera interdite.
34:49 Voilà pour l'annonce de ce soir.
34:51 Reste que les plans d'Emmanuel Macron, eh bien, ils ont été perturbés.
34:54 C'est ce que nous explique Florian Tardif.
34:56 Oui, le compte à rebours a d'ores et déjà débuté, puisqu'il ne le reste qu'une semaine au chef de l'État
35:01 pour savoir comment clôturer cette période de 100 jours débutée il y a trois mois,
35:05 en réponse à la crise sociale qui a secoué le pays autour de la réforme des retraites.
35:09 100 jours présentés à l'époque par le chef de l'État comme 100 jours d'apaisement, d'unité, d'ambition,
35:14 je le cite, et d'action au service de la France.
35:17 Les émeutes de la semaine dernière sont venues contrarier ces plans initiaux de l'exécutif.
35:22 Plusieurs plans qui devaient être présentés dans le cadre de ces 100 jours annoncés
35:27 ont été reportés, comme celui par exemple de la planification écologique pour réduire notre empreinte carbone.
35:32 Il devait être présenté cette semaine, il le sera finalement le 17 juillet prochain.
35:37 Selon nos informations, des plans reportés et d'autres qui viennent s'ajouter,
35:41 puisque le gouvernement doit s'occuper d'un tout nouveau dossier, la réponse aux émeutes de la semaine dernière,
35:47 réponse sécuritaire, identitaire ou sociale.
35:50 Emmanuel Macron ne pourra éluder la question à l'heure du bilan de ces 100 jours.
35:54 Alors le bilan des 100 jours pour Emmanuel Macron qui va être reporté.
35:59 Il avait promis 100 jours d'apaisement, Nathan Devers, il va falloir qu'il revoie sa copie.
36:04 Qu'est-ce que vous attendez très concrètement ?
36:07 On a vu cette mesure d'Elisabeth Borne pour le 14 juillet, néanmoins c'est beaucoup plus profond que cela.
36:12 Maintenant le défi qui attend Emmanuel Macron.
36:15 Oui bien sûr, je pense que ce qui est en train de se passer,
36:19 il y a eu des violences contre des biens publics ou privés d'ailleurs,
36:23 qui sont inacceptables, qui ont été punies, très très durement punies d'ailleurs,
36:28 de manière assez inédite par rapport à ce qu'il y a habituellement en comparaison immédiate.
36:32 Je pense qu'il ne faut pas du tout se contenter de ça et qu'il faut poser la question politique.
36:36 Qu'y a-t-il derrière ? Je pense que derrière ces violences, je ne parle pas des gens qui les ont commises,
36:40 je parle même des gens qui peuvent de près ou de loin se satisfaire ou applaudir à ces violences
36:44 parce qu'ils sont concernés par la réalité des quartiers concernés.
36:47 Je pense qu'il y a si vous voulez un problème de langage, un problème de réel.
36:51 Cela veut dire que sur un certain nombre de questions brûlantes,
36:53 la question par exemple du rapport qu'on peut avoir avec la police,
36:56 on n'a pas ni les mêmes perceptions, ni les mêmes expériences
36:59 et qu'il est urgent de se parler dans ce pays.
37:02 Et si vous voulez, après les Gilets jaunes, le président Macron avait fait le grand débat,
37:06 il y avait évidemment une stratégie politique dans le grand débat.
37:09 Je pense qu'il faut créer de la parole, crever l'abcès, poser toutes les questions les plus taboues,
37:15 les plus brûlantes avec les personnes concernées des deux côtés,
37:18 aller dans les quartiers, vous savez cet été ils pourraient faire ça,
37:20 aller dans les quartiers où il y a eu des émeutes, rencontrer évidemment pas les gens qui ont commis les violences
37:24 mais les jeunes de ces quartiers-là, les gens qui peuvent soutenir ces violences,
37:27 écouter, répondre, créer du débat démocratique,
37:30 parce que c'est la seule chose qui nous permettra de sortir,
37:32 en tout cas de faire un diagnostic complexe et, ne vous en déplaise, multifactoriel,
37:36 parce que la réalité est toujours multifactorielle.
37:38 Le problème si vous voulez, c'est que nous ne sommes plus à l'époque des diagnostics.
37:44 Les diagnostics, tout le monde les connaît, il n'y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas les voir.
37:49 Le diagnostic de ce qui vient de se passer ces cinq derniers jours, on le connaît,
37:53 c'est une folle politique d'immigration sur les 40 dernières années,
37:57 doublée d'une folle politique de naturalisation,
38:00 parce que quand Gérald Darmanin nous explique qu'il y a 90% de Français,
38:03 on a envie de poser la question "quel Français ?"
38:06 et s'il y a 90% de Français, pourquoi il dit en même temps "c'est des Kévin et des Macéo ?"
38:11 Ça veut dire que, d'ailleurs, entre parenthèses, il donne raison à Éric Zemmour qui parlait des prénoms,
38:17 puisqu'il parle des prénoms comme si les prénoms étaient un marqueur identitaire.
38:21 Donc il est en contradiction avec lui-même.
38:24 Ça, c'est la première chose.
38:26 L'autre révolte qui a eu lieu dans le pays, c'était la réforme des retraites.
38:32 On sait très bien d'où elle vient, on en a discuté pendant des heures sur ces plateaux.
38:36 Donc, en fait, les diagnostics, on les connaît.
38:38 Ce que les Français attendent, ce n'est pas de tailler une bavette à 17 millions d'euros comme le Grand Débat.
38:42 Ce que les Français attendent, c'est que le gouvernement agisse,
38:45 et Emmanuel Macron agisse, mais pas agisse selon une vision technocratique anationale
38:50 et ahistorique de la France.
38:53 C'est qu'il parle au pays réel, c'est qu'il parle aux Français dans ce qu'ils veulent.
38:57 Aujourd'hui, le président de la République s'est donné 100 jours pour apaiser le pays.
39:01 Il n'a fait que l'embraser.
39:03 Donc, est-ce qu'il va apaiser le pays en 7 jours ? Ça m'étonnerait.
39:06 Et des Français qui ont aussi besoin, vous parliez d'unité, de cette nécessité de se réunir.
39:11 Les Français ont besoin de traditions comme le feu d'artifice du 14 juillet.
39:15 Et bien, après ces émeutes marquantes dont on parlait à l'instant de ces derniers jours,
39:19 certaines communes ont fait leur choix.
39:21 Il n'y aura pas de feu d'artifice cette année.
39:23 Principale cause, eh bien, la sécurité autour de cet événement.
39:27 Amita Adem, Adrien Fontenot et Jean-Laurent Constantin.
39:30 À Montargis, où les dégâts provoqués par les émeutes sont encore présents,
39:37 la fête nationale se fera sans feu d'artifice ni balles.
39:40 Le maire a décidé de ne prendre aucun risque.
39:44 On ne s'en sentait pas la capacité de gérer ça.
39:48 Bon, l'histoire, il fallait ressoliciter la police nationale, la police municipale,
39:52 les pompiers, la gendarmerie.
39:54 Tout le monde est fatigué. Je pense qu'ils ont le droit tous à se reposer.
39:57 Si le maire pense que ses habitants comprennent cette décision,
40:00 certains d'entre eux sont pourtant déçus.
40:02 Je trouve ça scandaleux qu'on empêche de le faire à cause de certaines personnes
40:10 qui nuisent à la vie de chacun, en fait.
40:14 On est punis, nous, et puis nous, on n'y peut rien.
40:16 Ceux qui n'ont rien fait, quoi, je veux dire.
40:18 Je le comprends dans un sens, et puis je pense qu'il y a pas mal de gens
40:21 qui doivent être déçus d'un autre côté, oui.
40:24 La sécurité au détriment des festivités, un choix que regrettent également
40:28 certains syndicats de police.
40:30 D'un côté, oui, les policiers vont souffler un petit peu,
40:33 et de l'autre côté, je trouve que c'est quand même pas normal.
40:35 Le 14 juillet, ce sont les feux d'artifice, c'est la joie, c'est les balles populaires,
40:39 et en fait, tout va être mis sous cloche à cause de quelques milliers d'émeutiers.
40:45 À Montargis, une célébration est tout de même maintenue à 20h30
40:48 pour rendre hommage aux policiers, gendarmes et pompiers,
40:51 très sollicités lors des récentes émeutes.
40:55 Une erreur selon vous, messieurs, il ne faut pas céder une tradition,
40:59 finalement, face à des voyous, des émeutiers, c'est important pour les Français aussi,
41:02 ces rassemblements.
41:03 Non mais le 14 juillet, c'est quoi ? C'est notre fête nationale.
41:06 Elle est associée, dans le conscient et l'inconscient populaire,
41:10 à la fête, dont le feu d'artifice fait partie.
41:14 Donc aujourd'hui, les Français, en tout cas un certain nombre de Français,
41:17 vont en gros être privés de fête nationale.
41:20 Donc qu'est-ce qui se passe dans ce cas-là ?
41:22 On n'a qu'à interdire la fête nationale française,
41:25 peut-être que c'est à cela qu'on va arriver.
41:27 Comme ils voulaient remplacer un certain nombre de fêtes chrétiennes
41:32 dans le calendrier de jour férié par d'autres fêtes,
41:35 peut-être que le rythme de remplacement de population est arrivé à un point,
41:41 peut-être que demain, la fête nationale française,
41:43 on va la remplacer par des fêtes nationales d'autres pays
41:46 dont les peuples sont présents sur notre pays.
41:48 Pourquoi pas faire la fête nationale française le 5 juillet, par exemple,
41:52 qui est le jour de l'indépendance de l'Algérie ?
41:54 Alors là, Jean-Messia part loin ce soir.
41:57 Non mais je veux dire, à un moment, si vous voulez,
41:59 soit on est une nation et à ce moment-là, on respecte la fête nationale,
42:03 on est un peuple cohérent, homogène,
42:06 qui se reconnaît dans les symboles les plus importants
42:09 de la République française, à commencer par le 14 juillet,
42:12 et dans ce cas-là, on le maintient,
42:14 ou alors on dit, écoutez, la population a changé
42:17 et c'est pour ça que la fête nationale, aujourd'hui, devient problématique,
42:20 ce qui n'était pas le cas il y a 40 ans.
42:22 On arrive au terme de cette émission, mais un mot tout de même,
42:24 Nathan Devers, en quelques secondes, c'est quand même décevant
42:27 de devoir annuler cette fête du 14 juillet.
42:29 Le 14 juillet, que ce soit 89 ou celui de la fête de la Fédération,
42:33 c'est précisément une vision de la France qui est absolument le contraire
42:36 de ce que vous venez de dire, qui ne regarde pas
42:38 qui sont les Français, les classés, voir d'où ils viennent, etc.
42:40 C'est précisément la naissance de la France qui est à l'inverse
42:43 de celle que vous feignez de louer.
42:46 Mais cette France-là disparaissant, le 14 juillet,
42:48 est en train de disparaître avec elle et vous ne le voyez pas.
42:50 C'est ça le drame.
42:52 Allez, on arrive au terme de cette émission, trop courte, bien évidemment,
42:56 avec vous Nathan Devers, avec vous Jean Messiaen.
42:58 Merci beaucoup d'avoir débattu, d'avoir décrypté l'actualité du jour.
43:02 Restez avec nous sur ces news dans un instant.
43:05 Frédéric Taddeï et ses invités pour les visiteurs du soir.
43:08 On parlait des émeutes, et bien justement, il en sera question sur notre antenne
43:12 dans un instant.
43:14 Excellente soirée à vous, restez avec nous sur ces news.
43:17 ♪ ♪ ♪

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