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00:00 (Musique)
00:18 Madame, Monsieur, bonsoir et bienvenue à cette édition des questions économiques.
00:22 Le Cameroun vient de clôturer l'an préobligataire 2023 à choix multiples sur une note positive.
00:29 Plus de 176 milliards de francs CFA levés sur 150 milliards recherchés.
00:35 Dans la même veine, le Conseil d'administration du Fonds monétaire international conclut la quatrième revue des accords avec le Cameroun
00:42 au titre de la facilité et du mécanisme élargi de crédit et approuve un décaissement de 45 milliards en faveur du Cameroun.
00:51 Une série de bonnes nouvelles qui témoignent de la qualité de la signature du Cameroun et des perspectives heureuses de son économie
01:00 à condition de poursuivre les réformes engagées. Et c'est là tout le challenge.
01:07 Nous en parlons ce soir avec le professeur Henri Ouatabi, économiste et enseignant à l'Université de Yaoundé.
01:14 Bonsoir professeur.
01:15 Bonsoir et merci pour l'invitation.
01:17 Alors professeur, on vient de le dire, le Cameroun vient de réussir un grand coup, on va le dire ainsi,
01:24 parvenir à lever 176 milliards, plus de 176 milliards de francs CFA sur le marché financier de la sous-région,
01:32 parti chercher 150 milliards, le Cameroun a pu lever 176 milliards de francs CFA.
01:39 Il y a quelques jours, c'était avec le Fonds monétaire international qui a donc approuvé un décaissement de 45 milliards de francs CFA en faveur de notre pays.
01:50 Qu'est-ce que cela vous suggère comme commentaire ?
01:53 Oui, il faut dire qu'à partir du moment où vous partez sur une base, où vous estimez que vous pouvez lever 150 milliards et que vous levez plus,
02:02 il y a déjà une note positive. Mais dans cette note positive, il faut regarder que le marché est très difficile actuellement,
02:11 vu les conditions de restriction qu'impose la Banque centrale, des états de l'Afrique centrale pour lutter contre l'inflation.
02:19 Et donc forcément, les conditions sont très difficiles, ce qui fait donc que le Cameroun, en allant chercher 150 milliards,
02:29 un peu plus de 176 milliards, c'est une très bonne note, parce que cela veut dire que la signature est toujours valable et que les opérateurs économiques font confiance.
02:40 Mais il faut quand même relever dans cette action qu'il y a quand même quelques éléments qui préfiguraient cette réussite.
02:47 Vous avez le pôle bancaire qui devait s'occuper de cette opération, qui avait déjà mobilisé 70% du montant recherché.
02:55 Oui, donc cette prise de ferme était déjà là. Forcément, ça garantissait déjà le succès de l'opération.
03:02 Mais il faut dire que ce pôle bancaire, c'est l'épargne locale ou l'épargne sous-régionale qu'il mobilise.
03:08 Donc ça, c'est une bonne chose pour mobiliser notre épargne. Et ensuite, ça garantit le succès.
03:13 Et vu les conditions que je viens d'évoquer, qui sont présentées par la Banque centrale, la BEAC,
03:20 ces conditions restrictives pour lutter contre l'inflation sont très difficiles.
03:25 Ce qui fait qu'il a fallu aller chercher aussi ces épargnants.
03:29 C'est pour cela que, si on regarde très bien, c'est à plusieurs étages.
03:36 C'est-à-dire, nous avons des taux d'intérêt multiples. Nous avons des obligations de 3 ans, 4 ans, 5 ans, 6 ans, jusqu'à 8 ans.
03:44 4 tranches.
03:45 Voilà, 4 tranches.
03:47 C'était une innovation. Le Cameroun ne l'avait jamais fait avant.
03:51 Oui. En fait, cette innovation, c'est pour aller chercher les épargnants qui veulent miser en souscrivant à cette obligation.
04:00 Parce que, si vous présentez tout simplement des obligations de très court terme ou alors de très long terme,
04:07 il peut y avoir ceux qui cherchent le juste milieu mais qui n'arrivent pas à souscrire.
04:13 Et là, on a donné la latitude à ceux qui voulaient souscrire de pouvoir choisir,
04:18 soit leur période d'obligation qu'ils souhaitaient à partir de 3 ans jusqu'à 8 ans.
04:24 Ce qui fait donc aussi que le taux, plus vous souscrivez à long terme, plus le taux est aussi intéressant.
04:30 Et donc, avant cela, il y avait déjà le FMI avec ses décassements de 40 milliards.
04:36 Oui. Il faut dire que, de toutes les façons, cette opération du Cameroun, c'est la septième opération depuis 2010 d'appel à l'épargne publique.
04:45 Et maintenant, concernant le FMI, vous évoquez 45 milliards.
04:50 Il faut noter que le Cameroun a signé une convention avec le FMI pour l'accompagner dans la facilité financière.
05:00 Et donc, les 45 milliards, c'est une suite logique de la mise en œuvre de cette convention qui a été signée.
05:08 Cette mise en œuvre logique, c'est tout simplement qu'il y a des actions qui doivent être menées.
05:15 En l'occurrence, une des actions phares, c'est celle de la diminution des subventions au niveau du carburant.
05:22 Oui, ça a été acté et donc c'était une des recommandations fortes du FMI.
05:27 Dès cet instant, le FMI accompagne le processus d'ajustement qu'opère l'État du Cameroun.
05:34 Parce que ce processus d'ajustement nécessite aussi des moyens financiers pour pouvoir le mettre en œuvre.
05:40 Et donc, le FMI, par cette mise, d'aucuns peuvent dire que 45 milliards, c'est rien du tout.
05:45 Mais non, c'est pour accompagner le processus d'ajustement ou des réformes qu'on demande avant de pouvoir arriver à certaines situations.
05:54 Donc, ce n'est pas de l'argent forcément qui est là pour investir, mais c'est pour accompagner ce processus d'ajustement.
06:00 Parce que les réformes nécessitent aussi des moyens financiers.
06:03 Il s'agit là du deuxième programme entre le Cameroun et le FMI qui accompagne les réformes, vous l'avez bien souligné.
06:10 Sauf que jusque là, il y a une certaine opinion qui estime que cette présence du FMI dans notre pays est questionnable.
06:20 Je rappelle que le programme en cours va permettre de poursuivre les réformes et va déboucher sur un décaissement de 375 milliards de francs et francs.
06:30 Mais il y a une partie de l'opinion qui continue de dire que la présence du FMI n'est pas nécessaire.
06:38 Alors vous, qu'est-ce que vous en pensez ? C'est une présence nécessaire, facultative ?
06:42 La première des choses qu'il faut dire, c'est d'abord quoi le Fonds monétaire ? Pourquoi le Fonds monétaire a été créé ?
06:48 Après la deuxième guerre mondiale, il y a les institutions de Bretton Woods qui sont créées.
06:52 La mission du Fonds monétaire, c'est d'assurer la stabilité de l'économie mondiale.
06:56 Dès qu'un pays fait appel au Fonds monétaire, c'est pour venir l'aider à stabiliser son économie ou avoir une bonne visibilité de la gouvernance de son économie.
07:06 C'est ça l'objectif du Fonds monétaire international.
07:09 C'est pour cela que d'un côté, vous avez le Fonds monétaire, vous avez la Banque mondiale, les institutions de Bretton Woods.
07:15 La Banque mondiale, elle est beaucoup plus dans les projets. Mais le Fonds, c'est la stabilité.
07:20 Il faut donc revoir la situation de l'économie cammonnaise.
07:23 Vous savez qu'après le point d'achèvement, le Camon a lancé un processus de développement à travers le DSE.
07:29 Et bien entendu, ce processus de développement a nécessité une mise en mouvement de beaucoup de fonds.
07:35 Mais sauf qu'il y a eu beaucoup de crises qui sont intervenues qui n'ont pas permis l'évolution souhaitée dans la mise en œuvre des projets.
07:42 Et donc forcément, l'État du Camon s'étant endetté, n'ayant pas fini les projets, il est difficile que les remboursements se fassent,
07:51 le retour sur investissement soit fait immédiatement.
07:54 Dès lors, étant donné que le niveau d'endettement aussi augmentait, il y a des partenaires du Camon qui commençaient à se poser des questions.
08:01 A cet instant précis donc, le Camon sollicite le Fonds monétaire international pour l'aider à mener certaines réformes
08:08 qui lui permettent d'ajuster son économie ou alors de stabiliser son économie.
08:13 C'est pour ça qu'il parle d'ajustement. Vous voyez, chaque fois que le Fonds monétaire arrive, on dit "ajustement".
08:17 On ajuste parce que nous avons des difficultés, peut-être au niveau de la gouvernance de certains éléments
08:24 ou alors au niveau de la mise en œuvre d'une certaine politique.
08:27 Elle peut être fiscale, elle peut même être de développement, tout simplement.
08:31 Mais elle apporte donc son expertise pour que la gestion, beaucoup plus, de la caisse ou alors des finances soient de plus en plus rationalisées.
08:41 Et ça, ça donne confiance aux partenaires qui sont là.
08:45 Donc forcément, on peut se passer du Fonds monétaire.
08:49 Si nous-mêmes, nous pouvons manager nos problèmes et que ça rassure nos partenaires, il n'y a pas de souci.
08:55 Mais les événements que je viens de relater, c'est-à-dire la mise en œuvre du DSE, a amené un mouvement de décaissement de beaucoup d'argent,
09:05 beaucoup de projets lancés, mais ces projets ne sont pas allés à terme.
09:09 Et une bonne partie, jusqu'à aujourd'hui, à cause des multiples crises qui sont venues et des chocs qui ont paralysé.
09:15 Notamment le choc pétrolier en ce qui concerne le premier programme.
09:17 Exactement. Le choc pétrolier est arrivé et à ce moment, après le choc pétrolier, on a eu...
09:23 La crise de sécurité.
09:25 Toutes les crises de sécurité sont arrivées et derrière ça, la crise sanitaire, et ensuite les guerres et la perturbation au niveau de l'économie mondiale.
09:33 Toutes ces perturbations font qu'il y a des secousses qui arrivent au niveau de l'économie camerounaise.
09:39 Et il va falloir donc essayer de traverser ces secousses-là.
09:42 Pour les traverser, le Cameroun fait appel au Fonds monétaire pour l'aider à pouvoir faire des ajustements
09:49 et de pouvoir stabiliser son économie pour avoir une meilleure lisibilité afin de déployer de nouveaux projets et de nouveaux programmes.
09:55 Alors, professeur, vous avez parlé de cette confiance auprès des autres partenaires, le FMI.
10:00 On a le sentiment qu'il se porte quelque peu garant du Cameroun pour pouvoir attirer les autres investisseurs
10:09 parce que le programme en cours devrait permettre de déboucher sur un déclenchement de plus de 625 milliards de francs CFA.
10:17 Est-ce que cela peut également justifier cette présence du FMI qui apparaîtrait, comme je l'ai dit il y a quelques instants,
10:24 comme une sorte de garant des réformes ou de la santé des finances publiques au Cameroun ?
10:31 On aimerait que le Fonds monétaire ne soit pas le garant éternel du Cameroun et qu'on puisse avoir nos marges de manœuvre.
10:37 Mais, avec tout ce que je viens d'expliquer au vu de la situation de l'économie mondiale,
10:41 et particulièrement de l'économie camerounaise, dans son déploiement,
10:45 la présence, c'est vrai, du Fonds monétaire rassure les autres partenaires.
10:51 Évidemment, en premier lieu, vous avez par exemple la Banque mondiale, la Banque africaine de développement.
10:57 Normalement, avec la Banque mondiale, le Cameroun a un fonds de près de 3 000 milliards qu'il faut décaisser en termes de projet.
11:04 Et si vous regardez les projets qui sont mis en œuvre avec la Banque mondiale aujourd'hui, par exemple là, en février 2023,
11:12 il y a un projet très intéressant qui est lancé avec la Banque mondiale.
11:16 C'est plat de nuque, c'est-à-dire que c'est vraiment pour essayer de pouvoir mettre à jour la numérisation, les TIC au Cameroun.
11:25 Et il regroupe trois ministères, le ministère des Postes et télécommunications,
11:29 le ministère du développement des pêches et des industries animales et le ministère de l'agriculture.
11:35 Et vous voyez venir, parce qu'aujourd'hui, dans ce secteur-là, nous avons affaire à la quatrième révolution industrielle,
11:42 c'est-à-dire le numérique, l'intelligence artificielle.
11:44 Et donc, le Cameroun n'est pas encore au point.
11:47 Parce que dans le numérique et l'intelligence artificielle, aujourd'hui se trouvent les technologies les plus pointues qui ne coûtent pas grand-chose.
11:53 Les drones dont vous entendez parler, cette technologie-là, elle est facile d'accès, ça peut nous permettre de faire un catch-up très rapide,
12:00 c'est-à-dire un rattrapage technologique. Et donc, actuellement, je crois que ce projet est de l'ordre de 100 millions de dollars.
12:08 Et il vient de démarrer. Et c'est pour vraiment une transformation numérique avec trois volets.
12:13 Le premier volet, c'est d'abord de mettre sur pied tout un écosystème qui permet donc aux opérateurs économiques de pouvoir s'appuyer là et développer les activités.
12:21 Et le deuxième pan, lui, il développe tout ce qui est ASP TIC et facilite l'accès aussi.
12:27 Et le troisième, il nous ramène donc à ce que le Cameroun recherche aujourd'hui, c'est-à-dire le développement, par exemple, de son agriculture.
12:34 Quand on parle de deuxième, troisième génération, aujourd'hui, avec cette technologie liée au numérique,
12:40 le Cameroun peut, à travers cette technologie, comme je l'ai déjà dit, développer son agriculture.
12:46 Je crois savoir qu'il y a même des drones qui labourent déjà le sol aujourd'hui.
12:49 Vous savez, à partir d'un clic sur votre téléphone, vous pouvez déclencher un système d'irrigation qui peut permettre de faire des cultures à contre-temps et à temps.
12:58 Il y a, par exemple, le projet qui touche à la sécurité alimentaire actuellement, toujours avec la Banque mondiale.
13:03 Ce projet est récemment lancé et ça se passe vers le Grand Nord pour assurer cette sécurité alimentaire.
13:08 Vous avez la Banque africaine de développement qui a lancé des projets de chaîne de valeur au niveau, je crois très bien, de la banane, de l'ananas et, je crois, du cacao.
13:18 Mais je ne sais pas où en sont ces chaînes de valeur aujourd'hui.
13:22 Mais toujours est-il que ces institutions sont là, nous accompagnent.
13:25 C'est à nous-mêmes de savoir ce que nous voulons tirer de ces institutions.
13:29 On en vient à la question de la marche, de manœuvre.
13:32 Vous en avez parlé il y a quelques instants, professeur.
13:35 On a souvent reproché au FMI d'être une sorte de père fouettard qui vient et vous dit "voici ce que vous devez faire, voici ce que vous devez faire".
13:45 Est-ce que les choses ont changé entre temps?
13:49 Ce n'est pas un père fouettard.
13:51 Vous-même, vous pouvez proposer des solutions.
13:53 Ce n'est pas le fond qui décide ce que vous devez faire.
13:55 C'est vous qui proposez des solutions, vous discutez ensemble et vous arrivez à des résultats.
13:59 Mais la Banque mondiale, elle réalise des projets de développement.
14:03 Et là encore, il y a des conditionnalités.
14:05 Il est à nous de remplir ces conditionnalités pour que le décaissement soit fait correctement et que les projets se mettent en marche.
14:11 Les procédures sont très rigoureuses.
14:13 Parfois, on peut aller vers l'obligation, l'emploi obligataire comme on l'a fait.
14:19 Là, nous disposons de l'argent frais pour que nous-mêmes nous dépensons cet argent-là à notre guise.
14:24 Et là, je vois très bien, par exemple, l'emploi obligataire dont on vient d'évoquer, c'est pour réaliser quoi?
14:31 Des projets d'infrastructures au niveau routier, au niveau urbain.
14:35 Il faudra effectivement que cet argent aille dans ces projets et que ces projets soient réalisés pour qu'il y ait un retour sur investissement.
14:43 Et ça, parfois, c'est là où nous pêchons un tout petit peu.
14:46 Et c'est pour cela que la Banque mondiale, dans ses exigences, vous amène à réaliser le projet en suivant toutes les étapes possibles, mais avec une certaine rigueur.
14:56 Parfois, nous voulons escamoter cette rigueur-là.
14:59 Et donc, ce n'est pas eux qui nous imposent, c'est nous-mêmes.
15:03 Et c'est nous qui les appelons, le Camon n'est pas sous programme avec le Fonds monétaire.
15:07 C'est nous qui avons appelé le Fonds monétaire en disant, voilà, nous sommes à telle situation parce que la crise mondiale est là,
15:14 parce que notre niveau d'endettement a augmenté, nous n'avons pas terminé nos projets structurants.
15:21 Il faut nous aider à essayer de stabiliser notre économie et à prendre des mesures qui permettent de le faire.
15:26 Donc, le Fonds monétaire ne vient pas là pour investir.
15:29 Il vient pour vous dire, OK, puisque vous m'appelez, vous êtes malade ou alors vous risquez d'être malade, voici ce qu'il faut faire.
15:36 C'est tout. Et après...
15:37 Et si vous ne le faites pas, la BAT ne vient pas avec ses financements, la Banque mondiale ne vient pas avec ses financements.
15:44 Ce n'est pas des philanthropes. Ils ont besoin d'être rassurés.
15:48 Rassurés.
15:49 S'ils ne sont pas rassurés, c'est comme vous.
15:51 Si vous avez votre épargne, vous n'allez pas mettre votre épargne si vous n'avez pas de garantie de retour sur investissement.
15:57 Et le garantie sur retour sur investissement pour eux, c'est peut-être le Fonds monétaire international.
16:02 Mais maintenant, sommes-nous obligés d'aller vers le Fonds monétaire international ?
16:07 C'est à nous de questionner la mise en œuvre de nos projets et de nos programmes.
16:11 Et puis réfléchir autour de ça pour que nous puissions bâtir une économie solide.
16:16 Parce qu'on va peut-être y arriver, on le verra.
16:19 L'économie cammonaise n'est pas basée sur la production.
16:22 La croissance cammonaise n'est pas basée sur la production.
16:25 Elle est basée sur l'ajustement.
16:27 Parce que le Fonds monétaire arrive, nous demande souvent de faire quoi ?
16:31 De diminuer les charges.
16:33 Les charges de fonctionnement.
16:35 Et quand vous diminuez vos charges, vous avez des marges de manœuvre qui vous permettent à nouveau de consommer.
16:40 Et c'est cette consommation qui permet de faire quoi ?
16:43 D'augmenter un point de croissance.
16:44 Mais la croissance du Camon n'est pas basée sur la production.
16:48 Dès cet instant, si nous avons une économie d'ajustement et non une économie de production,
16:52 nous aurons toutes les difficultés du monde de pouvoir nous déployer.
16:55 Et chaque fois que nous aurons comblé, dès qu'il y a un ajustement, on a des marges.
17:01 Par exemple, là, on a diminué les subventions, même si parallèlement on a augmenté les salaires.
17:07 Mais il y a toujours une marge qui s'est dégagée.
17:09 Cette marge-là, aujourd'hui, peut nous permettre de réaliser certains petits investissements ou de consommation.
17:13 Et c'est ça qui va tirer la croissance.
17:15 Et à un moment donné, ça ne va pas durer.
17:17 Nous allons arriver à saturation.
17:19 Et une fois à saturation, nous devons encore ajuster.
17:22 Mais pourquoi nous sommes à saturation rapidement ?
17:24 Et pourquoi devons-nous ajuster très rapidement ?
17:26 Parce que l'économie ne repose pas sur la production.
17:29 Nous allons en parler dans la suite de cette édition des questions économiques.
17:33 Le temps pour nous de questionner justement les mécanismes de décaissement des fonds par le FMI.
17:40 C'est dans ce reportage que nous propose Sadou Mahmoudou.
17:48 Le FMI vient d'approuver un nouvel endettement de l'État du Cameroun.
17:53 Dans ce qui convient d'appeler Facilité élargie de crédit, cette institution de Bretton Woods,
17:58 du moins son conseil d'administration, a marqué son accord suivant le communiqué signé de l'argentier camerounais en date du 30 juin dernier, la revue du mois de mai.
18:07 Aussi peut-on lire derrière les mots de cette sortie du ministre camerounais de finances, Louis-Paul Moutazé,
18:13 le FMI a également approuvé le décaissement de 55,2 millions de droits de tirage spéciaux, soit environ 45 milliards de FONSEFA.
18:23 Pour le gouvernement, cette Facilité élargie de crédit et du mécanisme de crédit magnifient la résilience de l'État du Cameroun,
18:31 malgré un contexte difficile d'implémentation du programme.
18:35 Dans l'esprit et à l'aide de ce communiqué de presse du ministre de finances,
18:39 le FMI exhorte les pouvoirs publics à accélérer la réhabilitation de la zone arabe.
18:44 Bien plus, le Cameroun devra accentuer les mesures à même de booster la croissance avec le secteur privé,
18:51 gage de l'inclusion financière recommandée par le FMI.
18:57 À date, l'État du Cameroun est endetté à hauteur de 300 milliards de FONSEFA auprès du FMI.
19:06 Merci Sadou Mahmoudou pour ce reportage.
19:10 Retour sur ce plateau, professeur.
19:12 Alors, le FMI est plutôt satisfait de la suite des réformes,
19:18 de la manière dont le Cameroun met en œuvre les différentes réformes qui ont été engagées dans un contexte plutôt difficile,
19:28 contexte mondial plutôt difficile. Le FMI parle d'un taux de croissance de 3,8% en 2022,
19:36 un taux de croissance qui devrait atteindre 4% en 2023.
19:41 Professeur, que pensez-vous de ces taux de croissance?
19:44 Est-ce que, comme le FMI, ces taux de croissance augurent, selon vous, des perspectives heureuses pour notre pays?
19:51 Oui, un taux de croissance, c'est quelque chose, de toutes les façons, augurent toujours des perspectives heureuses,
19:57 s'ils augmentent. C'est d'abord quoi un taux de croissance? Parce que l'économie est parfois simple.
20:01 Le taux de croissance, ce n'est rien d'autre que l'augmentation de la production d'une année à une autre.
20:07 Et ce qui fait que je peux remonter à l'histoire, c'est-à-dire depuis les années 1995, nous avons commencé l'ajustement depuis 1986,
20:15 ajustement structurel. Et vous voyez, on parle encore d'ajustement aujourd'hui, c'est les termes consacrés du FMI.
20:21 Même si on ne veut pas les utiliser.
20:23 Oui, mais là, depuis 1995, vous voyez, on a fait cet ajustement. Depuis 1995, nous avons un taux de croissance positif,
20:30 excepté peut-être la période de Covid qui est venue perturber. Mais nous avons un taux de croissance positif qui tourne autour de 3-4 %.
20:37 Ça a un peu augmenté à une certaine période, peut-être à 5 %, mais pas plus.
20:41 Mais ce taux de croissance que nous avons, lui, il ne suffit pas. Il nous faut des taux de croissance de l'ordre de 8-9-10 %.
20:49 Actuellement, nous avons un taux de croissance qui ne nous enrichit pas.
20:54 D'aucuns diraient même que c'est ce qu'on appelle des taux de croissance appauvrissantes.
20:59 C'est-à-dire que vous avez un taux de croissance, vous dégagez cette croissance-là, mais il n'y a pas grand-chose qui se passe,
21:05 parce qu'en fait, ce n'est pas à niveau.
21:07 Alors, s'il augmente, c'est déjà bien, mais il va falloir l'accélérer.
21:11 Pourquoi, justement, je l'ai déjà expliqué tantôt, pourquoi ce taux de croissance, il est bloqué entre 3-4 %,
21:18 encore une fois, parce qu'à chaque fois, nous ne faisons que des ajustements.
21:21 Je vous ai dit tout à l'heure que le taux de croissance, la croissance n'est que l'augmentation de la production d'une année à une autre.
21:27 Il va falloir augmenter la production.
21:29 Donc, la mise en œuvre de la transformation structurelle, même s'il faut transformer les structures pour qu'on arrive à la production,
21:35 il faut le faire, c'est-à-dire la production.
21:37 Qu'est-ce que nous produisons et qu'est-ce que nous vendons ?
21:40 Est-ce que ce que nous produisons est suffisant pour pouvoir accélérer ce taux de croissance-là,
21:45 qui passe à 5, 6, 7, 8 ?
21:48 C'est ça la véritable question et le véritable enjeu.
21:51 Et les taux de croissance surviennent parce qu'il y a des ajustements que nous faisons au niveau budgétaire,
21:55 au niveau des dépenses, et c'est ça qui nous dégage des marges.
21:58 Mais maintenant, il va falloir bâtir une véritable économie de production.
22:03 Et justement, professeur, le FMI invite le Cameroun à poursuivre des réformes nécessaires à la mise en œuvre
22:10 et surtout à la création de ces marges dont vous parliez, des marges qui lui permettraient d'investir dans les secteurs productifs.
22:19 Comment dégager des marges qui pourraient permettre d'investir dans les secteurs productifs ?
22:25 En fait, il faut avoir une politique budgétaire à vision développementiste.
22:29 Par exemple, lorsqu'on va s'endetter, il faudrait que cet endettement soit très rigoureux
22:35 et qu'il repose uniquement sur des projets d'investissement rentables à moyen terme.
22:42 Il ne faudrait pas que nous réalisons des investissements et que cela nous prenne beaucoup de temps
22:46 pour les terminer et ensuite les connecter au circuit productif.
22:49 Ça, c'est la première des choses. C'est le BHA.
22:52 Mais vous voyez, nous avons beaucoup de projets qui ne sont toujours pas forcément terminés
22:55 et non connectés au circuit productif et nous remboursons déjà et ça annihile nos marges de manœuvre.
23:01 Est-ce que derrière le problème, ce n'est pas le choix des secteurs ?
23:05 Quels sont les secteurs prioritaires sur lesquels le Cameroun devrait s'investir ou devrait investir ?
23:12 Oui, à ce moment-là, le secteur agricole, on l'a déjà dit, c'est la base.
23:17 Parce que la transformation structurelle du Cameroun se fera à partir de l'agriculture.
23:21 Et d'antan, nous avons évoqué ces nouvelles technologies de la numérisation
23:25 qui permettent de pouvoir réaliser de grandes choses aujourd'hui au nouveau du secteur agricole.
23:30 Donc, il faut établir des liaisons entre le secteur agricole et le secteur industriel, agro-industrie, agro-alimentaire.
23:38 Mais quelles sont les cibles ? Je n'ai de cesse de le dire,
23:41 le taux de diversification de l'économie camerounaise naturellement, sans agir, est de l'ordre de 69%.
23:48 Ça veut dire qu'il y a beaucoup de choses.
23:50 Maintenant, les secteurs réels peuvent nous dire, c'est-à-dire dans les départements ministériels,
23:54 sur quoi on peut d'abord s'appuyer pour lancer tel type d'activité ou pas.
24:00 Et je le dis souvent, il faut stratifier cette économie-là à trois niveaux.
24:05 Le premier niveau, on peut se dire, voilà les produits que nous voulons positionner
24:10 au niveau du marché international pour avoir des dévises.
24:13 À ce niveau, il va falloir que la technostructure travaille.
24:17 Et lorsqu'elle a travaillé face à des propositions, lorsque ces propositions sont faites,
24:21 la politique choisit, mais laisse faire la technostructure.
24:24 C'est-à-dire, c'est vraiment de la haute technologie qui agit là,
24:27 et ces produits sont positionnés au niveau international.
24:29 Ça, c'est les secteurs réels qui peuvent décider, puisque nous avons beaucoup de force.
24:33 Et si ces produits sont positionnés au niveau du marché international,
24:37 ça nous permet de tirer des dévises qui nous permettent d'acheter la technologie pour investir ici localement.
24:43 Deuxième niveau, on peut avoir des produits qui sont mi-figue, mi-raisin,
24:48 c'est-à-dire plus ou moins sophistiqués, mais qui ciblent le marché peut-être africain,
24:53 le marché régional ou sous-régional.
24:56 Et là aussi, la technostructure travaille, fait des propositions,
25:00 et lorsque la politique a décidé, laisse la technostructure agir.
25:03 Mais la politique peut agir dans des espaces de l'ordre de 20%, parce qu'elle a son dernier mot à dire.
25:09 Parce que si vous perturbez ce fonctionnement, et que la technostructure qui travaille,
25:13 qui fait des propositions liées à de la haute technologie, pour que ça puisse prendre,
25:17 si c'est perturbé et ce n'est pas suivi, alors là, la mayonnaise ne va pas prendre.
25:21 À ce moment donc, ces produits sont positionnés là.
25:24 Et dernier étage, ce qu'on peut appeler, vous catégorisez ces produits-là de rang C.
25:28 Là, la politique peut intervenir comme elle veut, parce qu'on doit calmer telle région, telle ville, et ainsi de suite.
25:34 À ce moment, on vise peut-être le marché national et le marché sous-régional.
25:38 Il faut donc stratifier et voir.
25:41 Je ne connais pas une économie au monde qui ne s'appuie pas sur un seul produit.
25:46 Tous les pays qui se sont développés se sont appuyés sur au moins un, deux, voire trois produits.
25:52 Le problème, c'est qu'actuellement, le Cameroun a sa structure des exportations qui n'a pas changé depuis la nuit des temps.
26:00 C'est les mêmes produits.
26:02 Et ces mêmes produits, cacao, café, banane, bois, coton, sont toujours là et ne sont pas transformés.
26:08 Qu'est-ce que nous faisons alors par rapport à cette situation-là ?
26:11 C'est ça toute la problématique.
26:13 Pour l'instant, nous avons l'impression que beaucoup de choses sont faites dans cette direction, mais c'est fait de façon éparse.
26:20 Parfois, on retrouve des doublons, des triplons, des mêmes projets qu'on peut retrouver dans tel ou tel autre ministère.
26:28 On voit la Côte d'Ivoire, on voit le Ghana, ils s'appuient tous sur le cacao.
26:32 Premier producteur, deuxième producteur.
26:34 Il y a déjà une partie de la transformation qui est faite au niveau local.
26:38 Et ensuite, vous avez tout ce qui est minerai qui peut venir maintenant appuyer.
26:42 Mais ils ont un produit phare.
26:44 Ce produit phare permet de lever des fonds lui seul.
26:47 Il vous permet donc de lever des fonds parce qu'on sait qu'on peut vous donner des crédits sur 10 ans, 15 ans.
26:53 Comme vous avez ce produit phare, vous avez des marges de manœuvre pour lever des fonds qui vous permettent d'investir.
26:58 C'est ce qu'il faut en gros essayer de réaliser.
27:01 Parlons justement d'investissement, il y a donc derrière aussi l'amélioration de l'efficacité de ces différents investissements qui pourraient être décidés par le politique.
27:09 Oui, bien entendu, parce que l'investissement s'il n'est pas efficace, il n'y a pas de retour sur l'investissement.
27:15 S'il n'y a pas de retour sur l'investissement, l'endettement que vous avez réalisé, on va le rembourser avec quoi ?
27:21 Il faudra encore creuser dans notre valeur ajoutée pour rembourser cet argent alors qu'il est improductif.
27:27 Vous savez, je peux prendre un cas très pratique avec l'économie du Ghana.
27:35 Ils ont mis sur pied en gros 6 000 petites unités dans la transformation structurelle qui réalisent la valorisation et la transformation des matières premières.
27:46 Ils ont identifié des cibles. Près de 6 000 petites industries qui transforment.
27:52 Aujourd'hui, nous avons nos PME ici. Il va falloir sérieusement les positionner parce que nos PME ne produisent pas 10 ou 15 % de la richesse du pays.
28:04 Ce sont les filiales des multinationales qui produisent 70 à 80 % de la richesse du Cameroun.
28:10 Alors que c'est le tissu des PME qui constitue le socle de l'économie nationale, qui doit produire la richesse nationale.
28:17 Et au Ghana, on a créé près de 6 000 qui transforment dans la logique de la transformation structurelle.
28:25 Et aujourd'hui, l'économie du Ghana est peut-être en crise. Mais c'est à l'inverse.
28:30 Ils sont en crise parce qu'ils ont des problèmes de crise de riches.
28:35 C'est-à-dire qu'ils ont un trop-plein d'argent, un surinvestissement qui fait que le moteur chauffe et surchauffe.
28:43 Et ils font plutôt appel au Fonds monétaire pour venir ramener le moteur au niveau où il doit fonctionner normalement.
28:50 Parce que quand il surchauffe, vous allez toujours faire appel au Fonds monétaire qui va vous amener à faire l'ajustement.
28:55 Mais là, ils veulent faire l'ajustement pour trouver un niveau normal de fonctionnement parce qu'ils sont en sur-régime.
29:01 Et l'économie n'arrive plus à tenir et ils suffoquent.
29:03 Et ils ont mis en œuvre ce qu'on appelle la transformation structurelle.
29:07 Je le dis parce que depuis 2009, il y a un centre qui est basé là-bas, tenu par les Africains qui ont parcouru le monde entier.
29:13 African Center for Economic Transformation. Nous avons travaillé avec ce centre-là depuis 2009.
29:18 Comment on arrive à développer la transformation structurelle ? Comment on arrive à la mettre en œuvre ?
29:24 Et ils l'ont appliquée. En l'appliquant, non seulement en plus de ça, ils ont un produit phare maintenant, c'est-à-dire un deuxième producteur de cacao.
29:31 Et il y a la production des hydrocarbures qui se rajoute, le trop-plein d'argent y est, et l'économie surchauffe.
29:37 Et quand ils auront trouvé le bon rythme, l'économie va décoller.
29:41 Donc, ni plus ni moins, si nous mettons des petites unités qui transforment nos matières, nos produits, même nos vivriers, nos matières premières.
29:49 Mais cette transformation-là, avec des petites industries, on alimente d'abord le marché national, le marché souverain.
29:55 Comme j'ai dit, cette stratification-là, ça va nous apporter beaucoup de choses.
29:58 Et finalement, nous allons avoir une économie qui peut décoller. C'est possible.
30:03 On revient donc au Cameroun pour parler d'un sujet qui vous tient à cœur.
30:08 Lorsque je vous écoutais, ça m'est revenu à l'esprit, la question ou la problématique des champions nationaux.
30:16 Ah oui, les champions nationaux, c'est ça.
30:19 Et le ministère de l'économie a adopté cette politique-là des champions nationaux.
30:23 Bon, la question qu'on peut se poser, où en est-on aujourd'hui ?
30:26 Et les champions nationaux, c'est rien d'autre que dans l'industrialisation, dans la transformation.
30:32 Nous avons, par exemple, dans le secteur des savonneries, des cosmétiques, des industries qui utilisent de la matière première, l'huile de palme.
30:43 Nous avons ces chaînes de valeur qui sont mises en œuvre avec l'aide de la Banque africaine de développement,
30:47 dans le secteur du cacao, de l'ananas et je crois de la banane.
30:51 Donc, est-ce qu'on ne peut pas créer des champions nationaux à ces niveaux ?
30:56 Fussent-ils des PME qu'on renforce ?
30:58 Parce qu'il y a certaines PME qui font beaucoup de choses aujourd'hui,
31:01 mais qui nécessitent un encadrement encore un peu plus poussé pour qu'ils puissent monter en puissance.
31:05 Mais la cible doit être identifiée.
31:08 Mais si on ne l'identifie d'abord pas, et si on ne stratifie pas,
31:11 il est difficile d'arriver aux champions nationaux si vous ne stratifiez pas.
31:14 Parce que le champion national, qui l'a déterminé ?
31:17 Même s'il y a des conditions, on nous dit "il faut ceci, il faut cela".
31:20 Mais il faut d'abord qu'on ait des priorités visibles, identifiées, positionnées,
31:25 et là on crée des champions nationaux à l'intérieur.
31:28 Moi, j'étais aux journées économiques des communes, j'ai écouté, il y avait au moins je crois 6 ou 8 ministres,
31:36 j'ai écouté le ministre des forêts, qui nous disait que dans le bois, nous sommes déjà dans la quatrième transformation.
31:43 Ah, j'ai sursauté ! Et il a été très précis, il a même donné des chiffres.
31:47 Il a dit qu'il y a 16 PME qui sont déjà situées au niveau de la quatrième transformation.
31:51 Ça veut dire qu'il y a beaucoup de choses qui sont déjà faites.
31:54 Mais il se plaignait tout simplement qu'il n'y avait pas des ressources humaines qui accompagnent ce mouvement.
32:00 Donc vous voyez, c'est un ensemble de choses qu'il faut mettre dans le packaging pour que ça puisse monter en puissance.
32:05 Ces 16, par exemple, ces 16 PME identifiés, qui sont déjà dans la quatrième transformation du bois, peuvent constituer quoi ? Des champions nationaux.
32:14 Et justement, selon le FMI, l'autre challenge du Cameroun, c'est celui de la mobilisation des recettes non pétrolières.
32:20 Comment mobiliser ces différentes recettes ? Vous le disiez il y a quelques instants,
32:23 dans un contexte où l'industrie ne fait pas encore de grands bons, dans un contexte où l'informel tient une bonne partie de l'économie.
32:32 Alors dans ce contexte-là, vous risquez de me répéter, comment faire pour mobiliser des recettes non pétrolières, comme le souhaite le FMI ?
32:41 Élargissement de l'assiette fiscale. Aussi simple que ça.
32:45 Mais on élargit donc l'assiette fiscale où, vous l'avez dit, tout est presque dans l'informel.
32:49 Où allons-nous chercher des niches ? On va encore taper quasiment dans les mêmes niches.
32:53 Ça peut être des niches qui sont liées peut-être à telle industrie, peut-être Brassicol, ça peut être des niches qui sont liées à...
32:58 Et on va demander encore à l'État de faire un effort de quoi ? De baisser, par exemple, le budget de fonctionnement pour à nouveau dégager des marges.
33:07 Parce qu'il faut comprendre une chose, c'est la production qui fait rentrer les taxes dans les caisses de l'État.
33:15 Plus vous produisez et vous réalisez des ventes, donc l'argent rentre aussi.
33:19 Mais s'il n'y a pas de production, il n'y a pas d'argent qui puisse rentrer.
33:22 Faut-il sortir les PME qui sont dans l'informel et les ramener vers le formel ?
33:28 Je crois que c'est un serpent de mer. Ça fait un moment que l'État travaille dessus, de certaines sortes, et à ce moment on peut collecter les impôts de façon très juste.
33:37 Mais aujourd'hui, vu la situation de l'économie où, vous l'avez dit, l'industrialisation tarde à venir, donc la production tarde à prendre.
33:46 Il faut tout simplement revoir la composition de la consommation des dépenses budgétaires liées au fonctionnement de l'État.
33:56 C'est là où se trouve d'abord une grande marge de manœuvre.
33:59 Et ensuite, maintenant, il faudra voir comment développer ces activités productrices qui, elles, sont génératrices de taxes.
34:08 Parce que lorsque vous produisez via des consommateurs, ces consommateurs paient la taxe et ainsi de suite.
34:15 C'est une machine qui se met en marche et en économie. Nous parlons souvent de ce qu'on appelle les effets multiplicateurs qui se déclenchent.
34:21 Et à chaque étage, il y a des taxes qui rentrent dont les caisses de l'État vont se remplir sans coup féri.
34:27 Mais tant que nous n'avons pas de la production, c'est un peu difficile.
34:30 En plus, nous sommes dans une situation où vous avez une forte inflation, vous avez le monde qui est perturbé par des chocs.
34:37 Alors, élargir l'assiette vers quelle direction ?
34:40 Les populations, par le biais de l'inflation, ont déjà des difficultés.
34:43 L'État même a des difficultés dont la marge à ces niveaux-là est difficile.
34:47 L'endettement que nous réalisons aujourd'hui, il va falloir forcément qu'on aille vers l'économie de la production.
34:53 Ça, c'est vraiment le mot à retenir, l'économie de la production.
34:56 Alors, Professeur, vous avez parlé d'inflation il y a quelques instants.
34:59 Lorsqu'on relit le communiqué du Fonds monétaire international, pardonnez-moi de revenir sur ce communiqué-là,
35:06 on voit bien que le Fonds souhaite que le Cameroun abandonne progressivement la politique de subvention
35:13 pour une politique plus libérale en ce qui concerne la subvention du carburant à la pompe.
35:19 Alors, jusqu'où peut aller le Cameroun, sachant déjà que l'inflation qu'on a connue il y a quelques temps,
35:28 qui est toujours latente, peut être plus violente du fait de la baisse ou alors de l'abandon de cette subvention ?
35:39 Jusqu'où peut aller le Cameroun concernant ce sujet-là ?
35:41 La subvention sur le carburant, c'est encore un serpent de mer.
35:44 Ça date depuis 2009 que ce problème a commencé à être posé.
35:47 Mais pour le carburant, le Cameroun vient juste de diminuer les subventions.
35:53 C'était le 1er février dernier.
35:55 Donc, c'est déjà acté. Je ne crois pas qu'on peut revenir dans une deuxième vague tout de suite.
36:01 Non, il faut scluter la météo de l'économie internationale.
36:05 Parce que c'est elle.
36:06 Parce que depuis 2009, ce problème est posé sur la table.
36:09 Mais il s'avère que les nuages se sont accumulés au niveau de l'économie internationale,
36:14 c'est-à-dire l'économie mondiale, où nous avons connu de multiples chocs.
36:18 Et ces chocs ont donc impacté, et surtout le Covid, plus la guerre entre l'Ukraine et la Russie.
36:25 Et là, ça a déstabilisé tous les canaux qu'on utilisait pour acheter, vendre ou transporter du pétrole.
36:32 Dès cet instant, puisque la guerre dure déjà depuis plus d'un an,
36:36 et que nos économies ne peuvent pas tenir si il y a ces perturbations-là,
36:40 il était de bon ton à ce moment de faire un ajustement sur les prix du carburant.
36:45 Mais de 2009 jusqu'en 2023, nous avons tenu, puisque l'économie est aussi cyclique,
36:51 c'est-à-dire que le prix du baril peut remonter et peut être à un certain niveau pendant un certain nombre d'années.
36:59 Donc à ce niveau-là, c'est parce que les chocs sont devenus récurrents.
37:03 Ils ont perduré, que nous étions obligés d'agir sur la subvention, parce que c'était devenu intenable.
37:11 Mais au fur et à mesure que nous allons mettre notre économie de production, je reviens là-dessus,
37:17 où nous pouvons dégager facilement des taxes, ce problème aussi de subvention peut se régler très facilement.
37:22 Il n'y a pas à être pressé pour continuer à stresser les camarades.
37:25 Mais on en vient quand même à la question de la réhabilitation, de la restructuration de la Sonara.
37:31 C'est une nécessité si vous êtes producteur de pétrole.
37:34 Il faut avoir quand même votre industrie de transformation.
37:38 Parce que cette industrie de transformation, si on la restitue, vous connaissez très bien les effets, les externalités que ça dégage.
37:44 On peut arriver nous-mêmes à fabriquer des matériaux qui nous permettent de faire nos routes,
37:49 parce que les déchets qui sont issus de cette industrie-là sont importants pour pouvoir développer d'autres secteurs d'activité.
37:55 Donc ce n'est qu'une nécessité et je crois qu'il y a déjà des mesures qui ont été prises.
37:59 Un autre arrêt dans cette édition des questions économiques.
38:02 Pour écouter un membre de la commission des finances du Sénat, il s'agit de l'honorable Alium Aladji,
38:10 qui parle justement, qui commente cette décision du Fonds monétaire international,
38:16 qui a accepté ce décaissement de 45 milliards en faveur du Cameroun,
38:21 mais qui appelle également le Cameroun à poursuivre un certain nombre de réformes.
38:26 Nous écoutons donc l'honorable Alium Aladji.
38:30 Notre gouvernement est en train de faire des espoirs, parce que nous sommes dans un contexte extrêmement difficile.
38:38 Et malgré tout cela, notre niveau de développement et de croissance continue.
38:45 Vous savez, nous avons besoin de moyens parce que nous avons de très grands projets qui sont en cours.
38:50 Et les Camerounais regardent le gouvernement pour tout cela.
38:54 Maintenant, il faut trouver le financement.
38:56 Les gens vont penser que c'est une dette.
38:59 Mais comme l'a dit le ministre, si on n'est sans dette, on ne peut pas se développer.
39:03 Encore que nous sommes en dessous du niveau d'endettement demandé par la CEMAC et toutes les autres institutions.
39:10 Donc nous tirons un coup de chapeau, nous félicitons le gouvernement pour cela.
39:15 Et je crois que l'ordonnance que nous avons adoptée, le ministre en a profité pour nous dire,
39:23 qu'il est vrai que le FMI pensait du niveau des accords entre Cameroun et nous.
39:29 Donc nous sommes sur la bonne voie.
39:30 Professeure, nous venons d'écouter l'honorable Alium Aladji,
39:33 qui se félicite de cette approbation par le Conseil d'administration du Front monétaire international.
39:41 Conseil d'administration qui a approuvé un déclassement de 45 milliards en faveur du Cameroun.
39:47 Formulataire international, professeur, qui demande au Cameroun de stimuler la croissance,
39:53 qui lui demande de s'appuyer sur le secteur privé pour tirer cette croissance du Cameroun.
39:59 Professeur, lorsque vous regardez le secteur privé au Cameroun aujourd'hui,
40:02 est-ce que vous pensez qu'il a les moyens de stimuler, de tirer notre croissance ?
40:07 La production du Cameroun est réalisée en grande partie par le secteur privé.
40:12 Mais il faut donc faire le distinguo à l'intérieur. Ce secteur privé est structuré comment ?
40:18 C'est beaucoup plus les filiales des multinationales.
40:22 Et nos PME, qui sont en grand nombre, on a l'impression que ce sont les parents pauvres de ce système de production.
40:32 Parce qu'ils produisent à peine peut-être 10-15% de la richesse du pays.
40:37 Et si le Fonds monétaire le dit, c'est pour dire "ok, maintenant vous faites des ajustements".
40:43 Mais les ajustements seuls ne suffisent pas pour relancer l'économie.
40:47 Il faut maintenant relancer l'économie en mettant sur pied des stratégies de production.
40:53 Ça peut être ces champions nationaux, ça peut être le devant de l'agriculture, de l'industrie ou des services.
40:59 Et donc, à ce niveau, on nous demande d'aller vers la production.
41:03 Je l'ai évoqué tantôt aussi en parlant de cette économie, de cet écosystème numérique qu'on met sur pied.
41:08 C'est-à-dire la quatrième révolution industrielle qui va nous permettre de pouvoir arriver à produire des biens et des services très rapidement et à bas coût.
41:16 Et c'est ça que le FMI suggère au Cameroun.
41:20 C'est-à-dire, oui, l'ajustement c'est bien, les réformes c'est bien, mais maintenant, que faisons-nous de la production ?
41:27 Et c'est ça la question essentielle.
41:29 Et pour répondre à cette question, je crois que j'ai déjà expliqué en disant qu'il va falloir stratifier cette économie-là.
41:34 Et ensuite, il va falloir surtout, et je le répète, renforcer nos PME.
41:39 Celles qui sont déjà bien positionnées, comme je l'ai dit, dans le secteur du bois, il va falloir voir comment les faire monter en puissance.
41:45 Parce que c'est un secteur porteur, par exemple, qui peut nous permettre de dégager énormément de devises.
41:51 Donc, si on renforce cette production-là en outillant ces PME technologiquement et puis par des ressources humaines de qualité,
42:01 qui leur permettent donc de mettre à niveau leur production en utilisant toute la technologie nécessaire, je crois qu'on va y arriver.
42:09 Donc, la SND30 a déjà acté cela.
42:13 C'est-à-dire, nous devons aller vers la transformation structurelle.
42:16 Et la transformation structurelle, ce n'est rien d'autre que l'allocation des ressources des secteurs les moins productifs vers les secteurs les plus productifs.
42:25 C'est ça que demande le FMI.
42:27 Mais nous l'avons déjà acté dans notre document.
42:29 Il nous rappelle peut-être quelque chose que nous avons déjà, et peut-être d'accélérer la mise en œuvre de la transformation structurelle pour arriver à réaliser de la production.
42:37 La SND30 qui est donc comme une sorte de boussole pour l'économie camerounaise.
42:41 Professeure, nous allons marquer notre arrêt dans cette édition des questions économiques.
42:46 On a parlé à l'entame de cette édition de ce succès du Cameroun sur le marché financier international.
42:51 Le Cameroun qui a réussi à lever un peu plus de 176 milliards de Franc-EFA, est parti chercher 150 milliards de Franc-EFA.
42:58 Des fonds qui vont permettre certainement de financer les projets qui sont inscrits dans la loi de finances 2023.
43:05 Et c'est ce que nous dit Christelle Beina dans ce reportage.
43:10 [Musique]
43:13 118%, c'est donc le taux de souscription de l'emprunt obligataire 2023 à tranches multiples de l'État du Cameroun.
43:21 Parti chercher 150 milliards de Franc-EFA sur le marché financier sous-régional, notre pays a réussi à lever 176 milliards de Franc-EFA.
43:31 En clair, à la prise ferme d'un peu plus de 118 milliards de Franc-EFA, il faut ajouter les 57 milliards et plus des investisseurs de la sous-région.
43:41 Et ça, le Cameroun le doit à la qualité de sa signature marquée par le règlement adapte des échéances.
43:47 Mais il y a aussi la résilience de notre économie dans un contexte mondial difficile.
43:53 Le Fonds monétaire international qui a bouclé il y a quelques jours la quatrième revue du programme économique et financier avec notre pays en approuvant un décaissement de 45 milliards de Franc-EFA
44:05 reconnaît les efforts qui sont faits par le Cameroun en termes de réformes dans les secteurs de la gouvernance et de l'assainissement des finances publiques.
44:14 L'institution de Bretton Woods souligne cette résilience de l'économie camerounaise et lui prédit d'ailleurs des perspectives heureuses.
44:22 Les fonds ainsi levés dans le cadre de l'emprunt obligataire vont servir à financer les projets inscrits dans la loi de finances 2023
44:31 dans les secteurs aussi variés que l'énergie, les travaux publics, l'aménagement urbain, la reconstruction des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
44:40 Il faut dire que le Cameroun a vu juste en octobre pour la première fois pour un emprunt obligataire à tranches multiples.
44:48 Pari pris, pari gagné.
44:52 Merci Christelle Behina. Professeur, on en a parlé au début de cette émission.
44:58 Le Cameroun a donc réussi à lever ses fonds, 176 milliards de Franc-EFA.
45:04 Mais pour une certaine opinion, il n'y a que l'augmentation de la dette du Cameroun sans effet significatif sur les circuits de production.
45:14 Qu'est-ce que vous répondez à ceux qui ont cette opinion-là ?
45:17 Il faut partir sur une base. Le Cameroun a bâti son économie sur ce qu'on peut appeler une croissance équilibrée.
45:27 Cela veut dire que le développement lancé se fait sur tout l'étendue du territoire, dont il est un peu diffus.
45:35 Du coup, il n'est pas très facile de percevoir ce qui est fait parce que cela touche aux dix régions.
45:40 Mais lorsqu'on commence à capter les indicateurs, on se rend compte que le Cameroun n'est pas forcément très mal situé par rapport à d'autres pays africains.
45:48 Mais c'est une situation qui a perduré.
45:51 Comme l'économie est tellement devenue néolibérale et avec les multiples chocs, il faut revoir le paradigme.
45:59 Et ce paradigme a été revu à travers la SND30.
46:02 Revenir à une situation de croissance déséquilibrée, ça veut dire quoi ?
46:07 Ça veut dire que nous faisons des choix.
46:10 Et ce sont ces choix-là qui vont nous permettre d'arriver à des réalisations qui permettent de tirer tout le train.
46:17 Une locomotive qui tire tout le train. Nous faisons ces choix-là.
46:20 Ceux qui estiment que l'endettement n'est pas le cas, mais qu'ils ne voient pas les effets, il faut comprendre.
46:28 Si vous ne regardez pas cet aspect des choses, que le développement est beaucoup plus diffus à travers l'étendue du territoire,
46:34 vous aurez une perception en vous disant que oui, il n'y a que l'endettement.
46:38 Mais maintenant, il faut arrêter cette dispersion d'énergie.
46:42 Puisque les chocs deviennent multiples, il faut donc bâtir une économie maintenant à partir de certains éléments forts
46:48 qui peuvent tenir la baraque malgré les vents qui soufflent et qui peuvent secouer cette baraque-là.
46:54 C'est ça l'enjeu aujourd'hui. C'est pour ça qu'on change le paradigme.
46:57 On passe de la notion d'économie équilibrée, qui est liée en même temps à ce que nous avons appelé le big push,
47:03 et on vient donc à ce qu'on appelle la croissance déséquilibrée, qui est liée à la S&D30.
47:08 Donc la S&D30 a acté ce changement de paradigme qui va donc permettre maintenant de pouvoir mettre le paquet sur certaines actions bien précises,
47:18 et à ce moment, les choses seront visibles.
47:20 Et puis l'endettement, il faut le dire, il peut être bon. L'endettement n'est pas un problème.
47:26 C'est maintenant l'utilisation des fonds.
47:28 Le problème, c'est certainement la qualité de l'endettement.
47:31 On va dire que pour le Cameroun, on a encore de la marge. Nous sommes à 45% du PIB.
47:37 Les critères de convergence parlent de 70% du PIB. Nous sommes à environ 45%.
47:45 Donc on a encore une certaine marge, mais la question derrière, c'est la qualité de cet endettement.
47:50 Nous prenons de l'argent pour faire quoi concrètement ?
47:53 Et est-ce que nous l'utilisons ? Et est-ce qu'on le ressent après dans les circuits de production ?
47:59 Peut-être que là est toute la problématique.
48:01 Exactement. Parce que lorsque vous allez vous endetter, c'est pour investir.
48:05 Il va donc falloir que l'argent qui a été emprunté aille dans cet investissement,
48:10 et surtout que cet investissement-là se réalise à temps.
48:13 S'il ne se réalise pas à temps, vous créez directement des décalages
48:17 qui sont tels que vous allez supporter des charges additives.
48:20 Et si l'investissement n'est donc pas terminé et connecté au circuit productif en plus,
48:24 là il n'y a même pas de retour sur investissement, et vous êtes confronté à cet endettement qui galope,
48:29 qui augmente, mais comme il n'y a donc pas de connexion sur le circuit de production ou sur le marché,
48:35 il n'y a pas de retour sur investissement, l'endettement s'empile donc.
48:39 Et c'est ça tout l'enjeu. Donc l'endettement n'est pas un souci.
48:42 On peut s'endetter, mais pour faire quoi ?
48:45 Il faut donc que cet endettement-là soit vraiment rationnel, rigoureux,
48:49 et s'adresse à des projets rentables à moyen terme.
48:53 Vous voyez, nous avons connu beaucoup de difficultés dans la mise en œuvre de certains projets
48:58 qui aujourd'hui vont peut-être coûter deux ou trois fois ce qu'ils devaient coûter à la mise.
49:03 C'est pour cela que la dette augmente.
49:05 Mais nous avons appris peut-être de nos erreurs,
49:07 ce qui fait qu'aujourd'hui l'emploi obligataire peut être levé.
49:10 Vous voyez, il y a déjà des cibles bien précises et des projets identifiés.
49:13 Et les projets éligibles.
49:14 Voilà. Ils sont bien identifiés.
49:16 Cela veut dire que la plupart des projets structurants qui sont là vont être terminés,
49:23 connectés au circuit, et c'est ça le véritable enjeu.
49:25 C'est pour cela que je parlais de croissance déséquilibrée.
49:28 On identifie les cibles.
49:30 Donc s'endetter n'est pas un problème.
49:32 Vous entendez des pays qui sont à 3 000 milliards de leurs produits intérieurs bruts,
49:35 d'autres un peu plus encore.
49:37 Mais ce n'est pas ça le problème.
49:39 C'est comment on utilise cet argent-là.
49:42 L'endettement, c'est fait pour l'investissement.
49:44 Ce n'est pas pour la consommation.
49:46 L'endettement, c'est fait pour l'investissement.
49:48 Ce n'est pas pour garder cet argent dans le tiroir.
49:50 Et si vous le gardez dans le tiroir, les annuités courent,
49:53 et puis vous serez pris de court dans les remboursements.
49:56 Et finalement, votre endettement va continuer à augmenter,
49:59 passant de 45 à 55 à 65, et puis vous ne remboursez pas.
50:04 Et là, vous êtes en train de vous mettre le couteau sur la gorge.
50:06 Vous serez obligé de faire encore appel à qui?
50:08 Au Fonds monétaire international.
50:10 Alors justement, parlant du Fonds monétaire international,
50:12 je voudrais juste qu'on termine par là.
50:14 Nous sommes parvenus au thème de cette édition des questions économiques.
50:16 Mais je ne voudrais pas vous laisser partir, professeur,
50:19 sans que vous nous disiez un mot sur les assises de Paris,
50:23 sur ce nouveau pacte financier mondial.
50:27 Les pays pollueurs appellent les pays africains,
50:31 les pays pauvres de manière générale,
50:33 à ne pas polluer dans leur quête de développement,
50:35 dans leur quête d'industrialisation.
50:37 Quelle est la forme, professeur, que ce pacte pourrait revêtir
50:41 pour que les pays africains puissent en tirer le meilleur profit possible?
50:48 Il faut savoir que nous avons tous un bien commun.
50:51 C'est la planète.
50:52 La planète est menacée par la déforestation,
50:55 par les changements climatiques,
50:57 par la désertification,
50:59 par les gaz à effet de serre,
51:01 par la menace de la biodiversité.
51:03 Donc tous ces éléments font qu'aujourd'hui,
51:05 nous tous, nous voyons comment tout change autour de nous.
51:07 A partir de cet instant, si le bien commun est menacé,
51:10 il faut trouver des solutions.
51:11 Le carbone ne fait pas partie des pays pollueurs.
51:14 Donc à ce moment, on nous demande à nous maintenant
51:17 de basculer dans l'économie verte ou alors dans des énergies renouvelables.
51:23 Ce qui n'est pas facile pour nous de basculer
51:25 parce qu'il faut des financements pour changer un modèle économique
51:28 du jour au lendemain.
51:29 A partir de cet instant, les pays pollueurs,
51:32 les grands pollueurs de la planète,
51:34 les grands pays industrialisés,
51:35 doivent trouver des mécanismes qui permettent à nos pays, à nous,
51:39 qui sont en train plutôt d'aller vers l'industrialisation,
51:42 d'embrayer sur une industrialisation propre,
51:45 avec des technologies propres.
51:47 Dès lors, il faut trouver des financements.
51:49 Je crois qu'au sommet de Paris,
51:51 il y a une taxe qui a été évoquée,
51:53 celle qui concerne plutôt le transport maritime.
51:56 Est-ce que ça va aboutir ?
51:57 C'est ça la question.
51:58 Mais en tout cas, il faut trouver des solutions
52:00 pour pouvoir donner de l'argent aux pays en développement
52:05 pour que ces pays en développement ne continuent pas à embrayer
52:08 dans le même chemin que les pays industrialisés,
52:10 qui, eux, utilisent une industrie très lourde,
52:12 qui pollue énormément et qui menace donc le bien commun
52:15 que nous avons tous ensemble, c'est la planète.
52:17 Les mécanismes des financements dépendent donc de ces pays pollueurs
52:21 qui doivent trouver des mécanismes pour reverser à nos pays
52:24 qui cherchent comment se développer des subventions
52:27 ou alors des financements bien arrêtés.
52:29 Là encore, il faut bien les définir.
52:30 La taxe sûre, le transport maritime, c'est une taxe,
52:33 mais on ne peut pas encore aller plus loin.
52:35 Ils peuvent avoir aussi la taxe sûre,
52:37 tout ce qui peut être le transport aérien,
52:39 parce qu'eux aussi, ce sont des grands pollueurs.
52:41 Donc les taxes, ils peuvent les imaginer,
52:43 mais à condition qu'eux qui tiennent les manettes
52:46 à partir de les industries veuillent bien que nous sauvons la planète.
52:49 Mais pour l'instant, tout le monde voit que ça devient
52:51 de plus en plus un peu difficile avec tous ces changements-là.
52:54 Et une présence également dans les instances de décision,
52:57 notamment le FMI par exemple, une présence africaine,
53:00 une présence des pays pauvres dans ces instances de financement.
53:04 Et oui, et oui.
53:05 Là, il y a aussi la réforme des institutions
53:08 qui sont nées après la Deuxième Guerre mondiale,
53:11 dont les institutions de Bretton Woods,
53:13 Fonds monétaires, Bancs mondiaux.
53:15 Il faut une réforme pour que ça épouse
53:18 ce que l'économie mondiale représente aujourd'hui
53:21 et que chaque pays trouve la place en fonction de sa force économique.
53:25 Les années 40, ce n'est pas les années 2020 aujourd'hui.
53:29 Il va falloir donc, un, l'Afrique puisse être représentée
53:33 dans ces instances-là, surtout que c'est le continent
53:36 où la croissance est la plus forte.
53:39 C'est le continent d'avenir en termes de développement économique.
53:42 Il va falloir que là où on décide que nous soyons présents
53:46 et que nous ne soyons plus en marge.
53:48 Ce n'est pas seulement l'Afrique,
53:49 beaucoup d'autres pays qui ont développé leur économie
53:52 à travers le monde demandent de participer à ces instances.
53:55 Et vous voyez très bien l'agitation qui se passe
53:57 à travers peut-être ce qu'on appelle les BRICS,
54:00 qui eux aujourd'hui aussi demandent à créer leur leadership
54:03 et peut-être aussi leurs instances de financement.
54:06 Donc tout ça, il va falloir trouver l'argenamento
54:09 qui permet de pouvoir réguler et de trouver une stabilité
54:12 pour que le financement des uns et des autres se fasse en toute quiétude.
54:16 Merci professeur Henri Nguatabi.
54:19 Je rappelle que vous êtes économiste et enseignant à l'université de Yaoundé 2.
54:24 Merci d'avoir accepté d'être l'invité des questions économiques ce soir.
54:28 Merci monsieur. C'est donc la fin de cette édition des questions économiques.
54:32 Merci d'avoir été des nôtres.
54:34 A très bientôt sur ces mêmes antennes.
54:36 [Musique]