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00:19 Madame, Monsieur, bonsoir et bienvenue à cette édition des questions économiques du carburant au compte-gouttes.
00:26 C'est à ce rythme que vibrent les stations-services depuis quelques jours ici à Yaoundé.
00:31 Les automobilistes aux abois prennent d'assaut les pompes dans l'espoir de pouvoir acheter le précieux liquide.
00:38 La faute au retard dans l'arrivée de trois navires transportant le dit produit.
00:43 Retard dû aux conditions météo-océaniques défavorables qui ont interrompu les chargements ship-to-ship des dits navires.
00:52 Si la situation tend à s'améliorer, de nombreux experts sont d'avis qu'elle pourrait se reproduire au regard de la conjoncture internationale,
01:01 mais compte tenu aussi de l'enveloppe de plus en plus lourde allouée à la subvention du carburant à la pompe.
01:09 700 milliards de francs CFA en 2002, loin, bien loin des 200 milliards des années 2012.
01:17 Et c'est justement la problématique de cette subvention dont nous parle l'invité de ce soir,
01:22 M. Zé Boniface, expert pétrolier et ancien directeur technique de la CSPH, la Caisse de stabilisation des prix des hydrocarbures.
01:31 Bonsoir et bienvenue sur ce plateau.
01:33 Merci beaucoup. Bonsoir Madame Lucrece Mbenga et bonsoir à tous les spectateurs.
01:39 Alors en guise de mise en bouche, je vous propose de suivre ce reportage de Mohamed Nana
01:44 qui nous a fait comme ça une photographie de la situation qui prévaut,
01:49 ou tout au moins qui prévalait en début de semaine dans les stations-service.
01:53 Mohamed Nana, reportage.
01:55 Dans la chasse au carburant, certains ont laissé sur le bas-côté de la route les règles de conduite,
02:06 roulées à contresens pour éviter le piège des bouchons.
02:09 La police, jamais loin, brandit le panneau stop. Dans les stations-service, les files d'attente sont toujours aussi longues.
02:17 Les automobilistes n'ont pas d'autre choix que d'attendre patiemment.
02:22 Ça fait quatre heures que je suis là. Et pour prendre le carburant, il faut seulement bagarrer pour arriver à la pompe.
02:29 À la pompe, c'est le service minimum pour ceux qui réussissent à obtenir le liquide.
02:34 Je sors de la station de Colbusson depuis six heures, vous pouvez un peu imaginer, jusqu'à l'heure six.
02:40 Il n'y a pas de carburant. On n'arrive pas à satisfaire nécessairement le carburant de 2000 francs à certaines personnes,
02:46 parce que tout le monde ne peut pas en avoir.
02:49 Les scènes d'interminables bouchons et d'automobilistes sur les dents se répètent dans les stations-service.
02:55 Chaque centimètre gagné dans la file est un bon signe. Avancé sans avoir la certitude d'être servi.
03:03 Nous sommes là depuis quatre heures pour atteindre le carburant.
03:07 On nous a certifié que ça arrive tout de suite. On attend. On va voir ce qu'on doit obtenir.
03:14 Pour ces jeunes, les longues heures d'attente ont fini par être récompensées.
03:19 Face à ces difficultés d'approvisionnement en carburant, certains n'ont pas mis la clé dans le contact,
03:25 ce qui justifie la fluidité de la circulation à certains endroits de la capitale, aux heures de pointe.
03:32 Les censures roulent encore, mais pour combien de temps ?
03:36 Merci Mohamed Nana. Alors, M. Bonifazé, lorsque vous voyez ces images des stations de service pleines,
03:45 lorsque vous entendez ces automobilistes se plaindre, vous vous dites que c'était inévitable ?
03:53 Effectivement, Mme Nkresme Benga, cette situation était inévitable.
03:58 Je vous dis que si la situation actuelle perdure au niveau des prix pratiqués à la pompe,
04:05 nous aurons à la pompe des prix affichés à un bas niveau, mais nous aurons des cubes vides.
04:11 Et c'est ce qui vient d'arriver.
04:13 Alors, vous le dites depuis 2012, mais vous pensez surtout qu'au regard de la conjoncture internationale
04:20 qui prévaut en ce moment avec la guerre russo-ukrainienne notamment, on n'est pas prêt de sortir de l'auberge ?
04:27 Nous ne voyons pas poindre à l'horizon, dans un très proche avenir, l'embellie qu'on aurait bien voulu voir.
04:36 Le problème qui se pose, c'est qu'après qu'on ait eu la pandémie de Covid-19, qui nous a permis de respirer un peu,
04:46 les cours internationaux de produits pétroliers ont recommencé à augmenter.
04:51 Et ce que nous vivons actuellement a été accentué d'abord par une reprise économique,
05:00 une grande reprise économique importante au niveau des pays développés et partout ailleurs,
05:06 après la pandémie de Covid-19.
05:09 Et ensuite, on a eu la guerre entre l'Ukraine et la Russie,
05:15 dont les répercussions au niveau du marché international, pétrolier international,
05:21 se sont traduites par une forte augmentation des prix.
05:26 Et en 2019, il y a un facteur qui s'est ajouté, c'est l'incendie qui est survenu à la Sonara,
05:35 qui a enlevé au Cameroun la possibilité d'avoir une production intérieure de produits pétroliers,
05:44 ce qui fait que le marché intérieur camerounais des produits pétroliers
05:48 est intégralement tributaire des importations qui sont réalisées.
05:54 Et de ce fait, les cours internationaux sont répercutés à l'identique,
06:01 et instantanément sur les prix au niveau du marché intérieur.
06:07 Et l'État est donc obligé de jouer le régulateur de les problèmes que nous avons en ce moment.
06:12 Et ces problèmes risquent de perdurer, parce que l'épilogue de la guerre en Ukraine,
06:18 c'est pas pour bientôt, la réhabilitation de la Sonara prendra aussi quelques années.
06:23 Peut-être également la situation entre la Palestine et Israël ?
06:28 Effectivement, et actuellement, les facteurs de perturbation du marché international,
06:36 dont nous venons de parler, ont été accentués. Leurs effets néfastes au niveau du marché intérieur
06:42 ont été accentués par la récente intervention d'Israël dans la bande de Gaza.
06:51 Parce que chaque fois qu'il y a un éternuement au niveau des régions productrices de pétrole brut,
06:59 ceci se ressent sur les prix au niveau du marché international, qui est un marché très sensible.
07:06 Au-delà de la pénurie actuelle, il y a au Cameroun la problématique de la subvention des produits pétroliers,
07:16 du carburant à la pompe, et vous, vous êtes un chantre de la raie de la subvention des produits pétroliers à la pompe.
07:26 Qu'est-ce qui soutient votre position ? Position que vous avez adoptée depuis 2012.
07:32 Oui, j'ai dit qu'à terme, on devrait aboutir à la vérité des prix au niveau du marché pétrolier intérieur,
07:42 c'est-à-dire avoir des prix qui reflètent le niveau des cours internationaux.
07:48 Je le dis depuis 2012 pour deux raisons. Parce que nous nous sommes rendus compte qu'au fur et à mesure
07:58 que les cours internationaux prenaient du galon, au niveau du marché intérieur,
08:05 l'ajustement ne suivait pas forcément les répercussions qu'on devrait avoir.
08:13 Et maintenant, le fossé est devenu trop grand entre les cours internationaux et les répercussions qu'on devrait avoir au niveau du marché intérieur,
08:25 d'où l'importance de plus en plus lourde de la subvention que nous vivons à l'heure actuelle,
08:32 comme vous l'avez dit, qui est partie de 200 milliards de francs CFA environ par an en 2012,
08:39 pour atteindre maintenant le sommet de 700 milliards de francs CFA en 2022.
08:44 Le FMI parle même de 800 milliards.
08:46 Effectivement. Et ceci n'est pas prêt à s'arrêter.
08:50 Premièrement parce que la consommation intérieure des produits pétroliers est en constante augmentation au Cameroun,
08:57 environ de 3 à 4 % par an. Donc le coût de la subvention va continuer à s'alourdir.
09:05 Et par ailleurs, nous sommes partis à avoir des cours internationaux qui vont perdurer à la hausse,
09:14 parce que nous, comme je vous l'ai dit, nous n'entrevoyons pas une issue heureuse en termes de cessez-le-feu au niveau de l'Ukraine.
09:24 Peut-être que ça peut se passer au niveau de la bande de Gaza, mais en Ukraine, ce n'est pas pour demain qu'on verra le bout du tunnel.
09:32 Donc la conjoncture internationale que nous observons en ce moment risque de perdurer.
09:38 Mais à l'intérieur, c'est-à-dire irresistible au Cameroun, en quoi est-ce que cette subvention vous pose un problème ?
09:45 Vous pensez qu'elle n'est pas bien ciblée ?
09:49 Effectivement, c'est un problème de ciblage. Ce que nous disons, c'est qu'on devrait mettre en place une subvention plus ciblée.
09:59 Et l'État, d'ailleurs, a commencé à comprendre cela, parce que le gouvernement a mis en place une politique de filet sous-sûr,
10:07 en collaboration avec nos partenaires internationaux au développement, le RFMI et la Banque mondiale.
10:14 Ce qu'on devrait dire, c'est que, économiquement parlant, la subvention d'un produit profite le plus à l'acteur économique qui consomme le plus ce produit.
10:27 Et vous êtes d'accord avec moi qu'en termes de produits pétroliers, ce n'est pas le paysan qui en consomme le plus.
10:35 C'est ceux qui ont de grosses voitures, qui peuvent aller un week-end à Cribi, qui peuvent partir d'un quartier de Yawundé, comme Bogada,
10:46 et se rendre chez un ami à Biémassi juste pour prendre une bière.
10:51 C'est ce genre de personnes qui consomment le plus de carburant et qui profitent le plus de la subvention.
10:57 Mais là, on pourrait vous rétorquer, M. Bonifazian, qui ne sont pas les seuls à consommer le carburant,
11:05 ces personnes dont vous parlez, il y a un effet d'entraînement.
11:12 Il y a les transports pour aller dans les zones reculées, il y a toutes ces petites personnes,
11:19 toute cette petite bourse-là qui dépendent, elles aussi, peut-être indirectement du carburant,
11:25 et donc subissent, elles aussi, le contre-coût de l'augmentation du prix du carburant.
11:32 C'est ce qu'on a toujours dit. Ce que je vais vous expliquer, c'est que nous pouvons prendre les 700 milliards de la subvention
11:41 et mieux les partager au niveau de la population cameroonaise. En faisant quoi, par exemple ?
11:47 Si l'on désenclave avec cet argent les bassins de production des produits vivriers, en y faisant de bonnes routes,
12:00 qu'est-ce qui va se passer ? C'est que le prix du transport de ces produits va baisser,
12:09 parce que ce transport sera amélioré en quantité et en qualité.
12:14 En quantité, parce qu'il y aura plus d'opérateurs économiques qui voudront investir pour aller transporter ces produits,
12:23 parce que les conditions seront meilleures. Et en plus, en qualité, pourquoi ?
12:27 Parce qu'au lieu des petits véhicules qui s'y rendent maintenant, nous aurons, par exemple, des gros camions
12:32 qui vont y aller puisque les conditions routières sont meilleures. En ce moment-là, il y aura une économie d'échelle
12:39 et une concurrence qui vont faire baisser le prix. Donc, c'est pour ça que je parle de subvention ciblée.
12:48 On devrait donc utiliser le montant de cette subvention à réaliser ces infrastructures sociales qui profitent à tout le monde,
13:00 pas seulement aux riches.
13:02 Mais il y a également le transport urbain.
13:05 Il en est de même pour ce qui concerne la mobilité des personnes.
13:10 Si les zones héliculées sont maintenant desservies par de bonnes routes, qu'est-ce qui va se passer ?
13:15 Au lieu d'avoir des petits véhicules, c'est-à-dire des transports clandestins qui vont s'y rendre,
13:20 nous aurons des transporteurs plus structurés qui vont investir pour le transport dans ces zones.
13:28 Les moyens de transport seront meilleurs, les conditions améliorées, les investisseurs seront plus nombreux à y aller.
13:38 Il y aura donc une meilleure concurrence, une meilleure offre parce que maintenant, les gros bus, les grands cars peuvent y aller.
13:46 Et effectivement, comme je disais, il y aura des économies d'échelle et une amélioration des conditions de transport.
13:51 Il y a aussi cette mobilité urbaine dont vous parlez là.
13:55 Aujourd'hui, le taxi, c'est 300 francs pour aller d'un point à l'autre, et même pas d'un point à l'autre de la ville,
14:03 parce qu'il faut voir aussi avec les distances, par jour, ça va chercher dans les 600 francs
14:09 et tous les Camerooniens ne sont pas capables de dépenser une telle somme en une journée.
14:13 Alors si les subventions n'existent plus, forcément, le prix du taxi va augmenter.
14:21 C'est justement ce que j'ai dit, Mme Nicolès Bebrenga. Que pensez-vous si on prenait une partie de ces 700 milliards de francs CFA
14:28 et qu'on installerait au niveau de la ville de Yaoundé ou de celle de Douala un réseau de tramway ?
14:35 Est-ce que ce ne serait pas meilleur que les taxis pour la mobilité urbaine ? Vous voyez ce que je dis.
14:43 Donc, il ne faut pas confondre un problème qui se pose dans un secteur et le lier à la subvention.
14:54 Au contraire, le fait d'enlever la subvention peut libérer des moyens qui peuvent permettre d'avoir des solutions dans ces secteurs.
15:01 Vous êtes d'avis avec le FMI qui dit que la suppression complète des subventions des caméros
15:06 permettra de créer un espace budgétaire pour financer les investissements productifs, autant pour moi, et les dépenses sociales.
15:14 C'est exactement ce que j'ai dit. Il faudrait donc avoir des secteurs plus hybrides pour y amener la subvention.
15:22 Vous savez qu'au niveau des transports, même au niveau de la RATP en France, les transports urbains sont subventionnés par l'État
15:29 pour que les citoyens ordinaires ne ressentent pas beaucoup la lourdeur de ces dépenses.
15:38 Justement, je vais encore m'arrêter là-dessus pour parler de cette subvention,
15:45 la telle qu'elle est perçue par le FMI qui dit que la subvention au carburant représente 6 fois le budget alloué à l'agriculture,
15:53 4 fois celui de la santé et 3 fois celui de l'eau et de l'énergie.
15:58 C'est effectivement le paradoxe qui existe au Cameroun. Ceci ne devrait pas être le cas.
16:04 C'est pour cela que je dis que plutôt que de subventionner les produits pétroliers dont la consommation profite en grande partie aux riches,
16:16 il faudrait plutôt subventionner les dépenses sociales qui sont au bénéfice de tout le monde.
16:23 Tout le monde va à l'hôpital, riche ou pauvre, tout le monde utilise les bonnes routes, riche ou pauvre,
16:30 tout le monde a son enfant à l'école, riche ou pauvre.
16:34 Ce sont ces dépenses-là sur lesquelles on devrait mettre l'accent,
16:39 plutôt que des dépenses qui permettent à ceux qui sont déjà nantis de faire des économies.
16:47 – Avant qu'on ne poursuit cette émission, parce qu'évidemment il y a certains observateurs
16:51 qui ne partagent pas votre point de vue, on va revenir dessus dans quelques instants.
16:57 Le temps pour nous de parler de la péréquation.
16:59 La péréquation qui est présentée un peu comme une forme de justice sociale.
17:03 Est-ce que les deux concepts sont liés ?
17:05 – Les deux concepts ne sont pas liés.
17:07 – Pourquoi ?
17:08 – La péréquation existait déjà, il faut le savoir, avant la mise en place des subventions des produits pétroliers.
17:16 La péréquation est un mécanisme qui régule les prix pratiqués au niveau de différentes régions du pays.
17:25 Vous savez que le Cameroun est un triangle qui s'étend sur plus de 1200 km du sud au nord.
17:32 Et quand vous regardez les sources d'approvisionnement en produits pétroliers,
17:38 elles sont concentrées sur la façade maritime.
17:43 C'est-à-dire que la Sonara se trouve à Limbe, au niveau de la façade maritime,
17:49 en ce qui concerne la production intérieure.
17:52 Et en ce qui concerne les importations, c'est deux ports de la façade maritime qui pourraient les recevoir.
18:01 Actuellement, c'est le port de Douala et l'appointement que la Sonara a mis en place à Limbe
18:09 qui reçoivent ces importations sur la façade maritime.
18:13 Et il faut amener ces produits pétroliers jusqu'à le consommateur de l'extrême nord,
18:19 par exemple jusqu'à Coussé-Risse, sur 1250 km.
18:23 Ce qui fait qu'au fur et à mesure qu'on se loigne des sources d'approvisionnement,
18:27 les prix devraient devenir de plus en plus élevés, puisque viennent s'y greffer les coûts de transport.
18:34 C'est ce qui n'est pas le cas. C'est la péréquation, le mécanisme régulateur,
18:40 qui permet d'avoir les mêmes prix au niveau des différents dépôts disséminés à travers le territoire national,
18:48 quelle que soit leur localisation.
18:50 Ce qui fait qu'on retrouve les mêmes prix à Limbe, aussi bien Limbe qu'à Garoua,
18:56 parce que la péréquation est positive dans les zones proches des sources d'approvisionnement
19:01 pour devenir fortement négative dans les zones qui en sont éloignées.
19:07 Ce qui fait que les consommateurs des zones proches des sources d'approvisionnement
19:14 soutiennent l'effort de consommation des produits pétroliers de leurs concitoyens qui en sont éloignés.
19:21 Et ce n'est pas une particularité camerounaise ?
19:23 Ce n'est pas une particularité camerounaise.
19:25 C'est ce qui permet dans tous les pays du monde de rééquilibrer les prix pour une grande justice sociale entre les régions,
19:32 parce que les citoyens ont les mêmes ressources, quelle que soit leur localisation géographique.
19:40 Ils devraient aussi avoir face à eux les mêmes dépenses.
19:43 Nous allons marquer un premier arrêt dans cette édition des questions économiques.
19:47 Pour écouter le ministre de l'Eau et de l'Énergie, Gaston Lundu-Essomba,
19:51 qui était l'invité du journal de 20h30 sur la CRTV,
19:56 qui est justement venu s'exprimer sur les perturbations qu'on enregistre ces derniers jours dans la distribution des produits pétroliers.
20:05 Nous écoutons le ministre Gaston Lundu-Essomba.
20:07 La situation a nettement évolué au moment où vous tourniez ces images.
20:17 600 m3 avaient déjà été mis sur le marché.
20:21 Il était 18h et à 20h, nous étions déjà à un volume de 1 600 m3 qui est mis sur le marché,
20:29 qui est largement au-dessus de la demande usuelle de la ville Yaoundé.
20:33 La ville Yaoundé en super carburant consomme en moyenne 1 000 m3 par jour.
20:40 Et à 20h, le dépôt d'un sable avait déjà mis sur le marché 1 600 m3.
20:47 Les dispositions sont donc prises pour que l'ensemble des stations-services ce soir soient effectivement ravitaillées.
20:56 Nous avons eu quatre jours de difficultés au niveau du port de Limbez,
21:02 du port plutôt de Lomé parce que les produits viennent de Lomé, c'est le port Hup.
21:07 À ce niveau-là, le vent était très violent, les navires ne pouvaient pas charger.
21:12 C'est ce qui a fait qu'il y ait ce retard dans l'arrivée de ces navires.
21:16 Maintenant que les conditions se sont nettement améliorées, le premier navire est arrivé,
21:21 un second navire vient juste d'arriver, on va le prendre au niveau du dépôt SDP,
21:28 cette nuit, un autre navire est annoncé pour demain,
21:33 et un autre va certainement arriver en début de semaine prochaine
21:37 pour dire que les dispositions sont prises pour que le marché cameroonien
21:42 reçoive un volume de produits conséquents qui va permettre de passer les périodes de fête de fin d'année.
21:49 Retour sur ce plateau, nous venons d'écouter le ministre de l'Eau et de l'Énergie, Gaston Elundu Esomba,
21:56 qui donnait des précisions sur l'avenir immédiat en termes de ravitaillement du marché local en produits pétroliers.
22:05 Après l'avoir écouté, je pense que vous êtes d'avis avec ceux qui pensent qu'en ce moment,
22:10 il ne s'agit pas d'une pénurie factice, c'est une pénurie réelle,
22:14 ou alors des perturbations réelles dans la distribution des produits pétroliers.
22:19 Ce que nous vivons actuellement n'est pas factice.
22:22 Le ministre en a donné les raisons. Ça veut dire que la pénurie est réelle, puisqu'elle se vit réellement sur le terrain.
22:30 Maintenant, comme l'a dit le ministre, la situation va revenir progressivement à la normale,
22:38 une fois que la panique causée par le début de la pénurie sera passée.
22:43 Vous savez que dès que la pénurie s'annonce, les gens, les consommateurs, veulent constituer des stocks de produits,
22:51 parce que l'avenir est perçu comme étant incertain.
22:55 Dès que maintenant l'approvisionnement va se régulariser, il n'y aura plus de problème.
23:01 Pour les médias, ce sera ça. Mais à terme, le problème va ressurgir.
23:05 Alors le problème va ressurgir. On en revient à notre question de départ, celle qui concerne la subvention.
23:13 Vous, vous êtes un chanteur de l'arrêt de la subvention des produits pétroliers.
23:21 Il y en a, évidemment, qui ne partagent pas votre point de vue.
23:24 C'est le cas de M. Louis-Marie Cacte, qui est économiste et vice-président du Social Democratic Front,
23:32 qui porte dans cette critique, selon la structure des prix publiés par la CSPH,
23:39 qu'il y aurait plus d'une vingtaine de taxes et autres droits connexes qui dépassent largement le soutien de l'État.
23:46 Qu'est-ce que vous répondez à cela ?
23:48 C'est une mauvaise lecture de la structure des prix.
23:51 En fait, il s'agit d'une taxe qui a été éclatée en plusieurs poses.
23:58 Cette taxe s'appelle TVA, c'est la taxe sur la valeur ajoutée.
24:03 C'est pour plus de clarté, nous avons voulu que chaque opérateur qui intervient dans la chaîne pétrolière au niveau intérieur
24:17 puisse apparaître dans la structure des prix avec le montant, le coût de sa prestation et la taxe y affirmant.
24:29 Nous aurions pu ne pas faire cela, nous aurions pu mettre, additionner tout cela et faire à la fin le calcul de la taxe y affirmant
24:40 qu'on aurait vu qu'il n'y avait qu'une seule taxe, la TVA.
24:43 En fait, il y a trois prélèvements.
24:47 Premièrement, il y a la TVA. Deuxièmement, il y a la taxe spéciale. Et troisièmement, il y a les droits de douane.
24:54 Alors justement, lui, Marie-Claude Poursion, en disant qu'il appelle à la réduction de deux taxes sur les 26, qu'il a notées, à savoir...
25:03 Il n'y a pas 26 taxes, mais...
25:04 À savoir, et je cite, à savoir la taxe spéciale de 110 francs et les droits de douane 24,39 francs.
25:13 Le gouvernement en diminuant ces taxes, les 26 n'aurait plus besoin de subventionner quoi que ce soit. Ce sont ses propos.
25:22 Je dis toujours qu'il n'y a pas 26 taxes, qu'il n'y a que trois prélèvements. Je le dis et je le répète.
25:30 C'est une TVA éclatée qui aurait pu être calculée à la fin sur le prix.
25:38 Mais nous avons voulu faire ceci de transparence éclatée pour chaque opérateur économique qui intervient dans la chaîne.
25:46 Pour ce qui est des droits de douane, vous savez, je vais d'abord vous dire quelque chose.
25:51 Madame Lucrèce Mbenga, dans tous les pays du monde, les produits pétroliers représentent la meilleure assiette fiscale. Pourquoi ?
26:00 Parce que leur traçabilité est très très bonne. Nous en connaissons l'origine, puisque vous ne pouvez...
26:10 N'importe qui ne peut pas les importer, ou bien en produit. Nous en connaissons les différents acteurs, c'est-à-dire les différents acteurs de la filière,
26:20 puisqu'ils sont obligés d'être agréés. Donc nous connaissons exactement les quantités vendues, les quantités consommées, les quantités transportées,
26:30 puisque ces opérations sont réalisées sous le contrôle du pouvoir public. Donc il y a très peu de déperdition.
26:41 Et c'est pour ça que dans tous les pays du monde, il existe une taxe spéciale sur les produits pétroliers pour booster les recettes budgétaires.
26:49 Elle existe en France, cette taxe sur les produits pétroliers. Elle existe aux États-Unis, elle existe partout.
26:55 Sauf qu'en France, par exemple, c'est elle qui sert de stabilisation des prix, c'est-à-dire qu'elle est fluctuante.
27:02 Quand les cours internationaux sont très très élevés, on baisse le niveau de la taxe spéciale. Et la France, à ce moment-là,
27:10 se rattrape sur d'autres produits dont nous n'avons pas actuellement le contrôle. Et c'est pour ça que la taxe spéciale reste...
27:19 Et d'autre part, la taxe spéciale, le plus gros montant est affecté au fond routier.
27:25 Au Cameroun.
27:26 Au Cameroun. Le plus gros montant est affecté au fond routier et sert à l'entretien des routes.
27:34 Si nous enlèvons la taxe spéciale, ceci aura pour corollaire la diminution des ressources de ce fonds.
27:42 Par ricochet, le maintien routier va s'en ressortir.
27:50 Alors, M. Lumaré Kaddou n'appelle pas à la suppression de cette taxe, il appelle plutôt à la réduction de la taxe spéciale.
28:00 C'est pour ça que j'ai dit que quand on demande de réduire la taxe spéciale, qu'on s'attend à avoir moins de travaux routiers d'entretien.
28:08 Une autre opinion, si vous permettez, pense qu'il y a derrière aussi un problème de gouvernance avec un certain nombre d'administrations
28:17 présentées comme étant budgettivores, dont la CSPH. Et vous, évidemment, vous n'êtes pas de cet avis-là.
28:26 Je ne suis pas de cet avis-là, parce que la CSPH, d'abord, n'est pas budgettivore.
28:31 Les gens prennent le taux de prééquation qui est affiché dans la structure des prix comme étant une sorte de taxe, non ?
28:40 Ils ne voient que la partie positive de la prééquation.
28:45 Si le montant de la prééquation est très élevé dans les zones proches des sources d'approvisionnement,
28:53 ils oublient que le montant de la prééquation est fortement négatif dans les zones qui en sont éloignées.
29:00 Il s'agit donc d'un phénomène de compensation pour une plus grande justice sociale, telle que je vous l'ai expliqué tout à l'heure.
29:08 Donc la prééquation n'est pas une taxe et la prééquation n'est pas positive.
29:12 C'est un mécanisme de régulation des prix entre les différentes régions du pays.
29:19 Il n'y a pas de problème de gouvernance non plus ?
29:21 Il n'y a pas de problème de gouvernance à cet effet-là.
29:25 Alors je voudrais qu'on revienne un peu sur les prix.
29:29 On le sait, le gouvernement Camerouna avait bloqué les prix depuis 2014.
29:36 Mais en février dernier, le verrou a dû sauter du fait justement de cette pression de la conjoncture internationale.
29:47 On est passé par exemple pour le coup le prix du litre de Super de 630 francs à 730 francs, soit une hausse de 100 francs.
29:58 Le gasoil de 575 à 720, soit une hausse de 145 francs.
30:03 Le pétrole, le prix du pétrole est demeuré inchangé, ainsi que celui du gaz, la bouteille de 12,5 kg.
30:12 350 pour le litre de pétrole et 6500 pour la bouteille de gaz.
30:21 Ces prix-là, le verrou a donc sauté, comme on l'a dit.
30:26 Est-ce qu'on est parti pour une réduction de plus en plus grande de la subvention
30:32 et donc une augmentation, on va dire, croissante dans un délai relativement court ou long du prix du carburant à la pompe ?
30:41 Ceci est inéluctable, Mme Lucrèce Mbenga, et c'est ce que j'ai toujours dit.
30:46 Si la conjoncture internationale actuelle perdue, nous ne pouvons nous attendre qu'à cela
30:52 parce que le coût de la subvention deviendra de plus en plus lourd.
30:57 Pourquoi ? Premièrement pour la simple raison que les consommations intérieures des produits pétroliers au Cameroun
31:04 sont en constante accroissement, à peu près de 3 à 4 % par an.
31:10 Relativement, le coût de la subvention va aller crescendo, ce qui est tout à fait normal.
31:17 Et compte tenu des défis auxquels devrait faire face le gouvernement en termes de trésorerie,
31:26 le Cameroun ne sera plus capable de supporter le poids d'une telle subvention.
31:32 Il ne faut pas jouer à la triche.
31:35 Et si cela continue, qu'est-ce que nous allons avoir ?
31:38 Nous allons avoir des prix bas affichés au niveau des stations-service,
31:43 mais les cuivres des stations-service seront vides.
31:46 Les gens vont circuler avec les prix dans leurs réservoirs.
31:49 Alors justement, pour qu'on continue de parler de ces prix-là,
31:54 on a pu avoir comme ça quelques prix qui sont pratiqués dans d'autres pays, les pays africains.
32:03 Je voudrais que vous commentiez ces prix-là avec nous.
32:07 Le Super au Sénégal, par exemple, coûte 730 francs.
32:13 En République centrafricaine, tout à côté de nous, 1100 francs.
32:18 La Guinée équatoriale, 450 francs.
32:20 Le Super, le Nigeria, 495.
32:23 Le Tchad, 518, alors que le Cameroun est à 730.
32:29 Qu'est-ce que cela vous suggère comme commentaire, ces différents prix ?
32:33 Ça me suggère comme commentaire, d'abord, que pour des économies presque d'égal niveau,
32:40 tels que la Côte d'Ivoire, le Sénégal,
32:44 les consommateurs camerounais ne sont pas si mal hantés en ce moment.
32:49 Donc, quand on retrouve des prix peu élevés dans certains pays, comme la Guinée équatoriale,
32:57 c'est en fait le fait que la Guinée équatoriale est une plus grande productrice de pétrole brut
33:06 par rapport au Cameroun.
33:09 Il en est le même du Nigeria.
33:11 Et particulièrement en ce qui concerne la Guinée équatoriale,
33:15 sa population est très peu importante.
33:18 Et résultat des courses, les consommations intérieures des produits pétroliers sont aussi peu importantes.
33:26 Ce qui n'est pas le cas du Nigeria.
33:28 Oui, je vais en venir.
33:30 Ce qui n'est pas pour la Guinée équatoriale un problème,
33:34 parce que compte tenu de sa production,
33:39 qui amène de plus grosses recettes en termes de trésorerie,
33:45 ça permet à la Guinée équatoriale de supporter le poids de la consommation intérieure
33:55 qui est peu élevé.
33:57 Par contre, au Cameroun, autant vous dire que le Cameroun est parmi les derniers producteurs de produits pétroliers en Afrique.
34:06 Alors que nous avons une population de quelques 30 millions d'habitants,
34:12 comparativement à la Guinée équatoriale qui se situe autour de 1,5 million,
34:19 il en est le même au Gabon.
34:22 Eux, ils ont les moyens de leur politique. Nous n'en avons pas.
34:26 Au Nigeria, le problème se pose aussi en ces termes-là.
34:30 C'est-à-dire que l'économie nigérienne, le budget nigérien ne supporte plus le poids de la subvention,
34:41 qui devient de plus en plus élevé.
34:43 Et le gouvernement nigérien opère.
34:49 Je rappelle que le litre de Cameroun au Nigeria, le litre de super, est de 495 francs.
34:53 495 francs, c'est ça.
34:55 Ça coûtait d'abord 200 francs, c'est ça.
34:57 Donc le Nigeria est en train de faire des ajustements progressifs à la hausse.
35:02 C'est parti de 200 il y a une dizaine d'années.
35:05 Maintenant, ça a été 495 et les hausses continuent
35:09 parce que la subvention devient de plus en plus lourde
35:12 et le Trésor public au Nigeria la supporte de plus en plus mal.
35:20 Et les réajustements progressifs à la hausse sont opérés actuellement et vont continuer.
35:26 Le tchad, 518 francs.
35:28 Le tchad, c'est la même chose.
35:29 Ils produisent beaucoup plus de pétrole brut que nous,
35:35 donc en tirent beaucoup plus de déficit et leur population est moins importante.
35:41 De même que leur consommation intérieure de produits pétroliers,
35:44 ce qui fait que le montant de la subvention n'est pas élevé et est encore supportable.
35:49 Alors jusqu'où pensez-vous qu'on peut aller dans la hausse du prix du carburant
35:55 sans être alarmiste, sans avoir une boule de cristal sur ce plateau ?
36:00 Jusqu'où pensez-vous qu'on puisse aller ?
36:02 Certains observateurs font des projections qui vont jusqu'à 930 francs,
36:08 990, on n'en sait trop rien, à l'horizon 2025.
36:12 Qu'est-ce que vous en pensez ?
36:13 Le prix actuel qui refléterait le niveau de coûts internationaux
36:20 se situe effectivement dans ces eaux-là, c'est-à-dire autour de 900 francs.
36:25 Alors justement, je voudrais, pour que nous soyons au même niveau d'information,
36:30 donner quelques éléments d'information sur le coût de cette subvention,
36:37 de ces subventions que le gouvernement accorde dans ce secteur-là.
36:40 Pour ce qui est du pétrole lampant, le prix réel moyen est de 767,20 francs CFA
36:47 et le prix pratiqué est de 350 francs, soit un coût de subvention de 417 francs CFA.
36:56 Je répète, 767,20 francs pour le prix réel moyen,
37:01 c'est-à-dire que c'est ce que la ménagère devrait débourser
37:03 lorsqu'elle va acheter son litre de pétrole lampant,
37:06 mais le prix pratiqué dans ce qu'elle débourse en réalité aujourd'hui,
37:09 c'est 350 francs pour le litre de pétrole lampant.
37:13 Pour ce qui est du gasoil, le prix réel devrait être de 882,92 francs,
37:20 mais le prix pratiqué est de 720 francs, soit une subvention de 162,92 par litre déboursée par l'État.
37:29 En ce qui concerne le super, le prix réel moyen est de 866,43 francs
37:35 et le prix pratiqué est de 730 francs, coût de la subvention 176,43 francs CFA.
37:43 Et puis le gaz, le gaz domestique, la bouteille de 12,5 kg,
37:49 le prix réel, tenez-vous bien, est de 11 652 francs CFA
37:56 et le prix pratiqué est de 6 500 francs,
37:59 soit un coût de la subvention de 5 152 francs par bouteille consentie par l'État.
38:06 C'est bien cela ?
38:07 C'est bien cela, Madame Nkresme-Benga.
38:09 C'est pour ça que vous avez déjà un début de subvention ciblée.
38:12 Vous avez vu que les plus grosses subventions vont au pétrole lampant et au gaz domestique,
38:18 qui sont les produits les plus sensibles pour les ménages.
38:22 C'est ce que je vous disais, qu'il faut mieux cibler les subventions
38:27 et au niveau du pétrole lampant, vous savez que c'est un produit de consommation courante
38:36 pour les citoyens des zones rurales à faible revenu
38:43 et c'est pour ça que le gouvernement en a tenu compte et n'a pas voulu toucher ce produit-là.
38:50 Il y en a de même, du gaz domestique, qui sert autant aux riches qu'aux pauvres
38:59 et la subvention à ce niveau-là peut demeurer,
39:02 quoiqu'elle devienne aussi de plus en plus lourde pour la CSPH qui en supporte le poids.
39:08 Alors, je voudrais qu'on marque un autre arrêt dans cette édition
39:11 parce que nous allons parler des perspectives,
39:13 comment faire pour sortir de cette zone plus ou moins rouge.
39:19 Parmi les solutions qui sont envisagées à court terme ou à moyen terme,
39:25 c'est la restructuration de la Sonara
39:29 et justement, il s'est tenu à y aonder une concertation sur le sujet.
39:34 La dette de la Société Nationale de Raffinage vis-à-vis du partenaire Mercury Energy Trading
39:39 bénéficie donc de cette restructuration et l'accord couvrant 20 milliards de francs CFA
39:44 a été signé par le ministre des Finances, lui, Paul Mottazé,
39:47 les héritiers généraux de la Sonara et un représentant de l'entreprise pourvoyeuse,
39:53 Alvin Giselsé, nous en dit plus.
39:55 L'accord de convention matérialisé passé signature
40:04 témoigne de la confiance entre la Sonara et son fournisseur.
40:08 Le montant de la dette s'élève à un peu plus de 20 milliards de francs CFA,
40:11 durée de remboursement disant avec un taux d'intérêt de 5,5% hors taxe,
40:17 des mesures qui visent à maintenir la viabilité de la Sonara.
40:21 Aujourd'hui, nous avons signé avec le trader Mercuria une convention
40:26 qui permettra la restructuration de la dette vis-à-vis de ce trader et les paiements qui vont suivre.
40:32 Le document paraffait est le résultat de plusieurs mois de négociations entre les parties.
40:37 L'état du Cameroun est représenté pour la circonstance par le ministre des Finances, lui Paul Mottazé.
40:43 Cette convention avec le groupe de travail de Mercuria Energy Trader
40:47 s'inscrit dans la continuité du parachèvement du processus de restructuration de la Sonara.
40:53 C'est un sentiment naturellement de stabilité, de confiance vis-à-vis de la communauté internationale.
41:00 C'est le 31 mai 2019 qu'un incendie avait ravagé les unités de production de la raffinerie.
41:06 Le plan de restructuration instruit par le chef de l'état suit son cours.
41:10 D'autres traders sont attendus sur la table de négociation.
41:15 Merci Alvin Giselser. Retour sur ce plateau, M. Bonifazi.
41:21 On est donc là dans le vif du sujet.
41:26 Pour ce qui est de l'avenir, c'est donc la restructuration de la Sonara
41:31 avec pour point d'orgue la construction d'une usine moderne de raffinage du pétrole brut lourd du Cameroun.
41:39 C'est effectivement cela que nous entravoyons faire à terme.
41:45 Vous savez, jusqu'ici, les installations que la Sonara avait mises en place à Limbé
41:53 ne permettaient pas de pouvoir traiter intégralement le pétrole brut camerounais
42:02 qui était très lourd par rapport à la qualité des installations de la raffinerie.
42:09 Un programme de réhabilitation de la Sonara avait déjà été mis en place
42:15 et donc la première et la seconde phase étaient complètement intégralement achevées.
42:21 Nous avons donc démarré la troisième phase qui consistait en la mise en place de ce qu'on appelle une unité de cracking, un cracker.
42:32 Parfois, ça allait être un hydro-cracker qu'on devait maintenant mettre en place.
42:39 Et ceci aurait permis à la Sonara d'utiliser le pétrole brut camerounais dont la consistance aurait été adaptée au niveau de la technologie qu'on aurait eu en ce moment-là.
42:56 Mais hélas, il y a eu en 2019, comme on vient de le présenter, un incendie qui a tout ravagé
43:03 et qui n'a pas permis d'amener ce programme à terme.
43:09 Le gouvernement est conscient de cela et a mis en place un programme de recueillement des fonds
43:16 qui puisse permettre à terme de réhabiliter la raffinerie de la Sonara.
43:24 Autant vous dire qu'à l'heure actuelle, sur chaque litre de carburant consommé,
43:31 il y a une partie, un montant de 47,88 francs CFA, qui est dédiée à la constitution de ce fonds-là,
43:40 qui va permettre la réhabilitation de la Sonara.
43:43 Donc, le gouvernement en est conscient et c'est l'une des conditions sine qua non
43:49 pour que nous puissions revenir à notre indépendance énergétique
43:56 que nous voyons déjà poindre à l'horizon et qui est nécessaire pour la sécurité de notre économie.
44:05 À terme, il faudrait réhabiliter la Sonara, mais aussi penser, en termes de sécurité,
44:13 comme le Nigeria l'a fait, à la construction de notre raffinerie au niveau du complexe industriel
44:20 ou portier de Cribi.
44:22 Les Cribis dans l'océan, région du Sud.
44:24 Tout simplement parce qu'il y a un espace dédié à cet effet.
44:28 En attendant qu'on arrive à cette solution qui est, on a envie de dire, la solution pour le Cameroun,
44:36 la voie du salut pour notre indépendance énergétique, comme vous l'avez dit,
44:40 il y a quelques instants, il y a la plus grande raffinerie d'Afrique, au Nigeria,
44:46 et qui a été construite par Aliko Dangote, qui entre en activité.
44:50 Elle peut nous servir de plan B dans la situation actuelle ? Si oui, comment ?
44:56 Pour le moment, c'est possible qu'une fois que cette raffinerie rentrera en production,
45:03 le Cameroun puisse en profiter à cause de la proximité de cette nouvelle source de production.
45:11 Effectivement, en s'approvisionnant auprès de cette raffinerie, nous réalisons des économies sur les coûts de transport,
45:20 à cause de la proximité justement.
45:23 Ce qui fait que les prix que nous aurons rendus de voilà à partir de la raffinerie nigérienne
45:33 seront plus bas que ce qu'on peut avoir à partir, par exemple, des raffineries de l'Europe occidentale
45:40 où du moyen, non rien.
45:43 Mais il se pose un problème. Il ne faut pas être trop euphorique. Pourquoi ?
45:48 Parce que le Nigeria, lui-même, fait face à un problème d'approvisionnement du marché intérieur en produits pétroliers,
45:58 parce que les raffineries d'État qui actuellement servent à cet effet,
46:03 elles ne fonctionnent pas toujours très bien, ont des problèmes de fonctionnement.
46:07 C'est d'ailleurs ce qui a mené M. Dangute à mettre en place cette raffinerie.
46:15 Donc, elle profitera toujours d'abord au marché intérieur nigérien.
46:20 Et c'est le surplus qu'elle pourrait profiter aux consommateurs étrangers.
46:27 C'est pour ça que je dis que mieux vaut qu'on concentre nos efforts sur la réhabilitation de notre proponente,
46:35 de la Sonara, qui nous permettra de valoriser, de donner une plus-value à notre production de pétrole brut au niveau intérieur.
46:43 De garder nos devises, on ne va plus importer.
46:48 Et maintenant, on va créer des emplois au niveau du Cameroun et on gardera toute la plus-value y affirmante.
46:57 C'est tout à fait normal.
46:59 Toujours à court thème, vous dites qu'il faut reconstituer les stocks réglementaires pour éviter les situations de tension que nous avons connues ces derniers jours.
47:09 L'action prioritaire immédiate, la reconstitution de ce qu'on appelle les stocks réglementaires, c'est quoi ?
47:16 Au niveau de la SEDP, la réglementation prévoit que cette entreprise conserve dans ses bacs à tout moment
47:28 l'équivalent de 45 jours de consommation de produits pétroliers au niveau du marché intérieur,
47:36 soit 30 jours de stocks de sécurité et 15 jours de stocks outils, c'est-à-dire les stocks commerciaux.
47:45 Les stocks de sécurité sont mis en place et régulés par la Société Nationale des Hydrocarbures.
47:53 30 jours de consommation devront être là.
47:56 Ces stocks de sécurité ne peuvent être utilisés qu'avec l'accord, l'autorisation du ministre de l'Eau et de l'Energie en cas de crise.
48:08 Les 15 jours de stocks outils sont des stocks commerciaux qui sont mis en place par les sociétés distributrices de produits pétroliers opérant sur le marché intérieur.
48:19 Ce sont ces stocks qu'on peut mettre en consommation quotidiennement et qui sont remplacés au fur et à mesure qu'il y a des sorties.
48:29 Il y a également au niveau de la SEDP la nécessité d'accroître les capacités de stockage.
48:36 Il m'a semblé, d'après certaines de nos informations, qu'un programme est d'ailleurs en cours pour accroître justement cette capacité de stockage.
48:44 Exactement, c'est notre groupe de traitement qu'il faudrait lever.
48:48 C'est pour ça d'ailleurs qu'au niveau du Cameroun, il est impossible d'avoir une gestion prévoyante à long terme.
49:01 Parce que nous n'avons pas d'endroit où nous pouvons stocker les produits qui seraient nécessaires.
49:08 C'est pour ça que je vous dis que déjà nous avons du mal à avoir les stocks réglementaires mis en place.
49:15 A plus forte raison, si on veut les augmenter, on ne peut pas les augmenter.
49:19 Nous sommes donc obligés d'être confinés au niveau des capacités actuelles de stockage qui existent à la SEDP
49:30 et qu'il faudrait donc augmenter si nous voulons faire la prévision à long terme.
49:37 Parce qu'actuellement ce n'est pas possible avec ce boulot d'étranglement constitué par le faible niveau des capacités de stockage de la SEDP.
49:50 Alors je voudrais, et on va terminer par là, terminer cet entretien par la position d'un expert financier,
49:58 Babi Sakana en l'occurrence, qui parle du plan d'industrie de l'énergie tel qu'il est inscrit dans la SND30.
50:06 Ce plan comprend le programme gaz naturel pour véhicules qui permettra, au regard des ressources gazières importantes du pays,
50:13 de diviser la facture des carburants par 8 tout en réduisant substantiellement les importations des carburants
50:22 qui représentent 16% des importations en 2021, soit 614 milliards de francs CFA.
50:30 Que répondez-vous à cette proposition de Babi Sakana ?
50:34 Ça semble facile et ça semble attrayant.
50:38 Mais ce qu'il oublie de dire, c'est les coûts liés à la mise en place des infrastructures qui peuvent permettre la survenance d'une telle situation.
50:48 Le parc automobile camerounais n'est pas actuellement adapté à ce genre d'utilisation.
50:55 Vous savez qu'au Cameroun, nous avons des voitures, pour la plupart, de seconde main importées d'Europe
51:02 qui ne sont pas à la hauteur d'une telle technologie.
51:05 Il faudrait donc remplacer ce parc automobile par des véhicules à technologies plus avancées
51:13 qui peuvent permettre l'utilisation du gaz, du GPL, comme carburant.
51:20 Ce n'est pas demain la veille.
51:22 Ce n'est pas demain la veille, mais vous avez dit sur ce plateau qu'il y a plusieurs mesures
51:26 qui peuvent être prises à l'immédiat, tout au moins à court terme, pour essayer de résoudre le problème de tension que l'on a connu ces derniers jours.
51:37 Est-ce que vous, vous êtes optimiste ou pessimiste quant à la mise en œuvre de ces différentes solutions que vous proposez ?
51:48 Je suis optimiste, Madame Cressman-Benghazi,
51:51 parce que nous assistons d'ailleurs à un début de mise en place de toutes ces mesures que j'ai préconisées.
51:58 Je vous ai dit qu'à la Sonara, les marchés ont déjà été lancés pour faire des études en vue d'une réhabilitation prochaine
52:08 et que des fonds sont actuellement en train d'être recueillis à cet effet.
52:14 Et je vous ai dit qu'il y a un programme qui a été mis en place pour l'augmentation des capacités de stockage de la SDP.
52:23 Il y a un deuxième goulot d'économie à part la capacité de stockage qui se situe au niveau des transports.
52:29 Vous savez qu'il n'existe pas au Cameroun de transport de masse à part, de masse de produits pétroliers à part le chemin de fer,
52:40 parce que normalement les transports massifs ne devraient pas être réalisés par route.
52:45 Or, il faut au Cameroun un pipeline de produits pétroliers qui amène les produits des zones de production
52:53 et des zones de réception, des importations vers les différentes zones de consommation.
52:59 C'est cela qui est visé aussi à terme.
53:02 Il y a même des accords qui avaient déjà été signés avec certains partenaires étrangers que je ne peux pas citer ici,
53:16 mais malheureusement ils se sont avérés peu avantageux et nous les avons résiliés.
53:24 Actuellement, le Cameroun est en train de revoir les conditions de mise en place de ce pipeline-là
53:31 et c'est ça qui est à l'horizon.
53:33 Donc, ce que nous devons prendre en mesure, c'est immédiatement remettre les stocks réglementaires à leur niveau,
53:41 à leur niveau voulu par la réglementation en vigueur.
53:46 Deuxièmement, mettre en place les conditions de réhabilitation de la Sonara.
53:52 Troisièmement, augmenter les capacités de stockage de la SEDP.
53:57 Quatrièmement, augmenter les capacités de transport des produits pétroliers,
54:02 d'abord en améliorant les rotations des wagons citernes et en augmentant les capacités en wagon citernes,
54:13 en en acquérant de nouveau.
54:16 Et à terme donc, mettre en place une deuxième raffinerie au niveau de la zone de Kribi.
54:24 En ce moment-là, nous pourrons dormir sur d'autres horaires.
54:28 Mais étant donné que nous sommes encore dans la phase d'importation des produits pétroliers,
54:33 peut-être aussi avoir des rapports, j'ai envie de dire, plus sereins avec les marketeurs ?
54:39 Exactement. Si nous voulons avoir des rapports plus sereins avec les marketeurs,
54:44 c'est que nous devons payer les arriérés qui leur sont dus.
54:51 Et ces arriérés ne font qu'augmenter avec l'augmentation du poids de la subvention,
54:57 étant donné que l'État n'a plus les moyens de pouvoir les prendre en charge de manière sereine.
55:07 Et c'est pour ça que j'ai dit qu'à terme, on s'achemine inéluctablement vers un ajustement progressif des prix à la hausse
55:17 pour retrouver à terme le niveau requis par les cours internationaux,
55:23 en espérant que la guerre en Ukraine va pouvoir connaître son épilogue,
55:29 ce qui permettra aux prix, aux cours internationaux de baisser,
55:33 et forcément aussi de voir au niveau du Cameroun le poids de la subvention baisser.
55:38 Mais en attendant, on s'achemine inéluctablement vers un mieux.
55:43 Si les prix ne sont pas réajustés en vue de baisser le coût de la subvention.
55:50 Il y en a de même pour ce qui concerne le gaz domestique,
55:54 dont le poids est supporté par le budget de la CSPH,
55:59 à travers justement les fonds collectés au niveau de la péréquation transport,
56:04 que les gens trouvent comme étant une taxe.
56:06 C'est qu'une grande partie de ce poste de péréquation transport,
56:11 une grande partie des recettes qu'on y acquiert,
56:16 est allouée à la subvention du gaz de pétrole liquéfié.
56:23 Qui devrait coûter un peu plus de 11 000 et qui coûte 6 500 francs à la bouteille de 12 kg et demi.
56:30 Exactement, dont le poids de la subvention devient insoutenable pour le budget de la CSPH.
56:35 Et là aussi, nous sommes en train d'aller contre le mur.
56:40 Merci beaucoup, monsieur Boniface Zé. Je rappelle que vous êtes expert pétrolier.
56:47 Vous avez été pendant 40 ans ?
56:49 Oui, 40 ans.
56:51 Cadre à la CSPH, mais surtout directeur technique.
56:56 Vous m'avez dit que vous avez été le numéro 1.
56:59 Si.
57:00 Matricule numéro 1 de la CSPH.
57:04 Merci d'avoir pris de votre temps pour venir partager votre savoir et votre expérience avec les téléspectateurs de la CRTV.
57:13 Madame, monsieur, c'est la fin de cette édition des questions économiques.
57:18 Diffusion sur la CRTV le jeudi à 21h35 et rediffusion sur CRTV News,
57:27 Canal 316 le vendredi à 21h05.
57:31 A très bientôt sur ces mêmes antennes.
57:33 [Musique]