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00:15 Madame, Monsieur, bonsoir et bienvenue à cette édition des questions économiques.
00:20 L'État du Cameroun est à la recherche de 150 milliards de francs CFA sur le marché financier sous-régional
00:27 à travers un emprunt obligataire. La communication sur cette opération a commencé le 14 juin dernier
00:34 par une conférence de presse à l'hôtel Hilton de Yaoundé face aux hommes et femmes des médias.
00:40 Monsieur Yaouba Abdelaye, ministre délégué auprès du ministre des Finances et de la Consortium des Arrangeurs-Chefs de File,
00:48 notamment l'emprunt obligataire par appel public à l'épargne dont les questions ici étaient mises pour la période du 13 au 30 juin courant.
00:56 Il est nommé ECMR 2023 à tranches multiples, ce qui constitue d'ailleurs une innovation pour le Cameroun.
01:04 Pour en parler, nous recevons Monsieur Samuel Tela, qui est le directeur de la trésorerie au ministère des Finances.
01:10 Bonsoir Monsieur le directeur.
01:12 Bonsoir Madame Benga, Mesdames, Messieurs, bonsoir.
01:15 Bienvenue sur ce plateau des questions économiques.
01:17 Alors Monsieur le directeur, le Cameroun lance donc là son septième emprunt obligataire.
01:21 C'était le 14 juin, on l'a dit, mais un petit sondage au sein de l'opinion laisse croire que l'ensemble des opérateurs,
01:28 des agents économiques ne savent pas encore ce que c'est qu'un emprunt obligataire.
01:32 Alors dites-nous, c'est quoi l'emprunt obligataire ?
01:35 Très bien, merci pour cette question. En fait, un emprunt c'est un titre de dette.
01:40 Et quand il est mis par l'État, on parle de la dette souveraine.
01:44 Il est peut-être utile de le rappeler. Vous savez, l'État c'est un agent économique de type particulier.
01:51 L'État, contrairement à vous et moi, vit, j'allais dire, au-dessus de ses moyens.
01:57 Donc ça veut dire que quand l'État doit construire son budget, c'est-à-dire l'ensemble de ressources nécessaires
02:03 pour accomplir ses missions régalières, c'est-à-dire assurer la sécurité des citoyens, construire les infrastructures,
02:10 bref, mobiliser un ensemble d'infrastructures pour le bien-être de ses agents.
02:15 Ses ressources propres ne suffisent toujours pas pour faire tout cela.
02:18 Donc, lors du vote du budget par le Parlement, il y a toujours un gap, qu'on appelle le déficit budgétaire,
02:26 pour lequel le Parlement va autoriser le gouvernement à les mobiliser.
02:31 Donc c'est ça, la mobilisation de la dette. Elle peut se faire par plusieurs instruments ou par plusieurs modalités.
02:38 Elle peut d'abord se faire d'un endettement direct, c'est-à-dire auprès des bailleurs de fonds,
02:44 qui peuvent être bilatéraux ou multilatéraux.
02:47 Et maintenant, une autre partie de cette dette peut être mobilisée sur les marchés.
02:51 C'est cette partie-là qui est constituée, en fait, des titres publics, qu'on pourrait appeler donc des emprunts.
02:56 Cette partie est mobilisée auprès des agents économiques, notamment à travers des marchés financiers.
03:01 Alors quand vous dites auprès des agents économiques, il s'agit de qui peut souscrire et comment?
03:06 Voilà, fait spécifiquement pour cette opération, on a parfois tendance que la participation aux émissions de titres publics,
03:15 c'est un sujet ou une question réservée aux spécialistes, notamment les banques, les compagnies d'assurance,
03:23 ou des personnes qui ont de très grosses ressources.
03:26 Non, il s'agit d'une opération, on parle bien d'appel public à l'épargne.
03:30 C'est-à-dire, le gouvernement fait appel à tout le public à participer à cette opération.
03:35 Ça veut dire que tout agent économique qui a une capacité d'épargne, c'est-à-dire l'épargne,
03:40 c'est en fait la partie résiduelle du revenu qui n'est pas consommée.
03:43 Donc au lieu de le garder sur un compte d'épargne ou à ZIF, on suggère donc à l'agent économique de le convertir en investissement,
03:53 en souscrivant aux titres publics.
03:55 Et c'est une souscription, j'allais dire démocratique, parce que le minimum de souscription est de 10 000.
04:00 C'est-à-dire que tout agent économique peut participer à l'opération.
04:04 Quand on dit agent économique, c'est Monsieur Tout-le-Monde.
04:06 Monsieur Tout-le-Monde.
04:07 Agent économique, vous êtes un agent économique.
04:09 Ne serait-ce que vous êtes un consommateur, vous êtes un agent économique, vous êtes un acteur de l'économie.
04:13 Vous avez un revenu, vous êtes un agent économique.
04:16 Donc tout le monde peut le faire, vous et moi, ainsi que toute couche.
04:21 Je ne veux pas citer ceux du secteur informel, parce que ça implique tout le monde.
04:27 Donc il suffira de convertir son épargne à partir des 10 000 francs.
04:31 Vous pouvez souscrire aux titres.
04:33 Et la souscription concrètement se passe auprès des banques et des agents placeurs.
04:39 Donc il faut au moins avoir un compte bancaire.
04:41 Absolument, il faut avoir un compte bancaire pour y participer.
04:44 Et nous allons marquer un premier arrêt dans cette édition des questions économiques pour faire connaissance,
04:48 on va le dire comme ça, avec cet emprunt obligataire de l'année 2023.
04:59 Face à la presse, les répondants du ministère des Finances et ceux du consortium d'arrangeurs-chefs de fil de l'emprunt obligataire 2023 du Cameroun sont prolistes.
05:09 Fort de la qualité de sa signature, l'État est à la recherche de 150 milliards de francs CFA sur le marché financier sous-régional.
05:17 Le relèvement du taux directeur par la Banque centrale justifie quelques réaménagements.
05:22 On allait d'abord pour 200 milliards, mais compte tenu des conditions du marché,
05:27 ce qui est, comme vous le savez, extrêmement difficile avec les taux directeurs des banques centrales qui augmentent,
05:33 les taux d'inflation et tout, où le marché est vraiment perturbé.
05:37 Nous avons donc ramené nos ambitions pour le moment de 200 à 150.
05:42 Cette année, à la différence des précédentes, l'opération est à tranches multiples et les taux d'intérêt sont avantageux.
05:50 L'investisseur aujourd'hui a le choix entre différentes maturités et un taux d'intérêt différent est offert
05:56 pour chaque maturité. La volonté ici était de pouvoir toucher tous les profils d'investisseurs,
06:02 ceux qui souhaitent investir sur des durées courtes, mais également ceux qui souhaitent investir sur des durées plus longues.
06:07 Donc aujourd'hui, vous avez le choix de placer votre argent sur 3 ans, sur 4 ans, sur 6 ans et sur 8 ans,
06:13 avec justement, comme je le disais, un taux d'intérêt qui est différent pour chaque tranche.
06:18 C'est la particularité justement que nous avons apporté cette année.
06:22 Cela permet donc de diversifier un peu le portefeuille pour celui qui veut investir.
06:26 Si vous avez 10 millions, vous pouvez décider de prendre un peu de 3 ans, un peu de 5 ans, ainsi de suite.
06:32 Et également, c'est ce qu'on n'avait pas dit, ça facilite aussi le remboursement pour l'Etat.
06:38 Donc au lieu d'avoir un remboursement en boulettes de 150, on aura des remboursements en prise à tranches,
06:45 ce qui est plus facile pour le service de la dette.
06:47 Il s'agit également d'un investissement citoyen, car en souscrivant, nous participons tous à la construction d'un avenir meilleur.
06:57 La souscription à l'emploi obligataire est un investissement rentable, avec un taux d'intérêt supérieur au taux de partie classique.
07:06 La souscription au titre public est un investissement sécurisé, qui bénéficie de la garantie souveraine de l'Etat,
07:13 et dont les remboursements sont assurés à bonne date à travers un compte séquestre,
07:19 compte séquestre géré par la Banque centrale.
07:22 En effet, un compte de réserve est ouvert à la BA et est alimenté chaque mois d'une douzième du montant de remboursement annuel.
07:32 Donc aucun risque de défaut de paiement différé.
07:37 Au cours de ce jeu de questions-réponses, les échanges portent sur la destination des fonds levés,
07:43 la concomitance de l'emprunt obligataire du Cameroun et celui du Gabon,
07:47 mais aussi la prise ferme, qui se situe pour l'instant à 104 milliards de francs CFA, fixés à 10 000 francs l'obligation.
07:54 Cette opération, qui court du 13 au 30 juin, est ouverte à tous les citoyens disposant d'une épargne.
08:00 Au cas où on n'arrive pas à atteindre les 150, il y a une possibilité de prolongation du délai de subscription.
08:07 Et si après cette prolongation on n'arrive pas à atteindre les 150, on va prendre ce qui est là et se préparer pour une autre émission.
08:17 N'oublions pas que nous avons dans la loi de finances 2023 650 milliards à émettre.
08:24 Ça c'est juste le début. Et nous avons donc ce marché financier, mais on a aussi le marché monétaire de la BERC,
08:31 dont nous pouvons mobiliser sur plusieurs marchés, et même à l'international.
08:35 Les fonds collectés serviront au financement de certains projets retenus dans la loi de finances 2023, à vos subscriptions.
08:42 Alors, monsieur le député, vous venez donc de suivre ce papier qui vous replonge un peu dans la cérémonie d'ouverture de l'emprunt obligataire 2023.
08:53 On l'a dit, c'est un emprunt obligataire qui a une particularité, c'est qu'il est à tranche multiple.
09:00 Alors, lorsqu'on dit un emprunt obligataire à tranche multiple, qu'est-ce que cela veut dire concrètement?
09:08 Et pourquoi un emprunt à tranche multiple? Pourquoi cette innovation?
09:11 En fait, l'État du Cameroun, un peu fidèle dans sa tradition, un peu précurseur sur le marché sous-régional, a toujours mis sur pied une ingéniosité financière assez particulière.
09:28 L'année dernière déjà, nous avons émis sur le marché le tout premier emprunt obligataire d'une maturité de 7 ans avec un différé de 2 ans.
09:35 Cette année, pour ne pas refaire l'identique, nous avons, sur la base d'une étude de marché, sur la base d'un sondage que nous avons fait, opté pour une diversification.
09:46 Alors, nous avons émis donc plusieurs tranches, c'est-à-dire 4 tranches pour être précis, selon les maturités, parce qu'en fait, on s'est rendu compte que les investisseurs n'ont pas le même profil.
09:56 Il y en a qui ont des profils de long terme, c'est-à-dire qui veulent investir sur une longue période parce que le taux d'intérêt varie en fonction de la duration de l'emprunt.
10:05 Donc, vous aurez des opérations calées sur 3 ans, des opérations calées sur 4 ans, des opérations calées sur 6 ans et 2 sur 8 ans.
10:12 Avec des intérêts qui vont de 5 à 7 %.
10:14 Tout à fait, de 5,8 % pour les titres de 3 ans à 7,25 pour les titres de 8 ans.
10:20 Alors, la question, c'est de savoir quels sont, je veux dire, les avantages de cet emprunt obligataire à tranches multiples.
10:27 Alors, le principal avantage, c'est que nous avons opté pour cette stratégie à l'effet de toucher le maximum d'investisseurs.
10:35 Ça veut dire qu'en fait, tous les investisseurs devraient chacun pouvoir trouver son compte.
10:40 Ceux qui ont des profils longs vont participer aux titres de 8 ans.
10:43 Ceux qui ont des profils d'investissement court vont peut-être se spécialiser ou se positionner sur les titres de 3 ans ou de 4 ans.
10:55 Alors, je voudrais revenir un peu à la question des causes de cette opération à tranches multiples.
11:03 Est-ce que ce n'est pas le marché tel qu'il se présente actuellement qui vous l'a commandé?
11:07 Est-ce que c'est seulement pour l'intérêt des investisseurs?
11:11 C'est une question très pertinente.
11:13 Effectivement, nous sommes dans un contexte économique particulièrement difficile.
11:19 Cette difficulté, on peut la situer à plusieurs niveaux.
11:25 D'abord, sur le niveau international, avec l'ajustement des conditions des marchés internationaux.
11:31 Vous avez vu que les principales banques centrales ont relevé leur tout directeur.
11:36 La Banque centrale du Cameroun l'a également fait.
11:39 Nous avons aussi observé depuis un moment la diminution de la liquidité sur le marché.
11:46 Face à tout cela, il a fallu multiplier les techniques pour toucher le maximum de personnes.
11:54 C'est d'où nous avons eu cette idée de faire une émission, un package, mais qui est structuré en plusieurs loups.
12:01 Sauf que pour une certaine opinion, M. Samuel, c'est un projet obligataire et le plus cher que le Cameroun ait jamais émis.
12:12 Qu'est-ce que vous répondez à cela?
12:14 Il faut relativiser. Cher par rapport à quoi?
12:18 Cher par rapport à nos opérations antérieures ou cher par rapport aux autres états émetteurs?
12:24 Si l'on compare les coûts de cette opération par rapport aux autres états de la CEMAC,
12:31 nous dirons que nous avons fait une très belle affaire en négociant les taux d'intérêt et en négociant les conditions d'arrangement.
12:38 Si l'on compare cette opération à celle de l'année dernière, on peut dire que les taux ont connu un certain relèvement.
12:44 Ce qui traduit simplement l'évolution du contexte économique.
12:49 Nous ne sommes pas dans un laboratoire où les économies irraisonnées s'intéressent paribus, c'est-à-dire toutes choses restant égales par ailleurs.
12:56 Aujourd'hui, tous les principaux agrégats du marché ont changé.
13:00 J'ai tantôt évoqué les taux directeurs de la Banque centrale qui sont passés à 5%. L'année dernière, nous étions à 4,5%.
13:06 Je dis concrètement qu'il est difficile pour un investisseur rationnel, notamment les banques, de participer à une émission publique dont le taux est en-dessous du taux directeur de la Banque centrale.
13:20 Je voudrais qu'on s'arrête encore, M. Etelass, si vous le permettez, sur ces différents taux qui ont été retenus.
13:26 Ils ont été arrêtés sur quelles bases, ces différents taux?
13:31 Pour être très simple, la détermination des taux de coupon au pays a plusieurs éléments.
13:40 D'abord, le taux d'intérêt rémunère le risque perçu ou le risque senti par l'agent économique.
13:47 En principe, quand vous levez des ressources sur du long terme, cela veut dire que l'agent économique a moins de visibilité.
13:55 Pour cela, il va exiger une rémunération plus élevée.
13:59 Quand vous levez des ressources sur du très court terme, par exemple, vous me prêtez de l'argent sur une semaine, vous savez que dans une semaine, rien ne va m'arriver.
14:08 Mais quand c'est sur cinq ans, vous ne savez pas si dans cinq ans, je serai en vie ou si j'aurai encore mon emploi.
14:12 Vous exigez un taux d'intérêt conséquent.
14:15 Nous sommes bien partis du contexte actuel avec les taux qui sont relevés sur le marché.
14:22 Nous avons pris en compte le niveau d'inflation.
14:25 Nous avons aussi sondé les agents pour savoir jusqu'où peuvent-ils mettre leur curseur pour participer à la subscription des emprunts de l'État du Cameroun.
14:36 Nous ne perdons pas de vue que nous sommes dans un environnement concurrentiel où les différents États de la CEMAC émettent sur le même marché et s'adressent aux mêmes investisseurs.
14:47 Nous avons tenu compte de tout cela pour fixer nos taux.
14:51 Jusqu'à l'année dernière, nous nous réjouissions encore d'être l'État au sud du Sahara d'avoir les taux d'intérêt les plus faibles sur le marché, c'est-à-dire partant du Sénégal jusqu'au Rwanda.
15:06 Si vous regardez les taux émis par l'État du Cameroun sur des titres de même maturité, que ce soit six mois, que ce soit un an ou trois ans, nous avions les taux les plus faibles.
15:19 Aujourd'hui, avec ces contraintes, nous les avons relevés.
15:22 Mais quand même, si vous procédez à une comparaison, vous verrez que nous avons des taux qui sont légèrement en dessous de la moyenne pratiquée par les autres États.
15:30 Et vous avez parlé tout à l'heure de l'environnement concurrentiel.
15:34 Justement, le Gabon a lui aussi lancé son emprunt obligataire.
15:39 Nous allons revenir sur cette question, mais je voudrais qu'on continue à parler de cet emprunt obligataire qui est lancé avec une prise ferme de 104 milliards à peu près, bien moins que la prise ferme de l'année dernière.
15:52 Qu'est-ce qu'il explique? Est-ce qu'il y a une certaine, j'aime bien dire, réticence de la part des désarrangeurs?
16:02 Non, il ne s'agit pas de réticence, non, pas du tout.
16:06 Nous sommes dans un marché. Les conditions du marché évoluent.
16:10 Hier, c'est-à-dire l'année dernière, nous avions un niveau de liquidité assez élevé sur le marché.
16:17 Aujourd'hui, ce n'est pas le cas. La liquidité a suffisamment diminué parce que la banque centrale, dans sa politique de lutte contre l'inflation,
16:25 non seulement a relevé son taux directeur, mais continue à réduire le niveau de liquidité.
16:30 Et du coup, les marges de subscription pour les banques ont considérablement diminué.
16:34 C'est pour cela que d'ailleurs, de manière réaliste, nous avons réduit l'enveloppe initiale.
16:39 Nous étions partis sur une opération de 200 milliards, mais quand nous avons eu des propositions d'arrangeurs en termes de prise ferme, nous étions à peine à 51%.
16:50 Il est très difficile dans ce type d'opération de mobiliser 40, même 30% pendant la période de Rothschild.
16:58 Donc, c'est la prise ferme qui constitue les garanties de succès de l'opération.
17:05 Donc, c'est le contenu de tous ces éléments. Je crois que c'est d'ailleurs le lieu de remercier ces preneurs fermes qui ont continué à faire confiance à l'État du Cameroun,
17:16 même dans un contexte économique particulièrement difficile, où les États s'élivent d'une sorte de concurrence,
17:22 parfois ne respectant pas intégralement les mêmes règles de jeu.
17:27 C'est vrai que dans le couloir, on a cru entendre que le Cameroun a quelque peu consécuté le Gabon,
17:32 qui a lancé son emprunt obligataire au lendemain du lancement de l'emprunt obligataire par le Cameroun de Gabon,
17:41 qui est lui aussi à la recherche de 150 milliards de francs CFA avec une prise ferme, cette fois de 100 milliards,
17:48 ce qui est un peu moins que la prise ferme du Cameroun. Mais vous l'avez dit, nous sommes dans un environnement concurrentiel.
17:54 Alors du coup, la question c'est de savoir qu'est-ce qui va jouer en faveur du Cameroun, sachant que, comme d'autres pays,
18:03 on a quand même connu quelques tensions de trésorerie. Qu'est-ce qui va faire en sorte que vous puissiez atteindre cet objectif de 150 milliards?
18:11 Le ministre des Finances, déjà au mois de février, quand il a rencontré les investisseurs, avait clairement indiqué le programme de financement de l'État.
18:20 Et au mois de mai 2023, il était prévu l'émission sur le marché financier sur le régional d'un emprunt obligataire d'un volume de 200 milliards.
18:31 L'opération a été annoncée. Il restait maintenant à l'astructurer, c'est-à-dire définir les maturités et les taux.
18:40 Voilà. C'est un travail qui était déjà fait. Bon, il se retrouve que les deux étals, en fait, les deux étals majeurs de la CIMAR se retrouvent sur le marché au même moment.
18:49 C'est vrai, le marché, actuellement, on peut dire que le marché est un peu serré et les marges de manœuvre de chacun des acteurs sont assez réduites.
18:58 Donc, pour ne pas parler comme au football, que tout va se jouer dans les petits détails. Mais nous sommes sereins.
19:04 Nous sommes sereins parce que nous continuons à parler à nos partenaires. Nous continuons à mener un roadshow de proximité,
19:14 c'est-à-dire des réunions de groupes. Le ministre des Finances a réuni déjà certaines banques majeures pour leur parler de l'enjeu, de l'importance de l'opération.
19:25 Qu'est-ce que vous leur dites?
19:28 Que c'est peut-être pendant les moments difficiles qu'on a besoin de ses amis. Oui.
19:34 Qu'est-ce que vous vendez?
19:36 Qu'est-ce que nous vendons? Voilà, c'est très important. Alors, le choix de l'investissement, c'est-à-dire que quand un argent économique a de la ressource,
19:43 quand il veut investir, le premier élément à prendre en compte, c'est la sécurité ou la garantie.
19:49 Mettez votre argent là où vous êtes sûr qu'à l'échéance, vous serez remboursé.
19:55 Nos atouts, nous avons une économie en croissance, nous avons une économie diversifiée, nous avons une situation de finances publiques solides.
20:09 Nous venons de conclure la quatrième revue du programme économique avec le Fonds monétaire international, qui a été jugé d'ailleurs satisfaisant.
20:18 Le programme, le dossier devrait passer au Conseil d'administration, je crois, à la fin de ce mois.
20:24 C'est un élément de confort pour les investisseurs. Vous dites, le Cameroun respecte ses engagements. Oui.
20:30 Vous avez donc, c'était là, quelques éléments de confort qui permettent d'être au Cameroun, qui pourraient permettre au Cameroun d'atteindre ses différents objectifs.
20:39 Mais il y a les autres. Monsieur Lambda, dont on parlait tout à l'heure, des autres agents économiques qui, eux, peut-être ne sont pas structurés,
20:51 qui, eux, peut-être ne seront pas, qui n'auront pas un entretien avec le ministre des Finances.
20:59 Qu'est-ce que vous dites à ceux-là pour qu'ils vous fassent confiance, pour qu'ils fassent confiance à la signature de l'État du Cameroun?
21:04 Bien, j'ai saisi d'ailleurs cette tribune pour m'adresser à ces agents économiques qui n'auront peut-être pas le privilège d'avoir un entretien de proximité avec le ministre des Finances.
21:13 J'ai dit, cette opération, c'est la nôtre. C'est une opération rentable, déjà, que ce soit les opérations de trois ans qui sont rémunérées à 5,8 % ou celles de huit ans qui sont rémunérées à 7,25 %.
21:26 Aucune départ ne permet d'avoir ce niveau de rendement. Il s'agit d'une opération sécurisée. Sécurisée, pourquoi? Parce que nous avons ouvert un compte de réserve à la banque centrale.
21:40 Et chaque mois, la banque centrale doit prélever le douzième du montant de l'échéance annuelle.
21:46 Ce qui fait qu'il n'y a pas de risque de défaut de paiement, ni de risque de différé de paiement. Donc, ça n'a rien à voir avec les prestations fournies à l'État qui connaissent parfois des délais de paiement rallongés. Non.
21:59 La dette publique, la dette des marchés, elle est très, très rigoureuse. Donc, depuis 2011, que l'État intervient régulièrement sur les marchés, nous n'avons jamais, jamais eu de différé, encore moins de défaut de paiement.
22:16 Et également, il s'agit d'un investissement citoyen. Vous avez vu la panoplie des projets pour lesquels ces ressources vont permettre, vont accompagner l'exécution.
22:27 Donc, en participant à cette émission, en tant que citoyen, nous construisons, nous participons aussi à la construction de notre pays.
22:35 Restons sur le plan individuel, les taux d'intérêt. Ceux qui sont proposés dans le cadre de l'emploi obligataire, il me semble, sont plus élevés que ceux que les banques proposent en norme.
22:45 En termes de taux d'épargne, je crois que, je ne sais pas, ça peut varier peut-être d'une microfinance à une banque de premier ordre, mais les taux d'épargne dépassent rarement 3 %.
22:57 Et non seulement vous aurez ici jusqu'à 5,8 %, mais ce sera une rémunération nette d'impôt établie, c'est-à-dire que sur le revenu généré par ce placement, vous ne payerez pas d'impôt.
23:10 Et maintenant, on va donc marquer notre arrêt dans cette édition des questions économiques, justement pour écouter un investisseur qui est un habitué des emprunts obligataires depuis 2010,
23:23 qui n'a de cesse de mettre son argent dans ces différentes opérations lancées par le gouvernement. C'est dans ce reportage.
23:37 Habitué des emprunts obligataires du Cameroun depuis 2010, Colin Guedja vient à nouveau se soumettre à l'exercice. Face à la fiche de souscription et calculette en main, il cogite.
23:47 Cette année, l'emprunt obligataire est à choix multiples. Le cœur de l'homme d'affaires balance.
23:53 Je suis en train de réfléchir parce qu'avec l'innovation de tranche de cette année, on se rend compte que ça devient de plus en plus intéressant aussi.
24:02 On était habitué à une certaine periodicité, mais maintenant, elle est un peu plus longue. Mais je crois que j'ai fait mon choix. Mon choix est déjà décidé.
24:11 Et si Colin Guedja a choisi ce placement, c'est qu'il y gagne.
24:15 Ces opérations, elles ont un certain avantage au niveau sécurité déjà. Et les taux entre les vartes que je laisse à la banque sur une période de 1 an ou 2 ans, et cet emprunt, c'est plus avantageux, cet emprunt.
24:30 L'État tient ses enratements. C'est-à-dire qu'à date, vous avez la rémunération attendue. Je trouve mon compte.
24:36 Ni les arrangeurs ni les gestionnaires de banque ne le démontent.
24:40 La moyenne du marché est aussi entre 2,5 % et 3 %. Or, la moyenne d'emprunt de l'État va partir de 5 %, va jusqu'à 7 %, dont le taux est assez intéressant.
24:53 La souscription à un emprunt obligataire est un investissement. Il s'agit simplement de prêter de l'argent à l'État, moyennant un taux d'intérêt.
25:01 Et si vous regardez, les différents taux d'intérêt qui sont proposés sont largement supérieurs à ce que vous pouvez avoir dans une banque sur un compte d'épargne.
25:08 Donc, c'est beaucoup plus intéressant. Et également, il faut savoir que ces taux d'intérêt sont nets d'impôt. Donc, l'État paye et il n'y a plus aucune taxe derrière qui est appliquée.
25:17 Outre les bénéfices individuels, il y a la fierté de participer à la construction nationale.
25:23 L'avantage, c'est que pour la première fois, les coupons sont à 10 000. Vous vous rappelez, la dernière fois, je crois qu'on était à un minimum de 300.
25:31 Donc, cette fois-ci, si vous avez 10 000 francs, vous vous rapprochez de votre banquier, on peut vous acheter un coupon.
25:38 Donc, ça leur permet aussi de financer les projets qui sont dans le budget. Donc, c'est une fierté pour un Camerounais de participer au développement de son pays.
25:48 10 000 francs CFA, c'est le prix d'une obligation cette année. Et des aménagements sont faits dans les banques pour faciliter les subscriptions.
25:55 Nous vendons à tous nos clients et à nos non-clients également parce qu'on a également aménagé, compte tenu de la faible bancation de la population,
26:05 nous avons aménagé le SPOSI qui permet d'avoir également nos clients. Mais sinon, de manière globale, ce sont les clients de la banque et aussi les diasporas
26:13 parce que vous avez aussi les Camerounais de l'étranger qui ont également des ressources et compte tenu du fait que les taux sont assez bas dans leur pays de résidence ou d'accueil.
26:22 Donc, beaucoup trouvent aussi important de pouvoir souscrire sur le plan local. Donc, nous aménageons aussi les possibilités pour ceux-là de pouvoir souscrire à l'emploi du Cameroun.
26:32 C'est clair, il y a de l'argent à se faire dans l'emploi obligataire du Cameroun.
26:38 Monsieur l'éditeur, il y a de l'argent à se faire dans l'emploi obligataire du Cameroun.
26:42 Absolument.
26:43 Alors, on reste avec les agents économiques, notamment ceux qui empourquessent leur valise, leur cantine à la maison.
26:53 Est-ce qu'il y a des dispositions particulières qui vont être prises pour permettre à ces gens-là, à ces agents économiques-là, de venir déposer leur argent plutôt à la banque?
27:06 Conditions particulières, je n'en sais rien. Mais chacun devrait se rapprocher de sa banque.
27:13 Si vous n'avez pas de compte bancaire, allez vous ouvrir un compte bancaire. Bon, certainement, la banque vous posera quelques questions sur l'origine des fonds. Il faudra les justifier.
27:22 Justement, et c'est un problème. Et c'est un problème. Nous avons entendu parler de ce problème-là lors des différentes descentes sur le terrain.
27:30 Vous voulez que les agents économiques vous fassent confiance, qu'ils viennent faire des subscriptions, mais les conditions restent les mêmes en ce qui concerne les procédures,
27:42 notamment justement en ce qui concerne la justification des fonds. Ne pensez-vous pas que cela ait de nature quelque peu à décourager ceux qui veulent se lancer dans cette opération?
27:53 Je ne pense pas à décourager. Bon, sauf si vos ressources sont d'origine douteuse. Vous devrez pouvoir justifier la provenance de vos revenus.
28:06 Si vous avez une activité qui relève du secteur informel, on sait que ces secteurs représentent environ 80 % d'activités dans notre pays.
28:15 Donc, je pense que les banques devraient tenir contre cela, c'est-à-dire un ménager ou un commerçant peut, sous véteur ou je ne sais pas,
28:27 quand même disposer d'une épargne mobilisée sur deux, trois, quatre ans qui représente quand même la valeur de quelques millions de francs.
28:36 Permettez-moi d'insister sur cette question, M. le directeur, parce que le repos qui est fait parfois aux banquiers, c'est de vouloir eux-mêmes s'arroger cette opération
28:46 ou en tirer tous les avantages et d'être particulièrement rigoureux sur cette question de justification de l'origine des fonds.
28:56 Qu'est-ce que vous, vous pouvez faire au ministère des Finances pour faciliter un peu la tâche à ceux qui veulent bien participer,
29:03 à ceux qui veulent bien mettre de leur argent dans cette opération?
29:06 Mais n'oubliez pas également que le ministre des Finances est le garant de la transparence financière et le ministre des Finances est également l'acteur majeur
29:18 de la lutte contre le blanchement et le financement du terrorisme. Donc, sur ces questions, je ne pense pas qu'il y ait des dispositions particulières à prendre.
29:28 Mais quand même, quelqu'un qui a régulièrement gagné ses ressources, gagné son argent, devrait pouvoir le placer sans difficulté majeure.
29:36 Une ménagère qui est peut-être dans une tontine, on va le dire comme ça, une tontine qui n'a pas de compte, qui a épargné, je ne sais pas moi, pendant deux ans
29:46 et qui se retrouve à la tête d'une somme, je ne sais pas moi, de combien, de millions, comment elle fait pour justifier ses fonds?
29:52 Étant entendu qu'elle ne mène pas une activité traçable.
29:57 Je ne voudrais pas non plus être l'avocat du diable, mais je ne pense pas que la ménagère va débarquer à la banque avec 50 millions dans des cantines
30:07 pour dire que c'est le produit de vente de ses beignets depuis deux, trois ans. On devrait rester dans des proportions raisonnables.
30:15 Et y adhérer également à la problématique du marché secondaire.
30:19 Oui, c'est un sujet sur lequel nous avons d'ailleurs discuté et nous continuons à y travailler.
30:25 Parce que je pense d'ailleurs que ma participation à l'émission de ce soir, concours, a, pas éduqué, mais a vulgarisé l'information financière auprès du grand public.
30:40 Parce que si d'extraordinaire, au soir du 30 juin, un agent économique n'a pas pu souscrire, il peut toujours, à travers, puisque les titres seront ensuite cotés à la bourse des valeurs mobilières.
30:54 Donc il peut à tout moment s'adresser à un intermédiaire, notamment une société de bourse, s'adresser à l'un de ses acteurs pour acheter sur le marché secondaire des titres publics.
31:05 Parce que là, la souscription actuelle, c'est au marché primaire, parce que les titres sont nouvellement émis.
31:12 Mais pendant toute la durée de vie du titre, les titres restent négociables sur le marché.
31:19 C'est pour cela qu'on dit que les titres publics, c'est-à-dire que les titres de la dette sont liquides.
31:23 Alors la liquidité d'un titre financier, c'est sa capacité à être transformée en numéraire.
31:29 Et cette transformation ne se fait que sur le marché secondaire, pour le cas spécifique sur la bourse des valeurs mobilières.
31:36 Pour la gouverne des agents économiques qui nous écoute, Monsieur le Directeur, je souscris à l'opération aujourd'hui, sur une période, je ne sais pas moi, de 5 ans, de 7 ans.
31:47 Mais dans 2 ans, 3 ans, j'ai besoin de mon argent. Qu'est-ce qui se passe ?
31:50 Oui, tout à fait. Si vous ne voulez pas juiller de la rémunération du titre jusqu'à son échéance, vous retournez vers votre banquier, vous lui dites que vous voulez céder le titre.
32:02 Il va vous aider à le céder.
32:05 Monsieur le Directeur, qu'est-ce qui se passe-t-il si le Cameroun ne parvient pas à atteindre son objectif, celui de lever 150 milliards de francs CFA ?
32:15 Qu'est-ce que vous faites ? Pensez-vous à d'autres opérations ? Qu'est-ce qui se passe ?
32:17 J'avoue que nous n'avons pas envisagé cette hypothèse. Et nous pensons que nous n'aurons pas réfléchi parce qu'on n'aura pas atteint les 150 milliards. Nous sommes très confiants.
32:29 C'est pour cela que nous poursuivons le roadshow en densifiant la communication afin que le maximum d'agents économiques soient informés et y participent.
32:39 Alors, s'il arrive que ce soit du 30 juin, les 150 milliards ne soient pas mobilisés, le ministre des Finances peut saisir la commission de suivance du marché financier pour proroger le délai de souscription.
32:54 Et si d'extraordinaire, au bout de la prorogation, le montant n'est pas atteint, on va arrêter l'opération.
33:01 Et qu'est-ce qui se passe si, au contraire, on va au-delà des 150 milliards recherchés ?
33:07 C'est d'ailleurs notre souhait. Nous travaillons pour que le montant mobilisé soit largement au-dessus des 150 sollicités.
33:15 Alors, si, en cas de dépassement du volume, le ministre des Finances va à nouveau saisir la Cosumaf pour solliciter la surallocation des montants souscrits.
33:27 Bon, nous gardons encore des marges assez importantes. C'est peut-être le lieu de relever que, dans la loi de finances initiale, le président de la République a habilité le ministre des Finances à émettre des titres publics pour un montant global de 450 milliards.
33:42 Et l'ordonnance du 1er juin a relevé encore le plafond de cet endettement à la hausse. Donc, on est passé de 450 à 650.
33:53 Donc, nous ne sommes qu'à 150. Cela veut dire que nous avons encore beaucoup de travail à faire pendant le deuxième semestre de l'année en cours.
34:02 C'est entendu. Nous allons donc marquer un autre arrêt dans cette édition des questions économiques pour parler de la destination des fonds.
34:09 Vous avez dit tantôt que, pour tout Camournet, il est important parfois aussi de mettre la main à la patte, de participer à la construction nationale.
34:19 Alors, cet argent qui sera mobilisé, à quoi est-ce qu'il va servir ? Réponse dans ce reportage.
34:26 Il y a juste quelques jours, le gouvernement soulignait à nouveau que le plan de redressement du secteur de l'électricité au Cameroun nécessite des financements de 420 milliards de francs CFA.
34:41 En plus de la Banque mondiale qui apporte sa cote-part, pour ainsi dire, les fonds collectés dans le cadre de l'emprunt obligataire 2023 à tranches multiples serviront à financer le secteur de l'eau et de l'énergie à hauteur de plus de 20 milliards de francs CFA.
34:57 Viennent ensuite les travaux publics. Pour nos routes, autoroutes et autres ouvrages d'art, 85 milliards de francs CFA seront mis à la disposition du ministère des Travaux publics.
35:08 C'est d'ailleurs la plus grosse enveloppe prévue dans la répartition des projets éligibles cette année.
35:14 L'aménagement urbain n'est pas un reste. 15 milliards de francs CFA sont prévus pour donner un visage plus avenant à nos villes.
35:21 Le secteur des transports se verra allouer la somme de 14 milliards de francs CFA, tandis que le ministère de l'Économie, de la Planification et de l'Aménagement du territoire recevra 15 milliards de francs CFA pour la reconstruction des zones sinistrées,
35:35 à savoir le nord-ouest, le sud-ouest et l'extrême nord.
35:40 Ces secteurs économiques sont ceux qui ont été retenus par la loi de finances 2023.
35:45 Et soulignons qu'il en est ainsi depuis le lancement des emprunts obligataires au Cameroun en 2010.
35:50 Des projets tels que l'exploitation du port en eau profonde de Kribi, le deuxième pont sur le Voury, le barrage de Lom-Pangar ont pu être réalisés grâce à cette opération.
36:01 C'est dire que les fonds levés dans le cadre de l'emprunt obligataire servent une cause juste, la croissance et le développement du Cameroun.
36:10 Monsieur Salmé, t'es à retour sur ce plateau. Quelles assurances pouvez-vous donner aux Camerounais qui, comme vous viennent d'écouter, suivent ce reportage,
36:19 que les fonds levés vont effectivement servir de quelques-uns des projets qui ont été arrêtés dans la loi de finances 2023?
36:27 Effectivement, c'est vrai qu'il y a le principe d'unicité de caisse. Mais les ressources mobilisées dans le cadre de cette opération vont effectivement être allouées vers les projets pour lesquels les ressources ont été mobilisées.
36:43 D'ailleurs, dans le cadre de cette opération, il y aura comme une assemblée, on appelle ça la masse des obligataires,
36:51 c'est-à-dire toutes les personnes physiques et morales qui auront participé à l'émission, à la clôture vont se mettre ensemble pour élire un bureau.
37:00 Donc, la fonction principale est d'abord de s'assurer que l'État constitue de manière régulière les ressources en termes de réserve pour pouvoir garantir les remboursements et échéances.
37:14 Et de deux, de s'assurer que les projets contenus dans la note d'information sont effectivement exécutés et que les ressources inscrites y sont allouées.
37:25 Donc, il y a un dispositif de contrôle. Et le régulateur du marché financier, c'est-à-dire la Cojumaf, veille également à cela.
37:32 Sur quelle base ces différents secteurs économiques ont-ils été choisis?
37:36 C'est un travail qui, le ministre des Finances ne reste pas dans son bureau pour décider d'allouer des ressources.
37:41 C'est-à-dire, quand le montant des ressources à mobiliser sur les marchés est retenu, nous saisissons le ministère en charge de l'économie, la planification,
37:53 qui nous envoie une liste des projets inscrits dans la loi des finances annuelle.
37:59 Donc, il s'agit ici des projets d'envergure, ce n'est pas toutes les dépenses d'investissement.
38:04 Ce sont des projets qui ont un impact.
38:06 On peut citer, comme vous l'avez d'ailleurs relevé, les projets de première génération, les projets de deuxième génération,
38:14 qui sont en cours d'achèvement ou qui sont en cours de fin de mise en exploitation.
38:20 Vous avez dit tantôt que le montant des fonds qui pourraient être levés sur le marché financier a été revu à la hausse.
38:27 On est passé de 450 à 650 milliards de francs CFA.
38:32 Pour une certaine opinion, c'est une opération qui va davantage alourdir la dette du Cameroun.
38:38 Dans l'état actuel des choses, est-ce que cette dette reste soutenable? Est-ce que cette dette est bonne?
38:46 Voilà, vous savez, quand on parle de question de dette, vous savez, la problématique de la dette,
38:55 c'est une problématique qui divise parfois les experts, c'est-à-dire les économistes les plus éminents.
39:00 Alors, la question c'est quoi? D'abord, pourquoi on s'endette?
39:06 Je l'ai dit en introduction que les ressources propres de l'État ne lui permettent pas de réaliser tous les projets de développement qui concourent au bien-être de ses citoyens.
39:21 Donc l'État, à don des États modernes, ont tendance à, généralement pour financer ces projets,
39:28 se retourner soit vers leurs partenaires, soit vers les marchés financiers pour mobiliser ces ressources.
39:34 La deuxième question qu'on peut se poser, c'est est-ce que cette dette est soutenable?
39:39 La soutenabilité de la dette renvoie quoi.
39:43 Est-ce que mon endettement actuel, au moment de rembourser,
39:48 est-ce que ça ne va pas prendre toutes mes ressources au point de m'empêcher de réaliser autre chose?
39:54 Je peux peut-être le ramener au niveau familial.
39:56 Vous imaginez un chef de famille qui a un revenu de 100, mais qui décide à un moment de se bâtir une maison.
40:07 Il prend un crédit auprès de sa banque pour construire la maison, qui est un investissement notable pour mettre sa famille en sécurité.
40:15 Mais si dans les négociations de termes de ce prêt, s'il arrive qu'à un moment, il doit pensionner peut-être 50% de ses ressources pour pouvoir rembourser,
40:25 son revenu étant resté constant.
40:28 Vous voyez que vous avez 100 de revenu et vous prélevez 50 pour rembourser votre dette. Il vous restera 50.
40:36 Alors est-ce que les 50 qui vous restent vous permettent de continuer à payer la scolarité à vos enfants?
40:42 Est-ce que les 50 qui vous restent vous permettent de manger au quotidien?
40:47 Quand dans vos calculs, vous vous rendez compte qu'en remboursant jusqu'à 50 par mois, vous n'aurez pas la capacité de continuer à bien vivre,
40:58 on dirait dans ce sens que votre dette n'est pas soutenable.
41:01 Je dis donc que la dette de l'État du Cameroun est soutenable. Pourquoi?
41:05 Parce que si nous projectons l'évitement de dette future, la portion de notre revenu que cela va consommer va toujours laisser suffisamment de ressources
41:17 pour permettre à l'État de payer à date ses agents publics, va laisser suffisamment de ressources à l'État de payer ses dépenses de fonctionnement, de sécurité et de souveraineté.
41:28 Alors cette dette au jour d'aujourd'hui, son encours global serait de 11 337 milliards de fonds CFA, soit 43% du PIB.
41:37 On est là en dessous des critères de convergence de la CEMA qui parle de 70% du PIB.
41:43 Mais vous n'avez pas répondu à la deuxième question, est-ce qu'elle est bonne?
41:47 Voilà. Bon, maintenant c'est un problème d'allocation.
41:50 L'allocation, on nous reproche souvent, c'est-à-dire au gouvernement, que ce soit le rapport de la Banque mondiale sur le choix des investissements et surtout sur leur durée d'exécution.
42:07 Si vous faites une analyse comparative, vous verrez que des pays qui ont les mêmes niveaux de développement et de ressources que le Cameroun
42:15 réussissent à exécuter des projets dans un délai beaucoup plus réduit que le Cameroun.
42:21 C'est-à-dire un projet qui peut se réaliser dans un pays en trois ans, peut-être le Cameroun prendra quatre ans et demi, voire cinq ans pour l'exécuter.
42:30 Et quand la durée d'un projet se rallonge, fatalement le coût du projet à la fin sera plus long.
42:37 Donc, on peut questionner l'allocation ou le choix des projets d'investissement pour lesquels les ressources sont mobilisées.
42:45 Nous pouvons de manière légitime nous poser cette question. Je pense que sur ce point, nous avons encore des marges de progression.
42:52 Il y a derrière les questions de maturité des projets. Les fonds sont mobilisés mais après l'argent n'est pas consommé.
42:57 On a parlé des soldes engagés, non des caissiers.
43:00 Vous avez parfaitement raison. Mais je crois que ce problème est désormais derrière nous parce qu'il y a un décret du Premier ministre qui précise les conditions de maturité d'un projet.
43:08 Donc désormais pour qu'un projet soit inscrit en loi de finances, il doit avoir respecté toutes les étapes de maturité pour pouvoir être inscrit.
43:17 De manière à ce que dès que les ressources sont mobilisées, que le processus d'exécution puisse se mettre en branle.
43:22 Permettez que nous revenions sur l'hypothèse que nous avons évoquée tout à l'heure sur le fait que le Cameroun n'atteint pas ses objectifs.
43:28 Et sur le fait que nous allons quand même lever 650 milliards de francs CFA sur le marché financier.
43:36 Vous allez recourir certainement à d'autres mécanismes de financement. Quels sont ces mécanismes de financement?
43:42 Dans notre stratégie de diversification des instruments, le Cameroun intervient aussi bien sur le marché financier comme l'emprunt obligataire actuel que sur le marché monétaire et la banque centrale.
43:56 Le marché monétaire et la banque centrale, nous sommes assez réguliers. Nous faisons des opérations pratiquement toutes les deux semaines.
44:03 Donc, sur le reste de l'année, nous avons étalé les émissions sur une longue période pour pouvoir mobiliser peut-être 30 ou 50 milliards chaque mois selon que les conditions du marché vont le permettre.
44:16 Mais au-delà de cela, si vous avez bien lu les termes de l'ordonnance, l'ordonnance du chef de l'État relève le plafond d'endettement en donnant l'option au ministre des Finances
44:30 de mobiliser cet enveloppe complémentaire sur les marchés internationaux.
44:34 Sur ce point, nous avons engagé des discussions avec certains partenaires pour pouvoir mobiliser les 200 milliards complémentaires sur le marché financier international,
44:45 soit à travers un prêt syndiqué, soit à travers tout autre mécanisme, soit un prêt garanti.
44:53 Et ça suppose un emprunt en devise qui est certainement plus cher.
44:56 Non, ce ne sera pas particulièrement plus cher parce que l'avantage des marchés financiers internationaux, c'est d'avoir leur profondeur.
45:03 C'est-à-dire qu'il est plus facile de lever des volumes de ressources, plus de levées sur le marché international.
45:11 Ça, c'est son premier attrait ou son premier atout.
45:18 Le deuxième, c'est que vous pouvez lever des ressources sur du long terme.
45:23 La discussion que nous avons engagée avec nos experts porte sur un prêt garanti pour une maturité de 10 ans.
45:31 Et j'ai pu vous rassurer que les propositions de base que nous avons sont beaucoup plus intéressantes que ce que nous aurons pu avoir sur le marché pour des titres de même maturité.
45:41 Je voudrais que nous revenions maintenant sur l'emprunt obligataire à tranches multiples.
45:45 L'emprunt obligataire 2023 à tranches multiples, vous l'avez relevé tout à fait en passant il y a quelques instants.
45:53 C'est que les discussions avec le consortium des arrangeurs a quelques peu traîné. C'était quoi le problème?
46:00 Eh bien, nous avons... L'opération d'ailleurs qui était prévue en mai a connu ce glissement mensuel pour avoir... se lancer plutôt en juin.
46:12 En effet, nous avons eu beaucoup de discussions avec le consortium parce qu'il fallait que nous convenions des critères mutuellement satisfaisants.
46:23 C'est-à-dire autant ça répond à leurs intérêts d'investisseurs, mais aussi que ça répond aux contraintes de l'État qui visent à endetter l'État dans des conditions qui ne compromettent pas sa souveraineté et la stabilité des finances publiques à long terme.
46:43 Donc, par exemple, les taux que vous voyez là, ce n'était pas ce qui était proposé au départ. Nous avons longuement discuté pour pouvoir les tirer vers le bas, dans ce qui a justifié ces longues discussions.
46:57 Est-ce qu'on vous a quelque peu forcé la main?
46:59 Non, pas du tout.
47:01 Ou c'est la concurrence qui vous a poussé à avoir un peu plus haut les taux qui étaient proposés?
47:08 Le réalisme. Je me dis, le ministre de Finance m'a souvent reproché d'être très dû en négociation. Mais je crois qu'à la fin de la journée, on se réjouit quand on a obtenu des concessions.
47:21 On va continuer de parler des agents économiques, si vous le permettez, mais finalement, dans toute leur globalité, alors qu'on s'achève vers la fin de cette édition des questions économiques,
47:32 s'ils doivent retenir quelque chose ce soir concernant cette opération, cette empreinte obligataire 2023 à tranches multiples, s'ils doivent retenir quelque chose, ce serait quoi?
47:45 Voilà. Alors, s'il y a une seule chose à retenir ce soir, c'est que l'État du Cameroun compte mobiliser 150 milliards sur le marché financier sur le régional.
47:57 Et tout le monde peut participer à l'opération. Et pourquoi tout le monde peut participer? Parce qu'il s'agit d'une opération rentable. Il suffit de placer au moins 10 000 francs sur un bon,
48:12 sur un titre de 3 ans pour avoir un taux d'intérêt de 5,8 % par an. Si vous le placez sur un bon de 4 ans, vous aurez un taux d'intérêt de 6 % par an.
48:22 Si vous le placez sur un bon de 6 ans, vous aurez un taux d'intérêt de 6,75 % par an. Si vous le placez sur un bon de 8 ans, vous aurez un taux d'intérêt de 7,25 % par an.
48:36 Il s'agit d'une opération très, très intéressante sur le point économique. Et maintenant, la souscription, c'est une procédure simple.
48:45 Vous rendez chez votre banquier et il vous donnera une fiche de souscription. Vous le remplirez avant le 29 poids pour permettre aux conceptions de pouvoir boucler les opérations le 30.
49:00 Parlons de la communication. L'année dernière, il y a eu un roadshow dans quelques pays de l'Afrique centrale, de la sous-région. Cette année, la communication, comment est-ce qu'elle s'articule?
49:12 Cette année, nous avons opté pour une stratégie de communication beaucoup plus ciblée. Vous avez vu, à Yaoune, le ministre délégué auprès du ministre des Finances a plutôt fait une conférence de presse.
49:23 Ça avait dit que nous mettons les spécialistes de la communication au premier rang de cette opération parce que les investisseurs institutionnels, nous les connaissons.
49:33 Nous avons un fichier dans lequel nous avons les contacts de toutes les compagnies d'assurance, de toutes les microfinances, de toutes les banques.
49:42 Mais nous n'avons pas un fichier sur lequel nous avons le contact de tous les agents économiques. Alors nous pensons qu'à travers la communication de masse, on peut atteindre le maximum de personnes.
49:54 Il s'agit d'une opération de masse, d'un appel public à les parler. C'est tout le public qui est convié à participer à cette opération.
50:05 Et nous pensons qu'en relayant cette information, que ce soit par la radio, par la télévision, par la presse écrite, par le journal en ligne ou même par les réseaux sociaux,
50:18 nous comptons atteindre le maximum de personnes et que ce soit du 30.
50:23 Qu'on se réjouisse non seulement de passer les 150 000 à solliciter, mais qu'on se réjouisse du fait qu'il y a 5 000, 10 000 personnes, personnes physiques surtout, qui ont contribué à l'opération.
50:38 Sur l'ensemble de la sous-région, est-ce que vous avez des relais dans les différents pays de la sous-région?
50:43 Tout à fait. La campagne de communication est simultanément menée au Cameroun, au Gabon et dans les autres pays de la CIMAC.
50:50 D'ailleurs, pour ne pas citer un média concurrent, nous avons inséré des spots publicitaires qui sont diffusés pratiquement dans les six pays de la sous-région.
51:03 Merci, M. Samuel Tela, d'avoir accepté de répondre aux questions de la CRTV dans le cadre de cette opération, l'emprunt obligataire 2023 de l'État du Cameroun,
51:15 en train obligataire dénommé ECMR 2023 à tranches multiples.
51:21 Merci d'avoir été des nôtres. Merci à vous d'être venus, Madame et Monsieur.
51:25 C'est donc la fin de l'exposition des questions économiques. À très bientôt sur ces mêmes antennes.
51:30 (Générique)