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00:00Madame, Monsieur, bonsoir et bienvenue à cette édition des questions économiques 2,5 millions, c'est le déficit en logements sociaux au Cameroun.
00:25Le besoin chiffré a nouveau été rappelé il y a quelques jours à l'occasion de la journée mondiale de l'habitat.
00:30Entre la forte croissance urbaine, le coût élevé des loyers, le coût élevé des crédits, la faiblesse des ressources allouées à l'habitat et l'absence d'une industrie de la construction, les Camerounais peinent à se trouver un toit.
00:44Comment adresser toutes ces problématiques ? Réponse de Monsieur Hippolyte Etendé Nkodo qui est ingénieur et urbaniste.
00:52Bonsoir et bienvenue sur le plateau.
00:54Bonsoir Madame, merci pour votre invitation.
00:57Alors, premier problème lié à l'habitat et donc au logement, c'est le foncier selon vous ?
01:04Oui, effectivement le foncier, les migrations vers les zones urbaines que l'on observe se traduisent naturellement par l'occupation des sols.
01:14Et nous constatons dans nos grandes villes principalement et dans toutes les villes d'ailleurs, un étalement urbain qui signifie que les populations qui veulent s'installer, les nouveaux ménages qui se forment, vont immédiatement à la recherche d'un terrain.
01:30Et donc ces terrains sont soit obtenus à travers des filières formelles, soit à travers des filières informelles.
01:40Malheureusement, c'est les filières informelles qui sont dominantes et le marché foncier d'une manière générale est davantage un marché informel.
01:50Ce qui se traduit par des occupations que l'on appelle souvent anarchiques.
01:55Les terrains sont subdivisés en lots sans qu'il y ait des aménagements qui soient conséquents.
02:02Par conséquent, les populations qui s'installent dans ce genre de lotissement-là n'ont pas tous les services commodes, toutes les commodités que l'on peut espérer, que l'on devrait avoir pour prétendre à un logement convenable.
02:16Alors vous parlez donc là de la croissance urbaine, des conséquences de la croissance urbaine qui est elle-même liée à la croissance démographique globale.
02:27Et vous parliez tantôt de ces habitats spontanés.
02:33Justement, lorsqu'on prend quelques chiffres qui ont été publiés par des organismes de la place, en considérant l'habitat au Cameroun, il y en a trois.
02:46Trois types de tissus d'habitat existent, modernes, rurales et spontanées.
02:50Mais on se rend donc compte, comme vous le disiez à quelques instants, qu'à Yaoune, par exemple, l'habitat spontané est le tissu urbain qui est le plus étendu,
02:58et occupe donc 72% de l'espace réservé au logement, et abrite environ 80% des populations citadines.
03:09Est-ce que c'est ce que vous avez également observé ? Parce que ça, c'est une étude qui a été réalisée par la SOAL, Jules-Dumas de la SOAL.
03:17Oui, on distingue en trois catégories, mais on peut davantage affiner la classification.
03:25Moi, j'aurais tendance à parler de l'habitat non structuré.
03:30La structuration vient du fait que les habitations sont construites sur des parcelles qui sont organisées, loties et avec des autorisations officielles.
03:42Et dans la plupart des cas, ce n'est pas le cas, notamment lorsqu'on est dans un marché informel.
03:49Donc, il y a certes des lotissements qui sont des lotissements informels, qui sont des lotissements non approuvés.
03:56Donc, ce que l'on observe, notamment dans les grandes métropoles, ce sont ces lotissements informels non approuvés qui se multiplient.
04:04Donc, ce n'est pas tout à fait spontané en tant que tel, puisque parfois même, on retrouve des autorisations de bâtir qui sont données par les municipalités.
04:14Ce qui veut dire que ce n'est pas tout à fait informel, mais ce n'est pas du tout structuré.
04:19Pourquoi une différence entre des lotissements structurés et l'habitat spontané ?
04:27Et l'habitat non structuré, parce que nous n'avons pas au Cameroun ce que l'on vit dans d'autres pays, à savoir des occupations de fêtes.
04:38Généralement, les gens s'occupent des terrains parce qu'on les a autorisés.
04:42Alors que la spontanéité, c'est, j'allais dire, des invasions, le squattering, comme on dit, de certaines parcelles.
04:51Donc, on n'a pas ce phénomène ici. C'est un marché informel qui se développe et qui est très puissant, parce qu'il couvre plus de 90% de la demande, comme vous avez dit.
05:03Ce que l'on observe, c'est que dans les zones qui ne sont pas structurées, naturellement, les services publics ne viennent pas.
05:11Et comme les services publics ne viennent pas, il y a une forme d'anarchie et il y a une dégradation même des petites infrastructures qui sont apportées.
05:21Et donc, ça crée ce système de non-structuration.
05:27Maintenant, il y a aussi le fait que les tissus anciens, qui avaient été structurés au départ, sont vieillissants.
05:36Et connaissent aussi un ensemble de transformations qui ne sont pas contrôlées.
05:41Vous prenez les quartiers péricentraux comme Bogada ou Mokolo, pour ne citer que ceux-là dans la ville de Yaoundé, et à Douala, il y en a également.
05:49Vous allez constater que les maisons qui avaient été construites dans les années 70 sont en train de disparaître au profit d'immeubles
05:58qui ne respectent pas non plus les normes minimales d'implantation ou d'aménagement.
06:05Donc, la situation est beaucoup plus complexe que celle-là.
06:09On ne peut pas classifier cela en spontané ou non-spontané.
06:13Il y a beaucoup d'autres éléments qui...
06:16L'aménagement, la fourniture des services, et également la gestion, les mutations qui se font dans les différents tissus urbains.
06:26Et ça donne plusieurs formes qui ne sont pas homogènes.
06:31Naturellement, il y a des situations qui sont un peu plus particulières.
06:35Ce sont celles où... Cette tendance que l'on a à occuper les bas fonds maritageux.
06:40Et là, effectivement, c'est plus ou moins autorisé.
06:44Plus ou moins autorisé parce que vous rencontrez dans les zones maritageuses des constructions de haut standing qui ont des permis de construire.
06:52À côté des constructions qui sont, j'allais dire, en matériaux précaires.
06:56Donc, la question est vraiment très contrastée.
07:00Et chaque tissu doit être traité selon ses propres spécificités.
07:05Lorsque nous avons parlé de logements, on parle de 2,5 millions de logements sociaux qu'il faut au Cameroun.
07:13C'est la demande actuelle.
07:15Lorsqu'on a dit ça, on se tourne tout de suite vers l'établissement public qui est en charge de ce volet-là.
07:23Il s'agit bien sûr de la SIC, la Société Immobilière du Cameroun.
07:27Pourquoi a-t-on l'impression que cette société a du mal à faire de la production de masse ?
07:34Dès qu'on parle de logements sociaux, selon la définition réglementaire du gouvernement,
07:41il s'agit de logements où l'État apporte un appui financier.
07:47Soit en termes de mise à disposition des terrains aménagés, soit en termes de subventionnement des travaux de construction,
07:56soit même en termes de, entre guillemets, subventionnement du loyer, en fixant des loyers.
08:01Donc, c'est ce type de logements-là.
08:03Mais il est clair qu'on va peut-être y revenir, ce modèle-là ne marche pas.
08:08Ce modèle ne marche pas.
08:10Et la Société Immobilière du Cameroun, tant qu'elle est cadrée par cette politique de logement social,
08:20elle aura des difficultés à produire les logements de masse,
08:24tant qu'un certain nombre de réformes qui ont été déjà identifiées et proposées ne sont pas prises.
08:31Vous voulez dire qu'il faut revoir toute son architecture ?
08:34Il faudrait revoir toute l'architecture de la production de l'habitat au Cameroun
08:38pour que cette société puisse jouer un rôle qui permet de promouvoir la production de masse.
08:44Mais il faut dire que, dans le contexte camerounais actuel,
08:48qui est quand même marqué par une certaine forme de libéralisation,
08:52les acteurs privés également jouent un rôle.
08:55On va y revenir. Je voudrais que vous nous parliez d'abord de ces problèmes auxquels la SIC est confrontée.
09:01Elle produit quelques logements, on va le dire comme ça,
09:05sauf que ces logements, parfois, ne sont pas à la portée des Camerounais moyens.
09:11Certains loyers, surtout lorsqu'il s'agit déjà d'un certain standing,
09:15ne sont pas à la portée des Camerounais moyens.
09:19Et lorsqu'il s'agit des ventes, c'est encore bien plus élevé.
09:23Oui, alors, la question centrale de la production de logements est celle de l'accessibilité financière.
09:33Le logement est un produit marchand.
09:36Ça veut dire qu'on l'achète au prix du marché.
09:40Alors, dans le cadre des programmes publics,
09:44il y a beaucoup de subventions qui sont apportées
09:50parce que le marché ne fonctionne pas de manière normale.
09:56Par exemple, pour le cadre des logements publics,
10:00les coûts de construction sont très élevés.
10:04Aujourd'hui, si vous avez un logement qui est vendu à 30 millions de francs,
10:10un logement public vendu à 30 millions de francs,
10:12il y a à peine 5% de la population du Cameroun qui peut acheter ce logement.
10:16Ça, ça a été calculé à partir des statistiques produites par l'INS sur les revenus des populations.
10:25Et pourtant, 30 millions est le niveau de coût de production des logements publics.
10:32Et à côté de ça, vous avez la demande qui, elle,
10:40elle est formée par les ménages, dont les revenus sont extrêmement faibles.
10:46Ils sont extrêmement faibles.
10:48Donc, on n'arrive pas à mettre en équation l'offre de logements publics
10:54avec la demande réelle, sans une intervention de l'État.
10:58Mais malheureusement, cette intervention de l'État n'est pas toujours cohérente.
11:03Dans ce sens que, un, les subventions que l'on donne à la production de logements
11:09ne cherchent pas à améliorer l'efficience et l'efficacité,
11:15c'est-à-dire reconstruire au meilleur coût, au meilleur coût possible.
11:19Et en même temps, lorsqu'on a atteint des résultats financiers qui sont élevés,
11:25on fixe arbitrairement les prix des loyers.
11:28Et du coup, on met la société immobilière du Cameroun en difficulté.
11:32C'est-à-dire qu'elle ne peut pas établir son équilibre financier.
11:36Et si vous ne pouvez pas établir l'équilibre financier, vous ne pouvez pas répliquer.
11:40Donc, les difficultés que l'on a à faire de la production de masse
11:44viennent du fait que tous les programmes publics qui ont été menés
11:47n'ont pas pu être répliqués parce que l'équilibre financier n'avait pas été réalisé.
11:53Est-ce que la décentralisation serait un début de solution
11:59ou alors pourrait être une solution complémentaire à ce que fait déjà la SIC ?
12:03Dans les pays développés, quand on cherche un logement, on s'adresse aux maires.
12:08Donc, la centralisation actuelle du processus de production de logements au Cameroun
12:13se justifiait peut-être dans les années 80, mais elle ne se justifie plus aujourd'hui.
12:17Alors, quels sont les avantages que l'on a avec la décentralisation ?
12:20C'est que déjà, les maires sont plus proches des populations, de la demande des populations.
12:27Et les maires ont la capacité de négocier avec les populations des programmes publics
12:32avec des objectifs bien précis.
12:35Par exemple, vous prenez un groupe social, comme un exemple,
12:40une expérience se fait à Douala avec les compteurs de moto-taxis,
12:45où on essaie de monter un programme de logement, c'est le ministère de l'Habitat qui le fait,
12:49on essaie de monter un programme de logement en négociant avec les conducteurs de moto-taxis
12:56pour leur offrir des logements qui correspondent à leur niveau, à leur revenu.
13:01Donc, les municipalités ont cet avantage de pouvoir le faire facilement en touchant rapidement des groupes.
13:07En plus de ça, les municipalités ont l'opportunité,
13:10qui leur est donnée par la loi, de créer des sociétés d'économies mixtes.
13:14Donc, dans le domaine du logement, elles peuvent également le faire.
13:17Mais maintenant, toutes les charges que l'on a en train de transférer aux communes,
13:22aux communes en particulier, les régions n'ont pas encore très bien pris le train,
13:27ces charges sont assez lourdes, parce que les ressources n'accompagnent pas le niveau des charges qui a été fait.
13:38Et les exécutifs communaux, municipaux, eux-mêmes, n'ont pas encore conscience de leur rôle.
13:46Mais je suis d'avis que la décentralisation peut aider à apporter une solution aux problèmes de logement,
13:54ne serait-ce que par l'apport de proximité.
13:56Nous aurons marqué un premier arrêt dans cette édition des questions économiques
13:59pour parler de la Journée mondiale de l'habitat,
14:04célébrée particulièrement au Cameroun, à Ebolova, dans la région du Sud.
14:10Et c'est un reportage que nous propose Anissé Essiane.
14:17Dans le cadre paisible et verdoyant du centre touristique d'Uncolandum,
14:22Célestine Kecha-Cortez a réuni la presse, les autorités locales et la population.
14:28Aux côtés des sozomologues, dans le cadre de l'habitat urbain,
14:34a présenté les grandes orientations de la 38e Journée mondiale de l'habitat,
14:39avec un accent particulier sur l'implication des jeunes dans la transformation urbaine.
14:45C'est un moment magnifique d'échange pour engager les jeunes,
14:48qui représentent 64% de notre population,
14:51qui doivent avoir toute leur place pour être acteurs des villes belles,
14:57sûres, résilientes, dans lesquelles ils vivent et souhaitent voir leurs enfants vivre.
15:04En appui à ces orientations du ministre de l'Habitat,
15:07les interventions du ministre de la Jeunesse et du ministre des Postes et Télécommunications,
15:12plus tôt dans la matinée, les festivités ont débuté par une marche citoyenne
15:17à travers les artères de la ville d'Ebolova.
15:20Au carré de tête, trois membres du gouvernement,
15:23le gouverneur de la région du Sud, accompagnaient des autorités locales.
15:27Moment fort de cette mobilisation, la plantation d'arbres,
15:31symbole de l'urgence environnementale face à l'expansion urbaine.
15:37Merci Anissé et Sian pour ce reportage
15:41sur la célébration de la Journée Mondiale de l'Habitat au Cameroun,
15:49journée célébrée à Ebolova dans la région du Sud.
15:55Alors, je voudrais savoir, M. Etendé, on a parlé tout à l'heure de la SIC,
16:01qui a quelques soucis, qui a besoin de restructuration de son architecture,
16:06mais il y a également de l'autre côté l'offre privée,
16:10les agences privées de promotion immobilière,
16:13qui, on a envie de le dire, ne font pas mieux que la SIC.
16:17Non, elles ne font pas mieux d'abord, parce qu'elles sont de petite taille, d'abord.
16:22Si on prend le patrimoine de la SIC, son histoire,
16:27c'est quand même une expérience qui est longue, qui date de 1958,
16:33alors que les promoteurs privés naissent depuis moins d'une vingtaine d'années,
16:39et dont généralement ils n'ont pas de surface financière
16:43qui leur permet d'engager des opérations de grande envergure.
16:47Cela dit aussi, ces promoteurs privés sont également dans l'apprentissage
16:51du métier de la promotion immobilière,
16:53qui, comme on l'a déjà évoqué, est d'une grande complexité,
16:57parce qu'il y a plusieurs aspects qu'il va falloir gérer,
17:01les aspects fonciers, les aspects financements,
17:03les aspects purement industriels de production des logements, etc.
17:06Et dans un contexte où on n'a pas une mutualisation
17:14des actions publiques et des actions privées,
17:18c'est-à-dire que les actions privées se font en parallèle,
17:22j'allais dire pratiquement en parallèle,
17:24et sans forcément, quand vous utilisez des voies parallèles,
17:28vous ne convergez jamais.
17:30Donc c'est un peu ça, et ça explique que ces promoteurs privés
17:34se retrouvent un peu dans les mêmes difficultés que les promoteurs privés.
17:38Les logements qu'ils proposent sont supérieurs aux revenus réels des populations.
17:42Extrêmement, parce qu'en fait, la motivation de ces promoteurs
17:47est davantage spéculative.
17:50Leur objectif n'est pas de faire du social,
17:53et par conséquent, il n'y a déjà pas de subvention publique
17:56comme on le trouve dans les opérations publiques,
17:59et les promoteurs privés agissent sans une bonne étude du marché.
18:04Donc on pense que c'est le beau qui va attirer la clientèle,
18:09mais non, c'est la capacité de paiement qui attire la clientèle.
18:13Et donc, que ce soit les programmes publics ou les programmes privés,
18:17le problème de la capacité de paiement des ménages
18:20à qui est destinée cette offre-là est central.
18:24Et c'est pour cette raison qu'on revient encore
18:27à la nécessité de réformes structurelles,
18:30et surtout, pour rester dans le cas des promoteurs privés,
18:33il faut que le gouvernement travaille à créer une convergence
18:38dans la production du logement,
18:41en associant les promoteurs publics et les promoteurs privés.
18:44Et donc, lorsque le gouvernement communiquera sur ses réalisations
18:49en termes de production de logement,
18:52il ne le communiquera pas en termes de production de logement public,
18:56mais communiquera en termes de logement tout court,
19:00parce qu'on aura associé les promoteurs privés également.
19:04Alors je voudrais qu'on s'arrête quand même sur un exemple.
19:09Je ne sais pas s'il s'y est à votre posture.
19:14On a vu les logements d'Olembé,
19:17dont la construction a été attribuée à certains promoteurs privés,
19:24mais ces promoteurs privés ont eu du mal à livrer ces chantiers,
19:29à les livrer de manière satisfaisante.
19:32Alors là, ce n'est peut-être pas le problème des promoteurs privés,
19:37c'est le problème des entreprises privées.
19:39Alors, à un moment donné, une idée avait circulé
19:42que la production de logement devait s'accompagner
19:48de la promotion des entreprises locales.
19:50Et donc, on avait pensé qu'en scendant les marchés,
19:55au lieu de donner le marché à une grosse entreprise,
19:57en scendant le marché à plusieurs plus petits marchés
19:59et en les attribuant à des petites entreprises,
20:01elles pourraient se développer.
20:06Je suis, je partage d'ailleurs cette préoccupation
20:10parce que c'est elle qui permet le développement de l'économie nationale.
20:13Mais cependant, l'accompagnement, on n'a pas vérifié,
20:18et ça revient donc au problème de la professionnalisation des acteurs du secteur,
20:22surtout des entreprises.
20:23Les entreprises n'étaient pas préparées,
20:25ne se sont pas préparées à exécuter des projets de cette envergure-là
20:31avec des contraintes de délai, des contraintes de coût et des contraintes de temps.
20:35Alors, ce qu'on fait généralement dans ce genre de situation,
20:39c'est qu'on met au-dessus de ces entreprises-là
20:43une mission d'assistance et de coordination.
20:48C'est-à-dire un grand bureau d'études qui est très outillé techniquement
20:52et qui fait de la planification des chantiers pour chaque entreprise,
20:55chaque jour, l'aide à faire ses approvisionnements,
20:58suit son avancement, bref, l'accompagne à faire cette production.
21:02C'est ce qui a manqué à Olembe.
21:04Les entreprises ont été abandonnées à elles-mêmes,
21:06on leur a attribué des marchés, elles ont été abandonnées à elles-mêmes,
21:08alors qu'elles n'étaient pas assez professionnelles.
21:11Je voudrais maintenant que nous abordions de manière plus sérieuse
21:17la question du financement de l'habitat,
21:21la question du financement du logement au Cameroun.
21:25Vous l'avez relevé il y a quelques instants,
21:28l'un des gros problèmes, c'est l'accès au financement
21:32pour les ménages à revenus modestes,
21:34en raison du niveau de garantie exigé par les établissements financiers
21:40qui demandent qu'il y ait un titre foncier,
21:44qu'il y ait des revenus stables,
21:46et là c'est quand même un gros problème pour les Camerounais.
21:50Oui, effectivement, reprendre le financement
21:56dans les mécanismes formels est assez difficile
22:00lorsqu'on n'a pas une sécurité foncière,
22:03déjà un titre foncier, première chose,
22:05lorsqu'on n'a pas des revenus réguliers,
22:08ce qu'on n'entend pas régulier, régulier,
22:10c'est les revenus du secteur informel,
22:12c'est-à-dire des agents de l'administration
22:14ou bien des agents des entreprises privées.
22:16Mais on sait très bien que la plupart des Camerounais
22:19travaillent dans l'informel,
22:21donc ils ne peuvent pas présenter toutes ces garanties-là.
22:23C'est pour cette raison qu'il est bon,
22:26comme on a commencé à le faire,
22:28à réfléchir à des solutions alternatives
22:30comme encourager les microfinances.
22:33La microfinance, qu'elle donne du crédit,
22:36permet de faire de construction un habitat évolutif
22:40avec des petits crédits que l'on rembourse assez facilement.
22:44Lorsqu'on adhère, par exemple, à cette coopérative,
22:49c'est des solutions qui marchent dans certains cas.
22:54Il y a aussi la solution des coopératives d'habitants
23:00qui ont cet avantage qu'il y a une caisse
23:06qui va gérer un habitat collectif.
23:11Vous voulez que, par exemple,
23:13dans le cas de la simple mutuelle coopérative
23:17de départ de crédit,
23:19vous allez réaliser votre projet individuel.
23:21Mais dans la coopérative d'habitants,
23:23on peut réaliser un projet collectif,
23:25un immeuble, par exemple,
23:27et puis tous les coopérants,
23:29chacun aura un appartement dans cet immeuble-là.
23:32Est-ce que c'est cela, la copropriété ?
23:34Alors, la copropriété, ça va impliquer la copropriété.
23:38C'est-à-dire que la copropriété sera...
23:41Vous avez la propriété de l'ensemble d'immeubles
23:45en ce sens que vous gérez tous les espaces communs ensemble.
23:49Mais vous avez votre propriété privée
23:52qui est le logement qui vous appartient.
23:55Donc, la coopérative d'habitants
23:58est un mécanisme qui permet déjà aux populations démunies
24:05d'avoir des logements à moindre coût,
24:08mais également qui permet à la ville
24:11de contrôler l'occupation.
24:13Parce que c'est fait dans un cadre beaucoup plus planifié
24:16et il est beaucoup plus facile d'apporter des services dans ce cadre-là.
24:20Alors, je rappelle qu'une loi régissant la copropriété a été adoptée, promulguée,
24:24ainsi qu'un texte d'application,
24:27un décret d'application,
24:29qui a également été signé par le président de la République.
24:33Mais on a parlé de la SIKI il y a quelques instants,
24:35mais je voudrais maintenant que nous parlions du crédit foncier
24:39qui a été créé depuis 1977.
24:44Selon une étude qui a été menée par la Commission technique
24:47de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic,
24:51le crédit foncier a apporté des concours financiers
24:54de 420 milliards de francs CFA
24:56pour la réalisation des projets immobiliers au Cameroun.
24:59Grâce à ces crédits hypothécaires octroyés à des taux bonifiés,
25:04les bénéficiaires auront pu construire 85 000 logements
25:08et acquérir 16 342 parcelles de terrain.
25:12Mais dans le même temps, la CTR est d'avis
25:15que le crédit foncier ne gagne pas suffisamment de parts de marché,
25:20que ces parts de marché demeurent faibles dans le secteur du logement.
25:25Pourquoi ? Parce que j'imagine que vous partagez également cet avis.
25:28Oui, tout à fait, dans la mesure où le crédit foncier
25:31devait être le mécanisme central du financement de l'habitat.
25:36Et malheureusement, c'est un mécanisme qui est marginal aujourd'hui.
25:40Alors, ça pose naturellement problème.
25:42400 milliards mobilisés en 40 ans, 50 ans, c'est insignifiant.
25:50Nous devons être capables de mobiliser environ 1 000 milliards par an,
25:56ou 2 000 milliards par an.
25:58Donc, vous voyez un peu l'écart.
26:00Alors, ce qui se passe, c'est que le crédit foncier a un problème de ressources.
26:10Alors, nous faisons la distinction entre la ressource et le mécanisme de financement.
26:15Le crédit foncier est un mécanisme de financement,
26:18mais ne dispose comme ressource qu'essentiellement de la contribution au crédit foncier,
26:25qui a un rendement assez faible.
26:29Au départ, lorsqu'on a créé le crédit foncier, ça pouvait se justifier,
26:32mais aujourd'hui, ça ne correspond plus à la demande.
26:35Donc, il est important de restructurer le crédit foncier
26:40pour qu'on lui donne les moyens d'accéder à d'autres ressources,
26:45notamment des ressources qui peuvent être acquises auprès des marchés financiers.
26:51Et justement, l'ABA, qui a mené une étude, propose de revoir le modèle économique du crédit foncier,
26:59de l'adapter même à ce qui se fait ailleurs,
27:02pour lui permettre d'accroître ses ressources et d'inscrire ses périmètres d'activité.
27:06Oui, nous sommes tout à fait d'accord avec cet avis.
27:10On a enfin ce genre de proposition également.
27:14En fait, il faut que le crédit foncier évolue de l'organisme qui finance directement des individus
27:22vers l'organisme qui finance les banques.
27:25Et donc, ça veut dire qu'il faut qu'on maîtrise les coûts des ressources
27:30pour que les banques, qui sont en relation directe avec la clientèle,
27:36puissent leur proposer des prêts immobiliers à des taux bonifiés,
27:42qui sont aujourd'hui au Cameroun, c'est 5%, 7%, c'est très élevé.
27:49Il faut le dire, 5%, c'est très élevé.
27:52Donc, il faut qu'on arrive à créer, définir,
27:56et c'est là où le ministère des Finances est interpellé,
27:59pour faciliter la création de ressources nouvelles pour l'habitat
28:04et donc la restitution du crédit foncier,
28:07où le changement de son modèle économique participe de cette réforme impérative.
28:14Et si on arrive à mobiliser l'argent sur les marchés financiers,
28:19le crédit foncier va donc servir d'organisme de refinancement des banques secondaires.
28:24Mais la condition maintenant, pour qu'on mette en place cela,
28:28c'est de développer ce qu'on a évoqué en début, c'est-à-dire le marché hypothécaire.
28:32Nous allons en reparler.
28:34Le temps pour nous de suivre ce reportage de Cyril Kigembepe,
28:38qui fait le constat selon lequel, 15 ans après le lancement du projet 10 000 logements,
28:43seuls environ 1600 logements ont été construits.
28:49Et les raisons de ce retard sont justement évoquées dans ce reportage.
28:55Décembre 2009, le président de la République annonce la construction de 10 000 logements
29:01et l'aménagement de 50 000 parcelles.
29:03Le ministère de l'Habitat et du Développement urbain, d'une part,
29:06et celui des domaines du cadastre et des affaires foncières, d'autre part, montent au créneau.
29:1115 années plus tard, moins de 1600 logements sont construits et moins de 1000 parcelles aménagées.
29:17Il y a eu une dissociation de ces ensembles-là,
29:20qui existait depuis des années.
29:23Aujourd'hui, les sociétés sont sous tutelle différente
29:28et les décisions venant de chaque ministère ne sont pas bonnes pour la construction.
29:34Le triptyque SIC, Maïtu, Crédit foncier a du plomb dans l'aile.
29:38L'État faisait tout. Il était le seul intervenant.
29:41Le secteur privé était ambionnaire.
29:43Les municipalités n'avaient pas un contenu institutionnel concret.
29:46Et donc, avec une population relativement faible, l'offre était suffisante.
29:50Et on avait le sentiment que le triptyque était efficace.
29:54Chaque acteur pour exister agit dans l'urgence.
29:58La SIC aussi, en 5 ans, est en train de mettre en place la construction des logements
30:05basés sur l'éco-construction.
30:08La dissentation a permis aux communes de Sainte-Catherine
30:122,5 millions de maisons en manquent.
30:14Il faut redonner de la visibilité aux entreprises.
30:17Des terrains aménagés qui sont mis à la disposition des promoteurs immobiliers.
30:23Si on diminue la TVA à 0%, on a tout de suite 20% d'économies.
30:29On ne peut pas faire ça.
30:31On ne peut pas faire ça.
30:33On ne peut pas faire ça.
30:35On ne peut pas faire ça.
30:37Si on diminue la TVA à 0%, on a tout de suite 20% qu'on gagne.
30:43La mise en service en 2026 d'une entreprise de production de matériaux de construction
30:48offre la possibilité de livrer en 48 heures une maison à des coûts acceptables.
30:56Retour sur ce plateau, merci Cyril King et Mbpp.
30:59M. Hippolyte Etendez, vous venez de suivre ce reportage,
31:03dans lequel on retrouve deux acteurs majeurs du secteur de l'habitat ou du logement au Cameroun,
31:09le directeur général du Crédit foncier et le directeur général de la SIC.
31:13Oui, ce que l'on peut retenir de tout ce qui est dit,
31:18c'est que tous ces programmes étaient subventionnés, largement subventionnés.
31:25Et comme je l'ai dit tantôt,
31:28le logement est un produit qui est régulé par le marché.
31:33Donc, lorsque vous faites des montages qui sont basés sur un taux élevé de subvention,
31:40il est clair que vous ne pouvez pas reproduire.
31:43Bon, maintenant, ces sociétés se retrouvent dans ces difficultés,
31:47parce que l'argent n'a pas été recyclé.
31:50Et donc, la nécessité pour qu'on fasse des réformes.
31:55Maintenant, une idée, le directeur général de la SIC a dit quelque chose d'intéressant,
31:59et qui rejoint ce que nous disions, à savoir l'industrialisation de la construction des logements.
32:06Qu'on arrête de travailler de manière artisanale.
32:10Et donc, on espère que ce projet-là va effectivement permettre de baisser les coûts de logement,
32:16surtout de les ramener à un niveau qui est convenable aux populations, à la plus grande partie de la population.
32:26Alors, avant de parler de manière plus approfondie de cette industrialisation de la construction,
32:33je voudrais qu'on s'arrête sur un sujet sur lequel vous avez particulièrement travaillé,
32:39et qui a quelque peu été évoqué dans ce reportage de Cyril Kinguet, MBPS.
32:44C'est la mise en place d'un marché hypothécaire secondaire.
32:49Oui. Alors, qu'est-ce que ça signifie ?
32:54Ça signifie qu'au lieu d'asseoir les financements sur la capacité réelle du ménage à payer complètement le logement,
33:09on fait asseoir le financement sur la valeur de ce logement.
33:14Et la personne qui occupe le logement peut payer si elle a les moyens,
33:22mais si elle n'arrive pas à le payer, le prêteur est en mesure de récupérer ce logement et de le replacer sur le marché.
33:33Alors, ça suppose donc que le prêt est garanti sur une hypothèque de second rang,
33:41c'est-à-dire qu'il peut y avoir une hypothèque qui est prioritaire par rapport à celle-là.
33:47Mais ça, c'est toute une organisation à mettre en place.
33:52Ça veut dire que, un, le titre foncier doit être sécurisé absolument.
33:59Lorsque vous dites que le titre foncier doit être sécurisé, qu'est-ce que vous entendez par là concrètement ?
34:03On veut dire par là qu'on ne veut pas, dans ce genre de mécanisme,
34:08il n'est pas question qu'on fasse le retrait d'un titre foncier qui a déjà été établi, clairement.
34:14Et donc là, ça va conforter les investisseurs.
34:19Et ensuite, le titre foncier doit permettre de décrire les éléments qui sont sur la parcelle.
34:26Parce qu'on a souvent entendu des gens qui vont donner un titre foncier qui est dans un marécage,
34:30puis on lui démontage de cette nature.
34:33Mais là, le titre foncier en question, c'est un titre foncier qui décrit exactement l'objet qui est sur la parcelle et donne sa valeur.
34:41Il faut que l'enregistrement du titre foncier soit fiable.
34:44Il faut que ce soit fiable et il faut plus que ça.
34:47Il faut un registre national des hypothèques.
34:51Parce que lorsque vous avez hypothéqué, vous avez pris un prêt hypothécaire,
34:56il ne faudrait pas par derrière que vous alliez faire des manœuvres, etc.
35:00Ou si un investisseur veut reprendre un bâtiment, qu'il aille dans le registre des hypothèques et qu'il peut voir exactement si ce bâtiment-là...
35:10Surtout que parmi les problèmes qui sont généralement évoqués dans ce secteur, c'est le non-remboursement des créances.
35:19Oui, alors le crédit hypothécaire donne cet avantage pour le prêteur.
35:25C'est qu'il peut toujours rancrer en position de ses fonds en récupérant l'immeuble et en le replaçant.
35:32Pour l'acquéreur, c'est douloureux.
35:35Mais ça, c'est d'autres aspects, le pilier de la solvabilité des ménages qu'il faut traiter également dans la politique d'habitat.
35:46Mais c'est quand même avantageux parce qu'on met en mouvement un flux plus important de financement, de ressources.
35:56Notamment si elles sont tirées des marchés financiers.
36:00Et dans ça, ça doit permettre d'au moins augmenter la production du secteur formel.
36:06Parce que le secteur informel, lui, il n'entre pas dans ce système-là.
36:11Alors si vous me permettez, je voudrais que nous revenions sur l'industrie de la construction au Cameroun.
36:17Parce que jusqu'ici, c'est quelque peu fait de manière artisanale.
36:23Très artisanale.
36:24Très artisanale, si vous préférez.
36:26Mais pire encore, la plupart des matériaux sont importés.
36:30Oui.
36:31Et ça contribue certainement à renseigner le coût de la construction des logements.
36:36Ceci est très important.
36:39Bon, prenons déjà le premier point, la qualité des matériaux fabriqués localement.
36:44Très mauvaise qualité.
36:45Généralement, lorsque vous construisez un logement, vous ne vous posez pas la question, ce logement doit durer combien de temps.
36:53Or là, nous partons sur des logements qui peuvent durer 40 ans ou 50 ans.
37:01Du coup, si on sait déjà que le logement peut durer 40 ans ou 50 ans,
37:05on peut mettre un mécanisme de financement qui n'amortit pas le prix sur 10 ans,
37:09mais qui peut l'amortir sur 20 ans ou 30 ans.
37:12Parce qu'on sait que le logement va durer 30-50 ans.
37:15Donc ça, c'est déjà un premier aspect.
37:17Le deuxième aspect, c'est qu'il y a la part des matériaux importés dans nos constructions qui est énorme.
37:26Et lorsqu'on dit matériaux importés, ça veut dire achat de devises.
37:30Combien de tonnes de cacao faut-il vendre pour avoir des devises ?
37:34Pour pouvoir importer le quincaille qui rentre dans la production du ciment, par exemple.
37:38Et il faut vendre du cacao, par exemple, pour avoir des devises qui vous permettent d'acheter à l'étranger.
37:44Et on se retrouve dans cet impasse.
37:49En plus de ça, lorsqu'on produit, on achète beaucoup de matériaux à l'étranger,
37:53on est soumis aux fluctuations du marché international.
37:58Donc on peut avoir des ruptures d'approvisionnement.
38:00À un moment donné, on avait eu des ruptures d'approvisionnement en fer.
38:03Donc ça pose des problèmes.
38:05Il est important que l'industrie nationale, que ce soient les entreprises de construction,
38:12que ce soient les entreprises de production des matériaux,
38:16que cette industrie nationale la soit renforcée.
38:19Et actuellement, ce n'est pas le cas.
38:22Et la question de l'industrialisation est liée directement au coût final du logement.
38:30Donc toutes les mesures qui peuvent être prises pour que l'on développe l'industrie nationale,
38:35et ça c'est le ministère, je vous ai dit que c'est une question très complexe qui interpelle plusieurs ministères.
38:41On va évoquer le pilier de la gouvernance également.
38:43C'est le pilier du ministère de l'Industrie.
38:45Ces ministères sont interpellés pour qu'ils regardent le secteur de l'habitat,
38:50pour que l'on mette en fait une véritable industrie de la construction qui soit nationale.
38:55Vous avez dit tantôt le renforcement du coût du logement,
38:58et c'est le Camerounais moyen qui trinque à la fin,
39:04c'est le locataire, on va le dire comme ça, qui trinque à la fin,
39:08parce que les coûts des loyers sont assez exorbitants,
39:11surtout pour celui qui cherche un certain standing,
39:16et c'est ce que nous confirme Richard Tessot dans ce reportage.
39:22Les murs de Yaoundé croulent sous le dictat de ces annonces.
39:26À la première lecture, l'offre en matière de logement semble abondante, mais à quel coût ?
39:31Elles sont chères, elles sont chères excessivement même.
39:33Les maisons ici, ça a parti de 20, 25 en montant.
39:38C'est très difficile d'en trouver des chambres de 15 000 parce que ce n'est pas vraiment agréable.
39:44Celles qui sont bien faites sont trop chères par rapport à moi.
39:48À côté de la valeur financière, il y a aussi le calvaire infligé par les agents immobiliers.
39:53Ils te placent la plaque et quand tu t'approches d'eux pour avoir un logement,
39:57ce qu'on te présente au niveau de la plaque, ce n'est pas ce que tu trouves sur le terrain.
40:01Parfois même, ils vous donnent rendez-vous quelque part, vous arrivez, vous l'appelez,
40:04tu ne décroches plus le téléphone.
40:06Urbanisation incontrôlée et construction informelle noircissent également le tableau déjà sombre.
40:12Il y a trop de construction anarchique, surtout dans les anciens quartiers comme Biémancy, Mokolo.
40:19C'est comme si le cadastre n'avait rien prévu.
40:22Tout est en désordre dans les anciens quartiers.
40:24Ce 7 octobre, Journée mondiale de l'habitat apparaît comme un moment de réflexion
40:29sur les politiques publiques pour pallier le déficit de logement.
40:34Merci Richard Tesso pour ce reportage, pour cette photographie de l'habitat au Cameroun
40:43et des problèmes auxquels nous sommes confrontés.
40:48Il y a deux ou trois problèmes qui sont soulevés.
40:51Le premier problème, on l'a déjà évoqué, c'est la capacité de paiement.
40:55Tant qu'on ne relie pas les prix des loyers au revenu,
40:59on aura toujours des problèmes de capacité de paiement.
41:01Une étude qu'on a faite, on a vu que des gens payent 40% de leurs revenus en logement.
41:08C'est énorme.
41:10Alors que l'État devrait voir comment faire en sorte que le poids du logement
41:19dans les dépenses mensuelles des ménages soit abaissé.
41:22Et ça c'est un pilier important du revenu des ménages.
41:25Oui, c'est un pilier important.
41:26Le principe du logement convenable, c'est que le loyer que vous payez
41:30ne doit pas hypothéquer votre accès aux octres de satisfaction, aux octres besoin.
41:35Alors si vous payez le loyer et que vous ne pouvez pas manger, il y a un problème.
41:39Donc nous sommes un peu, ça c'est un des problèmes qui est posé.
41:42Le deuxième problème qui est posé, c'est celui de la qualité des logements.
41:46Surtout dans ce secteur privé, le secteur informel.
41:51On vous décrit une maison, mais quand vous allez sur le terrain, ce n'est pas ça.
41:54Effectivement, ça montre que tous ces logements qui sont produits de manière informelle,
41:59leur qualité est douteuse malgré le prix très élevé.
42:04Alors vous avez parlé du revenu des ménages, on a dit que c'était un pilier important.
42:09Et derrière, il y a le droit au logement.
42:13Est-ce qu'il n'y a pas également un chantier à ouvrir de ce côté-là ?
42:19Certes, le Cameroun a ratifié un certain nombre de textes,
42:23notamment le pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels,
42:28ça c'est au niveau international.
42:29Au niveau régional, il y a la charte des droits de l'homme et des peuples,
42:33le protocole de Maputo relatif aux droits des femmes.
42:36Et puis au niveau national, nous avons la constitution révisée du 18 janvier 1996
42:42qui, dans son préambule, garantit le droit à la propriété à tous les citoyens de par la loi.
42:49Mais la réalité, monsieur Etendé, la réalité semble tout autre.
42:54On note une insuffisance de l'encadrement juridique du droit à l'égalité homme-femme
43:03pour ne prendre que du droit au logement,
43:05mais aussi du droit à l'égalité homme-femme dans l'accès au logement.
43:10Vous avez raison de dire que c'est un vaste chantier
43:13qui, selon les connaissances, les informations que j'ai, n'est pas encore ouvert.
43:19Le droit au logement, effectivement, est inscrit dans les instruments internationaux
43:27et le projet de politique de l'habitat qui a été préparé par l'intention du gouvernement
43:33reprend, justement, se base sur le droit au logement.
43:37Et le droit au logement convenable.
43:39Alors, ça veut dire que l'État, sans avoir à construire lui-même des logements publics,
43:49doit mettre en place un ensemble de politiques
43:52qui permettent de garantir aux ménages que, un, ils ont une sécurité foncière,
43:59ça veut dire qu'ils ont un document qui les autorise à occuper les lieux,
44:04ils sont dans un logement où un certain nombre de services,
44:07par exemple l'eau, les toilettes, la cuisine, sont garantis
44:13pour pouvoir faire des activités minimales de survie.
44:17Il faut que ce logement-là assure une protection physique
44:23contre le vent, la pluie, etc.
44:28Il faut que ce logement...
44:35...les inondations, etc.
44:38Il faut que ce logement offre une capacité de permettre de payer
44:43sans compromettre les autres besoins naturels de la vie.
44:49Donc, vous voyez que le droit au logement convenable,
44:53c'est un ensemble de principes qui ont été, le Cameroun a ratifié,
44:58et il faudrait qu'on mette en place,
45:01que les politiques de logement qui sont mises en place respectent ces principes.
45:05Alors, ça fixe les objectifs des programmes d'habitat.
45:10Là, il ne s'agit pas seulement de faire un programme d'habitat pour faire un programme,
45:13mais il faut s'assurer que ce programme d'habitat répond à ces exigences.
45:17Donc, il y a un effort que nous devons faire
45:22au niveau de la conception de nos programmes d'habitat
45:25pour assurer le droit au logement.
45:27Alors, ça, c'est lourd quand même comme activité,
45:30parce que ça implique que même dans les quartiers existants,
45:33il faut faire des actions de restructuration pour donner ce droit aux populations.
45:39Et donc, il y a dans des opérations d'habitat neuf,
45:43il y a des opérations d'habitat ancien qu'il faut faire,
45:46il y a des rénovations qu'il faut faire, des quartiers, etc.
45:49Il y a les déguerpissements qu'il faut faire.
45:51Naturellement, mais on a tendance à représenter le problème des déguerpissements
45:55comme un obstacle au projet.
45:56Je dis non.
45:57Dans tous les pays du monde, on fait face à ce problème d'occupation,
46:00mais le problème est comment on gère les personnes qui sont impactées.
46:05La question, je vais la poser autrement,
46:08sans me faire le porte-voix des populations qui ont pris d'assaut,
46:13par exemple, les flancs de collines,
46:16pour parler tout à l'heure du droit au logement convenable.
46:20Et donc, un logement qui ne représente pas un risque
46:23pour ceux qui y habitent, sauf qu'on les laisse s'installer.
46:28On les voit s'installer, on voit le quartier grandir.
46:32C'est la faiblesse de nos exécutifs municipaux
46:37qui n'arrivent pas à gérer la croissance urbaine,
46:41à faire de la planification urbaine,
46:44à anticiper sur les installations.
46:48Parce que nous courons toujours en rattrapage.
46:51Mais naturellement, comme la croissance est rapide,
46:54nous ne l'allons jamais rattraper.
46:56Donc, c'est un problème de gestion, de gouvernance,
47:00qu'il faut aussi renforcer pour que, effectivement,
47:04le droit au logement convenable puisse être exercé
47:08pour ce critère-là de la sécurité, ce critère de la sécurité.
47:13Et donc, c'est un autre chantier qui demande vraiment
47:19que les communes, en particulier, soient extrêmement dotées
47:24d'outils techniques et de personnels compétents
47:28pour gérer les villes.
47:31Et ça, c'est un vaste chantier.
47:34Toujours un peu dans le secteur, le pilier relatif à la gouvernance,
47:40vous évoquez aussi la nécessité de coordonner le travail
47:48qui se fait dans le secteur de l'habitat.
47:51Est-ce que c'est parce que vous avez observé
47:54quelques faiblesses à ce niveau-là ?
47:58Oui.
48:00Prenons déjà deux départements ministériels pour illustrer.
48:05Le MINCAF et le MINDU.
48:08Vous voyez que c'est le MINCAF qui met à disposition des terrains.
48:14Et c'est le MINDU qui réalise les opérations.
48:18Le problème, c'est que dans le cadre de la gestion
48:22de la planification urbaine, les terrains que va mettre à disposition
48:26le MINCAF ne correspondent pas à ce qui est prévu,
48:30ne sont pas là où les plans d'urbanisme ont prévu
48:33qu'ils soient aménagés.
48:35Donc, du coup, on va aller faire une opération d'habitat
48:39tout simplement parce qu'on a eu une opportunité foncière quelque part.
48:43Deuxièmement, ces opérations souffrent des lenteurs
48:48pour la libération des sites avec ces problèmes d'expropriation.
48:52Donc, vous voyez que la vitesse à laquelle on règle les problèmes
48:56dans un département n'est pas la même que dans l'autre département.
49:00Ça, c'était juste à titre juridicatif du problème de coordination.
49:04Mais au-delà, quand on a suivi notre propos,
49:07vous allez vous rendre compte qu'on a des besoins de coordination
49:11entre le MINDU, le ministère de l'Habitat, et le ministère des Finances
49:15pour la mobilisation des ressources.
49:17On a besoin de faire la coordination entre le MINDU
49:20et le ministère du Commerce pour ce qui est de l'importation des matériaux,
49:25le ministère de l'Industrie pour ce qui est du développement de l'industrie nationale
49:30et même du ministère de la Recherche pour ce qui est de la recherche sur les matériaux.
49:36Vous voyez donc que...
49:38Et cela aussi, on a besoin d'une coordination à un niveau encore supérieur au ministère.
49:44Au niveau supérieur.
49:45Parce que les programmes de logement, c'est des programmes politiques.
49:50C'est des programmes politiques.
49:52Ils doivent être portés par le politique.
49:54Les enjeux financiers sont tels que...
49:57Je vous ai dit tout à l'heure qu'on a besoin de mobiliser 1000 milliards par an
50:03et non 400 milliards en 10 ans ou en 20 ans.
50:06Donc, c'est des programmes qui demandent une forte implication du politique.
50:10Et donc, là aussi, à un niveau gouvernemental, il faut une certaine coordination.
50:17Donc, il y a cette organisation-là qu'il faut faire au niveau de l'État
50:22et puis qui va ruisseler sur les collectivités territoriales décentralisées
50:28pour que tout le monde prenne le même train de production du logement de masse.
50:34Ce n'est pas le cas en ce moment.
50:36Et c'est ce dont vous parlez ?
50:38Et c'est ce dont on parle dans ce document aussi que j'ai apporté.
50:42Quand vous avez été un peu présenté à la caméra,
50:45malgré la couleur verte qui domine la caméra juste en face de vous,
50:49pour qu'on puisse voir ce que vous avez pu réaliser,
50:53la politique nationale de l'habitat,
50:55c'est le volume 2 de ce document de politique que vous proposez ?
50:59Tout à fait. C'est un document en plusieurs volumes.
51:02Le premier volume, c'est un grand diagnostic qui a été fait sur le problème de l'habitat au Cameroun.
51:08Et ensuite, maintenant, les propositions de politique qui sont faites au gouvernement.
51:14Et le troisième volume parle de l'architecture juridique
51:18parce qu'il faut revoir toute l'architecture juridique du secteur de l'habitat
51:22pour qu'on se mette effectivement en ordre de marche.
51:25Alors, l'urbaniste que vous êtes et l'ingénieur que vous êtes également,
51:30lorsque vous regardez nos villes, pas seulement Yaounde,
51:34et lorsque vous regardez les villes camerounaises,
51:36vous vous dites, elles n'ont pas été pensées, ces villes ?
51:42On a cessé de penser sur les villes.
51:44Parce que les villes à la création, les lotissements initiaux des villes sont visibles.
51:49Toutes les villes du Cameroun.
51:51Vous allez à Douala, vous allez à Bonanjo, vous allez à Aqua.
51:54C'est bien tracé, Nubel, c'est tracé.
51:56Mais c'est ce qui s'est passé après qui a posé problème.
51:59Et donc là, il y a eu, comme je disais tout à l'heure, on travaille en rattrapage,
52:03on court après le développement urbain.
52:06Et malheureusement, on ne peut pas le rattraper.
52:10Donc ce qui est important, ce qu'on dit, c'est de faire des actions stratégiques,
52:16de faire de l'urbanisme tactique.
52:18C'est-à-dire, on fait des opérations qui marquent.
52:22Il ne faut pas qu'une opération publique ne serve pas de modèle aux opérateurs privés.
52:29C'est important.
52:30Or, actuellement, les opérateurs privés, certains opérateurs privés,
52:34notamment les promoteurs immobiliers, font des opérations qui ont une certaine qualité.
52:39Donc il faut montrer, il faut faire ces programmes, ces projets qui servent d'exemple
52:46et qui servent aussi à ajuster la réglementation qui va être appliquée à tout le monde.
52:53Parce que quand on travaille dans un cadre qui n'est pas réglementé,
52:56effectivement, on a des images diverses.
52:59Et ça, c'est le rôle que les communes doivent aborder,
53:05jouer beaucoup plus tactique pour créer un changement.
53:09Tout à l'heure, Madame la Ministre a parlé du thème de la journée LGMH,
53:14c'était l'emploi jeune.
53:16Mais concrètement, ça veut dire quoi, l'emploi jeune ?
53:19Vous voyez, regardez par exemple le problème des déchets.
53:23Donc, on peut créer ce qu'on appelle des emplois verts.
53:27Et les jeunes peuvent utiliser ça.
53:29Et ce n'est pas des emplois rabais.
53:31Le recyclage, ce n'est pas des emplois rabais.
53:34Il y a la production de matériaux, les parpaings,
53:37toutes les fabriques de parpaings artisanales.
53:40Mais on peut industrialiser ça.
53:42Et ça crée, de telle sorte qu'on va vendre des matériaux qui sont de bonne qualité.
53:47On peut utiliser de la brique de terre, on peut favoriser la brique de terre.
53:52Utiliser la brique de terre, pas forcément pour construire des murs,
53:56mais les briques de terre, initialement, au boulevard de l'avenue Kennedy,
54:01le canal a été construit en briques cuites.
54:04Donc, il y a tellement... On peut créer des emplois.
54:08Et justement, le rôle de l'État, c'est de montrer l'exemple.
54:13Montrer l'exemple pour donner des solutions aux populations.
54:17Et en ce moment, les populations vont copier.
54:19Merci beaucoup, M. Hippolyte Etendé-Nkodo.
54:23Je rappelle que vous êtes ingénieur et urbaniste.
54:27Merci d'être venu partager votre savoir dans le secteur de l'habitat avec nous,
54:33dans le cadre de cette édition des questions économiques.
54:37Madame, Monsieur, c'est donc la fin de cette édition des questions économiques.
54:42Diffusion le jeudi 21h35 sur SIAR TV,
54:46le vendredi 21h05 sur SIAR TV News, Canal 316.
54:52Restez sur la SIAR TV, le meilleur est à venir.