Questions Economiques du 04 Janvier 2024

  • il y a 8 mois

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00:00:00 [Musique]
00:00:13 Alors, Monsieur, bonsoir et bienvenue à cette édition des questions économiques,
00:00:19 la première édition de l'année 2024, occasion pour nous de vous souhaiter nos vœux les meilleurs
00:00:27 pour cette année qui commence, que Dieu vous bénisse et vous accorde toutes les grâces
00:00:31 dont vous aurez besoin tout au long de cette année.
00:00:35 Alors, ce soir, nous parlons du chef d'État.
00:00:38 Un chef d'État proche et au fait des préoccupations de ses compatriotes,
00:00:42 c'est ainsi qu'est apparu Paul Biya le 31 décembre dernier,
00:00:46 lors de son traditionnel discours à la nation camournaise,
00:00:50 qu'il s'agisse des services sociaux de base, notamment l'eau et l'électricité,
00:00:55 des routes, des problèmes d'insalubrité, de la corruption ou encore de l'import substitution
00:00:59 et des chantiers routiers.
00:01:01 Le président de la République a pris la pleine mesure de la situation en termes d'acquis et de défis.
00:01:07 Paul Biya a surtout donné des indications claires pour faire avancer les différents chantiers en cours
00:01:14 et lancer les projets en attente.
00:01:16 Ce soir, nous revisitons les grands axes du discours du président de la République en plusieurs tableaux.
00:01:22 Premier tableau, l'import substitution.
00:01:25 Le président de la République a annoncé un plan triennal intégré d'import substitution période 2024-2026.
00:01:32 Et nous recevons ce soir le professeur Henri Nguatabi, qui est économiste,
00:01:37 directeur du laboratoire interdisciplinaire des recherches en économie du développement à l'Université de Yaoundé.
00:01:45 Bonsoir professeur et meilleurs voeux.
00:01:46 Bonsoir Lucrece, meilleurs voeux à vous et à tous les Camerounais.
00:01:50 Alors on l'a dit il y a quelques instants, le président de la République a annoncé un plan triennal d'import substitution
00:01:56 pour la période allant de 2024 à 2026 et nous vous invitons à écouter une fois de plus le chef de l'État.
00:02:03 Le plan triennal intégré d'import substitution pour la période 2024-2026 que j'ai prescrit au gouvernement
00:02:15 participe également de mon souci de permettre à notre pays d'économiser de précieuses ressources.
00:02:25 Ce plan, en renforçant notre souveraineté alimentaire, devrait réduire l'impact négatif des importations sur notre balance commerciale.
00:02:38 Le déficit y est apparent est évalué à un peu plus de 1 500 milliards d'euros français par an.
00:02:48 On vient donc là d'écouter le président de la République, professeur Henri Ngoatabi.
00:02:55 Ce plan triennal, vous l'avez parcouru en coulisses. Je précise qu'il n'est pas encore officiel.
00:03:03 Vous avez eu accès à la première ébauche et vous dites qu'il y a du bon dans ce plan.
00:03:09 Oui, je crois qu'il y a du bon, il y a même du très bon.
00:03:13 Parce que j'estime, à mon avis, que nous rentrons de plein pied dans la transformation structurelle.
00:03:20 Parce que la transformation structurelle, c'est la mise sur pied d'une économie de production.
00:03:25 Et vous voyez, le Cameroun n'est pas encore arrivé à produire. Et donc cela entraîne des problèmes au niveau des recettes de l'État.
00:03:33 Et dans ce plan, on rentre vraiment de plein pied dans la production.
00:03:38 Puisqu'on a ciblé des filières, il faut pousser ces filières là pour qu'elles se développent.
00:03:42 Essayer de contrer les importations avec différents mécanismes qui sont développés dans cette mouture que nous avons eue à lire.
00:03:51 Et vraiment, je crois que pour la première fois, nous rentrons de plein pied dans la transformation structurelle.
00:03:56 Parce que la transformation structurelle, il faut le savoir, c'est d'abord une croissance de la productivité qui est tirée par la technologie.
00:04:02 Tout ceci est décrit dans ce document.
00:04:04 Ensuite, il y a une accumulation rapide du capital.
00:04:07 C'est aussi décrit dans ce document comment les activités vont essayer de se déployer.
00:04:11 Il y a le rôle des institutions.
00:04:14 Les institutions qui doivent maintenant vraiment sécuriser, mettre des infrastructures, mettre la logistique et créer des systèmes de veille-vien entre segments pour que tout cela puisse prendre.
00:04:26 Bien entendu, il y a aussi le rôle des liaisons.
00:04:29 Et peut-être là, c'est une étape qui va venir un peu plus tard.
00:04:32 Donc, ça, c'est vraiment les sources de la transformation structurelle.
00:04:35 Et quand on regarde ce document, on retrouve ces sources de la transformation structurelle.
00:04:39 Et donc, pour nous, il y a vraiment du bon dans ce document.
00:04:42 La politique a fait ses choix et c'est ce qui était attendu pour lancer véritablement cette transformation structurelle.
00:04:49 Mais quelles sont les filières qui ont été retenues ?
00:04:52 Eh oui, vous savez, le problème, c'est que depuis que la SND30 a été mise sur pied, c'est beaucoup de choses.
00:04:59 Et nous n'avons de cesse de le dire qu'il faut faire des choix et puis stratifier cette économie.
00:05:04 Et là, nous assistons véritablement à des choix qui sont faits par la politique.
00:05:09 Et ces filières, on peut les lister, c'est dans l'agro-pastoral et l'aliotique.
00:05:13 Et donc, nous avons le riz, le poisson, généralement qui grève la balance commerciale.
00:05:18 Nous avons entendu près de 1 500 milliards, c'est beaucoup.
00:05:21 Dans un contexte où on a un potentiel énorme.
00:05:23 Nous avons un potentiel. Et donc, il y a donc, comme je viens de le dire, le riz, le poisson, le maïs, le mil, le sorgho.
00:05:30 Le mil, le sorgho, tout ça, c'est pour contrer le riz.
00:05:33 Parce que le mil et le sorgho commencent à manquer dans le Grand Nord.
00:05:37 Et même dans le Grand Nord, on s'adonne maintenant aussi au riz venu du monde entier.
00:05:42 Et ça, il faut contrer ça.
00:05:43 Et ensuite, vous avez l'huile de palme.
00:05:45 Et puis, en tout cas, il y a huit produits qui ont été bien identifiés.
00:05:50 Ces huit produits-là, vous avez donc le soja aussi, qui est là.
00:05:54 Et tout ça, c'est pour contrer le riz.
00:05:55 Et ensuite, il y a les farines locales qui vont remplacer le blé, puisque nous avons des difficultés.
00:06:00 Et vous voyez donc, ce sont des choix.
00:06:02 Les farines locales, peut-être bananes plantain, manioc.
00:06:04 Manioc, j'ai cru entendre le ministre de l'Agriculture parler beaucoup plus du manioc,
00:06:09 la farine de manioc qui va substituer le blé dans la production des pains, entre autres.
00:06:15 Et donc, vous voyez très bien, c'est ça qu'on me demandait pour la transformation.
00:06:18 C'était des choix.
00:06:19 Maintenant que ces choix sont faits, il faut maintenant les articuler, les outiller, les mettre en œuvre.
00:06:25 Et on met le paquet là-dessus.
00:06:27 Ça ne veut pas dire qu'on néglige tous les autres segments.
00:06:29 Mais ces choix sont faits d'abord pour contrer l'import substitution.
00:06:33 Parce que si vous regardez très bien la liste, c'est vraiment contrer le riz.
00:06:38 Et ensuite aussi, contrer le poisson.
00:06:40 J'ai oublié que dans la liste, il y avait aussi du poisson dans la liste des filières qui sont choisies.
00:06:46 Et c'est ça l'exercice de ce plan triennal là.
00:06:49 C'est-à-dire qu'au bout de trois ans, il va falloir que nous ayons déjà ces filières qui montent en puissance.
00:06:54 Et on commence à voir comment les importations se réduisent.
00:06:57 Et forcément, le montant budgétaire qui va avec.
00:07:01 Et ça permet donc de dégager des marches pour pouvoir y arriver.
00:07:04 Mais il y a beaucoup de travail derrière tout ça.
00:07:06 Alors justement, parlant de ce travail, le politique a fait ses choix.
00:07:09 Et vous dites que la suite, c'est la mise en œuvre d'une technostructure.
00:07:13 Quelles en sont les étapes ?
00:07:14 Ah oui, là d'abord, même dans le document, quand vous le parcourez, c'était déjà prévu dans la SN30.
00:07:20 Il fallait faire d'abord beaucoup de réformes administratives et juridiques.
00:07:24 Et jusqu'à aujourd'hui, ces réformes n'ont pas été faites.
00:07:27 Il va falloir les attaquer là.
00:07:28 Parce que pour arriver à avoir ces bassins de production, il va falloir que le juridique fasse son travail.
00:07:34 Il va falloir que le foncier fasse son travail.
00:07:36 Et ça, il faut...
00:07:37 Et ça, c'est un gros problème.
00:07:38 Oui, il faut d'abord adapter tous ces textes-là.
00:07:41 Les mettre en place avant de commencer à vouloir opérationnaliser.
00:07:44 Après avoir donc élagué tous ces textes, bien entendu, puisque dans chaque segment,
00:07:51 on a d'abord identifié la situation actuelle, on a identifié la situation de l'offre, pardon,
00:07:56 la situation de la demande et ensuite les principaux acteurs dans le secteur.
00:08:00 Donc on sait qui exerce dans tel segment de filière qui ont été retenus.
00:08:05 À partir de cet instant, il y a l'institutionnel qui va faire le nécessaire pour mettre l'infrastructure de base et sécuriser.
00:08:12 Et les privés doivent donc maintenant acter en action.
00:08:15 Mais comment ils vont être en action ?
00:08:16 Pour qu'ils soient en action, il va falloir que ces privés-là soient outillés pour qu'ils puissent monter en puissance au niveau de la technologie.
00:08:23 Et ça, mise à niveau de la technologie pour que la productivité puisse monter aussi en puissance et la production avec.
00:08:29 Et à partir de cet instant, les effets vont vite se faire ressentir.
00:08:33 Donc, étape administrative juridique, étape technologique, c'est-à-dire mise à niveau des entreprises maintenant en production.
00:08:39 Mais je peux dire que tout ça, on est à l'étape zéro.
00:08:42 Je rappelle que 3% des entreprises étrangères produisent 80% des richesses du Cameroun.
00:08:48 Et ça, à partir de ce programme, nous pouvons donc maintenant faire monter nos PME, voire même nos grandes entreprises en puissance.
00:08:57 Ça s'appelle les grandes entreprises de l'État.
00:08:59 Et les PME qui sont dans ce secteur, on les fait monter en puissance en mettant la technologie à niveau, en ressources humaines, et ensuite la production derrière.
00:09:07 Donc c'est tout un package.
00:09:08 Et il va falloir qu'on soit très bien organisé parce que l'organisation, il va falloir être très discipliné à ce niveau-là.
00:09:14 - Au sein de l'organisation, il y a surtout le nerf de la guerre et les financements.
00:09:17 Quelles pourraient être les différentes sources de financement de ce plan triennal ?
00:09:22 - Ah oui, les sources de financement, je crois que l'État même a eu à identifier quelques sources de financement avec des partenaires.
00:09:30 Maintenant, il y a les partenaires.
00:09:32 Mais ensuite, il y a le gros lot qu'il va falloir trouver par l'État lui-même.
00:09:36 Et à ce niveau, je vois le deuxième pied que développe l'État aujourd'hui.
00:09:41 Et ça, le président de la République l'a annoncé lors des voeux de 2022.
00:09:45 C'est la filière de la mine solide, c'est-à-dire le fer et l'or.
00:09:49 Et à regarder le ministre de l'Industrie, des Mines et du Révent Technologique, quand il s'exprime, on voit très bien qu'il y a une certaine satisfaction.
00:09:59 Il nous annonce une grande production du fer, de M'Balaam.
00:10:02 Donc, il y aura de l'exportation du fer qui va commencer là et forcément des recettes.
00:10:07 Ça veut dire que pour pouvoir contrer, parce que là, nous attaquons de front l'import, substitution, c'est très compliqué de l'attaquer de front comme ça.
00:10:15 Parce que ce ne sont pas nos avantages comparatifs que nous mettons en jeu là.
00:10:18 Puisque nous attaquons de front le riz, le poisson, il va falloir que nous dégageons nous-mêmes des recettes qui permettent d'alimenter ce secteur-là.
00:10:25 Et la mine solide, telle que présentée aujourd'hui, c'est une source de recettes qui va arriver et qui va certainement permettre à l'État de pouvoir alimenter les filières arrêtées.
00:10:35 Sachant que 2024, ce sera certainement une année de préparation, de nettoyage des textes, de préparation du terrain.
00:10:42 Et 2025, vraiment, on commence à monter en puissance.
00:10:45 Et là, le temps que la mine solide soit exportée, que les recettes rentrent, cela va nous amener à pouvoir dégager des recettes.
00:10:54 Mais, encore une fois, c'est vrai l'imposte, substitution, mais je dis...
00:10:58 Imposte, substitution, oui, mais également valorisation des exportations.
00:11:01 Valorisation des exportations par la mine solide.
00:11:04 Pour l'instant, c'est la production locale. Ce n'est pas forcément des chaînes de valeur.
00:11:08 Mais dans cette valorisation de l'agro-pastoral et halieutique nationale, il va falloir que nous passons de l'étape zéro, bien entendu, à l'étape une,
00:11:20 en créant des chaînes internes de production, c'est-à-dire matières premières, première transformation, deuxième transformation, produits finis.
00:11:26 Pour l'instant, ce qui est prévu, c'est d'abord de produire, pour pouvoir contrer les produits qui grèvent la balance commerciale.
00:11:33 Et ensuite, la mine solide, pour l'instant, elle, elle est exportée, pas vraiment transformée en tant que telle.
00:11:38 Mais là aussi, il va falloir aller plus loin, passer de l'étape zéro à l'étape une, ça veut dire créer une chaîne industrielle nationale.
00:11:44 C'est à partir des chaînes industrielles nationales ou des chaînes de valeur agricole nationale que nous créons plus de valeur ajoutée, plus d'emplois et une forte croissance.
00:11:52 Je voudrais quand même qu'on s'arrête encore sur la filière huile de palme, qui connaît quand même quelques difficultés au Cameroun ces dernières années en termes de production,
00:12:00 pour satisfaire l'industrie naissante qui est de plus en plus gourmande en termes de matières premières.
00:12:06 Et là, on parle parfois du vieillissement de nos plantations et derrière il y a la question foncière, parce que pour produire plus, il faut avoir suffisamment d'espace.
00:12:17 Et jusque là, ce n'est pas encore le cas, ce n'est pas aisé.
00:12:21 Oui, mais vous adressez la question foncière, c'est les préalables qu'il faut mettre en œuvre avant de démarrer tous ces projets-là.
00:12:27 C'est les questions administratives, foncières, juridiques qu'il faut adresser avant.
00:12:30 Maintenant, il est noté dans ce document que, évidemment, les plantations sont vieillissantes, il va falloir les renouveler, il va falloir faire de nouvelles plantations,
00:12:39 pousser les petites PME qui exercent dans ce domaine, il va falloir aussi les valoriser pour que la production monte en puissance.
00:12:45 Parce que c'est une matière première qui peut nous permettre de pouvoir vraiment, rien qu'à partir de cette matière première,
00:12:52 nous connaissons des pays comme, je crois très bien, la Malaisie, qui à partir de l'huile de palme, ont bâti toute leur économie, rien qu'à partir de l'huile de palme.
00:12:59 Donc, comme cette filière-là est retenue…
00:13:02 Et selon une certaine opinion, la Malaisie a commencé par le Cameroun, elle a pris la semence au Cameroun.
00:13:09 Elle est venue prendre la semence au Cameroun, et on sait ce qu'elle en a fait de cette semence-là.
00:13:13 Donc, il n'y a qu'à regarder ce que la Malaisie a fait dans ce secteur pour qu'on puisse y arriver.
00:13:17 Donc, les huit filières-là, certaines adressent, la plupart adressent vraiment le riz et le poisson,
00:13:22 et on peut retenir deux filières-là qui peuvent nous permettre d'avoir, ce que j'appelle des chaînes d'abord de valeur interne, nationale.
00:13:28 Vous avez l'huile de palme, vous avez l'eau maïs.
00:13:30 L'eau maïs, lui, il permet à tout ce qui est agriculture, élevage, de pouvoir fonctionner, industrie brassicoles, entre autres, de pouvoir tourner.
00:13:37 Et l'huile de palme, on connaît les différences conséquentes aujourd'hui.
00:13:40 Donc, on peut stratifier à ces niveaux.
00:13:42 Ces deux produits-là, on les positionne à un niveau, d'abord national, sur-regional, voire international.
00:13:48 Et puis, le mil, le sorgho et autres, ça règle les problèmes même du Grand Nord, avec des problèmes d'alimentation qui se posent souvent là-bas.
00:13:56 Et là, au niveau national, on a un sous-bassement, on se projette au niveau international, et là, vraiment, le puzzle prend.
00:14:03 Mais, encore une fois, il va falloir que la coordination, qu'on soit très discipliné.
00:14:07 On va revenir à cet aspect-là vers la fin de notre entretien.
00:14:10 Je voudrais d'abord, professeur, si vous le permettez, qu'on s'arrête à ce plan triennal en termes de temps, de durée.
00:14:17 On parle de trois ans.
00:14:19 Est-ce que cela vous semble suffisant, trois ans, pour implémenter une politique comme celle-là ?
00:14:27 Est-ce que c'est bon pour un début, mais après, il faut aller plus loin, il faut y tendre ?
00:14:31 Si vous voyez très bien mon raisonnement, nous avons le court terme, le moyen terme et le long terme.
00:14:37 Et tout ce qui est préparé là, pour l'instant, nous sommes dans du court terme.
00:14:41 Vous voyez, le court terme, généralement, c'est trois ans.
00:14:43 Et donc, ça ne veut pas dire que le moyen terme ne va pas intervenir, le Cameroun ne s'arrête pas au court terme.
00:14:47 Le plus important, dans ce que nous faisons aujourd'hui, dans la SND30, c'est d'abord de placer les fondations.
00:14:54 Une fois les fondations placées, il y aura certainement un autre document après 2030,
00:14:58 mais ces fondations qui doivent sérieusement être mises en place là, vont nous permettre de nous protéger.
00:15:03 Elles doivent être solides.
00:15:04 Elles doivent être solides, parce que c'est là, les sources de la transformation suivante.
00:15:07 Dès qu'elles sont solides, après, on peut pousser ça à 7 ans, à 10 ans, à 15 ans, à 20 ans.
00:15:13 Professeur, vous avez parlé des problèmes de coordination, et vous le dites depuis quelques années déjà.
00:15:18 Il faut absolument qu'il y ait une certaine, ou alors une coordination certaine,
00:15:22 pour que tous ces projets-là puissent être mis en branle.
00:15:26 Et dans le document que vous avez parcouru, vous nous dites qu'à ce niveau-là,
00:15:32 on a essayé également de se départir de certaines lourdeurs administratives,
00:15:37 en gérant les différents projets sous forme de taxe-force.
00:15:42 Oui, j'ai regardé, j'ai vu qu'il y pensait une souplesse.
00:15:47 Et c'est ça, parce que dans la mise en œuvre, vous avez vu des projets structurants du DSC2,
00:15:51 nous avons eu beaucoup de problèmes de coordination.
00:15:53 Et c'est ce qui fait qu'aujourd'hui, ces projets traînent en longueur.
00:15:56 Et il va donc falloir une équipe solide de développementalistes qui regarde vers le même objectif.
00:16:03 Et cette équipe solide-là doit être souple, doit être flexible, pour pouvoir adresser des problèmes.
00:16:10 Et évidemment, dans le document, j'ai bien lu qu'il est pensé de mettre sur pied cette structure souple,
00:16:16 pour coordonner toutes ces filières-là, à l'image des taxe-force qui ont été créées,
00:16:20 pour pouvoir arriver à avancer très rapidement,
00:16:23 parce que nous connaissons des problèmes de gouvernance que nous avons,
00:16:26 des problèmes de coordination que nous avons.
00:16:28 Et si on laisse chaque secteur intervenir comme il le veut, on ne va pas arriver.
00:16:32 Mais je crois que l'économie cambronaise aura un très bel avenir devant lui.
00:16:37 Merci pour cet optimisme, professeur.
00:16:41 Avec vous, nous avons parcouru l'un des premiers chantiers du président de la République,
00:16:46 selon nous, celui de la transformation structurelle de notre économie à travers l'impôt-substitution,
00:16:52 et précisément à travers ce plan triennal intégré, période 2024-2026.
00:16:58 Merci, professeur.
00:17:00 Merci à vous.
00:17:01 [Musique]
00:17:09 Après l'impôt-substitution, parlons d'un facteur de développement important.
00:17:14 Il s'agit des routes, 700 kilomètres construites en 2023,
00:17:18 des chantiers prioritaires annoncés pour 2024,
00:17:21 notamment Ébolova-Cribbing, Anderé-Garrois, pour ne citer que ces exemples-là.
00:17:26 Le chef de l'État a donc fait cas de ces différents projets lors de son adresse à la Nation le 31 décembre dernier.
00:17:34 On l'a dit, la route est un facteur important de développement
00:17:38 et nécessite de ce fait une attention particulière en termes de construction, mais surtout d'entretien.
00:17:44 Pour en parler, nous recevons Francis Appy,
00:17:47 qui est le président de l'Association professionnelle des ingénieurs-conseils du Cameroun, AppyCam.
00:17:51 Bonsoir et bienvenue.
00:17:53 Bonjour, madame Cress.
00:17:55 Alors, avec vous, nous allons réécouter le président de la République.
00:17:58 S'agissant de la route Ébolova-Cribbing,
00:18:02 les négociations avec les bailleurs de fonds,
00:18:06 qui ont longtemps à choper sur les questions environnementales,
00:18:11 sont finalement en train d'aboutir.
00:18:15 Toutes les dispositions nécessaires seront prises
00:18:19 pour que la construction de cette route, tant attendue par les populations concernées,
00:18:25 démarre effectivement en 2024.
00:18:30 J'ai récemment donné des instructions
00:18:34 en vue de la réhabilitation de la route Ganderé-Garois.
00:18:40 Les négociations se poursuivent également avec nos partenaires financiers
00:18:46 en vue de l'achèvement des travaux de construction de la route Mora-Dabanga-Kousseri
00:18:54 et de la réhabilitation des routes Édéa-Cribby et Douala-Bafoussa.
00:19:00 Retour sur ce plateau.
00:19:02 Vous venez donc d'écouter nous.
00:19:03 Venons d'écouter, une fois de plus, le président de la République,
00:19:06 qui a annoncé la construction de plusieurs chantiers,
00:19:10 des chantiers que certaines populations attendent depuis des années
00:19:14 sans qu'elles ne comprennent toujours pourquoi cela prend du temps.
00:19:18 Alors la question, c'est de savoir maintenant,
00:19:21 pourquoi on a le sentiment au Cameroun
00:19:24 que l'instruction des dossiers en vue du lancement d'un projet routier prend du temps ?
00:19:29 Si on prend la route Hawaï-Essesoa,
00:19:32 le problème vient en fait de la défaillance des entreprises qui exécutaient les travaux.
00:19:37 Bien entendu, par terme défaillance,
00:19:40 j'ai introduit tous les éléments qui ont empêché l'entreprise de travailler.
00:19:43 Maintenant, je n'en déduis pas les responsabilités.
00:19:46 Mais les défaillances ont conduit à des changements d'entreprise qui ont généré des retards.
00:19:51 Maintenant, s'agissant d'Ebolova-Cribby, en passant par Acom2,
00:19:56 c'est un problème qui est lié en fait à la préservation des espèces protégées.
00:20:00 Donc problème environnemental.
00:20:01 Problème environnemental.
00:20:02 On s'est aperçu qu'il y avait des gorilles, notamment.
00:20:05 Et vous savez, quand les bailleurs de fonds financent ce type d'opérations,
00:20:08 ils veulent s'assurer absolument qu'on ne modifie pas l'habitat de ces espèces protégées.
00:20:13 Donc les études sont quasiment achevées.
00:20:16 Donc a priori, ça devrait démarrer en 2024 pour ce tronçon-là.
00:20:20 Maintenant, c'est la phase exécution.
00:20:23 Ce qui est certain, c'est qu'avant d'arriver à l'exécution,
00:20:26 il y a ce qu'on appelle toute la procédure de passation de marché.
00:20:29 Et là, il faut dire qu'effectivement, il y a beaucoup de retards.
00:20:33 Et qui sont dus évidemment à le système même de fonctionnement,
00:20:38 des problèmes de gouvernance, des problèmes, disons, d'interférence entre différentes administrations
00:20:44 dont le dialogue n'est pas toujours évident.
00:20:47 Donc il y a des problèmes d'avis, d'appels, d'offres.
00:20:49 Il y a également peut-être des problèmes de libération des emprises.
00:20:51 Voilà. Il y a un dernier, effectivement, vous pouvez bien en parler,
00:20:54 le problème de libération des emprises.
00:20:56 Je pense qu'il est important d'expliquer un peu ce que c'est.
00:20:58 Vous savez, la route occupe un certain espace.
00:21:01 Et cet espace-là, on doit le libérer pour que les travaux puissent se dérouler.
00:21:05 Et malheureusement, bien souvent, au moment où les entreprises arrivent,
00:21:08 cet espace n'est pas disponible pour différentes raisons.
00:21:11 Notamment l'indemnisation des personnes qui ont mis en valeur ces terres-là.
00:21:15 Donc ça aussi, ça reste un des facteurs bloquants qui retardent les projets.
00:21:19 Mais quand même, il faudrait aussi rappeler que la rareté des ressources financières,
00:21:25 et ça, le Président d'ailleurs le dit quand il introduit le thème sur les routes,
00:21:29 la rareté des ressources financières retarde aussi énormément les travaux.
00:21:33 Et c'est peut-être le facteur le plus important,
00:21:35 dans la mesure où on n'arrive pas à suivre le rythme de dépense des entreprises.
00:21:40 Alors, autre impression que vous allez peut-être confirmer ou réjeter,
00:21:44 concernant justement les financements, c'est qu'on dit en Cameroun que le kilomètre de route coûte cher
00:21:54 par rapport à d'autres pays du même niveau économique que le Cameroun.
00:22:00 Qu'est-ce que vous en pensez ?
00:22:02 C'est un débat qu'on peut trancher difficilement,
00:22:08 dans la mesure où il faut comparer des choses comparables.
00:22:11 D'abord, les Camerounais doivent savoir que la route est chère, par définition.
00:22:15 La route est chère.
00:22:17 Maintenant, si vous faites une route au Burkina ou en Côte d'Ivoire,
00:22:23 et que vous la comparez à une route au Cameroun et une route au Gabon,
00:22:27 vous avez presque par nature des prix qui sont différents.
00:22:32 Vous voulez parler de quoi ? Du relief ? Est-ce que c'est du relief ?
00:22:35 J'y viens justement. La route, c'est quoi ?
00:22:37 En fait, la route dépend du relief.
00:22:39 Vous imaginez bien que si vous avez des montagnes, ça coûte plus cher parce qu'il y a plus de terrassements.
00:22:44 Vous imaginez bien que si vous avez des fleuves, des cours d'eau à traverser,
00:22:48 ça coûte plus cher parce qu'il y a des ouvrages d'art, comme on dit, des ponts.
00:22:52 Et il y a un aspect dont on ne parle pas mais qui est plus technique,
00:22:55 la qualité de la chaussée elle-même.
00:22:58 Parce qu'il y a route et route.
00:23:00 Donc, il faut savoir qu'une route, en fait, c'est une succession de couches.
00:23:04 Et suivant la nature de toutes ces couches-là, les prix peuvent varier.
00:23:09 Ce qui est sûr, c'est que le Burkina Faso, par exemple, pour prendre cet exemple,
00:23:13 a un relief qui est moins compliqué que celui du Cameroun.
00:23:19 La topographie est plus simple. C'est un paysage relativement sec.
00:23:23 Donc, nous n'avons pas de cours d'eau à traverser.
00:23:26 Donc, c'est autant de choses qui font que le coût au kilomètre est inférieur au coût au kilomètre au Cameroun.
00:23:32 Toutes choses égales par ailleurs.
00:23:34 Et si vous allez au Gabon, vous allez voir que les prix sont encore plus élevés qu'au Cameroun
00:23:38 dû notamment à ce qu'on appelle le régime hydrographique, c'est-à-dire la présence d'eau,
00:23:42 mais aussi à la qualité des chaussées qu'on utilise.
00:23:45 Mais, pour nous résumer, la route est chère.
00:23:48 Kilomètre, pour avoir un prix en gros, c'est quoi la route neuve ?
00:23:53 500 millions, c'est le minimum.
00:23:55 500 millions le kilomètre ?
00:23:57 Le kilomètre pour une route neuve.
00:23:59 Et ça peut aller à 2-3 milliards si c'est des autoroutes.
00:24:02 Venons-en maintenant à la problématique de la dégradation de nos chaussées,
00:24:07 la problématique de l'entretien.
00:24:10 Au Cameroun, on parle de dégradation précoce. Est-ce que vous êtes de cet avis-là ?
00:24:17 Ce qui est certain, c'est que les routes se dégradent un peu vite.
00:24:21 Ça, c'est un fait.
00:24:22 Maintenant, la question, c'est de savoir pourquoi.
00:24:25 Il faut savoir que quand on construit une route,
00:24:27 on la construit, comme on dit, pour une durée de vie qui varie entre 15 et 20 ans.
00:24:32 Un peu comme si vous achetiez une voiture.
00:24:34 Quand vous achetiez une voiture, c'est pour l'utiliser pour une dizaine d'années.
00:24:37 Mais, pour que cette voiture fonctionne,
00:24:40 normalement, il faut un certain nombre d'entretiens,
00:24:44 que ce soit vidanges ou révisions.
00:24:46 Idem pour les routes.
00:24:48 Les routes doivent être entretenues.
00:24:51 Mais il faut comprendre que quand on construit une route,
00:24:53 c'est avant tout pour les poids lourds, pour les camions.
00:24:56 C'est-à-dire que le passage d'un véhicule lourd
00:24:59 équivaut à peu près à 10 000 véhicules légers.
00:25:02 Donc, le calcul que nous faisons,
00:25:05 quand on dimensionne une chaussée,
00:25:08 c'est d'imaginer le trafic qu'il passe dessus
00:25:10 et de l'estimer pendant la durée de vie.
00:25:13 Si, malheureusement, le trafic lourd est en excédent,
00:25:17 cette durée de vie peut être divisée par 2, 3, voire 5.
00:25:21 Donc, un des problèmes et un des défis
00:25:23 que nous avons sur les routes actuellement,
00:25:25 c'est de pouvoir maîtriser la surcharge des camions.
00:25:28 C'est d'ailleurs pour ça que, systématiquement,
00:25:30 maintenant, on a introduit des stations de démarrage
00:25:33 pour pouvoir contrôler ces camions-là.
00:25:35 Et ça, c'est effectivement un des gros facteurs de dégradation.
00:25:38 Est-ce que le problème ne se pose pas également
00:25:40 au niveau de l'exécution du marché,
00:25:42 donc de la construction de la route ?
00:25:44 Et un état de choses qui pourrait accélérer également
00:25:48 la dégradation de ces chaussées-là.
00:25:52 Ce que je peux dire, c'est que, quand même,
00:25:55 d'une manière générale, et puis à travers l'expérience que j'ai,
00:25:58 parce qu'on ne peut pas généraliser,
00:26:00 les contrôles sont faits suivant des règles
00:26:03 qui sont quand même connues de tous
00:26:05 et qui sont, en général, vérifiables et quantifiables.
00:26:08 Parce que quand on dit mission de contrôle,
00:26:10 et notamment réception de travaux,
00:26:12 ce n'est pas que la mission de contrôle,
00:26:14 c'est la mission de contrôle, l'équipe projet
00:26:17 et toutes les administrations impliquées,
00:26:19 y compris le bailleur de fonds.
00:26:21 Donc, en général, les règles sont respectées.
00:26:25 Il peut arriver, effectivement, qu'il y ait des vices cachés
00:26:28 et ça donne lieu à des réclamations.
00:26:30 Il y a des situations où l'administration actuelle
00:26:34 des travaux publics est en contentieux
00:26:36 pour certaines malfaçons.
00:26:38 Donc, ça veut dire que quand on les identifie,
00:26:40 on n'hésite pas, je dirais, à les mettre en évidence.
00:26:44 Mais d'une manière générale, quand même,
00:26:46 je dois dire que ce ne sont pas les normes
00:26:48 qui sont un problème.
00:26:50 Et je reviens sur le trafic.
00:26:52 Je crois que les gens ne réalisent pas
00:26:54 l'importance des surcharges sur les routes.
00:26:58 J'ai eu l'occasion récemment de faire
00:27:00 quelques visites d'audits de stations de pesage.
00:27:04 C'est un problème qui est réel.
00:27:07 Et je peux vous garantir que c'est de nature
00:27:09 à remettre en cause toute la stratégie
00:27:11 que vous avez mise en place,
00:27:13 si vous ne contournez pas le trafic.
00:27:15 Il y a un autre aspect que je voudrais qu'on évoque.
00:27:20 C'est celui du développement
00:27:26 de l'entrepreneuriat local dans le secteur routier.
00:27:29 Oui, tout à fait.
00:27:30 Peut-être dans le modèle sud-africain.
00:27:33 Je suis content que vous en parliez
00:27:34 parce que là, je reprends ma casquette
00:27:36 en faisant l'association.
00:27:38 Et je dois dire, en le regrettant un peu,
00:27:40 que c'est peut-être le maillon faible du système.
00:27:44 Un peu d'histoire.
00:27:46 Il y a 20 ans, quand on a décidé
00:27:48 de privatiser l'entretien routier,
00:27:50 l'idée était justement de créer
00:27:52 un secteur privé local
00:27:55 en garantissant le financement
00:27:58 à travers le fonds routier.
00:28:00 Puisqu'on sait très bien que le secteur privé,
00:28:02 pour exister, doit être payé.
00:28:04 Donc on a créé un fonds routier dédié,
00:28:06 spécialement pour les travaux,
00:28:08 de façon à ce que les entreprises locales
00:28:10 puissent émerger et grandir.
00:28:13 Malheureusement, pour différentes raisons,
00:28:15 le système s'est dévoyé.
00:28:17 Et on est revenu à une situation
00:28:19 où les paiements, les ressources financières
00:28:22 empêchent le secteur privé de s'épanouir.
00:28:26 Et ça, c'est un problème qui est réel.
00:28:28 Donc si on veut atteindre le modèle sud-africain,
00:28:33 je pense qu'il y a deux conditions à remplir.
00:28:36 Un, la gouvernance des marchés,
00:28:38 c'est-à-dire l'accélération des procédures
00:28:40 de passation des marchés,
00:28:42 et la capacité financièrement
00:28:45 à permettre aux entreprises d'être payées
00:28:47 au fur et à mesure de leurs besoins.
00:28:49 Et ça, c'est une décision qui se prend stratégique.
00:28:53 Mais dans le même temps, on pourrait vous retorquer
00:28:55 que parfois, les décomptes sont payés,
00:28:57 mais sur le terrain, les travaux n'avancent pas,
00:29:00 notamment lorsqu'il s'agit des entreprises locales.
00:29:02 Vous avez raison, parfois, mais pas toujours.
00:29:05 Et malheureusement, on ne parle que du « parfois ».
00:29:08 On ne parle pas de la grande majorité de travaux
00:29:10 exécutés, bien exécutés, et qui ne sont pas payés.
00:29:14 Merci beaucoup, M. Francis Rappi.
00:29:16 Je rappelle que vous êtes le président
00:29:17 de l'Association professionnelle des ingénieurs-conseils du Cameroun.
00:29:21 Merci d'être venu.
00:29:22 Merci, bienvenue.
00:29:23 Merci à vous.
00:29:24 Retour sur ce plateau des questions économiques.
00:29:36 Nous avons parlé de l'impôt aux substitutions,
00:29:38 nous avons parlé de la problématique des routes
00:29:41 en termes de construction, de réhabilitation,
00:29:43 mais également d'entretien.
00:29:46 Nous poursuivons le décryptage du discours
00:29:48 du président de la République en plusieurs tableaux.
00:29:51 Nous en venons à la question du prix du carburant à la pompe,
00:29:56 dont la hausse a été évoquée par le président
00:30:00 lors de son adresse à La Nation le 31 décembre dernier.
00:30:04 1 000 milliards de francs CFA pour la subvention
00:30:07 des produits pétroliers en 2022,
00:30:10 une subvention qui a été réduite à 640 milliards de francs CFA en 2023.
00:30:16 Ceci grâce à une augmentation du prix du carburant à la pompe.
00:30:21 Le président en a parlé dans son discours
00:30:24 et nous continuons d'en parler sur ce plateau
00:30:27 avec M. Jeff Samba, qui est analyste des politiques publiques.
00:30:31 Bonsoir et bienvenue sur le plateau.
00:30:33 Bonsoir, je grèce.
00:30:34 Alors si vous en avez convenance,
00:30:35 nous allons réécouter le président de la République.
00:30:37 Le poids de ces subventions pèse lourdement sur notre budget
00:30:42 et rétrécit considérablement les ressources dont nous avons le plus grand besoin
00:30:49 pour apporter des réponses aux autres problèmes auxquels nos populations sont confrontées.
00:30:56 L'année dernière, le gouvernement a été amené à procéder
00:31:02 à un léger relèvement des prix du carburant à la pompe.
00:31:07 Grâce à cette mesure, la subvention des produits pétroliers,
00:31:13 qui était de plus de 1 000 milliards de francs CFA en 2022,
00:31:19 a été réduite à environ 640 milliards de francs CFA en 2023.
00:31:27 Cependant, cette subvention continue de peser significativement sur le trésor public.
00:31:36 Nous n'aurons très certainement pas d'autre choix que de la réduire de nouveau.
00:31:45 Nous verrons néanmoins à ce que les ajustements nécessaires
00:31:51 n'impartent pas substantiellement le pouvoir d'achat des ménages.
00:31:58 A terme, la réhabilitation de la Sonara, dont j'ai prescrit l'accélération,
00:32:06 devrait contribuer à améliorer la situation dans le secteur.
00:32:11 Retour sur ce plateau, M. Dieffrançois Sambambono, nous venons d'écouter le Président,
00:32:17 et la hausse des prix du carburant à la pompe semble irréversible.
00:32:24 Oui, le Président l'a annoncé, il a clairement dit que nous aurons encore des efforts à fournir
00:32:30 par rapport à ce que nous avons fait l'année dernière.
00:32:33 Il faut s'attendre à une augmentation des prix du carburant,
00:32:38 parce que ça devient insoutenable de continuer à subventionner le prix du carburant à la pompe.
00:32:45 Il y va de l'intérêt de tous les Cameroonais,
00:32:48 au-delà du fait qu'il y a beaucoup de spéculation autour des conditions du FMI.
00:32:54 Ça fait pratiquement une dizaine d'années qu'on propose aux Cameroons de sortir des subventions.
00:32:58 Mais le Président de la République et son gouvernement ont choisi d'atténuer la chose
00:33:02 et d'orienter, de rechercher d'autres niches et ne pas sortir complètement des subventions.
00:33:07 Et maintenant que la situation semble se resserrer,
00:33:10 il est donc question de sortir progressivement, comme le Président l'a dit l'année dernière.
00:33:14 Et on ne saurait d'ailleurs s'arrêter sur cette seule indication du FMI
00:33:20 au regard des enveloppes allouées à la subvention du carburant à la pompe.
00:33:27 Le chef d'État parle de 1 000 milliards en 2022 et de 640 milliards en 2023.
00:33:34 On est là bien loin des 100 milliards, des 200 milliards d'il y a 10 ans.
00:33:41 Et ça c'est de l'argent qui pourrait servir à lancer des projets structurants,
00:33:47 des projets qui pourraient profiter au plus grand nombre.
00:33:49 Exactement, et c'est pour ça que la Banque mondiale,
00:33:51 et c'est pour ça que le FMI propose justement de sortir des subventions
00:33:56 pour permettre d'alimenter d'autres dépenses
00:34:00 qui en réalité sont des dépenses qui ont un impact social plus important.
00:34:05 Aujourd'hui la question est de lutter contre la pauvreté,
00:34:08 contre les inégalités sociales et donc d'enclencher le développement.
00:34:12 Et quand on parle d'enclencher le développement,
00:34:14 c'est que nous avons, vous savez que le Cameroun connaît une certaine stagnation de la croissance,
00:34:18 parce qu'un affaissement de croissance qui a été dû justement aux crises de Covid
00:34:23 et même la guerre en Ukraine.
00:34:25 En tout cas, beaucoup plus des causes exogènes qui eux duent à des externalités,
00:34:29 c'est-à-dire ce qui a été importé,
00:34:31 donc des effets extérieurs qui nous impactent globalement sur le plan national.
00:34:36 Mais c'est important aussi de signaler que le Cameroun n'avait pas à caisser ses propositions dans le temps,
00:34:43 tout simplement parce que le seuil de souténabilité des salaires n'était pas encore à temps,
00:34:48 on était pratiquement à 42% du PIB de nos salaires.
00:34:52 Et aujourd'hui quand on redescend vers, on demande dans la sous-région, c'est mac, d'être dans les 34-35.
00:34:57 Aujourd'hui quand on redescend vers les 39, on va progressivement vers ce seuil de souténabilité
00:35:02 qui permet à l'État d'asseoir une autre politique qui va être celle de revaloriser comme on a fait l'année dernière.
00:35:08 Donc globalement, c'est important de revoir cette enveloppe
00:35:12 et de réorienter justement vers des projets sociaux plus impactants sur le plan social,
00:35:19 sur le plan des minorités et d'accompagnement pour la qualité de vie des Camerounais.
00:35:25 Alors M. Sambabono, d'accord pour la réduction de la subvention et donc l'augmentation du prix du carburant à la pompe,
00:35:35 mais jusqu'où peut-on aller ?
00:35:37 J'imagine très bien en matière d'analyse des situations politiques et même de ces politiques publiques-là,
00:35:43 il est question de faire des simulations avec un ensemble d'indicateurs.
00:35:47 Et quand on parle d'indicateurs ici, c'est qu'on va aussi regarder la structure du prix du carburant.
00:35:52 Et en dehors de la structure du prix du carburant, vous allez avoir aussi une analyse budgétaire,
00:35:57 c'est-à-dire que dans le budget, quelles sont les dépenses qu'on peut être amené à réduire
00:36:02 pour ne serait-ce que compenser la sortie de ces carburants, la sortie des subventions de carburant.
00:36:07 Donc en dehors de ça, quand on parle de simulation ici, c'est faire parfois des péréquations
00:36:11 entre ce qu'on peut céder et ce qu'on peut capter comme niche de recettes au sein de l'enveloppe budgétaire qui est faite.
00:36:23 Vous savez que le président de la République a demandé de réduire le train de vie de l'État
00:36:27 à travers une amélioration de la qualité de la dépense.
00:36:31 Ça veut dire que si vous aviez besoin de 10 voitures normalement,
00:36:36 de véhicules de locomotion dans une structure ministérielle par exemple,
00:36:41 on vous octroie peut-être 5.
00:36:45 Donc vous avez suivi à un moment donné que le premier ministre chef du gouvernement
00:36:49 avait interdit les achats de véhicules dans certains départements ministériels
00:36:54 pour maîtriser justement cette dépense-là.
00:36:58 Mais aussi, on a interdit dans le cadre de la loi des finances 2024
00:37:03 de faire des dépenses qui sont en fait des autorisations express, nouvelles,
00:37:09 dans le sens de permettre qu'on sorte des calibrages du budget de cette année-ci.
00:37:15 C'est aussi une autre façon de maîtriser la dépense et d'asseoir une niche justement,
00:37:21 on va dire de trouver des niches où il faut effectivement aller puiser
00:37:26 pour éviter justement que l'on sorte brutalement de ces subventions.
00:37:31 Donc on trouve un palliatif à ces différentes subventions desquelles on va sortir.
00:37:36 – Monsieur Sambassou, permettez, est-ce qu'on irait jusqu'à 1.000 francs ?
00:37:40 Est-ce qu'on irait jusqu'à 1.100 francs ? Est-ce qu'on irait jusqu'à 900 ?
00:37:43 – Vous voulez effectivement insister, mais en réalité quand on regarde de façon générale,
00:37:49 il faut regarder la moyenne des prix de carburant dans la sous-région,
00:37:54 dans les pays semblables économiquement, quand on veut dire semblables économiquement,
00:37:58 c'est ceux qui ont pratiquement le même niveau économique, la même population que le Cameroun.
00:38:03 Ils sont à pratiquement 700 à 800, 900.
00:38:06 Si on enlève les trois premiers qui sont dans les 18, les trois premiers pays producteurs de pétrole,
00:38:11 si vous enlevez par exemple l'Iran, vous enlevez la Libye, vous enlevez le Vénézuéla par exemple,
00:38:16 vous allez constater que la plupart des pays sont dans les centaines de francs CFA,
00:38:21 dans globalement les prix.
00:38:23 On peut se dire que si on monte dans une fourchette dans les environ 2000 francs,
00:38:29 certainement ça peut permettre d'alléger ou alors d'atténuer justement l'effet réducteur
00:38:35 de la sortie de ces carburants-là.
00:38:38 Maintenant, le véritable effet qui va permettre d'atténuer,
00:38:42 c'est de savoir quelles sont les mesures palliatives que le gouvernement va mettre en place
00:38:46 pour éviter justement que la ménagère ou le Camerounier moyen ou encore les industriels
00:38:52 le sentent dans la structure de coûts ou encore dans le portefeuille de la ménagère.
00:38:59 Et justement, quelle pourrait être cette mesure ?
00:39:02 On a dit si on diminue la subvention, on oriente cette subvention-là vers le social,
00:39:12 les services sociaux de base notamment.
00:39:15 Alors, mesures d'accompagnement ?
00:39:17 Alors, la première chose, c'est comme l'année dernière.
00:39:19 Je pense qu'il y a une visibilité dans le sens de se dire,
00:39:25 vous savez que dans la plupart des pays, même quand on analyse tous les courants économiques,
00:39:29 lorsqu'il y a eu augmentation de carburants, on parle de revalorisation du SMIC ou du salaire
00:39:34 des agents publics et cette revalorisation peut être à un certain taux.
00:39:38 Mais cette revalorisation a toujours la conséquence qu'elle influence globalement.
00:39:43 Il y a un effet d'entraînement.
00:39:44 Un effet d'entraînement, c'est une spirale.
00:39:46 Elle influence globalement l'augmentation de l'ensemble des prix sur le marché.
00:39:50 Et donc, on va arriver à quelque chose qu'on appelle un renchérissement du coût de la vie.
00:39:55 Pour éviter cela, on a plusieurs possibilités.
00:39:59 Dans d'autres pays d'ailleurs, l'expérience a été porteuse.
00:40:02 On parle des plafonds.
00:40:05 On impose parfois des plafonds.
00:40:08 Et vous savez que le président de la République, avant son discours,
00:40:11 avait déjà libéralisé le secteur des hydrocarbures, donc de la fourniture de ces hydrocarbures,
00:40:19 en permettant que la CSPH, la Caisse d'éstablissation des prix des hydrocarbures notamment,
00:40:25 puisse prendre les différentes mesures pour conduire le processus de libéralisation
00:40:30 et permettre ainsi que chaque marketeur puisse aller vers un trader ou des importateurs
00:40:36 de cette ressource pour négocier l'approvisionnement en carburant.
00:40:42 Cela peut se passer à travers des plafonds qu'on fixe à chaque importateur.
00:40:47 Donc, ça peut permettre aussi de maintenir les prix.
00:40:50 Vous savez, quand on fixe des plafonds à ces marketeurs, ces traders ou ces importateurs,
00:40:54 le gouvernement maintient la main justement sur le prix du carburant,
00:40:59 mais aussi il permet à ces opérateurs-là d'avoir le libre choix.
00:41:03 C'est ça l'avantage de la concurrence.
00:41:06 Ouvrir à la concurrence permet d'avoir des prix compétitifs sur la qualité du produit.
00:41:11 En dehors de ça, vous savez que dans d'autres pays et dans d'autres économies d'ailleurs,
00:41:15 on parle généralement souvent des prix, en fait c'est des ventes, c'est des ventes au comptant.
00:41:22 Quand on parle des ventes au comptant, c'est en réalité quoi ?
00:41:25 C'est de vendre au prix des revenus, c'est-à-dire au prix d'achat effectif du carburant.
00:41:29 Vous décidez par exemple les week-ends, vous voyez avec des marketeurs ou encore, je ne sais pas, des distributeurs,
00:41:36 de vendre le carburant au prix d'achat durant les week-ends.
00:41:39 C'est une possibilité.
00:41:41 Quand on parle des ventes au prix coûtant, les ventes au prix coûtant permettent donc aux consommateurs,
00:41:47 comme aux producteurs, d'acquérir le prix du carburant ou de ce bien-là à des prix qui sont en réalité
00:41:53 des prix de revient ou des prix d'achat effectifs.
00:41:56 Donc on n'a pas une sorte de bénéfice.
00:41:59 C'est aussi ça le patriotisme économique auquel on va appeler la plupart de tous ces agents-là.
00:42:03 En dehors, il y a d'autres aspects justement.
00:42:06 Donc quand on parle de politique de ciblage ?
00:42:08 Oui, la politique de ciblage dont je voulais effectivement parler, c'est ce qu'on a étudié l'année dernière.
00:42:13 On regarde effectivement que premièrement le Cameroun produit du gaz.
00:42:17 À travers le gaz du Cameroun sans publicité, on a une augmentation de la capacité de production et des quantités de gaz.
00:42:25 Ça veut dire qu'on peut décider de cibler que le gaz domestique par exemple, qui est utilisé par la plupart des ménages,
00:42:31 va être maintenu et on va peut-être voir aussi au niveau des industriels, comment est-ce qu'on peut les accompagner au lieu d'aller au-delà de 560 francs le prix.
00:42:39 Je précise par exemple que pour le gaz, actuellement la bouteille coûte à peu près 6500 et grâce à la subvention,
00:42:47 si il n'y avait pas cette subvention-là, cette bouteille de gaz-là coûterait plus de 10 000, environ 13 000 francs CFA.
00:42:54 Tout à fait. Et ça c'est important de le signaler pour montrer un peu les efforts du gouvernement de porter un peu cette charge naturelle.
00:43:00 Et c'est pour ça qu'on demande de sortir. Quand on sort, il faut que la recette qui devrait être utilisée dans ce cadre-là serve à d'autres choses,
00:43:08 notamment à la construction des infrastructures routières qui peuvent permettre non seulement de mettre en place, par exemple, une société de transport public.
00:43:18 Et cette société de transport public peut alléger le coût du carburant dans le sens où dans d'autres pays, on a les transports publics qui évitent de consommer davantage.
00:43:28 Et vous savez que nous avons aussi la logique de la transition écologique que nous devons respecter.
00:43:33 Il y a également le volet filet social, le projet filet social.
00:43:37 Très important le volet filet social d'ailleurs qui a été mis en place depuis 2004.
00:43:41 Et d'ailleurs ce projet de filet social et d'adaptation a permis que la stratégie nationale mise en place pour notamment lutter contre la pauvreté sur le plan national soit enclenchée et "upgrade" comme on va dire en anglais.
00:43:58 Donc aujourd'hui, il est question d'accompagner plus de 117 000 familles à migrer vers une résistance ou alors une résilience vis-à-vis des différents chocs.
00:44:09 Il y a eu les catastrophes, il y a eu la crise mais il y a aussi les conditions économiques d'aujourd'hui.
00:44:14 Et le filet social ce sont en fait des emplois temporaires qu'on accorde à des familles.
00:44:19 C'est aussi en réalité des allocations monétaires qu'on donne à des familles pour leur permettre d'être autonome.
00:44:26 Aujourd'hui, ce projet filet social va passer à un autre stade.
00:44:30 Il a d'ailleurs commencé à passer à un autre stade où il faut accompagner les jeunes et les femmes, les personnes les plus vulnérables, les couches de la population les plus vulnérables.
00:44:38 En vue de leur permettre de s'autonomiser et de rester dans une logique de production pérenne.
00:44:43 Ça va aller vers les start-up, ça va aller vers une femme qui par exemple a une couturière, a une machine à coudre, qui commence à coudre et puis qui ouvre un atelier plus tard.
00:44:52 Et qui peut par exemple continuer avec un call box et qui peut s'étendre peut-être à la production de bananes et nourrir sa famille.
00:45:00 Et donc être finalement un moteur aussi de croissance à travers sa contribution minimale.
00:45:05 Mais qui, juxtaposée ou encore mise à une certaine échelle, agit au-delà du niveau microéconomique mais sur le plan macroéconomique en apportant un peu plus.
00:45:15 Alors à moyen terme et à long terme, il y a la réhabilitation de la Sonara dont le Président a prescrit l'accélération qui pourrait également permettre d'améliorer la situation du secteur des produits pétroliers.
00:45:28 Vous savez que la situation de la Sonara permettait aux Cameroons de fonctionner du 80/20.
00:45:33 C'est-à-dire que vous importez 80%, vous produisez 20% de ce que vous pouvez consommer et de ce que vous ne consommez pas.
00:45:40 Mais en réalité on a tenu de ce côté la mise en place de la Sonara avec certainement un nouvel outil de production qu'on appelle les crackers.
00:45:47 Avec la possibilité donc de raffiner du fouet lourd que nous ne pouvons pas, que nous ne consommons pas ici.
00:45:55 Il est donc important aujourd'hui que cette réhabilitation se mette effectivement en œuvre.
00:45:59 Mais elle demande non seulement des moyens mais aussi du temps, de la technologie et il faudra simplement des mesures d'accompagnement et de suivi.
00:46:07 Parce qu'il faut en même temps, au-delà de tout cet aspect-là, parce qu'en réalité on se focalise seulement sur l'énergie fossile.
00:46:14 Mais c'est la diversification de l'énergie, du mix énergétique dans lequel on est rentré.
00:46:19 Vous avez effectivement des situations où on parle du solaire, le solaire qui transforme cette énergie thermique en énergie électrique.
00:46:26 C'est important, on a vu dans l'extrême nord et le nord la dotation justement de cette énergie solaire de 30 MW avec toutes ces centrales.
00:46:36 Bien que cela soit cher au départ, mais à la phase d'exploitation c'est tout à fait maîtrisable.
00:46:41 Les centrales solaires qui ont été installées à Guidere et à Marois.
00:46:43 À Guidere et à Marois exactement, ça a permis d'apporter un supplément de l'offre en énergie et de permettre qu'il y ait une stabilité du courant électrique et surtout pour ces entreprises.
00:46:54 Vous savez que quand on parle d'économie, on dit toujours que l'économie c'est la transformation d'énergie.
00:46:59 Et cette transformation d'énergie ne peut se faire, on ne peut pas parler d'industrialisation aujourd'hui si on ne parle pas de la base énergie.
00:47:05 Nous allons continuer avec vous, nous allons continuer de parler de ces sujets que le Président de la République a évoqués dans son discours à la Nation le 31 décembre dernier.
00:47:16 Et justement il y figurait ces services sociaux de base, l'eau et l'énergie, vous avez commencé à en parler.
00:47:24 Mais je vous suggère avant que nous ne continuions d'en parler, de réécouter le Président de la République justement sur ces aspects-là.
00:47:30 Le gouvernement a-t-il engagé la remise à niveau des stations de production d'eau potable dans plusieurs villes secondaires à l'estar de Charn, Yabasi, Karawabula, etc.?
00:47:57 Les efforts nécessaires continueront d'être faits pour réhabiliter et étendre les réseaux de distribution de cette précieuse ressource à l'intérieur de nos villes et villages, afin de la rendre plus accessible aux ménages.
00:48:18 Des avancées considérables ont également été enregistrées dans le secteur de l'électricité, en vue de résorber le déficit énergétique de notre pays.
00:48:33 Environ 44 000 panneaux solaires couvrant 40% des besoins d'électricité dans nos trois régions septentrionales ont été installés.
00:48:48 Le barrage de Naktigal, d'une capacité de 420 MW, sera mis en service dans quelques jours.
00:49:00 L'usine de pied du barrage hydroélectrique de Lompanga sera également opérationnelle en 2024.
00:49:11 Elle permettra d'accouvrir de l'offre énergétique dans la ville de Berthoua et ses environs.
00:49:20 Plusieurs autres projets d'ouvrage hydroélectrique sont également envisagés ou en train d'être lancés.
00:49:30 Il s'agit notamment des barrages de Kikot, de Mikoumba, de Grand-et-Ouen et de Bini-Awarak.
00:49:40 Nous continuons de parler de l'eau et de l'énergie, tel qu'annoncé par le président de la République, notamment en termes d'évaluation de ce qui a été fait en 2023 et de ce qui sera fait en 2024.
00:49:56 Tout à l'heure, je me posais la question, et nous posons la question, les Camerounais se posent la question.
00:50:04 On annonce depuis un certain nombre de barrages qui sont construits, qui sont mis en service.
00:50:09 On annonce des projets d'alimentation en eau, mais jusque-là, les populations continuent d'attendre, pour certaines, que l'eau coule à flot dans le robinet,
00:50:25 qu'elles aient de l'énergie à suffisance.
00:50:29 Du coup, on se demande, c'est quoi le problème entre la construction des barrages, la construction des infrastructures et l'effectivité du service dans les domiciles, dans les ménages, dans les industries ?
00:50:43 C'est quoi le problème ? Pourquoi on a le sentiment qu'il y a parfois un gap ?
00:50:47 Alors, Madame Ebenga, je vais le dire ici pour vos téléspectateurs et pour la gouvernance de tous.
00:50:52 Vous devez savoir que les projets énergétiques, que ce soit les projets d'adduction d'eau, que ce soit les projets énergétiques, ont un aspect technique très important préalable.
00:51:01 Quand on parle d'aspect technique préalable, ce n'est pas en fait un langage creux.
00:51:06 C'est tout simplement pour dire que pour mettre en place un barrage hydroélectrique, il faut des études préalables.
00:51:13 Après les études, il faut trouver des financements. Et c'est généralement où le point achoppe.
00:51:18 Parce que les financements, généralement, ne sont pas à valvo.
00:51:24 Vous savez que vous ne pouvez pas arriver, vous trouvez que les financements vous attendent.
00:51:30 Il faut les chercher. Il faut savoir monter tous ces dossiers.
00:51:33 Et surtout aujourd'hui, plusieurs des bailleurs ne rentrent pas, privilégient leurs financements sur des aspects qui sont directement impactants et qui pèsent moins dans leurs enveloppes.
00:51:46 Et surtout, ceux où il y a effectivement des retours sur investissement.
00:51:50 Ça, c'est la première chose qu'il faut savoir.
00:51:52 Ça veut dire qu'on ne court pas en matière justement de projets de barrage hydroélectrique, par exemple.
00:51:58 C'est pour ça que ça prend en moyenne trois ans, globalement.
00:52:01 Vous avez vu qu'on a commencé Natsigal. Il faut faire des tests.
00:52:04 Et aujourd'hui, on a annoncé justement la mise en service.
00:52:07 Après les tests, ça va aller certainement plus vite.
00:52:10 Et ça va permettre justement de diminuer cette fracture énergétique.
00:52:14 Par contre, par rapport aux questions d'adduction d'eau, il y a des questions d'équipement.
00:52:19 Certainement, vous allez observer que les équipements qui sont mis en place aujourd'hui, qui avaient été exploités par une ancienne structure.
00:52:28 Si vous allez dans les zones anglophones, par exemple, où nous avons parfois travaillé,
00:52:33 vous avez des systèmes d'adduction d'eau qui sont complètement différents.
00:52:37 Les compteurs qu'on avait dans les années 80 existent encore dans certaines localités.
00:52:43 Pendant qu'aujourd'hui, on ne peut plus utiliser, on a renouvelé cette infrastructure.
00:52:48 Par ailleurs, il y a la croissance démographique.
00:52:51 Les villes qui grandissent, l'urbanisation accélérée.
00:52:54 Il faut le reconnaître que davantage avec la croissance démographique, il y a une plus grande nécessité des besoins qui s'expriment.
00:53:03 Les besoins sont illimités en nombre devant les moyens qui sont tellement limités.
00:53:07 Et globalement, l'État se fait accompagner par les bâtiments.
00:53:10 C'est pour ça d'ailleurs qu'il y a eu une initiative de ramener justement les investisseurs locaux à s'intéresser à ces chantiers qui concernent la plupart des Camerounais.
00:53:20 Donc l'État va au rythme des moyens disponibles, je pense très bien.
00:53:26 Les choses évoluent dans le sens de permettre que toutes les populations,
00:53:31 c'est-à-dire qu'aujourd'hui vous avez 43% de la population rurale qui a accès à l'eau potable,
00:53:36 on diversifie les sources d'adduction d'eau potable.
00:53:40 C'est pour ça que vous avez les forages qui sont faits au niveau communautaire.
00:53:44 Et le relais doit être pris justement par les mairies et justement les collectivités territoriales décentralisées de façon générale.
00:53:51 Reste qu'il y a un déficit à résorber, qu'il s'agisse de l'énergie ou de l'eau.
00:54:01 Et derrière il y a quand même des infrastructures qui ont été construites,
00:54:06 il y a des barrages qui ont été construits, mais sans que cela ne se ressente véritablement dans le quotidien des Camerounais.
00:54:16 En réalité c'est justement ce que nous disions tout à l'heure, c'est que ça prend du temps,
00:54:20 parce que certainement quand on analyse les situations publiques, les situations politiques,
00:54:26 ou encore simplement la situation de façon stratégique,
00:54:30 on constate très bien que, vous prenez le cas du barrage de réservoir de Lom-Pangar,
00:54:36 il est fait pour permettre d'atténuer les effets justement des périodes de crue de Son-Loulou,
00:54:42 pour que les 120 MW qui vont être afflués de ce côté,
00:54:47 que les structures qui sont liées au barrage de Son-Loulou qui a été là,
00:54:52 ne soient pas justement en déficit ou encore ne soient pas en manque d'énergie
00:54:57 pendant les périodes de sécheresse, pour parler très trivialement.
00:55:00 Et donc globalement, vous voyez que ce barrage réservoir devait d'abord être construit
00:55:07 pour alimenter justement les 120 MW qui pouvaient être la supplémentation en énergie.
00:55:12 Maintenant vous avez Nacigal qui arrive, et je vous dis que, je pense,
00:55:17 quand vous analysez l'ensemble justement du projet, qui va apporter un autre supplément de 420 MW.
00:55:23 Mais au niveau de Lom-Pangar par exemple, comme on a constaté que la zone,
00:55:27 les villes de Berthois par exemple, les environs, qui souffrent justement de ces défis en énergie,
00:55:33 alors qu'ils ont justement le barrage de Lom-Pangar qui est un barrage réservoir,
00:55:37 on a mis en place une usine à pied qui va produire près de 32 MW,
00:55:41 et qui va donc permettre d'alimenter justement cette ville et les environs.
00:55:45 En plus de cette usine de pied, il y a également la construction de la ligne de transport
00:55:50 de Hala, de Yaoundé à Mampong.
00:55:53 Exact, et vous comprenez aussi qu'il y a cette connexion avec le Grand Nord,
00:55:59 le réseau interconnecté Grand Nord, qui permet donc d'avoir une fluidité d'énergie du sud au nord,
00:56:04 et pourquoi pas maintenant vers la Centrafrique et même le Tchad.
00:56:09 Parfois, ce que nous voulons faire ne dépend pas toujours des réalités locales,
00:56:14 parce qu'il faut tenir compte des voisins, et parce qu'effectivement,
00:56:17 on parlait tout à l'heure du gaz, les gazoducs.
00:56:20 Dans d'autres pays aujourd'hui, vous avez, quand vous regardez les pays comme le Mali, le Ghana, le Nigeria,
00:56:26 il y a effectivement une logique de faire communiquer à travers tous ces pays
00:56:31 des projets inter-africains qui permettront à l'Afrique d'avoir une sorte de souténabilité de son énergie,
00:56:37 et une sorte justement d'indépendance énergétique qui peut permettre à l'Afrique de consommer son énergie,
00:56:45 de changer entre pays africains à travers justement l'intégration,
00:56:50 qui passe aussi par la construction des différentes infrastructures.
00:56:53 Vous avez parlé tout à l'heure, dans l'autre plateau, vous avez parlé des routes,
00:56:56 ces infrastructures qui peuvent donc asseoir justement l'accélération de cette intégration-là.
00:57:02 Mais je voudrais beaucoup plus insister chez nous ici sur la mise en place et l'accélération de la décentralisation.
00:57:09 C'est cette décentralisation qui doit effectivement être susceptible, avec les moyens et les compétences transférés,
00:57:16 de pouvoir capter justement ces opportunités et asseoir le développement local
00:57:22 pour éviter justement cette dépendance vis-à-vis parfois, n'est-ce pas, de l'administration centrale.
00:57:27 Parce qu'aujourd'hui, vous avez la Camwater, mais c'est vrai que la Camwater,
00:57:31 on va dire que c'est l'unité centrale de cette production-là et de cette distribution,
00:57:35 mais il faudrait aujourd'hui imaginer que dans les villages, en dehors de ce que la source principale peut venir,
00:57:44 il y a le projet Paepis, d'ailleurs, en dehors de tous ces projets-là,
00:57:49 qu'on imagine que dans les villages, on a les forages qui sont mis en place par les communautés.
00:57:53 À l'époque, nous étions dans le programme d'appui à la décentralisation et développement local, la GIZ,
00:57:58 mais on avait étudié dans certaines villes des projets d'adduction d'eau
00:58:02 où on amenait les populations à maîtriser la gestion des ressources locales.
00:58:06 Et ça, c'est des projets participatifs qu'on peut créer au sein de chaque unité,
00:58:12 au sein de chaque collectivité territoriale décentralisée.
00:58:14 C'est donc aux collectivités territoriales décentralisées de prendre le relais du pouvoir central.
00:58:19 Derrière tout cela, il y a la question des financements,
00:58:21 qu'il faut peut-être adresser en s'imaginant qu'il faut diversifier les sources de financement.
00:58:27 C'est exactement la solution aujourd'hui.
00:58:29 Dans tous les pays, d'ailleurs le NEPAD le recommande.
00:58:32 Vous savez, le nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique, depuis longtemps,
00:58:35 a recommandé qu'il faut rechercher à diversifier les partenariats, non seulement,
00:58:40 mais aussi les sources de financement pour asseoir une sorte de souveraineté ou d'indépendance vis-à-vis de l'adduction d'eau.
00:58:48 C'est important, que ce soit sur le plan énergétique, que ce soit sur le plan justement de l'adduction d'eau potable.
00:58:54 C'est important aujourd'hui de rechercher des financements sûrs
00:58:58 et il y a des guichets.
00:59:00 Et c'est parce que justement, on ignore la plupart, que ce soit les mairies,
00:59:04 parce que les mairies ont la personnalité juridique d'aller rechercher ces financements, ces partenariats.
00:59:09 Vous avez les syndicats de communes.
00:59:11 Il s'est inscrit dans la loi de la décentralisation qu'il y a des syndicats de communes à mettre en place.
00:59:16 Ces syndicats de communes sont des cadres dans lesquels on peut amener plusieurs communes à se mettre ensemble.
00:59:21 La mutualisation des efforts pour financer certains projets.
00:59:26 Au-delà du FECOM, qui est là pour les accompagner, on peut rechercher des partenariats.
00:59:31 J'ai vu, il y a une vision au niveau du ministère de l'Eau et de l'Énergie par exemple,
00:59:36 une vision sur le fleuve Sanaga.
00:59:39 Vous avez parlé au présent de République, a d'ailleurs évoqué le projet de barrage de Kikwom BP,
00:59:44 qui doit aussi apporter une supplémentation en énergie électrique par exemple.
00:59:49 Donc c'est important de le mentionner.
00:59:52 C'est important d'intégrer que les sources de financement doivent être diversifiées.
00:59:56 C'est important d'intégrer qu'on doit capter les financements issus de la finance verte.
01:00:01 Quand on parle de la finance verte, on parle de la finance climatique.
01:00:04 Monsieur Diep François Sama Bono, merci d'être venu sur le plateau.
01:00:08 C'est moi qui veux remercier l'invitation.
01:00:20 Accroître les exportations grâce à la mine solide,
01:00:24 c'est l'une des possibilités évoquées par le président de la République
01:00:29 lors de son adresse à la Nation le 31 décembre dernier.
01:00:33 Ces exportations de mine solide pourraient notamment permettre au Cameroun
01:00:36 de disposer de réserves et de dévises pour pouvoir impacter le développement,
01:00:43 pour pouvoir financer des projets de développement à l'intérieur de notre pays.
01:00:49 Nous en parlons avec Monsieur Daniel Macker Elungna,
01:00:53 qui est secrétaire national permanent du processus de Kimberley au Cameroun.
01:00:57 Bienvenue sur le plateau.
01:00:58 Merci.
01:00:59 Justement, nous allons écouter l'extrait de ce discours
01:01:02 relatif à la mine solide, en particulier l'or,
01:01:06 cette mine solide qui pourrait être pourvoyeuse de dévises pour notre pays.
01:01:11 Nous écoutons le président de la République.
01:01:13 La mine solide, en particulier l'or,
01:01:18 nous semble constituer à cet égard une niche exceptionnelle de ressources financières.
01:01:25 Notre pays dispose en effet d'importantes réserves minières non exploitées
01:01:33 que nous devons valoriser.
01:01:36 Je me réjouis du démarrage des projets miniers que j'ai annoncés l'année dernière
01:01:43 concernant l'exploitation des gisements de fer de Cribi, Lomé, Ndobé,
01:01:49 Pipi, Grand Zambie et Mbalam Nabeba.
01:01:54 Alors, vous venez d'écouter le président de la République
01:01:57 qui parle de réserves minières non exploitées.
01:02:00 Vous qui êtes sur le terrain, vous qui êtes dans ce secteur,
01:02:03 dites-nous, quelles sont ces réserves minières ?
01:02:06 Merci pour la question que vous posez, Madame Ndukesma Ebenga.
01:02:11 Il faut dire que le Cameroun peut être un scandale géologique.
01:02:19 Il faut dire qu'au Cameroun, nous disposons déjà des substances précieuses et semi-précieuses
01:02:25 que sont l'or, le diamant, le saphir, les émeraudes.
01:02:31 Nous disposons des minéraux industriels, des métaux de base, des substances énergétiques
01:02:40 Nous disposons d'un énorme potentiel en matériaux de construction, d'ornementation et de viabilisation.
01:02:47 Nous disposons encore d'un potentiel qui n'est pas encore connu, d'hydrocarbures.
01:02:52 Parce qu'il faut dire qu'avant de penser que les hydrocarbures ne peuvent plus beaucoup
01:03:00 renflouer les caisses de l'État, il y a encore des possibilités d'augmenter notre production en hydrocarbures
01:03:06 parce que nous avons des champs pétroliers où il faut continuer la recherche
01:03:10 dans le grand bassin sédimentaire du Logone-Birny, dans le grand bassin sédimentaire de Douala-Kirby-Campo
01:03:16 et nous pouvons aussi explorer le secteur des hydrocarbures non conventionnels
01:03:20 comme les schistes bituminaires de Barbourie-Figuil, les black shells de Manfay
01:03:25 qui peuvent permettre de remonter la production des hydrocarbures et remonter les recettes de ces secteurs-là dans notre économie.
01:03:34 Il faut aussi dire que dans le cadre des grands champs qui ont été exploités, il y a des possibilités
01:03:40 parce que vous savez, lorsque la production s'aménuise, il y a des possibilités que les hydrocarbures soient renfermés dans les réservoirs.
01:03:48 Alors il est important de stimuler ces réservoirs pour augmenter la possibilité et permettre de capitaliser
01:03:54 et de produire ces hydrocarbures qui seraient enfermés dans ces réservoirs pour augmenter la production des hydrocarbures dans notre pays
01:04:01 et par ricochet, augmenter la contribution du pétrole dans l'économie de notre pays.
01:04:07 Maintenant parlons de la mine solide que le chef de l'État évoquait comme l'or.
01:04:13 Le Cameroun dispose d'un énorme potentiel en or. Nous avons de l'or dans le sud, nous avons de l'or à l'est,
01:04:21 nous avons de l'or dans la Damaroa, nous avons de l'or dans le nord, à l'extrême nord, nous avons de l'or au sud-ouest.
01:04:29 Et actuellement il y a une intense activité d'exploitation d'or dans notre pays,
01:04:35 non seulement une activité d'exploitation artisanale mais une exploitation artisanale sémimécanisée
01:04:40 qui pourrait même être qualifiée d'une exploitation industrielle parce que dans d'autres pays comme le Burkina Faso,
01:04:46 c'est ce que nous appelons sémimécanisé ici qui est qualifié d'exploitation industrielle dans ce pays.
01:04:51 Et cette activité produit énormément d'or qui pourrait être capitalisé et renforcer non seulement les réserves de l'État
01:04:59 mais produire aussi beaucoup de recettes dans les caisses de l'État.
01:05:03 Cette niche de recettes, comment est-ce qu'elle se décline concrètement ?
01:05:10 Ce secteur constitue une niche pour notre pays parce que nous avions instauré dans ce secteur ce qu'on appelle le partage de production.
01:05:17 Cela veut dire que les sociétés produisent et il y a un contrôle drastique qui est fait au quotidien pour rélever les quantités d'or produites.
01:05:27 Et à la fin de chaque mois, il faut passer au partage de production parce que l'impôt dans ce secteur n'est pas numéraire,
01:05:35 c'est-à-dire que c'est un impôt qu'on collecte en nature.
01:05:38 Cela veut dire que l'État au lieu de prendre l'argent comme ça se passe à l'accoutumée, l'État récupère sa part en or.
01:05:46 Que ce soit l'impôt synthétique libératoire ou même les droits de sortie pour l'exportation de cet or, c'est prélevé en nature.
01:05:55 Cela fait que cet or qui est théorisé au niveau de la caisse de consignation et de dépôt peut permettre à l'État de constituer sa réserve d'or.
01:06:08 Cette réserve d'or peut permettre à l'État non seulement d'avoir des DTS, qu'on appelle les droits de tirage spéciaux,
01:06:14 au niveau du FMI, mais aussi de constituer un élément pour des emprunts obligataires,
01:06:23 pour attirer les investisseurs dans le secteur minier dans notre pays.
01:06:29 Donc, il est important que l'État constitue sa réserve d'or parce que tous les pays économiquement puissants ont des réserves d'or.
01:06:36 Même ceux qui n'en disposent pas des mines ont des réserves en or.
01:06:40 La France n'a pas une mine d'or, mais elle dispose d'un énorme stock d'or.
01:06:45 Les États-Unis, la Chine, ce sont ces stocks d'or qui constituent la puissance économique de ces pays parce que ça constitue le PIB.
01:06:53 Il est important que nous aussi au Cameroun, nous puissions capitaliser et pouvoir tracer toute cette production.
01:07:00 Parce qu'il faut dire qu'en dehors des taxes et des droits de sortie qui sont prélevés en nature,
01:07:08 les opérateurs, lorsqu'ils doivent exporter ce stock d'or dans les circuits formels, doivent encore payer des droits à l'État.
01:07:16 Et si ce stock d'or n'est pas suivi, s'il n'est pas tracé, alors nous perdons cette niche de recettes-là.
01:07:22 Donc, il est indéniablement démontré et prouvé que le secteur orifère constitue une grosse niche de recettes pour notre pays et pour notre économie.
01:07:31 On connaît donc déjà quel est le potentiel mini au Cameroun, mais on aimerait bien, à la suite du président de la République et des différents chantiers qu'il a évoqués,
01:07:40 que vous nous fassiez le point sur l'exploitation de ces projets minis.
01:07:45 Actuellement au Cameroun, nous avons, comme le chef de l'État l'a mentionné dans son discours, trois grands projets qui ont déjà démarré dans le secteur des méthodes de base, c'est-à-dire le fer.
01:07:59 Nous avons le projet de fer de Bipindi-Grand Zambie avec la société Bocom.
01:08:06 Nous avons le projet de mamelles de fer, de mamelles de crébis avec Sinostil. Et puis nous avons le projet de Mbalam Nabeba avec la société CMC.
01:08:17 Il faut dire que les travaux au niveau de ces trois projets ont réellement commencé.
01:08:23 Au niveau de Mbalam Nabeba, là-bas, c'est encore plus évident parce qu'il faut dire que le taux de concentration de fer dans cette zone-là,
01:08:34 on n'a pas besoin d'enrichir le fer. Au niveau du lusément de Mbalam Nabeba, on exploite directement ce qu'on appelle le DSO, direct shipping ore.
01:08:43 Ça veut dire que nous récupérons ce fer-là, il va directement à la commercialisation.
01:08:48 On ne peut pas attendre la construction du chemin de fer, qui est encore un projet longtemps,
01:08:55 mais commencer déjà à exploiter ce fer qui peut être rapidement vendu et procurer des recettes à l'état du Cameroun.
01:09:05 Maintenant, le projet de Bipindi-Grand Zambie, là-bas, la mine est déjà en construction, des routes ont déjà été faites,
01:09:14 les engins pour l'exploitation sont déjà disponibles sur le terrain.
01:09:18 Donc, c'est une activité qui va aussi commencer bientôt. Il faut dire que le chef de l'État prescrit une transformation locale.
01:09:28 Cette transformation locale qui vient de créer de nouvelles industries, et ces industries-là qui vont employer beaucoup de jeunes Camerounais,
01:09:36 qui vont permettre aux Camerounais de se positionner comme leaders dans ce secteur en Afrique centrale.
01:09:41 Le projet d'exploitation de fer des mamelles de Cribi aussi a déjà démarré parce que tous les équipements d'exploitation sont déjà là.
01:09:52 Le début de la construction même du terminal minéralier est en cours, et sur le terrain, des activités, des essais sont déjà en cours
01:10:01 dans le cadre du projet Sinostil pour le fer des mamelles de Cribi.
01:10:07 Maintenant, il faut dire qu'en dehors de ces trois projets sur les métaux de base qu'a cité le chef de l'État,
01:10:14 il y a d'autres. Il y a le projet d'exploitation de la mine d'or de Colombine par la société Comicor,
01:10:22 qui est une filiale de Codias, et qui est une société détenue par les Camerounais.
01:10:27 Le ministre des Mines et ses experts ont effectué une mission sur le terrain dernièrement pour voir déjà
01:10:33 comment est-ce qu'on pouvait implémenter un système de traitement en circuit fermé, carbon inleash,
01:10:39 pour permettre de maximiser la récupération et de préserver l'environnement.
01:10:44 Il faut dire que dans le cadre de ce projet, cette société devra produire 120 000 onces d'or sur les 10 ans.
01:10:53 Aujourd'hui, l'once d'or coûte 2 050,9 dollars.
01:10:59 Cela veut dire que c'est un projet, même comme il est la petite mine, qui va permettre à l'État
01:11:05 d'engranger beaucoup de recettes et de constituer une énorme, importante réserve en or.
01:11:10 Nous avons aussi le projet d'exploitation de la petite mine d'or de Morguenay par Betaroya,
01:11:17 par la société Caminco, qui est très avancée, qui devra aussi permettre à l'État d'avoir beaucoup de ressources dans le secteur de l'or.
01:11:24 Nous avons le projet d'exploitation de la mine d'or de Bibémy par la société Orial.
01:11:29 Les travaux sont aussi très évolués là-bas.
01:11:32 Nous n'oublions pas le secteur de la borsite, parce que le potentiel borsiti de notre pays est très important.
01:11:38 Nous avons la borsite en Gaoundal, nous avons la borsite en Minimartap, nous avons la borsite à Fongo-Tongo,
01:11:45 nous avons la borsite à Banguem, nous avons la borsite dans le Noun.
01:11:49 Et le projet de Minimartap est assez avancé.
01:11:55 Comment faire en sorte que le Cameroun profite de ce potentiel-là ? Comment le capitaliser ?
01:12:05 Vous savez, quand un projet démarre, il faut un certain temps, ça peut aller entre trois mois et six mois, ou un an,
01:12:13 pour qu'on commence à commercialiser la production.
01:12:15 C'est à partir de la commercialisation de cette production que l'Etat peut déjà commencer à avoir des recettes.
01:12:22 Donc il faut dire qu'il y a des projets qui sont déjà en cours, qui ont démarré, ou l'activité a démarré.
01:12:28 Mais par contre, pour ce qui est de l'or, l'or lui constitue déjà une recette,
01:12:34 parce que nous avons déjà une réserve très importante au niveau du ministère des Finances,
01:12:39 qui sera transférée à la Caisse de Conscience et des Dépôts.
01:12:43 Il faut dire que dans ce secteur-là, déjà, ce tort-là, il est déjà constitué.
01:12:48 Ça veut dire qu'on ne parle pas du futur, parce qu'il est déjà là, il est visible.
01:12:52 Récemment, il y a eu une rétrocession d'une quantité d'or de 218 kilos par la tsunami au ministre des Finances.
01:13:01 Donc c'est pour dire que la ressource est déjà disponible.
01:13:04 Maintenant, pour mieux capitaliser ce secteur d'activité, comme vous l'avez aussi bien demandé,
01:13:12 il est important que dans tous les projets, on passe au partage de production,
01:13:18 pour que l'État puisse lui-même disposer de ses ressources.
01:13:24 Étant donné que nous voulons créer une industrie locale,
01:13:28 l'État pourra mettre sa part au profit de cette industrie locale.
01:13:34 En dehors du partage de production, il faut dire qu'il est important, déjà,
01:13:38 pour ce qui est des ressources qui sont produites, comme l'or, comme les diamants,
01:13:43 de tracer toute la production.
01:13:46 Parce que lorsque toute la production est tracée, on maîtrise les réels volumes de production.
01:13:51 En ce moment, on sait à quoi s'attendre.
01:13:53 Ça permet qu'il n'y ait pas de fuite et que cette activité n'entre pas dans le cadre du blanchiment d'argent,
01:14:01 de l'enrichissement illicite que le président de la République décrit tant.
01:14:06 Dans quoi le processus de Kimberley pourrait aider le Cameroun ?
01:14:09 Il faut dire que le processus de Kimberley est non seulement un organe de gouvernance minière,
01:14:16 mais aussi une structure d'encadrement du secteur minier.
01:14:21 Le processus de Kimberley est non seulement chargé du contrôle de la traçabilité de la production,
01:14:27 mais aussi de la lutte contre la contrebande et le trafic illicite de ces substances minérales.
01:14:33 Le processus de Kimberley, dans son rôle, devra accentuer le contrôle sur le terrain
01:14:39 et surtout la traçabilité de toute la production, que ce soit de l'or, que ce soit du diamant,
01:14:44 pour permettre à l'État de maîtriser les volumes de production et mieux capitaliser cette activité
01:14:50 et recouvrir un maximum de recettes.
01:14:52 Voilà en quoi le processus de Kimberley sera utile.
01:14:55 Il faut dire qu'aujourd'hui, on s'est rendu compte que le diamant,
01:15:00 l'exploitation et la commercialisation du diamant sont maîtrisés.
01:15:03 Lorsque l'État, à travers la sonamine, a déjà récupéré les impôts, les droits de sortie,
01:15:11 on devrait pouvoir connaître la dévolution de l'or qui reste de la part des sociétés, des opérateurs.
01:15:20 Mais quand on regarde les quantités qui sont exportées de façon légale,
01:15:24 les chiffres de la direction des mines ou de la direction générale des douanes,
01:15:27 il y a une totale inadéquation. Où va cet or ?
01:15:30 À qui profite cet or ? Pourtant cet or qui est exporté doit encore rapporter des taxes à l'État.
01:15:37 Alors s'il n'y a pas une traçabilité rigoureuse de cette ressource-là,
01:15:42 ça peut être la panacée des seigneurs de guerre, des blanchisseurs d'argent
01:15:47 et de tous ces détourneurs qui sont tapis dans l'ombre,
01:15:50 qui veulent empircader le secteur minier dans l'obscurité pour mieux faire leurs affaires.
01:15:56 Merci beaucoup M. Daniel Macker-Elungna, secrétaire nationale permanent du processus de Kimberley au Cameroun.
01:16:04 Merci Madame Lucrezme Benga de m'avoir invitée.
01:16:07 Retour sur ce plateau. Tous les efforts du Cameroun seront vains,
01:16:19 tous les efforts en termes d'investissement seront vains
01:16:22 si la corruption continue de gangriner notre économie.
01:16:27 Et le président de la République a justement fustigé ce qui apparaît véritablement
01:16:32 comme un serpent de mer, comme un cancer social.
01:16:36 Nous en parlons sur ce plateau avec Benjamin Foudaifah
01:16:39 qui est chargé d'études à la Commission nationale anticorruption.
01:16:42 Bonsoir et bienvenue.
01:16:43 Bonsoir Lucrezme, je salue les sympathiques téléspectateurs de la SiarTV.
01:16:48 Si vous en avez convenance, on écoute le président de la République.
01:16:52 La lutte contre la corruption et les détournements de déni public
01:16:58 est très clairement un impératif pour la préservation des ressources publiques.
01:17:05 Elle va connaître une intensification notable au cours de l'année qui s'annonce.
01:17:13 Benjamin Foudaifah, lorsque vous entendez cette mise en garde du président de la République,
01:17:19 vous à la CONAC, comment est-ce que vous réagissez ?
01:17:22 C'est le chef de l'État qui parle, c'est le président de la République,
01:17:27 c'est lui qui a donné le la de la lutte contre la corruption.
01:17:32 Et aujourd'hui il dit, il parle d'intensification notable, et nous on souligne notable.
01:17:38 Parce que de toutes les façons, dans la politique du chef de l'État,
01:17:41 il y avait déjà l'intensification de la lutte contre la corruption.
01:17:44 Il estime qu'il faut faire plus maintenant, une intensification notable.
01:17:48 Donc au niveau de la CONAC, on s'est dit, allons-y, nous sommes disposés,
01:17:53 nous avons les moyens qui ont été mis à disposition par le président de la République,
01:17:58 moyens institutionnels, moyens financiers, moyens humains,
01:18:01 et donc il est arrivé certainement le temps de faire plus.
01:18:04 Alors lorsque vous dites que vous faites plus, on aimerait d'abord savoir ce que vous avez déjà fait.
01:18:09 Alors la CONAC est l'organe central de lutte contre la corruption au Cameroun.
01:18:13 Et donc naturellement, elle peut se prévaloir d'un certain nombre d'avancées,
01:18:18 depuis qu'elle a été mise sur pied.
01:18:21 Nous remarquons avec vous que la lutte contre la corruption est véritablement inscrite dans l'agenda du politique,
01:18:28 ce qui n'était pas le cas avant, et que cette lutte est dans la conscience collective.
01:18:33 De plus en plus de Camerounais sont au courant de ce qui est fait, et disent ne plus vouloir se laisser faire,
01:18:40 et donc dénoncent la corruption de plus en plus.
01:18:43 Et donc quand on a la dénonciation de la lutte contre la corruption, ça permet de savoir ce qui est fait.
01:18:49 Parce que quand ça se passe en cachette, on ne sait pas ce qui est fait, et personne ne peut agir.
01:18:53 Et de plus en plus de Camerounais se disent, rompons le silence, dénonçons la corruption.
01:18:58 C'est quelque chose qui permet d'avoir ce qu'on appelle aujourd'hui une véritable masse critique d'acteurs positifs,
01:19:04 qui sont engagés dans la lutte contre ce fléau.
01:19:07 Nous remarquons que les institutions fonctionnent, la CONAC et toutes les autres institutions mises sur pied par le Président de la République,
01:19:14 que certaines dispositions des conventions internationales ont été internalisées, même si ce n'est pas encore suffisant.
01:19:21 Mais il y a eu l'internalisation d'un certain nombre de dispositions des conventions internationales.
01:19:28 Les rapports sur la lutte contre la corruption sont publiés effectivement tous les ans.
01:19:32 Et naturellement, il y a des dispositions institutionnelles qui sont prises,
01:19:38 par exemple pour le recouvrement des fonds qui ont été détournés du fait de la corruption.
01:19:45 La CONAC a gagné en expérience et en expertise et il y a aujourd'hui véritablement la peur du gendarme, ce qui n'était pas le cas.
01:19:53 Aujourd'hui, lorsque vous voulez poser des actes de corruption, vous avez tendance vraiment à le faire en cachette.
01:19:58 Parce que là, tout le monde pourrait être surpris.
01:20:00 - Vraiment ?
01:20:01 - Vous pouvez être surpris. En dehors de la corruption à ciel ouvert qui est encore vécue sur les axes routiers par exemple,
01:20:06 encore que même jusque là, on voit très bien que ceux qui font la corruption à ciel ouvert lors des contrôles routiers
01:20:11 le font également avec un certain type de precautions. Le billet d'argent est glissé dans le dossier ou alors on passe par derrière pour le donner.
01:20:18 - On a envie de vous dire que ça c'est de la corruption à petite échelle ?
01:20:20 - Ça c'est la corruption à petite échelle à ciel ouvert. Elle fait autant de mal que celle où on détourne des milliards.
01:20:26 - Je voudrais qu'on s'arrête s'il vous plaît sur deux éléments que vous avez cités.
01:20:31 Le rapport anticorruption qui est publié chaque année. Vous avez également parlé de recouvrement.
01:20:36 Alors sur ces deux aspects là, le rapport lorsqu'il est publié, qu'est-ce qu'il advient de ce rapport ?
01:20:42 Qu'est-ce qui se passe par la suite ? Et les recouvrements dont vous avez parlé, est-ce qu'on peut avoir les chiffres ?
01:20:48 - D'accord. Sur la question du rapport, vous devez savoir que le décret qui crée la CONAC
01:20:54 permet à cette institution d'arriver jusqu'à la publication du rapport.
01:20:58 Et ce rapport qui est adressé au chef de l'État est également rendu public.
01:21:03 Mais en même temps, c'est un rapport qui est fait avec la contribution de tout le dispositif anticorruption national.
01:21:13 C'est-à-dire que dans le rapport qui est rendu en fin d'année par la CONAC,
01:21:17 il y a les actions qui sont menées par les institutions, comme le CONSUP, comme le TCS.
01:21:24 - Et en ce qui concerne le recouvrement ?
01:21:26 - Sur le recouvrement, bien sûr que depuis 2002, on a permis à la SRC de procéder au recouvrement des fonds
01:21:35 qui ont été détournés du fait de la corruption.
01:21:38 Et vous pouvez remarquer avec nous à Yaoundé qu'il y a des plaques devant des immeubles où il y a inscrit "SRC", c'est les immeubles saisis.
01:21:46 Donc effectivement, il y a le recouvrement. Et d'ailleurs, je vois sur la CRTV l'annonce des ventes aux enchères,
01:21:51 des biens de certaines personnes qui ont eu mal à partir avec la justice.
01:21:55 Mais en ce qui concerne la Commission nationale anticorruption,
01:21:58 elle n'est pas capable de quantifier le recouvrement qui est fait par toutes les institutions nationales.
01:22:03 Et d'ailleurs, la CONAC, elle n'est pas un organe de recouvrement.
01:22:05 Mais ça n'a pas empêché à cette institution, entre 2011 et 2017, de pouvoir faire l'évaluation des sommes
01:22:13 qui ont été recouvrées effectivement par l'État à la suite des investigations menées par la CONAC,
01:22:19 et aussi des sommes qui auraient pu être dilapidées et qui ne l'ont pas été du fait des enquêtes de la CONAC qui ont stoppé la procédure.
01:22:27 Donc ça permet qu'entre 2011 et 2017, la CONAC a réussi à faire entrer dans les caisses de l'État pas moins de 1652 milliards de francs CFA
01:22:38 qui sont issus donc de divers domaines, parfois des fonds dormants dans les banques, des enquêtes qui ont été menées, et bien d'autres secteurs.
01:22:47 Mais c'est de l'argent frais qui a pu retourner dans les caisses de l'État du fait des enquêtes menées par la CONAC.
01:22:53 Et vous vous rendez compte qu'il n'y a pas que la CONAC qui peut faire entrer des fonds dans les caisses de l'État à cause de la lutte contre la corruption,
01:23:02 puisqu'elle n'est même pas une institution de lutte contre la corruption, mais elle parle des fonds qui sont recouvrés à la suite de ces enquêtes,
01:23:09 en ayant saisi le ministre des Finances pour demander de recouvrir de l'argent à tel ou tel endroit à la suite d'une telle ou telle enquête.
01:23:15 De quels outils vous disposez pour mener vos actions sur le terrain ?
01:23:19 C'est le dispositif national anticorruption qui dispose de ces outils. C'est d'abord la stratégie nationale de lutte contre la corruption.
01:23:27 Il a fallu en 2010, lorsque la CONAC devenait véritablement opérationnelle, de faire un état des lieux, de faire un véritable diagnostic dans une approche totalement participative
01:23:37 qui a permis d'avoir des avis dans les dix régions, en regroupant des personnalités des secteurs concernés pour avoir la situation de la corruption envisagée des solutions.
01:23:49 Et cela a permis donc d'avoir la stratégie nationale de lutte contre la corruption qui a été validée par le gouvernement de la République.
01:23:56 Et dans la stratégie nationale, il y a un outil qu'on appelle le PRECIS.
01:24:00 Le PRECIS est l'outil principal de lutte contre la corruption au Cameroun aujourd'hui, avec des actions mobilisables au même moment,
01:24:07 qui sont des actions de prévention, des actions d'éducation, de condition, d'incitation et de sanction.
01:24:14 En dehors de ces outils qui sont dans la stratégie nationale, on dispose de ce qu'on appelle les initiatives à résultat rapide.
01:24:22 C'est-à-dire qu'on peut mobiliser une administration en demandant à cette administration de cibler un problème de corruption au sein de l'institut
01:24:32 et de se donner les moyens de le résoudre en 100 jours.
01:24:36 Et je peux vous assurer qu'il y a des résultats.
01:24:39 En dehors de ça, il y a les plans régionaux de lutte contre la corruption.
01:24:42 On peut appeler gratuitement à travers le 1517. On peut également saisir la CONAG aujourd'hui par WhatsApp à travers son numéro 658 26 26 82.
01:24:52 Et il y a également le programme national d'éducation à l'intégrité.
01:24:57 On a le sentiment, en regardant notre société aujourd'hui, qu'il y a quand même encore des véritables postes de résistance.
01:25:04 Quels sont les entraves à votre combat ?
01:25:10 Écoutez, le chef de l'État lui-même, en visitant le stand de la Commission nationale anticorruption lors du commisse agro-pastoral à Ebolova, en 2011,
01:25:22 il dira au président de la CONAG que c'est un combat de longue haleine.
01:25:26 Il est très bien conscient que ce n'est pas quelque chose qui va finir par un décret qui sera pris, par un claquement de doigts ou par la création d'une institution.
01:25:36 C'est vraiment quelque chose qui se gère dans la durée.
01:25:40 Et c'est pour ça que la CONAG veut investir sur le changement des mentalités.
01:25:45 Mais puisque vous parlez des entraves, il y en a.
01:25:49 Je puisse vous dire qu'il y a des blocages au niveau peut-être institutionnel, au niveau de l'insuffisance des ressources, au plan du dispositif institutionnel qui existe en ce moment.
01:26:00 La CONAG plaide pour la mise sur pied d'une loi anticorruption au Cameroun.
01:26:05 Que l'on adopte une loi anticorruption qui permettra de criminaliser de manière globale tous les actes de corruption qui peuvent avoir lieu.
01:26:14 Par exemple, aujourd'hui, l'internalisation de la Convention des Nations Unies qui a eu lieu en 2016 dans le Code pénal camerounais n'a pas pris en compte l'enrichissement illicite.
01:26:26 Or, pour nous, à la CONAG, voilà l'un des principaux problèmes.
01:26:29 L'enrichissement illicite.
01:26:31 Parce que parfois, il est compliqué de trouver les preuves qui vous permettent de dire que telle personne a détourné de l'argent ou que telle personne a été corrompue.
01:26:40 Mais au moins, on sait à peu près que sont les revenus de chaque personne qui travaille dans l'administration publique et même dans le privé.
01:26:47 Et lorsque l'on voit un type d'investissement qui sont effectués, si l'enrichissement illicite était criminalisé,
01:26:54 on serait en mesure aujourd'hui d'interpeller des gens qui font pousser des immeubles à gauche et à droite dans le cas du blanchiment de l'argent qui est détourné, par exemple.
01:27:04 Et en termes de blocage encore, pourquoi est-ce que nous demandons une loi anticorruption ?
01:27:09 Au-delà de la criminalisation de l'enrichissement illicite,
01:27:18 il y a également que nous pensons qu'il faut envisager donner une véritable personnalité juridique et une autonomie financière aux institutions de lutte contre la corruption,
01:27:28 notamment la Commission nationale anticorruption.
01:27:31 Il est question pour la CONAC aujourd'hui de continuer son plaidoyer pour avoir une loi anticorruption,
01:27:37 avoir des démembrements territoriaux, mais aussi avoir davantage de ressources pour faire son travail.
01:27:46 Mais avec le dispositif actuel, elle continue de faire ce qu'elle a l'habitude de faire.
01:27:52 C'est-à-dire que nous recevons les dénonciations, nous les traitons,
01:27:56 et dans le cas des flagrants délits, les personnes sont traduites en justice immédiatement.
01:28:01 Et lorsqu'il s'agit des enquêtes approfondies, on transmet à qui de droit qu'ils décident des poursuites.
01:28:06 Merci, M. Benjamin Foudaifah, chargé d'études à la Commission nationale anticorruption.
01:28:11 Avec vous, nous mettons un terme à cette édition spéciale des questions économiques.
01:28:16 Madame, Monsieur, c'est la fin de cette édition spéciale des questions économiques.
01:28:21 Merci d'avoir été des nôtres. À très bientôt sur ces mêmes antennes.
01:28:26 [Musique]