Leyla Abdullayeva - "Il n'y a pas d'épuration ethnique dans le Haut-Karabagh !"

  • l’année dernière
Conflit du Haut-Karabagh : L’ambassadrice d’Azerbaïdjan, Leyla Abdullayeva en France en colère contre Les Républicains.
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##MIDI_ACTU-2023-06-16##

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Transcription
00:00 Il est 12h14, nous recevons Mme Leila Abdullayeva, qui est ambassadrice d'Azerbaïdjan en France. Madame, bonjour.
00:07 — Bonjour. — Merci d'être avec nous.
00:09 — Merci pour l'invitation. — Angé, avant de parler de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie,
00:12 je voudrais quand même parler du conflit entre l'Ukraine et la Russie. Est-ce qu'en Ukraine, l'agresseur est la Russie ?
00:18 — Notre position était claire. L'Azerbaïdjan soutient l'intégrité territoriale de l'Ukraine.
00:23 — Donc c'est clair. Pour vous, la Russie doit retirer ses troupes.
00:27 — Position est claire. Intégrité territoriale, c'est notre ligne rouge.
00:30 — Donc la Russie doit retirer ses troupes d'Ukraine.
00:33 — Si on parle de l'intégrité territoriale d'un pays, des droits souverains d'un pays, bien sûr qu'il n'y a aucune place
00:40 pour les forces extérieures d'être dans l'intégrité territoriale de notre pays, parce qu'on a souffert nous-mêmes, l'Azerbaïdjan,
00:47 de l'occupation militaire de l'Arménie. On a souffert, premier jour de notre indépendance qu'on a regagnée
00:52 après la chute de l'URSS, on se confrontait avec l'occupation militaire de l'Arménie.
00:57 30 ans, cette occupation a duré, a continué. 1 million de personnes azerbaïdjanais sont devenues personnes déplacées et réfugiées.
01:06 Et on a mis fin à cette occupation à la fin de la guerre de 2020, la guerre de libération.
01:11 — Voilà, la guerre de 2020. Alors, je vais y venir. Donc pour vous, c'est clair, la position du gouvernement d'Azerbaïdjan.
01:18 Est-ce que – je ne sais pas, moi – est-ce que vous pourriez jouer un rôle dans une éventuelle trêve ou d'éventuelle négociation de paix entre Ukrainiens et Russes ?
01:29 — Bien sûr. Nous avons des relations de coopération avec deux pays, avec la Russie, avec l'Ukraine, c'est-à-dire ces deux pays très proches
01:39 en Azerbaïdjan. Et on a même continué aujourd'hui l'aide humanitaire en Ukraine. Azerbaïdjan est un des premiers pays à envoyer l'aide humanitaire en Ukraine.
01:49 — Vous n'envoyez pas d'armes ? — Pas d'armes. Pas d'armes. C'est aide humanitaire, strictement.
01:53 — Strictement humanitaire. — Et bien sûr, Azerbaïdjan est intéressé que la guerre finisse le plus tôt possible.
02:00 Et nous faisons tout ce qui nous dépend pour qu'il n'y ait pas de guerre. — D'ailleurs, quelles conséquences pour votre pays, cette guerre ?
02:05 — Quelles conséquences ? Beaucoup de conséquences économiques, parce que la Russie, c'est un pays voisine du Nord.
02:12 Il y a des liens commerciaux avec les deux pays, avec l'Ukraine, avec la Russie. Ce sont deux pays où on a un grand diaspora azerbaïdjani dans tous les deux,
02:22 dans la Russie, dans l'Ukraine. Bien sûr, les autres influences aussi de la guerre. La guerre, c'est la destruction. Je dis parce qu'on a souffert deux fois.
02:33 On avait la guerre dans notre territoire souverain. Et voilà pourquoi on n'est pas intéressé dans la guerre.
02:40 — Alors je précise que l'Azerbaïdjan, pour ceux qui ne sauraient pas, est dans le Caucase sud, avec plusieurs frontières.
02:47 Frontière avec l'Iran. — Oui, au sud. — Au sud. Frontière avec le Dagestan, donc... — La Russie, au nord. Voilà.
02:57 — Au nord. Ah non, mais c'est important. Avec la Géorgie. Et frontière, alors là, évidemment, avec l'Arménie.
03:04 Alors vous, vous disputez un territoire qui s'appelle le Haut-Karabakh, qui est un territoire de... J'ai regardé, 3 170 km², c'est-à-dire un peu plus grand qu'un département français.
03:17 Tout d'abord, c'est pas territoire disputé. C'est territoire karabakh qui fait partie intégrante du territoire azerbaïdjani.
03:27 C'est-à-dire on parle toujours du soul souverain de l'Azerbaïdjan. Et c'est ça, la communauté... — Le Haut-Karabakh est azerbaïdjani. Pour vous, il n'y a pas de doute.
03:36 — Pour le moment, ce que vous disiez, Haut-Karabakh, ça existe pas. Haut-Karabakh était région oblaste, autonome, dans la période soviétique.
03:45 Après qu'on a regagné notre indépendance, la partie Karabakh et les territoires autour ont été occupés par les forces armées arméniennes.
03:54 Et à la fin de 2020, Azerbaïdjan a libéré ces territoires occupés. Et aujourd'hui, on a Karabakh comme une région azerbaïdjanaise.
04:02 — Donc c'est un territoire azerbaïdjanais. — Tout à fait. C'est un sol souverain azerbaïdjanais où on a...
04:09 — Ce n'est pas ce que disent certains Arméniens, hein, vous le savez. Et notamment les Arméniens qui habitent au Karabakh, dans ce territoire.
04:17 — Ce qui est important, c'est pas ce que disent les Arméniens ou bien les Azerbaïdjanais même. Ce qui est important, ce que dit le droit international.
04:24 C'est-à-dire que pour droit international, c'est le territoire souverain de l'Azerbaïdjan où des autres nationalités peuvent aussi habiter,
04:32 comme les Arméniens, parce qu'Azerbaïdjan, c'est un pays multiconfessionnel, multiethnique, multiculturel. C'est-à-dire...
04:39 — Alors justement, justement, vous avez vu, il y a de nombreux responsables politiques français, notamment républicains, qui disent
04:45 que la population arménienne du Karabakh est en train d'être asphyxiée volontairement par l'Azerbaïdjan. Pénurie alimentaire, pénurie de médicaments,
04:57 crise énergétique. L'objectif de l'Azerbaïdjan, c'est un nettoyage ethnique. Est-ce l'objectif de l'Azerbaïdjan ?
05:06 — On regrette cette position de la part des Républicains, des élus républicains, parce que ça, ça ne reflète pas absolument la réalité.
05:17 La réalité sur terrain, c'est quoi ? C'est ce que... On a fini l'hostilité après la guerre de 2020. On a commencé des négociations
05:26 sur la normalisation. C'est déjà plus de 2 ans que ces négociations continuent. Oui, c'est vrai qu'on n'a pas de résultats concrets.
05:33 Mais le fait qu'on a toujours les négociations de la part de l'Arménie, de l'Azerbaïdjan, il y a des chefs de gouvernement de l'État
05:40 qui se discutent toujours et qui est très très important. Récemment, même le Premier ministre arménien, il a déclaré que...
05:48 — Nicole Pachinian. — Voilà. Il a déclaré récemment à Reykjavik, c'est le sommet de conseil de l'Europe...
05:55 — Reykjavik, en Islande. — Il reconnut l'intégrité territoriale de l'Azerbaïdjan, y compris Karabakh.
06:00 — Oui. Est-ce que vous vous engagez ici ? Tiens. Est-ce que vous nous dites qu'il n'y aura aucune épuration ethnique au Karabakh ?
06:09 — Il n'y a pas d'épuration ethnique à Karabakh. — Ni aucun conflit religieux.
06:15 — Mais ce que... Pas du tout. Pas du tout. — Je dis bien parce que les Arméniens disent c'est une chasse aux chrétiens.
06:22 — Pas du tout. C'est absolument faux, parce que comme je vous ai dit, Azerbaïdjan, c'est un pays... Oui, on a...
06:28 — Un pays laïc ? — 100% laïcs. 90% de population sont musulmans. Mais on a des autres groupes religieux...
06:38 — Musulmans sunnites. — Plutôt chiites. — Plutôt chiites. — Oui. Et aussi sunnites. Oui.
06:43 — Mais c'est vraiment... C'est 100% laïc. Et c'est pas du tout une guerre religieuse. Et je peux vous dire juste une autre chose pour vous...
06:52 Pour mieux comprendre. Dans cette guerre, Israël était toujours à côté de l'Azerbaïdjan, parce que le pays a soutenu l'intégrité territoriale de l'Azerbaïdjan.
07:02 Mais malheureusement, on a vu que de temps en temps, notre pays voisin du sud, il soutenait, parce qu'il y a une alliance entre ces deux pays, l'Arménie et l'Iran.
07:12 C'est-à-dire que c'est juste pour vous dire que c'était pas du tout une guerre religieuse. — Oui, c'est beaucoup plus compliqué.
07:17 — Mais de l'autre côté, vous avez parlé d'une épuration ethnique. Je peux vous dire, pendant l'occupation des territoires azerbaïdjanais,
07:26 750 000 Azerbaïdjanais ont été chassés de leur territoire. — Alors est-ce qu'aujourd'hui, il y a des possibilités de paix, enfin, autour de ce territoire...
07:40 — Bien sûr. — ...et entre les deux pays, que ce soit l'Arménie et l'Azerbaïdjan ? — C'est ce que nous disons, c'est ce que je dis les dernières 6 mois
07:46 que je suis venue ici en France. Aujourd'hui, après la guerre, c'était vraiment... C'était un moment historique pour enfin trouver, aboutir à une paix,
07:55 paix durable, normaliser des relations entre les deux pays. — Est-ce que dans le carabar, les deux populations azéries et arméniennes peuvent vivre en paix ?
08:03 — Bien sûr. C'était toujours à l'époque période soviétique. — Malgré toutes les rancœurs... — L'époque soviétique, les Azerbaïdjanais, les Arméniens,
08:11 on habitait côte à côte. Même pendant le conflit, quand nos territoires étaient sous l'occupation, on avait 30 000 Arméniens qui habitaient en Azerbaïdjan.
08:20 Et ça continue toujours. C'est-à-dire qu'il faut absolument séparer la position d'un groupe de radicaux qui sont pour séparatisme agressif
08:31 et des Arméniens qui sont pour la paix, qui sont pour normalisation. — Est-ce qu'il va y avoir – je sais pas – des négociations qui vont s'engager ?
08:39 Ou où est-ce qu'on en est dans le dialogue entre le gouvernement arménien et le gouvernement azérien ? — Oui. Il y avait récemment une rencontre.
08:48 Vous savez, 1er juin, au marge du sommet des communautés politiques européennes, les deux leaders, les deux dirigeants se sont vus.
08:56 Et ils ont fait un annonce qu'à Bruxelles, en mois de juillet, il y aura une autre rencontre. C'est-à-dire que c'est très très important que ces négociations continuent.
09:05 — C'est l'Europe qui peut conduire à amener la prière, les Nations unies ? — Après la guerre de 2020, c'est l'UE et concrètement c'est le président Charles Michel
09:12 qui a pris un rôle d'intermédiaire entre les deux côtés. — Plus que les Russes aujourd'hui ? — Plutôt, il y a des rencontres à Bruxelles, à Washington,
09:21 à Moscou, même récemment ici, c'était en Kichigno, mais plutôt c'est un format de Bruxelles-Moldavie. Mais c'est le format de Bruxelles qui continue aujourd'hui.
09:31 — C'est Bruxelles qui a la main, quoi, si j'ai bien compris. Vous pensez qu'il y aura... C'est-à-dire, ça veut dire quoi, accord de paix ?
09:37 Plus aucun soldat dans cette région ? — L'accord de paix, c'est tout d'abord respect réciproque à l'intégrité territoriale l'un à l'autre.
09:49 Et on avait déjà une déclaration, même après la rencontre à Bruxelles... — Bon, l'intégrité territoriale, pour vous, c'est clair, c'est une région qui fait partie de l'Azerbaïdjan, quoi.
09:59 — L'intégrité territoriale, ce sont des frontières connues par la communauté internationale. Et il y a un processus pour définir une définition des frontières entre les deux pays.
10:11 Et de l'autre côté, il y a une autre piste où on continue les négociations. C'est pour ouverture de toutes les voies de communication entre les deux pays, l'Arménie et l'Azerbaïdjan.
10:20 C'est-à-dire trois pistes continues. Ce sont des négociations entre les dirigeants pour signer le traité de paix. Deuxième, c'est définir les frontières. Troisième, ouvrir toutes les voies de communication.
10:30 — Et pourquoi pas organiser un référendum, demander l'avis de la population ? Il y en a eu un, en 88, je crois.
10:35 — De quel référendum vous parlez ? — Non. Il n'y avait pas un référendum au Karabakh, non ?
10:40 — Mais on n'a pas besoin de faire un référendum, parce que c'est un parti intégrant d'une région azerbaïdjanaise.
10:48 — Il y a une majorité. La population est majoritairement arménienne ou azerbaïdjanaise ?
10:55 — À l'époque soviétique, quand c'était oblaste autonome au Karabakh, il y avait majorité des Arméniens qui habitaient là-bas.
11:02 Mais il faut absolument séparer oblaste autonome et les autres territoires autour qui ont été sous l'occupation, où il n'y avait pas des Arméniens.
11:11 Mais pendant cette occupation, toutes les populations azerbaïdjanaises – j'ai des statistiques –...
11:17 — Oui, mais d'accord. Mais aujourd'hui, il y a une majorité d'Arméniens ou une majorité d'Azéries dans ce territoire ?
11:23 — Mais on a libéré nos territoires en 2020. Bien sûr qu'on fait pour le moment des travaux de restauration,
11:31 construire toute la région pour que les Azerbaïdjanais qui se voient... — Donc c'est un peu la restauration.
11:35 N'est-ce pas une sorte d'épuration ethnique ? C'est-à-dire vous chassez les Arméniens et vous installez des Azéries.
11:40 — Pas du tout. Pas du tout. Parce qu'on parle ici d'une épuration ethnique des Azerbaïdjanais qui a été commise par l'Arménie
11:48 à l'époque, quand on a occupé nos territoires. Et quand on a libéré nos territoires, vous pouvez pas imaginer.
11:54 On a vu destruction totale de notre territoire. Et ce que fait le gouvernement de l'Azerbaïdjan, de reconstruire ce territoire.
12:02 Pourquoi ? Si vous posez la question. Pour que les Azerbaïdjanais qui ont été chassés à l'époque, ils peuvent venir chez eux. Voilà.
12:09 — Et chasser les Arméniens. — Pas du tout. Les Arméniens de Karabakh, nous les considérons comme un citoyen de l'Azerbaïdjan.
12:16 Et la constitution de l'Azerbaïdjan garantit tous les droits à tous les citoyens, y compris les citoyens azerbaïdjanais d'origine arménienne.
12:24 — Bien. Merci à vous d'être venu nous voir. Il est 12h26. Leïla Abdoulayeva, qui est ambassadrice d'Azerbaïdjan en France.

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