• l’année dernière
Transcription
00:00 -Bonjour à tous. Vous venez avec moi ?
00:04 Alors, je crois qu'on est les derniers, c'est ça ?
00:08 C'est normal, nous sommes les petits derniers.
00:11 C'est ça, Dominique, que nous sommes les derniers ?
00:13 Voilà.
00:16 On est tout jeunes.
00:19 Nos livres sortent pour la rentrée littéraire.
00:23 Nous sommes venus quasiment l'équipe au complet.
00:27 Enfin, certains sont au bureau.
00:29 Vous connaissez Pauline Bertrand, qui est allée se cacher au fond de la salle,
00:33 qui est notre responsable libraire et salon.
00:36 Pauline est arrivée il y a un an et demi aux éditions Plon.
00:39 Donc, elle nous suit, chère Ékamier.
00:41 Donc, vraiment, Pauline, merci de te lever pour que tout le monde te voit.
00:45 À côté, Maxime Guillon, notre assistant presse et commercial,
00:49 avec Joséphine, notre alternante,
00:52 Emma, mon assistante,
00:54 et puis Grégoire Arseguel, que vous connaissez, notre directeur commercial,
00:58 et Mata Jam, que vous avez dû croiser aussi,
01:00 qui est notre directrice du service de presse.
01:02 Donc, nous sommes très, très contents
01:06 de pouvoir vous présenter nos premiers titres.
01:08 Donc, "Rékamier", c'est une maison qui se situe
01:12 sous le haut patronage de Juliette Rékamier,
01:15 cette grande dame de lettres de la fin du 18e, début du 19e,
01:19 qui était la grande amie des artistes et des écrivains,
01:24 qui les a énormément défendues,
01:27 qui était très dans son époque, qui tenait salon.
01:32 Et... Ah, tiens, j'ai oublié Anne Chamayar,
01:36 qui fait aussi partie de notre équipe sur la partie marketing.
01:39 Anne qui est tout au fond, voilà.
01:41 Donc, Juliette Rékamier, qui a défendu ses amis écrivains,
01:47 et qui a été aussi un petit peu rebelle,
01:50 juste ce qu'il fallait en s'opposant
01:52 à Bonaparte et à sa politique autoritariste.
01:58 Donc, c'est une figure qui nous a beaucoup plu.
02:00 Et puis aussi, et c'est pas rien,
02:02 elle a donné son nom à un meuble sur lequel
02:05 il est absolument divin de lire, de passer des heures de lecture,
02:09 donc la "Méridienne", qui est le "Rékamier" de Juliette,
02:14 sur lequel elle était souvent représentée,
02:16 et qui a largement inspiré notre logo,
02:19 qui n'est pas très vieux non plus,
02:22 et voilà, vous êtes parmi les premiers à le découvrir.
02:25 Pour cette rentrée littéraire, alors,
02:27 "Rékamier", ça va être une maison d'éditice,
02:30 qui va être une maison généraliste,
02:32 qui va publier essentiellement de la fiction,
02:35 essentiellement de la littérature française,
02:38 hormis quelques coups de cœur en littérature étrangère
02:41 et en documents, en récits, et surtout en enquêtes.
02:49 C'est très bien de pouvoir lancer sa maison
02:51 au moment de la rentrée littéraire,
02:53 et on va retrouver chez "Rékamier"
02:55 deux auteurs que vous connaissez sans doute,
02:58 qui sont des auteurs que nous suivons depuis des années.
03:01 Alors, le premier, c'est Oscar Lallot.
03:06 Oscar, moi, je l'ai publié pour la première fois en 2016,
03:09 chez Belfont, j'ai publié son premier roman,
03:11 qui était "Les Contes des Fées".
03:13 Oscar, c'est un auteur qui s'est tout de suite imposé
03:16 dans un genre très particulier de littérature de l'indicime.
03:18 Il a traité de sujets graves.
03:20 Dans "Les Contes des Fées", c'était l'enfance abusée,
03:22 où tout était dit, mais rien n'était écrit.
03:25 Il y avait beaucoup de subtilités, de nuances.
03:28 Ensuite, nous avons publié, toujours chez Belfont,
03:31 "La race des orphelins", sur l'Elleben's Born,
03:34 qui était une histoire absolument dingue
03:37 pendant la Seconde Guerre mondiale
03:39 et une des dérives nazies un peu moins connues que le reste,
03:44 mais tout aussi effrayante.
03:45 Et ce texte a vécu sa vie aussi.
03:49 Il a eu pas mal de succès.
03:51 Il vient d'être traduit en Suède,
03:53 où il a intégré la bibliothèque Nobel.
03:55 Donc on n'est pas peu fiers de ça.
03:57 L'année dernière, chez Plon, nous avions publié "Le Salon",
03:59 qui était un texte un petit peu plus léger,
04:01 une fantaisie tout aussi littéraire,
04:03 mais un peu moins dure, en fait.
04:06 Et là, avec "Le Dernier Raman",
04:08 Oscar revient dans sa veine très engagée,
04:13 très littéraire, très coup de poing.
04:15 "Le Dernier Raman", c'est lui qui parle tout au long du roman.
04:18 C'est le narrateur de ce roman.
04:20 Oscar a eu plusieurs vies.
04:23 Avant d'être écrivain, il a été comédien,
04:26 il a été interprète,
04:28 il a tourné des films, des courts-métrages,
04:31 notamment, qui ont été primés à Cannes.
04:34 Et il a été aussi avocat spécialisé dans le droit de l'environnement.
04:38 Et là, il y a un peu toutes ces vies
04:40 qui se retrouvent dans ce livre.
04:42 "Le Dernier Raman", le narrateur de cet ouvrage,
04:45 s'adresse à la femme qui l'a aimée,
04:50 qui l'a mal aimée, qui l'a maltraitée,
04:52 qui l'a battue.
04:53 Il est en prison.
04:55 Ces méfaits vis-à-vis de cette femme l'ont conduit en prison.
05:00 Et il fait le point sur ce qu'a été leur vie
05:03 et sur ce qu'il a très, très mal fait.
05:06 Et ce qui est toujours...
05:09 L'écriture d'Oscar est toujours très magique.
05:13 Vous verrez, ce sont des chapitres très courts
05:16 pour ceux qui ne le connaissent pas.
05:18 C'est très efficace, c'est une espèce de prose poétique,
05:20 mais qui est très accessible.
05:22 Et ce qui est magique dans ce livre,
05:23 c'est que dès les premières pages de ce texte,
05:25 certes, c'est un homme qui parle à sa femme,
05:28 mais c'est aussi, ce narrateur, un homme comme vous, comme moi,
05:31 avec un grand H, qui parle à sa terre-mère,
05:34 à la terre qu'il a maltraitée,
05:37 qu'il a battue d'une certaine manière,
05:39 qu'il a abusée, dont il a vidé les écosystèmes.
05:44 Et donc, il y a une espèce comme ça de juxtaposition
05:49 de deux facettes d'un seul et même homme
05:51 à travers deux violences symptomatiques de notre époque,
05:55 qui sont la violence qui est faite aux femmes
05:57 et la violence faite à la terre, à l'environnement.
06:00 Donc, c'est un texte fort,
06:05 qui n'est pas du tout moralisateur.
06:07 On pourrait dire qu'il est écoféministe.
06:11 On le dit d'ailleurs, n'est-ce pas, Charlotte ?
06:14 Mais à aucun moment, Oscar n'est moralisateur.
06:19 C'est vraiment l'histoire de l'homme qui savait,
06:21 qui n'a rien fait.
06:22 C'est un cri d'alerte, un cri d'urgence.
06:24 Je ne sais pas si vous voulez dire quelque chose.
06:26 Toi, tu parles très bien, Grégoire, de ce livre.
06:29 - Absolument.
06:31 Oui, je disais, c'est un livre écrit par un homme.
06:35 Et donc, ce regard sur le féminin et l'abus
06:39 que certains hommes portent,
06:41 et la violence, en tous les cas,
06:43 que certains hommes portent sur les femmes,
06:44 est porté par un discours qui est là
06:46 et qui exprime une réalité,
06:49 effectivement, pas du tout moralisatrice,
06:51 mais qui est une réalité qui est vécue.
06:54 Et ce parallèle avec la nature est tout à fait incroyable.
06:58 C'est la voix d'un homme,
06:59 et la voix d'un homme est assez rare aujourd'hui
07:01 sur ces sujets-là,
07:02 et c'est en ça qu'il est intéressant.
07:05 - On est vraiment fiers de publier ce texte
07:08 et aussi celui d'après
07:09 pour inaugurer cette Maison Récamier,
07:11 parce que ce sont deux textes extrêmement littéraires
07:13 et engagés,
07:16 et qui nous permettent de voir le monde différemment
07:18 grâce à la littérature,
07:19 ce qui est quand même un petit peu le but
07:21 de la littérature et de l'art en général.
07:23 Jean-Marie Kéméner, qui nous propose "Gémi-Lange".
07:26 Jean-Marie, c'est pas la couve définitive, d'ailleurs,
07:29 mais au moins, vous voyez le concept.
07:32 De la charte littérature de Récamier.
07:37 Jean-Marie, il a été longtemps reporter de guerre,
07:41 journaliste.
07:42 Vous l'avez peut-être connu pour sa trilogie
07:45 sur les pirates qui avait très bien marché chez Plon,
07:47 qui avait été reprise chez Poquette.
07:49 A la rentrée littéraire de janvier 2022,
07:54 nous avions publié "Sombre éclat"
07:56 qui marquait son passage à la littérature,
07:58 qui était un très beau texte court,
08:00 un huis clos entre un officier nazi
08:02 et un terrieur sénégalais,
08:04 qui sera d'ailleurs adapté prochainement
08:06 au théâtre du Rond-Point,
08:08 et qui vient de recevoir le prix
08:10 des lycéens Charles X. Braillat.
08:12 "Gémi-Lange", c'est un texte qui nous a complètement retournés.
08:16 Moi, je suis arrivée en larmes un matin au bureau.
08:19 On m'a dit "mais qu'est-ce qui se passe ?
08:22 Qu'est-ce qui se passe de grave ?"
08:24 Je lui ai dit "non, il se passe rien de grave,
08:26 je viens juste de terminer le texte de Jean-Marie".
08:29 "Gémi-Lange", c'est une petite fille qui dit ça,
08:33 qui vient de naître.
08:35 C'est un bébé qui a quelques heures,
08:37 qui est né dans le nord du Soudan,
08:40 dans un village qui s'appelle Karkar,
08:42 un village d'orpailleurs.
08:44 Les femmes sont interdites à Karkar,
08:47 excepté dans la maison close,
08:50 qui est la maison rose du village.
08:52 C'est un village que connaît très bien Jean-Marie.
08:55 Il y est allé plusieurs fois,
08:57 il a passé 4 ans au Soudan.
08:59 Cette petite fille qui naît s'appelle Amal,
09:02 ça veut dire "espoir" en arabe.
09:05 Elle naît d'une maman prostituée, qui est noire,
09:09 et d'un papa qui est un client du bordel,
09:12 qui est blanc, qui est un archéologue,
09:14 qui est pas très loin, qui vient de temps en temps au bordel.
09:16 Cette petite Amal est métisse, elle a la peau claire,
09:19 elle est très belle, elle a les yeux verts.
09:21 La tenancière du bordel, quand elle voit ce bébé,
09:23 dit "c'est parfait".
09:25 "Dans 8, 9 ans, nos clients seront ravis."
09:29 Et quand elle entend ça, sa maman se dit "non, c'est pas possible,
09:33 "ma fille, elle va pas connaître ce que moi, j'ai connu."
09:35 Et donc elle prend sa gamine sur le dos,
09:37 et elle décide de faire la traversée du Soudan
09:40 jusqu'à la mer Méditerranée
09:43 pour pouvoir la traverser et arriver en France,
09:45 puisque cette petite Amal est moitié française,
09:48 moitié soudanaise.
09:50 Donc c'est l'histoire de ces deux femmes.
09:53 Tout est vu par le regard d'Amal, de ce petit bébé,
09:58 qui parle et qui répète tout le temps "j'ai 1000 ans",
10:01 paradoxalement, alors qu'elle vient de naître,
10:03 parce que très rapidement, cette petite fille,
10:05 elle va être plongée dans un univers
10:07 qui n'est pas celui d'un bébé
10:09 et qui va lui apprendre la vie beaucoup plus vite que les autres.
10:12 Donc c'est l'histoire.
10:14 C'est pas simplement une histoire de migrants qui font la traversée.
10:17 Ça permet vraiment de comprendre pourquoi,
10:20 quels sont les différents destins qui font qu'on en arrive
10:23 à traverser tout un pays,
10:25 à passer des jours et des semaines dans les camps de réfugiés
10:29 pour en être contraints à faire la traversée.
10:33 Charlotte, tu veux dire quelque chose ?
10:35 Je sais que tu aimes beaucoup ce livre.
10:38 -C'est un roman que j'aime beaucoup, effectivement.
10:41 L'année dernière, on avait défendu et beaucoup aimé "Bibiche",
10:45 qui était une histoire aussi de migrants.
10:48 Là, c'est l'histoire d'un enfant.
10:50 "Bibiche" était l'histoire d'une jeune femme.
10:53 Et ces deux livres-là montrent une des questions
10:56 qu'on se pose et surtout une réponse
11:00 à certaines violences verbales de "retourne chez toi".
11:05 C'est de comprendre pourquoi ils partent,
11:07 pourquoi ils doivent quitter leur pays.
11:12 Et c'est quelque chose qu'a réussi à faire Jean-Marie,
11:16 qu'on ne met jamais en doute la parole de cet enfant, de ce bébé.
11:21 On ne se pose pas la question de ce qu'il est quelques jours
11:23 ou quelques semaines.
11:25 Et tout est vu à son niveau à elle, le quotidien,
11:29 la débrouille, les trahisons, les amitiés,
11:32 les moments difficiles.
11:35 Et cette idée qu'elle a en elle,
11:38 qu'elle a 1000 ans, elle porte l'histoire du monde.
11:41 Les autres bébés pleurent et ne comprennent pas.
11:44 Ils n'ont pas encore 1000 ans, mais elle, elle les a.
11:48 Et ça nous donne une espèce de certitude
11:50 pour suivre ces deux personnages.
11:53 Et on ne cherche pas à savoir ce qui va leur arriver.
11:58 C'est juste ce qui leur arrive,
12:00 qui est à chaque page extrêmement fort.
12:03 -Donc voilà pour les deux titres de "Rentrée" de Récamier.
12:09 Et puis on viendra vous parler de la suite, de la fin de l'année,
12:12 avec d'autres textes hors "Rentrée" littéraire.
12:16 On va trouver des auteurs chers Récamier,
12:17 comme Raphaël Jordano, Karine Gébel.
12:20 Les derniers titres de Françoise Bourdin.
12:23 On va avoir plein de belles choses
12:26 et on sera ravis de venir vous en parler.
12:28 Merci de votre attention.
12:30 (...)

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