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00:00Bonjour à tous, merci d'être présents pour cette présentation de rentrée d'hiver.
00:05C'est la première de notre côté pour Juliard et le sous-sol avec Julie Thévenet qui est présente,
00:12et Frédéric Mora, qui est directeur éditorial chez Juliard,
00:17qui est entre autres l'éditeur en cette rentrée d'Abdéla Thaïa,
00:20et vous le verrez dans cette rentrée d'hiver de Patrick Grinville.
00:24Je vais commencer sans plus attendre à vous parler de ces titres.
00:29Qui dit rentrée d'hiver pour Juliard dit un nouveau livre de Philippe Besson,
00:33et c'est une joie pour nous de le retrouver en chaque mois de janvier,
00:38avec une capacité qu'on lui connaît à se renouveler,
00:41à proposer à chaque fois un livre très différent,
00:44et en même temps une vraie capacité aussi à accrocher,
00:49à attraper le lecteur sur des sujets forts de société ou personnel.
00:53Vous le savez, il y a deux veines, une veine plus personnelle,
00:56une veine plus autobiographique, comme Arrête avec tes mensonges,
00:59ou par exemple Un dernier été,
01:03et une veine plus sociétale, on pourrait dire,
01:06avec ce dernier livre, Vous parlez de mon fils,
01:09qui affronte de manière directe, de manière romanesque,
01:13le sujet omniprésent, et encore plus ces dernières semaines,
01:18puisque des associations, des prises de parole importantes
01:22ont été données autour du harcèlement, harcèlement scolaire,
01:25harcèlement des jeunes enfants, et de quelle façon,
01:28même si c'est un sujet vieux comme le monde,
01:31et qu'on a tous subi d'une manière ou d'une autre,
01:34actif, en l'ayant vécu autour de nous,
01:37en l'ayant constaté, en ayant eu peur pour nos enfants,
01:40en craignant l'arrivée du collège,
01:43comme une étape presque de confrontation à cet impondérable,
01:49cette façon, peut-être pour l'enfant,
01:52de se renforcer au regard des autres,
01:55et de quelle manière les autres vont chercher cette différence,
01:58et appuyer sur cette différence.
02:01Ce sujet est omniprésent, et on sait,
02:04on peut se douter, même si les réseaux sociaux sont là,
02:09que les réseaux sociaux sont d'une certaine manière
02:12un amplificateur de ce phénomène,
02:15puisque le harcèlement ne s'arrête plus aux portes du collège,
02:21mais se poursuit chez soi.
02:24Ce que fait Philippe Besson dans ce livre,
02:27et d'une manière extrêmement poignante et réussie,
02:30et transformant le livre presque en un réquisitoire,
02:33c'est de prendre la parole du père.
02:36Vous parlez de mon fils, c'est ça,
02:39c'est un père qui a une journée de marche blanche,
02:42et on voit assez vite que son enfant a été une de ses victimes du harcèlement,
02:47qu'il a décidé, à bout de solution,
02:51et confronté à cette violence, mettre fin à ses jours,
02:54et ce père va dérouler, comme dans une tragédie,
02:58tout ce qu'il a manqué, tout ce qu'il n'a pas vu,
03:01de quelle manière les choses se sont mises en place,
03:04comme là aussi dans une tragédie, tout ce qui se met contre,
03:07et presque parfois ce qui amplifie,
03:10et amène plus certainement au drame.
03:13Il y a une unité très forte dans le livre,
03:16qui est une unité de temps, le temps de cette marche blanche,
03:19le temps de cette préparation de la marche blanche pour ce père,
03:22la marche blanche a lieu en fin de journée, on est à Saint-Nazaire,
03:25une unité de lieu, comme je le disais aussi pour Saint-Nazaire,
03:28et d'action autour de cet événement.
03:31Et le père, comme ça, va dérouler,
03:34et la perspective qui est celle de Philippe Besson,
03:37la voix du père, de prendre celui qui va se remémorer,
03:40rend les choses encore plus, je trouve, poignants,
03:43d'une certaine manière, puisqu'on est sur une voix qu'on entend moins,
03:46et aussi on voit de quelle manière il égrène toutes ses erreurs,
03:51y compris celle de considérer d'emblée que son fils doit se renforcer,
03:56d'avoir une réaction un peu sommaire au départ,
04:01et puis de comprendre peu à peu qu'il faut réagir
04:04lorsque l'enfant raconte ce qui lui arrive.
04:11Donc vous avez aussi la réaction de la mère,
04:13et vous voyez monter comme ça, au fur et à mesure, un drame,
04:16un drame inéluctable, c'est un de la vie de la plupart d'entre nous,
04:22c'est un des livres les plus forts de Philippe Besson,
04:25les retours de lecture sont assez unanimes,
04:28les retours de notre équipe, mais le retour aussi des premiers lecteurs,
04:33des journalistes ou libraires,
04:35donc on a évidemment beaucoup d'ambition pour ce livre-là,
04:39on en a toujours pour les livres de Philippe Besson,
04:41c'est de très grands succès, c'est un des rares auteurs populaires
04:45et avec un lectorat fidèle d'année en année,
04:49donc début janvier ce sera ce livre qui va marquer,
04:53comme chaque année, la rentrée Julliard.
04:56Donc voilà pour vous parler de mon fils,
05:00et je passe la parole à Frédéric Mora pour le deuxième livre de la rentrée,
05:04qui est l'arrivée au catalogue de Patrick Grinville,
05:07pour un livre sur Géricault.
05:09Merci Adrien, bonjour à toutes et à tous,
05:11alors on a peu de temps pour vous parler des livres,
05:16je vais essayer de bien vous en parler,
05:19La nef de Géricault de Grinville,
05:21comme vous l'a dit Adrien, Patrick Grinville rejoint Julliard,
05:25avec ce roman qui est son 29ème roman,
05:28donc vous connaissez toutes et tous Grinville,
05:30Prix Goncourt 76 pour les flamboyants,
05:33il est rentré à l'Académie française en 2018,
05:37et depuis plusieurs années son cycle romanesque s'intéresse de près
05:44à un certain nombre de figures de la modernité picturale,
05:51donc les peintres,
05:52il y a eu Falaise des Fours en 2018,
05:54qui avait été un gros succès de librairie,
05:5645 000 exemplaires vendus en grand format,
05:58il y en a eu deux autres depuis,
06:01Les yeux de Milos, c'était Picasso de Stahl,
06:05et le dernier, Trio des Ardents,
06:07c'était Bacon et Giacometti,
06:09avec une figure médiatrice qui était celle moins connue,
06:12d'Isabelle Rauforn, qui était amie des deux.
06:14Alors, tout est presque dans le titre,
06:16La nef de Géricault,
06:17vous voyez bien à quoi ce roman fait allusion,
06:22il s'agit évidemment du chef d'œuvre de Théodore Géricault,
06:27Le radeau de la méduse,
06:29mais une des grandes forces du livre,
06:32c'est quand même d'inverser la proposition,
06:34on a tous en tête le radeau,
06:36peu de monde a en tête qui était au fond Géricault,
06:39c'est un génie de la peinture moderne,
06:42c'est un néoclassique qui va très vite s'affranchir du néoclassicisme,
06:48il prépare l'arrivée en France du romantisme,
06:50et il est actif dans une période charnière,
06:54que Grenville saisit en toile de fond du roman,
06:57ça c'est le deuxième point fort du livre,
06:59c'est le passage du Bonapartisme et de ses derniers feux,
07:02à La Restauration et à Louis-Philippe.
07:05Et entre 1818 et 1819,
07:08ce jeune peintre qui mourra quelques années plus tard,
07:11à 32 ans, d'une chute de cheval,
07:13lui qui a peint des chevaux par ailleurs toute sa vie,
07:15c'est un comble,
07:16ce jeune peintre va cristalliser sur ce qui est à l'époque un fait divers,
07:22mais plus qu'un fait divers,
07:23qui est le naufrage du vaisseau La Méduse.
07:27Vous vous référez au livre pour avoir le contexte particulier de cet épisode
07:33qui agite l'opinion publique de l'époque.
07:35Il va s'enfermer pendant un an dans un atelier
07:38dans lequel il va réaliser cette toile qui est iconique,
07:44qui est accrochée au musée du Louvre.
07:46Il va faire un nombre d'ébauches absolument astronomiques.
07:50Il va convoquer les morts, au sens le plus charnel du terme.
07:55En même temps qu'il se déprend, ça c'est vrai,
07:59c'est réellement arrivé, d'une passion amoureuse
08:03qu'il a entretenue avec sa tante par alliance, Alexandrine.
08:06Géricault commence le radeau au moment où cette passion s'éteint.
08:11L'essentiel du roman, c'est la germination créatrice de cette œuvre
08:17en vue du Salon de 1819,
08:19et qui aboutira à ce monument exposé, pas apprécié.
08:24C'est un flop.
08:26À partir de là, il y a une deuxième vie de Géricault qu'on connaît encore moins,
08:30où là, quelque chose de plus inaperçu le rattrape.
08:34C'est une folie qui est clos.
08:36Grunville raconte ça comme nul autre pareil.
08:39Si vous voulez tout savoir du radeau et tout savoir de Géricault,
08:43vous lisez La Nef de Géricault de Patrick Grunville.
08:48On va vous présenter un dernier titre pour la rentrée Julliard,
08:51qui est un premier roman.
08:53C'est important pour nous, évidemment, d'avoir une proposition.
08:56Julliard, c'est une maison qui a découvert un très grand nombre d'auteurs
09:00qui leur a permis de développer une œuvre.
09:02On a parlé tout à l'heure de Philippe Besson, ses 25 livres,
09:05dont le premier est arrivé au courrier.
09:08On continue dans cette lancée.
09:10Pour ce premier roman, c'est un premier roman qui nous avait été envoyé
09:14par David Diop.
09:16C'est Amadou Baril, dont va vous parler Frédéric là aussi.
09:20Amadou Baril, on le change complètement.
09:22Quoique, c'est aussi un naufrage, même si on le change complètement d'époque.
09:26Comme vous le savez, la question de thème,
09:30le sujet de l'immigration est d'actualité, il est de saison.
09:36Et il se trouve que quand nous avons lu ce premier roman
09:41de ce jeune auteur guinéen, Amadou Baril,
09:45on s'est dit que c'était une proposition forte
09:49pour parler un peu autrement, différemment de cette question.
09:55Pourquoi différemment ?
09:57Puisqu'il est question de différence d'un bord à l'autre de ce livre,
10:00parce que c'est un roman qui tout de suite nous met dans les pas
10:06de ce que Baril appelle les exilés
10:10et de ce que l'époque appelle les migrants.
10:13Il réfute d'emblée le terme de migrant,
10:17dont la connotation politique est certaine,
10:23dont l'invisibilisation dans l'usage qui en est fait est tout aussi certaine.
10:27Et ce roman a la force peu commune de nous montrer concrètement,
10:33quotidiennement, au jour le jour, de quoi est faite cette vie
10:38de ceux qui ont traversé plusieurs pays, une mer,
10:43d'autres pays encore pour arriver ici, pour s'échouer sous un tunnel,
10:49sous des tentes en périphérie de la capitale française.
10:55Alors, on va suivre deux d'entre eux.
10:58Le héros, entre guillemets, s'appelle Dramé.
11:01Il est guinéen.
11:03Vous verrez, son histoire se dévoile petit à petit.
11:07C'est un héros, mais ce n'est pas un gentil.
11:10Je ne vous en dis pas plus.
11:12Et il se lie d'amitié avec un Ivoirien, plus âgé que lui,
11:17qui s'appelle Faudier et qui, lui, est un érudit
11:21et qui passe ses journées à réfléchir, à philosopher sur les décombres
11:27à la fois de ses vies et les décombres plus matérielles,
11:30le manque d'argent.
11:32Vous verrez tout ça et raconter, leur quête au petit job.
11:35C'est une histoire d'amitié.
11:37Vous allez voir comment cette histoire d'amitié se dénoue.
11:40Je vous préviens, elle ne se dénoue pas de manière joyeuse.
11:44Et le livre n'est pas joyeux.
11:48Mais le livre est fort aussi en ce sens qu'il n'exclut pas
11:53une certaine causticité, un certain humour,
11:58un surplomb sur la vie et sur la misère,
12:02avec, moi, une manière de raconter, de narrer,
12:06qui, parfois, m'a fait penser à Tierno Bonenembo,
12:09dont Amadou Barry est un fervent lecteur.
12:13C'est une belle découverte.
12:15C'est un livre qui est une proposition littéraire,
12:18romanesque forte, et c'est un livre qui avance
12:21de manière forte et, je dirais, habile,
12:25tout ce que ce sujet charrie de clivage
12:29à un niveau social, politique, culturel.
12:32Ça s'intitule Journal d'un exilé.
12:35Vous le verrez, ce n'est pas sans lien
12:38comme une réactivation du Journal d'un voleur de jeûner.
12:42À l'époque, d'une certaine manière,
12:45correspond ce livre-là puisqu'on a,
12:47comme l'a dit Frédéric, une proposition littéraire
12:49et pas un témoignage.
12:51C'est la grande force de ce livre,
12:53c'est de créer une langue pour raconter.
12:55Vous le verrez, les toutes premières pages
12:57sont un pacte de lecture assez inédit
12:59et extrêmement puissant qui vous agrippe.
13:01C'est la promesse que se fait le narrateur
13:03de vivre pour raconter.
13:06Avant de passer au sous-sol avec Julie Thévenet,
13:11au mois de janvier chez Julliard,
13:12vous aurez un document également,
13:14mais je le dis en passant,
13:16comme on a fait en septembre avec Philippe Pujol,
13:19il y a le retour de la non-fiction chez Julliard.
13:22En fin septembre, ce sera Nathalie Cabrol,
13:25l'astrobiologiste dont j'avais eu la chance
13:28de publier les deux premiers livres
13:30avec grand succès qui nous arrivent
13:32avec un livre sur l'écologie.
13:34En février, un livre assez étonnant
13:36de Denis Podalides sur Pierre Bourdieu
13:39et sur la famille Bourdieu qu'il a côtoyée longtemps
13:42par amitié, je pense que certains le savent,
13:45avec Emmanuel Bourdieu.
13:47Il raconte ses années de jeunesse
13:50qui sont aussi des années aux côtés de Bourdieu.