SMART BOURSE - Emission du jeudi 1 juin

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Jeudi 1 juin 2023, SMART BOURSE reçoit Jean-Jacques Friedman (Directeur des investissements, Vega IM) , Xavier de Buhren (Directeur des investissements, Otea Capital) , Benjamin Louvet (Directeur de la Gestion Matières Premières, Ofi Invest Asset Management) et Sophie Chauvellier (Gérante allocations d'actifs, Dorval AM)
Transcript
00:00 (générique)
00:08 C'est reparti pour Smart Bourse, votre double dose quotidienne de marché en direct sur Bismarck.
00:12 Chaque jour à la mi-journée, 12h30-13h et en fin d'après-midi la grande édition.
00:16 Pendant une heure, à partir de 17h, rediffusée à 20h sur Bismarck TV.
00:21 Émission que vous retrouvez en replay chaque jour sur Bismarck.fr et en podcast sur l'ensemble de vos plateformes.
00:27 Le premier de cette édition ce soir, le démarrage d'un nouveau mois sur le marché, sur les marchés.
00:32 Après un mois de mai qui aurait été un mois de consolidation plutôt à plat pour les actions mondiales dans leur ensemble.
00:39 Avec quelques spécificités locales. On a vu un retracement un peu plus appuyé peut-être pour les indices actions en Europe.
00:45 Et notamment pour le CAC 40 avec un secteur du luxe par exemple, qui a plutôt joué contre nous au cours de ce mois de mai.
00:53 A l'inverse, quelques exceptions plutôt positives. Le Nasdaq qui a enregistré encore une surperformance écrasante tout au long du mois de mai.
01:01 Avec le thème de l'IA génératif qui a pris de plus en plus d'ampleur.
01:05 Pas forcément en nombre de participants mais très localisé sur quelques valeurs qui ont vu leur capitalisation boursière exploser à la hausse au cours des dernières séances et des dernières semaines.
01:15 L'exemple que tout le monde a en tête est évidemment Nvidia.
01:18 Et puis de l'autre côté on trouve le Nikkei aussi japonais qui continue de tenir son rang à des niveaux historiques 40 ans après l'invention du Walkman.
01:27 Pour le reste c'était quand même un mois où la prise de risque est restée très limitée sur les marchés.
01:32 Qu'en sera-t-il au mois de juin ? C'est une des questions qu'on abordera bien sûr avec nos invités de Planète Marché.
01:39 Le mois de juin qui sera marqué par les réunions de Banque Centrale, Fed et Banque Centrale Européenne se réuniront à nouveau dans deux semaines.
01:48 Avec beaucoup de chiffres économiques à digérer en ce moment même d'ailleurs pour les marchés.
01:55 On voit ce phénomène de désinflation qui a gagné en traction en zone euro au cours du mois de mai avec une inflation globale qui est retombée à 6,1% sur un an contre 7% sur un an le mois précédent.
02:07 Une belle marche à la baisse avec de vraies surprises à la baisse sur le front de l'inflation en zone euro.
02:13 Côté américain la semaine est marquée par différentes données autour du marché du travail, de l'emploi américain.
02:19 Et force est de constater qu'il y a sans doute encore un réservoir de résilience pour l'économie américaine à travers les données d'emploi qui ont été publiées aujourd'hui.
02:28 Des créations d'emplois dans le secteur privé à plus de 270 000 encore selon l'enquête du cabinet ADP.
02:34 Et puis même dans le secteur manufacturier où effectivement on voit quand même un état dépressif avancé.
02:40 On a vu l'ISM manufacturier qui restait sous le niveau de flottaison à 46,9% précisément.
02:47 Mais on constate quand même que cet indicateur d'activité dans le secteur manufacturier pour le mois de mai aux Etats-Unis ne se dégrade pas plus que les niveaux bas qui ont déjà été atteints.
02:57 Il y a peut-être là donc une forme de plancher également à la contraction d'activité qu'on observe dans le secteur manufacturier aux Etats-Unis et partout dans le monde en général.
03:06 Discussion à suivre avec nos invités de Planète Marché. On parlera bien sûr de l'IA générative.
03:10 Ça reste le thème du moment, l'obsession même du marché en ce début de mois de juin.
03:15 Et puis autre thématique, celle des matières premières.
03:18 Nous en parlerons spécifiquement avec Benjamin Louvet, le responsable des gestions matières premières d'OFI Invest AM qui sera avec nous en plateau à partir de 17h45.
03:26 Pour commenter notamment une belle glissade de 10% quasiment pour les prix du pétrole en quelques séances à peine.
03:33 Tendance mon ami, chaque soir à 17h en ouverture d'émission, les infos clés de marché avec vous.
03:47 Alix Nguyen et un petit rebond pour les indices actions en Europe et à Paris notamment en ce début de mois de juin.
03:54 Un rebond qui s'est un petit peu réduit d'ailleurs au fur et à mesure de la séance.
03:58 Oui, le CAC s'inquiète de la solidité du marché de l'emploi dans le secteur privé aux Etats-Unis.
04:04 En mai, le secteur a créé bien plus d'emplois qu'attendu et recense 278 000 créations de postes.
04:11 La semaine dernière, les inscriptions au chômage ont été proches des attentes, pratiquement stables à 232 000.
04:17 Et puis, dernier indicateur américain en date, l'activité manufacturière s'est contractée en mai pour le septième mois d'affilée.
04:24 Les nouvelles commandes continuant de baisser avec la hausse des taux d'intérêt. L'indice ISM manufacturier est ressorti en baisse à 46,9.
04:32 Avant ces données, un certain soulagement s'est fait sentir ce matin sur les marchés après l'approbation par la Chambre des représentants du projet de loi
04:42 prévoyant la suspension temporaire du plafond de la dette des Etats-Unis. Le texte va poursuivre son parcours législatif au Sénat.
04:49 Et puis, autre facteur de soulagement pour le marché, l'indice PMI Caxin d'activité dans le secteur manufacturier en Chine est revenu en zone d'expansion à 50,9 points le mois dernier
05:01 contre 49,5 en avril. Des chiffres qui contrastent avec l'enquête PMI officielle publiée hier. Total Energy et ArcelorMittal en profitent.
05:12 Côté zone euro, le fait marquant statistique de la semaine, c'est cette diminution beaucoup plus forte que prévue de l'inflation au mois de mai.
05:20 Les prix ont augmenté de 6,1% sur un an. L'inflation sous-jacente s'est également tassée. Elle s'est repliée à 6,9%.
05:29 A cet effet, on retient les propos de Christine Lagarde à l'occasion d'un congrès bancaire. Elle estime que l'inflation dans la zone euro reste trop élevée
05:39 et rend de ce fait nécessaire un nouveau resserrement de la politique monétaire de la BCE. Et d'ajouter que la BCE va poursuivre ses hausses de taux.
05:47 Mais je cite "l'altitude de croisière se rapproche".
05:50 Toujours en zone euro, le ralentissement dans l'industrie s'accentue avec un recul de la demande malgré une baisse des prix dans les usines.
05:57 Pour la première fois depuis septembre 2020, l'indice du secteur est ressorti à 44,8.
06:03 Et puis parmi les situations spéciales parisiennes, le marché suit la chute aujourd'hui du titre casino avec le placement en garde à vue du PDG de casino Jean-Charles Nauri.
06:13 Mais oui, il a été placé en garde à vue dans le cadre d'une enquête ouverte en 2020 pour manipulation de cours en bande organisée,
06:20 corruption privée active et passive et délit d'initié. Casino qui, pour rappel, a officialisé vendredi son entrée dans une procédure de conciliation
06:30 pour une période de quatre mois, l'objectif étant de renégocier son endettement.
06:35 Aux Etats-Unis, les résultats de Salesforce sont mal reçus. Le fabricant de logiciels d'entreprise fait état de la plus faible croissance de vente trimestrielle
06:45 depuis 13 ans du fait d'un ralentissement de la demande. On retient enfin que du côté des devises, le dollar recule avant le rapport sur le marché du travail américain publié demain.
06:56 Tendance mon ami. Chaque soir, les infos clés de marché en ouverture de Smartbourse avec Alexane Guyen sur Bsmart.
07:02 (Générique)
07:12 Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché. Jean-Jacques Friedman est avec nous, le directeur des investissements de Vega IM.
07:19 Bonsoir Jean-Jacques. - Bonsoir Grégoire. - Xavier Duburin nous accompagne également, directeur des investissements d'OTA Capital. Bonsoir Xavier.
07:25 - Bonsoir Grégoire. - Ravi de vous retrouver ce soir, ravi d'accueillir également Sophie Chevelier à nos côtés. Bonsoir Sophie.
07:30 - Bonsoir Grégoire. - Vous êtes gérante allocataire chez Norval Asset Management. Beaux cadeaux quand même pour les 25 ans de la BCE aujourd'hui avec une baisse de quasiment 100 points de base du rythme d'inflation sur un an au mois de mai.
07:41 C'est aujourd'hui le quart de siècle de la BCE et effectivement dans cette bataille, cette lutte contre l'inflation qui est menée depuis plusieurs trimestres, le mois de mai semble marquer en zone euro un tournant assez encourageant.
07:54 Oui, ce sont des chiffres qui sont effectivement très très encourageants. Alors ce sont des chiffres qui étaient anticipés un petit peu mieux qu'attendus.
08:00 On a une désinflation très forte sur tout ce qui concerne l'offre, le prix de l'énergie, très très forte baisse, les prix à la production, etc.
08:10 Donc on a tout dans cette composante offre-demande, on a effectivement toutes les tensions qui étaient liées à l'offre qui sont en train de se dissiper et qui amènent une baisse très forte de l'inflation.
08:21 Maintenant la question va être effectivement sur à quelle vitesse le reste de l'inflation va réussir à rebaisser.
08:29 Christine Lagarde l'a dit, c'est malgré tout pas un niveau satisfaisant. La question de l'inflation sous-jacente reste prégnante.
08:35 La question des salaires reste d'actualité aussi. Mais c'est effectivement une très bonne nouvelle et c'est d'autant plus une bonne nouvelle que c'est une nouvelle qui redistribue des pouvoirs d'achat aux ménages.
08:45 Et je pense que de notre point de vue, c'est bien entendu la meilleure nouvelle qu'on pouvait espérer.
08:48 C'est-à-dire qu'à un moment il faut imaginer quand même que les hausses de salaire arrivent, 4-5%, le rythme d'inflation est en train quand même de diminuer, même d'un mois sur l'autre on voit des prix stables, voire en légère baisse.
09:02 Le rythme d'inflation va diminuer, à un moment les courbes se croisent et ça redonne un peu d'oxygène à la demande finale.
09:09 Absolument, c'est un des facteurs de résilience que l'on peut identifier aujourd'hui dans l'activité économique.
09:15 Que nous apprend l'histoire de la désinflation américaine par rapport à ce qu'on observe aujourd'hui en zone euro ?
09:21 Beaucoup ont en tête dans le marché le schéma ou l'idée de dire que la résistance de l'inflation endogène en zone euro sera plus importante.
09:31 C'est vrai.
09:32 Vous adhérez à cette idée là aussi Jean-Jacques ?
09:34 Oui parce qu'il y a l'idée, finalement les économistes ne se trompent pas tout le temps, donc là ils avaient raison.
09:37 Finalement dans le fait qu'on avait beaucoup de hausses de prix qui étaient liées vraiment à l'histoire d'abord du confinement qu'on avait vécu,
09:44 des difficultés d'exportation de la Chine, puis du problème russo-ukrainien et de l'énergie.
09:49 Ça c'était vraiment anticipé que ça allait décroître, mais on le voit au niveau finalement des effets de second tour quand même qui jouent.
09:57 Et ces effets de second tour, c'est que la cible d'inflation évidemment ne retournera pas à 2,
10:01 on retournera vers un 3 et quelques, entre 3 et 4% et ça sera plus compliqué par la suite en effet.
10:06 Donc ça, oui oui, le marché américain est déjà en avance par rapport au marché européen, tout à fait.
10:12 Oui mais sur la totalité du cycle de désinflation, le cycle de désinflation en Europe prendra plus de temps ?
10:17 Il y a aussi les matières premières agricoles, c'est-à-dire que quand on faisait un schéma en décomposant finalement le prix de l'inflation,
10:23 il y avait encore les services qui tenaient aux Etats-Unis par rapport notamment au prix des loyers.
10:29 Et quand on regarde finalement, quand on défale que finalement l'inflation globale américaine dépris des loyers,
10:34 on voit déjà qu'on est extrêmement faible sur l'inflation, ce qui pour nous d'ailleurs était un indice comme quoi on ne croyait pas finalement
10:40 à cette hausse d'un quart de point de la fête qui nous semblait inutile.
10:44 Par contre, en Europe, il n'y a pas ce phénomène finalement de loyer, mais on voit finalement le phénomène des prix agricoles qui restent importants
10:50 et qui vont engendrer justement des effets de second tour plus importants sur les augmentations reclamées sur les salaires.
10:56 Donc ça risque de durer un petit peu plus longtemps, oui.
10:59 On voit effectivement l'importance de l'enjeu alimentaire dans les prix, dans la consommation également.
11:06 C'est vrai qu'il y a des graphiques qui commencent à devenir assez impressionnants quand on voit la baisse de volume
11:11 de la consommation alimentaire en France par exemple, ça devient assez spectaculaire.
11:16 Oui, il y a peut-être une particularité française sur des renégociations qui sont souvent à échéance
11:22 et donc là il va y avoir un phénomène de renégociation.
11:24 Je suis d'accord que sur la consommation, c'est peut-être quelque chose à jouer justement par rapport au décalage
11:29 où pour les entreprises finalement alimentaires, elles vont avoir la baisse des intrants
11:36 et sans doute elles ne vont baisser modérément finalement leurs prix.
11:39 Et de l'autre côté, il y aura un effet volume favorable par rapport à des ménages qui retrouveront du pouvoir d'achat.
11:45 Donc ces entreprises de consommation, dans un moment plutôt défensif,
11:50 paraissent une alternative intéressante par rapport au schéma économique.
11:53 Xavier, comment on se fait une idée macro là aujourd'hui ?
11:58 Bon, il y a la question de la désinflation mais je voyais, l'Allemagne est en récession
12:03 mais l'Allemagne est au plein emploi, la consommation alimentaire chute de 10%
12:08 mais l'activité dans les services est booming.
12:11 En Europe, aux Etats-Unis, le marché du travail, tout le monde nous dit ça y est,
12:18 il y a les prémices d'un début de commencement de refroidissement, boom !
12:21 On crée peut-être entre 250 et 280 000 emplois encore au mois de mai aux Etats-Unis.
12:27 J'ai l'impression que c'est très compliqué d'avoir une lecture facile, en tout cas,
12:31 de ce qui se passe sur le plan conjoncturel aujourd'hui.
12:33 Et surtout, j'ai l'impression que chaque conviction,
12:36 ceux qui pensent que la récession est là, ceux qui pensent qu'elle est toujours plus loin,
12:39 chaque conviction se retrouve confortée par une série de données qu'on peut mettre dans un camp ou dans l'autre.
12:44 Je pense que c'est ce qui a été dit précédemment, c'est-à-dire que l'inflation est arrivée par vagues.
12:49 On a cumulé plusieurs chocs. Il y a eu le premier qui a été un choc d'offres.
12:52 Ensuite, il y a eu le choc logistique, on va dire. Puis le choc énergie.
12:56 Et puis là, on est dans le choc de l'emploi avec un marché de l'emploi qui tient très bien.
13:01 Pour expliquer ça, je pense qu'il y a plusieurs éléments.
13:05 Le principal, c'est évidemment le Covid, où les entreprises se sont retrouvées avec une réouverture
13:11 et des besoins finalement de produire pour répondre à cette très forte demande.
13:18 Et avec un sujet de pénurie d'emplois.
13:21 Donc elles se sont dit, il faut absolument, on va se battre pour avoir des salariés,
13:27 pour pouvoir répondre à toute cette demande.
13:31 Et donc ça passe par quoi ?
13:33 Ça passe par des augmentations de salaires, ça passe par le fait que finalement, on veut garder ses salariés.
13:38 Même si on est dans un environnement où on voit bien un ralentissement économique actuel qui est là, qui est réel.
13:43 Et l'entreprise est en train de se dire, eh bien, est-ce qu'il ne faut pas que je tienne ?
13:48 Je tienne mes salariés pour laisser passer ce mou économique.
13:52 Et quand les choses iront mieux, je vais me retrouver dans une situation où j'ai mes salariés sous la main
13:58 et pour éviter ce qui s'est passé.
14:00 Donc c'est pour ça que je pense que le marché de l'emploi tient aussi bien.
14:04 Et qu'on a ce dernier élément de choc du marché de l'emploi qui continue à tenir
14:10 et avoir une combinaison à la hausse sur l'inflation.
14:15 Donc ça, c'est un élément qui me semble assez favorable.
14:18 Je parlais avec Ferrari ce matin qui disait, on a passé 6,5% de hausse de salaire cette année.
14:26 Avec les syndicats, on s'est engagé aussi pour 5% de hausse pour l'année prochaine.
14:31 Alors Ferrari, c'est un cas particulier parce qu'évidemment, ils ont un carnet de commandes qui est exceptionnel.
14:38 Mais ils ont besoin d'avoir cette main d'oeuvre et cette compétence.
14:42 Et si on regarde ce qui s'est passé avant, les emplois, c'était un petit peu la variable d'ajustement des entreprises.
14:48 Aujourd'hui, ce n'est plus le cas.
14:50 Donc c'est aussi pour ça qu'on a ce marché de l'emploi qui tient aussi bien.
14:54 Et pour rebondir sur les sujets d'inflation qui est en train de baisser, notamment sur la partie alimentaire,
15:02 il y a un contraste, c'est qu'aujourd'hui, les marges des acteurs de l'agroalimentaire sont au plus haut,
15:08 au plus haut historique.
15:09 Et on a des graphiques qui montrent qu'avec des prix qui commencent à décroître de 30-40% sur certains pans des produits alimentaires,
15:17 on a des marges de ces entreprises qui sont 50% plus hautes que ce que c'était avant la crise.
15:23 Vous voyez bien que là, il y a un sujet où il va falloir redonner très certainement du pouvoir d'achat en baisse de prix et donc en baisse de marge.
15:32 Et la logique, ce n'est pas évident que la logique de volume, des prix un peu moins élevés, c'est peut-être plus de volume,
15:38 ce n'est pas évident que la compensation par les volumes soit forcément suffisante pour tenir un niveau de marge extraordinaire qui a pu être atteint.
15:47 On constate que dans certains pays, il y a eu certainement d'exagérations pour passer les hausses de prix.
15:51 Alors, il y a eu des mécanismes. On l'a vu en Espagne, on l'a vu en Italie, on l'a vu en Belgique, au Portugal également,
15:57 où il y avait ces systèmes de limitation des biens de première nécessité.
16:04 On l'a eu un petit peu en France, mais pas de façon aussi nette.
16:07 C'est aussi pour ça qu'on a des chiffres d'inflation qui ont quand même beaucoup baissé sur ces pays, qui ont mis ces boucliers.
16:15 Donc voilà, il va falloir faire attention et on le voit bien qu'il y a, de la part du gouvernement français notamment,
16:22 en disant "attention" sur ces pans-là.
16:25 Donc, il y a pas mal d'éléments où il va falloir être très attentif sur les niveaux de marge de certaines sociétés, de certains secteurs.
16:35 Un mot encore, alors peut-être pour la partie américaine et réserve fédérale devant nous.
16:40 Sophie, on le sent dans les discours des banquiers centraux, au sein du FOMC, chez les économistes, dans le marché,
16:47 l'idée de la pause, elle a été très rapide d'une certaine manière.
16:51 C'est-à-dire que le marché se prépare même à l'idée que la pause ne soit pas pour tout de suite,
16:57 qu'on puisse peut-être sursoir à l'idée de hausse de taux pendant un meeting, deux meetings,
17:03 mais que la probabilité qu'il y ait un besoin d'un nouvel ajustement à la hausse, c'est une probabilité qu'il emporte aujourd'hui,
17:10 avant qu'on parle des baisses de taux qui viendront un jour.
17:13 Oui, l'inflation reste le juge de paix.
17:15 C'est-à-dire que ce qu'on voit aujourd'hui, c'est que l'inflation, quelque part, on est coincé entre 4 et 5% en réalité d'inflation sous-jacente.
17:27 Et c'est un niveau qui reste trop élevé pour le confort de la Réserve fédérale.
17:33 Donc effectivement, elle a tendance à vouloir faire une pause aussi pour voir, laisser un petit peu le temps à la diffusion dans l'économie.
17:40 On est encore, mine de rien, aux États-Unis, dans un stress au niveau des banques régionales assez fort,
17:45 qui est une courroie de transmission de financement à l'économie qui est non négligeable.
17:49 Donc la Fed laisse un petit peu de temps, mais si on n'a pas de reflux à un niveau plus acceptable, probablement entre 3 et 4%,
18:00 la Fed va être obligée effectivement d'agir à nouveau.
18:04 Donc on est un petit peu dans cette phase qui est une phase quasiment d'observation.
18:09 La Fed se donne le temps et donne le temps effectivement de digestion à l'économie.
18:12 Est-ce qu'elle peut se donner beaucoup de temps ?
18:14 Là, on a l'impression que peut-être que dans 15 jours, on peut être en phase d'observation.
18:20 Mais si les données continuent de montrer cette résistance, cette résilience, etc.,
18:26 le meeting du 26 juillet, je crois, peut être un meeting de hausse d'etaux.
18:29 Peut être un meeting de 25 points de base. Oui, oui, tout à fait.
18:32 Mais une pause ne paraît pas déraisonnable, surtout aux États-Unis, au regard notamment du stress de crédit.
18:39 Mais effectivement, on n'est pas encore arrivé sur un niveau de confort qui permettrait à la Fed de dire "bon ben on a fini".
18:45 On n'est pas très loin, mais on n'y est pas.
18:48 Bon, je ne sais pas si on ajoute quelque chose autour des politiques monétaires.
18:52 Alors, il y a aussi le relèvement du plafond de la dette, au-delà du drama politique.
18:57 Mais est-ce que derrière le compromis qui permet le relèvement du plafond de la dette,
19:01 est-ce qu'il y a des sujets macro qui peuvent modifier un peu la trajectoire peut-être de l'économie américaine ?
19:07 Un resserrement budgétaire peut-être un peu plus marqué que ce qu'on imaginait.
19:11 Est-ce que ça peut jouer ? Il y a la question de la liquidité aussi qui va se poser avec le Trésor américain,
19:15 qui va émettre un déluge de T-bills pour reconstituer son compte courant à la Fed.
19:20 Personnellement, j'avais quand même des inquiétudes aujourd'hui.
19:22 Tout le monde dit "non, non, mais c'était justement un drame habituel", etc.
19:25 Mais il y a telle opposition entre républicains, d'électorats, de dissensions...
19:28 C'est vrai qu'on est passé par des moments un peu plus tendus.
19:31 Voilà, et d'ailleurs, une des surprises, c'est qu'une fois résolue, finalement,
19:35 on pouvait peut-être penser que le marché allait se recaler un peu,
19:38 il ne se recale pas et a cassé des niveaux un petit peu embêtants.
19:41 Donc voilà, juste pour ça.
19:43 Ce qui est aussi étonnant, c'est un peu le compromis en soi,
19:45 parce que finalement, il y avait à peu près un point d'écart entre républicains et démocrates sur les budgets
19:49 dans une dizaine d'années à venir, et ça a été vraiment un accord aminimal.
19:53 Les républicains, preuve peut-être d'une certaine dissension, n'ont pas obtenu grand-chose.
19:58 C'est-à-dire que l'équivalent de 0,2 points en moins, on passe juste les élections de 2024 sur deux ans.
20:03 Donc c'est vraiment très très peu de choses.
20:05 Peut-être que le marché aurait pu mieux le percevoir si vraiment on avait fait quelque chose un peu entre les deux.
20:12 Parce que là, la politique budgétaire aurait peut-être été dans le sens de la politique monétaire plus restrictive.
20:17 Et le marché, comme on est centré sur l'inflation, aurait pu se dire, finalement, ça va dans le bon sens.
20:21 Le fait que ça n'ait pas joué, je ne sais pas si c'est cet élément qui perturbe un peu les marchés,
20:26 mais oui, là, je pense quand même que le plus important, c'est malgré tout que l'accord se soit fait.
20:31 Sinon, ça aurait traîné et ça aurait engendré quand même des difficultés plus importantes.
20:37 Mais c'est vrai que c'est une situation confuse.
20:39 C'était plus facile à lire il y a quelques mois, c'est vrai, parce qu'on avait mécaniquement cet effet favorable
20:44 et sur les matières premières, ça a été encore au-delà des attentes.
20:49 Mais aujourd'hui, on voit bien qu'il y aura des effets secondaires et donc que l'effet baisse d'inflation n'est pas évident.
20:57 Après, ce qu'il y a, c'est qu'il y a une réalité économique où la fête pourrait encore un peu monter ses taux,
21:03 mais il ne faut pas non plus perturber le message avec des messages trop compliqués.
21:07 Et donc, si on dit on fasse le tour, mais on remonte, tout ça reporte aussi.
21:11 Il faudrait passer à autre chose derrière, me semble-t-il.
21:14 Et elle essaye d'ancrer aussi.
21:17 Donc, elle a aussi un rôle, je dirais, actif d'ancrer dans la tête des investisseurs.
21:22 Idéalement, elle souhaiterait sans doute ne pas avoir à agir et que la décrue de l'inflation se fasse
21:28 et que la baisse de l'inflation réelle, finalement, empêche les renégociations salariales.
21:33 C'est un peu ce qui s'était passé en France, vous vous souvenez, où au lieu d'augmenter les salaires,
21:37 il y avait eu finalement des plafonds, des aides ciblées, etc.
21:40 C'est des choses, justement, pour éviter que la hausse des prix ne se transforme en inflation.
21:45 Donc, voilà, je pense qu'ils veulent militer pour ça.
21:49 La situation est quand même fragile et les budgets des États ou autre chose,
21:53 moi, il y a des craintes qu'en montant encore un peu les taux, ça fasse exploser un des actifs quand même.
21:59 Donc, je pense que leur marge de manœuvre est assez réduite.
22:01 Oui, le risque financier. On a vu qu'à 5,5,25 déjà, il y a quelques acteurs fragiles de la chaîne bancaire ou financière qui craquent.
22:09 Voilà, voilà. Donc, je pense qu'ils agissent beaucoup par la parole et je ne suis pas sûr qu'ils puissent encore commettre beaucoup d'actes.
22:16 Quand vous disiez que vous avez vu des niveaux de marché enfoncés sur le plafond, on parle de quoi ?
22:21 Sur le marché, moi, je pensais que... Alors, on était surexposé depuis très longtemps, on s'est remis neutre.
22:25 Nous, on pensait que pendant un ou deux mois, ça pouvait être une phase de transition.
22:28 On voulait passer sous-exposé sans doute avant l'été.
22:32 Donc, on ne s'est pas mis sous-exposé et on pensait que la phase de transition était un peu plus durable.
22:36 Alors, si on prend l'exemple du CAC, c'est 7200 par exemple.
22:38 Oui, d'accord, pour le CAC. Parce que le S&P, lui, il a 4200 points. Il est plutôt dans le haut de sa forchette.
22:43 Il y a peut-être eu des aimants un peu foncés par la distribution des dividendes,
22:46 par le fait que les gens, peut-être, refont des arbitrages États-Unis, Europe, par rapport à l'IA, ou des choses comme ça.
22:52 Mais c'est assez étonnant que le risque était concentré là-dessus et que finalement, la nouvelle...
22:58 Finalement, c'était très bien que le marché souffle sur une mauvaise nouvelle, ça c'est idéal.
23:02 Finalement, la mauvaise nouvelle passe et le marché continue à souffler un peu. C'est un peu moins bien.
23:08 C'est vrai que si on fait un peu le bilan du mois de mai sur les marchés, la vue un peu globale,
23:13 c'est quand même que l'Europe accuse un mois de petites sous-performances après un run spectaculaire de plusieurs trimestres même.
23:23 C'est-à-dire que tout le monde souffle. Il y a eu un très bon début d'année globalement.
23:28 C'est vrai qu'il y a des performances, depuis le début de l'année, sur un certain nombre de secteurs et de titres qui sont vraiment excellents.
23:35 Donc il y a pas mal d'inconnus. On en parle depuis le début de l'émission.
23:40 C'est la trajectoire sur les taux. On est passé par une crise des banques régionales américaines.
23:47 Ça fait pas mal d'éléments. Vous avez évoqué l'IA qui perturbe aussi pas mal le marché.
23:55 Donc c'est assez sain. On voit que c'est attentiste.
23:59 On se retrouve un peu dans cette période où finalement entre chaque publication de résultats, il ne se passe pas grand-chose.
24:05 Et puis on attend le début des publications pour repartir.
24:09 Les impulsions correspondent à chaque fois. Au début, c'était l'été 2022.
24:14 Ça a été ensuite l'automne 2022, etc. À chaque fois, les impulsions, les mouvements un peu marqués de marché, à la hausse en l'occurrence,
24:20 correspondent aux phases de publication.
24:22 C'est ça. Et puis ce qui est intéressant de voir aussi, c'est qu'on avait une divergence qui était extrêmement forte en termes de performance et de style dans le marché,
24:31 avec les secteurs toujours de très bonne qualité mais très cher qui caracolaient en haut des classements.
24:38 Et puis des éléments plus cycliques, plus value, qui restaient extrêmement faiblement valorisés, avec des performances qui étaient bien négatives.
24:48 D'habitude, il y a toujours un retour à la moyenne des deux extrêmes, du bas et du haut.
24:53 Et on a vu, vous l'avez évoqué, sur le secteur du luxe qui a pas mal souffert, puisque LVMH -7 sur le mois, -5 pour la presse.
25:02 Je parle d'un coup d'arrêt.
25:03 Bien sûr.
25:04 Pour rappeler que la performance passée a été quand même...
25:09 On voit quand même que ça s'agit un petit peu du côté des valorisations élevées. Par contre, dans le bas de la cote, c'est toujours pas en train de remonter.
25:18 Donc finalement, cette divergence, elle n'a pas vraiment diminué.
25:22 Donc ça, c'est des éléments aussi qui peuvent être assez intéressants pour mettre en place une stratégie d'investissement à moyen, court, long terme.
25:31 Ça peut être des éléments qu'il faut prendre en compte.
25:34 L'idée que cette divergence, que ces marchés à deux vitesses, qu'à un moment, les choses vont en partie au moins se réconcilier.
25:41 Normalement. Mais après, c'est des questions de liquidité, etc.
25:45 C'est vrai qu'aujourd'hui, il n'y a plus personne qui bouge une oreille dans le marché.
25:48 C'est très difficile de se positionner.
25:49 Donc on attend le petit élément qui va faire qu'on va pouvoir se positionner.
25:53 Moi, je suis plutôt de ceux qui pensent qu'on est à la fin du cycle de remonter des taux.
25:59 25 points de base de plus ou 50, ça ne changera pas grand chose et qu'il faut essayer d'aller voir un petit peu plus loin.
26:06 Et on l'a dit, cette récession qui était la plus attendue, qui ne vient pas, la fin de remonter d'un cycle de hausse.
26:17 Est-ce que ce n'est pas des éléments qui peuvent être assez favorables pour une reprise du marché, sachant que les gens sont quand même sur le marché action, finalement, assez peu investis, très concentrés aussi.
26:28 On retrouve toujours les mêmes valeurs dans les portefeuilles.
26:33 C'est valable aussi du côté des titres américains.
26:37 Donc voilà, je pense qu'il y a des éléments pour revenir sur une vraie sélection de valeur dans les trimestres qui arrivent.
26:44 Sur le luxe spécifique, il y a eu une question de valorisation avant tout.
26:49 C'est un enjeu un peu technique de marché, d'écartement de prime au luxe qui était peut-être trop, trop chèrement payé.
26:58 Ou il y a des éléments un peu fondamentaux qui remettent en cause le bull case du luxe.
27:02 Parce qu'avant la baisse de LVMH et Hermès, c'était quand même le boulevard très consensuel, redevenu un boulevard très consensuel.
27:10 C'est peut-être un petit peu la conjonction de certains brokers qui ont réaffirmé finalement des prix un peu chers, comme Dodge, je crois.
27:18 L'histoire du Covid ou des éléments un peu chinois, même si on a vu finalement que l'absence de la Chine ne pénalisait pas tellement le luxe.
27:26 Le fait peut-être que quand même, quand on avait une idée croissance, très honnêtement, c'était plus facile de jouer la tech US.
27:34 Quand on a envie de jouer, c'est-à-dire que quand on était... Alors cette année, on avait fait par exemple value Europe dans un premier temps et croissance US.
27:41 Après une rotation, croissance européenne. Mais on avait plus envie de garder cette patte américaine.
27:49 Parce que finalement, elle s'était développée pour d'autres raisons avant l'IA. Et là, c'est un peu une cerise sur le gâteau.
27:54 Il y a du concret qui vient valider les éléments de valorisation, de comportement des entreprises, etc.
28:00 Jouer la croissance, on était plus à l'aise avec la tech américaine.
28:03 Exactement, qui n'était pas très chère, qui avait eu un retour important, qui prenait des mesures finalement qui pouvaient plaire aux investisseurs.
28:10 Qui pouvait bénéficier d'un dollar qui s'était affaibli. Enfin, il y avait beaucoup d'éléments favorables à cette tech US,
28:17 qui paraissait sans doute moins fragile et vient se greffer une nouvelle inattendue, mais qui nous rend très heureux.
28:25 Voilà, donc on avait tendance à garder ça et à écréter la partie européenne.
28:30 Et par définition, on écrétait plutôt cela.
28:33 Et on ne jouait pas encore justement ces valeurs assez en retard, parce qu'on avait envie de les jouer justement au démarrage de ce mouvement,
28:38 quand ce n'était pas cher, quand on pouvait se dire que la croissance va tenir encore pendant 6 mois.
28:42 Aujourd'hui, malgré tout, c'est plus difficile, donc il faudra attendre un retrait plus important pour jouer ce rattrapage des valeurs validées.
28:49 Pour revenir sur ces valeurs-là.
28:50 Oui, je comprends.
28:51 Tout à fait.
28:52 Et donc, le GPT, l'obsession.
28:54 Non mais alors, c'est vrai que ça fait quand même déjà quelques mois qu'on parle de chat GPT.
29:00 Je ne sais pas, c'est les phénomènes de marché, d'enthousiasme que seule la bourse peut nous apporter.
29:07 En quelques jours, ça devient une explosion, une obsession mondiale de voir l'IA générative sous toutes ses coutures.
29:14 Alors, à commencer quand même par la hardtech.
29:16 C'est ça qui est intéressant, c'est que dans le phénomène de construction de l'enthousiasme de marché, de bulles, je ne sais pas, je vous pose la question Sophie.
29:24 Le marché se focalise déjà sur la partie composant pour jouer cette thématique de l'IA générative.
29:29 Alors, ce qu'on a appris avec chat GPT, c'est que c'est extrêmement consommateur de données.
29:36 Donc, qui dit données dit data center, qui dit data center dit semi-conducteur, etc.
29:40 Donc, si cette technologie devait se diffuser comme on nous le présente aujourd'hui, c'est-à-dire devenir un outil de productivité majeur qu'on allait déployer dans l'ensemble des industries
29:51 pour faire un gain de productivité sur tous nos process, alors de toute façon, il va falloir ajouter énormément de data center, il va falloir produire plein de semi-conducteurs.
30:01 Ce point intervient, donc la communication de NVIDIA, mais ça intervient à un moment où il ne faut pas oublier qu'on était en plein creux de cycle des semi-conducteurs.
30:12 C'est-à-dire période surcapacitaire, très forte baisse de la mémoire, etc. Donc, on était vraiment au creux de ce cycle, donc les valorisations en plus étaient attractives.
30:21 Et là arrive la publication de NVIDIA qui surprend tout le monde par l'ampleur.
30:25 Donc, vraiment une accélération de l'activité alors qu'on était un petit peu dans le ventre mou, on attendait de voir des signaux plus favorables de reprise de la demande, et là d'un coup, paf !
30:34 Et tout le monde regarde ça et tout le monde se dit, ben voilà, on est en... Cet outil, qui est un outil qu'on vient de découvrir, mais qui existe déjà depuis un moment, puisqu'en fait tous les groupes ont déjà travaillé dessus.
30:45 Mais donc, cet outil qu'on a découvert grâce à ChatGPT, en tout cas qui a été vulgarisé par ChatGPT, est un outil de productivité majeure, ça va être une révolution.
30:55 Et on était en creux de cycle sur les semi-conducteurs, donc là il faut y aller parce qu'ils vont avoir une explosion de la demande.
31:01 Et comme c'est pas cher, c'est maintenant. Et ça, ça s'est produit en très très peu de temps.
31:05 Oui, oui, c'est fascinant.
31:06 Donc c'est vraiment fascinant, mais alors là pour le coup, maintenant c'est très très cher. Parce qu'on est passé de pas cher du tout à très très cher.
31:11 Ça se pète, j'ai vu 25 fois le chiffre d'affaires en NVIDIA peut-être aujourd'hui, 25 fois les ventes.
31:15 Oui, c'est ça, le chiffre d'affaires.
31:17 Ah ben les ventes !
31:18 Donc on est passé de pas cher du tout à très très cher. Enfin, NVIDIA n'a jamais été pas cher.
31:23 Disons qu'on est passé à un niveau qui était presque abordable, presque, à incroyablement cher en l'espace de trois semaines.
31:29 La même chose AMD, la même chose Marvel, la même chose etc.
31:33 Donc toutes les belles valeurs des semi-conducteurs ont été emportées dans ce mouvement-là.
31:38 Même les valeurs très matière première, enfin type SKYNYX, les valeurs coréennes ont aussi été emportées.
31:44 Donc maintenant la question c'est, quelle est la réalité derrière ça ?
31:47 Ce qui est intéressant, où est-ce que vous positionnez ce thème de l'IA générative, encore une fois ?
31:54 Le moment iPhone de l'IA, comme l'avait très bien dit un analyseur de chez Forrester, mais à l'automne dernier.
31:59 Et il a fallu effectivement quelques mois pour qu'il y ait cette révélation un peu mondiale, grand public.
32:04 Elle fait plus que donner corps.
32:07 C'est-à-dire qu'elle ne dit pas, comme on disait, le metaverse ou la blockchain, vous allez voir dans deux ou trois ans.
32:12 Là c'est 11 milliards de dollars de vente OT2, c'est 50% de plus que ce que vous attendiez.
32:18 Et ça c'est l'IA générative, c'est tout de suite, c'est maintenant.
32:21 C'est réel et c'est maintenant.
32:23 Donc c'est un thème qui est plus solide que...
32:26 Le marché aime bien les thèmes, la hype, mais on sait que la hype de temps en temps ça déçoit.
32:31 Et puis ça se retrouve dans un cimetière, et puis on n'en parle plus et on passe à la prochaine.
32:36 Peut-être pour répondre à ça, il faut se poser la question de qu'est-ce qui a pu d'un coup justifier une accélération.
32:42 Et moi si j'y réfléchis, je me dis, ok, il y a eu ChatGPT et ça a tellement bien marché,
32:48 que tous les gens qui avaient des projets se sont mis à travailler dessus en accéléré.
32:52 Microsoft, Google, etc.
32:55 Tout le monde qui avait ce petit projet-là sous le coude, qui était en train de développer mais tranquillement, se sont dit,
32:59 "Ouh là là, il ne faut pas que je raclète le clac, maintenant il me faut un équivalent de ChatGPT sur ma solution chez Microsoft."
33:05 Google s'est dit, "Ouh là là, maintenant il faut passer à la vitesse."
33:08 Et donc d'un coup, hop, on en était où là, des investissements, semi-comptes, data center, etc.
33:13 Bon, allez hop, on rajoute d'un coup, on va augmenter les capacités parce que là il faut répondre.
33:17 - Tout le monde a musclé son jeu quoi. - D'un coup.
33:20 Parce qu'il a fallu répondre, parce que c'est une donne concurrentielle, c'est une nouvelle donne concurrentielle qui se met en place.
33:24 Et comme la phase numéro 1 de cette donne concurrentielle, c'est de l'infrastructure.
33:28 C'est de l'infrastructure.
33:30 Et donc c'est ça qui a justifié effectivement d'un coup.
33:33 Et ça c'est venu d'un coup, c'est l'envolée des carnets de commandes d'un coup.
33:36 Parce que tout le monde a voulu répondre par de l'infrastructure.
33:38 Ce qui est très intéressant, c'est que le marché est exubérant, enthousiaste, il peut avoir une vision très court-termiste,
33:44 mais il reste assez logique.
33:46 L'infrastructure, on est sûr que oui, ça va profiter aux infrastructures.
33:50 Pour le reste, il y a quand même beaucoup moins de consensus sur ce que va apporter l'IA générative à certains secteurs,
33:58 à certaines entreprises, qui vont être les gagnants.
34:01 Est-ce que je vais être d'abord pénalisé avant d'être gagnant demain avec l'IA générative ?
34:06 Là, je trouve que les discussions sont beaucoup plus ouvertes.
34:10 Et on le voit d'ailleurs dans le marché.
34:12 Est-ce qu'il y a un vrai thème déjà avec de la profondeur qui se crée autour du prisme de l'IA générative ?
34:18 Ou est-ce qu'on est encore sur quelque chose de très étroit, très concentré, sur de la hard tech,
34:24 sans savoir tellement ce que ça va finalement bouger ?
34:27 Vous disiez, ça perturbe le marché tout à l'heure, Xavier.
34:29 Oui, et puis le meilleur moyen de constater ça, c'est de regarder les perdants et les gagnants d'un point de vue cours.
34:34 Boursiers, bien sûr.
34:35 Et effectivement, il y a peu d'élus gagnants.
34:40 Et quand on regarde tous ceux qui ont souffert de cette nouvelle thématique, de ces nouvelles perspectives...
34:46 C'est quoi des perdants qu'on peut directement associer à l'émergence ou à l'essor accéléré de l'IA générative, par exemple ?
34:52 Il y a des sociétés qui ont beaucoup souffert.
34:54 Il y a les agences de publicité, il y a Téléperformance, qui est une société bien connue sur le marché français.
34:59 Vous avez même toutes les sociétés, SS2I de conseil en informatique, etc.
35:04 C'est-à-dire que tous ces métiers...
35:06 Et là, on peut faire un lien direct entre la baisse boursière ou en tout cas la dégradation boursière de ces valeurs sur quelques mois ?
35:11 Ça, c'est clair.
35:12 En disant que c'est la fin de leur business, que tous ces intermédiaires, où vous avez pas mal de "main d'œuvre"
35:18 que vous payez pour leur capacité, pour leur conseil, etc.
35:22 Aujourd'hui, avec l'IA, on peut se dire, est-ce que finalement, c'est nécessaire de payer ces gens-là au prix où on les paye
35:30 pour ce qu'ils nous apportent alors qu'on a des logiciels qu'on peut avoir ?
35:35 Après, la question, c'est de savoir aussi combien va coûter l'accès à cette intelligence artificielle
35:43 et à tous ces logiciels qui vont être développés, parce que ça va être développé d'un point de vue industrie par industrie aussi.
35:49 Pour moi, c'est le prolongement de toute cette révolution digitale qu'on a connue dans l'industrie.
35:55 C'est une augmentation supplémentaire.
35:57 C'est l'étape d'après qui n'était sans doute pas anticipée aussi proche et aussi rapidement.
36:05 C'est la suite logique des smart-cellules qui vous permettent que vos robots puissent s'adapter,
36:14 que vos robots puissent être réparés avant que ça ne casse, etc.
36:19 C'est toute cette logique-là.
36:21 Et donc là, on tire le trait encore plus loin.
36:24 Donc, l'enjeu, ça va vraiment être de savoir combien ça va coûter, comment ça va se faire,
36:30 parce qu'il peut y avoir des logiciels pour le retail à utiliser sur son smartphone comme ça.
36:36 Mais la véritable valeur ajoutée est là où il y a vraiment de l'argent à gagner,
36:42 aussi bien de la part des clients que des émetteurs, entre guillemets, ou des éditeurs.
36:46 Ça, c'est très difficile aujourd'hui de savoir ce qu'il en est.
36:49 Mais c'est sûr que le marché peut être un peu vite à sanctionner des acteurs
36:56 qui, malgré des positions de part de marché très fortes, une vraie expertise dans leur métier,
37:03 c'est vrai qu'on peut se poser la question sur la pérennité de leurs activités
37:09 quand on voit des modèles quantitatifs aussi performants et aussi forts.
37:15 Est-ce que c'est un vrai thème de marché avec la profondeur, l'univers d'investissement
37:20 que ça nécessite quand on veut avoir une vraie gestion thématique ?
37:23 Il y en a un peu partout chez vous, Vega, comme chez les autres, Jean-Jacques.
37:28 Il y a même des spécialistes de la disruption chez vous.
37:30 Comment ils abordent ce thème de l'IA génératif, de ce qu'apporte le GPT
37:35 par rapport au thème de la robotique, de l'intelligence artificielle ?
37:38 Encore une fois, l'iPhone n'a pas créé Internet.
37:42 Il a révélé des usages insoupçonnés liés à la technologie Internet.
37:47 D'ailleurs, la productivité n'a pas tellement augmenté.
37:51 C'est ce que disent les économistes.
37:53 Mais comme le faisait remarquer Sophie quand on en a discuté avant,
37:56 quel serait le niveau de productivité si on n'avait pas le smartphone dans la poche ?
38:02 Très vite, les banques d'investissement ont constitué des paniers gagnants,
38:08 dans les thèmes de disruption, etc.
38:10 et des perdants dans beaucoup de thèmes de valeur.
38:14 Ah, ont construit des paniers perdants de la bière ?
38:16 Oui, Goldman par exemple, sur les boîtes que vous citiez, ont construit des paniers perdants.
38:21 Ce qui est intéressant, c'est que certaines boîtes ont l'air perdantes,
38:25 mais d'autres, par exemple sur les éditeurs de logiciels,
38:28 en quelques jours, les analystes ont pu changer d'avis.
38:32 Ils se sont dit qu'il y avait une attude ce matin qui montrait que
38:37 l'aspect où il y a un fort taux de chiffre d'affaires de gens bien rémunérés dans les logiciels,
38:46 ils pouvaient s'appuyer eux et non pas le client final sur ChatGPT
38:51 et donc augmenter comme ça leur productivité.
38:53 Et donc ils seraient finalement gagnants, alors qu'il y a quelques jours,
38:56 ils pouvaient ressortir dans des paniers plutôt perdants.
38:58 Donc il y a des choses qu'on ne sait pas.
39:00 Et c'est vrai que le discours qui est donné pour l'instant,
39:03 c'est une fois de plus un discours sur l'amélioration de la productivité
39:07 et donc sur un potentiel pour les marchés à action, presque dans leur ensemble, d'amélioration.
39:12 Après on le verra, mais si, je pense que quand même c'est un thème solide,
39:15 parce que c'est exactement comme l'inflation, c'est quelque chose qu'on perçoit vraiment.
39:19 Le Métaverse, c'est peut-être pas enterré, parce que quand on voit le point de génération,
39:23 on voit que, et puis il y a plein de choses, on est dans un monde de gaming,
39:26 donc c'est pas complètement enterré.
39:28 Mais là c'est quelque chose de très concret et immédiat.
39:30 Ça faisait penser à l'inflation, entre l'inflation dont on parle
39:33 et puis l'inflation concrète sur des prix de matières premières, sur son plein d'essence.
39:38 Dès que ça devient concret et qu'on l'a sur son smartphone,
39:41 je pense que ça change la donne et qu'il y a une appropriation rapide.
39:44 J'ai l'impression que c'est un thème beaucoup plus global.
39:46 Le Métaverse, on nous l'a vendu comme tout le monde aura une réalité virtuelle à côté de ça.
39:52 Sauf qu'on voit bien une boîte de luxe, ils font des showrooms virtuels.
39:59 Ce n'est pas destructif de ce point de vue-là.
40:02 Non, mais c'est une façon...
40:04 Ça ne change pas les workflows, ça ne change pas les équilibres au sein des entreprises ?
40:10 Non, mais c'est sans doute une façon de promouvoir la marque.
40:14 Par rapport à des thèmes où auparavant on faisait un grand show qui aujourd'hui pourraient être critiqués,
40:20 il y a un lien comme ça différent.
40:23 Je pense qu'ils sont très sensibles à ces éléments-là et je crois que ça peut fonctionner aussi.
40:30 Mais celui-là, il est très immédiat.
40:32 Est-ce qu'il faut réfléchir aussi à la manière dont cette technologie, le GPT et les usages vont être régulés ?
40:41 On voit comment 15-20 ans après l'émergence des GAFAM, c'est difficile de réguler ces groupes
40:47 aujourd'hui avec la taille, l'ampleur, l'empreinte mondiale qu'ils ont prise.
40:52 Est-ce qu'on peut imaginer que les régulateurs mondiaux ou des pays clés
40:56 vont avoir une fonction de réaction un peu plus rapide par rapport à cette technologie ?
41:00 Et encore une fois, tout le monde est un peu à tâton avec ça.
41:03 Alors c'est très difficile parce qu'il va déjà falloir comprendre quels sont les usages possibles.
41:08 C'est en cela que peut-être les entreprises d'IT consulting ont encore de bons jours devant elles
41:13 parce qu'il va quand même falloir identifier les usages avant de pouvoir rendre obsolète les gens qui identifient les usages.
41:18 Donc il y a encore ce travail-là à faire.
41:21 C'est difficile parce qu'il va y avoir énormément de questions d'éthique.
41:24 Mais à la fois, on peut se dire que comme l'outil, la matière première de ça, c'est la donnée,
41:31 on en revient toujours à cette même question de comment est-ce qu'on organise, comment est-ce qu'on réglemente la donnée.
41:37 Les questions d'éthique qu'il peut y avoir autour de la donnée, etc.
41:40 C'est un volet supplémentaire à cette question de la réglementation, de l'usage de la donnée.
41:45 Et c'est aussi une des raisons pour lesquelles finalement les grands gagnants sont toujours les mêmes.
41:50 Parce que ceux qui ont la donnée, ça reste toujours les mêmes.
41:54 Donc voilà, c'est une complexité de plus effectivement dans cette organisation.
42:00 Bon, petit tour de table pour conclure. Au démarrage du mois de juin et la séquence estivale qui se dessine.
42:07 Après les performances de marché qu'on peut avoir dans les stratégies également que vous pilotez sur les 5, 6 premiers mois de l'année,
42:14 quelle est la ligne de conduite qui semble appropriée aujourd'hui ?
42:19 Alors, nous on est plutôt sur l'idée de la poursuite de la résilience.
42:24 Le voyage continue quoi.
42:25 Le voyage continue. On est proche effectivement de la fin de cette séquence de hausse de taux.
42:33 Il y a bien sûr un nombre d'interrogations très significatifs.
42:36 Donc on a maintenu des expositions à actions plutôt modérées.
42:41 En revanche, je pense que ce que l'on n'a pas fait c'est d'acheter des taux, des obligations souveraines.
42:48 Ça nous paraît toujours difficile.
42:50 Ni aux Etats-Unis, ni en Europe.
42:51 Alors la question va commencer à se poser davantage aux Etats-Unis.
42:54 D'abord aussi parce que c'est peut-être l'économie qui a le risque de ralentissement maintenant le plus "proche".
43:02 Mais c'est vrai que c'est difficile parce qu'on a une rémunération qui est bien meilleure sur des obligations très court terme,
43:08 sur des papiers débiés de trésorerie, etc.
43:11 Et que le "edge", c'est-à-dire la protection que constituent les taux est très chère.
43:17 Voilà, elle est très chère.
43:18 Donc on a eu plutôt tendance à préférer construire des portefeuilles actions avec plus de valeur défensive,
43:23 à équilibrer plus les portefeuilles actions, à travailler la diversification.
43:27 Donc on est plutôt dans une approche exposition modérée.
43:33 Et c'est vrai que si on a la chance, et là je dis la chance parce que ça ne s'est pas du tout avéré,
43:38 mais d'un "soft landing", c'est-à-dire d'une situation où la désinflation se poursuit,
43:42 et puis le taux de chômage monte modérément, et donc on a une situation...
43:45 Et là on pourrait avoir ce dont vous parliez, c'est-à-dire une diffusion de la performance boursière
43:50 à tout un tas de secteurs plus larges, qui sont aujourd'hui très en retard.
43:54 Donc, des actions, mais un peu de prudence.
43:59 On voit les taux, le 70/40 sur le mois de mai, les taux n'ont pas été un refuge spectaculaire.
44:07 Quand ça corrige de 3% sur les actions, on peut voir les taux ne pas baisser, voire continuer de monter.
44:12 Oui, c'est difficile, c'est un "edge" très cher.
44:15 Xavier, un mot de la logique d'investissement qui vous anime chez OTA Capital ?
44:20 C'est de l'équilibre aussi, assez neutre sur les portefeuilles, avec pas mal de liquidités prêtes à dégainer
44:25 quand il y aura un élément, on verra que le marché part.
44:30 Et à très court terme, profiter de certains rendements qu'on peut avoir sur des taux,
44:35 ou sur de l'obligataire assez court terme, et puis commencer à construire des portefeuilles,
44:40 comme je disais tout à l'heure, sur des pans de la cote qui sont un petit peu oubliés.
44:44 Et c'est vrai que le segment "small and mid-caps", il est quand même très en retard.
44:50 Et on a des divergences de valorisation qui sont aujourd'hui pas explicables, en tout cas en l'état.
44:57 Et donc, c'est quand même pas idiot de se positionner sur des valeurs.
45:02 Il y a des excellentes valeurs qui sont très bien positionnées sur des activités de niche,
45:06 qui sont sur des niveaux de valorisation qui sont extrêmement déprimés,
45:09 parce que notamment, elles ont mis en place des plans d'investissement importants pour cette année et l'année prochaine,
45:15 mais pour se préparer aux marchés qui s'ouvrent, qui sont très dynamiques.
45:19 Donc c'est des années de transition, mais il faut voir plus loin.
45:22 Et donc, je pense qu'il y a des affaires à faire sur des très bonnes sociétés qui sont délaissées aujourd'hui.
45:27 Ça permet de construire son portefeuille pour la perf moyen-long terme.
45:30 Pour conclure avec vous Jean-Jacques.
45:32 - On a coupé à la fois sur l'exposition et d'aller dans des secteurs plutôt défensifs,
45:36 les services publics, la conso, etc.
45:38 Sur les valeurs moyennes, je suis d'accord, mais là c'est une absence de flux.
45:41 Et peut-être ce qui peut limiter justement le mouvement vers le bas,
45:44 c'est un sous-investissement de beaucoup d'investisseurs.
45:48 Et donc le potentiel est quand même limité, me semble-t-il, vers le bas,
45:51 mais il y a une phase de transition.
45:52 - Même avec une dégradation économique encore devant nous.
45:55 - Oui, oui, oui, je pense que c'est...
45:57 - Les niveaux de valo qu'on trouve aujourd'hui dans cet univers doivent permettre de...
46:01 - Oui, oui, il y a un sous-positionnement, tout à fait, oui.
46:04 - Merci à vous trois. Merci d'avoir été les invités de Planète Marché ce soir.
46:07 Jean-Jacques Friedman, Vega IM, Sophie Chevelier, Dorval Asset Management
46:11 et Xavier Duburen, OTA Capital.
46:13 Parlons matière première dans ce quart d'heure thématique de Smart Bourse
46:26 avec notre expert, l'un des experts de la place,
46:30 Benjamin Louvet, directeur de la gestion matière première d'OFI Invest Asset Management.
46:34 Bonsoir Benjamin.
46:35 - Bonsoir.
46:36 - Merci beaucoup d'être là.
46:37 Le premier commentaire que je vous demande, Benjamin,
46:40 c'est qu'est-ce qui se passe sur le pétrole ?
46:42 Là, je crois qu'on a pris une baisse de 10% en ligne droite en quelques jours.
46:46 Il y avait eu cette espèce de moment marqué par la décision de l'OPEB début avril
46:52 qui avait entraîné les cours du pétrole.
46:54 Sur le WETI, on est allé à 75, quelque chose comme ça.
46:57 Là, on se retrouve non seulement sur des points bas,
47:01 mais les points bas qu'on avait au mois de mars sur les cours du pétrole.
47:05 - Oui. Alors en fait, j'ai envie de vous dire bienvenue dans le monde des matières premières.
47:09 C'est quelque chose qui peut paraître un peu surprenant pour les investisseurs.
47:12 - Mais 10% de baisse, de hausse en fait.
47:14 - Oui, mais au-delà de ça, c'est surtout sur la façon dont fonctionnent ces marchés.
47:19 Quand on regarde les marchés à action, on a l'habitude d'avoir des marchés
47:22 qui évaluent une action à un instant T sur la base de l'actualisation des flux futurs.
47:28 Dans le domaine des matières premières, ça ne marche pas comme ça.
47:30 Je vais prendre un exemple. Quand vous allez au marché le dimanche matin,
47:34 ce qui vous intéresse, c'est de savoir s'il y a des tomates au marché dimanche matin.
47:37 Savoir s'il y aura des tomates dans six mois, ce n'est pas vraiment le sujet.
47:40 Et à court terme, le marché anticipe qu'il y a un ralentissement économique.
47:46 Finalement, la Chine ne repart pas autant que ce qu'on espérait.
47:49 Même si là, on a eu des ISM qui étaient un peu meilleurs qu'attendu.
47:52 Mais globalement, on a une inquiétude sur la demande.
47:55 On est sur un marché d'équilibre offre-demande sur ces matières premières.
47:59 Et à court terme, il y a un désintérêt de ces marchés.
48:01 Il y a peut-être aussi un désintérêt qui vient des investisseurs financiers.
48:04 Pour deux raisons. D'abord, parce que la baisse des cours a entraîné
48:07 un changement de la structure de prix à terme.
48:08 Et donc, porter une position sur le pétrole, ça coûte de l'argent.
48:11 Et puis, avec la remontée des taux d'intérêt,
48:12 porter une position leveraged sur des matières premières, ça coûte de l'argent.
48:16 Donc, il y a eu un peu une réduction du levier.
48:18 Il y a même eu des investisseurs qui sont passés vendeurs nets sur le pétrole.
48:23 Et à un niveau qui est assez effarant,
48:26 puisque les positions short des spéculateurs sur le pétrole
48:29 arrivent à peu près au niveau où on était
48:31 quand on a connu les prix négatifs sur le pétrole au moment du Covid.
48:35 – C'est-à-dire que les opérateurs n'écoutent pas ce que dit le saoudien, l'Arabie saoudite ?
48:39 Enfin, il l'a dit assez clairement, il y a peut-être une semaine de ça,
48:43 le représentant de l'Arabie saoudite ne shortait pas le pétrole.
48:46 – En attendant, on voit que la Russie a moins réduit sa production prévue,
48:51 que finalement le pétrole russe arrive toujours sur le marché.
48:54 Et donc finalement, pour l'instant, on a un équilibre offre-demande sur le pétrole
49:01 qui se fait pas si mal.
49:03 Donc la grosse question, effectivement, l'Arabie saoudite a remis la pression
49:07 en disant "faites attention".
49:09 Mais la question c'est, est-ce qu'ils vont vraiment faire quelque chose tout de suite ?
49:12 Ça semble quand même relativement compliqué.
49:14 – Ce week-end il y a une réunion.
49:16 – Oui, il y a la réunion le 4 juin, il y a des messages un peu contradictoires,
49:19 vous parlez des propos du ministre d'Arabie saoudite,
49:22 on a également les Russes qui, eux, ont dit qu'a priori on ne changeait pas les plans.
49:26 – C'est-à-dire que le prix n'est pas suffisamment bas
49:29 pour mettre l'ensemble de l'OPEP+ sous tension ?
49:32 – En fait, c'est au-delà de ça, Grégoire.
49:34 Le problème c'est que quand on regarde les prévisions de toutes les grandes agences,
49:37 que ce soit l'Agence internationale de l'énergie, l'Agence américaine de l'énergie, l'OPEP,
49:40 finalement, en deuxième partie d'année,
49:42 on s'attend à un déficit de la production par rapport à la consommation.
49:45 Donc, aller couper dans ce contexte-là,
49:48 semblerait peut-être un peu problématique.
49:51 Donc, à mon avis, ce qu'on risque d'avoir plus probablement,
49:54 c'est une alerte verbale,
49:56 potentiellement même on pourrait voir l'OPEP faire ce qu'elle a déjà fait par le passé,
50:00 dire que sa réunion reste ouverte,
50:02 et donc qu'il se garde le droit de pouvoir intervenir
50:06 pour faire une baisse supplémentaire
50:08 si les prévisions, les anticipations actuelles ne devaient pas être confirmées
50:14 par les chiffres dans les mois qui viennent.
50:16 Mais je vois mal aujourd'hui,
50:19 alors que la baisse qui a été annoncée récemment n'est pas encore totalement implémentée,
50:23 elle commençait en mai, donc on est au tout début,
50:25 je les vois mal remettre une nouvelle baisse là-dessus.
50:28 Ça montrerait presque un peu de panique dans tout ça.
50:31 Il ne faut pas oublier aussi qu'en plus on a un certain nombre de pays,
50:34 notamment en Afrique de l'Ouest, l'Angola, le Nigeria,
50:36 qui ne produisent pas au quota espéré.
50:39 Donc tout ça, ni bout à bout, nous fait penser qu'à court terme,
50:42 on devrait avoir un maintien du statut quo
50:46 avec peut-être des propos un petit peu plus, comment dire, au quiche,
50:51 visant à dire "soyez tout de même prudents,
50:55 nous veillerons à ce que les prix du pétrole restent sur des niveaux nécessaires
51:00 au maintien d'une offre dans le long terme qui puisse approvisionner le marché".
51:05 Il ne faut pas oublier ce qu'avait dit l'OPEP il y a quelques mois,
51:07 ils avaient dit "tout a un prix et la sécurité énergétique a un prix".
51:11 Et aujourd'hui, le prix de cette sécurité énergétique est supérieur.
51:15 Mais quoi qu'il en soit, normalement en deuxième partie d'année,
51:18 nous on continue chez Ofi Invest AM à penser que le prix du pétrole devrait nettement remonter
51:22 si on confirme la reprise de la Chine et qu'on a les anticipations,
51:27 je rappelle, on attend cette année en moyenne,
51:30 une consommation de 102 millions de barils par jour de pétrole,
51:33 ce qui serait un nouveau record.
51:35 Aujourd'hui on a une baisse de la production qui est d'à peu près 4% de la demande mondiale,
51:40 ça semble suffisant dans un contexte comme celui-là.
51:43 Quel est le message que les métaux industriels apportent à la big picture énergétique ?
51:51 Plus je vous écoute et plus j'ai compris ou je comprends que les métaux industriels
51:56 type cuivre, etal et les autres, sont les métaux de la transition énergétique.
52:02 Quand je vois le prix de ces métaux, je me dis,
52:04 soit il y a un énorme problème de demande aujourd'hui,
52:06 soit tout le monde a arrêté d'investir dans la transition.
52:09 C'est très particulier et effectivement c'est très troublant,
52:12 parce qu'on a des prix qui baissent et qui seraient cohérents avec une baisse de la demande.
52:17 Maintenant, quand on regarde les chiffres, on constate effectivement que la Chine
52:23 n'a pas repris ses importations de cuivre, ce qui inquiète un peu le marché
52:27 et ce qui peut justifier une pression.
52:29 Il y a aussi les craintes de récession dans le monde occidental,
52:32 qui peuvent aussi justifier une éventuelle baisse de consommation.
52:36 Mais quand on regarde les chiffres plus en détail, on se rend compte qu'en Chine,
52:39 vous disiez, est-ce qu'on a arrêté d'investir dans la transition énergétique ?
52:42 Sur les installations de solaire en Chine, on a 40% d'avance sur la même période l'année dernière.
52:50 Sur le programme annuel de fabrication.
52:52 Sur le programme de l'année dernière, par rapport à ce qu'on avait installé l'année dernière,
52:54 on a installé 40% de plus.
52:56 Et quand on regarde les chiffres de la consommation de cuivre en Chine,
52:59 depuis le début de l'année, plus 9%.
53:02 Donc en fait, il y a un phénomène de déstockage qui se produit en Chine
53:05 et qui fait que le marché semble bien approvisionné,
53:10 mais ce phénomène ne peut durer qu'un temps.
53:13 Et donc, l'hypothèse la plus probable, en plus on a là aussi, comme sur le pétrole,
53:17 des investisseurs qui sont sortis de ces marchés, voire même passés vendeurs sur ces marchés.
53:23 L'idée qu'on a, c'est que dès que la Chine va commencer à montrer des signes plus pertinents,
53:30 plus prégnants de reprise, on risque d'avoir une inversion des positions des spéculateurs très vives
53:36 et une remontée en flèche de ces métaux.
53:39 Parce qu'aujourd'hui, tout porte à croire.
53:42 Oui, ça ne remet pas en cause le cas d'investissement long terme, bien sûr.
53:46 Quand on regarde les équilibres, la Banque mondiale, l'OCDE, la Commission européenne,
53:50 tout le monde pointe une très grande difficulté à équilibrer l'offre et la demande
53:58 à un horizon moyen terme de quelques années sur le cuivre et sur d'autres métaux.
54:02 Donc, on a un marché de spot, j'y reviens, sur les matières premières,
54:06 qui justifie cette baisse temporaire.
54:09 C'est conjoncturel, ce n'est pas facile à vivre,
54:11 parce que ce n'est pas cohérent avec le scénario global économique.
54:14 Ce n'est pas cohérent aussi avec les chiffres de demande.
54:16 Par exemple, la Chine, c'est 50% de la consommation mondiale,
54:19 9% de hausse de la consommation en Chine depuis le début de l'année,
54:22 c'est 4,5% de croissance de la demande au niveau mondial.
54:25 Donc, on n'est pas du tout dans un marché qui est en train d'être en surproduction.
54:30 Donc, clairement, pour nous, on pense que c'est un peu comme a pu le dire Philippe Chalmin
54:34 dans le cadre de la conférence de presse sur le rapport CIPLOP,
54:39 le calme avant la tempête sur le marché des métaux.
54:41 Et on a une situation conjoncturelle qui explique cette correction,
54:46 pas facile à vivre, mais qui à notre sens ne pourra pas durer très longtemps
54:50 et se soldera par un retournement très violent de ces marchés à la hausse.
54:54 Dans les milestones qu'on surveille dans cette transition énergétique
55:00 de la production carbonée à une production décarbonée demain,
55:04 vous l'avez retweeté, c'est l'agence internationale de l'énergie,
55:07 c'est elle qui signale que 2023, pour la première fois de l'histoire,
55:10 verra un montant d'investissement dans l'énergie solaire,
55:13 en l'occurrence équivalent au montant des investissements qu'on a dans l'industrie pétrolière.
55:18 Alors c'est 400-500 milliards, c'est ça de part et d'autre, à peu près,
55:22 pour donner les ordres de grandeur. Mais c'est une première, ça y est.
55:25 Et il y a 10 ans, le solaire ne pesait rien.
55:27 - Bien sûr, c'est une très bonne nouvelle.
55:29 Ça rajoute encore plus de pression sur les métaux.
55:31 Mais c'est une très très bonne nouvelle.
55:33 Néanmoins, quand on regarde le rapport sur l'investissement
55:36 qui a été fait par l'agence internationale de l'énergie,
55:38 on constate d'autres nouvelles qui sont un peu moins...
55:41 - Vous avez retouté que c'est une bonne nouvelle ?
55:43 - Non, non. Après ça dépend des réseaux sociaux.
55:45 Mais il y avait une présentation de ce rapport sur l'investissement
55:49 par l'agence internationale de l'énergie la semaine dernière.
55:51 Et on constate par exemple que quand on regarde les cash-flows
55:53 des compagnies pétrolières au niveau mondial,
55:55 et qu'on regarde la répartition de ces cash-flows,
55:57 il y a moins de 2% de ces cash-flows qui vont vers les investissements bas carbone.
56:02 Alors les compagnies européennes sont plutôt mieux disantes.
56:05 Les compagnies américaines sont très très en retard.
56:07 - Il y a du Exxon d'à côté.
56:09 - C'est un problème qui apparaît là-dessus.
56:11 L'essentiel va au rachat d'actions et au paiement des dividendes.
56:15 Et va à l'investissement dans la production carbonée toujours.
56:18 Et puis un petit peu au remboursement de la dette.
56:20 Mais 2%. Et les années d'avant, on ne voit même pas l'épaisseur du trait sur le graphique.
56:24 Le problème que ça pose, c'est qu'on commence à avoir un mouvement
56:28 au sein des compagnies pétrolières qui disent,
56:30 qui commencent à prendre un peu de recul par rapport à cette transition bas carbone.
56:34 Shell et BP ont dit "ces activités aujourd'hui ne sont pas assez rentables
56:38 on va mettre le pied sur le frein.
56:40 Voir on pourrait envisager d'arrêter nos développements dans ce secteur-là.
56:43 Repsol, qui est quand même un leader et bien reconnu pour ses développements en énergie renouvelable,
56:47 a annoncé récemment qu'ils allaient vendre une grosse partie de leur parc éolien, leur parc solaire.
56:52 On a un problème de rentabilité dans ce secteur
56:55 qui peut pénaliser, retarder l'investissement de ces gros acteurs
57:00 qui pour moi sont absolument nécessaires dans cette transition.
57:03 Parce que 1) c'est eux qui feront la baisse des émissions carbone.
57:06 Et c'est eux qui feront le développement des énergies bas carbone
57:09 parce qu'ils ont le savoir-faire et ils ont les moyens de le faire.
57:12 Et ça, il faut être très vigilant là-dessus.
57:14 Donc, bonne nouvelle pour la montée des investissements dans le solaire.
57:17 Il y a également une montée des investissements dans l'éolien, c'est très bien.
57:20 Mais juste un rappel quand même pour savoir d'où on part et où il faut aller.
57:24 L'investissement dans notre système énergétique, c'était à peu près 1200 milliards par an
57:29 au moment où l'Agence internationale de l'énergie a fait son rapport net zéro en 2050, en 2021.
57:35 Et ils indiquaient qu'il fallait qu'en 2030, ces investissements se reportaient à 4300 milliards de dollars par an.
57:41 Donc, on a encore beaucoup, beaucoup de chemin à faire.
57:44 La transition énergétique n'en est encore qu'à ses balbutiements, prémices.
57:50 Et c'est ça aussi qui fait le scénario d'investissement aussi intéressant sur les métaux.
57:55 Parce que les volumes sont absolument considérables,
57:57 étant donné les besoins de développement d'éolien, de solaire, de batterie qui vont être amenés.
58:02 Et de réseau aussi. Le réseau électrique a été un des grands oubliés ces dernières années.
58:07 Et on est en train de se rendre compte que c'est bien de produire l'électricité, mais après il faut la distribuer.
58:11 Et ça, ça nécessite un doublement de la taille du réseau.
58:13 152 millions de kilomètres de réseau, c'est la distance Terre-Soleil.
58:18 Et tout ça, il faut le faire dans les 30 prochaines années. Donc, gros travail.
58:23 Merci beaucoup Benjamin pour cet éclairage toujours très dense, très riche
58:27 autour de ces questions de matière première et de transition.
58:30 Benjamin Louvet, directeur de la gestion matière première d'OFI Invest Assets Management
58:35 était avec nous l'invité du quart d'heure thématique de Smart Bourse ce soir.
58:38 [Musique]

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