Mercredi 26 avril 2023, SMART IMPACT reçoit Pierre Grandjean (Président Directeur Général, JEC) , Philippe Marcovich (Président, Sicomin) , Clément Callens (Responsable du pôle ingénierie des polymères et composites, CITEM) et Luc Talbouret (Président, Avel Robotics)
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00:00 Smart Impact vous est présenté par Jack World, le rendez-vous mondial dédié aux composites.
00:06 Bonjour à toutes et à tous, bienvenue, je suis très heureux de vous accueillir ici au Parc des Expositions de Villepinte pour un Smart Impact spécial
00:23 Jack World, le salon mondial des matériaux composites. J'avoue, en arrivant ici, c'est la première fois que je viens au Jack World,
00:30 que je ne m'attendais pas forcément à ça, vous allez voir, vous allez être surpris. Dans cette émission, on va naviguer avec les chantiers de l'Atlantique,
00:36 on va visiter le stade du Real Madrid avec Sicoma, on va décoller grâce aux Kruger Flaps fabriqués par ces teams, et puis surtout se demander
00:44 comment les matériaux composites participent à la transition écologique. Et pour ça, j'accueille tout de suite mon premier invité, le président du groupe Jack.
00:51 Bonjour Eric Pierrejean, bienvenue. - Bonjour Thomas, merci, bienvenue à vous sur Jack World.
00:55 - Oui, j'allais dire bienvenue chez vous, effectivement. Vous êtes le président de Jack Group, l'organisateur de ce salon mondial,
01:01 qui est le plus grand salon de composites au monde, c'est vraiment impressionnant ce lieu.
01:06 - Oui, clairement, c'est le rendez-vous mondial, chaque année, des matériaux composites dans le monde, et c'est à Paris, c'est une chance aussi
01:13 pour les industriels français, parce qu'ils ont à domicile une grande plateforme pour développer leurs activités.
01:19 - Il y en a tant que ça des salons de catégorie mondiale dans le domaine de l'industrie en France ?
01:25 - Alors, il y en a quelques-uns, mais c'est vrai qu'on a une particularité dans ce domaine, puisque c'est clairement il y a quasiment maintenant plus de 50 ans
01:34 que le premier rendez-vous a été créé en France, et au fil des décennies, c'est devenu le lieu où l'industrie se retrouve,
01:43 et notamment cette année, avec le retour de tous les visiteurs des pays asiatiques.
01:48 - Évidemment, donc c'est une date et une année importante. On va poser un peu le décor, c'est un marché qui pèse combien de milliards de dollars,
01:54 qui emploie combien de personnes dans le monde ?
01:57 - Alors, le marché, on peut le regarder sous deux angles, c'est les matériaux composites, c'est plus de 12 milliards de dollars de matériaux
02:06 qui sont fournis à ceux qui produisent des pièces ensuite en matériaux composites, et on dépasse les 100 milliards avec les pièces qui viennent fournir
02:13 à la fois des secteurs comme l'automobile, l'aviation, les énergies, le médical, le sport, bien sûr, on a beaucoup d'applications dans le domaine du sport,
02:23 et ainsi de suite. On a plus de 15 secteurs d'applications diverses et variées que les composites fournissent, avec toujours les mêmes propriétés,
02:32 celles qu'on connaît bien, qui est la légèreté et la performance, mais aussi bien d'autres propriétés.
02:37 - Et des emplois qui sont des emplois qualifiés, très qualifiés, majoritairement ?
02:41 - Alors, il y a, je dirais, tout un spectre d'opérateurs sur des chaînes de production, jusqu'à des opérateurs dans les domaines de digitalisation,
02:51 de traitement des données, de conception. Aujourd'hui, on conçoit beaucoup plus en amont, on simule, et on prévoit aussi l'automatisation des procédés
03:01 avec de la robotique, etc. Donc, c'est vraiment... ça porte bien son nom, c'est un world, c'est un monde industriel assez large.
03:08 - Et donc, cette émission, c'est Smart Impact, on parle de la transformation environnementale et sociétale de notre économie,
03:14 et donc, évidemment, on va se centrer sur ces questions dans cette émission, ici. Dans quel secteur de la transition écologique
03:23 les composites jouent un rôle peut-être encore plus central qu'ailleurs ?
03:26 - Alors, je dirais que dès qu'on a quelque chose qui est en mouvement, que ce soit un avion, un camion, une voiture, etc., le souci de l'allègement est là.
03:37 La nécessité d'alléger le véhicule permet de réduire les émissions de CO2 parce que le véhicule est plus léger.
03:43 Donc, ça, c'est évidemment une contribution majeure à l'allègement. Après, il y a des activités dans lesquelles les composites amènent d'autres propriétés,
03:51 notamment de rigidité, de résistance. Ça permet, par exemple, de construire des éoliennes qui sont en composites.
03:59 Ça permet, dans les nouvelles énergies, de stocker de l'hydrogène. Ça permet aussi, dans de nombreuses applications, d'avoir des matériaux performants
04:07 qui résistent à la corrosion, qui permettent donc de durer plus longtemps. Donc, dans le développement durable, il y a aussi la durabilité.
04:14 Et les composites, par l'absence de corrosion, notamment par rapport à de l'acier ou d'autres métaux, permettent d'avoir des infrastructures
04:21 et des équipements qui durent plus longtemps.
04:23 Pour l'aviation, par exemple, ça permet de faire... J'imagine que t'es mobilisé. Combien d'économies de carburant ?
04:30 Ça doit dépendre des avions, ça doit dépendre, évidemment, de la taille de l'avion, etc., etc.
04:35 Mais c'est vraiment un enjeu sur lequel les sociétés du composite sont présentes depuis longtemps ?
04:40 Oui, clairement. La part, notamment, des composites dans un avion est passée de quelques pourcentages, aujourd'hui, à plus de la moitié.
04:48 Donc, les fuselages d'un A350 ou d'un Boeing 787 sont en composite.
04:55 Et de nombreux composants, y compris maintenant dans des pièces plus proches des moteurs, sont, eux aussi, en composite.
05:01 Parce qu'on a à la fois des performances de légèreté, mais aussi de résistance, d'absence de fatigue, qui est un terme d'usure, en fait.
05:09 Et cette absence d'usure et de fatigue permet d'améliorer les performances.
05:13 Un salon comme celui-là, un salon comme le JEC World, c'est combien de pays représentés, combien d'exposants ?
05:19 Vous nous avez dit que c'est le premier salon mondial. Ça représente quoi ?
05:21 Alors, aujourd'hui, le salon rassemble 1 200 sociétés, qui sont dans les allées du salon, avec un spectre de participation qui va au-delà de 100 pays.
05:31 Donc, on a à la fois des prix très majeurs et très en avance dans l'industrie. On a un spectre très large parmi ces 100 pays.
05:39 Ça vient d'ouvrir ce matin. J'ai fait un petit tour. Il y a des petits salons sur certains stands. Ça commence déjà par les business. On fait du business dans un salon comme celui-là ?
05:48 Oui, clairement. C'est le rendez-vous de business. D'ailleurs, vous le verrez en parcourant les allées. Beaucoup de rendez-vous sont prévus en amont.
05:57 D'ailleurs, on facilite ça aussi pour que chaque acteur de la filière puisse optimiser son temps sur le salon par des rendez-vous d'affaires qu'on organise, qu'on facilite aussi,
06:07 notamment quand ce sont des visiteurs étrangers. Et puis, on a aussi un spectre de sociétés qui est très large. Ça va de la start-up au très grand groupe industriel.
06:16 Et à ce titre, c'est un secteur dans lequel les start-up sont très vivantes. Il n'y a pas que dans le digital qu'on a des start-up.
06:23 On a démarré il y a plus de 5 ans maintenant un programme d'identification des start-up et de mise en avant de leur technologie avec beaucoup de succès.
06:32 Et on va recevoir certaines de ces entreprises, notamment les lauréats, les lauréates des Jack Innovation Awards avec des nouveautés qui sont,
06:40 évidemment, c'est celles qu'on a choisies, centrées vers les enjeux de transformation environnementale.
06:45 Merci beaucoup, Eric Pierre-Jean. Et bon Jack World. J'accueille tout de suite mon deuxième invité, Philippe Markovitch, le président de Sicomun.
06:59 Bonjour Philippe Markovitch, bienvenue. Bonjour. Vous êtes le président de Sicomun, le propriétaire de Mapuating Paint Systems.
07:07 Ce salon qui est vraiment impressionnant. C'est un rendez-vous important pour vous ?
07:11 C'est le plus grand salon mondial sur les composites. C'est le meilleur, sans aucune comparaison.
07:16 Et vous en avez fait plusieurs dans le monde ? Oui. Composites ici, peut-être 37. Et puis certains ailleurs, à l'étranger.
07:25 Mais c'est le rendez-vous. C'est le rendez-vous mondial. Le rendez-vous mondial, notamment pour présenter ces nouveautés.
07:31 Et vous allez nous en parler. On va avec vous parler d'époxyde haute performance. C'est quoi déjà, peut-être pour commencer, une résine époxydique ?
07:38 C'est le terme que vous employez. Ce sont donc des résines thermodurcissables, généralement bicomposants, qui sont dérivées du pétrole.
07:46 100% dérivées du pétrole, sauf si on va vers d'autres types de technologies, ce que l'on a commencé à faire il y a une quinzaine d'années.
07:52 Vous avez créé une gamme de bioépoxides, c'est ça qui s'appelle Green Epoxy. Alors qu'est-ce qu'elle a de particulier par rapport aux gammes classiques ?
07:58 On remplace certains composants, qui sont dérivés de déchets de la biomasse, pour faire des formules qui sont en partie biosourcées.
08:07 Aujourd'hui, on arrive jusqu'à voir des produits qui sont 50% biosourcés. Et le but, c'est de conserver la performance, mais de moins dépendre de l'industrie du pétrole.
08:18 Et au fur et à mesure des années, on arrivera à des pourcentages de plus en plus élevés de produits biosourcés.
08:23 C'est une préoccupation, un virage que vous avez pris il y a plusieurs années ?
08:27 On a commencé il y a une bonne quinzaine d'années, d'expérimenter. Il n'y avait pas tellement de composants disponibles, mais on l'a fait au fur et à mesure.
08:36 Et on a démarré sur deux marchés qui ont perçu l'intérêt.
08:41 C'était une demande de vos clients aussi ? C'est-à-dire les deux étaient conjugués en quelque sorte ?
08:45 C'est nous qui avons proposé et on a percé sur deux industries, qui étaient l'industrie du surf ou des planches à voile et l'industrie du ski.
08:54 C'était relativement facile d'expérimenter parce que les pièces n'étaient pas grosses et que les clients, ceux qui sont sur la mer, tiennent aux océans.
09:05 Et ceux qui font du ski aussi tiennent à la nature de la montagne.
09:08 Il y a cette conscience environnementale qui était déjà plus importante.
09:10 Sur des pièces qui n'avaient pas besoin de beaucoup de kilos de résine. Mais au fur et à mesure, ça s'est beaucoup répandu sur d'autres industries.
09:16 Vous faites partie des lauréats des Jack Composite Innovation Awards. Pour quels procédés ? Est-ce que vous pouvez nous les présenter ?
09:25 Le procédé qui a été fait par notre client Nano Tourez et notre partenaire technique en Espagne qui est Mel Composite.
09:36 On travaillait avec un procédé d'infusion en utilisant des résines.
09:41 Nos résines avec du bois de balsa, des noyaux de bois de balsa, des fibres de verre et des fibres de carbone.
09:48 Pour faire des très grandes poutres de très grande portée, légères, de 75 mètres de long.
09:53 Pour faire le nouveau toit escamotable du stade du Real Madrid.
09:59 C'est le stade mythique de Bernabeu. J'ai eu la chance d'y aller une fois dans ma vie. Je peux vous dire que c'est vraiment un stade impressionnant.
10:06 Je disais en titre que grâce à vous on allait visiter le stade. Quand on se retrouve dans un lieu pareil avec une mission, c'était quoi le cahier des charges avec vos partenaires ?
10:15 La légèreté, la résistance, la durée dans le temps.
10:20 Si on installe des très grandes pièces qui sont légères, plutôt que d'aller vers de l'acier ou du béton armé, c'est complètement différent.
10:26 Au niveau de la taille des grues, de l'installation et de rendre une structure escamotable qui va nécessiter beaucoup moins d'énergie pour pouvoir être escamoté selon la météo, selon les décisions de ce qui se passe au stade.
10:39 C'est déjà installé, les travaux sont finis ?
10:41 C'est en cours de terminer.
10:45 En cours d'installation. D'une manière générale, quelles sont les applications ? Vous nous avez déjà cité le toit du Real Madrid, vous nous avez déjà parlé de surf, de ski.
10:56 Les applications que vous possédez, c'est dans combien d'univers, de secteurs différents ?
11:01 C'est dans beaucoup de secteurs. Si on parle de l'ingénierie civile, ce qui était le cas du stade de Real Madrid, on a fourni des systèmes pour le musée du futur à Dubai.
11:11 Ceux-là étaient avec des contraintes de résistance au feu. On a fourni aussi plus près d'ici, les coupoles de l'église orthodoxe, la sainte trinité.
11:25 Les cinq dômes sont faits en matériaux composites, des structures beaucoup plus légères. L'ensemble ne pesait que 8 tonnes au lieu de 40 tonnes si ça avait été avec des matériaux classiques.
11:35 On a fourni aussi pour d'autres structures un très grand amphithéâtre pour une société très technique en Californie. Je n'ai pas le droit de citer le nom.
11:45 Tout ce qui doit être léger et résistant.
11:50 Vous êtes passionné de voile, c'est ça ?
11:51 Oui, beaucoup.
11:52 C'est par la voile que vous êtes venu au matériaux composites. Pourquoi ça matchait finalement ?
11:59 Il y a 40 ans, les matériaux composites n'étaient pas encore beaucoup utilisés en voile.
12:07 Je m'y intéressais beaucoup. Il fallait faire des bateaux légers, des multicocs entre autres.
12:13 Plus ils ont été en composites, plus ils ont été légers, plus ils sont durables.
12:16 On a démarré sur le naval, sur l'industrie du sport avant de s'étendre sur beaucoup d'autres secteurs de l'industrie.
12:24 40 ans plus tard, on revient vers la voile puisqu'on a mis au point un système de gréement.
12:31 C'est le retour de la marine marchande. La marine marchande à voile se lance.
12:37 On présente en grande première une aile 100% en composites.
12:42 Il faut nous la décrire. Elle ressemble à quoi cette aile ?
12:45 Elle est sur notre stand. C'est une aile qui est faite de plusieurs panneaux flexibles qui vont prendre une très belle courbure comme une aile d'avion.
12:53 Elle est faite en résine biosourcée, en fibre de lin et un peu de carbone.
12:59 Ça fait partie de l'avenir.
13:02 Il y a aussi dans le secteur du transport maritime la recherche d'une décarbonation.
13:08 Je me souviens de la victoire d'Yves Parlier dans la Mini Transat il y a bien longtemps grâce à un bateau en matériaux composites.
13:17 A quel point ça a révolutionné la voile ? Je pense par exemple au foil. Vous n'en fabriquez pas mais vous avez des clients qui en fabriquent.
13:24 Oui bien sûr. On recherche la légèreté, la performance de pouvoir tenir dans des conditions extrêmes à grande vitesse.
13:32 L'interface air-mer est quelque chose de violent. L'eau est 800 fois plus dense que l'air et les contraintes sont énormes.
13:40 Il faut beaucoup de carbone. Ce sont des pièces dignes de l'aéronautique. Ce sont des pièces très techniques.
13:47 On vit au travers de la créativité de nos clients qui font des fabuleuses pièces en tout genre.
13:52 C'est notre métier de les suivre, de les accompagner.
13:56 Merci beaucoup Philippe Markovitch. Bon salon, bon Jack World. Un nouvel invité va me rejoindre dans quelques secondes.
14:03 On va s'envoler puisque c'est le secteur de l'aérospatial qui nous ouvre ses portes.
14:08 Bonjour Clément Callens. Vous êtes le responsable du département polymère et composite au CETIM.
14:14 Une question toute simple pour démarrer. C'est quoi le CETIM ?
14:17 C'est un centre technique industriel français de la mécanique.
14:22 On regroupe à peu près 1200 collaborateurs, majoritairement techniciens et ingénieurs,
14:28 qui travaillent pour la fabrication de la poudre.
14:32 On trouve de la mécanique partout dans l'industrie, du déploiement stratégique jusqu'au déploiement technologique, jusqu'au dernier kilomètre.
14:42 Le département polymère et composite dont vous êtes le responsable, environ 80 personnes,
14:47 on va rentrer dans le vif du sujet. Comment vous aidez les industriels à s'améliorer, notamment sur les enjeux environnementaux ?
14:53 C'est même 130 personnes si on rajoute notre laboratoire de testing dédié aux matériaux polymères et composites.
15:00 Effectivement, sur cette partie composite, on va découper et accompagner sur les trois branches qui sont matériaux, produits, process,
15:09 de manière à donner toutes les possibilités techniques de déploiement.
15:14 Quand on parle matériaux, ça peut être de l'aide au choix matériaux, le bon matériau au bon endroit.
15:18 Est-ce que j'utilise un biomatériau, plus faible impact environnemental ?
15:22 En ce sens-là, on aide vraiment aussi à faire le bon choix de matériaux qui va avec le bon process pour avoir la meilleure durabilité produit.
15:29 Tout ça contribue finalement à faire des solutions plus efficaces.
15:34 C'est-à-dire que vous avez des solutions qui sont plus efficaces, plus efficaces, plus efficaces,
15:39 plus efficaces, plus efficaces, plus efficaces, plus efficaces, plus efficaces, plus efficaces, plus efficaces, plus efficaces.
15:45 Je le disais en titre, on va parler d'aviation et c'est avec vous qu'on va le faire.
15:49 Le poids, évidemment, c'est un levier majeur pour améliorer le bilan carbone de ce secteur ?
15:54 Forcément, quand on parle d'éléments volants, il faut réduire la masse, mais pas que.
16:01 Il y a aussi des enjeux, notamment dans l'aéronautique maintenant, de produire mieux, plus vite,
16:07 avec une matière plus optimisée, une matière plus durable, plus recyclable aussi.
16:13 Et tous ces enjeux-là finalement font que les matériaux composites, et en particulier des matériaux composites thermoplastiques,
16:21 commencent à trouver leur place dans les nouvelles solutions et les nouveaux produits de l'aéro.
16:26 On va prendre un exemple. Vous faites partie des lauréats des trophées de l'innovation du GEC pour votre travail sur un Krugerflap.
16:34 Je l'avoue humblement, je ne savais pas ce qu'était un Krugerflap. C'est quoi ?
16:39 Un Krugerflap, c'est un volet. On appelle ça un volet Kruger. Il en existe déjà sur les ailes,
16:45 ce qui permet de limiter l'importance ou d'augmenter l'importance en fonction des situations.
16:49 Et le GEC Award qu'on a reçu pour cette innovation, qui est issu d'un projet européen avec des partenaires
16:57 qui sont Sonaca, AFPT, LoireTech et E-Team, c'est finalement un volet qui se déploie pour faire un effet déflecteur à l'atterrissage et au décollage,
17:08 de manière à éviter que les moustiques s'écrasent sur le bord d'attaque.
17:12 Et ça permet en fait de développer des nouveaux systèmes d'aspiration qui réduisent la traînée de l'aile
17:18 et donc à terme qui réduisent la consommation des avions dans notre ciel.
17:23 D'accord, donc là vous nous l'avez dit, c'est un partenariat, il y a plusieurs entreprises qui sont associées,
17:28 projet avec des partenaires français et européens.
17:32 Tout à fait.
17:33 C'est combien d'années de travail, de recherche pour arriver à un procédé comme celui-là ?
17:37 Alors sur un projet comme ça, c'est trois ans, trois ans et demi de travail, mais évidemment on s'appuie sur toute l'expertise
17:44 qu'on a pu développer au CETIM. On a plus de 40 ans d'expérience dans le domaine des matériaux composites notamment.
17:51 Donc on s'appuie sur toute l'expertise qu'on a sur les matériaux, mais aussi sur les développements de process innovants.
17:56 Et dans le cadre de ce projet-là, on a mis en œuvre un process innovant qui s'appelle Speed TP,
18:01 qui est de l'enroulement de tape automatisé, donc on parle de composite thermoplastique,
18:08 et qui permet finalement d'aller beaucoup plus loin sur le combiné matériaux process,
18:14 pour produire finalement des ailes qui sont directement utilisables sans opérations complémentaires.
18:21 Est-ce qu'il y a beaucoup de... on en parlait juste avant, mais il y a de plus en plus de composites dans les avions en général ?
18:29 Est-ce que vous, vous voyez... alors on a bien compris qu'il n'y a pas que l'aviation, il y a beaucoup d'industries qui font appel à vous,
18:35 mais est-ce que vous voyez comme ça des secteurs dans lesquels les composites grandissent et prennent de plus en plus de place, l'aviation y compris ?
18:42 Alors, composite, en fait, il peut y avoir plusieurs solutions de composites,
18:46 on peut parler de composites "traditionnelles" type thermodur, qui existent depuis des décennies dans l'aéronautique et dans le nautisme notamment,
18:54 mais effectivement, il y a aussi des changements qui s'opèrent dans le monde de composites,
19:00 c'est-à-dire certaines pièces vont plutôt basculer vers des composites thermoplastiques,
19:04 qui offrent entre autres des possibilités de recyclage beaucoup plus importantes que les matériaux.
19:10 Alors ça, je veux bien qu'on termine là-dessus, que vous nous l'expliquiez, ce Krugerflap qui vous vaut le trophée,
19:14 il est plus recyclable, mieux recyclable que les volets classiques en quelque sorte ?
19:20 Oui, oui, parce qu'en fait, on parle effectivement de matériaux thermoplastiques,
19:24 ce qui sous-entend qu'on peut revenir fusionner, chauffer pour retransformer ce matériau en fin de vie,
19:31 ou ne serait-ce que sur les chutes de production, donc on est quand même sur des matériaux haute performance,
19:36 donc quand on a des chutes de production sur des matériaux pic carbone ou autre,
19:41 c'est quand même dommageable pour l'environnement et pour l'aspect économique,
19:45 donc c'est vrai que finalement c'est un combo de pouvoir utiliser ce type de matériaux
19:48 et d'avoir des capacités de recyclage via différents moyens,
19:52 mais plus simple que ceux qu'on peut trouver pour les matériaux thermodurs.
19:56 Merci Clément Callensbon, salon du GEC et bravo pour votre trophée.
20:01 On change d'univers tout de suite, on va pousser la porte des chantiers navals de l'Atlantique.
20:06 Dans ce Smart Impact spécial GEC World, j'accueille tout de suite Luc Talbouret, bonjour, bienvenue.
20:18 Bonjour.
20:19 Vous êtes le président de Avel Robotics et vous représentez un consortium de 5 entreprises
20:25 menées par les chantiers de l'Atlantique, donc grâce à vous on va naviguer.
20:29 Qui compose ce consortium ?
20:31 Ce consortium est composé de 5 entreprises avec 4 entreprises de fabrication de pièces carbone,
20:38 à savoir Parent d'Alphabetics, Avel Robotics, CDK, les chantiers qui sont aussi à Lorient,
20:43 LORIMA qui est une fabrication de pièces carbone de mât notamment à Lorient,
20:48 et Multipass qui se trouve à Vannes, et la société SMM Technologies qui est basée à côté à Lorient et qui fabrique les moules.
20:56 Donc on est dans une histoire bretonne.
20:59 Exactement, on est dans une histoire bretonne avec bien sûr, je représente aujourd'hui les chantiers de l'Atlantique
21:04 qui sont le donneur d'ordre et qui se sont associés à nous pour fabriquer ce grand mât de 20 tonnes et de 70 mètres.
21:12 Que vous allez nous décrire dans un instant, au sein de ce consortium, quel est le rôle d'Avel Robotics ?
21:17 Qu'est-ce que vous fabriquez, qu'est-ce que vous faites exactement ?
21:19 Alors je l'ai dit, SMM au tout départ fabrique les moules dans lesquels on va fabriquer les tubes.
21:23 Tous les tubes sont fabriqués par CDK, Lorima et Multipass.
21:26 Ce sont des tubes de 24 mètres, des demi-tubes qui sont assemblés.
21:29 Et pour les assembler, il faut ce qu'on appelle un manchon pour connecter les deux parties de mât.
21:33 Et c'est Avel Robotics qui fait, avec un robot, qui fabrique cette pièce de révolution,
21:38 pas révolutionnaire mais de révolution, puisque c'est un tube complet en une seule fois.
21:44 Là où les demi-coquilles sont en moitié, c'est des coquilles à moitié, des tubes de 24 mètres.
21:50 Alors vous, grâce à ce projet et à cette réalisation, c'est plus qu'un projet,
21:56 vous êtes lauréat du trophée JEC de l'innovation, catégorie transport maritime et construction navale.
22:01 Donc ce mât, il s'appelle Solid Sail Mast, c'est ça ?
22:04 Alors le projet des chantiers atlantiques, c'est le projet Solid Sail qui comporte un mât,
22:09 mais aussi une voile de 1000 mètres carrés en composite,
22:12 qui est fabriquée par un des partenaires d'ailleurs Multipass.
22:15 Il y a aussi bien d'autres entreprises, parce que la levée de la voile et la descente sont contrôlées électroniquement.
22:25 Donc il y a d'autres entreprises qui sont issues de la course au large,
22:28 et qui contrôlent automatiquement cette voile,
22:34 parce qu'il ne va pas y avoir, comme au temps de la marine marchande, 30, 40 personnes pour traiter les voiles.
22:40 Ça va être traité automatiquement, c'est ça qui est merveilleux, grâce à la technologie de la course au large.
22:44 Oui, parce que ce dont vous nous parlez, c'est vraiment d'un renouveau de la marine marchande,
22:49 le retour à une marine marchande à voile.
22:51 On va évidemment le détailler, mais je voudrais revenir sur ce mât.
22:54 Déjà, vous l'avez un peu décrit, mais c'est gigantesque, ça tiendrait dans une salle comme celle-là ?
23:00 Pour vous imaginer, ça fait à peu près une fois et demie la taille de la hauteur de l'Arc de Triomphe.
23:05 Ah oui, c'est gigantesque.
23:07 C'est presque deux fois la taille du plus grand mât des bateaux qui parcourent la planète sur des Ultims.
23:13 C'est une taille qui est rarement vue.
23:17 Un mât de 70 mètres de la hauteur de l'Arc de Triomphe, ça situe le sujet.
23:22 Et surtout, on peut rentrer dedans, puisqu'il fait 2,20 mètres de large.
23:26 Ça a été dimensionné par un des partenaires de cabinet de structure à Nantes, MECA.
23:32 Je voulais citer aussi l'autre partenaire qui nous fournit le carbone, la société Excel.
23:36 C'est un mât 100% carbone, puisqu'on est au Salon des matériaux composites.
23:41 Il faut expliquer les avantages des matériaux composites pour un projet comme celui-là.
23:45 Vous imaginez, le mât fait 20 tonnes.
23:48 Si on avait dû le fabriquer en acier, il ferait plus de 100 tonnes.
23:53 Les matériaux composites offrent une résistance et une légèreté qu'aucun autre matériau n'offre.
23:59 C'est tout l'intérêt.
24:01 La particularité de ce mât, c'est qu'il se bascule pour pouvoir passer sous les ponts.
24:07 Il a été conçu par les chantiers de l'Atlantique pour fournir ses clients des navires de transport à passagers.
24:15 Les navires de transport à passagers vont à New York.
24:18 À New York, il faut passer le pont du Garagliano.
24:21 Je me trompe de nom, mais c'est le pont juste avant l'entrée de la statue de la liberté.
24:26 Il faut incliner le mât à 45 degrés.
24:30 Si vous inclinez 20 tonnes, ce n'est pas facile, mais si c'est 2 fois plus ou 5 fois plus, c'est impossible.
24:38 Il n'y avait plus de projet sans macarbone.
24:41 Exactement. C'est un gréement particulier.
24:45 Les cargos ou les grands navires, on parle de navires de 200 mètres,
24:51 de navires à passagers, ne peuvent pas changer d'orientation la trajectoire du navire avec la profondeur de la quille.
24:59 Le mât doit tourner.
25:02 Là où les petits voiliers se mettent face au vent et affalent la voile, il faut que le mât tourne tout seul.
25:07 Il est sur balestron.
25:10 Le bateau peut suivre sa trajectoire et c'est le mât qui s'adapte à la trajectoire du bateau et pas l'inverse.
25:16 On parle d'un renouveau de la marine marchande.
25:19 A quel point c'est pionnier et à quel point vous réinventez le transport maritime ?
25:24 C'est pionnier parce que nous sommes les premiers au monde à avoir un mât de cette taille-là pour mettre sur des navires.
25:30 Les autres projets ne sont pas aussi avancés que nous.
25:33 Les chantiers ont commencé il y a 5 ans.
25:36 Jean Le Cam, qui est un salarié de navigateur, avait été missionné par le Total d'Attaque pour faire des tests sur ces bateaux.
25:40 Mais c'était déjà il y a 5 ans.
25:42 On est les premiers à réinventer le transport grâce à l'objectif de consommer moins d'énergie, moins de gasoil, pour faire simple, dans les bateaux.
25:52 Et de réduire jusqu'à 40% la consommation de gasoil.
25:55 Et donc ça va dans l'objectif du transport maritime décarboné.
25:59 Et donc ça veut dire quoi ?
26:01 Ça veut dire que c'est des bateaux avec un grand mât et une voile carbone ?
26:06 C'est un grand mât avec une voile de 1000 m² en composite, c'est-à-dire rigide, qui se plie comme on plie des volets.
26:13 De 1000 m², vous vous imaginez ? Sur 70 m², c'est le truc incroyable.
26:17 Mais le mât, il existe.
26:18 Vous passez sur le pont de Saint-Nazaire, vous voyez le mât.
26:20 Et il y a une voile d'avant, un foc.
26:23 Et sur un bateau de 200 m, les chantiers ont prévu de mettre 3 mâts comme ça.
26:28 Vous allez avoir 3 mâts de 70 m.
26:30 Donc sur un bateau de passagers de 200 m, vous allez avoir 60 tonnes de carbone avec 3 fois 1000 m² de voile.
26:38 Sur l'innovation, le procédé de fabrication, quelle est la part de robotisation d'un projet comme celui-là ?
26:45 Comme vous l'avez compris, les premiers tubes ont été faits à la main parce que c'est des tubes de 24 m.
26:51 Mais l'ambition avec le marché qui est parti, parce que là, il y a eu une commande des Champs-Élysées Atlantiques
26:55 avec l'Orient Express du groupe Accor, qui a commandé 2 navires fermes.
27:01 Donc, ça a été fait, ces premiers mâts à la main pour ces 5 premières années.
27:07 Le premier mât a été fait à la main.
27:09 Et l'ambition, c'est dans les 2 ans qui viennent d'ouvrir une usine qui va être automatisée avec des robots de drapage.
27:15 Et c'est tout l'intérêt là où Avel Robotics joue son rôle.
27:18 C'est qu'on a été les premiers à draper du carbone pour le secteur nautique et naval.
27:23 Et donc, on va transférer ce savoir-faire avec les Champs-Élysées Atlantiques pour fabriquer ces mâts.
27:28 Parce qu'à la main, on ne suivra pas la cadence nécessaire au marché qui est de plusieurs dizaines de mâts par an.
27:35 Vous imaginez, ça fait 200 tonnes par an de carbone. Je ne sais pas si vous réalisez la quantité de carbone qu'il va falloir.
27:41 C'est effectivement impressionnant et ça ouvre des perspectives qui sont radieuses.
27:45 Merci beaucoup. Merci Luc Talbouret. Bon salon.
27:48 Voilà, c'est la fin de ce Smart Impact spécial matériaux composites depuis le Parc des Expositions de Villepeinte à l'occasion de ce salon.
27:58 Je vais tout de suite partir faire un tour dans les allées. Salut.
28:01 [Musique]
28:11 Smart Impact vous a été présenté par Jack World, le rendez-vous mondial dédié aux composites.
28:17 Composite.