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Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

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00:00 Ravi de vous retrouver ce soir.
00:03 Gabriel Cluzel, Charlotte Dornelas, Marc Menand et Mathieu Bocoté.
00:07 Pas de pochette de couleur ce soir.
00:08 Vous êtes tristounet ou bien non ?
00:11 Ça va ?
00:11 - De toute manière, je suis à corps.
00:13 - Ah non, face à l'info, c'est toujours la joie.
00:16 - Face à l'info, c'est la joie.
00:17 - Voilà.
00:18 Allez, c'est parti.
00:19 Michael Dos Santos pour commencer.
00:22 Un homme de 22 ans est mort en Seine-et-Marne.
00:28 Son corps a été retrouvé dans une voiture garée
00:30 dans un quartier résidentiel de la ville de Nanjis.
00:33 La victime avait plusieurs impacts de balles.
00:35 Aucune arme n'a été retrouvée.
00:37 Le mobile du meurtre reste pour le moment indéterminé.
00:40 François Bayrou, jugé en octobre prochain à Paris,
00:43 accusé de complicité de détournement de fonds publics européens.
00:46 L'ex-ministre est soupçonné d'avoir embauché des assistants parlementaires
00:50 qui auraient parfois travaillé pour le modem qu'il préside.
00:53 Dix autres cadres du parti sont également concernés par cette affaire.
00:57 Enfin, Joe Biden, candidat à la présidentielle en 2024.
01:00 Chaque génération a un moment où elle a dû défendre la démocratie.
01:04 Je crois que c'est le nôtre.
01:05 Finissons le travail, a tweeté l'actuel pensionnaire de la Maison-Blanche.
01:08 Cela pourrait donner lieu à un nouveau duel entre Joe Biden et Donald Trump.
01:12 - Oui, ça vous révolte, cette histoire de Joe Biden, c'est vrai ?
01:17 - Oh, ça ne me révolte pas.
01:18 Mais ça m'amuse de voir la plus grande puissance de la planète
01:20 dirigée par d'un côté la momie et de l'autre côté la brute.
01:25 Un peu épaisse.
01:27 - C'était l'éditeur de Mathieu Bocoté avant l'heure.
01:30 - Comme quoi, il sait faire court.
01:31 - Au sommaire ce soir, Emmanuel Macron peut-il encore arriver à se déplacer en France ?
01:39 Le chef de l'état a dû quitter Vendôme sans rencontrer les manifestants.
01:42 Le jeu de piste a été compliqué.
01:44 Un arrêté préfectoral a d'abord interdit toute manifestation
01:48 dans le périmètre de la visite du président,
01:50 puis a été suspendu par la justice après un lundi compliqué
01:54 pour les ministres malmenés sur le terrain.
01:56 Le président ne devient-il pas persona non grata dans son propre pays ?
02:02 Les éditorialistes donneront leur avis.
02:05 La Idelfitre est-il devenue un jour férié sans le dire ?
02:11 Cette fête qui célèbre la fin du ramadan a vu les écoles se vider.
02:16 Avec un taux record d'absentéisme cette année dans certaines écoles primaires à Paris,
02:20 plusieurs politiques ont déjà demandé à ce que ce jour soit férié pour tous.
02:25 Comment expliquer ce phénomène qui aurait été inimaginable il y a quelques années à peine ?
02:30 En quoi la composante démographique et culturelle a-t-elle définitivement basculé ?
02:36 L'édito de Mathieu Boquecote.
02:39 Toujours à l'école, un an après la présidentielle,
02:41 on se demandera pourquoi les professeurs n'hésitent plus à se tourner vers le Rassemblement National ?
02:47 RTL s'est penché sur la question avec une étude du Cévipof
02:50 selon laquelle 25% des enseignants auraient voté pour Marine Le Pen au second tour de la présidentielle.
02:57 Les raisons ? Le déclassement social, le sentiment d'abandon auprès des institutions
03:02 ou encore la remise en cause de la laïcité ? L'analyse de Gabriel Cluzel.
03:08 À Mayotte, le tribunal judiciaire suspend l'évacuation d'un bidonville
03:13 lors de l'opération destinée à expulser les étrangers en situation irrégulière de l'île.
03:18 Le préfet de Mayotte prévoit de faire appel.
03:21 Comment expliquer que la justice en vient à être tolérante avec les intolérants ?
03:27 Comment expliquer que la justice défend et protège ceux qui violent la loi ?
03:32 Le décryptage de Charlotte Dornelas.
03:35 Et puis alors que Gérald Darmanin défend une action visant à la restauration de la paix républicaine à Mayotte,
03:41 nous allons nous pencher sur l'histoire de cette île.
03:43 Comment cette île à 95% musulmane est-elle devenue française ?
03:49 Est-elle devenue un département français ?
03:52 Marc Menand raconte.
03:55 Et puis nous allons nous arrêter sur Giorgia Meloni qui conteste l'antifascisme dont la gauche se prévaut.
04:02 Mathieu Boccotti s'arrêtera sur cet embroglio avec Giorgia Meloni face à l'antifascisme.
04:09 On en parle avec donc Mathieu Boccotti.
04:13 Luna pour prendre un peu de hauteur sur l'actualité avec nos éditorialistes et nos mousquetaires. C'est parti.
04:20 Alors dans un instant on va parler d'Emmanuel Macron.
04:34 On fera un tour de table pour savoir est-ce qu'il peut encore se déplacer dans son propre pays ?
04:39 Est-ce qu'il n'est pas personnel en Grata ?
04:41 On fera un tour de table, j'ai envie d'avoir votre regard là-dessus parce que ce concert de casserole continue dans toute la France
04:47 et maintenant il est un peu empêché sur le terrain.
04:51 On en parle dans un instant.
04:52 Vendredi, Mathieu Boccotti s'était l'Aïd, le jour qui célèbre la fin du ramadan.
04:57 Et pour l'occasion, les rues de Paris étaient vides, les taxis étaient rares.
05:01 Plusieurs écoles d'Île-de-France étaient elles aussi quasiment vides avec un taux record d'absentéisme pour certaines écoles.
05:08 Comment expliquer ce phénomène qui aurait été inimaginable il y a quelques années à peine ?
05:13 Est-ce que l'Aïd est devenu aujourd'hui un jour férié officieux ?
05:18 Je crois que vous nommez la chose essentielle dès maintenant.
05:21 C'est-à-dire dans les faits, à cause du changement culturel, du changement démographique que connaît la France dans plusieurs territoires.
05:29 Vous savez, un pays ce n'est pas simplement un territoire et du droit ou un territoire et une structure purement formelle.
05:36 C'est une population et une culture.
05:38 Et si vous avez dans ce pays des endroits où la population est massivement ou majoritairement musulmane,
05:44 vous allez avoir dans les mœurs, dans les fêtes, dans les habitudes, dans les rituels,
05:49 les habitudes non pas historiquement qui ont caractérisé la France, mais celles de l'islam.
05:54 Ça va de soi. Pour peu qu'on ait un minimum de sens de comment fonctionne l'histoire, on le voit.
05:59 Mais il faut voir jusqu'où l'ampleur de ce basculement démographique qui a des effets culturels.
06:05 Donc, c'était rapporté dans le Figaro. C'est assez intéressant.
06:08 Donc, à Tavernier, en Ile-de-France, on nous raconte, il manquait 400 élèves sur les 2000 personnes scolarisées en cours élémentaire.
06:17 Dans une autre ville, dans le Val-d'Oise, plus du tiers des élèves sont absents.
06:22 À Paris, un conseiller d'arrondissement raconte, à peine 20 % d'élèves présents aux primaires.
06:28 Un conducteur de transport en Ile-de-Saint-Denis comptait moins d'un enfant sur cinq par rapport à l'effectif qu'il a normalement.
06:36 Je pourrais vous donner d'autres exemples, des classes à peu près vides, des classes à moitié vides.
06:41 En fait, les exemples, je pourrais vous faire 12 minutes d'édito sur les classes vides,
06:45 en nommant simplement les écoles où cette absence a été remarquée.
06:50 Il y a une autre dimension à ça, soit dit en passant, lorsque vient le temps du Ramadan.
06:54 Et ça, quand on parle à des professeurs, ils nous le disent tout en nous demandant de ne pas dire leur nom.
06:59 Ils nous disent « un instant, les élèves, pendant le Ramadan, puisqu'il y a des contraintes alimentaires, ils sont souvent plus fatigués.
07:05 C'est un vrai problème, ils ont de la difficulté à se concentrer.
07:08 C'est compliqué pour eux, autrement dit, intégrer le rythme du Ramadan dans le rythme scolaire.
07:15 On va aller encore plus loin. Les élèves sont même quelques fois plus turbulents.
07:18 Parce qu'à ce stage-là, si vous n'avez pas l'occasion de vous alimenter sur un mode à peu près normal,
07:23 et que vous devez suivre des contraintes qui sont peut-être bonnes pour le monde adulte,
07:26 je n'en sais rien, mais certainement pas au moment de la formation, des corps, de la conscience.
07:31 Tout ça, je dirais l'islamisation, pas au sens de l'islamisme, mais le basculement dans l'islam de parties significatives du territoire
07:41 entraîne une transformation des mœurs. C'est que c'est compliqué aussi pour les enseignants et les professeurs.
07:45 J'ajoute, si on lisait bien l'article du Figaro, et si on lisait aussi aux alentours,
07:48 qu'il y a aussi des enseignants et des surveillants qui ne sont pas disponibles le jour de l'Eid.
07:53 Autrement dit, il y a un rappel culturel. On a beau tambouriner laïcité, laïcité, laïcité, avec des majuscules partout,
08:01 la laïcité finalement, si vous changez de peuple, la laïcité, elle s'effondre devant vous le lendemain matin.
08:07 Alors, il y a deux facteurs justement là-dedans. Le premier, c'est, on pourrait dire,
08:11 qu'il y a une forme d'accélération historique, le changement de peuple, ou ce que la gauche appelle la créolisation,
08:17 ce que Emmanuel Macron appelle la transition démographique, il y a plusieurs termes pour nommer ça,
08:22 eh bien, ce changement de peuple finit par avoir ses effets, tôt ou tard.
08:26 Ça aurait pu être il y a cinq ans, là, dans cinq ans, dans dix ans, mais là, maintenant, le basculement, nous en sommes contemporains.
08:32 Mais il y a aussi, et là, c'est ce qui est remarquable, puis je reviendrai cette année, pour certaines dimensions planifiées.
08:37 Dimensions planifiées, c'est-à-dire, pourquoi est-ce que ça a basculé en l'espace d'un an, deux ans, trois ans,
08:42 particulièrement cette année ? Eh bien, parce qu'il y a une part d'organisation militante pour pousser, justement,
08:47 les jeunes, les élèves, les étudiants, à déserter le système scolaire au moment de la Hid,
08:54 et ça, c'est probablement la part nouvelle dans cette analyse.
08:57 Alors, c'est-à-dire, comment vous dites planifier l'absentéisme ?
09:01 Alors, vous savez, un des grands fléaux qui pèse sur notre époque, c'est évidemment TikTok.
09:05 Nous le savons, et, alors, c'est ce qu'on a appelé, moi, j'ai découvert ça aujourd'hui, le Mazdaq.
09:11 Qu'est-ce que le Mazdaq ? Un terme d'origine, d'un dialecte lointain qui vient du Maghreb ? Pas du tout.
09:17 C'est un influenceur sur TikTok, donc, qui a un Mazdaq trading, qui donne des conseils juridiques aux gens,
09:24 de même ou de manière, autrement dit, comment faire valoir ses droits.
09:27 Et il y a une formule, quand vient le temps d'imposer à son professeur, de lui obliger, de dire,
09:32 « Je ne pourrai pas être là demain parce que j'ai mon congé religieux, et vous êtes obligés de céder »,
09:37 il y a même une formule, c'est « Mazdaquiser un prof », « Mazdaquiser ».
09:41 Donc, c'est un verbe nouveau, l'art de faire valoir ses droits sur le mode de la rhétorique diversitaire
09:47 et de la complication juridique pour être capable de faire tomber une culture, ça, c'est ma définition,
09:51 « Mazdaquiser un prof ». Ce qui est intéressant, c'est que ce Mazdaq a fait une vidéo qui a été vue par environ 2 millions de personnes,
10:01 enfin, elle a été vue par 2 millions de personnes en une semaine. Et qu'est-ce qu'on y voyait?
10:05 Eh bien, une rétorque, une forme de tutoriel, comme on dirait aujourd'hui, pour expliquer comment dire à un professeur
10:10 qui dirait, « Oui, c'est bien beau que ce soit laïc, mais il y a une obligation scolaire, tu dois être là »,
10:15 eh bien, il a fouillé dans le droit, ou d'autres ont fouillé dans le droit pour lui, ça, on verra bien.
10:20 Donc, à la formule qui dit, « On est obligés, finalement, d'aller à l'école les jours où il y a une programmation scolaire »,
10:28 eh bien, il a trouvé une circulaire datant de 2004, du 18 mai 2004, qui permet, je cite,
10:35 « Des autorisations d'absence doivent pouvoir être accordées aux élèves pour les grandes fêtes religieuses qui ne coïncident pas avec un jour de congé ».
10:43 Autrement dit, une disposition d'exception qui traînait dans la loi pour des circonstances, vraiment, je le redis, exceptionnelles,
10:51 on la déterre, on s'en empare, et on a fait une arme de conquête juridique devant l'Éducation nationale en disant,
10:59 « Le droit a prévu la possibilité pour nous de nous dérober à votre calendrier scolaire parce que notre fête religieuse est plus importante ».
11:08 Donc, c'est une machine à normaliser l'exception.
11:11 Ça vous fait peut-être penser à ce dont on parlait il y a quelques semaines, quelques mois, avec Charlotte.
11:15 Rappelez-vous les tutoriaux, les vidéos YouTube, TikTok, tout ça, d'influenceurs, d'influenceuses,
11:21 qui expliquaient comment trouver des tenues religieuses adaptées pour être capables de contourner la laïcité à l'école.
11:30 Donc, ce qu'on a appelé quelques fois les « atteintes à la laïcité » parce qu'on n'est pas capables de parler avec un autre langage que celui de la laïcité,
11:37 ce qui est intéressant, c'est qu'il y avait cette stratégie très nette pour pousser les jeunes musulmans à affronter frontalement le système scolaire,
11:47 mais avec la part de petites ruses en disant, « Non, non, ce n'est pas le voile classique, c'est l'abaya, ce n'est pas un vêtement religieux traditionnel,
11:54 c'est un vêtement culturel traditionnel, vous devez donc vous y plier ».
11:58 Donc, qu'est-ce qu'on voit à travers ça? C'est l'instrumentalisation du droit pour être capable d'imposer des codes culturels à l'école aujourd'hui.
12:07 Il y a une dimension supplémentaire qui s'ajoute à ça, c'est que ce n'est pas simplement de la religion, on s'entend.
12:11 C'est un effet de rapport de force démographique. Parce que quand vous avez dans une classe un élève, deux élèves, trois élèves,
12:19 qui portent des codes culturels très étrangers, finalement, je pense que l'effet d'imprégnation et d'assimilation fonctionne.
12:26 Au moins, à la rigueur, vous pouvez toujours faire une exception pour un élève, c'est toujours possible.
12:30 Mais quand finalement, vous avez la moitié d'une classe qui décide de ne pas participer aux activités scolaires,
12:35 qui peut refuser les sorties scolaires, qui décide de ne pas s'y présenter, la minorité, qui n'est plus une minorité en certains endroits,
12:42 impose aux autres élèves qui, eux, ne célébraient pas la Hyde, ils imposent un congé qui n'était pas programmé.
12:48 Ils déstabilisent le calendrier scolaire, ils déstabilisent la manière d'enseigner, le calendrier, le programme d'enseignement.
12:55 Donc finalement, la minorité réussit, dans les circonstances, à imposer aux communes et mortelles une fête religieuse,
13:02 je reprends votre formule, un congé férié officieux.
13:05 J'ai une petite question, s'il vous plaît, avant ma dernière question de fin. Lorsqu'on voit qu'effectivement, par exemple, à Paris,
13:10 qu'il n'y avait pas de taxi, parce que là, on parle de l'école, mais il y a beaucoup d'entreprises où il n'y avait pas,
13:16 justement, où justement les musulmans ont fêté cette fin du Ramadan, on peut le constater, mais faut-il le déplorer?
13:23 Moi, je constate que lorsqu'on a une partie significative de la population qui décide de faire passer une coutume communautaire,
13:33 davantage que les exigences de l'intégration à la vie sociale, je pense que, je ne sais pas si je dois déplorer ou non,
13:39 mais je constate que leur fameux vivre ensemble, il ne fonctionne pas.
13:42 Je constate que cette journée-là, la diversité, je ne sais pas si c'est une richesse ou si ce n'est pas une soustraction d'efficacité sociale.
13:48 Je ne sais pas si leur diversité dont on nous parle tant, cette journée-là, elle ne se présente pas à nous sous le visage de la fragmentation.
13:54 Ensuite, vous déplorez, vous chantez, vous maudirez, vous direz que c'est formidable.
13:58 Je constate que l'intégration dont on nous dit qu'elle fonctionne formidablement, on la définit strictement avec des valeurs.
14:03 Les valeurs de la République, sur le plan des mœurs, qui est le seul endroit, où ça conge la question de l'intégration.
14:09 L'intégration, c'est vivre ensemble de la même manière, partager des mœurs, partager des habitudes, partager des coutumes, partager un verre, partager un repas,
14:17 être capable de se toucher contre les sexes hommes et femmes sans qu'il y ait une interdiction de se serrer la main.
14:21 Ça, c'est de l'intégration. Je constate qu'elle n'est pas toujours là.
14:25 Dernière question. N'est-ce pas finalement un accommodement raisonnable?
14:28 Oui, cette horrible formule venue de mon pays, c'est-à-dire les accommodements raisonnables qui consistent dans les faits...
14:34 - Les Québécois. - Je sais, je suis au courant.
14:36 Les Québécois, c'est canadien, c'est encore pire. Le Québec, on résiste à ça.
14:40 Vous savez, les accommodements raisonnables, qu'est-ce que c'est?
14:42 - Consensus. - C'est l'inversion du devoir d'intégration.
14:46 Ce n'est plus à l'émigré à s'adapter à la société d'accueil, c'est à la société d'accueil à adapter ses institutions à la diversité et aux minorités.
14:56 C'est ça. La logique des accommodements raisonnables, il ne faut jamais se laisser bluffer par je ne sais quel intellectuel qui va nous dire
15:02 « Non, non, c'est très bien, c'est un mode d'aménagement de la diversité. » Non!
15:05 C'est la société d'accueil qui se transforme pour accommoder la diversité.
15:08 Et là, on nous dira justement « Mais il y a Pâques, mais il y a Noël, est-ce que alors les musulmans n'auraient pas le droit, et puis d'autres communautés? »
15:14 Non, justement, c'est justement le problème.
15:17 Celui qui arrive en France ou en Italie ou ailleurs, arrive dans un endroit du monde qui n'est pas un endroit indéterminé,
15:22 qui n'est pas un endroit sans personnalité, qui n'est pas un endroit sans culture.
15:25 Il arrive dans un endroit marqué par un certain calendrier qui est globalement le calendrier du christianisme.
15:31 Et celui qui arrive ici est en droit de pratiquer sa religion dans l'intime s'il le souhaite.
15:35 Évidemment, on ne va embêter personne avec ça.
15:37 Mais, mais, il accepte une matrice de civilisation qui est marquée par le catholicisme, qui est marquée par le christianisme.
15:44 Je dirais que le génie de la France, c'est que vous pouvez être athée, croyant, musulman, bouddhiste, catholique,
15:50 protestant, ce que vous voulez, mais vous êtes tous néanmoins catholiques culturellement.
15:53 Et ça, ça veut dire accepter que certains...
15:55 Autrement dit, si toutes les convictions sont égales devant la loi,
15:58 toutes les religions ne sont pas égales devant la mémoire et l'identité.
16:02 Alors, on me dirait, oui, mais c'est important, justement, pour certains musulmans,
16:05 d'avoir, de transformer ça en jour férié officiel, pas seulement officieux.
16:09 Mais c'est justement parce que c'est important qu'il faut dire non.
16:12 Il faut renverser l'argument.
16:13 C'est parce que s'intégrer, ça implique une part de sacrifice.
16:16 S'intégrer, ça implique d'accepter les codes de la société où on arrive.
16:19 S'intégrer, ça consiste non pas à imposer ces codes à ceux qui nous accueillent,
16:23 mais à accepter que ceux qui nous accueillent posent un cadre.
16:26 Dans ce cadre, vous affirmerez votre singularité, votre diversité,
16:29 appelez ça comme vous voulez, mais vous n'êtes pas en droit de remplacer
16:32 le cadre culturel du pays d'accueil par un autre cadre.
16:36 Alors, pour l'instant, la laïcité permet de tenir entre guillemets,
16:39 mais on le voit, la laïcité ne tient pas devant la démographie.
16:42 La démographie fait l'histoire et la démographie fera tomber la laïcité,
16:45 si ça continue comme ça.
16:47 - La laïcité, elle est déjà tombée, malheureusement, car on ne l'applique pas.
16:50 La laïcité, c'est justement de faire en sorte que la religion,
16:54 à part quelques empreintes, ne soit pas présente
16:57 et que nous sommes d'abord, tout à chacun,
17:00 non pas d'une civilisation entre guillemets, mais nous sommes des citoyens.
17:04 Donc, nous devons nous rencontrer selon les principes citoyens.
17:08 Et par conséquent, c'est complètement aberrant de voir tout ce que Mathieu vient de développer.
17:13 C'est un affront, c'est une offense au principe même de la République,
17:17 l'haïkarde, telle qu'elle devrait être la référence.
17:21 On n'a plus de laïcité, on a un multiculturalisme.
17:25 - J'aurais pu passer une heure sur ce sujet, parce que j'aurais plein de questions,
17:28 mais on aura l'occasion de revenir à cette heure.
17:30 - Non, on est d'accord sur l'ensemble, mais il y a quand même ce point d'une laïcité dévoyée
17:32 qui ne peut plus rien dire.
17:34 Si la laïcité ne fait pas respecter la République, il n'y a pas de laïcité.
17:37 - Avec Gabriel Clezel, on va se demander ce soir
17:40 pourquoi les professeurs n'hésitent pas à se tourner vers le Rassemblement national,
17:43 à la présidentielle. Il y a peut-être un lien, justement.
17:46 Ça en fait certainement partie, cette laïcité,
17:48 puisque selon une étude du Cevipof que reprend nos confrères de RTL,
17:52 25% des enseignants auraient penché pour Marine Le Pen à la dernière présidentielle.
17:57 Les raisons ? La laïcité, vous en avez parlé,
18:00 le déclassement social. Est-ce que c'est une citadelle de la gauche qui tombe ?
18:05 - Oui, alors le Cevipof avait fait des estimations pour l'élection de 2022,
18:13 il en avait fait aussi pour l'élection de 2011,
18:15 et on se rend compte que s'il y avait 11% de professeurs
18:18 qui prévoyaient de voter Rassemblement national en 2017,
18:22 il y en avait 25% pour 2022.
18:25 Donc c'est une multiplication, plus d'une multiplication,
18:28 donc une progression très forte.
18:29 Alors nos confrères de RTL, mais aussi de Marianne,
18:32 sont allés à la rencontre de ces professeurs
18:34 qui sont passés du côté obscur de la force,
18:36 ils sont allés les interroger, alors anonymement,
18:39 ils veulent rester anonymes, c'est encore une preuve supplémentaire
18:42 de la grande tolérance de leurs collègues de gauche,
18:46 parce qu'ils ne veulent pas que cela se sache,
18:48 comme s'ils en avaient honte.
18:50 Alors oui, c'est potentiellement une citadelle qui peut s'effondrer,
18:56 parce que si vraiment il y avait un bastion de la gauche
18:59 qu'on imaginait imprenable, c'était bien celui-là.
19:03 C'est vrai qu'on avait l'impression que prof de gauche, c'était un pléonasme.
19:06 Et pourtant, le métier de professeur, par essence, est conservateur,
19:11 c'est un métier de transmission.
19:14 Les UCR Noirs de la République étaient réputés de gauche,
19:17 et pourtant, ils étaient dans une mission de transmission.
19:20 Ils avaient même à cœur de montrer que ça allait mieux transmettre
19:22 que les frères des écoles chrétiennes.
19:24 Mais à partir des années 70-80, Bourdieu et ses épigones,
19:28 le célèbre pédagogiste, a résolu ce paradoxe
19:34 en faisant du passé table rase.
19:37 L'élève, ça a été souvent dit, mais ça mérite d'être appelé,
19:41 a été chargé de construire son savoir,
19:45 et le prof est descendu de son estrade magistrale.
19:49 Mais au fond d'eux, il y a quand même beaucoup de professeurs
19:52 qui gardent cette vocation de UCR de la République.
19:55 Ils ont à cœur d'instruire, et ils savent que cette mission
19:58 nécessite du silence, de la rigueur, de l'autorité,
20:01 de l'amour du travail bien fait, de la ponctualité,
20:04 du travail sans cesse remis sur l'ouvrage,
20:07 et finalement toutes ces notions qui, curieusement,
20:10 sont devenues de droite.
20:12 Or, ils veulent de la méritocratie, et on leur impose de la médiocratie.
20:16 Il n'y a plus que pour le foot, vous aurez noté,
20:19 qu'on accepte la méritocratie.
20:21 Vous savez, pour être joueur de foot, on n'est pas sélectionné
20:23 sur un entretien. On ne se dit pas "tiens, c'est une belle personne,
20:26 il va devenir joueur de foot". Non, évidemment, ce n'est pas ça.
20:29 Mais pour une raison que l'on ignore, pour le reste,
20:32 la méritocratie n'a plus la côte.
20:35 – Alors, ce n'est pas un raz-de-marée non plus, Gabrielle Cusel,
20:38 dans "Séance sur 4" ? – Non, ce n'est pas un raz-de-marée,
20:42 mais c'est quand même une brèche dans la citade.
20:46 Alors, rassurez-vous, ou pas,
20:49 [Rires]
20:52 vos enfants, s'ils sont au lycée, ils continueront d'étudier
20:56 Eldorado, qui est une ode à la migration de Laurent Godet,
21:00 vous savez, ce militant d'extrême-gauche, qui a reçu le prix Goncourt,
21:04 qui est dans les listes officielles de nombreuses académies,
21:07 mais en revanche, vous avez peu de chances d'avoir soumission de Welbeck,
21:10 enfin, Welbeck, qui a aussi reçu le prix Goncourt, pour une autre œuvre.
21:13 Mais pour ça, c'est absolument évident, et ça reste un tabou dans la salle des profs,
21:19 ça RTL le précise bien dans son étude, mais néanmoins,
21:23 c'est un véritable signal, et ça montre que les choses changent.
21:29 Alors, à vous écouter, ce ne sont pas ces profs qui ont changé,
21:32 mais c'est plutôt la gauche elle-même qui a changé, et Marc Menand a qu'est.
21:37 C'est exactement ça, eux n'ont pas tellement bougé,
21:43 parce qu'encore une fois, ils sont les héritiers des hussardes de la République,
21:46 mais la gauche, elle, a profondément évolué.
21:49 Et puis, il y a une autre chose qui change, c'est la société.
21:51 Vous savez, les profs sont aux avant-postes de ce changement.
21:54 Pourquoi ? Parce que quand une société change, c'est comme tout mouvement,
21:57 il y a une inertie, donc au début, on ne la voit pas changer.
22:00 Et c'est au plus loin de sa trajectoire qu'on peut voir l'écart.
22:03 Donc, ce n'est pas dans les Ehpad qu'on va voir la société qui a changé,
22:06 c'est dans les écoles. En fait, les professeurs,
22:09 ils sont les sentinelles de la France de demain.
22:12 Et ce qui explique que même quand ils ont quelques utopies au fond du cœur,
22:16 eh bien, ils se heurtent à la réalité.
22:20 De quelles utopies s'agit-il, et justement, de quelle réalité ?
22:24 À quelle réalité ils se heurtent ?
22:26 Pour moi, il y a deux utopies.
22:29 La première, c'est celle qui découle de l'interdit à interdire,
22:33 c'est celle de l'enfant roi qui est devenu l'enfant tyran.
22:37 Vous savez très bien que les professeurs aujourd'hui,
22:40 ils n'ont plus de mesures coercitives suffisantes pour asseoir leur autorité.
22:45 C'est très compliqué, c'est comme un policier qui aura un petit bouquet de pâquerettes
22:51 pour arrêter les délinquants. Ce n'est pas possible sans coercition.
22:55 Et puis les premiers, ils ont vu les ravages,
22:57 alors c'est un sujet qui fait encore débat,
22:59 et pourtant de nombreux psychologues s'élèvent contre ça,
23:02 ils ont vu les ravages de l'excès d'éducation bienveillante et d'éducation positive.
23:08 Évidemment, il ne s'agit pas de prôner l'éducation malveillante et l'éducation négative,
23:13 mais simplement une éducation qui pose des limites.
23:16 Aujourd'hui, il y a plusieurs psychologues, comme Didier Pleu ou Caroline Goldman,
23:20 qui a écrit "File dans ta chambre", qui aujourd'hui dénoncent cette éducation positive.
23:29 Les premiers, ils ont vu qu'il y avait des enfants surdoués,
23:33 enfin précoces comme on dit aujourd'hui, mais que tous les enfants pénibles,
23:36 a contrario, n'étaient pas des enfants précoces.
23:39 La deuxième utopie.
23:41 Ah oui, la deuxième utopie, j'allais oublier le fil.
23:43 C'est de croire qu'on va accueillir une immigration massive
23:46 et que cela va passer comme une lettre à la poste.
23:48 En fait, on fait une passerelle à l'école.
23:50 On leur dit "Allez, vous serez à la fois le prof, mais aussi le flic, le parent",
23:54 parce qu'ils ont des enfants pour lesquels le français n'est pas leur langue maternelle,
23:59 parfois avec des parents complètement dépassés, qui ne connaissent pas nos moeurs.
24:02 On leur charge à l'école de leur apprendre tout cela.
24:05 Évidemment, quand ces élèves sont très nombreux, c'est très compliqué.
24:09 On leur charge de leur faire aimer la France,
24:11 avec des bouquins d'Histoire-Géo qui répètent que, contrairement au Lavis d'autrefois,
24:15 la France n'est pas belle, que la France n'est pas grande,
24:18 qu'elle les a persécutées au temps de la colonisation,
24:22 et des bouquins de français qui mettent sur le même plan des rappeurs
24:25 et Madame de Sévigné, j'en passe, et des meilleurs.
24:28 C'est évidemment compliqué.
24:30 Et puis, avec Samuel Paty, ils ont évidemment compris
24:33 qu'ils étaient in fines les premiers au contact des jeunes radicalisés
24:41 et qu'ils payaient l'addition de tous les manquements.
24:43 On va voir dans un instant, après la pause, deux questions.
24:46 Est-ce que Papandière, il s'était, ou c'est finalement, le bon ministre,
24:50 justement, dans ce milieu d'enseignants ?
24:52 Et deuxièmement, est-ce que le Rassemblement national peut progresser chez les enseignants ?
24:56 On voit ça juste après la pause et on parlera d'Emmanuel Macron.
24:59 Peut-il encore progresser, se déplacer dans son pays ?
25:02 Est-il perso non grata ?
25:03 On parlera aussi de Giorgia Meloni.
25:05 Qu'est-ce qui se passe en Italie ?
25:06 On aime bien jeter un oeil là-bas.
25:08 A tout à l'heure, à tout de suite même.
25:11 Au retour sur le plateau de Face à l'Info, on disait avec vous, Gabriel Cluzel,
25:18 que les enseignants sont de plus en plus à droite, de moins en moins à gauche.
25:22 Pourquoi ?
25:23 Et je voulais vous demander deux questions avant de passer à Mayotte
25:26 avec Charlotte Dornelas et Marc Menand.
25:28 Est-ce que faire le choix d'un ministre de l'Éducation
25:31 au motif que la majorité des profs sont réputés de gauche était un mauvais casting ?
25:36 Évidemment, c'est un casting daté finalement.
25:40 Ça ne va plus.
25:41 Il y a longtemps qu'il fallait faire ce genre de casting.
25:44 Pourquoi ?
25:45 Pour une raison très simple, c'est que les professeurs des quartiers sensibles
25:49 se sont complètement abandonnés.
25:50 Je vais vous donner un exemple très simple.
25:51 À la rentrée dernière, le ministre Papendia a délégué la responsabilité
25:56 au chef d'établissement de décider si un vêtement était laïque ou pas,
26:03 ou en fait islamique ou pas.
26:05 On va parler clairement.
26:06 Et comment voulez-vous, entre l'enclume du hockyisme et le marteau de l'islamisme,
26:11 qu'un des chefs d'établissement dise par exemple qu'un garçon qui se sent fille
26:17 peut arriver avec une jupe, mais qu'en revanche, un garçon,
26:21 quand il arrive avec un camis, ce vêtement masculin musulman
26:26 qui a fait fureur cet hiver, lui, il n'est pas autorisé à rentrer.
26:31 Il y a un syndicat d'ailleurs qui a dit que ce n'était pas aux professeurs,
26:35 aux établissements, de faire ce genre de discipline.
26:38 Et vous pensez, Gabrielle Cluzel, que le RN peut encore gratter
26:41 des parts de marché, si on peut dire, chez les professeurs ?
26:44 Écoutez, oui, sans doute.
26:46 Et en tout cas, il s'y emploie.
26:48 On peut noter qu'il a fait une belle prise en la personne de son député du Loire-et-Cher,
26:54 Rocher Chudeau.
26:55 C'est un ancien haut responsable de l'éducation nationale
26:58 et c'est lui qui est en pointe sur cette association qui se veut transpartisane
27:02 sur le wokisme, anti-wok finalement.
27:06 Et surtout, il a plu récemment aux professeurs de terminal
27:11 parce qu'il a dénoncé Parcoursup, vous savez, cette usine à gaz
27:15 qui aujourd'hui déçoit les parents, stresse les élèves et inversement,
27:20 et ne satisfait pas l'enseignement supérieur.
27:22 Et aujourd'hui, il faut savoir, ce sera mon dernier mot,
27:24 mais que les élèves en terminal sont laissés à volo
27:26 parce que le choix de Parcoursup est déjà fait,
27:28 le bac est complètement démonétisé.
27:31 Donc, pour les professeurs de terminal, c'est un véritable casse-tête.
27:35 Merci pour votre regard sur l'école et sur ces enseignants
27:40 qui votent de plus en plus à droite, à droite de la droite.
27:43 Allons à Mayotte avec vous, parce qu'on a commencé hier.
27:46 On ne va pas lâcher le dossier.
27:47 Nous avons évoqué l'opération de police lancée à Mayotte
27:50 pour évacuer un bidonville, détruire certains logements,
27:53 expulser des étrangers en situation irrégulière.
27:56 On dit que c'est le plus grand bidonville d'Europe,
27:58 enfin oui, du monde même d'ailleurs.
28:01 Mais hier soir, une décision de justice est venue interrompre l'opération.
28:05 Comment la justice peut-elle défendre et protéger,
28:10 et je le disais en titre, ceux qui violent la loi ?
28:13 Parce qu'indirectement, on en vient à cela.
28:15 Eh bien, en général, la justice le fait par le biais de la loi.
28:18 C'est tout le problème, on en a souvent parlé.
28:20 Avec des textes de loi, ils arrivent à contrer une décision
28:24 ou une volonté politique.
28:25 Parce que dans l'ordre, on a le 21 avril, Gérald Darmanin
28:28 qui annonce l'opération avec 1800 effectifs de police.
28:32 Ça fait des mois et des mois qu'il nous parle de cette opération.
28:34 Le 24 avril, donc hier, et c'est pour ça qu'on en parlait,
28:37 le préfet de Mayotte déclare que l'opération va continuer
28:40 à monter en puissance pendant la semaine et les semaines qui viennent.
28:43 Et bam, hier soir, le tribunal judiciaire de Mamoudzou
28:46 ordonne au préfet, un, de cesser toute opération d'évacuation,
28:50 deux, de proposer des solutions de relogement adaptées
28:54 aux personnes qui étaient dans le bidonville
28:56 et des lieux de stockage de leurs biens qui risquaient
28:59 d'être détruits pendant la démolition de ce bidonville.
29:02 Donc là, franchement, on a le préfet qui immédiatement
29:04 prend acte de la décision. Il n'a pas le choix, donc il prend acte.
29:08 Et il demande à la préfecture, aux avocats de l'État,
29:11 de faire appel, ce que la préfecture a fait aujourd'hui.
29:14 Donc on a un appel qui est en cours, mais ce qui est intéressant,
29:17 c'est de savoir d'où vient cette décision de justice
29:20 et surtout quel est l'état des forces en puissance aujourd'hui
29:24 sur ce dossier à Mayotte.
29:27 On a une opération qui est attendue sur l'île.
29:30 Vous avez eu beaucoup de reportages aujourd'hui.
29:32 Alors, dans le bidonville, évidemment que les personnes se disent soulagées.
29:35 Vous pensez bien que c'est assez peu de gens qui sont là par plaisir
29:39 ou qui ont fui les comores par plaisir ou qui rejoignent Mayotte.
29:42 On en a parlé hier. Il y a évidemment une attraction énorme.
29:44 Donc les gens, eux, se disent soulagés dans le bidonville.
29:47 Mais autour et dans tous les reportages que vous avez,
29:49 tous les gens autour vous disent "ça va très très très mal finir".
29:54 Il y a énormément de violence. Il y a une pauvreté hallucinante
29:57 des Mahorais initialement sur lesquels pèse une immigration comorienne
30:00 absolument ingérable. Et tous ont le mot "guerre civile" dans la bouche
30:04 et tous disent "c'est précisément parce qu'on veut empêcher ça
30:07 qu'il faut absolument mettre fin à ces bidonvilles dans lesquelles
30:10 grandit, on va dire, la violence". Donc vous avez des habitants
30:14 qui attendent, qui redoutent évidemment parce qu'on a vu des affrontements
30:17 avec les forces de l'ordre. Ce sont évidemment des opérations
30:19 qu'on redoute. Mais qui l'attendent malgré tout parce que
30:22 plus vous attendez dans ce genre de situation, plus les décisions
30:25 devront être radicales et graves, graves au sens politiquement lourd du terme.
30:29 Donc évidemment, les gens veulent faire le plus rapidement possible.
30:32 Vous avez deux députés à Mayotte. Un, une, qui est du groupe Liott.
30:37 Elle, elle dit "Mayotte, c'est de la violence tous les jours,
30:40 de hordes de jeunes, toute la population est menacée".
30:43 Elle soutient cette opération de démembrement du bidonville.
30:48 Vous avez un autre député, Mansour Kamardine.
30:50 Lui, il est LR. Lui, il dit "c'est l'opération de la dernière chance
30:54 afin de retrouver la paix civile". À Mayotte, il n'y a plus de vie sociale,
30:58 plus de vie nocturne et vous envoyez votre enfant à l'école,
31:01 la boule au ventre. Donc vous avez les habitants maorais.
31:04 Vous avez les deux députés qui représentent les Maorais
31:07 qui ont été élus pour ça. Et vous avez la justice qui est saisie
31:11 de procédures en référé par une vingtaine d'habitants du bidonville lui-même.
31:16 Et en vertu de la loi, la justice se prononce en disant
31:20 "il faut stopper immédiatement l'opération parce que dans les textes,
31:23 il est possible de le stopper pour les raisons que je vous donnais".
31:27 Alors cette vingtaine d'habitants, ils sont représentés par un collectif
31:30 d'une dizaine d'avocats et soutenus par un collectif de 400 associations
31:35 et syndicats qui, eux, n'ont vu dans cette opération que la crainte
31:39 de multiples violences et d'atteinte au droit.
31:43 Et cet état des lieux des forces est toujours le même.
31:47 Toujours le même. C'est-à-dire que les associations,
31:50 quand elles nous parlent d'un risque de multiples violences
31:53 et d'atteinte au droit, et que vous reprenez les déclarations
31:56 des députés élus pour représenter les Maorais,
31:59 c'est précisément pour éviter les multiples violences
32:02 et les atteintes au droit des Maorais que cette opération a été lancée
32:06 et soutenue par le représentant des Maorais.
32:09 Donc il y a un moment où la justice, grâce aux textes de loi
32:13 qui sont aujourd'hui en présence, permet d'aller contre la volonté populaire
32:18 par le biais de ses représentants légaux, c'est-à-dire les deux députés.
32:22 Donc c'est un véritable problème politique.
32:24 On ne peut pas se pencher que sur la question de la justice,
32:28 c'est au politique de prendre conscience que c'est par les textes de loi
32:31 que la justice peut l'empêcher d'agir.
32:33 On a l'impression, comme à Yot et au bord, de devenir un peu comme à Haïti,
32:36 avec la misère, la violence, si on ne fait rien.
32:38 Pour quelle raison, Charlotte Dornelas, exactement,
32:41 le tribunal a suspendu cette décision, justement et pourtant soutenue
32:46 par les élus et les représentants de l'île ?
32:49 Le tribunal a reconnu l'existence d'une voie de fait.
32:52 Ça me fait toujours rire, c'est pas très drôle,
32:55 mais dans tous les articles, le tribunal a reconnu l'existence d'une voie de fait.
32:59 J'aimerais bien savoir si beaucoup de gens comprennent ce que ça veut dire,
33:02 parce que moi j'ai été chercher tout l'après-midi, c'est compliqué,
33:04 parce que je me suis dit une voie de fait, qu'est-ce que c'est que ça ?
33:06 Une voie de fait, c'est une notion en réalité du droit administratif,
33:09 parce que le référé est fait en droit administratif,
33:12 qui dénonce une action de l'administration, justement,
33:17 réalisée sans droit, qui porte matériellement et illégalement
33:21 une atteinte grave à une liberté fondamentale
33:24 ou à un droit de propriété.
33:26 Auquel cas, ça bascule dans le tribunal judiciaire,
33:29 qui a la capacité d'ordonner au préfet de cesser cette action de l'administration,
33:34 jugée illégale ou disproportionnée par rapport au droit fondamental,
33:38 à la liberté fondamentale des personnes qui sont dans le bidonville,
33:41 ou au droit de propriété de ces personnes,
33:44 droit de propriété qui est équivalent à celui des squatteurs.
33:48 Et on retrouve exactement le même problème de droit.
33:51 Alors oui, initialement, beaucoup de gens réagissent comme vous,
33:54 en disant "mais c'est des gens qui rentrent illégalement,
33:56 qui pèsent de manière illégale par leur présence sur le territoire".
34:00 Et oui, mais à partir du moment où ils sont installés,
34:02 le droit considère que le droit de propriété,
34:04 c'est celui de l'endroit dans lequel ils sont installés.
34:06 C'est exactement la question de ces propriétaires
34:09 qui doivent indemniser des squatteurs,
34:11 parce qu'ils ont voulu les virer de chez eux,
34:14 parce qu'on considère que le squat est une manière aussi
34:18 d'avoir accès à la propriété.
34:20 Donc l'autorité judiciaire ordonne la cessation,
34:23 puisque le droit de propriété n'a pas été décidé.
34:26 Donc on comprend, c'est toujours la même histoire,
34:28 des décisions de justice qui se jouent sur des arguments juridiques
34:31 qui sont contraires aux plus élémentaires du bon sens.
34:35 Et on note, par ailleurs, que ces opérations de décasage,
34:39 puisqu'ils les appellent comme ça,
34:40 donc de démolition de ces petites cases,
34:42 qui sont extrêmement insalubres, notamment,
34:44 ou d'expulsion ne sont pourtant pas nouvelles.
34:47 Donc vous voyez que le référé, il y a aussi une part
34:50 de communication et d'offensive politique par le biais du droit
34:54 pour empêcher cette opération qui est évidemment plus forte que les autres.
34:58 Mais en 2022, vous avez 500 cases détruites
35:00 et 25 000 personnes qui sont expulsées.
35:02 En 2021, 1 600 destructions et 24 000 expulsions réalisées.
35:06 Donc ce qui a été possible par le passé
35:08 est rendu impossible aujourd'hui par l'ampleur de cette opération
35:11 et la communication qui va avec.
35:14 Alors le gouvernement comorien a par ailleurs refusé
35:17 que le Bactou accoste dans son port,
35:20 c'est-à-dire qu'il faut qu'il retourne chez eux,
35:23 mais on ne veut pas les accueillir.
35:25 Cela ne rend-il pas l'expulsion des irréguliers absolument impossible,
35:29 intenable ? En tournant rond, ça veut dire quoi ?
35:32 Le but, c'était d'émolir le bidonville, expulser les gens,
35:35 on va dire, de ce bidonville et par ailleurs expulser vers les Comores
35:38 les étrangers en situation irrégulière.
35:40 Mais là, comme d'habitude, il faut que le pays d'origine
35:43 soit d'accord pour avoir ce fameux laissé-passer consulat.
35:46 Alors je note une chose dans le cas de Mayotte.
35:50 Le cas de Mayotte, c'est qu'aujourd'hui,
35:53 on renvoie des bateaux extrêmement régulièrement,
35:55 c'est-à-dire qu'on estime qu'il y en a 4 sur 5,
35:57 c'est les fameux "quoi ça, quoi ça" dont Emmanuel Macron avait parlé
36:00 il y a quelques années, on en renvoie 4 sur 5 vers les Comores
36:03 tous les jours aujourd'hui à Mayotte.
36:05 Donc je note ce qui est jugé criminel en Méditerranée,
36:08 absolument amoral partout, à Mayotte, on le fait tous les jours
36:11 ça n'empêche personne de dormir.
36:13 Voilà, refermons la parenthèse.
36:15 Donc apparemment la question de l'immigration ne se joue
36:17 que sur un terrain moral, et puis la moralité finalement
36:20 s'adapte à des circonstances et on nous dit
36:22 "Ah bah à Mayotte c'est vraiment particulier".
36:24 On peut peut-être ne pas attendre, dans la situation de Mayotte
36:27 où vous avez la moitié de la population qui est étrangère,
36:29 pour se poser la question, précisément de prendre des dispositions
36:32 pour éviter d'en arriver à des situations aussi radicales.
36:35 Et par ailleurs, on retrouve dans cette situation,
36:38 parce que vous le disiez, il y a la question judiciaire
36:40 et ensuite il y a la question de la non-volonté des comores
36:44 de récupérer les personnes.
36:46 Et là on retrouve un peu ce qui avait fait échouer,
36:49 souvenez-vous le dossier de l'imam Iqwissen au tout début,
36:52 avec le tribunal administratif qui avait cassé la décision
36:56 du ministère de l'Intérieur, c'est que, et donc on avait vu le Maroc
37:00 reprendre son laissé-passé consulaire dans la suite,
37:02 le Maroc à l'époque avait dit "Vous en faites trop".
37:04 Donc nous c'est plus possible d'assumer la décision auprès des Marocains.
37:07 Et bien là, la grande communication autour de cette opération
37:10 a fait réagir les comores qui ont des élections,
37:13 on en avait parlé hier, bientôt, et qui jouent énormément
37:16 sur le sentiment anti-français dans les comores.
37:19 Et donc on a le gouvernement qui ferme son port,
37:22 qui dit "Plus personne ne rentrera" et qui déclare
37:24 "Aucun expulsé ne rentrera dans un port sous souveraineté comorienne".
37:28 Donc les comores nous mettent une énorme gifle
37:31 en disant "Notre souveraineté, vous êtes gentils,
37:33 mais au moment où des bateaux remplis de comoriens arrivent chez nous,
37:36 c'est nous qui décidons parce que c'est notre souveraineté".
37:38 Tout ce que nous ne faisons pas tous les jours,
37:40 quand des comoriens viennent en France, à Mayotte,
37:43 et ce que nous ne sommes pas capables d'appliquer,
37:45 notons par ailleurs que l'union des comores aujourd'hui
37:47 refuse de reconnaître la souveraineté de la France à Mayotte.
37:50 Et c'est l'énorme problème.
37:52 Donc eux défendent leur souveraineté quand on renvoie des ressortissants comoriens
37:55 parce qu'ils estiment que Mayotte, ce sont les comores aussi.
37:58 Donc il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de travail,
38:00 un pour se faire respecter, peut-être pour changer le droit
38:02 et s'adapter à la situation, et enfin pour prévoir
38:04 peut-être un peu mieux des opérations d'une telle ampleur.
38:06 Donc moralité, les illégaux ont plus de droits que les locaux.
38:10 On pourrait se dire ça en l'occurrence, on peut se poser la question.
38:14 Ils sont mieux défendus en tout cas.
38:15 Mieux défendus en tout cas, et moralité, l'union des comores, vous dites,
38:18 refusent toujours de reconnaître la souveraineté de la France à Mayotte.
38:21 Voilà la transition de tout trouver.
38:23 Parce que Marc Benon, c'est intéressant.
38:25 On a envie de se poser une question.
38:27 Pourquoi la France est présente dans ce petit bout du monde ?
38:31 Pourquoi les Mahorais sont français ?
38:34 Comment cette histoire est née ?
38:36 Pourquoi le gouvernement, le ministre de l'Intérieur,
38:39 est en train de se battre justement sur place
38:42 contre l'immigration inégale ?
38:45 Comment tout a commencé ?
38:46 Notre anniversaire, 25 avril 1841.
38:51 On a un fier capitaine français de la marine
38:55 qui vient de la Réunion au nom de son gouverneur,
38:59 je dirais qu'il est dans ses eaux maritimes
39:03 pour voir la configuration,
39:05 alors que les Français ont commencé à s'installer à la Réunion
39:09 depuis un certain temps.
39:10 La Réunion, au départ, c'est un lieu où il n'y a pas un seul habitant.
39:14 Parce que quand on dit toujours, oui, on arrive, on est là,
39:17 et puis on impose notre loi.
39:20 Non, la Réunion, on impose nos lois,
39:22 nombre d'animaux sauvages,
39:24 et il nous faudra d'ailleurs plusieurs tentatives
39:28 pour se dire qu'il est bon de s'installer sur place.
39:33 Plusieurs fois, on va, et puis on s'en va,
39:36 et on ne niche pas.
39:39 Il faudra une manifestation de fort banc
39:43 du côté de Fort-Aufin à Madagascar
39:46 pour que là, 11 individus soient chassés,
39:49 se retrouvent sur place,
39:51 et qu'ils essaient de créer un enracinement.
39:54 Et même là, il faudra encore plusieurs tentatives.
39:56 Bref, ça veut dire que c'est très long.
39:58 Non, mais c'est important parce que sans la Réunion,
40:01 où là, on a au bout d'un temps une population
40:05 qui est une population qui se développe,
40:07 mais en partant de rien, d'une terre rase,
40:09 on a cette navigation dans les eaux au large.
40:14 Et ce capitaine Passot, qui est lui confronté à quoi ?
40:18 À la lutte avec des petits sultans
40:21 qui, entre eux, s'entre-déchirent.
40:23 Ces petits sultans, ce sont des musulmans,
40:26 mais qui n'ont pas tous la même...
40:28 Alors, il y a les chiites, les sunnites,
40:30 enfin, il y a différentes voies dans l'islam,
40:33 et les uns, les autres,
40:35 non seulement ils ont leurs propres ambitions,
40:37 et au nom de leur angle, de la croyance musulmane,
40:41 et tout ça, s'entre-déchirent.
40:43 Et il y en a un qui, voyant passer Passot,
40:46 se dit "mais peut-être que j'ai là un allié
40:50 pour ne pas avoir à quitter mon territoire
40:54 et à perdre mes illusions de pouvoir".
40:57 Et il dit "moi, je vous vends ma petite île,
41:00 les Assores, les Comores, je vous vends tout ça
41:02 pour 1000 piastres".
41:04 Passot, il dit "oui, il achète ça à titre personnel".
41:08 Il prend l'engagement également d'assurer l'enseignement
41:13 pour les deux enfants de ce jeune sultan.
41:17 Voilà comment la transaction se fait.
41:19 Et Passot propose après au roi Louis-Philippe
41:23 que la France devienne, elle, véritablement
41:26 la possesseur de ses terres.
41:30 Et au fur et à mesure, on va commencer à créer
41:34 une sorte de colonisation,
41:38 mais avec, n'oublions pas, les esclaves,
41:40 parce que ce monde musulman, il utilise les esclaves.
41:45 Et en 1848, grâce à la France,
41:48 eh bien il n'y a plus d'esclaves.
41:50 Ce qui vaudra d'ailleurs une sorte d'agitation,
41:52 car ceux qui ont profité de ce trafic
41:55 voient perdre leurs bénéfices et ils sont contre.
41:59 Voilà comment nous nous sommes installés sur place,
42:02 je dirais sans avoir à rougir et même avec fierté.
42:06 - Comment on est devenus département ?
42:08 - Alors on devient département, c'est très très récent.
42:11 En 1968, on se dit, c'est la période
42:16 depuis les années 60 où on accorde
42:19 à tous les peuples autochtones
42:21 la possibilité de retrouver leur identité.
42:24 Là, c'est un peu difficile, parce que je dirais
42:27 que c'est une terre d'envahissement successif
42:30 et les premiers nous venaient du bout de l'océan Pacifique,
42:35 ils étaient arrivés avec leur pirogue,
42:37 il y en a plus beaucoup qui se trouvent à ce moment-là
42:39 aux Açores, à Mayotte et au Comores.
42:45 Toujours est-il qu'en 1968, on dit
42:49 voilà, il faut aller vers une indépendance.
42:53 Et en 1974, on organise un référendum
42:58 et de ce référendum, c'est important parce que
43:01 - C'est très important parce que les Mahorais demandent
43:03 - Voilà, et alors 63% des Mahorais sont contre
43:08 le fait de perdre le statut de français.
43:14 En revanche, les Comoriens, eux, à 95%, disent oui.
43:18 Et il y a une scission qui se fait entre les deux archipels.
43:22 Ce qui est étonnant, c'est qu'on ne sait pas se retirer.
43:26 Et on met en place un personnage plutôt douteux
43:29 qui s'appelle Ahmed Abdallah, qui a des méthodes de tyran
43:34 et qui lui vaut la population contre lui.
43:37 Tant et si bien qu'au moment de ce référendum,
43:41 un an après, il décide de l'indépendance,
43:44 mais le peuple le rejette.
43:46 Et c'est comme ça qu'on reste toujours avec l'idée
43:51 d'une population française.
43:53 Et Nicolas Sarkozy fera un nouveau référendum.
43:56 Et pourquoi ? Pour savoir si ce territoire d'outre-mer
44:01 peut être assimilé au statut de la Martinique, de la Guadeloupe.
44:05 Donc territoire d'outre-mer, avec tout ce que cela suppose.
44:08 Et c'est comme ça que l'on est entré dans une relation.
44:12 Reste qu'il y a une élite qui abuse un peu des positions.
44:18 Et puis aussi cette colonisation, je dirais, de migrants
44:22 qui va se faire à partir des Comores.
44:25 C'est-à-dire, d'un côté, on n'a pas voulu de l'indépendance,
44:28 mais le peuple est en souffrance.
44:30 Pourquoi il est en souffrance ?
44:31 Il faut savoir que les trois quarts sont des analfabètes.
44:34 Ils sont en plus musulmans.
44:37 Et on ignore tout de toute la contraception.
44:40 Donc on essaie d'échapper.
44:42 Et les Mahorais, eux, migrent vers la Réunion,
44:45 où il y a toute une communauté mahoraise à Marseille.
44:49 Ils laissent un peu la place libre à ces gens qui, eux, fuient les Comores.
44:55 Voilà la situation.
44:57 Après, on ramifie sur ce que Charlotte nous a passionnément raconté.
45:00 Très intéressant.
45:01 Très intéressant de voir tout ce qui s'est passé.
45:03 On va juste regarder la carte qu'on a vue furtivement,
45:06 juste pour voir un peu à quel point Mayotte est vraiment très, très proche des Comores.
45:11 Et voilà, elle fait partie vraiment de cet archipel,
45:14 d'où toute la problématique que vous avez si bien soulignée.
45:18 Retour en métropole.
45:20 Ouh, concert de casserole en métropole.
45:22 Concert de casserole.
45:24 J'ai envie de vous entendre.
45:25 On va faire un tour de table.
45:26 Est-ce qu'Emmanuel Macron peut encore arriver à se déplacer en France ?
45:29 Le chef de l'État, il a dû quitter Vendôme sans rencontrer les manifestants.
45:32 Le jeu de piste a été un peu compliqué aujourd'hui,
45:35 avec un arrêté, en parlant d'arrêter, un arrêté préfectoral
45:38 qui a d'abord interdit toute manifestation dans le périmètre de la visite du président,
45:42 puis a été suspendu par la justice après un lundi compliqué
45:45 pour les ministres malmenés sur le terrain, on l'a vu.
45:48 Est-il devenu, lui, les ministres, l'exécutif,
45:52 sont-ils devenus personnes à non grata dans leur propre pays ?
45:56 C'est ce que souhaitent ces manifestants,
45:58 qui veulent rendre impossible non seulement l'exercice du pouvoir,
46:02 mais la possibilité de se promener en France, tout simplement.
46:05 Donc c'est une stratégie explicite pour, je dirais,
46:08 gâcher toute manifestation, tout exercice, tout déplacement du pouvoir.
46:12 Est-ce que ça peut durer ? Est-ce que ça peut tenir durablement ?
46:16 Je n'en suis pas certain, mais c'est la volonté des manifestants.
46:18 Je ne suis pas certain qu'ils représentent tout le pays, cela dit.
46:21 En ces matières, s'il y a un vrai désavu de la réforme des retraites,
46:23 s'il y a un vrai rejet politique d'Emmanuel Macron pour l'instant,
46:26 je ne suis pas certain que ça s'accompagne d'applaudissements devant ces méthodes.
46:30 Cela reste à voir.
46:31 Intéressant. Marc-Monsieur de Gabriel.
46:33 Pour moi, c'est un peu les gilets jaunes nouvelle formule.
46:36 C'est-à-dire que là, il n'y a pas spécialement d'agitateurs.
46:39 Quand on voit ceux qui se présentaient cet après-midi,
46:42 oui, il y a quelques engagés politiques, mais il y a tous les autres.
46:45 Et il y a quelque chose, une sorte de blessure.
46:47 On a ressenti pour ceux-là une sorte d'affront
46:50 dans le comportement du président de la République,
46:53 comme s'il niait leur existence.
46:56 Eh bien, vous niez notre existence,
46:58 on vous nie le droit de pouvoir vous présenter devant nous.
47:02 J'ai l'impression que c'est cette insolence-là
47:05 de ne pas avoir été écouté et de montrer que dans ces conditions,
47:09 bah oui, il n'est plus fréquentable.
47:11 C'est intéressant de ne pas avoir été écouté,
47:13 qu'il n'y ait pas eu de débat.
47:14 On en parlait hier dans Le Parisien.
47:16 Je ne me suis pas suffisamment impliqué.
47:18 Il n'y a pas eu de débat, on s'en souvient, pendant la présidentielle.
47:21 - Est-il donc devenu personnel en grataille ?
47:24 Comment ça pourrait se terminer, tout cela ?
47:26 - Oui, est-ce que ça tiendra dans la durée ?
47:27 C'est une vraie question.
47:28 Mais la trouvaille de la casserole est quand même assez géniale
47:32 sur le plan tactique.
47:33 - Pourquoi vous dites ça ?
47:34 - Parce que c'est difficile d'aller...
47:36 D'ailleurs, le gouvernement s'est un petit peu couvert de ridicule
47:38 en essayant de le faire,
47:39 d'aller reprocher aux gens de faire du bruit avec leur casserole.
47:41 Autant les insultes, les coups, etc., les menaces,
47:44 ça c'est évidemment fortement répréhensible.
47:46 Mais les casseroles, ça n'a rien à voir.
47:48 C'est un outil domestique.
47:50 Enfin, voilà, de cuisine, qui est celui qui ne va pas...
47:53 Propre à celui qui ne va pas...
47:55 Qui ne fréquente pas la retonte, vous voyez.
47:56 Il fait sa petite sauce chez lui.
47:58 Donc ce côté aussi populaire, classe moyenne,
48:00 est évidemment extrêmement bien vu.
48:04 Et il est devenu un objet symbolique, comme le gilet jaune.
48:07 Et en cela, ce symbole peut durer.
48:09 C'est d'autant qu'il y a beaucoup d'expressions autour.
48:11 "Traîner des casseroles", "Taper dans les casseroles".
48:14 Enfin, il peut y avoir toute une littérature autour de la casserole
48:16 qui, évidemment, fait durer le mouvement.
48:18 - Mais il dit, par exemple, et je me tourne vers vous,
48:21 Charles Doneas, "Je n'ai jamais considéré
48:23 "que couvrir la voix de l'autre par quelques ustensiles,
48:27 "que ce soit, est un signe de respect démocratique."
48:29 On a parlé d'un civisme aussi, par rapport à ce qui s'est passé
48:32 avec le ministre Papandiai à la gare de Lyon hier soir.
48:36 Quel est votre regard ?
48:37 - Après, c'est pas très... - Un civisme ? Pas de démocratie ?
48:39 - Non, mais c'est pas très nouveau.
48:41 Et puis les gens lui répondront, "Bah oui, mais on couvre votre voix
48:44 "avec ce qu'on peut. Vous l'avez recouvert du 49.3."
48:46 Au moment-là, franchement, c'est l'histoire sans fin.
48:49 Mais en effet, moi, je vois...
48:51 On avait dit au moment du gilet jaune, c'est une manière de se voir,
48:54 de se faire voir, en fait.
48:55 Le gilet jaune sert à ça, sur le bord d'une route, de se faire voir.
48:58 Là, la casserole, c'est le moyen de se faire entendre.
49:01 Et je suis un peu surprise, on va dire, que tout le monde s'étonne
49:05 que ça dure encore aujourd'hui.
49:07 C'est il n'y a pas du tout longtemps, en fait.
49:09 Alors, c'est vrai que médiatiquement, on passe très vite d'un sujet à l'autre.
49:12 Mais aujourd'hui, la réforme des retraites a pris tellement de place
49:15 dans les discussions de toute la France
49:17 qu'évidemment qu'on ne va pas passer d'un sujet à l'autre en trois jours.
49:21 D'autant plus qu'aujourd'hui, le gouvernement m'empêche à savoir
49:24 par quoi ils vont redémarrer, on va dire, la séquence prochaine.
49:28 Donc, ce n'est pas très étonnant.
49:30 Ce n'est pas très nouveau non plus que les ministres soient chahutés
49:33 après une telle contestation.
49:36 Est-ce que ça durera, ça ?
49:38 Je ne sais pas, Mme Yarmouth.
49:39 En tout cas, c'est assez nouveau et c'est intéressant à regarder.
49:42 On voit aussi une certaine mobilisation.
49:43 Je viens à votre dernier sujet.
49:45 On voit aussi un certain recentrage de la manifestation.
49:48 C'est-à-dire qu'avant, c'était des manifestations, des coupures,
49:51 peut-être des menaces de coupure pour tout le monde,
49:53 là, qui sont ciblées sur l'exécutif.
49:55 Un dernier mot rapide.
49:56 Oui, mais le président dit, en démocratie, on doit écouter la voix de tous.
50:00 Mais lui, il n'écoutait pas, il ne voulait même pas recevoir.
50:02 Il partait au bout du monde.
50:03 À partir de là, oui, il n'avait pas besoin de casserole.
50:06 Il lui suffisait d'un hélicoptère.
50:07 À chacun son tatamarre.
50:09 À chacun son tatamarre.
50:11 L'Italie, maintenant, qui commémore aujourd'hui, ce 25 avril,
50:15 sa libération au terme de la Seconde Guerre mondiale.
50:18 C'est intéressant de s'arrêter sur ce sujet.
50:20 Il s'agit évidemment d'une commémoration sur le signe de l'antifascisme,
50:24 qui a longtemps servi de religion civique après la Deuxième Guerre mondiale.
50:28 Mathieu Bocoté, mais cette célébration est aujourd'hui remise en question,
50:32 notamment par Giorgia Meloni.
50:35 Certains voient dans sa tiédeur une forme de complaisance
50:38 coupable à l'endroit du fascisme.
50:41 Dites-nous en plus.
50:42 C'est une controverse passionnante.
50:44 Parce que la manière dont les sociétés gèrent leur histoire,
50:47 gèrent leur symbole, gèrent leur mémoire,
50:50 c'est la meilleure manière de comprendre le noyau de leur identité.
50:54 Je crois que c'est l'essentiel.
50:56 Or, qu'est-ce qu'on voit ?
50:58 L'Italie, comme toute l'Europe, a été traumatisée au sortir de la Deuxième Guerre,
51:02 avec raison, par le fascisme, par le nazisme.
51:04 Et on s'est globalement dit à ce moment, plus jamais ça.
51:09 Et cette idée qu'il fallait construire notre société
51:12 contre la possibilité même d'une renaissance du fascisme,
51:15 c'est devenu l'identité civique ou presque mythologique des Européens d'après-guerre.
51:21 Mais, vous aurez noté que la Deuxième Guerre mondiale est terminée depuis un certain temps.
51:25 Or, le problème de l'antifascisme aujourd'hui,
51:28 c'est qu'il cherche désespérément l'adversaire,
51:31 il cherche, il traque, il cherche les symboles, les traces d'un ennemi
51:35 qui est vaincu depuis très longtemps.
51:37 Mais cet antifascisme nous dit, Georgia Ménoni,
51:40 parce qu'il faut comprendre pourquoi, elle-même est issue d'un parti, je reviens là-dessus,
51:44 Mme Ménoni veut marquer une forme de distance avec cette célébration. Pourquoi ?
51:49 Certains disent, mais elle vient d'un parti, l'Alliance nationale auparavant,
51:53 le MSI auparavant, qui est un parti qui était héritier du fascisme italien.
51:58 On oublie de dire, lorsqu'on dit ça, que l'Alliance nationale, qui a succédé au MSI,
52:02 a rompu avec le fascisme d'abord en le dénonçant,
52:06 et ensuite en le rejetant complètement en en faisant le procès.
52:10 Et le parti Frères d'Italie de Mme Ménoni s'inscrit dans cette continuité de rupture avec le fascisme.
52:16 Donc, il faut quand même le rappeler, quand on lui prête une complaisance en la matière,
52:19 elle fait partie de ceux qui ont rompu.
52:21 L'autre débat qui me semble important, c'est quand on réfléchit à ce que représente l'antifascisme aujourd'hui.
52:27 Et c'est ce que disent globalement les gens autour de Mme Ménoni.
52:30 Ils disent que l'antifascisme aujourd'hui ne se contente pas de lutter contre le fascisme réel s'il apparaît.
52:35 Il est instrumentalisé pour diaboliser toute pensée politique qui ne s'inscrit pas dans le grand récit de la gauche.
52:42 Donc, l'antifascisme ne sert pas seulement à combattre le fascisme,
52:45 ce qui serait une excellente idée s'il se présentait à nous,
52:48 mais il sert à combattre le patriotisme, il sert à combattre la nation,
52:52 il sert à combattre le conservatisme, il sert à combattre tout ce qui relève de l'univers de la tradition.
52:57 Donc, on se retrouve avec un antifascisme dévoyé, qui est instrumentalisé aujourd'hui
53:01 pour faire le procès de tout autre chose que le fascisme.
53:05 Et c'est dans cet esprit, si on porte crédit aux propos de Mme Ménoni, on peut penser qu'elle cache des choses.
53:11 Mais si on croit ce qu'elle dit, si on regarde aussi la fonction de l'antifascisme ailleurs en Europe,
53:16 c'est cette idée du dévoiement de l'antifascisme qui, aujourd'hui, sert tout autre chose que son objectif historique.
53:21 Et c'est ça qui a un angle mort dans tout ça.
53:23 Après la Deuxième Guerre mondiale, il y a eu Nuremberg, le procès du nazisme,
53:27 le procès plus largement de l'expérience totalitaire brune.
53:30 Eh bien, après la chute du mur de Berlin, il n'y a pas eu le Nuremberg du communisme.
53:34 Or, le communisme est une idéologie qui a tué aussi par millions, ne l'oublions jamais.
53:39 Ça, on l'a oublié. Et le communisme, encore aujourd'hui, on peut se réclamer du communisme en France,
53:43 ne l'oublions pas, comme si cette idéologie qui avait tué par millions,
53:47 elle n'était pas marquée par les crimes faits en son nom.
53:51 Ça fait une mémoire hémiplégique.
53:53 Ça fait en sorte qu'aujourd'hui, quand on pense au totalitarisme du 20e siècle,
53:56 on a cassé pour de bon, avec raison, la matrice du fascisme,
53:59 mais on s'est contenté de déplorer les crimes du communisme
54:02 sans se demander s'ils n'étaient pas inscrits dans sa matrice idéologique.
54:06 De ce point de vue, on a une vision diminuée, limitée, coupée en deux de la mémoire du totalitarisme au 20e siècle.
54:11 Peut-être est-ce que ça devrait aussi alimenter notre réflexion sur l'antifascisme.
54:15 Oui, ce qui est intéressant toujours lorsqu'on parle de l'Italie ou de notre pays,
54:18 c'est comprendre aussi nous, ce qu'on vit chez nous.
54:21 Donc, dernière question, si je vous suis bien, la mémoire collective est déphasée
54:24 par rapport aux réalités présentes, c'est une question.
54:27 Est-ce qu'elle ne permet plus d'avoir accès à notre passé?
54:30 Mais c'est exactement ça. Moi, j'aimerais appeler la chose suivante.
54:33 Faites la liste des grands, ceux qui ont combattu le fascisme,
54:36 l'horreur du nazisme, l'horreur du fascisme.
54:38 Vous avez le général de Gaulle, vous avez Churchill.
54:41 Vous avez des gens qui, lorsqu'on regarde les idéaux de ces gens,
54:44 Churchill, de Gaulle, une bonne partie de la résistance,
54:46 parlait le langage de la nation.
54:48 On dirait même aujourd'hui qu'ils sont nationalistes, soyons honnêtes.
54:51 Des gens qu'aujourd'hui, s'ils revenaient dans la vie politique,
54:54 notre gauche idéologique et mondaine, France intérisée, serait occupée à dire
54:58 « Mais ce sont des fascistes, c'est l'extrême droite, faisons barrage au fascisme. »
55:01 D'ailleurs, on a souvent rappelé en 1958, quand de Gaulle revient,
55:04 on dit « Alte au fascisme, barrage au fascisme, le fascisme ne passera pas. »
55:08 Donc, dès 1958, le général de Gaulle avait été fascisé à cette époque par les communistes.
55:13 Et aujourd'hui, qu'est-ce qu'on range dans la catégorie du fascisme?
55:16 La résistance à l'immigration massive, la défense de la famille traditionnelle,
55:20 la sélection scolaire et finalement tout ce qui est antérieur à la révolution progressiste
55:24 des temps présents et fascisé.
55:27 Dès lors, le paradoxe du fascisme contemporain,
55:30 l'antifascisme contemporain, pardonnez-moi,
55:33 c'est qu'il mène une guerre de tous les instants
55:36 à ce qui a permis de résister au fascisme lorsqu'il était vraiment là.
55:40 Le général de Gaulle n'était pas un prix 68 heures en cul-de-courte.
55:44 Et Winston Churchill n'était pas le grand-père des bonaires de Daniel Cohn-Bendit.
55:50 On était devant des gens qui avaient une conception du monde
55:54 qui aujourd'hui semble inimaginable.
55:56 Et ce sont ces gens-là, ces gens-là qui ont lutté contre le fascisme
55:59 et non pas ceux qui en 1968 et dans les années qui ont suivi
56:02 croyaient lutter contre le fascisme en attaquant des CRS.
56:05 Inversion de valeur, inversion du monde, monde à l'envers.
56:08 Merci Mathieu, merci Gabriel, Charlotte, Marc.
56:11 Mathieu Devese pour La Minute Info et Pascal Propoulard des Prodeuils.
56:14 Merci, bonne soirée.
56:16 On vient de l'apprendre, une fillette de 5 ans a été retrouvée morte
56:23 dans un appartement de Rambert-Villers, c'est dans les Vosges.
56:26 Selon Le Quotidien, le républicain Lorrain, la victime a été retrouvée
56:29 dans un sac poubelle à une centaine de mètres de son domicile.
56:32 Un adolescent de 16 ans déjà connu de la justice a été interpellé
56:36 dans l'appartement où a été découvert le corps de la fillette.
56:39 Il a été placé en garde à vue.
56:41 Nicolas Sarkozy est visé par une plainte d'Anticor.
56:44 L'association anticorruption annonce avoir déposé plainte le 7 avril
56:47 contre l'ancien président.
56:49 Anticor soupçonne l'existence d'un pacte de corruption en lien
56:52 avec l'attribution du Mondial de football au Qatar.
56:55 Une nouvelle météo des forêts sera diffusée chaque jour par Météo France
56:59 à partir du 1er juin et jusqu'à fin septembre.
57:02 Un outil présenté aujourd'hui par le ministre de la Transition écologique
57:05 Christophe Béchut.
57:07 La carte suivra les couleurs classiques de Météo France,
57:10 vert, jaune, orange et rouge.
57:12 Des couleurs qui correspondent à des niveaux de danger respectifs.
57:15 Son but n'est pas d'indiquer les incendies en cours,
57:18 mais de prévenir les départs de feu.
57:20 ...