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Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

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00:00 Joyeuse Pâques à tous.
00:02 Attention, il paraît que ça se dit pas.
00:03 Ouh là là, on va en parler dans un instant,
00:06 mais je vous souhaite quand même, selon le calendrier
00:09 qui régit encore la France, on ne sait pas pour combien de temps,
00:12 Joyeuse fête de Pâques.
00:14 A vous aussi.
00:15 Ah bah merci.
00:15 Je voulais pas aller trop loin.
00:19 Et vous, mon cher Dimitri, un petit mot doux quand même ?
00:22 Eh bien, joyeuse Pâques, Christine, et joyeuse Pâques à tous les téléspectateurs
00:25 et téléspectatrices.
00:27 Rien ne cloche, tout va bien.
00:28 Oh, rideau !
00:31 Allez, la minute info, sommeil à la Bidi, c'est parti.
00:35 Joe Biden entre doucement, mais sûrement dans la course
00:41 à la Maison-Blanche en 2024.
00:43 Je compte être candidat, mais nous ne sommes pas encore prêts à annoncer...
00:47 À l'annoncer, a-t-il précisé à la chaîne ABC lors d'une interview
00:51 en marge de la traditionnelle chasse aux oeufs organisée à la Maison-Blanche.
00:54 Aucun autre démocrate ne semble se présenter à la primaire 2024
00:58 et pourrait donc très fortement ressembler à l'élection de 2020
01:02 avec Donald Trump dans le camp des Républicains face à lui.
01:06 L'essor de l'application "Dans ma rue" avec 900 000 signalements
01:10 enregistrés en 2022, créée il y a une dizaine d'années,
01:14 l'outil a été mis en place par la Ville pour permettre aux habitants
01:17 de signaler les anomalies observées sur la voie publique.
01:20 Objets abandonnés et graffiti sont les plus dénoncés
01:23 sur l'application accessible via smartphone.
01:26 Et puis une nouvelle règle de tri qui entraîne pourtant des débordements.
01:30 Depuis le 1er janvier, tous les emballages doivent être jetés
01:33 dans la poubelle jaune, sauf que le niveau de ces poubelles
01:36 gonfle de plus en plus et les déchets s'accumulent en raison
01:39 de la réduction de la cadence de la collecte de ce bac dans de nombreuses communes.
01:44 À Guerville, par exemple, dans les Yvelines, certains habitants excédés
01:47 ont même déversé leurs déchets devant la mairie.
01:50 Merci Somaïa Labidi.
01:54 Au sommaire ce soir, qu'est devenue cette France
01:58 où un député se fait insulter lorsqu'il souhaite joyeuse Pâques ?
02:02 Qu'est devenue cette France de l'intolérance ?
02:05 Qu'est devenue cette France qui se renie ?
02:08 Le député LFI Antoine Léaumans en est pris à un autre député,
02:12 LR et patron du parti républicain Éric Ciotti.
02:17 La faute du président des LR avoir souhaité joyeuse Pâques
02:21 et déclaré que cette fête soit synonyme de joie et de paix.
02:25 Qu'est devenue cette France de l'intolérance ?
02:28 L'éditeur de Mathieu Bocouté.
02:30 L'autonomie stratégique doit être le combat de l'Europe.
02:34 Emmanuel Macron s'est exprimé ainsi dans les échos aujourd'hui.
02:38 Comment défendre l'autonomie stratégique en restant dans l'OTAN ?
02:42 Comment défendre l'autonomie stratégique pour l'Europe ?
02:45 Où est la place de la France ?
02:46 La France doit-elle s'effacer derrière l'Europe pour avoir une autonomie stratégique ?
02:51 Qu'est-ce que cette notion d'autonomie stratégique ?
02:54 Sans autonomie stratégique, l'Europe risque même de sortir de l'histoire.
02:59 Précise Emmanuel Macron.
03:00 Qu'en est-il ? N'a l'analyse de Dimitri Pavlenko.
03:03 Nous sommes en plein Ramadan pour les musulmans,
03:07 en pleine fête de Pessah pour les juifs.
03:09 Nous sommes en pleine fête de Pâques pour les catholiques.
03:11 Peut-on observer un regain de spiritualité en France ?
03:15 Où en est la religion catholique tellement imprégnée dans notre civilisation ?
03:19 Peut-on parler d'un renouveau chrétien ?
03:21 Ou d'un déclin de la chrétienté dans le pays ?
03:24 Sous couvert de la loi de 1905, peut-on légitimement faire table rase
03:28 de la religion, de la culture française ?
03:32 Le décryptage de Charlotte Dornelas.
03:35 Politique Fabien Roussel, réélu à la tête du Parti communiste aujourd'hui.
03:39 Quand on dit Parti communiste, une image jaillit.
03:42 Celle de Jean Jaurès, le fondateur du quotidien l'humanité.
03:46 Jaurès, le symbole de la lutte ouvrière.
03:49 Pour autant, peut-il écarner encore l'image référente des communistes aujourd'hui ?
03:53 Surtout avec sa brouille, avec Jean-Luc Mélenchon.
03:56 Marc Menand raconte.
03:59 Et puis nous terminerons avec une histoire très révélatrice des temps présents.
04:04 Celle dont nous allons parler en est une.
04:06 Barilla, la célèbre entreprise de pâtes italienne,
04:09 a décidé de faire la promotion d'une recette de carbonara inclusive
04:16 et de lancer une campagne publicitaire autour de cela.
04:19 Qu'est-ce que c'est concrètement ? On va en parler.
04:21 Comment analyser l'évolution de notre société ?
04:23 Comment analyser cette assignation à résidence
04:26 qui oblige à adhérer à une certaine pensée ?
04:28 L'édito de Mathieu Bocoté.
04:31 Une heure pour prendre un peu de hauteur avec nos mousquetaires en pleine forme,
04:35 leurs mousquets.
04:36 Ce sont des stabilos, mais on en parle.
04:39 (Générique)
04:51 Le député LFI Antoine Léaumont se renaît pris hier à Éric Ciotti
04:56 qui a souhaité joyeuse fête de Pâques.
04:59 En y voyant une forme d'offense à la laïcité,
05:03 cette réaction du député LFI vous surprend-elle, Mathieu Bocoté,
05:07 ou n'est-elle pas d'une simple logique
05:11 dans une France qui se veut laïque ?
05:14 - La déclaration d'Éric Ciotti,
05:17 on la traite comme une déclaration aujourd'hui, un joyeux Pâques.
05:20 Une formule élémentaire de politesse, de courtoisie.
05:25 Joyeux Pâques est désormais traité, non pas par l'ensemble de la population,
05:30 mais par les autorités morales consacrées,
05:33 comme une déclaration qui relève de la provocation politique et identitaire.
05:38 Joyeux Pâques, comment osez-vous ? Joyeux Noël, n'allez surtout pas trop loin.
05:43 Alors, on est dans cette logique et on est dans un système médiatique
05:47 qui produit de la controverse lorsqu'on rappelle les évidences de notre civilisation.
05:52 Et pourquoi la controverse dans les circonstances présentes ?
05:55 Parce qu'Antoine Léaumont, qui est un de nos préférés à la France insoumise,
05:59 et ça vaut la peine de le dire, il n'est pas très loin à sa manière de Sandrine Rousseau.
06:02 C'est la tendance Robespierre-iste de la France insoumise,
06:05 la tendance 93, la tendance terreur et joie.
06:09 C'est un homme qui finalement incarne la frange la plus extrême de la France insoumise
06:14 et qui a l'art de la provocation, il faut le dire.
06:17 Mais il réussit à renverser la chose.
06:19 Donc la provocation, désormais, ce n'est plus de s'indigner qu'on souhaite Joyeux Pâques,
06:24 il réussit à faire passer un Joyeux Pâques pour une provocation.
06:28 Sur le fond des choses, c'est assez lunaire.
06:30 Mais ça représente assez bien, néanmoins, cette espèce de basculement
06:35 qu'on voit dans le calendrier, qu'on voit dans les commémorations,
06:39 qu'on voit dans les mentalités, qu'on voit dans la représentation de l'identité,
06:42 avec une volonté d'en finir une fois pour toutes avec les dernières traces du christianisme en France.
06:48 Les dernières traces, dis-je, de la France catholique,
06:51 et peut-être même les dernières traces de la France,
06:53 parce qu'il n'est pas si aisé de séparer les deux.
06:56 Alors quels sont les arguments si on fait le survol de cette controverse?
06:59 On va nous dire oui, mais la laïcité.
07:01 La laïcité exige de ne pas mentionner les fêtes religieuses dans l'espace public,
07:06 de ne pas mentionner les religions dans l'espace public.
07:08 Mais c'est une vision terriblement désincarnée de la laïcité.
07:12 Parce que quoi qu'on en dise, la civilisation occidentale,
07:15 ne serait-ce que par son calendrier, est indissociable de la référence au christianisme.
07:20 2023, après quoi exactement?
07:24 - Après notre ère.
07:26 - Oui, exactement. Vous avez tout à fait raison.
07:27 C'est la formule qui a évolué, on était après Jésus-Christ,
07:29 maintenant c'est de notre ère.
07:31 Mais c'est une ère qui se définit par rapport à quoi?
07:33 Allez, faites un effort, qui est né dans...
07:36 Alors, on est dans une espèce de moment où la simple référence au calendrier chrétien,
07:41 qui est inscrite dans une histoire, une civilisation,
07:43 passe désormais pour une provocation.
07:45 Or, sur le fond des choses, si la laïcité veut dire désormais
07:48 qu'il n'est plus possible de nommer les fêtes et structures de calendrier,
07:52 qu'il n'est plus possible de nommer les origines du calendrier,
07:55 qu'il n'est plus possible aussi de référer à l'imaginaire de ce calendrier,
08:00 à l'imaginaire des fêtes.
08:01 C'est pas pour rien que ce soit dit, en passant, que ces jours fériés,
08:04 aujourd'hui, il y a une raison particulière.
08:06 On le sait, la tendance était forte au fil des années.
08:09 On a remplacé les fêtes de Noël par les fêtes de fin d'année.
08:12 Les Pâques par les fêtes du printemps.
08:15 Donc une volonté de neutraliser toujours davantage la référence aux fêtes chrétiennes.
08:21 Il n'en demeure pas moins que le sens commun existe encore.
08:24 Alors on nous dirait, oui, mais la loi de 1905.
08:26 Premièrement, la loi de 1905 n'exige pas, à ce que j'en sais pour l'instant,
08:29 pas encore de balayer le calendrier chrétien.
08:32 À tout de même pas encore.
08:34 Certains proposeront probablement cette interprétation un jour.
08:36 Et deuxièmement, je rajouterais que la laïcité à laquelle je tiens,
08:39 à laquelle vous tenez, à laquelle nous tenons, n'épuise pas l'identité.
08:43 - Vous?
08:44 - Je suppose que vous tenez à la laïcité comme nous tous.
08:46 - J'ai pas d'avis.
08:47 - D'accord.
08:48 - Juste inquiétude.
08:50 - Mais elle n'épuise pas l'identité française.
08:53 L'identité française ne tient pas exclusivement dans la laïcité.
08:57 Elle ne suffit pas à dire la France.
09:00 Quoi qu'il en soit, ça n'a aucun sens de dire que la laïcité exigerait
09:05 qu'on ne mentionne plus à tout le moins quelques fêtes dans le calendrier
09:08 qui structurent encore notre imaginaire et qui relèvent du sens commun.
09:11 Donc cet argument ne tient pas.
09:12 Là, il y a l'autre argument qui nous a avancé.
09:14 On dit, oui, si vous souhaitez joyeux Pâques,
09:16 vous devez donc mentionner toutes les fêtes religieuses de toutes les religions
09:21 par refus de logique discriminatoire, par exigence égalitaire.
09:25 Si vous êtes secrétaire général des Nations unies, c'est probablement vrai.
09:29 Mais il se trouve que la France n'est pas encore pour l'instant
09:31 une province conquise de l'empire onusien.
09:34 Et la France demeure un pays avec une religion historique,
09:38 avec une matrice religieuse historique.
09:41 Ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas d'autres religions qui vivent en France.
09:43 Ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas des gens sans religion qui vivent en France.
09:46 Ça veut dire que dans les...
09:47 Mais c'est complètement fou qu'on ait à rappeler ça.
09:49 Je m'entends parler en ce moment, je me dis, il y a quelques années,
09:51 on aurait dit, ce monsieur est fou, pourquoi prend-il tant de temps à dire 2+2=4?
09:55 Mais on est aujourd'hui dans un exercice pédagogique permanent
09:58 pour rappeler que 2+2=4.
10:00 Et rappeler qu'il y a une empreinte, une matrice chrétienne,
10:03 une matrice catholique en France, des racines catholiques,
10:05 que tout ça a une marque catholique, une empreinte catholique,
10:08 et que tout ça va de soi, et que la religion historique de ce pays,
10:11 c'est le catholicisme.
10:12 Ce n'est pas faire outrance aux autres que de le mentionner.
10:14 Mais pour le régime, pour l'idéologie dominante,
10:17 en fait, plus que le régime, là,
10:19 mentionner l'identité de la France, c'est déjà de la discrimination.
10:22 Pour ces gens, ils nous expliquent, en fait, que c'est non seulement
10:26 la discrimination, mais la simple existence de cette identité fait problème.
10:30 Et la France, pour être vraiment ouverte, devrait se défaire
10:32 des dernières traces de son identité.
10:34 Et finalement, on nous dit, c'est quoi la France?
10:36 C'est un territoire avec des valeurs, mais sans peuple et sans histoire.
10:39 On bannit Pâques, on bannit Noël,
10:42 on bannit à peu près tout ce qu'on peut bannir d'une manière ou de l'autre.
10:45 Et j'ajoute, cela dit, qu'il y a une fête qu'on ne bannit pas,
10:47 qu'on ne refuse pas de célébrer dans le calendrier public,
10:51 c'est le Ramadan.
10:52 Alors ça, le Ramadan, on en entend parler.
10:54 Imaginez si les médias prenaient autant de temps
10:56 à nous expliquer ce qu'est Pâques que ce qu'est le Ramadan.
10:59 On assisterait probablement à des conversions en masse aujourd'hui.
11:02 Mais non, ou peut-être des conversions dans l'autre sens, vers le Ramadan.
11:05 Donc c'est intéressant de voir que moins on doit parler de Pâques,
11:08 moins on doit parler de Noël, moins on doit parler des fêtes chrétiennes,
11:11 plus on doit parler du Ramadan.
11:13 On nous dira, mais c'est que la démographie française a changé,
11:16 a changé tellement qu'il faut désormais parler du Ramadan.
11:18 Je dirais, ah bon, la démographie française a changé?
11:20 On m'avait dit que c'était une fake news ou une théorie complotiste.
11:23 Quoi qu'il en soit, je constate qu'un changement démographique
11:26 implique un changement d'identité.
11:28 Et vous noterez, soit dit en passant, par rapport à, j'évoque le Ramadan,
11:32 le deux poids deux mesures dans la manière de parler des symboles
11:34 d'un et de l'autre.
11:36 Quand on parle de Pâques, on ne parle que du chocolat.
11:38 Je ne rien compte, je mets le chocolat,
11:40 mais le fait est que ce n'est pas le point de vérité de cette fête,
11:42 ce n'est pas le chocolat.
11:44 Quand on parle du Ramadan, on en parle de manière religieuse,
11:47 de manière sous le signe de la plus grande piété.
11:49 Et vous noterez même la manière dont on parle des figures historiques.
11:52 Quand on parle de Mahomet, on dit toujours le prophète,
11:54 le prophète, comme si c'était le vôtre, comme si c'était le mien.
11:57 Est-ce que lorsqu'on parle de Jésus, on se dit le fils de Dieu?
11:59 Vous savez, le fils de Dieu, le fils de Dieu.
12:01 Alors non, la seule personne dans l'ensemble des figures religieuses
12:04 importantes qu'on mentionne avec le titre dont il se réclame,
12:07 c'est Mahomet. C'est assez intéressant par ailleurs.
12:09 Alors, au terme de tout cela, qu'est-ce qu'on voit?
12:12 Le simple fait de mentionner aujourd'hui, dans la vie publique,
12:15 des références chrétiennes, passe aujourd'hui comme une provocation,
12:18 comme si le simple fait d'exister aujourd'hui, c'était une provocation.
12:22 - Mais pouvons-nous faire preuve de la même insolence
12:25 lorsque nous parlons de l'islam ou bien d'autres religions?
12:29 - Non, non, ça manifestement, ce n'est pas le cas aujourd'hui.
12:31 C'est-à-dire que l'insolence est réservée à la religion
12:34 qui est appelée à tomber.
12:36 C'est normal, en vaivictice, malheur au vaincu,
12:38 d'un côté devant une religion qui est sûre d'elle-même
12:40 et de l'autre côté devant une religion qui pousse l'autocritique
12:43 jusqu'au désir d'auto-annihilation, à tout le moins une civilisation
12:46 plus qu'une religion. Ce qui est intéressant, cela dit,
12:49 c'est que la déchristianisation est une tendance lourde de la modernité.
12:52 Ça, il n'y a pas de doute là-dessus, je pense qu'il faut le reconnaître.
12:54 Et ce qu'on oublie, cela dit, c'est que la modernité,
12:56 c'est moins le passage d'un monde de la religion
12:59 à un monde sans religion, comme on l'entend quelquefois,
13:01 on sortirait de la religion.
13:03 C'est le passage d'une religion à une autre.
13:05 La modernité est à elle-même quelquefois, il ne faut pas l'oublier,
13:08 une religion à tout le monde, il y a une dimension religieuse
13:10 dans la modernité. Je m'explique.
13:12 Il y a une nouvelle conception de l'être humain.
13:14 C'est assez fascinant. Dans le cadre du catholicisme,
13:16 de la civilisation chrétienne, il y avait l'idée d'une filiation,
13:19 d'une continuité historique. Il y avait cette idée que l'homme
13:21 naissait d'un père et avait la vocation à poursuivre le monde.
13:24 Qu'est-ce qu'on voit aujourd'hui? Une nouvelle conception
13:26 de l'être humain qui veut s'auto-engendrer.
13:28 Il ne n'est pas homme ou femme, d'ailleurs, soit dit en passant,
13:30 il peut même choisir son sexe. Il ne doit plus vivre l'agonie
13:33 sous le signe d'un moment de transcendance.
13:35 Il doit même choisir sa propre mort pour être tellement maître
13:38 de lui-même qu'il veut choisir et sa naissance, et sa mort,
13:41 et son sexe. Donc, finalement, la question, la grande question
13:43 de la modernité, ce n'est pas de chasser Dieu.
13:45 Ce n'est pas de se dire Dieu n'existe pas et l'homme
13:47 poursuivra son chemin. C'est l'homme qui dit je prendrai
13:49 la place de Dieu et je décide de le remplacer, si on peut
13:52 me permettre la formule, dans les circonstances présentes.
13:55 Et devant cela, il y a les nouveaux réfractaires.
13:57 Des gens qui continuent de dire, vous savez, l'homme a
14:00 un enracinement, l'homme nait homme ou femme, l'homme tient
14:03 à sa culture, l'homme tient à son identité.
14:05 Et des gens qui sont dans cette logique d'attachement,
14:07 d'enracinement, sont traités comme des déchets de l'histoire,
14:10 comme des rebuts de l'histoire. Mais quand vous déconstruisez
14:13 une religion, puisqu'une religion, une civilisation,
14:16 une identité, au terme de cela, vous avez des ruines,
14:18 et au terme de ces ruines, vous avez peut-être, non pas,
14:21 non pas le grand vide, mais l'islam qui peut arriver
14:24 à la manière d'une puissance de conquête.
14:27 Et ce qu'on voit de ce point de vue, LFI fait bien son travail
14:29 de déconstruction et pave le chemin à la prochaine France.
14:33 - LFI a aussi fait parler d'elle autrement cette semaine,
14:36 et vous vouliez en dire un mot à ce sujet. C'était quoi?
14:38 - Oui. Je m'en serais voulu de ne pas en parler.
14:40 Alors, Clémence Gueté, une députée de France Insoumise,
14:43 a été invitée en classe de CM1, donc 9 ans environ,
14:47 pour parler, je cite son tweet, j'ai trouvé ça formidable.
14:50 Dans une classe de CM1, avec une classe de CM1,
14:52 on parle du mandat de député, du fonctionnement
14:54 de l'Assemblée nationale et de la réforme des retraites.
14:57 Vous me direz, ça va de soi, c'est formidable.
15:00 Moi, ça fait pas scandale, on en parle pas.
15:03 Imaginez si un député du RN était invité,
15:07 ou si un sénateur, Stéphane Ravier, était invité
15:10 dans je ne sais quelle école. Et là, j'imagine son tweet.
15:13 Avec une classe de CM1, on parle du mandat de député,
15:16 du fonctionnement de l'Assemblée nationale
15:18 et de l'immigration massive. Est-ce qu'on aurait droit
15:21 à un tel silence? Est-ce qu'on dirait pas c'est scandaleux?
15:24 Le RN est dans les écoles. Est-ce que c'est véritablement
15:27 la place d'un député, avec son orientation idéologique,
15:30 chercher à endoctriner des enfants?
15:33 Si c'est simplement une tâche d'éducation civique,
15:35 on entend, mais on comprend que puisqu'il y a la référence
15:37 aux retraites, il y a la dimension idéologique.
15:39 Et ça me permet, je conclurai là-dessus, vous savez,
15:41 on se demandait la semaine dernière, est-ce qu'il va y avoir
15:43 un front républicain contre LFI, comme il y en a eu un,
15:45 contre le RN pendant longtemps? Encore aujourd'hui.
15:48 La réponse, c'est non. Parce que LFI est, je dirais,
15:51 incrustée dans les structures mêmes de la société.
15:54 LFI, c'est pas une contre-société. LFI, c'est pas
15:56 une grande alternance, c'est pas une alternative.
15:59 LFI, c'est l'avant-garde du monde actuel.
16:02 LFI, c'est la France de demain, fière de ne plus être
16:05 la France d'hier et d'avant-hier et de toujours.
16:08 LFI est au coeur du système. LFI a l'appui de la presse,
16:11 de la grande presse. LFI a l'appui de la radio publique,
16:15 LFI a l'appui d'une bonne partie du corps enseignant.
16:18 Alors quand vous avez tout ça, on a beau décréter l'idée
16:20 qu'il y aura un front républicain contre vous,
16:22 aucune chance. Je dirais plutôt que LFI représente,
16:25 de ce point de vue, l'avenir souriant d'une France
16:27 qui se délivre de ce qu'était autrefois l'identité française.
16:30 - On le voit dans les écoles, dans les écoles de journalisme,
16:34 on finirait beaucoup par dire, effectivement, les autres
16:36 députés n'y vont pas ou ne sont pas invités.
16:39 - C'est étonnant. Je me demande pourquoi.
16:41 - Merci pour votre regard et on va continuer sur le catholicisme
16:46 dans un instant avec vous et on parlera de la gauche aussi avec vous.
16:49 Tous les sujets sont sur la table.
16:51 Dimitri, on va se pencher maintenant avec vous
16:53 sur le concept clé du macronisme.
16:56 Le chef de l'État en a fait un thème central
16:59 d'un entretien accordé au journal Les Échos aujourd'hui,
17:02 l'autonomie stratégique. En quoi Emmanuel Macron a-t-il raison
17:08 lorsqu'il explique que sans elle, point de salut pour l'Europe
17:13 qui risque de sortir de l'histoire ?
17:16 - Les grandes phrases, ça c'est les grandes phrases.
17:18 Il est persuadé Emmanuel Macron avec le concept d'autonomie stratégique
17:21 d'avoir gagné la guerre idéologique. Il attaque l'interview là-dessus.
17:24 Il disait de toute façon, l'essentiel est fait,
17:26 on a réussi à imposer le concept, la bataille idéologique est gagnée.
17:29 Vu le tollé que provoquent ces déclarations ce soir sur Taïwan,
17:33 je ne suis pas certain qu'il ait gagné, autant qu'il ne le croit,
17:36 mais je vous en parle un peu plus loin.
17:38 Le concept d'autonomie stratégique pour un Français,
17:40 c'est un truc qui est assez familier quand on y réfléchit.
17:43 Ça fait penser au général de Gaulle. C'est dans notre culture
17:46 depuis les années 50. L'idée c'est de ne pas être capable
17:50 de se défendre tout seul quoi qu'il arrive, sans alliés.
17:53 Au moins ne pas dépendre d'autrui quand il s'agit par exemple
17:56 de se fournir en armes, d'être capable de pouvoir dire non
18:00 quand se présente une situation qui est contraire à vos intérêts.
18:03 L'autonomie stratégique, c'est Dominique de Villepin
18:05 qui en 2003 dit non à l'invasion de l'Irak.
18:08 C'est un truc de puissance moyenne qui conserve quelques beaux restes.
18:12 Si vous regardez la France avec sa dissuasion nucléaire,
18:15 son siège de membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies,
18:18 avec son modèle d'armée complète, avec son industrie de défense,
18:21 c'est ça les beaux restes qui permettent à la France aujourd'hui
18:24 de prétendre avoir une certaine autonomie stratégique.
18:27 Dans l'histoire, ça remonte à 1956, la crise de Suez.
18:30 Je ne vous fais pas le récit complet de la crise,
18:32 mais il se trouve que la France, les Anglais, les Israéliens
18:34 se retrouvent à envahir l'Egypte.
18:36 Et là, veto des Américains qui disent non, vous retirez tout de suite,
18:39 parce que derrière, on risque un conflit beaucoup plus vaste avec l'URSS.
18:43 La leçon que la France va tirer de cette crise,
18:46 c'est que pour être libre, il faut conserver les moyens de sa liberté.
18:51 C'est ce qu'il va commander par exemple le général de Gaulle
18:54 lorsqu'il organise la sortie du commandement militaire intégré de l'OTAN en 1966.
18:59 C'est encore l'autonomie stratégique qui va être brandie en 1994
19:02 dans le premier livre blanc sur la défense post-fin de la guerre froide,
19:06 dans lequel on maintient notre dissuasion nucléaire.
19:09 C'est encore l'autonomie stratégique qu'on brandit au moment où on réintègre
19:13 en 2009 le commandement militaire intégré de l'OTAN.
19:16 Et à ce moment-là, on présente l'autonomie stratégique pour dire
19:19 que c'est le moyen pour nous, France, de parler d'égal à égal
19:22 avec le vrai patron de l'OTAN que sont les États-Unis.
19:25 Ce qui est marrant, c'est qu'on s'est mis à beaucoup en parler
19:27 d'autonomie stratégique quand ça a commencé à vaciller.
19:30 Si vous regardez le nombre d'occurrences du terme dans le livre blanc
19:33 en défense de 2013, c'est 15 fois.
19:36 28 fois dans la revue stratégique de défense et de sécurité nationale en 2017
19:40 qui paraît juste après la démission du général Pierre de Villiers
19:43 qui démissionnait pourquoi ? Parce qu'on parlait de baisse de crédit
19:46 et à ce moment-là d'une érosion de fait de notre autonomie stratégique,
19:49 en tout cas sur le plan militaire.
19:51 Mais à quel moment l'autonomie stratégique entretient dans le jargon européen ?
19:57 Dans le jargon européen, je pense que ça fait un petit moment.
20:00 Mais vraiment dans les textes, vous en avez les premières traces en 2013.
20:03 Donc avant Emmanuel Macron quand même.
20:05 On croit toujours que c'est lui qui a popularisé, inventé le concept
20:09 et qui l'a mis entre les mains de la Commission européenne.
20:13 Non, en 2013. C'est l'année aussi, je vous le disais,
20:16 de la revue de défense stratégique.
20:18 Vraiment, il se passe quelque chose à cette année-là.
20:21 D'abord pour dire qu'il faut à l'Europe une base industrielle et technologique de défense.
20:25 Pour dire qu'on a une industrie de défense qui est très éclatée.
20:28 Chaque pays a son petit champion national.
20:31 Il faudrait constituer des champions européens.
20:33 Déjà cette idée commence à se mettre en place.
20:35 Et en 2016, vraiment il y a une accélération.
20:38 Le concept commence un peu à prendre les contours qu'il a aujourd'hui,
20:40 c'est-à-dire une exception en fait beaucoup plus vaste du concept d'autonomie stratégique.
20:45 Et ce qui est très intéressant, c'est que dans les documents de la Commission européenne,
20:48 je relisais par exemple un discours de Federica Mogherini,
20:51 qui est notre ancienne haut-commissaire.
20:53 Alors son titre exact, c'est toujours des titres à rallonge, des titres européens,
20:56 mais elle s'occupait en gros de la diplomatie européenne.
20:58 Elle était censée être le ministre des Affaires étrangères de l'UE.
21:01 En 2016, elle commence nos discours, elle dit "notre Europe",
21:04 elle dit "notre Union".
21:06 Ça vous rappelle quelqu'un peut-être, j'imagine, cette expression.
21:08 "Notre Union européenne", "notre Europe", etc.
21:10 Et donc autonomie stratégique, alors là, en fait vous comprenez,
21:13 ça devient la clé de voûte idéologique de l'européisme.
21:18 C'est-à-dire des promoteurs du sceau fédéral.
21:21 Et ça va se décliner dans tous les domaines, comme je vous le disais,
21:23 à partir de 2019 avec la Commission van der Leyen,
21:26 qui s'appelle à ce moment-là, qui se présente comme la Commission géopolitique.
21:31 Et alors, c'est tous les mouvements que vous avez, par exemple, sur la 5G,
21:35 le bannissement de Huawei, le fait d'un acte européen pour les matières premières,
21:42 pour les approvisionnements en matières premières stratégiques,
21:44 sur les datas avec le RGPD, pour les batteries en 2019 déjà,
21:48 où on se dit "il faut qu'on soit autonome sur les batteries",
21:50 pour le contrôle des investissements étrangers, etc.
21:53 Alors c'est assez subtil parce que "autonomie stratégique européenne",
21:56 ça fait penser à reprise de contrôle.
22:00 Et comme par hasard, 2016, je vous le citais, c'est l'année du Brexit, comme par hasard.
22:05 "Take back control", disaient les Brexiteurs.
22:08 Ça fait penser à un regain de souveraineté, "autonomie stratégique européenne".
22:12 Mais en fait, pas du tout dans le cadre national.
22:14 Et c'est là qu'elle est, je ne vais pas dire l'entourloupe,
22:16 mais en tout cas la subtilité intellectuelle.
22:18 C'est que dans l'esprit des promoteurs de l'autonomie stratégique européenne,
22:22 c'est la justification du sceau fédéral.
22:24 Et l'argument massue qui va vous être avancé, c'est "mais regardez pendant le Covid,
22:28 qui a assuré l'autonomie stratégique européenne en matière de vaccins ?"
22:32 Et les arguments qu'on entend tout le temps pour la justifier,
22:35 cette autonomie stratégique européenne, c'est l'Union européenne,
22:38 et je l'ai dit moi-même sur ce plateau à plusieurs reprises,
22:40 c'est la taille critique pour ne pas sortir de l'histoire,
22:42 comme dit Emmanuel Macron.
22:43 C'est la taille critique, vous voyez ?
22:45 L'époque est aux grands animaux, l'Inde, la Chine, les États-Unis,
22:48 l'Union européenne, la France toute seule, c'est rien du tout.
22:51 Le poids de l'Europe diminue, donc c'est une question de survie politique,
22:55 dans la mesure où la taille de la puissance de nos rivaux augmente.
22:58 C'est une question de survie pour nous, de nous unifier,
23:01 pour demain pouvoir négocier avec eux.
23:03 Eh oui, parce qu'on n'est plus dans l'époque du multilatéralisme,
23:06 et donc il faut savoir se défendre,
23:08 que ce soit par son industrie de chars d'assaut, comme par sa monnaie.
23:12 Vous n'êtes pas à l'abri, y compris de sanctions secondaires
23:15 de la part de nos alliés américains, on l'a bien vu.
23:17 Autre argument, l'image de l'Occident se dégrade,
23:20 c'est pas bon d'être classé comme un simple vassal des États-Unis,
23:23 donc l'autonomie stratégique, vous voyez ?
23:25 Et puis de toute façon, les Américains, ils ont l'esprit qui est tourné vers la Chine,
23:28 si demain on a des conflits graves dans notre voisinage proche,
23:31 on ne peut pas laisser le soin à la Russie et à la Turquie de régler ça,
23:34 il faut que nous, Européens, ayons les capacités, vous voyez, de régler ça.
23:38 Donc vous voyez, il y a de bonnes choses, en fait,
23:40 dans cette idée d'autonomie stratégique européenne.
23:42 C'est un peu l'Européen qui a compris depuis peu
23:44 que l'époque n'était plus aux accords de libre-échange,
23:46 non, non, l'époque était au rapport de force.
23:48 C'est ça qu'on comprend à travers ça, mais il y a cette arrière-pensée,
23:52 je ne vais pas dire anti-nationale, en tout cas post-nationale,
23:55 qui est quand même assez évidente, qui est assez lourde,
23:58 en toile de fond de ce concept-là.
24:00 Alors, ce qui est intéressant, c'est qu'on a envie de se poser
24:03 beaucoup de questions, où est la France ?
24:05 On va marquer une pause, avant de revenir là-dessus.
24:07 Où est la France ? Quelle est la position ?
24:09 Est-ce qu'on enterre la France derrière le mot
24:11 "autonomie stratégique" ? Beaucoup de questions à vous poser
24:13 pour savoir où on en est, nous, aujourd'hui,
24:15 au cœur de cette autonomie stratégique.
24:17 On marque une pause. Dans un instant, on revient avec vous.
24:20 On parlera avec vous de Jaurès. Est-ce que Fabien Roussel,
24:23 qui a été réélu à la tête du PCF, et, on va dire,
24:27 il peut se revendiquer de Jaurès ou pas ?
24:29 Voilà, il est l'héritier.
24:31 Charlotte, on parlera de la chrétienté en France aujourd'hui.
24:34 Où en sommes-nous ? Des petites nouvelles de la statue
24:36 de Michel ? On l'observe, parce que c'est quand même
24:38 un marqueur pour nous. Dans un instant, vous avez emmené
24:41 un paquet de pattes, pas n'importe lequel, des pattes inclusives.
24:45 On en parle dans un instant. Ça sera à la Carbonara,
24:47 à la fin de l'émission. À tout de suite.
24:49 Retour d'En face à l'Info. Nous parlons d'autonomie stratégique.
24:55 J'ai plein de questions à vous poser, Dimitri.
24:57 Essayez de répondre à toutes mes questions en peu de temps.
24:59 J'ai envie de vous demander où en est la grandeur de la France.
25:01 J'ai envie de vous demander qui veut de l'Europe fédérale en France.
25:04 J'ai envie de vous demander qu'est-ce que ça signifie sortir de l'histoire.
25:07 Bon, beaucoup de questions. Ce qu'on observe, Dimitri,
25:11 que tous les Européens ne sont pas emballés par cette idée
25:14 d'autonomie stratégique déclarée dans les échos ce matin
25:19 par Emmanuel Macron. Prenez les Polonais.
25:21 Les Polonais, eux, qui considèrent que leur liberté,
25:23 ils ne la conserveront que sous le parapluie de l'OTAN.
25:27 Voilà. C'est vrai que c'est le truc qu'on met toujours dans le nez
25:29 des promoteurs de l'autonomie stratégique.
25:31 Ça ne sert à quoi l'autonomie stratégique ? C'est oui, mais il y a l'OTAN.
25:34 Ça sert à quoi l'autonomie stratégique dès lors qu'on a l'OTAN,
25:36 qu'on a le parapluie de l'OTAN ?
25:38 Et à la limite, les Polonais, on peut les comprendre.
25:40 Quand votre pays a été démantelé plusieurs fois dans l'histoire,
25:42 vous, vous tournez vers le plus fort et s'il accepte de vous protéger,
25:45 vous vous en contentez et c'est très bien comme ça.
25:47 Mais d'ailleurs, regardez, sur 27 États membres de l'Union,
25:50 vous en avez 21 qui sont dans l'OTAN et beaucoup ont complètement délégué
25:53 l'effort de sécurité à l'OTAN.
25:55 Regardez les dépenses de défense 99 2021, donc sur 22 ans.
25:59 65 % Russie plus 300 % Chine plus 600 % Union européenne plus 20 %.
26:07 Donc, oui, c'est vraiment que les États membres ont délégué à l'OTAN
26:10 le soin de se dépenser, de défense et dépenses de défense.
26:13 Donc, oui, l'autonomie stratégique européenne, quelque part,
26:16 c'est un peu la prise de conscience qu'en fait, ça ne peut pas durer
26:18 et qu'on peut tout à fait perdurer dans l'OTAN.
26:20 Mais enfin, il faut quand même se constituer, s'affirmer aussi
26:23 comme au moins un interlocuteur d'égal à égal avec les États-Unis.
26:27 C'est ce que souhaite Emmanuel Macron.
26:29 Voilà. Et en fait, si vous voyez ce que je vous disais sur la défense
26:32 à l'instant, ce côté un peu déclaratif, voilà, on a des grandes déclarations,
26:37 mais ce n'est pas suivi des faits. Dans plein de domaines, c'est comme ça.
26:40 La défense, par exemple, depuis 2013, il parle d'autonomie stratégique
26:42 dans les textes. Depuis, il n'y a toujours pas.
26:45 Depuis 2021, vous avez une ligne consacrée à la défense
26:48 dans le budget de l'Union européenne, par exemple.
26:50 Et c'est pareil partout. Vous regardez sur la bataille technologique.
26:53 L'Europe, c'est 70 licornes. Les États-Unis, c'est pratiquement 400.
26:56 Les Chinois, 150. On est complètement largué.
26:59 Donc, vous voulez faire de l'autonomie stratégique dans ces conditions.
27:01 Vous prenez le marché des batteries. Vous n'avez pas un acteur européen
27:04 qui pèse plus d'un pour cent du marché mondial.
27:07 Vous prenez la part de marché dans le cloud.
27:09 C'était 30 pour cent pour les Européens il y a cinq, six ans.
27:12 Aujourd'hui, c'est moins de 15 pour cent.
27:14 Vous avez 27 petits plans intelligence artificielle,
27:16 27 petits plans hydrogène, 27 petits plans quantiques, etc.
27:19 Donc, vous voyez, là où il faudrait travailler groupé,
27:22 on n'est pas du tout groupé. Et puis, regardez le déplacement
27:25 d'Emmanuel Macron en Chine. C'est symptomatique.
27:28 D'un côté, vous avez Ursula von der Leyen, extrêmement offensive
27:31 à l'égard des Chinois, à tel point que la presse chinoise se demandait
27:34 si elle n'a pas été imposée à Emmanuel Macron par les États-Unis.
27:37 C'est écrit texto dans la presse chinoise.
27:39 Mais elle est quand même très loin de ce rôle de tiers ouvert au dialogue
27:42 qu'est censé être un acteur stratégiquement autonome par rapport aux Américains.
27:48 Et de l'autre côté, il se dit qu'elle est pressentie pour prendre la tête de l'OTAN.
27:51 Ceci expliquant peut-être cela.
27:53 Et puis, de l'autre côté, vous avez Emmanuel Macron qui a tenté
27:56 de convaincre Xi Jinping de jouer le rôle de médiateur sur le conflit en Ukraine
28:00 comme si c'était quelqu'un neutre, Xi Jinping, dans cette bataille-là,
28:03 alors qu'on sait qu'il est complètement allié de Vladimir Poutine.
28:06 Et alors, Emmanuel Macron dit dans les échos, je vous ai mis la citation
28:09 parce que c'est ça qui aujourd'hui pose problème.
28:13 Il dit "Les Chinois aussi sont préoccupés par leur unité et Taïwan,
28:17 de leur point de vue, est une composante de l'unité chinoise."
28:21 Il est important de comprendre comment il raisonne.
28:23 La question qui nous est posée à nous, Européens, est donc la suivante.
28:26 Avons-nous intérêt à une accélération sur le sujet de Taïwan ?
28:29 Non. La pire des choses serait de penser que nous, Européens,
28:32 devrions être suivistes sur ce sujet et nous adapter au rythme américain.
28:36 Donc vous voyez, là, c'est l'autonomie stratégique vue par Emmanuel Macron.
28:40 Mais comment s'est interprété ça aux États-Unis ?
28:43 On comprend, c'est comme avec Poutine, ne pas humilier la Chine.
28:46 Ça n'est absolument pas compris.
28:48 On s'est accusé aujourd'hui d'affaiblir la dissuasion contre l'agression chinoise.
28:52 Quand Emmanuel Macron nous disait tout à l'heure que la bataille culturelle,
28:55 sur ce plan-là, allait être remportée, pas du tout, absolument pas.
28:58 Et au manque de lucidité à l'égard de Xi Jinping,
29:01 Emmanuel Macron, je trouve, a ajouté quelque part le discrédit
29:04 en alignant une soixantaine de grands patrons qui étaient là,
29:07 pressés de signer des grands contrats avec la Chine,
29:09 ce qui ne va faire qu'accroître notre dépendance vis-à-vis de Pékin.
29:12 Pour quelqu'un qui fait la promotion de l'autonomie stratégique,
29:15 c'est un petit peu contradictoire.
29:17 Merci pour votre regard, Dimitri.
29:19 Dans un instant, on parlera de Marseille, on fera un tour de table.
29:22 Est-ce que Marseille est devenue une ville martyr ?
29:25 On a une pensée à toutes les victimes et aux familles des victimes.
29:28 On en parle dans un instant, dans notre tour de table.
29:30 Charlotte Dornelas, les catholiques, on l'a dit tout à l'heure,
29:33 fêté Pâques ce week-end, et continue.
29:35 J'ai appris aujourd'hui qu'on appelle l'Octave Pascal.
29:38 C'est quoi l'Octave Pascal ? J'y connais rien du tout, mais j'apprends.
29:41 L'Octave Pascal, c'est ce qui suit, c'est les huit jours qui suivent Pâques.
29:44 Autrefois, on faisait des pèlerinages en action de grâce de Pâques.
29:47 Et Napoléon, on a recommencé à travailler pendant l'Octave,
29:51 et il reste un jour.
29:53 Il y avait deux Octaves qui étaient chômées, celui de Pâques et celui de la Pentecôte.
29:56 Et nous n'avons plus que le lundi de Pâques et de la Pentecôte
29:59 qui nous rappellent qu'autrefois, il y avait l'Octave entière.
30:02 Les catholiques fêtaient Pâques ce week-end,
30:05 l'occasion pour certains d'évoquer un renouveau chrétien dans le pays.
30:12 Est-ce que c'est le cas ?
30:14 Il y a plusieurs manières de se poser cette question.
30:17 Parce que le christianisme, même le catholicisme d'ailleurs, en France,
30:20 peut s'interroger sur le terrain culturel, sur le terrain politique,
30:25 sur le terrain de la laïcité, c'est souvent celui qu'on explore le plus,
30:29 et sur le terrain de la foi des catholiques qui l'habitent.
30:32 Un renouveau, on ne peut pas l'imaginer par rapport à ce qui s'est passé précédemment,
30:36 à l'imaginaire qu'on a de la place du catholicisme dans le pays.
30:39 C'est le renouveau dont il est question, en effet, dans l'Église catholique aujourd'hui en France.
30:45 C'est le renouveau d'une religion qui a forgé tout l'imaginaire du pays
30:50 et qui est désormais une minorité.
30:52 Donc il y a une forme de renouveau à partir d'une petite minorité de croyants.
30:56 Là, on est vraiment sur le terrain de la foi et non pas sur le terrain culturel.
31:00 On parlera ensuite, est-ce qu'il y a un renouveau sur cette question aussi.
31:04 Mais c'est simplement qu'il a été question du renouveau ce week-end,
31:08 parce que quand on a à bord des Pâques, il se trouve que dans la nuit de Pâques,
31:12 dans la religion catholique, c'est la nuit dans laquelle on procède au baptême d'adulte.
31:17 Donc des gens qui n'ont pas été baptisés enfant, signe d'une déchristianisation.
31:21 Autrefois, évidemment, on parlait assez peu des baptêmes d'adultes,
31:24 puisque en France, tout le monde était baptisé à la naissance.
31:27 Donc ce n'est pas une question qui se posait.
31:29 Donc c'est forcément une question nouvelle, un renouveau,
31:32 puisque on pratique différemment.
31:35 Donc il y a en effet un nombre de baptêmes d'adultes,
31:38 d'adultes qui demandent à se faire baptiser, qui lui, augmente considérablement.
31:42 Cette année, on a 5 500, à peu près, adultes qui ont été baptisés dans la nuit de Noël en France.
31:48 C'est 28 % de plus que l'année dernière, mais c'est surtout 60 % de plus qu'il y a 10 ans.
31:53 Donc oui, il y a plus de gens, aujourd'hui, adultes, qui demandent le baptême.
31:57 Alors évidemment, c'est étonnant. C'est étonnant à plusieurs égards, on va dire.
32:01 Parce que c'est étonnant par rapport à la sécularisation de la société
32:06 et même à la déchristianisation de nos habitudes, même, des références, du référentiel.
32:11 C'est étonnant par rapport à la faiblesse de l'Église
32:15 et à son incapacité, particulièrement en France, à occuper le terrain,
32:18 parce que l'histoire est longue entre la République, si on va sur le terrain historique,
32:23 et l'Église en France.
32:24 Et elle ne sait plus très bien comment se comporter, comment parler publiquement,
32:27 notamment par rapport à cette question de la laïcité française, qui est très particulière.
32:32 C'est étonnant aussi au regard des dossiers assez ignominieux
32:35 qui pèsent sur les épaules de l'Église, institution là, aujourd'hui, par le biais de ses prêtres.
32:40 On a vu le dossier de la pédophilie, par exemple, ces dernières années.
32:43 Donc évidemment, on se dit, qu'est-ce qui pousse ces adultes à venir demander le baptême ?
32:49 Et c'est là où on quitte le domaine culturel ou même historique
32:53 pour aller sur le terrain vraiment extrêmement personnel de la rencontre,
32:57 en l'occurrence, eux, témoignent de la rencontre avec le Christ,
33:00 donc avec une personne, avec la religion elle-même, dans leur cœur.
33:03 C'est-à-dire que c'est vraiment une question de foi et de démarche personnelle.
33:06 Ce qui est encore plus étonnant sur ce terrain-là,
33:09 c'est que les trois quarts de ces baptisés ont moins de 40 ans,
33:12 et un tiers d'entre eux a entre 18 et 25 ans.
33:15 Et là, quand vous allez voir les témoignages de ceux qui s'occupent du catechuménat,
33:20 donc de cette préparation au baptême des adultes,
33:22 ils vous disent que ce qui est étonnant, c'est que toutes ces personnes arrivent,
33:25 elles n'ont en général pas de contact avec la religion,
33:28 de manière générale, dans leur vie initialement,
33:30 et surtout un vide abyssal sur le domaine de la culture religieuse.
33:34 Là encore, c'est nouveau. Il y a des références qu'on n'a plus du tout.
33:37 Vous demandez aujourd'hui à un jeune ce qu'est Noël ou ce qu'est Pâques,
33:41 ils ne savent pas la naissance de Jésus ou même la résurrection,
33:44 ce que veut dire la résurrection.
33:46 C'était une évidence pour des gens qui n'avaient pas la foi en France il y a 100 ans.
33:50 Ça n'est plus du tout des faits commerciales.
33:52 Aujourd'hui, ce sont des faits.
33:53 On a accepté qu'il reste les œufs, mais sans se souvenir pourquoi.
33:56 Petite question, justement, ce sont des gens qui sont en quête de spiritualité,
34:01 de relation avec l'être supérieur,
34:04 ou bien ce sont des gens qui cherchent un carcan religieux ?
34:07 Alors, un carcan, je n'imagine pas, à moins qu'il soit complètement étrange.
34:12 Mais cela dit, derrière le mot carcan,
34:14 il y a quand même le côté cadre qui est évidemment recherché par certains.
34:18 Il y a l'aspect familial aussi de la rencontre d'une communauté à laquelle on appartient,
34:23 une communauté de valeurs, de foi, de tout ça.
34:26 Il y a une rencontre très personnelle avec la question spirituelle, évidemment.
34:29 Et il y a aussi la question,
34:31 et c'est ce que disent justement les responsables qui accompagnent ces baptisés,
34:34 il y a la question de l'insécurité un peu sur tous les terrains.
34:38 C'est-à-dire que pendant très longtemps, en France,
34:41 si on veut caricaturer, on va dire les Trente Glorieuses,
34:44 où il n'y avait pas tellement de questions qui se posaient
34:46 et on basculait d'un monde assez religieux dans les réflexes
34:51 à un monde beaucoup plus matérialiste,
34:53 et le basculement de l'ensemble de la population.
34:55 Et puis, ces questions-là ont recommencé à se poser sur le terrain matériel,
34:59 moral, technique, spirituel et même culturel.
35:03 Donc, tout vous pousse à vous demander, plus rien ne relève de l'évidence,
35:06 même l'harmonie dans la population française.
35:09 On voit, on parle sans cesse des divisions.
35:11 Sur tous ces terrains-là, elles appellent des questions nouvelles.
35:14 Quand on évoque la question de la fin de vie,
35:16 Mathieu l'évoquait tout à l'heure, mais se réinvite,
35:18 et même au moment du Covid d'ailleurs,
35:20 se réinvite la question de la souffrance, de la mort,
35:22 qui génère des questions qu'un univers mental, on va dire matérialiste,
35:26 enfin, des questions auxquelles cet univers-là n'apporte pas de réponse satisfaisante,
35:32 en tout cas pour ces adultes-là.
35:34 Donc, oui, il y a un renouveau, mais un renouveau qui n'est possible
35:37 que parce qu'il y a préalablement une déchristianisation.
35:40 Donc, c'est un renouveau dans la déchristianisation.
35:43 En parlant d'insécurité culturelle,
35:45 Charlotte Donne, hélas, une décision du Conseil d'État
35:47 a étonné beaucoup de gens à la veille de Pâques.
35:50 Justement, il a débouté la ville des Sables d'Olonne
35:53 qui souhaitait conserver une statue de Saint-Michel installée il y a quelques années.
35:58 La statue devra quitter l'espace public.
36:01 Comment le comprendre ?
36:02 On a beaucoup suivi cette histoire.
36:03 Alors là, on bascule sur le terrain vraiment culturel de cette question-là.
36:07 Et je suis assez étonnée du commentaire en permanence
36:09 qu'on se dit, ben oui, mais le Conseil d'État participe du wauquisme ambiant.
36:12 Il déboulonne des statues.
36:13 Mais là, il y a une méconnaissance, à mon avis, de notre propre histoire
36:17 sur le terrain, justement, de ce qu'est véritablement la laïcité,
36:20 de ce qu'elle a été, surtout dans l'histoire,
36:22 notamment vis-à-vis du catholicisme et uniquement vis-à-vis du catholicisme,
36:26 puisque c'était la religion de ce pays.
36:29 Alors, il y a d'abord le droit.
36:31 Le Conseil d'État ne fait que du droit, en l'occurrence.
36:33 Et c'est ce qu'il faut rappeler.
36:34 Il ne participe pas d'une idéologie wauquiste.
36:36 Il dit dans le droit, voilà ce qu'on a dans la loi de 1905.
36:39 On a dans la loi de 1905 qu'il est interdit d'établir dans l'espace public
36:44 une statue, enfin n'importe quoi, de religieux, d'une référence religieuse,
36:49 après 1905.
36:50 Donc, vous conservez.
36:52 En clair, l'idée, c'était quoi ?
36:53 C'était de se dire, de toute façon, en France,
36:55 on ne va pas commencer à débaptiser les noms de rues qui sont accordés à des saints,
36:59 à enlever les statues, à retirer la statue de Saint-Michel
37:02 sur le Mont Saint-Michel et à l'appeler Mont-Michel.
37:04 - Ça arrive dans certaines villes.
37:06 - Tout ça serait compliqué à l'échelle de la France,
37:08 parce que, précisément, l'imprégnation est absolument partout.
37:11 Simplement, ce qui a été décidé à ce moment-là,
37:14 c'est de se dire, à partir de maintenant,
37:16 ça relèvera de l'histoire figée,
37:20 mais tout ce qui est nouveau se passera de cette référence religieuse.
37:23 Voilà quelle était l'idée de 1905.
37:25 Donc, à ce titre-là, le Conseil d'État dit le droit.
37:28 Et c'est pour ça que la première cour et la cour d'appel
37:33 disaient exactement la même chose que le Conseil d'État.
37:36 Le problème, c'est qu'un siècle plus tard,
37:38 et c'est ça qui génère la compréhension,
37:40 on a tendance très souvent à dire
37:41 1905, c'était une loi de concorde et d'harmonie dans le pays.
37:44 C'est absolument faux.
37:46 A l'époque, c'était une bataille,
37:48 et la loi de 1905 est une victoire
37:50 des adeptes de la déchristianisation de la société française.
37:53 Ce n'est pas une loi d'harmonie.
37:55 Les gens qui ont porté la loi de 1905
37:58 voulaient arracher le christianisme à la société française.
38:02 Parce qu'on se dit, à l'époque, la laïcité,
38:04 la séparation des ordres religieux et temporaires.
38:07 En gros, la République ne dépendra plus du pape.
38:09 Mais ça, ça faisait des années et des années que c'était déjà le cas.
38:12 Et en 1905, on décide que la société,
38:15 elle, va se débarrasser du christianisme.
38:19 Alors, évidemment, la différence entre 1905 et aujourd'hui,
38:23 c'est qu'à l'époque, notamment les écoles, les soins,
38:26 les hôpitaux étaient aux mains des communautés religieuses.
38:29 Et la République a voulu dire maintenant,
38:30 ça va revenir dans le giron laïc de la République
38:33 sur les mains des religieux.
38:34 Donc vous avez 60 000 religieux, religieuses,
38:37 qui s'exilent de France, qui sont français,
38:39 qui sont exilés de France.
38:41 Donc la loi de Concorde, on repassera.
38:43 Et la deuxième chose, c'est que la société,
38:46 elle, en revanche, par les gens qui la portent,
38:49 c'est-à-dire par les Français,
38:50 toutes leurs références, elles, sont encore catholiques.
38:54 Donc il faudra du temps pour que ça, ça arrive.
38:57 Donc il n'y a rien d'étonnant en soi
38:59 à ce que la loi continue à faire l'oeuvre
39:01 pour laquelle elle a été créée.
39:02 C'est-à-dire débarrasser la société
39:04 de toutes les références religieuses
39:06 pour les remplacer par la laïcité,
39:08 mais vue comme une valeur,
39:09 c'est-à-dire une valeur qui remplace la religion
39:12 dans la société et par des idées.
39:15 Alors à l'époque, évidemment,
39:16 les idées ne viennent pas en contradiction
39:18 avec des « us et coutumes »
39:19 qui sont portées par toute la population.
39:21 Donc il y a une transition qui se fait,
39:23 non pas en douceur dans les sociétés de pensée,
39:25 mais dans la population,
39:26 puisqu'elles partagent de toute façon
39:28 les « us et coutumes » en commun.
39:30 Donc ce n'est pas pour rien, si vous voulez,
39:32 que certains dans la classe politique
39:33 font démarrer la France en 1789.
39:36 C'est que depuis 1789,
39:38 il y a une bataille en France
39:40 entre la République et la religion catholique.
39:43 Ce n'est pas pour rien qu'ils le font à ce moment-là
39:46 et le Conseil d'État, en l'occurrence,
39:48 applique très strictement ce qui a été voulu,
39:50 en effet, en 1900.
39:51 Alors je ne comprends pas tout, Charlotte.
39:53 Comment comprendre justement
39:55 que ces sujets fassent autant réagir aujourd'hui
39:57 si justement, comme vous dites,
39:58 rien n'est nouveau ?
39:59 Eh bien, rien n'est nouveau,
40:00 sauf ce qui est devenu la population française
40:02 par rapport à elle-même
40:04 et par rapport, évidemment,
40:05 aux nouvelles questions qui se posent,
40:06 notamment la question de l'insécurité culturelle,
40:09 évidemment spirituelle,
40:10 mais là, c'est sur le terrain de la religion elle-même,
40:12 mais sur la question culturelle.
40:13 En gros, je vous le disais,
40:15 quand la loi est votée en 1905,
40:17 la période, si vous voulez,
40:19 c'est une période qui dure depuis la Révolution,
40:20 c'est une bataille culturelle entre Français,
40:24 c'est-à-dire entre partisans républicains
40:27 et entre tenants du catholicisme
40:30 qui a nourri la France pendant des années.
40:32 Mais il existe une manière de vivre
40:34 entre tous ces Français,
40:35 qui est là-même,
40:36 Marc va nous parler de Jaurès,
40:37 Jaurès qui se faisait engueuler par ses petits copains
40:39 parce qu'il faisait, je cite,
40:40 "manger le bon Dieu à sa petite fille".
40:41 Donc même Jaurès faisait faire la communion à sa fille,
40:44 ça faisait hurler ses copains,
40:45 mais tous ces gens-là se retrouvaient autour
40:47 du saucisson et du pinard, quoi,
40:48 si je veux faire très simple.
40:49 Ils avaient une manière de vivre
40:51 qui n'était pas en permanence source d'insécurité
40:54 par rapport à la fois à une volonté de destruction intérieure,
40:58 le wokisme qui nous arrive des États-Unis,
41:00 mais qui d'une certaine manière
41:02 arrive déjà de chez nous à la base,
41:03 par la volonté de la déconstruction
41:05 et de ne plus supporter l'idée de la statue
41:08 que ce soit sur le terrain religieux
41:09 ou sur le terrain culturel,
41:11 et l'importation d'autres référentiels culturels
41:14 par le biais de l'immigration.
41:16 Mais vous noterez que là, à Saint-Michel,
41:18 en l'occurrence, c'est ni des woks américains
41:20 ni des gens issus de l'immigration,
41:22 c'est la libre-pensée qui est là 250 ans.
41:25 D'ailleurs, c'est quasiment vrai,
41:26 des adeptes de la libre-pensée aujourd'hui,
41:28 ils ont une lecture extrêmement stricte de la laïcité
41:32 qu'on fait remonter très clairement
41:33 à la tradition révolutionnaire,
41:35 en l'occurrence, de la laïcité.
41:37 Mais forcément, quand sur le terrain concret de la culture,
41:41 vous avez voulu remplacer le catholicisme par des idées
41:44 et que là s'importent dans la société
41:46 à la fois des woks qui veulent déboulonner des statues,
41:48 c'est très concret par rapport à des idées des statues,
41:50 et d'un autre côté, des gens arrivés par le biais de l'immigration
41:53 qui revendiquent une manière de manger à la cantine,
41:55 une manière de s'habiller dans la rue,
41:57 une manière d'avoir un référentiel culturel,
42:00 des personnages historiques, des gloires et des défaites
42:02 dans son histoire qui ne sont pas celles de la France,
42:05 eh bien les Français, devant le vertige de la dépossession,
42:08 se repenchent sur ce qui a fait leur histoire
42:10 pendant 1500 ans,
42:12 et là, on retrouve le christianisme
42:14 que le Conseil d'État le veuille ou non,
42:16 et que la libre-pensée l'accepte ou non aussi.
42:18 - Je sais que vous avez envie de réagir.
42:20 - Oui, parce que le Conseil d'État, il ne réagit pas
42:22 quand on baptise une rue du nom de Fatima,
42:25 la femme du prophète.
42:27 - Oui, il y a peut-être...
42:29 - Est-ce qu'il y a quelqu'un qui s'est saisi
42:31 et qui a porté plainte ?
42:33 - Oui, je pense qu'il doit y avoir,
42:35 au bientôtment...
42:37 - Qui s'en est obusqué ?
42:39 - Non, mais que fait la libre-pensée ?
42:41 - Ils ont piscine sur ce sujet.
42:43 - Ils ont pardon ?
42:45 - Ils ont piscine sur ce sujet, pardon.
42:47 - Non, mais parce qu'il y a une telle volonté,
42:49 justement, ils sont nourris d'une telle haine,
42:51 d'une telle bataille contre le catholicisme,
42:53 qu'ils ne voient pas le reste, en fait.
42:55 - Mais on peut avoir une rue Fatima
42:57 et une rue Marie côte à côte.
42:59 - Non, mais ça n'a rien à voir.
43:01 Chardotte vient de nous rappeler,
43:03 la loi fige une situation.
43:05 La rue qui s'appelait Sainte-Marie,
43:07 qui s'appelait Jésus de Nazareth,
43:09 avant la loi de 1905, elle reste.
43:11 La seule exception, c'est le Sacré-Cœur à Paris,
43:14 qui apparaîtra beaucoup plus tard.
43:16 C'est la seule exception.
43:18 Mais donc, après, on se bat pour rester dans la laïcité.
43:21 Et là, ils font une exception, si je peux dire.
43:24 - Mais votre édito n'est pas sur la laïcité.
43:26 - Non.
43:27 - Dans un instant, on parlera de la ville martyr.
43:29 Je choisis deux personnes pour parler de la ville martyr,
43:31 pour qu'on puisse avoir le temps de parler
43:33 de votre dernier sujet, parce qu'on va parler
43:35 de Patalacar Bonara.
43:37 Fabien Roussel a été réélu aujourd'hui
43:39 à la tête du Parti communiste.
43:41 Félicitations à lui.
43:43 - Oui.
43:44 - Quand on dit Parti communiste, Marc Menon,
43:46 une image jaillit.
43:47 Celle de Jean Jaurès, le fondateur du quotidien
43:49 de l'humanité.
43:50 Jean Jaurès, le symbole de la lutte ouvrière.
43:53 Pour autant, peut-il incarner encore l'image référente
43:57 des communistes, aujourd'hui ?
43:59 - Alors, quand on voit les communistes,
44:01 ils estiment qu'il est normal que des femmes
44:04 puissent accompagner, en portant le voile,
44:07 les sorties d'école.
44:09 Donc, ils sont pour le multiculturalisme.
44:11 Ils sont pour l'écriture inclusive.
44:14 Référons-nous maintenant à Jaurès.
44:17 Et là, je veux épouser Charlotte,
44:20 du moins dans ses propos.
44:22 (Rires)
44:24 - Je suis témoin.
44:26 - Et que se passe-t-il ?
44:27 Alors déjà, il faut savoir que c'est un garçon
44:29 qui naît dans une famille extrêmement démunie.
44:32 Le père est là à charrier des graviers.
44:37 Et la maman, bon, obtiendra de monter une petite ferme.
44:41 Et c'est grâce à l'obstination de cette maman
44:44 que lui et son frère vont suivre des études.
44:47 Le jeune garçon se distingue de ses camarades
44:51 de façon formidable, puisqu'il est à 19 ans.
44:54 Il est le patron, enfin, disons, le premier
44:58 de l'école normale supérieure au concours.
45:01 Il est prof de philo à 22 ans.
45:05 Député à 26 ans.
45:07 Et que porte-t-il ?
45:09 Eh bien, comme il dit, je suis un paysan cultivé.
45:12 Il a de l'humour, Jaurès.
45:14 Et il fait attention au peuple.
45:17 Son obsession, c'est le peuple et c'est la bataille,
45:20 oui, anticléricale.
45:22 Et pour autant, comme l'a rappelé Charlotte,
45:25 un jour, il est interpellé par l'opposition
45:28 ou ceux qui sont du côté royaliste
45:30 ou qui sont pour la tradition catholique.
45:33 Et ils lui disent, eh Jaurès, que fais-tu donc
45:36 pendant que toi, tu bouffes du curé,
45:39 ta fille, elle bouffe le bon Dieu.
45:42 Et alors ?
45:44 Mais il n'en reste pas moins que Jaurès,
45:47 sa femme est une grande catholique,
45:50 sa maman était extrêmement dévote
45:53 et lui-même dira, le Christ,
45:56 nous l'aimons tellement, Jésus,
45:58 que nous pouvons nous en passer.
46:00 C'est-à-dire que là, à travers ça,
46:02 on comprend tout à fait ce qu'est la laïcité.
46:05 Et après, je vais faire référence
46:08 à l'un des papiers qu'il rédige
46:11 dans la dépêche du midi.
46:13 La dépêche du midi, c'est sa façon à lui de lutter
46:16 quand, par exemple, il perd les élections
46:19 quelques années plus tard, il continue à écrire
46:21 dans la dépêche du midi avant de créer l'humanité.
46:24 Alors, là, c'est très intéressant
46:26 parce qu'on comprend ce qu'est véritablement la laïcité
46:30 et ce contre quoi, aujourd'hui, nous devrons veiller.
46:34 Et donc, montrer que Roussel et les filles et les autres
46:38 ne sont plus du tout dignes de cet héritage.
46:42 Il écrit aux instituteurs,
46:44 "Vous tenez en vos mains l'intelligence et l'âme des enfants.
46:49 Vous êtes responsables de la patrie.
46:52 Ils sont français et ils doivent,
46:56 comme aimer la France, la géographie, son histoire,
47:01 son corps, son âme, ils seront citoyens.
47:05 Ils doivent savoir ce qu'est une démocratie libre,
47:08 quel droit leur confrère,
47:10 quel devoir leur impose la souveraineté de la nation."
47:14 - Il dit ça ?
47:15 - Jaurès, il écrit ça.
47:17 - C'est pas du tout de gauche, aujourd'hui ?
47:19 - Non, c'est bien ce que je vous dis.
47:21 Tant qu'il n'y a plus rien de gauche, il va plus loin que ça.
47:23 Il défend cette langue française, incarnation de la culture.
47:27 Il défend les langues régionales,
47:29 parce qu'il estime qu'il y a des subtilités
47:32 dans ces langues, ces idiomes par région,
47:36 et que ça permet de décrypter ce qui s'agit dans les esprits
47:41 des gens vivants à des endroits donnés.
47:43 Par conséquent, quand la gauche veut soutenir
47:48 que l'islam a sa place,
47:50 mais qu'il nous faut veiller à avoir cette rigueur
47:53 contre le catholicisme,
47:55 elle se fourvoie littéralement, que dis-je ?
47:57 Elle trahit Jaurès.
47:59 Un Jaurès qui, jusqu'au bout, sera l'homme
48:03 se battant contre, non seulement donc la religion,
48:07 mais également contre l'immigration.
48:09 Que dit-il à propos de l'immigration ?
48:12 Eh bien, il dit, "le capitalisme fait venir
48:17 la main-d'œuvre de l'étranger", regardez.
48:20 Le capitalisme international va chercher
48:22 la main-d'œuvre sur les marchés.
48:24 Où elle est la plus avilée, la plus humiliée,
48:27 la plus dépréciée, pour la jeter sans contrôle
48:31 et sans réglementation sur le marché français.
48:35 Donc vous voyez où on en est aujourd'hui
48:38 de l'héritage de Jaurès par rapport à ce que manifestent
48:43 aussi bien les filles que M. Roussel.
48:45 - Comme dit Jean Jaurès, aimez la France.
48:48 Ville-martyr, la ville de Marseille, juste un mot,
48:52 c'est important de s'arrêter sur cette ville
48:55 et sur ce qui se passe aujourd'hui.
48:57 Est-ce qu'avec, on a vu ce qui se passe,
49:00 des corps sous les décombres, quatre ou cinq corps
49:03 ont déjà été retrouvés, des familles déjà endeuillées,
49:07 et beaucoup de questions qui se posent.
49:09 Et quand on parle de Marseille, pourquoi ça résonne
49:13 assez sombrement aujourd'hui?
49:15 - On a l'impression, il y a un vieux terme
49:17 qui s'appelait la fatalité.
49:18 On a l'impression quelquefois que le sort s'acharne sur Marseille.
49:21 Je vois, il y a deux pôles là-dedans finalement.
49:23 Le côté de tragique, le sort, c'est un mot qui veut
49:25 tout dire et rien dire tout à la fois.
49:27 Et devant cela, une communauté qui est quand même capable,
49:29 une nation en fait, de serrer les coudes,
49:31 de faire preuve de solidarité incroyablement devant cela,
49:33 parce qu'on sait pas quoi faire d'autre,
49:35 seulement que c'est tenir ensemble devant l'atroce.
49:37 - Il me confirme bien que ce sont cinq corps
49:39 qui ont été retrouvés, Charles Dornelas.
49:41 - C'est vrai que la répétition des drames qui touchent Marseille,
49:44 forcément on a envie de comprendre en réalité,
49:47 on a envie de trouver des réponses.
49:49 Et il y a tellement de drames qui arrivent à Marseille
49:51 et qui sont la conséquence d'une inconséquence politique
49:53 précisément, qu'à chaque fois qu'il arrive un drame,
49:55 on cherche le responsable politique.
49:57 Là, en l'occurrence, on est bien obligé de garder le silence
50:00 en fait devant ce qui se passe, puisque c'est le drame total.
50:03 - Gardons le silence.
50:05 - Non, c'est simplement oublier, on peut pas oublier Pagnol,
50:08 on peut pas oublier Marius, César, Fanny,
50:11 et cette image que l'on avait de Marseille,
50:14 un endroit où la gaieté gouvernait la cité.
50:17 - Il y a des histoires qui peuvent sembler lunaires,
50:21 mais qui sont très révélatrices des temps présents.
50:24 Celles dont nous allons vous parler maintenant,
50:26 en est une.
50:28 Barilla, la célèbre entreprise de pâtes italiennes,
50:30 a ainsi décidé de faire la promotion d'une recette carbonara
50:34 inclusive, Mathieu Bogcotte,
50:36 et de lancer une campagne publicitaire autour de cela.
50:39 Que comprendre?
50:41 - C'est fascinant.
50:43 Toute l'histoire de notre temps est condensée dans ce petit récit.
50:46 J'y vais.
50:48 6 avril, Barilla lance une initiative
50:50 qui s'appelle Open Carbonara,
50:52 qui propose une version interculturelle
50:55 et multiculturelle de la carbonara.
50:58 Qu'est-ce que c'est?
51:00 Bon, la carbonara, on connaît le plat,
51:02 traditionnel plat d'origine romaine,
51:04 avec des spaghettis, du viande séchée,
51:06 du pecorino romano, des oeufs, du poivre.
51:09 Et tout ça, le problème, c'est que ça peut probablement,
51:12 dit-on, heurter aujourd'hui des gens
51:14 qui ont des interdictions alimentaires,
51:16 morales, religieuses ou autres par rapport à cela.
51:18 - Vous parlez du cochon.
51:20 - Notamment, mais j'y arrive.
51:22 Alors Barilla lance une publicité.
51:24 Une publicité qui est sur là-haut.
51:26 C'est une petite vidéo qu'on peut attraper sur Internet.
51:28 Ça dure 5 minutes environ.
51:30 Et ça raconte la chose suivante.
51:32 Et là, vient le temps du déjeuner.
51:34 Et on présente à chacun un plat de carbonara.
51:36 Et là, il y a un petit qui ne peut pas en manger.
51:39 Il y a du porc dans l'assiette.
51:41 C'est pas possible. Il n'en mange pas.
51:43 La petite fille, son amie, est bouleversée.
51:45 Elle se dit, mon petit ami ne peut pas à l'école prendre ce plat.
51:48 Elle arrive à la maison le soir. Elle est triste.
51:50 Elle raconte ça à son père,
51:52 qui est un grand chef cuisinier par ailleurs.
51:54 Ça tombe comme ça.
51:56 Et là, elle dit, c'est terrible.
51:58 Il ne peut pas à cause du porc.
52:00 Et le chef cuisinier appelle ses collègues.
52:02 Et là, ils décident de concocter ensemble
52:04 une nouvelle recette de carbonara inclusive.
52:06 Inclusive qui pourrait être mangée par tous,
52:08 donc là où il n'y aura pas de porc.
52:10 Et on change la recette.
52:12 Et qu'est-ce qu'on met dans la recette désormais?
52:14 Une version alternative.
52:16 Ses ingrédients sont les spaghettis sans gluten,
52:18 du saffran, des pommes de terre,
52:20 du céréal rirave, des flocons de soja,
52:22 du poivre et de l'huile d'olive.
52:24 Tout choisi pour préserver, à ce qu'on dit,
52:26 le goût, la texture de la véritable carbonara.
52:28 Donc là, vous comprenez qu'on change le plat,
52:30 on change son contenu, on change sa saveur,
52:32 mais on explique que c'est la même chose
52:34 en version inclusive.
52:36 Et là, dans la petite vidéo, parce que c'est formidable,
52:38 vous regardez, un mois plus tard, les enfants sont à l'école
52:40 et là, il y a de la carbonara.
52:42 Et le petit qui ne pouvait pas en manger
52:44 parce qu'il y avait du porc dedans,
52:46 et vous savez, le porc, c'est terrible,
52:48 là, il peut en manger désormais.
52:50 On lui dit, tu peux en prendre, c'est permis,
52:52 il n'y a pas de porc.
52:54 Et là, les enfants sont tous heureux
52:56 parce que c'est inclusive, c'est une carbonara inclusive,
52:58 parce qu'elle n'est plus la carbonara d'hier.
53:00 Je retiens quelques idées à propos de cela.
53:02 La première, je dois comprendre que la carbonara d'hier,
53:04 celle qu'on vient de tasser,
53:06 est une carbonara exclusive.
53:08 C'est ce que je comprends.
53:10 Si je fais une opération logique de base,
53:12 la carbonara qu'on a connue comme carbonara
53:14 à travers l'histoire de la gastronomie
53:16 est une carbonara exclusive.
53:18 C'est ce qu'on nous dit.
53:20 Donc, on doit changer de carbonara
53:22 pour que tous en mangent, même si c'est plus de carbonara.
53:24 Ensuite, est-ce que la cuisine italienne
53:26 est une cuisine discriminatoire?
53:28 C'est particulier.
53:30 Pour être inclusif, des gens arrivent en Italie,
53:32 disent que c'est formidable, l'Italie, c'est beau,
53:34 ça sent bon, les gens sont merveilleux.
53:36 Et là, on mange mieux en plus.
53:38 Mais pour que les gens continuent à bien manger en Italie,
53:40 il faut s'assurer que la cuisine italienne
53:42 ne soit plus la cuisine italienne.
53:44 Pour être capable de s'ouvrir à l'autre,
53:46 il faut s'effacer soi-même,
53:48 comme qu'il dirait, c'est bien trouvé.
53:50 - Est-ce que Mathieu Bocote,
53:52 vous êtes le surinterprété un peu à cet événement?
53:54 Vous croyez vraiment qu'il est à ce point marqué,
53:56 idéologiquement?
53:58 - Ah, mais ce n'est pas moi qui suis chargé de le surinterpréter,
54:00 Barilla s'en est chargé. Je cite.
54:02 "Le monde devient de plus..."
54:04 C'est Barilla.
54:06 "Le monde devient de plus en plus inclusif,
54:08 la nourriture devrait l'être aussi."
54:10 Donc, on doit changer.
54:12 Le carbonara.
54:14 Je la sous-titre.
54:16 "La nourriture devrait être un pont entre les cultures,
54:18 pas les diviser."
54:20 On comprend, la carbonara traditionnelle divise.
54:22 Elle est exclusive.
54:24 Sale carbonara de merde, si je peux me permettre.
54:26 Hé, je poursuis.
54:28 Je poursuis. C'est terrible.
54:30 La carbonara qui divise et qui est exclusive.
54:32 Il faut la bannir. Ça va plus loin.
54:34 Je cite encore dans ma petite vidéo.
54:36 "Le monde change. Il devient multiculturel.
54:38 Avoir des amis de différentes cultures
54:40 et pouvoir les inviter à sa table, c'est un enrichissement."
54:42 Donc, de quelle manière
54:44 peut-on inviter les amis à sa table
54:46 en bannissant les plats traditionnels de son pays?
54:48 Et là, on arrive au point culminant du paradoxe
54:50 du multiculturalisme.
54:52 Dans le multiculturalisme,
54:54 il y a de la place pour toutes les cultures,
54:56 mais pour qu'elles puissent se déployer,
54:58 vous devez bannir la gastronomie italienne.
55:00 Vous devez bannir la culture italienne.
55:02 Et en France, pour être capable, justement,
55:04 d'avoir une culture inclusive, une gastronomie inclusive,
55:06 demain, il faudra bannir le jambon, le porc,
55:08 et peut-être même que ce n'est pas demain,
55:10 peut-être que c'est aujourd'hui et c'est déjà hier.
55:12 Alors, pour être capable de s'ouvrir à l'autre,
55:14 vous devez vous effacer vous-même.
55:16 Pour être capable de proposer une nourriture inclusive,
55:18 vous conservez le nom, vous changez la recette,
55:20 vous changez les ingrédients,
55:22 mais vous conservez le nom, vous rajoutez "inclusif",
55:24 et tout le monde est censé applaudir en disant
55:26 "le multiculturalisme est une richesse merveilleuse".
55:28 Bravo, Barilla. Vous avez réinventé Orwell,
55:30 vous l'avez poussé plus loin.
55:32 C'est de l'orwellisme alimentaire.
55:34 - Il nous épate.
55:36 - Excellent.
55:38 - J'ai une petite question subsidière pour vous, Mathieu.
55:40 Est-ce que c'est possible de s'ouvrir aux autres
55:42 sans s'effacer?
55:44 - C'est possible. La France a toujours fait ça.
55:46 On appelait ça l'assimilation. La main tendue,
55:48 quelqu'un arrive dans le pays, on dit "tu peux participer
55:50 à l'histoire". Prends les mœurs, on t'en améliorera
55:52 de la place pour toi. Mais il faut accepter
55:54 de dire "nous" avec le pays qui nous accueille.
55:56 Si on arrive dans un pays qui nous accueille
55:58 et on dit "désolé, tout me dérange, votre cuisine me dérange,
56:00 votre littérature dérange, votre histoire dérange",
56:02 c'est sûr que ça ne pousse pas à l'hospitalité,
56:04 mais les Français sont accueillants,
56:06 les Québécois sont accueillants, les Italiens sont accueillants,
56:08 mais encore doit-on accepter minimalement
56:10 que la culture italienne a une place en Italie,
56:12 que la culture française a une place en France
56:14 et qu'on ne voit pas dans l'affirmation de cette culture
56:16 la manifestation d'une idéologie discriminatoire
56:18 et exclusive. C'est quand même marché sur la tête.
56:20 - Puis je vous invite tous au restaurant...
56:22 - Avec joie, je prends une carbonara non-exclusive.
56:24 - Non, mais je vous invite au restaurant italien
56:26 ce soir, vraiment, pour manger des carbonaras.
56:28 - Et du jambon au soja.
56:30 - Maintenant à Isabelle Piboulot
56:32 pour la Minute Info,
56:34 avant l'heure des pro 2 avec Eliott Deval.
56:36 Bonne soirée à tous.
56:38 ...
56:40 - L'indignation en Allemagne,
56:42 à Berlin, déchaînement de haine antisémite
56:44 lors d'une manifestation pro-palestinienne
56:46 réunissant près de 300 personnes,
56:48 des chants et des slogans ponctués
56:50 de menaces de mort ont été scandés.
56:52 Je cite "Mort aux Juifs, mort à Israël".
56:54 Les faits se sont passés samedi.
56:56 Cette mobilisation intervient dans un contexte
56:58 de violence au Proche-Orient
57:00 ces derniers jours.
57:02 Joe Biden réitère son candidat
57:04 pour le président de la République.
57:06 Mais prudence, toute annonce officielle
57:08 d'entrée en campagne reste prématurée.
57:10 2024 pourrait ressembler à la présidentielle
57:12 de 2020 face à Donald Trump.
57:14 Pour l'heure, aucun démocrate notable
57:16 ne s'est manifesté pour défier
57:18 le président de 80 ans à une primaire.
57:20 Et puis c'est un passage obligé.
57:22 A partir de jeudi, vous pourrez remplir
57:24 votre déclaration de revenu 2022 en ligne
57:26 à temps plein.
57:28 - Et le président de la République
57:30 a-t-il dit qu'il allait
57:32 se faire un débat sur la réduction
57:34 de la date de 2022 en ligne ?
57:36 Attention, la date d'échéance varie
57:38 en fonction de votre zone géographique,
57:40 soit le 25 mai,
57:42 le 1er juin ou le 8 juin.
57:44 En revanche, pour la déclaration
57:46 en papier, la date limite
57:48 est fixée au 22 mai,
57:50 y compris pour les Français de l'étranger.
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