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Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

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00:00:00 J'ai la régie qui me dit "Attention Christine, ça va commencer".
00:00:03 Ça commence.
00:00:04 Bonsoir à tous.
00:00:05 19h c'est l'heure, comment allez-vous ? Mathieu Beaucouté, sur France Info, on m'a
00:00:11 beaucoup parlé de vous ce matin.
00:00:12 Je pense qu'on vous dit tout.
00:00:13 Il ne plaise pas toujours.
00:00:14 C'est désolant ça leur esprit de pluralisme, où est-il ?
00:00:16 Je ne sais pas, mais il va falloir faire un petit effort pour plaire un peu à tout
00:00:20 le monde.
00:00:21 Surtout à France Info.
00:00:22 Bon allez, on va lancer la Minute Info et puis on en parle après.
00:00:24 Adrien Spiteri.
00:00:25 Près de 2,4 tonnes de cannabis saisie aujourd'hui dans le département des Yvelines.
00:00:33 L'opération policière a abouti à trois interpellations.
00:00:37 Les hommes sont âgés d'une trentaine d'années.
00:00:39 Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, s'est rendu au commissariat des Mureaux pour
00:00:44 afféliciter les agents.
00:00:46 Un nouveau texte sur l'immigration sera présenté en juillet.
00:00:50 Selon Olivier Véran, porte-parole du gouvernement, il n'y a aucun revirement de la part de
00:00:54 l'exécutif.
00:00:55 Le 26 avril dernier, Elisabeth Borne repoussait à l'automne la présentation du projet.
00:01:00 La première ministre affirmait qu'il n'existait à l'époque pas de majorité pour voter un
00:01:05 tel texte.
00:01:06 Et puis Clarisse Akbenenou remporte les mondiaux de judo au Qatar dans la catégorie des moins
00:01:12 63 kilos.
00:01:13 Une victoire en finale face à la Slovène Andrzej Leski-Paris-Pont.
00:01:17 Il s'agit de son sixième titre de championne du monde.
00:01:20 Au sommaire ce soir, Adèle Haenel arrête le cinéma.
00:01:28 César de la meilleure actrice 2015, elle déclare « Je vous annule de mon monde, je pars, je
00:01:34 me mets en grève ». La comédienne dénonce la complaisance généralisée du métier vis-à-vis
00:01:40 des agresseurs sexuels et la manière dont ce milieu collabore avec l'ordre mortifère,
00:01:45 écocide, raciste du monde.
00:01:48 L'actrice, qui a tourné dans une trentaine de films, se montre très critique envers
00:01:53 son propre milieu.
00:01:54 De quoi sa dérive est-elle le nom ? C'est le symbole de la dérive sectaire de la gauche
00:01:58 culturelle, nous expliquera Mathieu Beaucouté dans son édito.
00:02:02 Des arrois, panique, indignation après l'attentat qui a fait quatre morts en plein pèlerinage
00:02:09 juif de la Griba à Djerba en Tunisie.
00:02:12 Dans cette synagogue, la plus ancienne d'Afrique, déjà visée en 2002 par un attentat suicide
00:02:17 de camions piégés qui avait fait 21 morts, pourquoi frapper au même endroit ? Pourquoi
00:02:23 le djihadisme ressurgit en Tunisie ? Quels sont les liens de la Tunisie avec l'islamisme
00:02:28 ? L'édito de Guillaume Bigot.
00:02:31 Le viol est une arme de plus en plus utilisée.
00:02:35 Une femme de plus de 70 ans violée dans son lit d'hôpital à Nanterre il y a quelques
00:02:39 mois.
00:02:40 Pas un mois au moins sans qu'une personne âgée ne soit violée en France.
00:02:44 Ou bien des jeunes, des enfants traumatisés à vie.
00:02:46 Hier, une vingtaine d'étudiants de l'ESSEC ont manifesté devant la grande école de
00:02:50 commerce pour réclamer des sanctions fortes et rapides pour mettre un terme à l'impunité
00:02:55 des agresseurs sexuels.
00:02:57 Pourquoi ce sentiment de grande impunité chez les violeurs ? Pourquoi, une fois encore,
00:03:02 avoir besoin de réclamer justice ? Le décryptage de Charlotte Dornelas.
00:03:07 C'est le 10 mai.
00:03:09 On peut célébrer l'abolition de l'esclavage, la mort de Louis XV, la création de l'université
00:03:13 par Napoléon.
00:03:14 Marc Menand, lui, raconte François Mitterrand.
00:03:18 Le 10 mai reste le jour où la gauche accède au pouvoir pour la première fois dans l'histoire
00:03:23 de la Ve République.
00:03:24 François Mitterrand a pourtant commencé, tenez-vous bien Marc Menand, son parcours
00:03:27 politique à droite et ses premiers engagements militants à l'extrême droite.
00:03:31 François Mitterrand aura travaillé plus de 20 ans à convaincre pour être l'homme
00:03:37 qui porterait la première alternance de la Ve République.
00:03:40 Vous racontez ?
00:03:41 Oui, oui, oui, je raconte.
00:03:43 Et puis peut-on transformer des églises en cabaret ou en escape game ? Ou bien les
00:03:48 églises doivent-elles garder une âme ? C'est la question que l'on va se poser.
00:03:53 Car le maire de Las, dans le Béarn, veut transformer son village de 140 habitants en
00:03:58 Las Vegas.
00:03:59 Il faut dire que la commune s'est déjà auto-érigée en principauté de Las il y
00:04:04 a 9 ans.
00:04:05 Et aujourd'hui, il s'agit de transformer une chapelle désacralisée en cabaret.
00:04:08 Ou bien d'ouvrir une escape game dans la seconde église du village.
00:04:12 Peut-on tout faire dans une église désacralisée ou pas ? L'édito de Mathieu Bocoté.
00:04:18 Une heure pour prendre un peu de retour avec nos mousquetaires qui pètent la forme.
00:04:22 C'est parti !
00:04:23 Guillaume Biguet avec nous ce soir, vous allez bien ?
00:04:38 Et avec votre esprit.
00:04:39 Et avec mon esprit.
00:04:40 Charlotte, toujours radieuse en pleine forme.
00:04:46 Ça, il y a trouvé un stabilo finalement ?
00:04:47 Ben non, c'est pas grave.
00:04:48 Je ferai sans.
00:04:49 Je vais essayer de m'adapter.
00:04:50 Attention, votre dossier est important ce soir.
00:04:53 Marc Menon, ça va ?
00:04:54 Je vais parler de bien, écoutez !
00:04:55 Vous avez vu, je vous ai piégé dans le sommaire.
00:04:59 Vous êtes obligé de parler de tout.
00:05:01 Je veux tout savoir.
00:05:03 Et mon Mathieu Bocoté, la star de France Info.
00:05:07 On va commencer avec vous.
00:05:09 Adèle Hénel a encore trouvé le moyen de parler d'elle.
00:05:13 Alors que Télérama enquêtait sur elle pour essayer de comprendre sa relative disparition
00:05:17 du grand écran, l'actrice a fait parvenir une lettre à l'hebdomadaire où elle officialise
00:05:23 sa rupture avec le cinéma et plus encore, avec la société en général.
00:05:29 Et puis on va voir, on l'a vu, cette lettre suscite grand bruit et vous y souhaitez consacrer
00:05:34 votre premier édito car elle est selon vous symptomatique de la psychologie dominante
00:05:40 dans la gauche culturelle.
00:05:42 Ça veut dire quoi tout ça ?
00:05:43 Ah mais c'est très simple.
00:05:44 C'est un exercice de votre trajectoire individuelle qui représente un courant de pensée, un courant
00:05:49 social, une tendance dans une certaine gauche qui est plus qu'un jeu qui est hyper moralisatrice.
00:05:55 Mais par courant.
00:05:56 Adèle Hénel depuis mars 2020, on le sait, on s'en souvient, lorsqu'elle décide, je
00:06:01 reviendrai sur cette scène en fin de chronique, mais lorsqu'elle décide de faire un coup
00:06:06 d'éclat au César en disant on se lève et on se casse et ainsi de suite, dans une sorte
00:06:11 de grand théâtre improvisé, mais j'y reviendrai, j'insiste, ça devient une forme d'icône
00:06:16 culturelle, d'icône militante, d'icône symbolique.
00:06:18 La grande actrice de gauche aux valeurs absolument indestructibles qui nous rééduquera pour
00:06:23 notre bien.
00:06:24 Et là, vous l'avez mentionné, Télérama fait une enquête, on ne le voit plus à la
00:06:29 télé, au cinéma.
00:06:30 Que se passe-t-il ? Pourquoi est-ce qu'on ne la voit plus ? Est-ce que c'est parce
00:06:34 qu'on s'est lassé d'elle ? Parce qu'on a blacklisté ? Eh bien non, c'est parce
00:06:37 qu'elle m'a…
00:06:38 C'est un mauvais terme, désolé.
00:06:39 C'est vous qui l'avez dit.
00:06:40 Je m'excuse, Commission européenne et je m'excuse, France Info.
00:06:43 Alors non, elle envoie une lettre, elle dit « je vais vous expliquer pourquoi, pourquoi
00:06:49 parce qu'on enquêtait sur elle, pourquoi j'ai quitté ». Et je vais vous lire des
00:06:51 extraits de cette lettre parce que quelques autres circulent dans les médias mais pas
00:06:54 les plus intéressants.
00:06:55 Donc je vais vous lire quelques extraits de cette lettre qui permettent d'entrer dans
00:06:58 l'esprit d'un geste qui se présente comme une dissidence révolutionnaire admirable.
00:07:03 Je commence, premier extrait.
00:07:05 « J'ai décidé de politiser mon arrêt du cinéma pour dénoncer la complaisance généralisée
00:07:11 du métier vis-à-vis des agresseurs sexuels et plus généralement, car tout est d'un
00:07:16 tout inversement, la manière dont ce milieu collabore avec l'ordre mortifère, écocide,
00:07:21 raciste du monde tel qu'il est.
00:07:22 » On dirait un slam de Christiane Taubira.
00:07:24 « Disons-le clairement, alors que la biodiversité s'effondre, que la militarisation de l'Europe
00:07:30 s'emballe, que la faim et la misère ne cessent de se répandre, quelle est cette obsession
00:07:34 du monde du cinéma, collégialement réunie au César en promotion pour ses films, de
00:07:39 vouloir rester léger, de ne surtout parler de rien? »
00:07:42 On pourrait dire que c'est un esprit un peu confus, c'est-à-dire entre les agressions
00:07:45 sexuelles, la guerre en Ukraine, la misère dans le monde et l'ordre écocide, raciste
00:07:51 ou quelque chose comme ça, c'est un peu con.
00:07:52 Mais quoi qu'il en soit, premier élément, elle explique la raison de son désaccord,
00:07:56 elle rejette le monde tel qu'il va ou ne va pas.
00:07:57 Deuxième élément, je le mentionne simplement parce qu'elle parle en inclusif ici.
00:08:02 « Remplir devant l'espace médiatique un but, dis-je, celui de rendre l'ordre bourgeois
00:08:08 aussi naturel que le bleu du ciel et de rendre inaudible, marginal, les voix de « celeux
00:08:14 » qui organisent la résistance pour que tous les humains puissent vivre dignement
00:08:24 et qui essayent d'arracher un avenir à cette planète.
00:08:26 Continuer de rendre désirable ce système incriminel, il y a urgence, il n'y a plus
00:08:31 d'avenir vivable pour personne à très court terme dans le cadre du capitalisme.
00:08:34 »
00:08:35 On comprend que pour elle, le cinéma français est un cinéma qui légitime un ordre bourgeois,
00:08:40 réactionnaire, raciste, conservateur de droite et probablement d'extrême droite.
00:08:45 Il va de soi que lorsqu'on regarde les productions du cinéma français, c'est évidemment ce
00:08:48 message qui en ressort, c'est évident.
00:08:51 Il se peut aussi qu'on ne fréquente pas le même cinéma français.
00:08:53 Et à la fin, elle revient sur son créneau spécifique.
00:08:56 « Mais elles et eux tous ensemble, se donnent la main pour sauver la face des Depardieu,
00:09:06 des Polanski, des Boutonnat.
00:09:07 Ça les incomode, ça les dérange que les victimes fassent trop de bruit.
00:09:11 »
00:09:12 Puis elle poursuit, elle dénonce à la fin « ceux qui spectolarisent cette supériorité
00:09:16 en se vautrant dans des bruits de cochon, en chausifiant les femmes et les subalternes.
00:09:21 »
00:09:22 Alors je vous disais, il y a un peu de tout là-dedans, franchement.
00:09:23 Je résume.
00:09:24 D'abord, une accusation du cinéma français tel qu'il est.
00:09:28 Ensuite, un portrait du monde tel qu'il ne va pas et cette idée qu'on doit tout autant
00:09:33 rejeter.
00:09:34 Et ensuite, elle reprend son créneau.
00:09:35 Il y aura une forme d'ordre violeur inavoué au cœur du cinéma français qu'il faudrait
00:09:39 attaquer.
00:09:40 Et enfin, elle appelle au séparatisme.
00:09:42 Une forme de séparatisme est Adèle Henelien.
00:09:44 Et je cite « Je pars, je me mets en grève, je rejoins mes camarades pour qu'ils la recherchent
00:09:49 du sens de la dignité, prime sur celle de l'argent et du pouvoir.
00:09:53 C'est une existence dissidente révolutionnaire d'Adèle Henel, désormais militante de révolution
00:09:57 permanente.
00:09:58 »
00:09:59 Je n'ai toujours pas compris.
00:10:00 Donnez-moi.
00:10:01 Non, mais ce n'est pas de votre faute.
00:10:03 Alors, comment son milieu réagit devant cette lettre ? Faut-il une réaction contrastée
00:10:08 ?
00:10:09 C'est passionnant.
00:10:10 Il y a une réaction contrastée.
00:10:11 Vous avez le bon terme.
00:10:12 Le premier élément, c'est « mais c'est une grande perte pour le cinéma.
00:10:17 Que sera le cinéma français sans Adèle Henel ? »
00:10:19 On se pose tous cette question, je devine.
00:10:21 Et ensuite, d'admiration.
00:10:22 Et là, je vais vous citer deux extraits qui nous disent, parce que c'est une lettre,
00:10:26 vous l'avez vu, qui se veut militante, qui se veut forte, qui se veut avec une densité
00:10:30 idéologique.
00:10:31 Je cite « Après la lecture d'une telle lettre, sobre et simple, impersonnelle par
00:10:41 choix, proche du tract et du pamphlet, mais rédigé sans point d'exclamation, il y a
00:10:45 deux réactions à avoir, pas contradictoires si on s'efforce un peu.
00:10:49 D'abord déplorer au nom du cinéma qu'elle renonce à y travailler, saluer ensuite l'acte
00:10:54 politique et là, on comprend qu'Adèle Henel, c'est une petite Zola en puissance.
00:10:58 Je cite « C'est la honte, en majuscule, qui continue, qu'elle écrit en toutes majuscules,
00:11:04 comme le A majuscule de j'accuse par Zola.
00:11:07 Le dictionnaire pourra désormais en faire deux synonymes, de la honte et j'accuse
00:11:11 pourra aussi citer à l'entrée, cancellez, je vous annule de mon monde, je pars, je me
00:11:16 mets en grève. »
00:11:17 Donc, on a compris que dans Libé, aujourd'hui, la lettre d'Adèle Henel qui est parue dans
00:11:22 Télérama est présentée comme l'équivalent du j'accuse de Zola.
00:11:26 De l'affaire Dreyfus à la démission sociale d'Adèle Henel, il y a un point d'équivalence.
00:11:32 Il y a un sens des proportions chez Libé que j'admire.
00:11:35 Allons plus loin.
00:11:36 Elle s'est retirée peu à peu de là de sa conversion à des militantes.
00:11:40 Elle devient véritablement militante et elle donne quelques exemples de sa vie militante
00:11:43 nouvelle.
00:11:44 Tout récemment, elle participait à une grève avec des travailleurs, des grévistes en Normandie.
00:11:51 Et elle se présente.
00:11:52 « Bonjour, moi je suis venue ici en tant que féministe, en tant que lesbienne aussi,
00:11:58 pour dire que si on est unis comme là maintenant sur des points chauds, on peut gagner.
00:12:01 Je cherche le lien entre lesbianisme sociale d'air conscient, une orientation sexuelle
00:12:06 et la grève.
00:12:07 Lesbianisme et grève CGT, je cherche le point de contact.
00:12:11 Ce point de contact s'appelle Adèle Henel.
00:12:13 » Mais elle va plus loin.
00:12:14 Au moment de la grève, l'épreuve de révolution permanente, vous savez la tendance ultra
00:12:19 de la gauche un peu trotskiste et qui se reconnaissait notamment dans Anes Khabib, le subtil personnage
00:12:29 qui incarne ce courant aujourd'hui.
00:12:31 Elle nous dit, en se prenant position dans le cadre de la grève, qu'il n'y a plus
00:12:35 de monde possible aujourd'hui dans ce monde post-capitaliste et il nous faut désormais
00:12:39 un monde communiste.
00:12:40 Donc Adèle Henel ronde.
00:12:41 Je vous résume.
00:12:42 Vous voyez maintenant le parcours.
00:12:43 Elle ronde avec le cinéma.
00:12:44 Elle explique qu'elle ne peut plus collaborer avec ce cinéma collabo bourgeois qui légitime
00:12:51 un ordre écocidaire et raciste.
00:12:53 Pour cela, elle s'en retire.
00:12:55 Elle n'en peut plus.
00:12:57 Elle ronde avec la société.
00:12:58 Qu'est-ce qu'elle fait pour ça?
00:12:59 Elle devient une militante communiste qui revendique son lesbianisme au moment des
00:13:02 conflits lorsqu'elle porte à la défense d'une grève.
00:13:06 Et au terme de cela, elle décide de faire la grève de la société et de se réfugier
00:13:10 dans des projets artistiques marginaux.
00:13:12 Devant cela, comment ne pas parler d'un esprit de sérieux tout simplement, un esprit de
00:13:16 sérieux pontifiant, un esprit de sérieux effrayant?
00:13:18 Mais comment ne pas voir aussi une logique d'immolation, d'autodestruction d'une
00:13:23 femme qui était une grande actrice et qui aujourd'hui finalement s'immole à la
00:13:26 manière d'une militante exaltée?
00:13:28 Et comment est-ce que vous expliquez cette tendance autodestructrice?
00:13:31 Il y aurait l'interprétation collective.
00:13:33 Elle est importante, je crois.
00:13:34 C'est pour ça que son cas est intéressant.
00:13:37 Ça représente une partie de cette jeune génération qui a tellement perdu ses repères
00:13:41 aujourd'hui qu'elle se perd dans un désir d'absolu politique.
00:13:44 Et là, ça se perd dans le langage révolutionnaire.
00:13:47 Vous noterez, la physionomie change.
00:13:49 C'est-à-dire, c'est un visage lumineux.
00:13:50 Quand on adopte des théories qui sont autodestructrices en la matière, qui sont des théories de
00:13:55 rejet de la société, on peut soudainement avoir un visage fermé.
00:13:58 On porte ses idées sur son visage et voilà une femme dont la physionomie a changé.
00:14:03 De quelle manière?
00:14:04 Parce qu'elle s'est durcie.
00:14:05 Elle se coupe du monde et ça se voit dans son expression faciale au fil des ans.
00:14:09 Il y a donc un défi.
00:14:10 Si elle pense que le monde est atroce, horrible et tout ça, il y a un désir de rédemption.
00:14:15 Mais il y a peut-être aussi, c'est une hypothèse qu'on pourrait évoquer, une forme de maquillage
00:14:21 d'un ressentiment personnel derrière un désir de rédemption sociale.
00:14:24 On s'en souvient en 2020, je l'avais évoqué, lorsqu'elle dit « on se lève et on se casse
00:14:28 », parce que Polanski avait été récompensé dans le festival.
00:14:34 Elle avait quand même participé au festival, sachant que Polanski serait là.
00:14:38 Elle le savait depuis le début.
00:14:39 Et elle reste jusqu'à la fin.
00:14:41 Elle attend jusqu'à la fin.
00:14:42 Pourquoi?
00:14:43 Parce que le film de Polanski qui est primé, il est en concurrence avec le film, je ne me
00:14:47 trompe pas, je perds le titre, pour le film d'un portrait de la jeune fille en feu, qui
00:14:53 est nommé pour le César la meilleure réalisation pour Céline Sciamma, qui est à l'époque
00:14:56 la compagne d'Abbel Enel.
00:14:57 Et c'est lorsque le film de Polanski est préféré au film de sa compagne du moment
00:15:02 qu'elle décide de se casser.
00:15:03 À tout hasard, si elle avait pu avoir la possibilité d'avoir le prix, parce qu'elle
00:15:07 se serait cassée véritablement, même si on avait décidé d'éviter Polanski parmi
00:15:11 les gens qui méritaient peut-être d'être considérés.
00:15:13 Mais lorsqu'on perd, lorsqu'on échoue, lorsqu'on rate son coup, c'est l'occasion
00:15:17 de faire un grand coup d'éclat pour faire oublier l'échec et faire passer ça désormais
00:15:20 pour un geste admirable.
00:15:22 Je précise qu'à l'époque, il y avait Laj Li, si je peux me permettre son nom, j'espère
00:15:25 ne pas massacrer son nom pour le film Les Misérables, qui lui avait aussi un parcours
00:15:30 particulier dans son rapport aux femmes.
00:15:32 Il avait été condamné, on le sait, je ne reviens pas sur le détail, mais ça, elle
00:15:35 ne l'avait pas dénoncé.
00:15:36 Bizarre, elle n'avait pas pensé à le dénoncer alors qu'il y aurait peut-être eu matière
00:15:39 à dénonciation aussi.
00:15:40 Alors est-ce qu'aujourd'hui, Abbel Enel se retire du milieu?
00:15:42 Depuis trois ans, quand on lit l'article de Télérama, c'est assez clair, plus personne
00:15:47 ne voulait bosser avec elle.
00:15:48 Elle avait des limites quand même à bosser avec un sermoneur absolu qui est toujours
00:15:50 en train de vous expliquer parce qu'elle disait que des projets récents avec lesquels
00:15:53 elle bossait, c'était des projets misogynes, des projets à tentation raciste, des projets
00:15:57 inacceptables.
00:15:58 Donc, il faut toujours faire la morale à des gens.
00:15:59 Il est possible qu'aujourd'hui, elle se soit moins retirée du milieu du cinéma,
00:16:03 qu'elle en ait été éjectée et elle cherche à maquiller ça à la manière d'une dissidence
00:16:06 magnifique.
00:16:07 Abbel Enel est un naufrage.
00:16:08 Au fond, qu'est-ce que vous lui reprochez?
00:16:12 Je ne suis pas capable de tolérer personnellement la logique du sermon permanent.
00:16:17 C'est insupportable cette manie de se présenter comme une conscience morale supérieure et
00:16:21 autour de soi, il n'y a que des déchus, il n'y a que des gens qui sont pris dans
00:16:24 les ténèbres des mauvaises pensées.
00:16:25 Ensuite, le côté pontifiant me casse les oreilles et j'ajouterai par ailleurs un talent
00:16:29 qui se gâche.
00:16:30 C'est terrible, mais là, c'est un talent qui se gâche pour devenir finalement un mauvais
00:16:33 militant néo-maoïste.
00:16:34 On peut s'en passer.
00:16:35 Merci Mathieu Bocoté pour votre regard.
00:16:39 On va partir à Djerba en Tunisie.
00:16:41 Les Juifs ont une fois, Guillaume Bigot, une fois encore été la cible d'un attentat
00:16:46 hier soir sur l'île touristique de Djerba en plein pèlerinage de la synagogue de l'Agriba.
00:16:52 Un militaire tunisien a tué deux membres des forces de l'ordre ainsi que deux fidèles.
00:16:56 Un Français, Benjamin Adad, 42 ans, père de quatre enfants, a été tué.
00:17:02 Un Tunisien de 30 ans, il y aurait cinq blessés.
00:17:05 Question Guillaume Bigot, pourquoi cette attaque ? Qui était visé ? Le lien entre la Tunisie
00:17:11 et l'islamisme ? Toutes ces questions, beaucoup de questions en une.
00:17:13 Disons que la première chose qui est très frappante dans cette affaire, c'est que cette
00:17:19 synagogue avait déjà été visée deux fois.
00:17:22 Donc c'est que la troisième fois qu'elle est visée par les mêmes, par l'islamisme.
00:17:26 Et on se rend compte qu'il y a toujours une sorte de dimension superstitieuse chez ces
00:17:31 djihadistes.
00:17:32 Quelqu'un des services m'avait raconté qu'il les traquait, il m'avait dit "mais
00:17:35 en fait on peut les attraper souvent parce qu'ils sont très superstitieux et on peut
00:17:38 anticiper un peu ce qu'ils vont faire finalement, souvent".
00:17:41 Le marché de Strasbourg, ils ont essayé à plusieurs reprises jusqu'à y arriver.
00:17:44 World Trade Center, ils ont essayé à plusieurs reprises jusqu'à y arriver.
00:17:46 Et là, cette synagogue, ils l'avaient déjà frappée en 85.
00:17:50 C'était un soldat tunisien qui a fait cinq morts.
00:17:52 Ils l'ont refrappée en 2002, c'était un franco-tunisien avec un camion suicide qui
00:17:58 avait fait 21 morts en 2002.
00:18:00 Et là, il recommence une troisième fois.
00:18:02 Donc ces caractéristiques, ces signatures de ces attentats islamistes, il y a quelque
00:18:06 chose de superstitieux.
00:18:07 Ils reviennent toujours un peu sur les lieux de l'attentat pour recommencer.
00:18:11 Deuxième explication et deuxième clé, évidemment, c'est une synagogue, donc c'est une signature
00:18:19 antisémite.
00:18:20 Il n'y a pas de doute là-dessus.
00:18:21 Même si les islamistes, contrairement à ce qu'on pourrait penser, se contrefichent
00:18:24 de cette affaire Israël-Palestine, qui est une affaire assez très complexe, ce n'est
00:18:29 pas tellement leur problème.
00:18:30 En revanche, dans le Coran, plus qu'une fois, les Juifs sont désignés un peu comme des
00:18:37 ennemis.
00:18:38 Donc, quand ils ont une lecture extrêmement fanatique du Coran et très littérale du
00:18:42 Coran, ils reviennent à ça et considèrent qu'il faut frapper spécialement les Juifs.
00:18:46 De la même façon, ils ont une vision très très fanatique.
00:18:49 J'étais sensible à l'édito de Mathieu parce qu'il décrit bien ce que c'est le fanatisme
00:18:53 en fait, finalement.
00:18:54 Et le fanatisme, ça transforme les gens, effectivement.
00:18:56 Et il y a une vision très fanatique du monothéisme.
00:18:59 Alors, évidemment, le judaïsme, c'est un monothéisme strict, mais on trouve toujours
00:19:03 au cœur de certains monothéismes, c'est d'ailleurs le cas de l'islam, on n'a pas
00:19:07 le temps d'en parler, des choses qui relient finalement le monothéisme avec les traditions
00:19:12 plus anciennes ou qui font des exceptions d'une certaine façon à la règle.
00:19:16 Alors, effectivement, dans le judaïsme, il n'y a pas de pèlerinage, par exemple.
00:19:18 Mais là, il y a une exception.
00:19:19 La griba, en arabe, ça veut dire mystérieux, ça veut dire aussi solitaire.
00:19:24 Il y a plusieurs gribas, il y a plusieurs synagogues qui s'appellent comme ça dans
00:19:27 le Maghreb.
00:19:28 Celle-ci est la plus ancienne d'Afrique et c'est relié à un peu des traditions.
00:19:33 On dit qu'il y a la pierre du temple de Salomon qui serait là-bas.
00:19:36 On dit aussi qu'il y a une jeune fille juive qui est morte dans un incendie et que son
00:19:39 corps a été retrouvé intact, elle a été enterrée sous la synagogue.
00:19:42 Donc, il y a une tradition qui s'est installée dans le judaïsme de cette région de pèlerinage
00:19:48 au 33e jour de la Pâque.
00:19:50 Et il y a même des musulmans qui y vont.
00:19:52 Et évidemment, pour ces islamistes qui sont des fanatiques monothéistes, ça relève
00:19:57 de la sorcellerie.
00:19:58 Donc, il faut anéantir ces gens.
00:19:59 Donc, il y a une motivation évidemment religieuse.
00:20:01 Et puis bien sûr, viser la synagogue de la Grébase sur l'île de Djerba qui est une
00:20:06 île touristique, c'est attaquer le tourisme.
00:20:08 Et le tourisme, c'est 14% du PIB de la Tunisie, c'est 25% des avoirs en devise de la Tunisie
00:20:16 qui proviennent du tourisme.
00:20:17 Il y a eu déjà le Covid qui a mis à mal le tourisme en Tunisie.
00:20:21 Il y a eu des attentats de 2015, dramatiques.
00:20:24 Attentats du Bardo, 24 morts, attentats sur la plage à Sousse dans un hôtel, 60 morts
00:20:30 sur la plage.
00:20:31 C'est un carnage.
00:20:32 Donc, à peine le tourisme se remettit en Tunisie, que ça y est, les islamistes le
00:20:36 remettent à plat.
00:20:37 C'est vrai, c'est intéressant ce que vous disiez parce que Tunisie, Djerba est
00:20:41 connu pour ce mélange entre musulmans et juifs.
00:20:43 Et on aime ce mélange justement.
00:20:45 Et là, c'est un peu une ombre à ce tableau.
00:20:48 Quels sont les mobiles de cette attaque ? Pourquoi le djihadisme qui ne faisait plus parler de
00:20:54 lui ressurgit en Tunisie ?
00:20:55 Alors d'abord, il faut dire que le djihadisme, il connaît des éclipses.
00:20:59 Il y a eu plusieurs séries d'attaques djihadistes.
00:21:04 Après 2004, par exemple, ça s'était calmé.
00:21:06 Et puis avec Daesh, ça a recommencé.
00:21:08 Donc, il y a eu la période al-Qaïda et la période Daesh.
00:21:09 Disons que si on simplifie, tous les islamistes, qu'ils soient violents ou pas violents, ont
00:21:13 ce fantasme, ce but d'installer un califat mondial et de faire régner la charia sur
00:21:18 la terre.
00:21:19 Mais ils ont des moyens, des techniques différentes pour y arriver.
00:21:21 D'abord, il y a une technique, il y a une voie politique.
00:21:24 Prendre le contrôle d'un État, y arriver politiquement, par les élections ou pas.
00:21:28 Ils ont essayé en Algérie, par exemple, en 1991.
00:21:30 Ils ont essayé au Soudan, ils ont eu le pouvoir au Soudan.
00:21:32 Ils ont eu le pouvoir en Égypte.
00:21:33 Ils ont essayé en Tunisie aussi avec le mouvement Ennahdha.
00:21:36 Et en général, ça ne fonctionne pas.
00:21:38 Donc ça, c'est la prise de pouvoir par le haut politique.
00:21:41 Ensuite, les islamistes, ils ont essayé aussi cette technique de déclencher le djihad mondial.
00:21:47 Ça, c'était le piège tendu par Ben Laden.
00:21:48 Les attentats du 11 septembre attiraient la première puissance du monde, les États-Unis,
00:21:52 dans le Bourbier afghan pour déclencher le djihad mondial.
00:21:55 Ça aussi, ça n'a pas fonctionné.
00:21:56 Mais ils ont essayé une troisième technique.
00:21:59 C'est la façon terroriste armée, si vous voulez, pour faire couler le sang,
00:22:04 mais pour installer un contrôle sur un territoire donné.
00:22:07 Ce n'est plus le djihad mondial et ce n'est pas non plus par la politique.
00:22:10 Ça a été Daesh.
00:22:11 Daesh, c'est-à-dire prise de contrôle par l'islamisme sur la Syrie et sur l'Irak.
00:22:16 Et ça a aussi, ce terrorisme-là, ce djihadisme-là, touché la Tunisie.
00:22:20 Les attentats de 2002, c'est des attentats inspirés par Ben Laden.
00:22:22 Le parti Ennarda, c'est une tentative politique de prise du pouvoir par l'islamisme en Tunisie.
00:22:27 On en a parlé.
00:22:28 Et en 2015, les attentats du Bardo et les attentats de Sous, dont je parlais,
00:22:32 2015, étaient inspirés par Daesh.
00:22:34 Donc, en fait, toutes les formes d'islamisme ont touché la Tunisie.
00:22:37 Et pour l'instant, toutes ces formes d'islamisme ont échoué.
00:22:40 Mais pour autant, l'hydre est toujours là.
00:22:42 Ensuite, l'islamisme, le terrorisme islamique,
00:22:44 on peut dire qu'il est toujours lié à plusieurs dimensions.
00:22:47 Alors, la dimension religieuse, idéologique, on en a parlé.
00:22:49 Tuer, c'est bien.
00:22:50 C'est comme allumer des cierges pour les catholiques.
00:22:52 Voilà, on se rapproche du paradis si on tue des ennemis.
00:22:55 Ensuite, il y a une dimension souvent manipulatrice.
00:22:58 C'est un peu l'histoire de Frankenstein.
00:22:59 C'est-à-dire qu'il y a souvent des puissances et des services
00:23:01 qui essayent d'utiliser, de manipuler en quelque sorte, les islamistes.
00:23:05 Et là, ce n'est pas les candidats qui manquent pour déstabiliser la Tunisie.
00:23:08 Dans la Libye, qui est l'État voisin, avec 500 km de frontières en commun,
00:23:13 qui est un État effondré, il y a des puissances qui manipulent des factions
00:23:16 et qui manipulent aussi des groupes djihadistes.
00:23:18 Il y a l'Iran, il y a la Turquie, il y a la Russie qui a des intérêts sur place et d'autres.
00:23:25 Mais en général, ça finit comme Frankenstein.
00:23:26 C'est-à-dire qu'on manipule des islamistes qui finissent par se retourner contre vous.
00:23:30 La Turquie a joué à ça avec Daesh et Daesh a fini par se retourner contre la Turquie.
00:23:34 Mais enfin, dans cette histoire de terrorisme islamique,
00:23:37 et l'affaire de Djerba n'y fait pas exception,
00:23:42 il y a toujours un terrorisme qui est local et qui a des racines locales et qui est enraciné.
00:23:46 En fait, il peut aussi être question de vouloir frapper le président de la Tunisie lui-même,
00:23:53 qui s'appelle Qaïs Saïed, qui est arrivé au pouvoir en 2019.
00:23:56 Il est sorti de la révolution des printemps arabes de 2011,
00:24:00 dont il ne faut pas oublier qu'elle a démarré en Tunisie.
00:24:04 C'est ce qu'on appelle aussi la révolution du jasmin.
00:24:06 C'est un vendeur de rue qui s'est immolé par le feu pour protester contre la corruption.
00:24:11 Ça a donné le point de départ de toute cette révolution arabe,
00:24:14 qui a amené au pouvoir des gens qui étaient à la fois en Tunisie
00:24:17 des partisans de la démocratie à l'occidentale et des islamistes.
00:24:20 Les uns comme les autres ont échoué.
00:24:22 Et ce Qaïs Saïed qu'on décrit, on l'appelle le "Robocop" là-bas,
00:24:26 parce qu'il a un côté un peu ascétique, et c'est un homme très rigide,
00:24:29 c'est un prof de droit constitutionnel,
00:24:31 il n'empêche, il a rétabli une sorte d'État autoritaire.
00:24:36 En fait, il a quasiment dissous le Parlement,
00:24:39 et il a surtout dissous le parti islamiste, emprisonné son chef,
00:24:42 et donc les islamistes politiques pourraient être tentés de se venger de lui,
00:24:46 et ce qui pourrait expliquer cet attentat.
00:24:49 Quels sont les effets possibles de cet attentat, les conséquences ?
00:24:53 La fragilisation de la Tunisie, d'abord à travers la fragilisation économique,
00:24:59 puisqu'on a vu que le tourisme risque d'en souffrir,
00:25:03 et que le tourisme est absolument stratégique pour l'économie de ce pays.
00:25:06 L'économie de ce pays n'en avait vraiment pas besoin,
00:25:08 la Tunisie est au bord de la faillite,
00:25:10 ils attendent un prêt de 2 milliards d'euros du FMI,
00:25:12 mais le FMI conditionne ce prêt à la libéralisation d'un certain nombre de pans de l'économie,
00:25:20 et notamment le pain, la farine, ce que refuse de faire le président,
00:25:24 au nom de la souveraineté nationale d'ailleurs.
00:25:27 Le pays est donc fragilisé politiquement,
00:25:28 il est fragilisé économiquement, il est fragilisé géographiquement.
00:25:31 La Libye est un État totalement effondré à ses frontières,
00:25:34 et donc la menace est permanente que le désordre en Libye
00:25:37 contamine le désordre en Tunisie,
00:25:39 et si cet État s'écroule, c'est une très très mauvaise nouvelle pour nous.
00:25:42 C'est une très mauvaise nouvelle pour nous d'abord parce que ce sera
00:25:45 une nouvelle route pour la France, pour l'Europe en général.
00:25:48 C'est le pays géographiquement qui est le plus proche de l'Europe
00:25:51 dans le bassin méditerranéen, au Maghreb,
00:25:53 puisque vous avez au nord des côtes de la Tunisie, vous avez la Sicile,
00:25:57 et puis vous avez une nouvelle route de migratoire
00:26:01 qui serait ouverte en Méditerranée orientale.
00:26:03 On l'a vu, le président tunisien, il tient les flux migratoires,
00:26:06 ça lui a été reproché, on en avait parlé sur ce plateau,
00:26:09 souvenez-vous, puisqu'il avait parlé d'invasion dans son pays
00:26:12 et qu'il faisait refluer les migrants venant d'Afrique,
00:26:14 d'ailleurs avec une certaine brutalité.
00:26:15 - L'Afrique noire.
00:26:16 - Exactement, mais en même temps, l'islamisme est toujours une menace
00:26:19 à l'intérieur de la Tunisie.
00:26:21 L'islamisme s'infiltre partout, l'État est fragile,
00:26:23 l'État est faible en Tunisie en ce moment,
00:26:26 il est de toute façon déjà encore présent au Sahel,
00:26:28 il est encore, il est bien sûr présent,
00:26:30 on en a parlé en Libye, en Afrique de l'Ouest également,
00:26:34 et la Tunisie est un pays spécialement vulnérable à l'islamisme.
00:26:38 Pourquoi ? Sans doute parce que c'est un paradoxe,
00:26:39 on en parle assez peu, mais plus un État musulman
00:26:43 est ouvert et occidentalisé,
00:26:45 et plus il est travaillé par l'islamisme.
00:26:47 Il y avait par exemple six fois plus de Tunisiens
00:26:50 qui ont rejoint les rangs de Daesh que d'Algériens,
00:26:52 et pourtant il y a trois fois plus d'Algériens que de Tunisiens.
00:26:56 Enfin, surtout, je pense que le péché originel pour nous,
00:26:58 le péché central de la politique étrangère française,
00:27:01 de notre diplomatie, c'est de ne pas prioriser l'ennemi,
00:27:05 de ne pas désigner l'ennemi prioritaire.
00:27:07 Il y a toujours un ennemi plus important que l'autre,
00:27:11 quelqu'un qui vous menace d'abord.
00:27:13 Et quand l'Union européenne s'inquiète de ce que devient
00:27:16 le chef de l'islamisme tunisien, c'est complètement incroyable.
00:27:20 Peut-être que la Chine nous taille les croupières sur le plan économique,
00:27:24 peut-être que les États-Unis s'emparent de nos entreprises,
00:27:26 peut-être que la Russie agresse l'Ukraine,
00:27:29 mais en attendant, qui tue en France ?
00:27:31 Ceux qui tuent en France sont des islamistes sunnites.
00:27:33 C'est une menace vitale, c'est une menace extérieure,
00:27:37 c'est une menace intérieure.
00:27:38 Ça a fait 271 morts et 1 200 blessés.
00:27:41 Il y a 8 000 fichés S en France.
00:27:43 Il y a 50 000 militants islamistes durs au minimum dans le pays.
00:27:47 Voilà la menace centrale.
00:27:49 C'est ça qui peut faire couler le sang des Français.
00:27:51 Et donc notre politique étrangère,
00:27:52 elle ne doit sûrement pas consister à déstabiliser des pays
00:27:55 comme on l'a fait en Libye,
00:27:56 et se préoccuper des droits de l'homme en Tunisie ou ailleurs.
00:28:00 En tout cas, il faut s'en préoccuper
00:28:02 après se préoccuper de la sécurité des Français.
00:28:04 Merci Guillaume Bigot.
00:28:06 Dans un instant, on marque une pause.
00:28:07 Dans un instant, on parlera avec vous des viols très nombreux en France,
00:28:10 de plus en plus nombreux.
00:28:12 Beaucoup de personnes lèvent la voix.
00:28:13 On parlera de François Mitterrand.
00:28:15 On parlera des églises sacralisées, désacralisées.
00:28:18 Et pourtant, on en fait un peu n'importe quoi.
00:28:21 J'ose le dire.
00:28:22 Allez, on marque une pause.
00:28:23 Retour sur le plateau de Face à l'Info.
00:28:29 Dans un instant, on parlera du 10 mai
00:28:32 avec François Mitterrand qui était de droite et d'extrême droite.
00:28:35 En tout cas, on va fêter le 10 mai avec.
00:28:38 J'ai envie de vous taquiner un peu.
00:28:40 Et on parlera des églises avec vous.
00:28:42 Mais avant tout, un sujet quand même interpellant.
00:28:45 Un homme de 29 ans interpellé jeudi dernier
00:28:48 après le viol d'une femme de 89 ans,
00:28:50 handicapée à son domicile de la Couronneuve.
00:28:52 En France, une dizaine de résidentes ont été agressées ou violées
00:28:56 au sein des maisons de retraite à temps appris il y a quelques mois.
00:28:59 Hier, une vingtaine d'étudiants de l'ESSEC
00:29:01 ont manifesté devant l'école de commerce
00:29:04 pour réclamer les sanctions fortes et rapides
00:29:07 pour mettre un terme à l'impunité des agresseurs sexuels.
00:29:10 Charlotte Dornelas, il y a de nombreux viols aujourd'hui en France.
00:29:13 Et même le viol des personnes gingées, en entendant nos biens,
00:29:16 on n'entendait pas du tout cela en France.
00:29:18 Maintenant, on l'entend très régulièrement.
00:29:21 Et la réponse pénale demeure une véritable interrogation.
00:29:25 On voit de grands médias s'interroger justement
00:29:27 sur cette impunité judiciaire du viol.
00:29:29 Est-ce qu'ils n'ont pas raison de le faire ?
00:29:31 C'est vrai que vous évoquez le viol de ces personnes âgées.
00:29:35 On avait évoqué il y a quelque temps les agressions de personnes âgées.
00:29:37 C'est-à-dire qu'on est dans un tel degré d'ensauvagement.
00:29:41 Quand vous entendez une personne de 82 ans violée chez elle ou à l'hôpital,
00:29:45 puisqu'il y a deux autres personnes âgées qui ont été violées à l'hôpital,
00:29:48 également récemment, là, je veux dire, on atteint un niveau de barbarie
00:29:51 qui est inaudible.
00:29:52 De la même manière, dans les foyers, vous savez, d'aide sociale,
00:29:55 où on voit des gamines qui sont violées ou prostituées carrément,
00:29:59 on a ces fameux réseaux de proxénétisme dans les cités,
00:30:02 qu'on appelle le proxénétisme des cités, avec des gamines qui ont parfois 13 ans.
00:30:05 Et on a l'impression que, vous voyez, quand ça touche vraiment de véritables
00:30:09 personnes faibles, à savoir les personnes âgées, les enfants,
00:30:13 ça passe sous les radars, ça n'intéresse pas vraiment.
00:30:15 Alors, je ne sais pas si c'est parce qu'ils ne sont pas au centre du jeu,
00:30:19 notamment politique, mais il est vrai que ce sont des viols
00:30:23 dont on entend moins parler que d'agressions sexistes,
00:30:27 dans le fameux continuum, qui sont évidemment moins graves
00:30:30 dans l'échelle et qui pourtant prennent plus de place.
00:30:33 Une fois que cela est dit, en effet, la question de la réponse pénale
00:30:39 a été posée dans plusieurs médias.
00:30:41 On a vu des reportages récemment, et notamment dans de grands médias
00:30:45 qui ne s'intéressent pas nécessairement à la question de la justice.
00:30:48 Dans France 24 ?
00:30:49 Le reste du temps, France 24.
00:30:50 On avait un reportage également sur TF1.
00:30:53 Et on voit que c'est un sujet qui est éminemment compliqué
00:30:56 à traiter, à la fois pour la police et pour la justice.
00:31:00 Et on voit ces médias s'interroger sur la longueur de la procédure,
00:31:05 sur la maltraitance de la victime, c'est-à-dire la place de la victime
00:31:07 dans cette procédure, sur la difficulté à comprendre la peine
00:31:11 et son aménagement, l'exécution des peines,
00:31:13 se posent autour de la question du viol.
00:31:15 Et il serait bon que tout le monde accepte de comprendre
00:31:19 que c'est vrai pour toutes les victimes, quelles que soient.
00:31:23 Alors là, en l'occurrence, on parle d'une justice pénale.
00:31:25 C'est vrai pour toutes les victimes, quelle que soit l'agression,
00:31:28 quel que soit le crime commis, et qu'on ne peut pas traquer
00:31:31 le populisme judiciaire sur les autres affaires.
00:31:34 Et sur ce terrain-là, après la question de la libération de la parole,
00:31:37 du mouvement #MeToo, là, il y a une injustice majeure.
00:31:41 Toutes ces questions de procédure, de place de la victime,
00:31:44 d'aménagement des peines, c'est vrai pour toutes les victimes.
00:31:48 Et en effet, on va prendre l'exemple de France 24.
00:31:51 Alors France 24, ça tarde notamment sur le cas de Karine.
00:31:54 Karine, on en avait entendu parler puisqu'elle avait fait une vidéo
00:31:56 à la sortie du tribunal, où elle s'étonnait que son violeur,
00:32:00 qui était un chauffeur de taxi en l'occurrence,
00:32:01 ressorte libre du tribunal.
00:32:03 Son histoire, elle est violée par un chauffeur de taxi.
00:32:06 Il est récidiviste. Elle va immédiatement porter plainte.
00:32:08 Il est récidiviste. Il est identifié.
00:32:11 Les preuves sont apportées. Donc les faits sont établis.
00:32:15 Et au bout de six ans de procédure, le procès a lieu.
00:32:19 Et cet homme ressort libre du tribunal.
00:32:22 L'avocate de la victime explique qu'il a pris quatre ans en probatoire,
00:32:27 donc deux fermes aménageables.
00:32:30 Or, il a fait de la détention provisoire probablement au début
00:32:32 et surtout deux ans aménageables.
00:32:35 Eh bien, vous pouvez ressortir libre en effet du tribunal
00:32:38 puisque cette peine qui est prononcée est immédiatement aménagée.
00:32:42 Et l'avocate nous explique, un, son insertion professionnelle
00:32:45 a été évoquée par le tribunal pour aménager la peine.
00:32:48 Et deuxièmement, nous dit-elle, il n'y a pas de place en prison.
00:32:52 Et vous savez que les magistrats sont obligés de composer
00:32:54 avec cette donnée dans les prisons qui sont autour d'eux.
00:32:57 Et le reportage de conclure que cela alimente,
00:33:00 puisque c'est médiatisé, la perte de confiance dans l'institution judiciaire.
00:33:05 Mais la question qu'il faut poser derrière, au-delà de la question,
00:33:08 en effet, de la perte de confiance dans l'institution judiciaire,
00:33:11 c'est-à-dire dans la manière dont la justice est rendue,
00:33:14 c'est qui décide justement de cette politique pénale ?
00:33:17 Qui décide de s'adapter aux places de prison ?
00:33:19 Qui promet de construire des places de prison qu'ils ne construisent pas
00:33:22 et qui gère absolument toute la politique pénale ?
00:33:25 Qui décide de rédiger à l'adresse des magistrats une politique pénale
00:33:31 disant "soyez fermes et adaptez-vous aux places de prison" ?
00:33:34 Qui fait une circulaire demandant de libérer des personnes des prisons
00:33:38 parce qu'il y a une surpopulation, sans par ailleurs construire d'autres prisons ?
00:33:42 C'est évidemment le politique. J'insiste souvent là-dessus,
00:33:45 parce que ça me semble important, non pas tellement sur la question de la responsabilité,
00:33:49 elle est évidemment importante, mais surtout pour éviter la désespérance totale.
00:33:53 C'est-à-dire que si tout dépend de tel ou tel magistrat,
00:33:56 de son idéologie, de la manière dont il conçoit la peine,
00:33:59 si tout dépend des magistrats, alors on ne fait quoi ? Rien.
00:34:01 Puisque le risque de l'indépendance des magistrats est évidemment nécessaire.
00:34:06 Donc il faut absolument que le politique revoie toute la vision de sa justice pénale,
00:34:12 de la manière dont il la pense,
00:34:15 parce qu'à force de faire des réformettes par-ci, par-là,
00:34:17 vous avez une procédure tellement compliquée que les décisions se perdent
00:34:22 et que la responsabilité se dissout.
00:34:24 Et c'est évidemment le plus gros scandale dans les affaires de viol,
00:34:27 comme dans toutes les autres affaires,
00:34:30 quand il y a la certitude que le crime a été commis,
00:34:33 c'est-à-dire que les preuves sont récoltées,
00:34:35 que les faits sont établis devant le tribunal.
00:34:37 Alors en effet, c'est insupportable pour la victime et pour la société tout entière
00:34:41 que ces crimes ne soient pas punis convenablement.
00:34:45 Et convenablement, c'est-à-dire à la mesure de l'acte qui a été commis.
00:34:49 Et pourquoi je vous dis qu'il y a toute une vision à revoir ?
00:34:52 C'est parce que quand on parle de la peine dans un tribunal,
00:34:55 dans la manière dont on l'aménage surtout et dont on exécute la peine,
00:34:58 on ne pense la peine que sous le signe de la réinsertion du prisonnier.
00:35:03 Oui, du prisonnier, du condamné en l'occurrence.
00:35:06 Et là, en l'occurrence, le viol, tout le monde comprend
00:35:09 que la peine doit être prononcée selon la victime.
00:35:14 Mais c'est vrai dans tous les cas.
00:35:15 C'est-à-dire que quand une peine est prononcée,
00:35:17 elle est prononcée en fonction d'un acte qui a déjà été commis
00:35:20 et qui mérite une punition.
00:35:22 La réinsertion, on verra plus tard.
00:35:24 C'est dans le temps de la peine, en effet,
00:35:26 mais pas au moment de la prononcer, de l'exécuter ou de l'aménager.
00:35:30 Et c'est ce que l'on comprend dans ces histoires de viols,
00:35:32 ce sur quoi se pensent ces différents médias.
00:35:35 Ça me semble être un débat intéressant.
00:35:36 Et si ça peut être l'occasion de le poser par rapport à ces victimes-là,
00:35:41 je pense que d'autres victimes seront ravies
00:35:43 que ce débat soit enfin posé.
00:35:45 On vous répondait à l'interrogation sur les peines,
00:35:47 mais comment expliquer que des procédures puissent être aussi longues,
00:35:50 malgré une identification rapide de l'agresseur ?
00:35:53 Est-ce que ce n'est pas là aussi décourageant pour les victimes ?
00:35:56 Alors c'est vrai qu'on a plusieurs cas.
00:35:57 On nous dit qu'il y a énormément de femmes qui...
00:36:00 Il y a une femme, je crois que c'est une femme sur dix seulement,
00:36:03 qui porte plainte, qui dit avoir été victime de viol et qui porte plainte.
00:36:07 Alors évidemment, la plupart de ces agressions dont on nous parle
00:36:11 restent impunies parce qu'il n'y a pas de plainte.
00:36:13 Alors là, évidemment, certains pensent que la chose peut se régler
00:36:18 sur les plateaux de télévision.
00:36:19 Je n'en fais pas partie, puisqu'il faut quand même
00:36:21 que les choses soient étudiées correctement.
00:36:23 Ensuite, il y a en effet la question de la longueur des procédures.
00:36:28 Mais là, encore une fois, c'est la question de la justice
00:36:30 qui est extrêmement lente parce que les tribunaux sont débordés.
00:36:34 Et là, encore une fois, c'est une question politique,
00:36:37 éminemment politique au sens extrêmement noble du terme.
00:36:40 Or, vous avez Emmanuel Macron qui, en 2021, septembre 2021,
00:36:45 avait promis sur le terrain de la justice pénale
00:36:48 la réécriture du Code de procédure pénale,
00:36:51 demandant à son garde des Sceaux de faire des propositions
00:36:54 dans les trois mois qui suivaient.
00:36:55 Il n'y a pas de proposition.
00:36:57 Et dans la dernière loi de programmation sur la justice
00:37:01 du garde des Sceaux, juste présentée,
00:37:04 il y a la question des moyens qui est abordée, il faut saluer.
00:37:07 Il y a la question de la justice civile qui est abordée,
00:37:10 qu'il faut saluer.
00:37:11 Mais il n'y a rien ou quasiment rien sur la justice pénale,
00:37:14 voire des complexifications encore de cette procédure.
00:37:18 Donc, vous voyez qu'à force de vouloir simplifier,
00:37:20 bon, ça, on ne connaît pas Roecker,
00:37:21 à force de vouloir simplifier une procédure,
00:37:23 on dit on va changer tel et tel mot.
00:37:25 Mais vous comprenez bien qu'à la fin,
00:37:26 quand les Français demandent une justice plus lisible,
00:37:29 plus rapide et des sanctions réellement posées,
00:37:32 ils demandent simplement un changement de vision
00:37:35 de la justice pénale.
00:37:36 Et ça, ça demande évidemment beaucoup plus qu'une réforme,
00:37:40 ça demande un changement, on va dire,
00:37:42 d'appréhension de la justice pénale.
00:37:45 C'est vrai pour les dossiers de viol,
00:37:48 c'est vrai pour tous les autres.
00:37:49 Par ailleurs, il faut préciser une chose,
00:37:51 le viol est une matière criminelle extrêmement difficile
00:37:56 à traiter et je sais que c'est quasiment devenu inaudible
00:38:00 de le dire, mais il faut avoir le courage, entre guillemets,
00:38:04 de regarder ce qu'est un dossier de viol
00:38:07 et de comprendre pourquoi il n'y a pas une mauvaise volonté
00:38:10 des policiers ou des magistrats et une culture du viol
00:38:14 qui se transmet de policier à magistrat
00:38:16 pour ne surtout pas punir les violeurs.
00:38:18 C'est simplement que quand vous avez une femme
00:38:20 qui vient porter plainte pour viol,
00:38:22 la plupart du temps, le viol est tellement traumatisant
00:38:25 qu'il faut du temps avant de pouvoir aller porter plainte,
00:38:28 avant de pouvoir raconter ce que vous avez vécu
00:38:30 dans les affaires de viol.
00:38:32 Et donc, comme vous avez évidemment dans des histoires de viol
00:38:35 assez peu de témoins en général,
00:38:37 il y a parole contre parole devant la justice,
00:38:40 il y a parole contre parole devant les policiers,
00:38:43 puis devant la justice.
00:38:45 Or, on peut faire des slogans sur les plateaux de télévision
00:38:48 en disant "on vous croit mais la justice ne fonctionne pas comme ça,
00:38:51 elle ne condamne pas sans preuve, ni pour un viol,
00:38:54 ni pour un autre crime, elle ne peut pas condamner sans preuve".
00:38:58 Et par ailleurs, c'est bien heureux, évidemment.
00:39:02 Donc, vous avez la question de l'impuissance factuelle
00:39:06 dans un dossier où il n'y a pas de témoins,
00:39:08 où c'est extrêmement compliqué de faire ressortir la vérité.
00:39:12 C'est-à-dire qu'on peut croire la personne qui vient porter plainte
00:39:15 sans avoir la preuve matérielle pour pouvoir le condamner.
00:39:19 Raison de plus, par ailleurs, pour prendre extrêmement au sérieux
00:39:22 l'application des peines quand les preuves sont accumulées devant un tribunal.
00:39:27 Là, pour le coup, ça devient particulièrement insupportable
00:39:30 quand on sait la difficulté que c'est.
00:39:32 Dernière question, le ministère de la Justice, Charlotte Dornelas,
00:39:35 précise par ailleurs que sur 1 000 faits de viols rapportés à la police,
00:39:40 12 agresseurs seulement partent en prison.
00:39:43 Comment se contenter d'une situation comme celle-ci ?
00:39:46 Là encore, il faut être prudent dans la manière d'aborder ces chiffres.
00:39:50 Parce qu'en effet, sur les 1 000 faits de viols rapportés,
00:39:53 vous avez d'abord, oui, on dit tout le temps,
00:39:56 l'accueil est très mauvais dans les commissariats,
00:39:57 les policiers n'ont pas pris la mesure.
00:39:59 Alors, c'est beaucoup moins vrai ces dernières années,
00:40:00 ça a sans doute été vrai pendant longtemps.
00:40:02 C'est beaucoup moins vrai parce qu'il y a une prise de conscience de fait
00:40:05 de la difficulté parfois de le faire.
00:40:08 Mais notons que si 12 agresseurs seulement partent en prison,
00:40:12 c'est aussi que 8 dossiers sur 10 sont classés sans suite.
00:40:15 Ce ne sont pas les policiers qui classent les dossiers, ce sont des magistrats.
00:40:18 Ce n'est pas un policier qui poursuit, c'est le parquet.
00:40:22 Donc vous voyez qu'il faut simplement pour poursuivre,
00:40:25 et on en parle en permanence, on a des procédures tellement compliquées,
00:40:28 et en plus, il y a la particularité du viol,
00:40:31 que c'est tellement compliqué de le faire
00:40:33 que parfois c'est tout simplement le manque de preuves matérielles,
00:40:36 il n'est pas possible de poursuivre.
00:40:38 Ensuite, et alors là je sais que c'est extrêmement compliqué à entendre aussi aujourd'hui,
00:40:42 mais il faut pouvoir le dire,
00:40:43 il y a la possibilité du mensonge ou de la confusion au moment de le faire.
00:40:48 Donc il est normal de poser des questions,
00:40:50 il est normal d'entendre l'entourage.
00:40:52 Un policier et un magistrat ne peuvent pas se contenter de croire les victimes.
00:40:56 Dans aucun dossier ça n'est possible,
00:40:58 certainement pas dans ceux-là non plus.
00:41:00 Donc évidemment la question à la fois du discernement des policiers ou des magistrats,
00:41:08 et là on peut comprendre aussi la lenteur,
00:41:10 c'est que c'est devenu une priorité extrêmement médiatisée, donc politique,
00:41:15 et donc vous savez ce discernement des policiers ou des magistrats sur un dossier en se disant
00:41:19 "celle-là, il y a tellement de détails qu'on va d'abord le faire en premier",
00:41:23 eh bien non, aujourd'hui les magistrats, et on peut le comprendre d'ailleurs,
00:41:26 sortent ceinture et bretelle comme on pourrait dire,
00:41:29 et tous les dossiers ont la même priorité.
00:41:32 Et donc quand les dossiers ont tous la même priorité,
00:41:34 eh bien les priorités sont concurrentes,
00:41:36 et le temps passe sans que les dossiers soient traités,
00:41:39 les dossiers extrêmement graves soient traités avant les autres.
00:41:44 Et enfin arrive cette question de la justice de manière générale,
00:41:47 avec la justice pénale en son centre,
00:41:49 et a priori ça pour le coup c'est la priorité à mon avis absolue
00:41:53 devant la défiance des Français par rapport à l'institution judiciaire,
00:41:56 et c'est justement celle qui est absente des annonces d'Éric Dupond-Moretti.
00:41:59 Appel aux politiques.
00:42:01 Merci Charlotte Dornélas.
00:42:03 C'est le 10 mai aujourd'hui, on peut célébrer, je le disais en titre,
00:42:07 l'abolition de l'esclavage, la mort de Louis XV, la création de l'université par Napoléon.
00:42:12 Marc, maintenant, lui, va raconter François Mitterrand.
00:42:14 Alors François Mitterrand, ça reste le jour où la gauche accède au pouvoir,
00:42:17 pour la première fois de l'histoire, sous la Vème République,
00:42:20 mais il était un peu de droite, un peu d'extrême droite.
00:42:22 Dites-nous la vérité.
00:42:23 Racontez-nous.
00:42:24 Écoutez, là, je n'ai rien révélé en l'occurrence, c'est vrai,
00:42:27 et puis un parcours qui le voit aller jusqu'à, apparemment,
00:42:32 se rendre coupable d'une sorte de machination,
00:42:35 c'est ce qu'on appelle l'affaire de l'observatoire,
00:42:38 où il aurait été victime d'une tentative d'attentat,
00:42:43 mais peut-être qu'il en serait l'auteur.
00:42:45 Bref, fermons le dossier.
00:42:47 Néanmoins, ça a failli lui coûter sa position politique,
00:42:51 et il aura la nécessité, pendant des années, de regagner en crédibilité.
00:42:57 C'est un fin manipulateur, je n'apprends rien à personne.
00:43:00 Il va jouer de telle manière qu'il crée le programme commun de la gauche,
00:43:06 il rend otage, marché à marché, et à la fin,
00:43:11 juste avant les élections présidentielles,
00:43:15 il y aura eu les élections législatives,
00:43:18 où déjà, on s'aperçoit que le Parti communiste,
00:43:22 qui a voulu se redonner un élan et se mettre en rupture,
00:43:26 n'est plus très fringant.
00:43:28 Alors, voyons ce qui se passe au premier tour de ces élections de 1980.
00:43:34 Déjà, l'image du président Giscard d'Estaing n'est pas très bonne.
00:43:38 Il faut dire qu'on n'a jamais eu autant de chômeurs.
00:43:40 Pratiquement 1 700 000 chômeurs.
00:43:43 Aujourd'hui, on est à combien, l'inflation ?
00:43:45 3 %, 4 %, faites vos prix.
00:43:48 À l'époque, c'est 18 %, malgré Raymond Barr et sa politique d'austérité.
00:43:55 Ce qui a marqué les esprits de ce septennat,
00:43:58 c'est la loi Veil, bien évidemment, pour l'IVG,
00:44:03 et puis le vote à 18 ans.
00:44:06 Le paradoxe, c'est que le vote à 18 ans,
00:44:09 apparemment, les jeunes, ça ne les intéresse pas,
00:44:11 car au premier tour, il y a moins de votants qu'en 1974.
00:44:15 Alors, le résultat des urnes, ils sont nombreux.
00:44:17 Vous avez donc Giscard, 28,2, Mitterrand, 25,8.
00:44:23 Après, vous avez Chirac, car eh oui, déjà, les dissensions.
00:44:27 Mais il n'est pas le seul, Chirac, à se présenter à droite.
00:44:31 Il y a Michel Debré, il y a Marie-France Garot.
00:44:35 Ils piochent des petites miettes, mais ce sont des miettes importantes.
00:44:41 Et si on additionne, il serait à plus de 20 % Chirac.
00:44:45 Et puis après, il y a des noms qui ne vont plus rien vous dire.
00:44:48 Marchais, il tombe à 15 %, c'est la première fois
00:44:51 que le Parti communiste se porte si mal depuis la Libération.
00:44:54 Brice Lalonde, l'écolo, ça vous dit quelque chose ?
00:44:57 Vous avez Arlette Laguiller.
00:44:59 Arlette, nous a accompagné tellement longtemps, la belle Arlette.
00:45:03 Après, vous avez Michel Crépeau, le maire de La Rochelle, on l'a oublié lui aussi.
00:45:07 Et puis, Hugues Bouchardot, voilà ceux qui s'étaient présentés.
00:45:11 Alors, le deuxième tour, on attend quoi ? Le ralliement ?
00:45:14 Ah ben, Chirac dit personnellement, je voterai Giscard,
00:45:20 mais c'est en son âme et conscience que tout un chacun doit se présenter devant les urnes.
00:45:26 Alain Juppé, il dit Blanblonnet, on vote Mitterrand, on vote Chirac, c'est pareil.
00:45:33 Donc, pour arriver à créer un courant d'adhésion,
00:45:36 alors qu'en revanche, Marchais se rallie à Mitterrand,
00:45:40 ce n'est pas évident, il y a le grand débat.
00:45:43 Alors, ça ne se présente pas très bien, il y a un signe prémonitoire.
00:45:47 C'est-à-dire, on aime bien comme ça les augures.
00:45:49 Quand ils se présentent, ils ont choisi tous les deux une maquilleuse.
00:45:55 Et on s'aperçoit que c'est la même.
00:45:57 Alors, on dit, ben écoutez, on ne peut pas avoir la même maquilleuse.
00:46:01 Et elle choisit Mitterrand. Quel affront pour Giscard.
00:46:05 Il le prend très mal, il essaie de se tenir à peu près tranquille.
00:46:08 Et également, Mitterrand, qui avait été humilié lors du débat précédent,
00:46:12 a tout fait pour éviter de paraître devant Giscard.
00:46:17 Il a 65 ans, c'est un homme brillant quand il est seul devant le micro,
00:46:21 mais là, il n'a pas digéré cette fameuse phrase, vous l'avez tous en mémoire.
00:46:28 Vous n'avez pas le monopole du cœur.
00:46:30 Vous n'avez pas le monopole du cœur.
00:46:32 Et il a peur, donc, que dans les joutes, il tombe.
00:46:35 Alors, il exige 21 positions, entre autres, par exemple, les présentateurs.
00:46:42 Il exige également la façon d'éclairer, la distance entre les candidats.
00:46:47 Bref, ils vont refuser. Eh bien, non.
00:46:50 Giscard est tellement sûr de lui, il accepte tout.
00:46:53 Et le débat commence. On a donc Michel Cotta et Jean Boissonna comme animateurs.
00:47:00 Il n'a pas voulu d'El Khabache, Mitterrand.
00:47:04 Et à partir de là, eh bien, on se dit, il va s'élancer, Giscard.
00:47:10 Eh bien, non, il est fébrile.
00:47:11 D'autant que la première question qui est lancée par Boissonna, c'est sur Chirac.
00:47:16 Et alors, il est là, il fouille dans ses notes, on dirait Marine Le Pen.
00:47:20 Il fouille dans ses notes, il bafouille, il n'est pas à l'aise.
00:47:23 Et puis après, il y avait cette fameuse phrase aussi qui était restée.
00:47:27 "Vous êtes l'homme du passé", avait-il cinglé face à Mitterrand.
00:47:31 Et là, pof, il reprend à Mitterrand, il lui dit, vous répétez un peu.
00:47:35 Il dit, "Vous devriez", c'est intéressant, c'est quand même ennuyeux,
00:47:41 "que vous soyez devenu, vous, l'homme du passif".
00:47:44 L'homme du passif.
00:47:45 L'homme du passif.
00:47:46 Alors là, forcément, ça marque.
00:47:49 Et puis à la fin, il rate sa sortie, il est trop long, il est interrompu par Boissonna.
00:47:56 Bref, et pour autant, les sondages ne sont pas si mauvais, si l'on en croit.
00:48:00 Et arrive le 10 mai.
00:48:02 Alors, on a Giscard qui est dans son château de Shannonat.
00:48:06 Et puis Mitterrand qui va à Château-Chinon, il est le maire de Château-Chinon.
00:48:10 Depuis 1946, c'est sa première élection, oh, vieux Morvan, il a la chambre numéro 15.
00:48:17 Alors à midi, il va voter à la mairie.
00:48:21 Ensuite, il ne fait pas beau le 10 mai ce jour-là, il gagne la chambre où il s'installe.
00:48:29 Il passe l'après-midi à regarder l'Ordre Bézier à la télévision.
00:48:34 Et puis il descend à 18h30, retrouve les uns et les autres.
00:48:38 Il se met à parler avec Yvan Le Vaillen, Saint-Clair, de la forêt.
00:48:42 Et à 19h, il y a Jean Glavani qui vient, qui lui dit "c'est bon".
00:48:49 Et Mitterrand, d'un flagme incroyable, il dit "ah bon".
00:48:54 Et il continue la conversation.
00:48:56 À 20h, ce sont les annonces, le triomphe, l'homme un peu ridicule, je dirais,
00:49:02 sur ce petit balcon de l'hôtel du Morvan.
00:49:05 Mais il est la force tranquille pour faire plaisir à Charlotte.
00:49:09 Cette église dont on avait gommé la croix, car ce n'était pas assez la laïcité.
00:49:15 - On dit rapidement, peut-être Mathieu Bocoté,
00:49:19 c'est celui par qui le déclin de la France a commencé.
00:49:21 - Je pense que ça commence un peu avant quand même.
00:49:23 Mais c'est par lui qu'elle s'est accélérée.
00:49:25 Il y a eu un moment de bascule qui me semblait déniable.
00:49:28 Il faut qu'on fasse la liste.
00:49:29 Le néo-antiracisme commence à ce moment.
00:49:31 L'adhésion fanatique à l'Europe, comme on le verra ensuite avec Maastricht,
00:49:35 on le doit à Mitterrand.
00:49:37 C'est un moment d'accélération, mais plusieurs l'ont noté.
00:49:40 Je pense que l'ancêtre de Mitterrand s'appelait en partie Giscard.
00:49:43 - Donc depuis Giscard.
00:49:45 - On peut distribuer les torts assez généreusement.
00:49:48 - Mitterrand a dit que c'était le dernier président de la République.
00:49:51 - Après moi, il n'y aura que des comptables,
00:49:53 parce qu'il avait sacrifié la souveraineté à l'Europe.
00:49:55 Merci Mitterrand.
00:49:56 - Les chéris, il nous reste 9 minutes, je vous sens parti à fond.
00:49:59 L'inflation en 1981, ce n'était pas 18%, c'était 13,89.
00:50:02 Juste pour être sûre.
00:50:03 - Ah bon ?
00:50:04 - Vous avez mis le 8 un peu avant.
00:50:05 - Ah bon ?
00:50:06 - Mais c'est juste pour être sûr.
00:50:07 - Bon, ça reste 14%.
00:50:08 - Ça reste très élevé.
00:50:09 - Voilà.
00:50:10 - Un petit tour de table, avant de passer au dernier sujet sur l'Église.
00:50:14 Le sondage CNews est le suivant.
00:50:17 6 Français sur 10 favorables à la suppression du regroupement familial.
00:50:22 Vous avez parlé de Jacques Chirac.
00:50:23 Jacques Chirac, c'était lui qui avait remis le regroupement familial en juillet 1974.
00:50:28 Je vous pose la question, tour de table à l'heure.
00:50:30 Je commence par vous Charlotte.
00:50:31 À l'heure où l'immigration est remise, le projet de loi à l'ordre du jour,
00:50:36 est-ce que vous pensez que ce sondage pourrait aider à faire pencher la balance
00:50:42 sur ce sujet du regroupement familial, qui est un sujet très important pour les Français, on le voit.
00:50:47 - Là où ça pourrait aider, on va dire, le ministre de l'Intérieur
00:50:51 et tous ceux qui se pencheront sur ce projet,
00:50:53 c'est que toute la partie fermeté qui consistait à essayer d'expulser un peu mieux
00:50:59 des personnes rentrées de manière irrégulière,
00:51:02 mais là les Français sont également 60% à vouloir réduire l'immigration légale et pas seulement illégale.
00:51:08 - Mais ça ne sert à rien de faire des sondages sur le sujet, comme ça ne sert à rien de faire des élections.
00:51:12 - Je vous en prie.
00:51:13 - Vous êtes le bienvenu.
00:51:15 - C'est le sondage CNews.
00:51:17 - Je vais vous expliquer pourquoi.
00:51:18 - Alors dites-nous pourquoi.
00:51:19 - Mais CNews ou pas CNews.
00:51:20 De toute façon, les élections c'est la même chose.
00:51:22 Les Français ont beau se prononcer, si demain il y a un référendum
00:51:25 et 80% sont contre le regroupement familial, de toute façon depuis 1978,
00:51:31 le Conseil d'État a dit non, c'est la tyrannie des juges sur le sujet.
00:51:34 Et depuis 2003, il y a une directive européenne qui oblige contre la volonté des peuples de faire ça.
00:51:40 Donc il faut faire sauter cette tyrannie des juges, par référendum, pour changer la Constitution pour le coup.
00:51:45 - Tous les souvenirs sont envoyés.
00:51:47 Il ne s'agit pas seulement aujourd'hui d'en finir avec l'immigration illégale,
00:51:49 mais avec l'immigration massive.
00:51:51 Et le piège de la dénonciation stricte de l'immigration illégale,
00:51:55 c'est qu'on oublie que l'immigration c'est dans son ensemble le problème aujourd'hui.
00:51:58 Et je trouve que les plus radicaux dans la dénonciation de l'immigration illégale,
00:52:03 c'est une manière de masquer leur consentement à l'immigration massive, légale,
00:52:07 par des filières comme le regroupement familial, comme le droit d'asile, et ainsi de suite.
00:52:10 Et là, sur ces questions, ils ont une absolue non-fermeté.
00:52:13 - Moi, ce qui m'étonne toujours, parce que oui, ça nous obsède, l'immigration, et on peut comprendre.
00:52:20 - Enfin, ça obsède les Français, je vous en prie.
00:52:22 - Oui, oui, oui, mais bien sûr.
00:52:24 Mais quoi qu'il arrive, que se passe-t-il du flux qui est installé actuellement en France ?
00:52:30 Comment on règle ça ?
00:52:32 Et comment on fait en sorte, quoi qu'il arrive, qu'il y ait un véritable principe d'assimilation,
00:52:37 que les gens comprennent ce qu'est la laïcité ?
00:52:40 Comment on doit restreindre sa croyance pour pouvoir être fier d'être Français, d'être citoyen Français ?
00:52:46 Si on ne résout pas cela, le reste ne nous conduira pas à une sorte de redressement et de fraternité
00:52:54 avec un bel élan français en tant que tel.
00:52:56 - Il faut peut-être que la France soit attractive, soit forte, qu'elle aime sa civilisation.
00:53:01 - Et qu'elle aime ses principes républicains.
00:53:03 - Et regardons un petit peu qu'elle s'aime elle-même.
00:53:05 Alors, nous, on va nous aimer, on va aimer la France, dans cette dernière partie, pour changer.
00:53:09 Dans le Béarn, le maire de Las entend transformer dans son village de Saint-Quarantame, en ville,
00:53:18 il veut faire de sa ville une référence mondiale.
00:53:21 Je l'ai dit en titre, il avait déjà fait de sa ville une principauté.
00:53:24 C'est intéressant parce qu'il y a seulement Saint-Quarantame.
00:53:26 Et il veut faire attention, il veut transformer Las, la ville de Las, donc dans le Béarn, en Las Vegas,
00:53:32 ce qui implique notamment de transformer les deux églises du village, tenez-vous bien,
00:53:36 en prêtant une mission inattendue, Mathieu Bocote.
00:53:39 - Alors, c'est un reportage qu'on peut lire dans Valeurs.
00:53:41 - Oui, dans Valeurs Actuelles.
00:53:43 - Ubesque. On lit ça, on se dit, bon, est-ce que c'est le poisson d'avril, est-ce qu'on est chez les fous,
00:53:47 de quoi parlons-nous? Et là, on se dit non, on est simplement dans un délire monarchique
00:53:52 pris dans un... et le délire de toute puissance dans ce petit village, Las,
00:53:57 qu'il veut renommer quand même Las Vegas.
00:54:00 Déjà, toute forme d'imitation américaine devrait être proscrite, interdite.
00:54:04 Amérique, mauvaise référence.
00:54:06 - Au fin fond de la France.
00:54:08 - Le fin fond de la France devrait ressembler au moins un peu à la France et non pas à Las Vegas.
00:54:12 Quoi qu'il en soit, deux églises. Le maire, donc, vous avez tout à fait raison,
00:54:17 il s'est proclamé prince. Et à Las, pas Vegas, il est possible d'avoir un passeport de la principauté.
00:54:24 - Oui, c'est une principauté.
00:54:25 - C'est comme on est...
00:54:26 - Depuis 9 ans.
00:54:27 - C'est un univers parallèle. Quoi qu'il en soit, le maire, Jacques,
00:54:30 j'espère ne pas massacrer son nom, Pedeonta, je l'appellerai Jacques.
00:54:35 - J'ai pas envie de prononcer.
00:54:37 - A transformer deux églises, à transformer la première, il veut transformer la deuxième église du village.
00:54:43 La première, donc, datait du 11e siècle, la vieille chapelle du 11e siècle.
00:54:46 Et il s'est dit qu'est-ce qu'on peut faire pour faire de ça un endroit attractif dans l'esprit de Las Vegas?
00:54:51 Eh bien, on va en faire un lieu sexy et chic. Un lieu sexy et chic où il y ait des spectacles sexy et chic.
00:54:58 Donc, qu'est-ce qu'on veut faire de là? On transforme, c'est la logique du crazy horse appliquée à Las Vegas,
00:55:04 il y a cette idée qu'on va transformer la première chapelle, quitte à la massacrer, soit dit en passant,
00:55:08 parce que pour en faire une vraie belle salle de spectacle, il faut la rendre attractive dans l'esprit du spectacle coquin.
00:55:13 Et donc, l'église du 11e siècle, quand même. On ne parle pas d'un machin construit en 1961
00:55:18 qui mériterait d'être détruit parce que c'était moche.
00:55:20 - Combien de personnes nous ont vies, ce patrimoine?
00:55:22 - Mais tout le monde, la planète complète l'envie, sauf ce monsieur Pedeonta.
00:55:27 Ensuite, deuxième, quand on est ambitieux dans la vie, on ne veut pas se contenter de saccager une église,
00:55:33 on veut saccager deux églises.
00:55:35 Qu'est-ce qu'on fait avec la deuxième? Je vais citer l'article de valeur parce que je n'aurais pas trouvé le moyen de le dire autrement tellement c'est bien dit.
00:55:40 Donc, il veut transformer l'église en escape church, en anglais encore.
00:55:45 C'est un jeu de pistes payantes, donc un espèce de jeu collectif, là où il y a des rayons laser.
00:55:53 C'est un jeu de pistes dans l'église, escape church, et voilà ce qu'il faut faire pour aménager l'église,
00:55:58 pour que ce soit un beau jeu de escape church.
00:56:01 Pour cela, la nouvelle église doit subir des transformations.
00:56:06 Déjà, les murs à la chaux d'origine ont été grattés, les sols détruits, les murs percés et les fonds bâtissements débolis.
00:56:14 Là aussi, l'ajout de deux extensions, des figures de bâtiments, et là mon passage préféré,
00:56:18 les bancs d'église, eux, sont en vente sur Le Bon Coin.
00:56:22 Alors, on a deux églises, en fait, je l'appelle une église, qui sont désormais traitées,
00:56:27 non pas pour ce qu'elles sont, c'est-à-dire des établissements à vocation religieuse,
00:56:32 et même désacralisés, pourrait-on dire, qui conservent une vocation religieuse par l'histoire.
00:56:37 Ce n'est pas pour rien que ça a été présenté comme des églises, mais c'est désormais des lieux interchangeables.
00:56:42 C'est un pur décor, sur le bas de Las Vegas.
00:56:44 Si vous connaissez un peu Las Vegas, c'est une ville sous le signe du pur décor.
00:56:48 C'est un lieu artificiel planté dans le désert, qui n'a aucune vie par elle-même, c'est du carton pâte intégral.
00:56:52 Exactement, la formule de Bigo est bonne.
00:56:54 Dans la matière, c'est la même chose, on transforme un paysage réel français, architectural français,
00:57:02 on le transforme en carton pâte, et c'est ce maire qui se veut prince,
00:57:06 qui distribue des passeports, qui se veut tout puissant, qui saccage son village pour en faire une ville mondiale.
00:57:11 Alors, cette histoire ne nous oblige-t-elle pas à nous poser une question essentielle,
00:57:15 peut-on tout faire dans une église, avec une église?
00:57:17 Elle a raison, c'est quand même ça la question.
00:57:19 Désacralisé ou non?
00:57:20 L'argument du désacralisé, il a ses limites quand même.
00:57:23 J'entends qu'une église désacralisée n'est plus un lieu de culte.
00:57:26 Il n'en demeure pas moins qu'une trace de l'histoire.
00:57:28 Mais le propre du moderne, parce qu'il faut se faire un peu philosophe ici,
00:57:31 quel est le propre de la modernité dans ça?
00:57:33 La pathologie propre à la modernité, c'est le sentiment de toute puissance.
00:57:37 J'arrive au monde et tout ce qui m'a précédé n'a aucun sens,
00:57:39 c'est simplement disponible pour que je puisse m'en apparer, me l'accaparer,
00:57:44 le monde, que ce soit la nature, que ce soit l'histoire, que ce soit la tradition,
00:57:47 tout cela, c'est simplement à ma disposition pour un principe de toute puissance.
00:57:51 J'en m'en pars du monde et rien ne me résistera.
00:57:53 Cette vieille église du 11e siècle, elle m'appartient,
00:57:56 je peux en faire si je veux un crazy horse bisse dans le béhâme.
00:57:59 Et de la même manière, si je veux transformer cette belle église
00:58:02 en jeu de piste, sur le mode "où est caché M. le curé?"
00:58:05 Eh bien ça, je peux le faire aussi parce que c'est mon pouvoir.
00:58:09 C'est l'arrogance absolue des modernes qui se donne le droit de s'emparer de tout,
00:58:13 qui a l'esprit de démesure absolue, qui ne respecte jamais rien,
00:58:16 en quelque sorte, qui ne respecte pas, soyons plus larges.
00:58:19 On reçoit des œuvres du passé, elles heurtent nos valeurs aujourd'hui,
00:58:22 on se donne le droit de les réécrire.
00:58:24 On entend "demain, ce sera la même chose pour la musique",
00:58:26 "demain, ce sera la même..." et on se permet de tout réécrire.
00:58:28 L'hymne national, demain, la Marseillaise y passera, j'en suis persuadé.
00:58:31 Il y a des paroles de la Marseillaise qui ne survivront pas,
00:58:33 les modernes vont finir par la mutiler.
00:58:35 Eh bien devant de vieilles églises qui mériteraient un peu de piété,
00:58:38 on se permet de les ravager, mais c'est un cas parmi tant d'autres,
00:58:41 ça c'est le cas caricatural, quand il y a des spectacles de Bilal Hassani
00:58:43 et de tant d'autres dans les églises, c'est la même logique,
00:58:46 c'est la logique du blasphème.
00:58:48 En fait, je dirais, dernier mot, les hyper-modernes
00:58:50 prennent beaucoup plus au sérieux les églises que les catholiques eux-mêmes
00:58:52 ne les prennent au sérieux.
00:58:53 Ils voient encore dans l'église quelque chose dont ils doivent s'emparer,
00:58:56 qu'ils peuvent saccager, qu'ils peuvent blasphémer
00:58:58 pour affirmer leur toute-puissance et leur souveraineté.
00:59:00 Bravo, principauté de Las Vegas.
00:59:03 - Petite idée, il peut faire de sa mère une maison close.
00:59:06 - Je ne connais pas les détails des pratiques de ce monsieur.
00:59:09 - S'il n'a pas de limites.
00:59:11 Bon, allez, vive la France, vive les églises, vive ceux qui font la France,
00:59:14 vive Face à l'Info, tout de suite,
00:59:17 Minute Info avec Michael De Santos, ensuite l'heure des produits.
00:59:21 - Gérald Darmanin en visite au Mureau,
00:59:27 le ministre de l'Intérieur s'est déplacé ce mercredi
00:59:29 dans le commissariat des Yvelines, suite à une saisie de drogue importante.
00:59:33 Trois hommes d'une trentaine d'années y sont détenus.
00:59:35 Plus tôt dans la journée, ils avaient été arrêtés
00:59:37 dans la commune de Flins-sur-Seine, à bord d'un camion
00:59:40 avec environ deux tonnes et demie de cannabis.
00:59:43 Le parquet national antiterroriste ouvre une enquête pour crime de guerre
00:59:46 après la mort d'Armand Soldin.
00:59:48 Elle visera à déterminer les circonstances de son décès.
00:59:51 Âgé de 32 ans, ce journaliste de l'AFP a été tué hier
00:59:54 après des tirs de roquettes près de Barkhmout,
00:59:57 ville régulièrement visée par les forces russes.
01:00:00 Et puis enfin, sixième titre mondial pour Clarisse Agbenienou à Doha.
01:00:04 Onze mois seulement après avoir accouché,
01:00:07 la judoka s'est imposée en finale.
01:00:09 Fala Salah, Slovene, Andrea Leschi, de bonne augure,
01:00:12 avant Paris 2024 a déclaré celle qui est également double championne olympique.
01:00:16 Olympique.
01:00:18 [Musique entraînante diminuant jusqu'au silence]