Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo
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00:00 - Ok, bon, comme tu veux.
00:01 - Ça y est, est-ce que je suis à l'antenne ?
00:02 Est-ce que j'ai mon rouge à l'air ?
00:03 - Tu es toujours aussi belle dans ce miroir.
00:04 - Non, ce n'est pas être belle, c'est être prête pour le téléspectateur.
00:10 Je suis là, est-ce que ça ne brille pas trop ? Ça va ?
00:12 - C'est bien.
00:13 - Bonsoir.
00:14 19h, c'est l'heure.
00:15 Vite, vous vous retrouvez.
00:16 Charlotte, vous nous avez tellement manqué.
00:17 On aime beaucoup Gabriel.
00:18 Il faudrait qu'on fasse de la place.
00:19 Gabriel, Charlotte, toutes les personnes qu'on aime.
00:20 - Une assemblée générale.
00:21 - Comment ?
00:22 - Une assemblée générale.
00:23 - Mais oui, il n'y en a pas tant que ça quand même.
00:30 - Pour la dernière de l'année, on fera une réunion.
00:31 - On fera ça.
00:32 Allez, la minute off au Adria Spiteri.
00:33 Gérald Darmanin demande au préfet d'interdire toutes les manifestations d'ultra-droite.
00:42 Le ministre de l'Intérieur juge inacceptable un rassemblement qui a eu lieu ce week-end
00:46 organisé par le comité du 9 mai.
00:49 De son côté, Elisabeth Borne assure qu'il n'y avait pas de motifs pour l'interdire.
00:53 La première ministre se dit toutefois choquée par les images.
00:56 Les Pyrénées-Orientales passant en situation de crise, annonce de la préfecture du département.
01:02 Une grande partie des Pyrénées-Orientales est touchée par une sécheresse historique.
01:06 Face à cette situation, la remise à niveau des piscines est interdite, les restrictions
01:12 d'irrigation agricole renforcées.
01:14 Et Vladimir Poutine appelle à la victoire en Ukraine.
01:17 Le chef du Kremlin était bien présent à Moscou aujourd'hui à l'occasion des célébrations
01:22 du 9 mai, jour de la victoire sur l'Allemagne nazie en 1945.
01:26 Des célébrations sous haute surveillance, la sécurité avait été fortement renforcée.
01:31 Au sommaire ce soir, l'Europe a 73 ans, joyeux anniversaire à la déclaration de Robert
01:51 Schuman le 9 mai 1950.
01:53 Tout le monde n'est pas à la fête, mais Emmanuel Macron oui.
01:56 L'Europe nous a protégé des crises, elle va aussi nous permettre de créer des emplois,
02:00 de la sécurité, de l'ordre dans un monde de péril, déclare le chef de l'Etat.
02:04 En quoi a-t-il raison ou tort ? L'Europe ne serait-elle pas malgré elle à m'y épuiser
02:11 ? L'édito de Mathieu Boccotté.
02:14 Gabriel Attal a présenté son plan de lutte contre les fraudes fiscales.
02:19 Chaque fraude fiscale est grave, mais celle des plus puissants est impardonnable, a déclaré
02:24 le ministre délégué au compte public.
02:26 Il promet plus de contrôles et de sanctions pour les fraudeurs les plus riches.
02:29 Mais sans donner d'objectifs chiffrés.
02:32 Pourquoi la plupart des propositions annoncées existaient déjà dans le code pénal ? Pourquoi
02:36 si peu de place pour la fraude à la TVA de 20 à 25 milliards d'euros par an ? Serait-ce
02:41 simplement une opération de communication anti-riche ? L'analyse de Dimitri Pavlenko.
02:46 L'un des premiers djihadistes français à être parti en Syrie demande à revenir en
02:51 France.
02:52 Il demande aussi le rapatriement de sa fille.
02:55 Âgé de 26 ans, il pourrait être prochainement expulsé par les autorités turques.
02:59 Il est visé par un mandat d'arrêt et risque une mise en examen à son retour en France.
03:03 Pourquoi donc demander le retour en France ? Pourquoi rejeter la France et l'appeler
03:07 ensuite au secours ? Pourquoi subitement ne reste-t-il pas en Turquie ? Regrette-t-il
03:12 ce qu'il a fait ? Accepte-t-il d'être jugé et condamné ? Rejette-t-il ce qui
03:15 l'a servi ? Le décryptage de Charlotte Dornelas.
03:19 « Voici le nouveau fléau des ados accros aux médicaments.
03:23 Xanax, Lexomil, Caudéine.
03:25 Contre le stress, l'insomnie, l'anxiété.
03:27 En 2021, la consommation d'anxiolithique chez les mineurs a augmenté de 16%.
03:34 Les médecins alertent.
03:35 « Ça m'a vidé la tête.
03:37 J'étais apaisée.
03:38 C'est ce que je recherchais depuis longtemps.
03:40 Mais en trois mois, je suis devenue dépendant », déclare un jeune à l'hebdomadaire L'Express.
03:44 En quoi ces drogues pour mineurs nuisent-elles à la société ? Marc Menand raconte.
03:51 Et puis les anciens niants, sont-ils libres de leur parole ? Surtout quand celle-ci s'opère
03:57 en dehors des heures de classe, essentiellement sur les réseaux sociaux.
04:00 Deux professeurs agrégés se sont vus sanctionner par l'Éducation nationale, qui déplorent
04:07 des propos qui n'entrent pas dans le droit de la libre expression.
04:11 De quoi s'agit-il exactement ? Depuis quand revient-il au ministère ?
04:14 Le ministre de l'Éducation nationale de délimiter les contours de la liberté d'expression.
04:19 Papin d'Yai, met-il autant d'énergie à s'élever contre la censure de la douaïenne
04:25 de la faculté de lettres à la Sorbonne, l'édito de Mathieu Boquecoute ?
04:30 Et voilà une heure pour prendre un peu de hauteur avec nos mousquetaires.
04:33 C'est maintenant.
04:34 Une fois n'est pas coutume.
04:48 On va faire le tour de table.
04:49 Maintenant, j'ai envie de vous entendre là, maintenant, tout de suite.
04:51 C'est pour l'interrogatoire.
04:52 L'interrogatoire, c'est sûr.
04:53 J'aime bien parce que là, du coup, j'ai scotché tout le monde.
04:58 Gérald Darmanin demande au préfet d'interdire toutes les manifestations d'ultra-droite.
05:03 J'ai envie de savoir est-ce que le préfet de police est lâché ?
05:06 Je commence par vous, Mathieu Boquecoute, parce qu'on en a parlé hier avec cette
05:10 image des manifestants d'ultra-droite qui ont manifesté samedi.
05:15 Tout le monde crie en disant, voilà, ça devrait être interdit.
05:20 Ils sont masqués, on doit les interdire.
05:22 Et voilà, Gérald Darmanin demande au préfet d'interdire toutes les manifestations d'ultra-droite.
05:26 Que faut-il penser ?
05:27 Je note d'abord une évolution du langage.
05:29 Hier, nous en parlions, on parlait d'une manifestation d'extrême droite.
05:32 Et je disais sur ce plateau que le concept d'extrême droite est utilisé à la fois
05:36 pour définir des manifestants néofascistes, mais aussi le Rassemblement national, mais
05:40 aussi Reconquête d'Éric Zemmour.
05:42 Et que si ce concept était utilisé, est-ce qu'on doit interdire ensuite une manifestation
05:46 donc du Rassemblement national, de Reconquête ?
05:49 On voyait que ce concept d'extrême droite ne servait pas.
05:51 Il était inopérant.
05:52 On dit ce matin ultra-droite.
05:53 Très bien, on désigne donc une tendance révolutionnaire potentiellement violente.
05:57 Ne vous emballez pas trop, parce que le ministre Gérald Darmanin dit ultra-droite ou d'extrême-droite.
06:02 Alors ça devient compliqué.
06:03 Parce que s'il veut interdire les manifestations d'extrême droite et qu'il considère que
06:05 le RN est un parti d'extrême droite, voudrait-il interdire les manifestations populaires du
06:09 RN ? Ce sont des questions qu'il faut se poser.
06:11 Ça nous rappelle à quel point utiliser de mauvais concepts, de mauvais mots pour nommer
06:14 la réalité peut nous conduire à de réelles dérives.
06:16 Et amalgamer le RN, Reconquête et des néofascistes, ça n'a aucun sens.
06:21 Oui, mais ça c'est le grand drame.
06:23 Notre époque n'a plus le sens du vocabulaire.
06:25 Les mots sont des fourre-tous.
06:27 On les utilise comme ça.
06:29 On les brandit.
06:30 Des bannières.
06:31 Et chacun les utilise pour imposer une censure.
06:35 Je vous aime bien, donc je me permets de vous arrêter tout de suite.
06:38 Arrêtons de tourner autour du pot.
06:39 Question.
06:40 Ok d'accord, on n'a compris pas.
06:41 Non, par rapport au…
06:42 Oui, non mais c'est pas…
06:43 Mais allons plus loin, Marc Menand.
06:45 Est-ce que vous trouvez normal, juste, évident d'arrêter, d'interdire toute manifestation
06:52 d'ultra-droite alors que beaucoup de voix s'élèvent pour dire que les manifestations
06:57 des antifas ne sont pas interdites ?
06:59 Je vais aller dans votre sens et épouser…
07:02 Non, non, je veux dire, j'accepte votre interrogatoire poussé.
07:07 Et pour répondre à cette question, c'est de dire, est-ce qu'il est admissible, dans
07:12 une démocratie, quelle que soit son étiquette, d'apparaître avec une tête de terreur
07:19 masquée pire qu'un catcheur ?
07:21 Eh bien, je dis que c'est intolérable.
07:23 Mais je crois d'ailleurs que la loi le précise.
07:26 Vous ne pouvez pas vous promener comme ça dans la rue.
07:28 Alors la question, ce n'est pas, est-ce que l'on interdit une manifestation ?
07:33 C'est, quand une manifestation se déroule, est-ce qu'on ne va pas intervenir pour
07:38 exclure les individus qui représentent une menace morale, rien que de par leur apparition,
07:45 pour le peuple ?
07:46 Question, est-ce que ça vous a gêné pendant les manifestations contre la réforme des
07:49 retraites avec les antifas ?
07:50 Ah mais non, mais c'est pareil.
07:52 Toute personne trop casquée, mais là, en plus, il y a quand même une volonté de terreur.
07:57 Le casque, ce n'est déjà pas spécialement engageant, mais là, c'est la foire du trône
08:01 avec la foire de la terreur.
08:05 Dimitri, vous êtes d'accord, une volonté de terreur sans casser pour autant ?
08:08 Écoutez, la manifestation, elle a été autorisée parce que par le passé, ces gens-là défilent
08:12 pacifiquement.
08:13 Depuis 30 ans.
08:14 Mais c'est vrai, ils arborent des symboles qui sont des symboles.
08:16 La croix celtique, c'est connoté.
08:18 Je veux dire, il y a des croix celtiques néo-nazis, etc.
08:21 Donc, il y a toute une symbolique, la volonté de masquer menaçante, évidemment.
08:25 Par contre, moi, ce qui me dérange, c'est qu'il y a une campagne médiatique qui instrumentalise
08:31 cette manifestation pour incriminer Gérald Darmanin et dire "Regardez, ils sont complices
08:35 de l'extrême droite, en voici la preuve".
08:37 Et ça permet d'évacuer rapidement, de créer une sorte d'équivalence avec les Black Blocs.
08:42 Ça n'a rien à voir, les Black Blocs, c'est des gens qui se glissent dans des manifestations
08:44 légitimes pour tout casser.
08:46 Et comme si ces gens-là faisaient la même chose.
08:48 Alors, franchement, ils sont limite politiquement.
08:52 Moi, je trouve que ce sont des gens qui sont des néo-fascistes.
08:54 On adhère, on n'adhère pas.
08:55 Il y a beaucoup de téléspectateurs de Fast and Info, moi, qui m'ont interpellé personnellement
08:58 parce qu'ils n'ont pas compris qu'hier, ils ont eu l'impression qu'on les défendait.
09:02 En fait, on ne les défendait pas.
09:03 Mais ce qu'on a attaqué, ce qu'on a dit hier, c'est que ces gens-là servent en fait
09:09 d'instrument pour attaquer le gouvernement et pour dédramatiser le fait Black Bloc.
09:16 Moi, je ne dédramatise pas le fait Black Bloc.
09:18 Et cette manifestation, quoi qu'on en dise, quand même, s'est déroulée pacifiquement.
09:21 Alors, les masques, Marc a totalement raison.
09:23 Les masques, le service d'ordre, le côté très intimidant, très musclé, très ultra,
09:29 comme des ultras du football.
09:30 Voilà, c'est évidemment.
09:32 Ça, on peut en parler, mais ça n'a rien à voir.
09:34 Je pense que c'est différent.
09:35 - Je pense que pour justement s'extraire du débat, est-ce que c'est même ultra droite,
09:41 extrême droite, etc.
09:42 Tout ce que disait Mathieu en effet hier et cette distinction qu'il était nécessaire
09:46 de faire.
09:47 Il faut voir ce qu'il est interdit ou pas de faire.
09:49 Or, il est interdit en effet de défiler masqué, donc que la loi soit respectée.
09:53 Il est interdit a fortiori de tout casser.
09:56 Et je note que sur cette manifestation, tout le spectre politique est absolument d'accord
10:02 sur précisément l'interdiction de se cagouler et les différentes revendications de ces
10:07 groupes-là.
10:08 Et que ce serait bien que la classe politique soit toujours unanime quand il s'agit de dénoncer
10:14 à la fois des gens qui sont cagoulés dans la rue et a fortiori, encore une fois, des
10:17 gens qui cassent tout de manière extrêmement récurrente.
10:20 Comme ça, la France s'en porterait sans doute mieux.
10:22 En tout cas, on note que le préfet de police a en plus posé la question s'il est lâché
10:25 par Gérald Darmanin puisqu'ils ne sont pas du même avis.
10:30 En tout cas, merci pour votre regard.
10:31 Vous ne le saviez peut-être pas, mais c'est la journée de l'Europe aujourd'hui.
10:35 L'événement est évidemment important pour Emmanuel Macron qui est profondément voué
10:40 à la construction, on le sait, du projet européen, Mathieu Bocote.
10:43 Le président de la République est formel.
10:45 L'Europe nous protège.
10:47 Mais elle nous protège de quoi ? C'est à cette question et quelques autres que vous
10:51 consacrez votre premier édito.
10:53 Oui, parce qu'il faut se faire un peu historien.
10:56 L'Europe, il y a plusieurs significations.
10:58 Il y a l'Europe qui est une civilisation plurimillénaire.
11:00 Il y a l'Europe, dans le cas présent, qui est un projet politique d'après-guerre.
11:04 Je vais me faire historien juste pour quelques instants avant d'entrer dans le cœur du
11:08 sujet.
11:09 Le rêve de l'Union européenne, de l'unité européenne traverse l'histoire de l'Europe
11:13 depuis la chute de Rome.
11:14 Convenons-en, depuis la chute de Rome jusqu'au temps présent, en passant par Charlemagne,
11:20 en passant par Napoléon, en passant par Vénéry Giscard d'Estaing et quelques individus
11:24 moins recommandables, l'idée d'une unification de l'Europe autour d'un pôle central qui
11:28 permettra à l'Europe de reconstituer son unité au-delà de ses fractures nationales
11:33 ou féodales, c'est un vieux rêve qui traverse l'Europe.
11:36 Convenons-en d'abord et avant tout.
11:38 Mais de quelle unification européenne parlons-nous aujourd'hui, la fameuse journée de l'Europe ?
11:43 L'Europe dont on parle, elle est mise dans un tout autre contexte et c'est le contexte
11:47 de l'après-guerre.
11:48 C'est une Europe née dans des circonstances qui relèvent presque de l'avortement.
11:52 C'est une Europe qui est née dans une amputation d'abord et avant tout.
11:55 D'une amputation, ne l'oublions pas, l'Europe se constitue alors que la moitié de l'Europe
12:00 est occupée par les soviétiques, par les communistes.
12:02 La moitié de l'Europe est sous occupation.
12:05 Donc l'Europe est amputée d'une partie essentielle d'elle-même qu'on pourrait
12:08 appeler l'Europe centrale ou qu'on appelait pendant la guerre froide l'Europe de l'Est.
12:12 Premier élément.
12:13 Deuxième élément, l'Europe est née dans la dépendance.
12:16 C'est une Europe qui a traversé deux guerres mondiales, qui est épuisée spirituellement,
12:20 qui est épuisée politiquement, qui perd ses empires à travers le monde ou qui s'apprête
12:23 à les perdre et qui, devant la menace soviétique, ne peut se défendre qu'en se plaçant sous
12:28 le parapluie américain.
12:29 L'Europe née dans la dépendance, l'Europe politique née dans l'assujettissement à
12:34 une capitale nouvelle qui s'appelle Washington.
12:36 Elle est peut-être à la recherche d'une autre capitale ensuite, mais pour les 50 ans
12:40 qui suivent la guerre, c'est une Europe qui née donc dans l'ablation, dans l'amputation
12:43 et l'assujettissement.
12:44 C'est une Europe qui se définit aussi, c'était le projet de Jean Monnet, de Robert
12:49 Schuman, qui se définit d'abord sur le mode de la coopération technique, parce que l'on
12:53 sait que rassembler des peuples en disant « Sacrifiez votre souveraineté, unissez-vous
12:57 sous un seul drapeau », les peuples ne le voudront pas.
12:59 Donc, c'est une Europe qui se rassemble, c'est donc sur le mode de la coopération
13:02 technique.
13:03 Robert Schuman, la déclaration qu'on a célébrée aujourd'hui, l'Europe ne se fera pas d'un
13:07 coup ni dans une construction d'ensemble, elle se fera par des réalisations concrètes
13:11 créant d'abord une solidarité de fait, déclaration de 1950, et qui débouchera sur
13:18 la communauté européenne du charbon et de l'acier, juste après qu'il y a le point
13:22 de naissance en fait.
13:23 Mais c'est une Europe qui, comme je le dis, ne se construit ni spirituellement, ni politiquement,
13:28 ni culturellement, qui se construit comme un aménagement technique.
13:31 À l'origine d'une civilisation nouvelle, le charbon et l'acier.
13:34 Il y a quand même la bonne forme de poésie industrielle un peu ratée.
13:37 C'est juste un lien qui soit dit en passant avec la journée de l'Europe telle qu'on
13:41 la célèbre aujourd'hui, 9 mai 1985.
13:43 Ensuite, elle se construit aussi dans la défense contre le communisme, mais autour d'un référentiel
13:49 de valeurs assez limitées.
13:50 De 45 à 89, qu'est-ce que c'est l'Europe globalement?
13:53 C'est-à-dire que la démocratie, le libéralisme, l'état de droit, et ainsi de suite.
13:56 Est-ce qu'on peut épuiser l'Europe dans cette définition?
13:59 Je ne crois pas.
14:00 Donc ça, c'est le contexte d'apparition de l'Europe.
14:02 Le rêve européen trouve à renaître, se réincarner, à la fin de la guerre froide,
14:08 au moment de l'apparition de la mondialisation.
14:11 Et là, on voit tout le monde se présenter comme tel.
14:13 Et qu'est-ce qu'on voit à ce moment-là?
14:14 Un nouveau discours sur l'Europe apparaît.
14:16 Il nous dit que les nations sont trop petites.
14:18 Les nations sont des structures désuètes, impuissantes, incapables de participer au
14:22 monde de demain.
14:23 Dès lors, il faut embrasser l'Europe pour gagner en puissance.
14:26 Très bien, les nations sont désuètes.
14:29 Mais c'est l'Europe qui est en manque de consistance.
14:32 C'est une Europe procédurale.
14:34 C'est une Europe technique.
14:35 C'est une Europe qui, encore une fois, ne parvient pas à trouver un acte fondateur,
14:39 un acte politique, un acte identitaire fort.
14:42 C'est tellement une Europe qui n'a pas d'identité, l'Europe, pour dire, post-guerre
14:47 froide, que rappelez-vous le débat autour de la Turquie dans les années fin 90 et surtout
14:51 les années 2000.
14:52 On dit est-ce que la Turquie peut être dans l'Europe?
14:54 Là, la réponse généralement demie, c'est l'Empire ottoman à l'échelle de l'histoire,
14:57 c'est davantage l'ennemi ou à tout le moins l'adversaire ou le rival qu'une partie
15:01 de l'Europe.
15:02 L'argument des européistes à l'époque, notamment de Michel Rocard, mais pas seulement,
15:06 de Jacques Chirac, c'est il faut faire entrer la Turquie dans l'Europe justement parce
15:11 qu'elle n'est pas culturellement européenne.
15:12 Parce que si on refusait la Turquie parce qu'elle est musulmane, parce qu'elle n'est
15:17 pas européenne de civilisation, ça voudrait dire que l'Europe est un club chrétien.
15:21 Or, Jacques Chirac dit en 2005, l'Europe n'est pas un club chrétien.
15:26 Et l'Europe, qu'est-ce que c'est dans ce cas-là?
15:28 On le comprend dans l'après-guerre froide, c'est le laboratoire de la mondialisation.
15:31 C'est le laboratoire du monde sans frontières.
15:34 C'est le laboratoire d'un monde où les frontières sont appelées à tomber, où la société
15:38 doit se définir seulement par le droit, la technique, le marché, l'économie, l'âme
15:42 des peuples, on s'en fout, l'autorité de l'État, on s'en fout.
15:45 L'Europe est le laboratoire de la mondialisation.
15:48 Il faut savoir ça, qui vient aussi avec son ouverture à l'immigration massive.
15:51 Et Francis Fukuyama, vous connaissez le grand penseur de la fin de l'histoire, disait pourquoi
15:56 l'Europe doit se faire?
15:57 Pourquoi l'Europe doit se faire?
15:58 Parce que c'est le laboratoire de la fin de l'histoire.
16:01 C'est ici que commence la mondialisation.
16:03 Donc l'européisme n'est que l'autre nom d'un mondialisme en train de se construire.
16:08 Alors quand vous êtes dans cette logique, on pourrait dire que l'aspiration à la protection,
16:12 l'Europe qui nous protège, l'Europe qui nous défend, ça ne va pas nécessairement
16:15 de soi.
16:16 Alors pourtant Emmanuel Macron prétend que l'Europe justement protège et protège même
16:21 comme jamais les Européens et les Français.
16:24 Oui, oui, c'est ce qu'il dit, c'est ce qu'il dit.
16:26 Alors je cite, l'Europe nous a protégé des crises, elle va aussi nous permettre de créer
16:30 des emplois, de la sécurité, de l'ordre dans un monde de péril.
16:34 Là, il donne une série d'exemples et il oublie de donner certains exemples.
16:38 C'est important de dire ce qu'on nommait.
16:39 Premier élément, dans la pandémie, il nous dit, ce sont nos démocraties qui ont su prendre
16:44 les dispositions nécessaires pour protéger nos compatriotes les plus fragiles.
16:47 Je devine qu'il parle ici avec poésie des confinements.
16:49 Ce sont nos sociétés ouvertes qui ont pu faire appel à la science pour développer,
16:54 produire et donner des vaccins au monde entier.
16:57 Je crois qu'il confond ici les sociétés ouvertes et le dispositif technocratique nommé
17:01 Europe.
17:02 C'est une confusion qu'on peut faire, je devine.
17:03 Mais à tout le moins, l'argument me semble moins convaincant qu'il ne le croit.
17:07 Il ajoute, l'Europe porte aujourd'hui, dans la crise qu'on traverse, un plan de relance
17:11 exceptionnel qu'on pourrait présenter aussi comme un plan d'endettement exceptionnel
17:15 à l'échelle de l'histoire.
17:16 Mais c'est encore une fois un argument.
17:17 Il nous dit aussi de l'Europe qu'elle a fait la preuve de sa valeur dans sa défense
17:21 de l'Ukraine, dans la crise présente en ce moment.
17:23 Je dirais qu'il n'est pas certain que l'absence d'autonomie stratégique et politique de
17:26 l'Europe, qui a eu tendance à s'aligner sur les ordres de Washington en la matière,
17:30 quoi qu'on pense des ordres de Washington, soit la preuve d'une autonomie stratégique
17:33 forte qui permette à l'Europe d'exister.
17:34 Il nous dit aussi, l'Europe, c'est le laboratoire, le continent qui va porter la transition énergétique.
17:41 On est tous ici, évidemment, pour la lutte, pour s'assurer contre le changement climatique,
17:45 très bien.
17:46 Mais ce que l'on sait aussi, c'est que la notion de transition énergétique masque
17:50 ou cache quelquefois une volonté de contrôle social au nom de l'écologie.
17:55 L'Europe serait-elle le continent qui se prépare à généraliser le contrôle social
17:59 au nom de la transition énergétique?
18:00 Il m'arrive de le craindre, il m'arrive de le croire.
18:02 Peut-être Emmanuel Macron le souhaite-t-il.
18:04 Il nous donne aussi, ça c'est mon préféré, que l'Europe se distingue par le monde numérique
18:10 aujourd'hui, par la protection des données personnelles, par la modération des contenus
18:13 en ligne, par la lutte contre la désinformation.
18:16 On pourrait traduire, si on est un sceptique comme moi en la matière, si on est un vieux
18:19 libéral comme moi, on voit surtout là-dedans contrôle de l'information, contrôle du
18:23 discours public, sous prétexte de s'en prendre aux empires numériques, ce qui est une très
18:27 bonne chose.
18:28 C'est une volonté de contrôler comme jamais le discours public et effectivement, j'ai
18:31 tendance à croire que l'Europe est quelquefois liberticide.
18:34 Bon, je pourrais poursuivre l'examen, mais je note une absence dans ce qui nous protège,
18:38 c'est l'immigration massive.
18:40 Aucune mention de l'immigration lorsqu'on parle de l'Europe qui nous protège.
18:45 Ce qui, de ce point de vue, témoigne du souci de la vérité du président, parce qu'effectivement,
18:49 l'Europe ne protège d'aucune manière de l'immigration massive.
18:51 Elle y est même favorable.
18:52 Je t'emmène à chercher à la normaliser, de quelle manière, nous le savons, en disant
18:57 qu'il faut lutter contre l'immigration irrégulière.
18:59 Comment?
19:00 En faisant en sorte qu'elle devienne régulière, en créant les conditions d'un pont aérien
19:04 et naval généralisé entre l'Afrique et l'Europe pour faire en sorte que l'immigration
19:08 irrégulière devienne régulière.
19:09 Mais le président de la République n'a pas présenté l'Europe comme protégeant
19:12 les Européens et les Français de l'immigration massive.
19:14 Il n'a pas tort.
19:15 C'est juste.
19:16 C'est une bonne nouvelle.
19:17 Alors, si l'Europe ne protège pas, que fait-elle, Mathieu Bocote?
19:22 De mon simple point de vue, c'est une forme d'expérimentation idéologique assez inédite
19:27 dans l'histoire.
19:28 C'est-à-dire que l'Europe se présente comme un continent de rééducation des peuples
19:30 qui la composent.
19:31 Qu'est-ce qu'on dit au peuple?
19:33 Globalement, on veut déstabiliser leur identité en leur expliquant que leur souveraineté
19:36 est de trop.
19:37 Elle est résiduelle.
19:38 Sacrifiez-la pour la transférer au nouveau modèle, dis-je, von der Leyen-esque.
19:42 À la souveraineté technocratique impériale post-nationale de Madame von der Leyen.
19:46 Ça fait rêver.
19:47 Ensuite, c'est un lieu qui cherche à déstabiliser l'identité des peuples.
19:51 Pourquoi?
19:52 Parce qu'on voit comme c'est une identité qui est réfractaire, qui n'accepte pas justement
19:56 de se sacrifier pour le modèle du citoyen du monde européiste qu'on nous propose.
20:00 De ce point de vue, l'ouverture de l'Union européenne à l'immigration massive, et
20:07 plus particulièrement à l'islam et même l'islamisme, parce qu'on se dit voilà des
20:10 gens qui seront européens sans passer par la médiation d'une nation.
20:14 Si vous êtes italien, danois, français, norvégien, vous risquez d'avoir une résistance
20:19 à l'idée d'être européen d'abord et français ensuite.
20:21 Si vous arrivez de l'extérieur, vous avez plus de chances d'être d'abord européen
20:25 et ensuite l'identité nationale résiduelle.
20:27 Ensuite, je pourrais aussi parler de toutes les entreprises qui nous viennent de Bruxelles
20:31 et plus largement des différents conseils européens qui font la promotion d'un homme
20:35 nouveau, déraciné, post-national, sans genre, sans identité, qui apprend l'écriture
20:39 inclusive et qui parle même le langage inclusif.
20:41 Pourquoi?
20:42 Pour lutter contre les discriminations.
20:44 L'Europe se présente alors comme le laboratoire d'un monde déraciné.
20:47 C'est l'homme post-national qui pourrait enfin naître ici.
20:50 Une dernière réflexion, toute simple.
20:52 On a beaucoup dit de mal de l'élargissement de l'Europe il y a quelques années.
20:55 On disait que l'élargissement vers l'Est, c'est une mauvaise nouvelle parce que ça
20:58 empêche l'Europe de se fédéraliser à partir de l'Ouest.
21:01 Moi, je dirais exactement le contraire.
21:02 L'élargissement vers l'Est, premièrement, c'est la réunification de l'Europe avec
21:06 la part d'elle-même qui avait été occupée par les soviétiques.
21:08 C'est l'Europe qui se rassemble.
21:10 Et les pays d'Europe de l'Est aujourd'hui sont souvent plus soucieux de la défense
21:13 de l'identité européenne, de la souveraineté des nations européennes, des frontières
21:16 européennes, de la protection de l'Europe que des nations d'Europe occidentale qui,
21:20 quelquefois, elles, ont peut-être fait le choix d'une forme de suicide spirituel, démographique
21:24 et politique.
21:25 De ce point de vue, se pourrait-il qu'aujourd'hui, l'Est défende l'Ouest en Europe?
21:28 C'est une hypothèse.
21:29 Merci Mathieu Beaucotter.
21:33 Dimitri Haro sur les mauvais contribuables.
21:38 Le ministre des Comptes publics, Gabriel Attal, a dévoilé ce matin son plan de lutte contre
21:41 la fraude fiscale.
21:42 L'accent est mis en particulier sur les gros patrimoines et les grandes entreprises.
21:48 Alors, que contient précisément ce plan, Dimitri?
21:51 Et surtout, que vaut-il?
21:52 Il y a beaucoup de choses à dire et on vous attend avec impatience.
21:55 C'est un sujet capital.
21:56 Alors, c'est la première partie parce que là, c'est la fraude fiscale.
22:00 Chapitre suivant, ça va être le mois prochain, ce sera la fraude sociale.
22:03 Donc, Gabriel Attal, ministre des Comptes publics, a découpé son plan de lutte contre
22:09 la fraude en général en deux temps.
22:10 Voilà, donc aujourd'hui, c'est le premier volet.
22:12 Fraude fiscale.
22:13 Alors, dans les mots, sur le papier, ça claque.
22:15 Écoutez le ministre ce matin dans les colonnes du journal Le Monde.
22:17 Il nous dit "chaque fraude fiscale est grave, mais celle des puissants est impardonnable".
22:22 Donc, traduction, la fraude d'en bas, c'est pas bien.
22:24 Alors, la fraude d'en haut, c'est encore pire.
22:26 Et il annonce 25% de contrôle fiscaux supplémentaire pour les "ultra riches".
22:31 Je mets les guillemets, ce sont les mots qu'emploie le ministre.
22:34 "Ultra", c'est à la mode.
22:35 Écoutez bien les termes.
22:36 Oui, les extrêmes riches.
22:37 Non, les ultra riches.
22:38 Moi, j'aimerais bien d'ailleurs qu'il me dise, le ministre des Comptes publics,
22:43 ça démarque quand l'ultra richesse ?
22:44 Est-ce qu'il y a un seuil de déclarement ?
22:45 Est-ce que ça déclenche ?
22:47 Et il nous dit aussi les 100 plus grandes capitalisations boursières, donc les 100
22:54 plus grandes entreprises françaises.
22:55 Alors, c'est bizarre parce que vous savez, il y a le CAC 40 et il y a le SBF 120 qui
22:58 est l'indice élargi des 120 premières capitalisations.
23:00 Bon, il y en a 20 qui vont s'en tirer.
23:02 Mais les 100 premières, elles vont faire l'objet d'un contrôle fiscal tous les
23:05 deux ans.
23:06 Elles sont ravies, je ne vous dis que ça.
23:07 Il est aussi question de créer, vous avez vu le petit panneau, alors on va créer une
23:11 sanction d'indignité fiscale et civique.
23:14 Ça, ça veut dire, si vous êtes condamné pour fraude fiscale, vous êtes privé de
23:18 crédit d'impôt, donc pour la nounou, ce genre de choses, et du droit de vote pendant
23:22 une période donnée, création d'un délit d'incitation à la fraude fiscale.
23:26 Donc ça, c'est si vous encouragez quelqu'un à frauder.
23:29 Du tige travaux et intérêts généraux pour le gros fraudeur, je cite le ministre, qui
23:34 ira repeindre le centre des impôts.
23:36 Création d'un service de renseignement fiscal à Bercy.
23:39 Alors ça, j'adore.
23:40 Donc, ce renseignement, service de renseignement sera composé d'agents d'élite capables
23:44 de détecter des montages offshore.
23:46 Ils auront la permission, non pas de tuer, mais de recruter des sources humaines travaillant
23:50 pour des institutions financières et les rémunérer pour leurs informations.
23:54 Ça, c'est une logique qui est très américaine.
23:56 Il y a dix ans de ça, il y avait un informateur de l'IRS, le service fiscal américain, qui
24:03 avait dénoncé le scandale UBS.
24:04 Il avait gagné 104 millions de dollars à l'époque, cet homme.
24:07 Donc, il avait fait fortune en dénonçant sa banque.
24:10 Et nos agents spéciaux pourront aussi utiliser des techniques de renseignement comme les
24:14 écoutes, la captation de données, la pose de balises.
24:18 Très intéressant.
24:19 Donc, c'est un peu James Bond au Bahamas, Mission Impossible dans les paradis fiscaux,
24:23 Zorro dans le 16e, Robin de Bercy.
24:25 Je l'ai rappelé, je l'ai rebaptisé comme ça, Gabriel Attal.
24:27 C'est notre Robin de Bercy.
24:28 Donc ça, si vous voulez, c'est un peu la partie dure du plan méchant avec les puissants.
24:32 Vient maintenant le pendant avec gentil avec les petits.
24:36 J'aurais paraphrasé Gérald Darmanin, vous l'aurez remarqué.
24:38 Gentil avec les petits contribuables et les petits patrons pour lesquels, nous dit Gabriel
24:43 Attal, on va massifier les régularisations plutôt que d'avoir recours au contrôle.
24:47 Donc les contrôles fiscaux pour le petit patron, le petit fraudeur, on fera une régule.
24:51 Voilà, c'est l'idée.
24:52 Et on retrouve d'ailleurs toute la philosophie qu'avait développé Gérald Darmanin quand
24:55 il était au compte public du droit à l'erreur.
24:57 Vous savez, l'administration de confiance, etc.
25:00 Et d'ailleurs, dans ce registre là, encore mieux, Gabriel Attal nous dit remise automatique
25:06 des pénalités pour le premier adressement fiscal.
25:08 Bon allez, c'est pas grave, le premier, le second, attention.
25:10 Et tenez vous bien, pénalité inversée si c'est l'administration qui commet une erreur.
25:16 Erreur du fisc en votre faveur.
25:18 On vous rend plus que ce que vous deviez parce que le fisc s'est trompé.
25:24 C'est pas beau ça ?
25:25 Je sais pas, vous n'avez pas l'air très convaincu.
25:27 Je commence à bien vous connaître.
25:28 Vous vous moquez un petit peu, vous allez nous dire pourquoi.
25:30 Qu'est-ce qui cloche ? On marque une pause et on revient.
25:32 On y va tout de suite.
25:33 Alors, retour dans Face à l'info pour parler du plan de Gabriel Attal pour lutter contre
25:42 la fraude fiscale.
25:43 Gabriel Attal qui était chez Laurence et Aréja à Punchline, tout à l'heure, vous
25:47 allez nous dire ce qu'il a dit.
25:48 Mais vous vous récoliez un petit peu quand même.
25:50 Vous n'avez pas l'air vraiment convaincu.
25:54 Pourquoi ? Dites-nous pourquoi.
25:55 Qu'est-ce qui cloche selon vous dans ce plan ?
25:56 On ne se voit pas du fisc.
25:57 Pas de blague, un petit contrôle.
25:58 Je vous ai mis beaucoup de respect pour l'institution fiscale.
26:01 On est des joueurs.
26:02 Écoutez, on a une des rares administrations qui marche très bien et l'un des rares sites
26:07 internet de la fonction publique qui marche très bien.
26:09 Très juste.
26:10 Sur le plan technique, en fait, Gabriel Attal nous présente comme des innovations, des
26:14 choses qui existent déjà.
26:15 Charles Prats, qui est l'ancien magistrat et qui est aujourd'hui secrétaire national
26:19 de l'UDI, a la lutte contre la fraude sociale et fiscale.
26:21 C'est son sujet.
26:22 Il a écrit deux livres là-dessus.
26:23 Il nous explique.
26:25 Le contrôle fiscal régulier pour les ultra-riches, donc la mesure phare présentée par Gabriel
26:30 Attal.
26:31 Il se trouve que les hauts revenus, plus de 300 000 euros par an, sont déjà systématiquement
26:34 contrôlés sur pièce tous les trois ans.
26:36 Donc, c'est déjà institutionnalisé.
26:38 Les sanctions de privation du droit de vote en cas de fraude fiscale.
26:41 Article 1741 du Code général des impôts.
26:44 C'est déjà dans la loi.
26:45 Il n'y a pas besoin de créer un nouveau truc.
26:46 Le délit d'incitation à la fraude fiscale.
26:49 Alors, vous vous rappelez l'histoire du BS ? C'était ces gestionnaires de fortune
26:53 qui venaient en France clandestinement, des marchés de riches français, pour leur dire
26:57 « viens mettre ton argent en Suisse ».
26:59 Ces gens-là ont été condamnés au titre de la complicité.
27:02 Il n'y a pas besoin de créer un nouveau délit.
27:04 Les fameux James Bond fiscaux, vous savez, mes préférés, ceux qui vont poser des balises
27:07 sous les voitures des évadés fiscaux et qui vont recruter des banquiers,
27:11 des fiscalistes comme informateurs.
27:14 Pourquoi pas ? Mais commençons par rendre à nos douaniers les compétences d'enquête
27:18 sur la TVA qu'ils avaient déjà.
27:20 Ça leur a été retiré.
27:21 Alors, justement, la TVA, pas un mot dans l'interview ce matin dans le Journal de Monde
27:25 de Gabriel Attal au Monde, chez Laurence Ferrari, tout à l'heure dans Punchline,
27:29 il a expliqué qu'en fait, il n'en parle pas parce qu'il a déjà lancé des choses,
27:33 notamment la déclaration de TVA dématérialisée, etc.
27:37 Tout va transiter par le fisc et donc, normalement, il y aura une transparence totale.
27:40 Mais je note quand même que Gabriel Attal, sur la fraude, ne nous apporte aucun chiffrage.
27:45 Il dit c'est entre 30 et 100 milliards.
27:48 Ça fait une sacrée fourchette.
27:49 C'est plus un râteau à ce niveau de largeur.
27:52 La France ne publie aucune estimation de la fraude fiscale.
27:55 Donc, il n'y a pas d'objectif non plus de recouvrement de cette fraude.
27:59 Le seul chiffre qu'il nous donne, c'est 14 milliards 6.
28:01 C'est ce qui a été recouvré l'an dernier par le fisc.
28:04 Alors, c'est vrai. Comment mesurer ce qu'on ne voit pas ?
28:06 C'est une vraie question.
28:07 Mais sachez qu'il y a beaucoup de pays qui lancent aujourd'hui des travaux
28:09 pour mesurer ce qu'ils appellent l'écart fiscal,
28:12 c'est-à-dire ce que je prévois de rentrer en impôts dans l'année
28:15 et ce que je rentre réellement.
28:16 Ça nous donne une vague idée, mais idée quand même, de la fraude.
28:20 Et en l'occurrence, sur la fraude à la TVA, l'INSEE nous a dit en juillet dernier,
28:27 c'est de l'ordre de 20 à 25 milliards d'euros par an.
28:29 C'est pas mal, c'est un point de PIB quand même.
28:31 Un point de PIB de richesse nationale créée.
28:34 En l'occurrence, on sait où chercher.
28:36 Moi, je vous donne un exemple, les entreprises éphémères.
28:38 Alors ça, c'est un cauchemar à Bercy.
28:40 Si vous rencontrez des gens qui travaillent à Bercy,
28:42 ils peuvent vous en parler longuement.
28:43 Vous créez une entreprise au 1er janvier.
28:45 Vous optez pour la déclaration annuelle de TVA.
28:48 Ça veut dire que jusqu'à mai de l'année suivante, pendant 18 mois,
28:52 vous ne payez pas votre TVA.
28:54 Vous paierez tout 18 mois plus tard.
28:56 Donc pendant un an, vous engrangez votre chiffre d'affaires
28:59 et puis vous vous mettez en liquidation judiciaire.
29:01 Dingue !
29:01 Et donc la TVA, vous la gardez pour vous.
29:03 Vous voyez, la fraude, ça commence comme ça.
29:04 Il y a plein d'astuces comme ça.
29:06 Il y a plein d'entreprises éphémères qui se sont créées pendant le Covid
29:09 pour toucher les aides publiques, par exemple.
29:11 Donc ça, c'est pas de la fraude fiscale, c'est de la fraude aux aides publiques.
29:14 Mais c'est pareil.
29:15 C'est de l'argent qui est volé aux caisses du...
29:18 Enfin, ce sont nos impôts qui payent ça.
29:21 Les fraudeurs de ces entreprises éphémères ont embauché des salariés.
29:25 Ils ont placé la société en liquidation judiciaire pour toucher les AGS,
29:28 c'est-à-dire la garantie des salaires, l'assurance chômage, etc.
29:31 Alors là, on est plus dans le registre de la fraude sociale.
29:33 Mais vous voyez, c'est tout comme...
29:35 Ce qui me dérange, c'est que plutôt que de délivrer un message de fermeté générale sur le thème
29:40 "la fraude à l'impôt, d'où qu'elle vienne, ça suffit",
29:44 voilà ce qu'aurait dû dire Gabriel Attal.
29:46 Eh bien, il fait le choix d'un message en fait anti-riches,
29:48 avec des actions punitives extrêmement prononcées.
29:50 Bon, pour moi, c'est de la démagogie fiscale, tout simplement.
29:53 Alors mais Dimitri, les Français ne supportent pas la fraude,
29:57 celle des pauvres comme celle des puissants.
29:59 Et surtout, on a vu ce que vous avez dit, des choses qui existent déjà,
30:02 mais ils attendent des résultats.
30:04 Oui, bien sûr, bien sûr.
30:05 Et d'ailleurs, la lutte contre les entreprises éphémères, pour rassurer tout le monde,
30:08 ça fait partie des choses qui ont été lancées par Gabriel Attal
30:12 depuis qu'il est au ministère des Comptes publics.
30:14 Mais pourquoi il ne cogne pas sur toute la fraude ?
30:16 Pourquoi, par exemple, il ne s'en prend pas aux piscines non déclarées ?
30:19 Ça, c'est de la fraude, c'est de la fraude à l'impôt.
30:21 Aux auto-entrepreneurs qui sous-déclarent leurs revenus.
30:23 90% des VTC font ça.
30:25 Pourquoi on ne fait pas ça ?
30:26 Parce que ce sont de futures cotisations retraites que l'on n'aura pas à payer.
30:30 Vous voyez, il y a la...
30:31 Comment dire ? Il y a la fraude politiquement rentable
30:34 et puis la fraude dont on se...
30:36 dont on... Comment dire ?
30:37 - Dont on s'arrange bien. - Dont on s'accode. Merci, voilà.
30:40 Pourquoi ne s'en prendre qu'aux multinationales et aux ultra-riches ?
30:42 Moi, quand je vois ça, en fait, j'ai l'impression d'entendre Jean-Luc Mélenchon.
30:44 C'est le programme de la France insoumise.
30:46 Et en réalité, Gabriel Attal nous tient un discours d'opposant.
30:51 La lutte contre la fraude sociale,
30:52 c'est ce sur quoi vous appuyez quand vous êtes dans l'opposition.
30:55 C'est ce que fait, par exemple, Marine Le Pen.
30:57 Et regardez, Emmanuel Macron, la lutte contre la fraude sociale,
31:00 il l'a dégainé à trois reprises ces dernières années.
31:02 Après les Gilets jaunes, au nom de la justice fiscale et sociale.
31:05 Après le Covid, pour rembourser les dettes Covid.
31:08 Et pendant la campagne présidentielle.
31:10 Vous voyez, donc en fait, la réalité, c'est que
31:12 l'intention de Gabriel Attal, elle est politicienne.
31:15 On cherche un bouc émissaire pour faire oublier les retraites.
31:18 Et les riches, c'est bien commode.
31:20 C'est un bouton, vous appuyez dessus, les Français,
31:21 ils partent toujours de toute façon.
31:23 Voilà, je rappellerai quand même que la France,
31:24 c'est le dernier pays de l'Union européenne
31:26 où vous avez un impôt sur les riches.
31:28 10% des contribuables payent 70% de l'impôt sur le revenu.
31:32 En France, vous avez une contribution exceptionnelle sur les hauts revenus.
31:36 On a vu plus généreux comme paradis fiscal.
31:38 Donc, il nous joue un peu le couplet de l'espoir de la cagnotte cachée.
31:41 Donc, il suffirait de se pencher pour la ramasser.
31:44 C'était, rappelez-vous le titre de ce livre,
31:46 c'est 600 milliards qui manquent à la France.
31:48 Livre du journaliste Antoine Péillon qui était sorti
31:50 pendant la crise de la zone euro.
31:52 Ça avait cartonné à l'époque.
31:53 C'était à une époque de ras-le-bol fiscal.
31:55 En réalité, on n'en est jamais sorti.
31:57 Donc, moi, je pense que si Gabriel Attal insiste aujourd'hui
32:00 sur la fraude fiscale, c'est parce qu'il ne peut rien faire d'autre.
32:03 James Bond est nu.
32:05 En réalité, il devrait être le ministre des hausses d'impôts
32:07 pour financer tout ce qui va nous tomber sur le coin du nez.
32:10 Notamment, vous avez vu la dette qui ne cesse de s'envoler.
32:13 Il ne peut pas le faire parce que nous sommes déjà au taquet en la matière.
32:16 45% du PIB en prélèvement obligatoire.
32:20 Difficile de faire mieux record mondial.
32:22 Et si vous parlez d'économie en France,
32:24 ça passe toujours pour une régression sociale.
32:26 Que peut bien faire le ministre des Comptes publics
32:28 sinon nous parler de fraude fiscale aujourd'hui ?
32:30 Et donc, il s'y emploie.
32:33 J'ai retrouvé mon Dimitri.
32:34 Merci beaucoup, Dimitri.
32:38 Nous venons d'apprendre, Charlotte Dornelas,
32:39 que l'un des premiers djihadistes français à avoir rejoint la Syrie
32:44 demande à entrer en France.
32:46 Que sait-on exactement de lui, de sa demande ?
32:49 C'est intéressant de s'arrêter sur ce profil.
32:52 Alors, le profil, en effet, il s'appelle Brian,
32:55 je ne sais pas comment on dit, d'Ancona.
32:57 Il avait à peine 17 ans quand il est parti en Syrie.
32:59 C'était en 2013.
33:00 Donc, il a fait partie des premiers à rejoindre le théâtre,
33:04 à partir faire le djihad, en l'occurrence en Syrie.
33:07 Il est resté pendant 10 ans et il vient de se présenter,
33:10 alors c'était la première semaine de mai, mais nous, on vient de l'apprendre,
33:12 en effet, au consulat français à Istanbul avec sa petite-fille,
33:17 sa toute petite-fille, qui l'a eu ces dernières années sur place là-bas,
33:21 pour demander son rapatriement en France.
33:23 Alors, c'est un jeune qui s'est converti,
33:25 qui n'est pas de famille musulmane initialement.
33:27 Il s'est converti, il était connu dans sa cité de Nice,
33:30 où il a grandi pour avoir confessé à droite à gauche,
33:33 et ne pas du tout s'être caché, qu'il voulait rejoindre,
33:36 qu'il voulait partir faire le djihad.
33:38 Et il a fini par fausser compagnie à sa mère en prenant un avion
33:41 pour Istanbul, puis a passé clandestinement en Syrie.
33:44 Il a rejoint un groupe affilié, plus ou moins Al-Qaïda.
33:47 Vous savez, en Syrie, il y avait énormément de groupes différents.
33:49 Donc, voilà, c'est un de ces groupes plus ou moins affiliés à Al-Qaïda.
33:53 Alors, les renseignements apparemment,
33:54 de ce qui est accessible, on va dire, aujourd'hui,
33:58 l'ont suivi pendant des années.
33:59 Il a notamment été ciblé parce qu'il était extrêmement actif
34:03 dans le recrutement de jeunes Français
34:06 pour les faire partir vers la Syrie.
34:08 Il a épousé une femme, elle aussi de nationalité française,
34:11 qui est arrivée en 2019.
34:12 C'est pour ça que je vous disais, sa petite fille qu'il a eue avec elle
34:15 est sans doute très petite, on n'a pas l'âge exact,
34:17 mais voilà, elle est née après 2019.
34:18 En tout cas, il est depuis séparé de la mère.
34:20 C'est pour ça qu'il s'est présenté tout seul avec cette petite fille.
34:23 Et on sait simplement qu'il a quitté le camp dans lequel il était en Syrie
34:27 entre 2021 et 2022, et que depuis, en tout cas nous,
34:31 nous n'avons pas d'informations.
34:32 Je ne travaille pas dans les services de renseignement,
34:34 mais en tout cas, accessible, nous n'en avons pas.
34:36 Et il réclame aujourd'hui un retour en France.
34:39 Il est actuellement en Turquie.
34:41 Il est menacé d'expulsion par les Turcs,
34:42 qui, eux, gèrent leur politique d'expulsion.
34:47 Donc, il est menacé d'expulsion, en effet.
34:49 Il a un mandat d'arrêt sur le dos et c'est pour ça qu'à son retour,
34:51 en effet, il devrait être mis en examen pour association de malfaiteurs
34:56 en relation avec une entreprise terroriste.
34:58 Alors, j'ai vu que partout, tout le monde était très prudent.
34:59 On dit qu'il serait djihadiste parce que la qualification,
35:03 il n'est pas condamné pour telle ou même poursuivi pour telle.
35:07 Précisons juste que devant les caméras, en l'occurrence,
35:09 de complément d'enquête il y a quelques années,
35:10 il posait une kalachnikov à la main.
35:12 Il était très fier de dire qu'il avait tué des gens sur le terrain.
35:14 Donc, vous me permettrez d'avoir un peu moins de prudence
35:16 pour le qualifier de djihadiste.
35:18 Et d'enlever le conditionnel.
35:19 Voilà, et c'est un disciple du fameux Omar Diaby
35:23 qui était connu pour être un recruteur,
35:25 alors qu'on appelait le recruteur niçois,
35:27 qui est né au Sénégal, mais qui a en effet grandi à Nice
35:29 et qui est parti très tôt, lui aussi, en Syrie
35:32 et qui a reconstitué un groupe de combattants étrangers
35:34 dans lequel était ce fameux Brian.
35:36 Bon, bon, bon.
35:37 Comment comprendre Charles Dornel à cette demande de retour ?
35:40 Est-ce qu'il regrette ce qu'il a fait ?
35:42 Est-ce qu'il accepte d'être jugé, d'être condamné ?
35:45 Est-ce qu'il rejette ce qu'il a servi ?
35:49 Alors, il est difficile d'avoir les informations.
35:51 Déjà, vous savez, à la fois les renseignements, les policiers,
35:54 mais même tous les professionnels qui écoutent ces revenants,
35:56 ceux qu'on appelle les revenants,
35:58 disent qu'il est absolument impossible d'avoir une certitude absolue,
36:02 même sur ceux qui expriment des regrets d'avoir rejoint l'État islamique.
36:07 C'est extrêmement difficile de le croire ou pas
36:09 et qu'en tout cas, on ne peut pas tabler dessus, évidemment,
36:11 pour la simple sécurité du pays.
36:13 Je rappelle que celui qui a assassiné le père Hamel
36:16 avait dit qu'il regrettait qu'il ne voulait plus partir,
36:19 qu'en fait, il avait voulu partir,
36:20 mais que tout ça était derrière lui.
36:23 Donc, c'est très difficile de l'évaluer.
36:25 Il faut comprendre une chose, c'est que la France,
36:28 aujourd'hui, en sait moins sur leurs intentions
36:31 que eux sur les intentions de l'État islamique ou je ne sais quel groupe
36:34 au moment de partir, parce que c'est bien facile de nous expliquer aujourd'hui
36:36 "oui, mais en fait, je regrette".
36:38 À l'époque, nous, on avait tous un avis très clair
36:40 sur le comportement de ces djihadistes.
36:41 Donc, a priori, c'était quand même des adultes,
36:43 excusez-moi, il avait 17 ans, mais bon,
36:44 il avait quand même déjà son cerveau constitué,
36:47 donc il savait très bien ce qu'il partait rejoindre.
36:49 Et moi, il y a deux choses qui me viennent quand même à l'esprit.
36:51 Donc, en l'occurrence, je ne sais pas ce qu'il dit,
36:54 même ce qu'il a dit au consulat ou ce qu'il dira aux policiers demain.
36:57 Mais un, il faut quand même noter que tous ces djihadistes,
37:00 les femmes de djihadistes avec leurs enfants dont on parle très régulièrement,
37:03 ils ont rejoint un ennemi de la France, un ennemi qui a visé la France.
37:08 Ils ont, pour la plupart, ils sont partis, vous savez,
37:10 on a vu ces scènes où ils brûlaient leur passeport, etc.
37:12 Et ce sont les mêmes, en tout cas pour les recruteurs,
37:15 en tout cas pour ceux qui font toute la propagande,
37:18 ce sont les mêmes qui alimentent la propagande de la minorité islamiste,
37:23 qui accusent en permanence la France d'islamophobie.
37:26 Et accusation, pardon, qui trouve des relais bien plus largement,
37:30 on va dire, que ces djihadistes qui partent là-bas.
37:32 Je note quand même qu'un djihadiste qui quitte la France
37:36 pour aller rejoindre un ennemi de la France, qui frappe la France,
37:39 au moment de se faire juger,
37:41 préfère revenir en France que d'être jugé dans un pays musulman.
37:43 Donc pour l'accusation d'islamophobie, on repassera.
37:46 Ensuite, il ne faut pas croire non plus aujourd'hui
37:49 que la guerre est totalement perdue pour eux
37:51 et qu'ils veulent rejoindre la France uniquement parce que
37:53 il n'y a plus rien à faire là-bas, qu'ils ont perdu, qu'ils reconnaissent leur perte.
37:58 J'ai précisé qu'il était disciple du fameux Omar Diaby,
38:01 parce que pendant que la France rapatriait déjà des djihadistes,
38:05 des femmes des djihadistes,
38:06 vous savez tous ces débats qu'on a eus extrêmement souvent,
38:09 ces hommes-là, eux, continuaient à se battre ou continuent à se battre encore là-bas.
38:13 Alors certes, ce n'est pas la même ampleur,
38:15 il n'y a pas autant d'étrangers qu'il y en avait en 2013, 2015, 2016,
38:18 mais il y en a toujours.
38:19 Et là, en l'occurrence, je vous disais, lui, on n'a pas sa trace depuis 2021, 2022,
38:23 mais le 15 janvier dernier,
38:25 on a un autre Niçois qui s'appelait lui, Sofiane Mérabeth,
38:29 lui aussi disciple de ce fameux Omar Diaby,
38:32 qui est mort sur le terrain là-bas, communiqué officiel de son groupe,
38:35 il disait qu'ils avaient perdu le martyr en l'occurrence.
38:38 Donc vous voyez qu'il y a, jusqu'en janvier dernier,
38:40 des intentions chez ces combattants qui restent inchangées.
38:43 Donc on ne peut pas partir du principe, en effet, qu'ils ont perdu la guerre,
38:46 ils reconnaissent et ils demandent gentiment de rentrer à la maison
38:49 parce que tout ça est terminé.
38:50 Je note juste une phrase de ce fameux recruteur qui les a tous emmenés sur place.
38:55 Après l'attentat de Charlie Hebdo, lui avait déclaré
38:57 "Si Allah me l'avait permis, j'aurais voulu être choisi pour faire cela".
39:01 Voilà la phrase qu'il prononce à l'époque.
39:03 Donc en effet, intention ou pas, ce sont quand même...
39:06 C'est une guerre qu'ils ont menée, qu'ils ont menée là-bas,
39:08 ils ont fait leurs victimes là-bas aussi.
39:10 Et ces pays-là ont quand même un droit de regard, on va dire, sur ce qu'ils ont fait.
39:14 Capital, ce qu'on va regarder maintenant, Charlotte Dornelas,
39:18 sans savoir ce que va devenir la réclamation de ce djihadiste-là,
39:22 que sait-on de ceux que nous avons déjà récupérés ?
39:26 Là, c'était très intéressant.
39:28 Alors c'est vrai que c'est intéressant parce que c'est quelque chose...
39:29 On a toujours du mal à l'appréhender.
39:31 Or, il y a une étude qui a été faite,
39:32 donc ça s'appelle les "Cahiers d'études pénitentiaires et criminologiques",
39:35 qui a donné une mission à deux chercheurs,
39:39 en l'occurrence qui sont Xavier Chrétier,
39:40 bon j'espère que je n'écharpe pas leur nom, et Romain Seize,
39:44 qui ont acquis l'administration pénitentiaire,
39:46 a ouvert tous ces rapports d'évaluation.
39:49 Vous savez que tous ceux qui sont poursuivis pour terrorisme,
39:53 djihadisme en rapport avec l'islamisme, le terrorisme islamique,
39:56 ils passent par les quartiers d'évaluation de la radicalisation
39:59 et ils rencontrent un nombre important de professionnels
40:01 qui évaluent à la fois leur vie, leur passé, leur situation familiale,
40:06 leurs études, un peu tout, et leur radicalisation.
40:09 Donc eux, ils ont étudié 96% des 367 hommes
40:14 qui sont incarcérés au 1er janvier 2022 en France,
40:17 et ils nous apprennent beaucoup de choses,
40:18 donc c'est extrêmement concret,
40:20 et ils cassent pas mal de clichés qu'on a sur les djihadistes.
40:24 Un, il n'y a évidemment pas de djihadistes qui viennent de la ruralité.
40:28 Ils nous disent, la présence, ouvrez les guillemets,
40:29 la présence djihadiste est conforme à la densité de population nationale
40:33 et à la concentration d'une grande part de la population d'origine immigrée.
40:37 Étant donné qu'on nous explique toujours que tout ça n'a aucun rapport avec rien,
40:40 je les cite dans le texte.
40:42 Ensuite, ils nous disent, c'est un djihadisme français.
40:45 En revanche, le djihadisme est avant tout français à 81%,
40:48 ce n'étant rien un produit massif d'importation en lien direct
40:51 avec les flux migratoires de la crise syrienne.
40:53 Alors là, c'est la petite, comment dire, contribution.
40:58 C'est-à-dire qu'ils nous expliquent que ça n'a rien à voir avec les flux.
41:01 Le Bataclan avait tout à voir avec les flux de la crise syrienne, on se souvient.
41:05 La majorité des terroristes étaient arrivés par là.
41:07 Et là, ils nous expliquent que oui, à 81%,
41:10 ceux qui sont poursuivis sont nés, ont grandi en France,
41:13 sont de nationalité française.
41:15 J'ai envie de dire, c'est encore pire.
41:16 C'est bien tout notre problème.
41:18 C'est que là, c'est l'échec absolu de l'assimilation, l'intégration,
41:21 l'inclusion, vous prenez ce que vous voulez.
41:22 En tout cas, ils ont été, en effet, ils sont nés en France,
41:25 ils ont été élevés en France et ils ont pris les armes contre la France.
41:27 On a un gros, gros, gros problème.
41:29 Ensuite, le cadre de vie est plutôt stable, c'est-à-dire à moitié.
41:34 Donc, on ne nous dit pas, c'est des gens qui sont extrêmement,
41:38 comment dire, qui ont des familles qui ont éclaté, etc.
41:41 On a une grande précarité chez beaucoup d'entre eux,
41:44 une faiblesse de capital scolaire chez l'immense majorité,
41:47 mais un parcours personnel plutôt stable.
41:50 Et pire encore, nous disent-ils, plus leur parcours familial est stable,
41:54 plus, ouvrez les guillemets, ce sont des militants convaincus
41:57 et idéologiquement structurés.
41:59 En voyant tous ces dossiers, ils concluent à une chose,
42:02 c'est que c'est un combat pour l'avenir,
42:04 ils veulent construire une société, en l'occurrence,
42:07 ils nous le disent, le califat mondial,
42:09 et c'est encore pire quand ils ont femmes et enfants,
42:11 quand ils sont stables, parce qu'ils veulent encore plus
42:14 ce monde qu'ils veulent faire advenir.
42:16 Sont-ils des déséquilibrés, puisqu'on en parle extrêmement souvent ?
42:20 Ouvrez les guillemets, seuls 8% des acteurs se sont vus diagnostiquer
42:23 des troubles psychiatriques et 16% des fragilités psychologiques
42:26 moyennes ou fortes.
42:27 Et alors là, on nous dit quelque chose d'intéressant,
42:29 qui va peut-être nous faire comprendre le décalage,
42:31 il y a une augmentation considérable des profils fragiles psychologiquement
42:35 depuis le Bataclan.
42:36 C'est-à-dire qu'initialement, l'État islamique mettait de côté
42:39 les profils psychologiquement instables,
42:41 parce qu'il voulait des combattants "sérieux",
42:43 en qui ils pouvaient avoir confiance.
42:45 Et depuis, vous avez en effet tous les déséquilibrés inscrits
42:49 dans ce monde culturel-là.
42:51 Alors eux, évidemment, ils font comme ils ont vu à la télé.
42:54 Donc évidemment, il y a une augmentation de ces profils-là,
42:56 mais initialement, le djihad, ce n'est pas une maladie psychiatrique.
43:00 C'est un combat qui est mené par des gens qui savent exactement
43:02 ce qu'ils font.
43:03 Ensuite, est-ce que la prison est responsable ?
43:05 72% des gens aujourd'hui incarcérés n'avaient jamais mis les pieds
43:08 en prison.
43:09 Donc c'est la prison qui est responsable de toute la radicalisation,
43:11 non plus.
43:12 Est-ce que la France est responsable ?
43:14 Alors là, on a une proportion importante,
43:16 41% + 12%, on va dire, des personnes qui déclarent
43:19 ne jamais avoir ressenti de forme de stigmatisation.
43:23 Et un chercheur précise, ce ressenti croît à mesure que les personnes
43:27 se rapprochent du fondamentalisme.
43:28 Ils nous disent pourquoi ?
43:29 Parce qu'ils sont de plus en plus minoritaires à mesure qu'ils sont
43:32 de plus en plus islamistes.
43:33 Et par ailleurs, ça se voit de plus en plus.
43:35 Et donc, il y a des réactions de plus en plus fortes.
43:37 Donc en gros, ils n'ont jamais été stigmatisés en France,
43:40 sauf quand ils sont devenus islamistes et qu'ils ont rejoint le djihad.
43:42 Jusqu'ici, tout est à peu près normal.
43:44 Et ensuite, est-ce que la radicalisation est expresse ?
43:47 Alors, ils nous disent 24% sont radicalisés,
43:49 vient à lieu de culte.
43:50 Les réseaux amicaux tiennent une place extrêmement forte.
43:52 Ils rencontrent quelqu'un et ça joue énormément.
43:54 Et 71% ont accéléré leur radicalisation via Internet.
44:00 Mais nous disent-ils, chez la plupart d'entre eux,
44:02 la radicalisation s'inscrit majoritairement dans un temps long.
44:06 Tout ça nous dessine un profil.
44:07 Alors évidemment, il y a différents profils,
44:09 mais globalement, on a des adultes qui sont conscients,
44:13 qui sont responsables et qui ont choisi la guerre qu'ils mènent.
44:16 Alors, au moment de se poser énormément de questions pour les rapatriés,
44:20 il faut se souvenir que eux, s'ils veulent rentrer en France,
44:22 c'est simplement parce qu'ils ont identifié notre faiblesse,
44:24 pas parce que tout à coup, ils se sont souvenus que la France était leur pays.
44:29 Où est-ce qu'on pourrait trouver cette étude, Charlotte ?
44:31 Alors, sur le site du ministère de la Justice.
44:34 Merci infiniment pour cette précision.
44:37 Oui, ça peut presque...
44:38 Je suis d'accord avec vous, Marc Menand.
44:39 Marc Menand, justement, on va faire un nouveau...
44:42 On va s'arrêter sur ce nouveau fléau des ados.
44:45 Vous aimez beaucoup parler des jeunes et ça vous est très cher, ce sujet.
44:49 Mais on a vu un article de l'Express qui montre comment
44:53 les mineurs sont accros aux médicaments Xanax,
44:57 l'exomyl, codéine, contre le stress, l'insomnie, l'anxiété.
45:02 En 2021, la consommation d'anxiolytiques chez les mineurs a augmenté de 16%.
45:07 C'est grave ?
45:09 C'est plus que grave, alors, puisque l'on est...
45:11 D'abord, pour planter le décor,
45:13 vous avez le Haut Conseil de la Famille, de l'Enfance et de l'Âge,
45:17 qui en 2021, déjà, fulmine contre ce qui se passe dans la jeunesse.
45:22 Et puis, on a aussi l'Observatoire national du suicide, ONS, en septembre 2021.
45:28 Et si l'on fait une synthétisation de ce qu'il pointe,
45:32 c'est que depuis 2014, de 2014 à 2021,
45:38 on a 48% de jeunes qui entrent en détresse morale.
45:44 Alors, comment expliquer ça ?
45:46 Forcément, il y a la période Covid.
45:49 Personne ne peut le nier.
45:50 C'est-à-dire que, dans les facteurs mis en avant,
45:53 c'est la baisse du contrat social, de la camaraderie au quotidien,
46:00 c'est l'enfermement dans une cellule familiale
46:03 dans laquelle on n'a pas toujours sa place.
46:06 Et puis, bien sûr, il y a la peur de la contamination.
46:10 Cette angoisse crée quoi ?
46:12 Eh bien, un désir de compensation.
46:14 Et la compensation, on la trouve dans un des éléments corrupteurs de l'esprit,
46:19 qui est le sucre.
46:21 Le sucre, si on se fie à l'EMS,
46:25 il ne faudrait pas, pour tout un chacun,
46:28 dépasser 5% de ce que nous consommons au quotidien,
46:33 dans les apports journaliers.
46:35 Or, chez les jeunes, on atteint jusqu'à 60%.
46:40 Comment allez-vous dire ?
46:41 Parce qu'il y a le sucre en tant que tel,
46:44 mais il y a également tout ce qui sort de l'agroalimentaire,
46:47 ce que l'on achète pré-cuisiné.
46:49 Il y a les farines blanches, il y a les sodas.
46:54 Et tout cela fait qu'on est dans une surconsommation.
46:58 Avec quoi comme conséquence ?
47:00 Si vous ajoutez le fait d'utiliser le portable,
47:03 ce repli sur soi.
47:05 Et il y a deux jours, je ne sais plus si c'est dans le bureau,
47:07 on en parlait, sur les conséquences de la concentration de l'enfant.
47:13 Le sucre, vous avez une perte de vigilance.
47:17 Mais le portable, à force de passer d'un support à l'autre,
47:20 vous n'arrivez plus à rester plus d'une minute
47:24 sans avoir une nécessité de solliciter une nouvelle information.
47:28 Donc vous imaginez, vous êtes dans un stress,
47:31 et dans tout cela, l'angoisse qui commence à vous happer.
47:36 Un mal-être.
47:37 Un mal-être.
47:38 Et un enfermement, un repli sur soi.
47:41 Alors, les conséquences, c'est qu'à l'école,
47:43 vous n'avez plus la possibilité de vous intéresser aux cours.
47:47 Là, je ne parle même pas, je n'ai pas de jugement
47:50 sur les conditions de l'éducation telles qu'elles sont proposées.
47:54 Je devrais dire plutôt l'instruction.
47:56 Bref, toujours est-il que les résultats s'effondrent,
47:59 les parents s'inquiètent,
48:01 et là, on va rejoindre ce qui se passe aux États-Unis.
48:04 Parce qu'aux États-Unis, ils ont toujours 20 ou 30 ans d'avance sur nous.
48:07 Et les enfants qui étaient déjà dans ce système de dégradation mentale,
48:13 qui se voyaient au-delà de la psyché,
48:16 il suffisait de voir comment ils grossissaient et grossissaient.
48:19 Parce que plus vous mangez de sucre, plus vous êtes en surpoids,
48:22 plus vous arrivez à l'obésité.
48:24 Et aux États-Unis, c'est 65% de la population
48:28 qui malheureusement est dans cette souffrance.
48:30 Et à partir de là, on a pris l'habitude,
48:33 non pas de s'interroger sur ce qu'étaient les causes originelles,
48:37 mais tout simplement comment obtenir un résultat immédiat.
48:41 Et les psychologues et les psychiatres ont tout de suite prescrit de quoi ?
48:46 Eh bien, ils ont prescrit tous les neurolyptiques possibles,
48:50 tous les psychotropes.
48:51 Alors on pourrait se dire, mais c'est formidable,
48:53 parce que ça permet de réguler.
48:55 Il n'y a plus question de se laisser accaparer par une idée noire.
49:00 Eh bien non, malheureusement, on s'est rendu compte
49:03 que s'il y avait une légère amélioration dans les 15 jours,
49:08 ensuite, pour la plupart, ils tombaient dans l'abîme,
49:12 dans l'abîme du noir.
49:14 Tant et si bien que la FDA, qui est la Food and Drug Administration,
49:20 je sais que j'ai un anglais extraordinaire,
49:21 je vous remercie de l'avoir souligné.
49:24 Quelle modestie !
49:26 Et qui s'occupe de la mise sur le marché des médicaments en général,
49:33 est arrivé à cette conclusion en 2004
49:36 et a exigé que les boîtes y figurent cette alerte.
49:41 Attention, chez les jeunes, utiliser ces psychotropes entraîne quoi ?
49:46 Eh bien, entraîne une augmentation du désir de suicide,
49:52 de destruction de soi et des autres.
49:55 Alors là, ça se corrèle avec d'autres études.
49:57 En Norvège, on a vu sur 1 500 adultes
50:00 et on s'aperçoit qu'il y a 7 % de tentatives de suicide en plus.
50:05 Et ces tentatives de suicide,
50:07 on ne cesse de les voir se multiplier depuis deux ans ici en France.
50:13 Et que fait-on ? On prescrit, on prescrit.
50:15 Et ce ne sont pas spécialement les psychiatres.
50:17 Il n'y a pas assez de pédopsychiatres.
50:19 Ce sont des médecins, des médecins qui n'ont pas la connaissance.
50:24 Et quand on a cette connaissance,
50:25 eh bien malheureusement, on s'aperçoit que pour lutter contre l'anxiété,
50:29 ces médicaments très, très forts n'ont aucun résultat.
50:34 Mais qu'en revanche, ça engendre les drames.
50:38 Et là, j'aurais pu vous raconter plusieurs histoires sordides.
50:41 Et vous pouvez regarder ce documentaire
50:44 qui a été réalisé par une commission d'enquête à Los Angeles
50:48 qui s'appelle Didwang.
50:51 C'est sur Internet.
50:52 Et vous allez voir les cas pathétiques auxquels on est confronté.
50:55 Quelles sont vos sources, mon cher Marc ?
50:57 Les sources, elles sont multiples.
50:59 Quand je vous parle, par exemple, vous avez David Hillet,
51:03 qui est le directeur du département de médecine psychiatrique du Pays de Galles,
51:07 qui dit, eh bien voilà, ces médicaments ne peuvent que provoquer,
51:11 conduire à des actes violents.
51:13 Quand je vous donne par exemple la FDA, je ne peux pas vous donner mieux.
51:17 C'est l'agence officielle qui elle-même détermine que c'est un danger.
51:22 Et si vous voulez toutes les autres sources, j'en donne quelques-unes dans mon livre.
51:25 Merci beaucoup, Marc Menand.
51:28 Et puis rappelons que ce sont des mineurs qui ont eu...
51:30 Oui, oui, oui.
51:31 Alors, deux professeurs de l'Éducation nationale ont été récemment sanctionnés.
51:36 On leur reproche par leur prise de parole publique,
51:40 Mathieu Bocotte, essentiellement sur les réseaux sociaux,
51:42 d'avoir abîmé la réputation de l'Éducation nationale, leur employeur.
51:46 Ils auraient surtout outrepassé leur devoir de réserve.
51:49 De quoi s'agit-il?
51:50 Alors, c'est une histoire assez intéressante qui touche deux personnes,
51:53 René Chiche et Franklin Niyamsi.
51:55 J'espère ne pas avoir mal prononcé son nom.
51:57 Qu'est-ce qu'on leur reproche?
51:58 Au premier, le plus connu, je crois, c'est René Chiche,
52:01 qui est très présent sur les réseaux sociaux
52:04 et qui faisait partie, au moment de la pandémie,
52:07 des gens qui étaient très sceptiques sur les mesures sanitaires
52:10 et qui les dénonçaient avec une vigueur peut-être exagérée
52:13 dans les comparaisons historiques qu'ils proposaient.
52:15 Je vous donne pas de détails, mais vous allez vous comprendre pourquoi.
52:18 Ensuite, dans le cadre de Franklin Niyamsi,
52:19 il se prononce beaucoup sur la question de la France-Afrique,
52:22 donc la politique étrangère de la France, et ainsi de suite.
52:25 Vous me direz, mais quels propos ont-ils tenus?
52:27 Et je distinguerai tout de suite deux questions.
52:29 Nous sommes ici devant deux professeurs,
52:32 des professeurs qui, à ce qu'on en sait,
52:34 n'ont pas tenu les propos qu'on leur reproche dans leur salle de classe.
52:38 Donc, lorsqu'ils sont en classe, lorsqu'ils sont devant leurs élèves,
52:41 lorsqu'ils sont devant leurs étudiants,
52:43 ils s'en tiennent à leur matière.
52:45 Lorsqu'ils sortent de leur salle de classe,
52:48 ils redeviennent, comme vous, comme moi, des citoyens comme les autres.
52:51 Et on peut deviner que s'ils sont professeurs,
52:53 ils ont une vocation intellectuelle même plus affirmée.
52:56 Et là, parce que leurs propos outrepassent,
52:58 ce qu'on pourrait appeler une forme de consensus médiatiquement acceptable
53:01 à certains moments, notamment sur la COVID
53:04 ou là sur la politique étrangère, qu'est-ce qu'on leur reproche?
53:06 On dit, vous avez outrepassé votre devoir de réserve.
53:10 Mais la question de savoir si lorsqu'on sort de sa salle de classe
53:13 et qu'on est enseignant,
53:14 lorsqu'on sort de sa salle de classe,
53:15 est-ce qu'on doit continuer de se comporter
53:18 comme si on était devant ses élèves,
53:20 avec le vrai devoir de réserve qui s'applique?
53:22 Je déteste, quant à moi, si vous pouvez l'imaginer,
53:24 à quel point je déteste les professeurs
53:26 qui profitent de leur fonction pour endoctriner.
53:28 Quelle que soit la cause,
53:29 je déteste ceux qui endoctrinent à l'école.
53:32 Mais lorsque vous sortez de votre salle de classe,
53:34 est-ce qu'on peut toujours vous reprocher d'endoctriner
53:36 ou est-ce que vous ne retrouvez pas votre liberté de citoyen?
53:38 Donc, dans cette histoire, cette histoire toute simple,
53:41 eh bien, la question qui se pose, ce n'est pas
53:42 est-ce qu'on est d'accord ou non avec les propos des deux professeurs.
53:45 C'est une question secondaire.
53:47 La question est de savoir si un professeur peut ou non,
53:49 lorsqu'il sort de sa salle de classe, parler librement.
53:51 Eh bien, René Chiche et Franklin Yamsi
53:53 ne sont pas dans cette possibilité.
53:56 Mais vous me permettrez de vous parler d'un troisième cas
53:58 un peu différent, mais qui nous touche d'une censure
54:00 sous un autre visage.
54:01 - Alors, justement, ça nous intéresse.
54:02 C'est quoi, ce troisième cas?
54:04 - On a déjà parlé ici de Florence Bergeau-Blacklare.
54:08 C'est une chercheure du CNRS, si je ne me trompe pas,
54:11 qui est spécialiste de l'islam, de l'islamisme
54:14 et qui vient publier un livre majeur sur le frérisme.
54:16 Globalement, l'idéologie des frères musulmans et apparentés.
54:20 Pour ce livre, elle est régulièrement dénoncée en ce moment.
54:24 - On voit ici son livre.
54:25 - Ah oui, je l'ai lu, c'est un livre tout à fait remarquable.
54:28 Pour ce livre, elle est régulièrement dénoncée.
54:30 Il y a une campagne de diffamation dans la presse,
54:32 où on attaque sa crédibilité,
54:35 où on attaque la légitimité de ses recherches,
54:37 où on la présente comme une polémique sans envirgure,
54:39 où on cherche finalement à la tuer socialement.
54:42 Elle reçoit aussi des menaces, des menaces de mort.
54:45 C'est plutôt désagréable quand les islamistes font des menaces de mort.
54:47 Normalement, ça peut mal se finir.
54:49 Donc, elle reçoit de telles menaces.
54:51 Elle était invitée par la Sorbonne
54:53 à faire une conférence autour de son livre, autour de ses thèmes.
54:56 Elle publie le tweet suivant.
54:58 "On m'informe que la doyenne de la faculté de lettres de la Sorbonne
55:02 a demandé la suspension de ma conférence sur le frérisme,
55:05 qui devait se tenir le 12 mai, pour des raisons de sécurité.
55:08 Elle ne m'a pas contacté.
55:10 Il n'y a pourtant eu aucune manifestation contre l'événement."
55:13 Et là, c'est absolument fondamental, ce qui se passe ici.
55:15 Parce que c'est la nouvelle méthode utilisée pour la censure.
55:18 Qu'est-ce qu'on dit?
55:20 On voudrait bien vous accueillir, mais la sécurité, on ne peut pas vous l'assurer.
55:23 Donc, puisqu'on ne peut pas vous assurer la sécurité,
55:25 et que ça remet en question la sécurité de l'ensemble des gens
55:27 qui fréquentent cet établissement, nous devons vous annuler.
55:31 C'est arrivé, si je ne me trompe pas, à Geoffroy Lejeune,
55:34 à Sciences Po Nice, si je ne me trompe pas, ou à l'Île, pardon.
55:37 On a dit qu'on ne peut pas assurer votre sécurité.
55:39 Il y a deux choses qui sont présentes ici.
55:41 Soit c'est vrai, il y a des menaces.
55:43 Et dans ce cas-là, c'est le rôle, à moins qu'on ne soit plus dans une société libérale,
55:46 ou dans une république, c'est le rôle des autorités d'assurer la sécurité de chacun,
55:51 et de ne pas laisser les intimidateurs, de ne pas laisser ceux qui menacent,
55:54 être capables de faire une telle pression sur l'institution
55:57 qu'elle se couche parce qu'elle a peur.
55:59 Ou alors, ces menaces sont plus ou moins fantasmées,
56:02 et l'institution en profite parce qu'elle ne veut pas de controverses,
56:05 pas de vagues, comme on dit, parce qu'elle ne veut pas s'associer à une figure
56:08 que les médias de gauche ont jugée controversée.
56:11 Les médias de gauche, dès que vous n'êtes pas d'accord avec eux, vous êtes controversés.
56:14 Quelquefois, vous êtes controversés sans même le savoir,
56:16 ils vous le disent comme ça, c'est une manière de vous coller une étiquette d'infréquentabilité.
56:19 Ils sont spécialistes là-dedans. On l'a vu dans le dossier dans l'Ibé.
56:21 Alors, quoi qu'il en soit, c'est la nouvelle manière de censurer quelqu'un,
56:24 et là, on dit, bien, on ne peut pas vous inviter, question de sécurité.
56:27 Moi, j'ai une question toute simple, c'est accordé, si je peux me permettre,
56:30 je vais me donner mes mots, un pouvoir de censure immense aux intimidateurs,
56:33 aux violents, aux radicaux, qu'il suffit qu'ils fassent une menace
56:36 pour que, finalement, l'institution se couche et annule les conférences controversées.
56:40 Quant à moi, je ferai un appel, c'est à mon tour de faire un appel,
56:43 un appel à Papandyaï, j'espère que Papandyaï, qui est un homme qui tient
56:46 à la liberté d'expression, je n'en doute pas, qui tient à la liberté d'expression
56:49 de ses chercheurs, je n'en doute pas, qui va se porter à la défense
56:52 de Florence Bergeau-Blacklare en disant, je me porte à votre défense,
56:55 votre conférence sera assurée, votre sécurité sera assurée,
56:58 et ceux qui cherchent à vous faire taire, c'est à eux de craindre
57:01 pour leur situation parce que ce sont des intimidateurs,
57:04 on n'accepte pas la loi de l'intimidation en République, je suis persuadé
57:07 que Papandyaï entendra cet appel et se portera à la défense de cette chercheure
57:10 qui pourra, je l'espère, faire sa conférence en Sorbonne.
57:13 - J'espère que cet appel sera entendu. - Je suis un optimiste de nature.
57:16 - Sinon, c'est menace que je me couche.
57:19 - Merci beaucoup, Mathieu Bancote, merci à tous.
57:22 Tout de suite, à la Minute Info, Michael Dos Santos,
57:25 je vous dis à la suite, Pascal Praud pour l'heure des produits. A demain.
57:29 - Gabriel Attal a dévoilé son plan contre la fraude fiscale.
57:32 Le ministre délégué chargé des Comptes publics veut durcir les sanctions
57:35 pour les très grandes fraudes, et notamment la fraude internationale.
57:38 Des contrôles pourraient être effectués tous les deux ans
57:41 pour les 100 plus grandes capitalisations boursières.
57:44 En parallèle, il compte alléger la pression sur les patrons de PME.
57:47 Les députés demandent que Wagner soit qualifié de groupe terroriste.
57:50 Ce mardi, une résolution a été adoptée à l'Assemblée nationale
57:53 pour que le groupe paramilitaire russe soit en place.
57:56 S'il y eut accès à leurs demandes, les mercenaires et leurs soutiens
57:59 pourraient être sanctionnés financièrement.
58:02 Le groupe Wagner est accusé d'exaction contre des civils en Ukraine.
58:05 Et puis un journaliste de l'AFP, tué dans une frappe de roquette
58:08 dans l'Est de l'Ukraine, selon des collègues qui l'accompagnaient.
58:11 Armand Soldin, coordinateur vidéo pour l'AFP, est mort après une attaque
58:14 à proximité de Bakhmout, une ville située visée quotidiennement
58:17 par les militaires de l'Afp.
58:20 - Je suis très content de vous avoir écouté.
58:23 - Merci.
58:26 les forces russes.
58:27 [Musique]