• l’année dernière
Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Bonsoir et bienvenue sur CNews, je suis ravie de vous retrouver avec vos mousquetaires préférés
00:05 qu'on va accueillir dans un instant. L'émission commence juste après.
00:08 Un rappel des titres avec Adrien Spiteri pour commencer.
00:10 Le projet de loi de relance du nucléaire adopté en première lecture à l'Assemblée nationale,
00:18 il doit notamment permettre de bâtir 6 EPR d'ici à 2035.
00:23 Des députés LR, RN et communistes ont voté en faveur du texte.
00:27 En revanche, les députés ont retoqué le projet de réforme de la sûreté.
00:32 La SNCF prévoit un trafic très perturbé ce jeudi, conséquence d'une nouvelle journée de mobilisation
00:38 contre la réforme des retraites. Les prévisions à détailler seront communiquées demain.
00:43 Mercredi, 4 TGV sur 5 et 6 intercités sur 10 circuleront en moyenne.
00:49 Epivolodimira Zelensky réagit à la visite de Xi Jinping en Russie.
00:54 Le président ukrainien affirme avoir invité la Chine à dialoguer.
00:58 Il attend toujours une réponse.
01:00 Le président chinois est actuellement à Moscou pour évoquer la guerre en Ukraine.
01:04 Il a notamment rencontré son homologue russe, Vladimir Poutine.
01:08 Et à la une ce soir, nous parlerons de ce gouvernement qui est fragilisé,
01:14 de ce président aussi qui cherche une issue mais qui pour l'instant ne change rien
01:18 et ne veut rien entendre.
01:20 Comment peut-il sortir de cette séquence sans sombrer dans l'immobilisme ?
01:25 Est-il déjà ce qu'on appelle un lame duck en politique, traduisons grossièrement par canard boiteux,
01:30 c'est-à-dire un président sortant aux pieds et mains liés, attendant son successeur élu ?
01:35 Alors certes, Emmanuel Macron n'en est pas encore là puisqu'il lui reste encore 4 ans.
01:39 Mathieu Boccoté va se pencher sur cette question dès le début de l'émission.
01:43 Des recours, des recours comme s'il en pleuvait auprès du Conseil constitutionnel.
01:47 Peut-il d'ailleurs retoquer entièrement la loi ou à la marge sur quelques articles ?
01:52 Et puis quid du référendum d'initiative partagée ?
01:55 Encore un parcours du combattant institutionnel, nous dira sans doute Dimitri Pavlenko.
02:01 Et cette rue, cette rue qui gronde de manière un peu plus désordonnée chaque jour ?
02:07 Alors on envoie ça et là une nouvelle brigade spécialisée dans les violences urbaines.
02:10 Pour remettre de l'ordre, ce sera la chronique de Charlotte Dornelas ce soir.
02:16 Marc Menand, lui, reviendra sur le droit de manifester et sur les grandes grèves au siècle dernier.
02:22 A commencer par la grève des électriciens en 1905, où on parlait déjà de blocage.
02:29 Enfin, le temps syndical est-il toujours intact ?
02:31 Ou sommes-nous passé à quelque chose de plus incontrôlable encore avec une jeunesse qui se soulève ?
02:36 Mais de quelle jeunesse parle-t-on au juste ? Et qui trouve-t-on derrière ?
02:39 Mathieu Boccoté reviendra bien sûr sur cela en fin d'émission.
02:42 Vous l'aurez compris, une heure pour décrypter l'actualité sociale et la crise politique du moment. C'est parti.
02:50 Bonsoir et bienvenue. Bonsoir Mathieu. Je suis ravie de vous retrouver dans cet exercice.
03:07 - Bonsoir, je vous remercie. - Plaisir partagé.
03:08 On va parler évidemment pour commencer d'Emmanuel Macron.
03:10 Avec cette question, peut-il reprendre en main la situation ?
03:13 On annonçait son allocution ce soir, finalement il n'en sera rien, ce sera demain.
03:17 Emmanuel Macron qui d'ailleurs va s'adresser aux Français à 13h dans le cadre d'un entretien sur TF1 et sur France 2.
03:24 Alors Olivier Véran a dit ce matin qu'il en profiterait à cette occasion pour annoncer ce qu'il entendait faire pour la suite.
03:31 Et on peut effectivement se demander s'il y a le début d'une porte de sortie dans la crise actuelle.
03:37 Est-ce qu'on peut espérer d'ailleurs à cet égard une réponse convaincante du président ?
03:42 Alors on pourrait dire de la Macronie qu'elle est à la recherche en ce moment d'un récit.
03:46 Elle est à la recherche d'un récit pour se convaincre et convaincre qu'à travers tout cet exercice, c'est elle qui a gagné.
03:53 Et non seulement a-t-elle gagné, mais elle a gagné dans les règles. Et non seulement a-t-elle gagné dans les règles, mais elle en s'en renforçait.
04:00 Alors puisque ce récit est contre-intuitif, pour le dire de termes modérés, on doit travailler fort.
04:07 On fait travailler les ménages dans l'espoir de convaincre les Français qu'en fait c'est toute autre chose qui se passe.
04:12 Nous serions dans un grand moment du quinquennat.
04:15 Alors interview demain, on aurait pu s'attendre, je le confesse, un truc en fait ce soir à 21h, solennel, régalien comme on a dit,
04:24 très présidentiel avec des majuscules partout. Pour un moment, Emmanuel Macron s'adresse à la nation.
04:30 Le format adopté demain avec l'argument utilisé est quelque peu étonnant.
04:33 À 13h, sur l'heure du déjeuner, pour respecter la France des territoires qui aiment bien rentrer à la maison,
04:39 prendre un petit coup et déjeuner en regardant la télé et le JT.
04:42 Il y a quelque chose là-dedans, c'est Emmanuel le pittoresque.
04:45 En fait, finalement, il y a quelque chose d'inattendu dans cette manière de dire les choses.
04:49 On ne peut plus, et on pourrait croire qu'il prenne la Macronie, prendre parti de la population pour des crétins.
04:54 Je ne le pense pas. Mais je ne sais qu'on ne peut plus, on aurait pu le penser.
04:57 Alors, il y a quelque chose d'un peu étonnant dans cela, d'autant que dans la recherche d'un récit,
05:03 les conseillers du président, qui prétendent parler en son nom, on verra demain ce qu'il dit véritablement,
05:09 les conseillers du président multiplient les petites phrases, envoient des indices pour nous dire quel sera le prochain récit.
05:15 Dimitri, bonjour.
05:18 - Il vous a exposé, Dimitri. Bravo.
05:21 - Alors, quel est ce récit? Alors, le premier élément, c'est que nous serions victimes d'une ruse de la Mélenchonnie.
05:30 Tout ce qui se passe en ce moment serait le fait... on pourrait aussi y voir, je ne le dis pas,
05:35 mais on pourrait aussi y voir une forme de pensée conspirationniste.
05:38 La Mélenchonnie organiserait de ville manière des protestations pour soulever le pays
05:43 contre une manœuvre qui serait parfaitement démocratique, on le répète.
05:48 D'autant que les règles auraient été parfaitement respectées.
05:53 C'est ce qu'ont répété Bruno Le Maire, Olivier Dussopt, Mme Brune-Pivet.
05:57 Chacune le dit, il n'y a pas de crise, en fait. Il n'y a pas de crise.
06:00 Il y a simplement les mélenchonnistes qui cherchent à exciter la pulsion et la passion du désordre dans le pays,
06:06 mais ce serait finalement une forme de théâtre de timbal, un jeu d'orchestre de cuivre,
06:12 mais derrière tout cela, la réalité, ce serait que ça ne se passe pas trop mal.
06:15 D'ailleurs, on avait prévu que ça se passerait, parce que tout se passe bien,
06:19 mais ce qui se passe mal était déjà prévu.
06:21 C'est pour vraiment tordu.
06:24 C'est poussé.
06:25 C'est rusé. Mais qu'est-ce qu'on nous explique?
06:27 La Macronie, devant cette situation, pour avoir un récit qui lui convient, doit devenir le parti de l'ordre.
06:34 Le parti de l'ordre s'est assumé très clairement, donc Emmanuel Macron doit être présenté
06:38 comme celui qui défend la République, à la fois l'idée et le régime, contre les factieux qui voudraient la faire tomber.
06:46 Et le pari, c'est qu'une fois l'approbation obtenue du Conseil constitutionnel,
06:51 la prochaine étape, c'est que les syndicats légalistes se démobiliseraient
06:55 et les derniers opposants, ce seraient les radicaux dont tous se moqueraient.
07:00 Et finalement, le parti de l'ordre se serait reconstitué.
07:03 La Macronie aurait regagné sa légitimité en tenant tête à la rue.
07:09 Et on comprend d'ailleurs cette idée que plus les exciter, les agiter dans la rue se manifeste,
07:13 plus, d'une certaine manière, le pouvoir se réjouit, parce que ça permet de changer la nature du débat.
07:18 Et là, on nous présente un président héroïque.
07:21 Je cite un commentaire, c'est un article dans Le Figaro qui était passionnant.
07:24 Je cite comment on présente Emmanuel Macron dans la Macronie pour la suite des choses.
07:29 « Alors, il aurait exercé un mandat de crise de montagne russe, résume à l'épreuve du chef de l'État
07:36 en évoquant les Gilets jaunes, le COVID, la guerre en Ukraine.
07:39 C'est un héros de roman national.
07:41 Il épouse les tragédies du moment et celles de l'histoire
07:44 en ne déviant pas de son intime conviction.
07:46 Il y a tout dans ce pays pour aller de l'avant et se tenir debout ensemble.
07:52 Alors, devant cette présentation mythifiée quelque peu sous le signe d'un héros
07:57 qui tiendrait tête dans la tempête et réussirait à redresser le pays sans jamais avoir tombé,
08:01 si j'étais conseiller d'Emmanuel Macron, ce que je ne suis pas, mais si je l'étais,
08:04 je l'inciterais peut-être à avoir une posture un peu différente,
08:07 peut-être davantage main tendue, plutôt que la posture du capitaine devant la tempête,
08:12 d'autant que ce qui a filtré depuis quelques heures,
08:15 on nous a dit que demain, dans cet entretien de 13 heures au moment du déjeuner provençal,
08:19 Emmanuel Macron a la ferme intention d'annoncer qu'il ne cédera rien,
08:23 ni référendum, ni remaniement, et la troisième option, c'était ni dissolution, rien,
08:29 il ne cédera rien, voilà pourquoi s'adresse-t-il aux Français.
08:32 Alors, François Hollande, ce matin, disait qu'il n'y a pas de majorité alternative à la Macronie en ce moment,
08:37 sauf le RN qui attendrait son heure, en somme.
08:41 Alors, c'est intéressant parce que François Hollande, qui est un excellent commentateur politique,
08:45 il a eu un jour l'idée de devenir président, ça c'était autre chose.
08:47 Mais c'est une forme d'Alain Duhamel amélioré, en quelque sorte.
08:53 Or, la force de François Hollande, c'est de bien comprendre à la fois les tendances politiques,
08:57 les jeux d'appareil, et aussi les ancrages sociologiques.
09:00 Or, qu'est-ce qu'on peut dire en ce moment, c'est qu'effectivement, il n'y a pas de majorité alternative,
09:03 à condition de préciser qu'il n'y a pas de majorité non plus au pouvoir en ce moment.
09:08 Ce qu'on appelle majorité relative en ce moment, c'est ce qu'on appelle partout ailleurs dans le monde,
09:13 là où existe une forme de démocratie parlementaire, c'est ce qu'on appelle un gouvernement minoritaire.
09:18 Qu'est-ce que c'est un gouvernement minoritaire?
09:20 C'est un gouvernement où la minorité la plus forte parvient à gouverner,
09:24 sauf si d'autres minorités parviennent à faire alliance entre elles pour composer un gouvernement de substitution.
09:29 Qu'est-ce qui se passe? Or, quelle est la force de la Macronie en ce moment,
09:32 donc de ce gouvernement minoritaire ou de cette majorité relative?
09:36 C'est que c'est l'expression politique des institutions dominantes du pays.
09:40 Donc, sa véritable force, c'est que c'est l'expression des élites dominantes, des élites économiques, des élites sociologiques.
09:47 C'est la classe politique générée par le régime.
09:50 Donc, elle est en accord naturel, spontané, avec ce qu'on pourrait appeler le régime plus largement.
09:55 Donc, dès lors, elle peut gouverner. On ne conteste pas sa légitimité.
09:59 L'autre, évidemment, classe dominante, classe d'hive politique en voie de rechange,
10:04 qui pourrait se présenter comme de substitution, c'est LFI.
10:07 Mais sa rhétorique révolutionnaire fait en sorte que c'est difficile d'aller au-delà de son premier,
10:12 de son bassin d'électeurs, de ceux qui sont prêts à la soutenir.
10:14 La force de LFI, elle est réelle, c'est d'avoir l'appui du parti médiatique.
10:18 L'appui du parti médiatique, ça fait que dès quand on voit des casseurs d'extrême gauche,
10:22 quand on voit, Jean-Luc Mélenchon, multiplier quelquefois les déclarations conspirationnistes,
10:26 le système médiatique traite toujours ça comme des faits divers ou des faits insignifiants
10:30 qui ne méritent pas d'être au cœur du récit médiatique.
10:34 Mais quoi qu'il en soit, personne ne voit dans le scénario actuel LFI s'imposer
10:38 comme ceux qui s'emparent des circonstances et qui rétablissent l'ordre à leur manière.
10:43 Alors finalement, il y a la question du RN.
10:45 Le RN, qui est dans une...
10:47 Il faut dire que c'est un récit qui existe depuis 30 ans.
10:49 Le RN serait tapis dans l'ombre, caché, guettant, le moment de s'emparer du pouvoir de ville manière.
10:55 Et là, c'est réactivé, mais il y a un peu de vérité dans les circonstances.
10:59 Le RN se présente aujourd'hui, veut se présenter du moins, comme la majorité de remplacement.
11:03 Avec cette nuance, que s'il prenait le pouvoir,
11:06 ce ne serait pas un changement dans la classe dirigeante,
11:10 mais ce sera un changement de classe dirigeante.
11:13 Mais vous noterez le discours qui est utilisé en ce moment, c'est la diabolisation habituelle.
11:18 Plus ils sont démocrates, moins ils sont démocrates.
11:20 Plus ils respectent les usages parlementaires, moins ils les respectent au fond d'eux-mêmes.
11:23 Donc la machine à diaboliser est relancée. On le voit ces jours-ci, d'ailleurs.
11:27 - Alors, est-ce qu'il n'y a pas un peu d'exagération dans le sens où...
11:29 C'est vrai que l'interdit qui frappe le RN est quand même moins vif aujourd'hui qu'il ne l'a été dans le passé.
11:35 - Bien sûr, parce qu'ils sont au Parlement.
11:37 La réalité fait en sorte qu'il faut désormais tenir compte de l'existence de ces parlementaires
11:42 et du fait qu'ils l'incarnent une partie du pays.
11:44 Mais les mécanismes de diabolisation demeurent actifs,
11:47 demeurent assez efficaces même, quoi qu'on en dise.
11:49 Le cordon sanitaire tient encore globalement.
11:53 Mais cela dit, ce qui est intéressant, c'est de voir comment,
11:57 lorsque la machine à diaboliser fonctionne, de quelle manière on cherche aujourd'hui
12:01 à écrire le nouveau ton dans l'histoire de la diabolisation du RN.
12:05 Il y a une note de Terra Nova qui vient de paraître et qui est intéressante.
12:08 Terra Nova, le think tank progressiste, socialiste, qui est capable de produire des idées.
12:13 Ensuite, on peut être en désaccord, mais ils produisent des analyses construites.
12:16 Et qu'est-ce qu'ils nous disent?
12:18 Fondamentalement, le RN serait parvenu à se construire au véritable appareil politique,
12:23 ce ne serait plus une bande d'amateurs.
12:25 Ce serait une véritable équipe politique, dont on les accuse d'ailleurs de fraude.
12:28 On dit finalement, vous vous présentez comme les représentants de la France populaire.
12:31 Non, non, vous êtes vous aussi des politiques professionnels.
12:34 Je crois que pour eux, c'est une insulte.
12:36 Mais quoi qu'il en soit, c'est le terme utilisé.
12:38 Et là, il y a, par ailleurs, mais il y aura encore des méchants.
12:40 Il y aura encore des méchants dans le parti.
12:42 Je cite un passage qui m'a beaucoup amusé.
12:44 « La stratégie de normalisation du RN n'efface pourtant pas toutes les traces de l'ancien FM.
12:50 Bien sûr, Marine Le Pen se tient à bonne distance des identitaires et autres adorateurs de Jeanne d'Arc,
12:56 issue de la vieille filiation des Maurassiens à l'extrême droite.
12:59 Sachons désormais que la référence à Jeanne d'Arc est une référence des identitaires et autres adorateurs de Jeanne d'Arc et des Maurassiens à l'extrême droite. »
13:07 Quoi qu'il en soit, on nous explique que la diabolisation doit se maintenir.
13:10 Pourquoi? Et là, c'est intéressant.
13:13 Historiquement, on associe la diabolisation, le rejet du RN,
13:16 aux outrances de Jean-Marie Le Pen sur la Deuxième Guerre mondiale,
13:20 qui avait été expulsée comme un corps étranger de la démocratie française.
13:24 Mais là, on nous explique que la diabolisation doit se maintenir.
13:27 Pourquoi? Globalement, parce que le parti tient encore une conception de la nation
13:31 qui distingue clairement entre le citoyen et celui qui ne l'est pas, la fameuse préférence nationale,
13:35 et aussi qu'il y aura un fond de conservatisme culturel et identitaire dans ce parti.
13:39 Donc, si la diabolisation doit se maintenir, ce n'est plus à cause des outrances d'un vieux chef,
13:43 aujourd'hui au chômage, que plus personne n'appelle, soit dit en passant,
13:47 mais la diabolisation doit se maintenir à cause de l'attachement marqué
13:50 à une forme de discours national fort au RN.
13:53 Alors, c'est intéressant de savoir quels sont les critères qui permettent de diaboliser aujourd'hui.
13:57 Quant à moi, tant qu'on utilisera dans le système médiatique le terme d'extrême droite
14:00 pour qualifier ce parti, on peut dire que globalement, il sera tenu à l'écart
14:04 de la délibération publique légitime. Chose certaine, quel que soit le scénario
14:08 qui sortira de tout ça, la crise dont nous parlons ne trouvera pas résolution
14:11 dans les prochains jours ni les prochaines semaines.
14:13 Ça va prendre encore quelques mois, quelques années, et on verra ce que ça donnera
14:16 pour l'instant, personne ne sait.
14:18 Merci beaucoup. On vous retrouve évidemment en fin d'émission pour votre deuxième chronique.
14:21 On va faire un petit détour par l'Elysée avant de vous retrouver, Dimitri Pavlenko,
14:25 parce que Gautier Lebret nous attend. Gautier, on a beaucoup parlé de ces consultations
14:29 qui ont duré toute la journée pour l'exécutif. À l'heure qu'il est, Emmanuel Macron
14:34 reçoit, enfin rencontre, les députés et les sénateurs, les parlementaires de la majorité.
14:39 L'idée étant que, sans aller jusqu'à s'autocongratuler, on a quand même parlé
14:43 aujourd'hui, non pas d'une défaite, mais de quelque chose qui n'était pas une défaite,
14:47 mais quasiment, pratiquement d'une victoire du côté de l'exécutif.
14:50 Oui, alors les parlementaires sont en train d'arriver pour cette réunion qui va débuter
14:56 dans 15 minutes. Nelly, objectif remobiliser les troupes, parce qu'on ne se cache pas
15:00 du côté de la majorité, de nombreux députés, Renaissance, Modem ou Horizon, ont été vexés
15:06 de ne pas aller au vote. Ils ont été déçus de ne pas faire usage de leur vote et que
15:11 tout cela soit court-circuité par un 49-3. Vous l'avez dit, Emmanuel Macron enchaîne
15:15 les consultations depuis ce matin. Ce matin, il réunissait les grands chefs à plumes,
15:19 comme on a l'habitude de le dire, de la majorité. Et je peux vous dire ce qu'il a dit face
15:23 à eux. Il a dit que le vote sur les motions de censure, un vote donc gagnant pour le gouvernement,
15:28 c'était une victoire et non une défaite. Et ce terme "victoire" a également été
15:33 employé par Elisabeth Borne. Donc on voit la stratégie du gouvernement, minimiser l'usage
15:39 de ce 49-3, circuler. Il n'y a rien à voir. C'est un peu le message qu'envoie l'Elysée
15:43 ce soir. Et puis Emmanuel Macron a affirmé ce matin qu'il n'y aurait ni référendum
15:48 ni dissolution, pas même un remaniement.
15:50 Merci beaucoup. On verra ce qu'il en sort tout à l'heure. On aura évidemment quelques
15:54 petites infos-coulisses en votre compagnie. Merci Gauthier Lebres depuis l'Elysée.
15:59 Bonsoir Dimitri Pavlenko. Alors on vient de voir avec Mathieu qu'Emmanuel Macron
16:04 a écarté complètement à ce stade l'option du référendum que réclamait d'ailleurs
16:08 le Rassemblement national. Des pétitions circulent également en ce sens aujourd'hui,
16:13 c'est important de le préciser. Il pourrait d'ailleurs y avoir un référendum sur les
16:17 retraites malgré le refus du président. C'est ce qu'on appelle le référendum d'initiative
16:23 partagée. Mais là c'est une autre paire de manches sur le plan constitutionnel et
16:29 c'est difficile à mettre en place. Oui, c'est un des débouchés possibles de la réforme.
16:33 C'est loin d'être le seul, mais il est très intéressant. Alors je vous le garde
16:35 pour la fin celui-là, mais d'abord si vous me permettez un petit commentaire sur, je
16:38 trouve, la schizophrénie politique du pays depuis jeudi dernier. Quand même d'un côté
16:42 vous avez de sérieux dérapages de la contestation hors des clous de la légalité depuis une
16:46 semaine. Gérald Darmanin qui à 13h, on va en parler juste après avec Charlotte de
16:49 la Police, 1200 manifestations non déclarées depuis 5 jours et des gens qui viennent transgresser
16:55 volontairement la loi, qui mettent le feu comme ça dans la ville, aux propres comme
16:59 figurer, pour se plaindre de l'irrégularité supposée d'un processus parlementaire. C'est
17:04 quand même complètement dingue. Ces gens-là nous disent que les outils employés par le
17:08 gouvernement, bien qu'inscrits dans la constitution, donc parfaitement légaux, ça leur déplait,
17:13 donc qu'à cela ne tienne, qu'est-ce qu'ils font ? Ils bafouent la loi au nom d'une mystérieuse
17:17 - j'ai trouvé la formule ce matin dans le journal Le Figaro - qui citait Antoine Léaumant
17:21 de la France Insoumise. On l'aime bien Antoine Léaumant, ça fait un moment qu'on en parle.
17:24 C'est lui qui entreprend une réhabilitation de Robespierre et qui nous parle d'une mystérieuse
17:28 légitime défense sociale contre une loi violente. Autrement dit, vous avez le droit de tout
17:33 casser si politiquement vous êtes indigné. C'est ça le message qu'envoie aujourd'hui
17:36 une partie des Français qui se manifeste dans la rue. J'insiste, une partie, ça n'est
17:41 pas le peuple, on en a longuement parlé hier. Donc d'un côté vous avez les infractions
17:44 volontaires et de l'autre vous avez le petit train législatif qui poursuit tranquillement
17:49 son chemin, qui avance comme si tout allait parfaitement dans le meilleur des mondes,
17:53 le mieux réglé.
17:54 Alors une fois les deux motions de censure rejetées, où en est-on aujourd'hui du processus ?
17:58 Alors c'est intéressant de prendre le temps de voir en fait où on en est, ce qui va se
18:02 passer. Ce n'est plus au Parlement que ça se joue pour le moment, c'est au Conseil
18:05 constitutionnel. Alors je rappelle, puisqu'on va beaucoup en parler du Conseil constitutionnel,
18:09 que c'est l'un des deux garants du respect de la Constitution en France. Vous avez d'abord
18:12 le Conseil d'État, c'est une juridiction administrative le Conseil d'État, qui est
18:16 chargé de vérifier la régularité des actes administratifs et c'est aussi à lui, Conseil
18:20 d'État, que le gouvernement transmet ses projets de loi avant qu'il passe en Conseil
18:25 des ministres. Donc vous voyez, avant que ce soit débattu au Parlement, Conseil d'État.
18:28 Le Conseil constitutionnel, alors c'est 1799 le Conseil d'État, c'est Napoléon.
18:33 Le Conseil constitutionnel, 1958, le général de Gaulle, lui, il intervient après le vote
18:40 de la loi. Donc au stade où on en est, ça a été voté par les deux chambres, le texte
18:44 n'est pas encore promulgué, vous avez donc cet intervalle de contrôle a priori, comme
18:49 on dit, quand on dit contrôle a posteriori, c'est les fameuses QPC, questions prioritaires
18:53 de constitutionnalité, pour des textes qui sont déjà votés, qui sont déjà promulgués.
18:57 Donc là, vous avez avant promulgation, contrôle de conformité par rapport au bloc de constitutionnalité.
19:03 Désolé, c'est un peu fastidieux, mais c'est du droit, il faut connaître un peu. Le bloc
19:06 de constitutionnalité, c'est quoi ? Vous avez la constitution de 1958, plus le préambule
19:11 de la constitution de 1946, plus la charte de l'environnement de 2005. Bref, c'est pas
19:16 ce qui nous intéresse. Donc tous les textes ne passent pas devant le Conseil constitutionnel,
19:20 mais la réforme des retraites, oui. Pourquoi ? Parce que c'est un texte budgétaire et
19:25 qui a un contrôle budgétaire du Conseil constitutionnel. Je vous l'ai déjà dit,
19:29 l'enveloppe législative, qui a été le fameux véhicule législatif, on a l'expression
19:34 beaucoup qui tourne en ce moment, qui a été choisie, c'est un PLFSSR, projet de loi
19:39 de financement de la sécurité sociale rectificatif. Et donc c'est obligatoire que ça parte
19:44 au Conseil constitutionnel. Donc c'est pour ça que quand hier soir, Elisabeth Borne,
19:48 Première ministre, annonce qu'elle va saisir directement le Conseil constitutionnel,
19:52 astuce de com', vous avez bien compris qu'elle n'a pas le choix en fait, ça c'est automatique,
19:56 c'est dans la procédure législative. Mais pourquoi est-ce qu'elle prend la peine de dire
20:00 ça Elisabeth Borne ? C'est pour nous dire, moi Première ministre, je suis autant à cheval
20:05 sur la légalité que ne le sont mes opposants, Rassemblement national, la gauche, etc.
20:10 Vraiment c'est de la communication politique. Donc vous avez plusieurs saisines du Conseil
20:14 constitutionnel à ce stade, vous en avez en fait quatre. Vous avez le Rassemblement
20:18 national qui a déposé la sienne ce matin, on en attend une des députés de la NUPES,
20:23 une autre saisine des sénateurs socialistes, plus une quatrième saisine qui en fait
20:31 est la première chronologiquement parce qu'elle a été déposée hier soir. Alors là c'est
20:34 celle qui concerne notre RIP, notre référendum d'initiative partagée. 250 parlementaires
20:39 de gauche, députés et sénateurs, qui demandent l'examen de ce projet de loi qui devrait,
20:47 qui pourrait déboucher sur un RIP. Et donc encore une fois, vous voyez que le droit se mêle
20:52 à la communication et à la politique. Alors qu'est-ce que ça entraîne ces différentes
20:55 saisines concrètement ? Qu'est-ce qui peut se passer ? Comment ça peut déboucher ?
21:00 L'enjeu c'est ce qu'il y aura dans la loi au moment où on va la promulguer. Est-ce
21:05 que les Sages vont conserver tous les articles ? Je rappelle qu'il y en a 20. Est-ce qu'ils
21:09 censurent tout ou partie du texte ? C'est ça l'enjeu très concrètement. Donc le texte
21:13 pour le moment il est suspendu à cet examen. Alors le gouvernement vous savez que depuis
21:16 le départ il veut aller le plus vite possible sur le texte et donc il a la possibilité
21:21 d'exiger l'urgence, de décider l'urgence. Et donc l'examen par les Sages du Conseil
21:26 constitutionnel, plutôt que de durer un mois, serait ramené à huit jours. Donc là vraiment
21:31 ça n'est pas encore tranché. Et notez que le Conseil constitutionnel ne se prononce
21:35 pas sur est-ce que c'est juste ou non de reporter la retraite à 64 ans. L'aspect
21:40 politique de la réforme ne l'intéresse pas. Lui c'est encore une fois le contrôle
21:44 de constitutionnalité, c'est très important. Alors sur quoi il peut trouver à redire ?
21:48 L'axe d'attaque majeure des opposants au texte, que ce soit de gauche comme du Rassemblement
21:52 national, c'est justement ce que je vous disais, le choix du véhicule parlementaire.
21:56 D'abord dit, cette réforme de retraite c'est un texte budgétaire. L'avantage que ça
22:00 a, c'est que ça a permis au gouvernement d'accélérer à fond et d'activer notamment
22:04 le fameux article 47.1, vous vous rappelez, qui permettait de réduire à 20 jours les
22:09 débats à l'Assemblée nationale, puis à 15 au Sénat. Donc ça c'est les avantages.
22:13 L'inconvénient, c'est que tout ce qui n'est pas strictement budgétaire dans votre
22:16 projet de loi, là il est quand même extrêmement fragilisé. Vous prenez par exemple le CDI
22:20 senior, qui a été décidé par les sénateurs et donc maintenu en commission mixte paritaire.
22:27 Le CDI senior, bon, on peut dire que c'est une mesure budgétaire, pourquoi ? Parce qu'il
22:31 prévoit du zéro charge famille pour l'employeur. Donc ça peut être considéré comme une mesure
22:36 budgétaire. Mais l'index senior par exemple, ce truc de notation des entreprises selon
22:40 qu'ils ont assez ou pas assez de seniors, il y a des chances quand même que ça dégage.
22:44 Voilà, ça n'a rien à voir avec la choucroute. Donc là pour le moment, vous êtes dans ce
22:48 qu'on appelle un cavalier social. Ça n'a rien à voir avec notre enjeu de financement
22:52 de la Sécu. Viennent ensuite, donc tout ce que le gouvernement a pu utiliser comme technique
22:58 si vous voulez, pour accélérer les débats. Alors je ne vous le refais pas, mais au Sénat,
23:02 les articles 38, 42, le vote bloqué, etc. Et le 49-3 bien sûr. Le tout ayant nuit,
23:10 ça c'est ce que disent les opposants à la clarté et la sincérité des débats. Donc
23:15 en clair, qu'est-ce que ça veut dire tout ça ? Ça veut dire qu'il y aura probablement
23:18 une censure partielle, certains bouts du projet de loi. La censure globale, c'est
23:22 peu probable. Pourquoi ? Parce que les juges qui sont souvent attaqués, on parle souvent
23:26 nous aussi de l'état de droit, est-ce que les juges aujourd'hui empiètent sur le pouvoir
23:29 politique ? Si les juges commencent à rejeter en bloc la réforme, ils vont être attaqués
23:32 immédiatement, on va dire. C'est un geste politique. Ils ne veulent pas porter cette
23:35 responsabilité. Voilà. Et il n'y a que deux textes qui ont été rejetés dans leur
23:38 réalité depuis le début de la Ve République. Vous avez la loi de finances 1980 et la loi
23:43 du flot sur le logement social, ça c'était en 2012. Alors penchons-nous sur cet autre
23:47 outil que vous avez évoqué au début de votre chronique, c'est-à-dire le RIP, référendum
23:52 d'initiative partagée. Alors ça, si vous avez un peu de mémoire, ça vous dit quelque
23:56 chose. Il y en a déjà eu un en France. C'était, rappelez-vous, sur la privatisation
23:59 d'Aéroports de Paris, d'ADP. Alors ça n'avait pas marché parce qu'à l'époque,
24:03 c'était en 2020, il n'y avait eu qu'un million de soutiens rassemblés, il en fallait
24:06 4,7 millions, c'est 10% du corps électoral. Ça n'avait donc pas marché. Mais qu'est-ce
24:12 qui s'est passé derrière ? ADP n'a pas été privatisé. Donc vous voyez la leçon
24:17 de tout ça, c'est que, que ça marche ou pas le RIP, c'est un instrument puissant
24:21 de dissuasion politique. Et, alors hier soir, ce qui s'est passé, vous avez quand même
24:25 250 parlementaires qui ont saisi le Conseil constitutionnel pour cela. Le risque pour
24:32 Emmanuel Macron avec cette procédure, c'est que ça encalmine complètement la réforme
24:35 des retraites. Il y a un risque, si vous prenez les échéances, il y a 9 mois de temps
24:41 de collecte des signatures. Derrière, si les signatures sont rassemblées, le Parlement
24:46 a 6 mois pour examiner. Éventuellement, la durée, si ça n'aboutit pas, on peut décider
24:51 le référendum, le temps de la campagne, etc. Ça veut dire que là, il y a peut-être
24:54 18 mois devant nous de réforme des retraites. Donc pour Emmanuel, le calvaire législatif
24:58 d'Emmanuel Macron peut-être n'en est qu'à ses débuts. Et le RIP, on voit qu'en réalité,
25:02 son grand avantage, c'est que ça fixe des boulets au pied de votre projet de loi. Ça
25:08 l'encalmine complètement.
25:09 Merci beaucoup. C'était très clair, très pédagogique. C'est un mot qu'on a beaucoup
25:13 entendu pendant ces deux mois. Là, pour le coup, vous l'étiez vraiment, Dimitri.
25:17 Regardez ces images. On va se quitter là-dessus momentanément, bien sûr. C'est la petite
25:21 page pub, mais on y reviendra parce qu'il y a un rassemblement qui est en train de se
25:24 tenir, Place de la République, avec cette place qui est en train de se remplir. Ils
25:28 étaient quelques centaines et notre équipe sur place nous dira sans doute d'ici quelques
25:31 minutes qu'il y a maintenant sans doute quelques milliers de personnes alors que la nuit tombe.
25:36 Mais vous le voyez, tout est calme sur ces images. A tout à l'heure.
25:38 Passons à l'info de retour avec vous, avec ces images qu'on vous fait découvrir, si
25:46 vous nous rejoignez à l'instant, de la Place de la République où le lot de manifestants
25:50 est en train de grossir à la faveur de la nuit qui tombe. Vous le voyez, nos équipes
25:53 sont sur place. Nous les rejoindrons tout à l'heure pour savoir quels sont les manifestants
25:57 de la soirée. On rappelle que c'est une manifestation déclarée et quel est le profil et le discours
26:04 qu'ils tiennent au lendemain dans ces motions de censure qui ont été rejetées à l'Assemblée
26:09 nationale. Ce qui nous conduit à parler aussi du maintien de l'ordre parce que c'est la
26:13 sixième soirée de mobilisation. On a vu des manifestations sauvages qui ont dégénéré
26:17 ces derniers jours, Charlotte dans les rues de Paris notamment, mais pas seulement. On
26:21 pourrait parler aussi des autres grandes villes de France qui ont subi le même sort. Alors
26:25 on parle beaucoup des braves en ce moment qui interviennent dans ces manifestations.
26:28 Certains y voient la résurrection de ce qu'on appelait les voltigeurs, dissous il y a de
26:34 nombreuses années, maintenant après le traumatisme Malik Oussekine. De quoi s'agit-il exactement ?
26:39 Qui sont-ils ces braves ? Alors en effet le lien est fait en permanence, or ça n'a absolument
26:44 rien à voir. C'est-à-dire qu'il y a en commun le fait qu'ils se déplacent à moto, mais
26:47 ça s'arrête là. C'est-à-dire que les braves ce sont les brigades de répression, de l'action
26:52 violente. En gros vous avez des compagnies d'intervention, c'est la sécurité publique.
26:56 Les compagnies d'intervention vont dans la rue, ici et là, quand il y a une manifestation,
26:59 elles sont assez mobiles. Et à Paris, ces compagnies d'intervention sont composées
27:03 en braves. Alors vous avez des compagnies à pied, il y en a six à Paris, six de jour
27:08 plus une de nuit. Et dans chaque compagnie, donc une compagnie c'est 200 hommes à peu
27:11 près, et dans chaque compagnie vous avez une section qui est à moto. Alors les motos,
27:17 en clair, parce qu'on va briser un peu les fantasmes de tout le monde ces derniers jours,
27:20 la moto elle est conduite par un motard de la police nationale qui n'a rien à voir avec
27:24 les compagnies d'intervention et qui conduit une personne des compagnies d'intervention,
27:28 un policier qui est donc en tenue pour aller intervenir. Et la raison pour laquelle les
27:33 braves ont été créés, c'est en raison de l'impossibilité de circuler dans Paris
27:37 les jours de manifestation. Donc se rapprocher de la manif quand vous avez 30 gars à déplacer,
27:42 c'est absolument impossible. Donc on les met à l'arrière de la moto et l'énorme
27:46 différence avec les voltigeurs, on se souvient, c'est les grandes années Mitterrand, les
27:49 voltigeurs, c'est les gars qui avaient une matraque à la main et qui passaient, qui
27:52 donnaient des coups de matraque à moto. Et là, ils doivent intervenir dans un cadre
27:57 légal qui est exactement le même que tous les autres policiers et ils ont interdiction
28:01 absolue de faire la moindre action policière sur la moto. Ils sont déposés à moto, ils
28:07 descendent et ensuite ils interviennent comme n'importe quel policier. Il y en a même
28:11 un qui m'a expliqué que la seule exception, alors il m'a dit qu'il faut vraiment qu'il
28:15 y ait un danger quasiment de mort directe sur le policier parce qu'il m'a dit que ça
28:18 arrive que les motos elles-mêmes soient attaquées par une foule qui arrive sur la moto.
28:22 La foule dans le gilet jaune, souvenez-vous, ces images de fuite sur le carter de l'Elysée.
28:26 Et la seule chose qu'ils ont le droit de faire à ce moment-là, c'est à la limite
28:29 d'utiliser la gazeuse pour éloigner les manifestants et pouvoir partir à moto. Et
28:34 Mathilde dit qu'il vaut mieux avoir des explications circonstanciées au moment de sortir sa gazeuse.
28:39 Donc il n'y a pas le côté, on passe en moto et on met un coup de matraque. Alors
28:43 leur métier par rapport à ça, c'est de faire cesser les infractions, donc intervenir
28:48 quand il y a des casseurs. Quand vous avez une manifestation déclarée ou pas qui se
28:52 passe calmement, les braves n'interviennent pas, elles ne viennent pas à ce moment-là.
28:56 Donc c'est vraiment faire cesser les infractions. En gros, vous avez un centre de commandement
29:00 à qui on dit "dans telle rue, il y a des casseurs, des poubelles qui brûlent, des
29:04 scooters ou un blocage de la circulation, etc." On appelle la brave, on leur dit "vous
29:09 allez dans telle rue" et là, ils doivent intervenir. Ensuite, quand ils interviennent,
29:13 ils ciblent la personne, c'est-à-dire la personne qui est en infraction, ils la ciblent
29:17 en flagrant délit au moment où elle commet son infraction et ils fondent la foule, en
29:22 gros, si foule il y a, pour aller chercher la personne en question. Ils remplissent un
29:27 PV en expliquant exactement pourquoi ils l'ont ciblée, qu'est-ce qu'il était en train
29:30 de faire, comment il est habillé, qu'est-ce qu'il doit faire. Là, ils le mettent dans
29:33 une voiture qui le conduit au commissariat et c'est un officier de police judiciaire
29:36 et non pas eux, qui auditionne la personne et qui ensuite dresse le PV d'audition,
29:41 appelle le procureur, qui décide ou non de poursuivre. Vous voyez, on n'est pas non
29:44 plus dans un truc où il n'y a plus aucune règle et tout ça n'existe pas. Alors,
29:48 évidemment, ils font énormément parler parce que d'abord, on a le souvenir des
29:52 voltigeurs et que quand vous voyez des policiers arriver à moto, forcément, vous y pensez.
29:56 La deuxième chose, c'est qu'ils interviennent forcément puisqu'on voit le feu, etc.
30:00 On a vu les images ces derniers jours. Quand vous êtes sur place, ce n'est pas forcément
30:04 aussi impressionnant que quand vous voyez des images avec des policiers qui arrivent
30:07 à moto, qui vont cibler une personne avec une foule potentiellement hostile à l'extérieur.
30:12 Ils m'ont dit parfois qu'on retrouve dans les sacs des oranges congelées. C'était
30:14 la mode il y a un moment. Des oranges congelées, c'est des boules de pétanque en fait.
30:18 Vous avez beaucoup de blessés parmi. Donc, il faut avoir un regard à 360, intervenir
30:23 extrêmement vite, cibler une personne en particulier avec potentiellement une foule
30:26 assez hostile. Forcément, les images sont spectaculaires. Par ailleurs, quand on
30:30 commente une image, on n'a pas forcément ni le comportement des manifestants, ni celui
30:35 des policiers en entier. On a une vision qui est forcément beaucoup plus sensationnelle
30:41 que ce qui se passe sur le terrain.
30:43 Et puis, il y a une autre brigade qui est apparue dans le paysage récemment. On en
30:46 a beaucoup parlé ces derniers jours. Il s'agit de la CRS8. On s'en souvient, elle
30:51 a été envoyée à Rennes il y a quelques jours pour intervenir sur ces manifestations
30:54 qui dégénéraient. Qu'est-ce qu'elle a de particulier, peut-être même en opposition
30:58 à la BRAV ?
30:59 Oui, alors la CRS8, c'est une compagnie de CRS assez classique sur le papier.
31:05 Simplement, elle avait été créée en juillet 2021. C'est une création assez récente.
31:09 Après les affrontements, je ne sais pas si vous vous souvenez, entre les communautés
31:12 maghrébines et tchétchènes à Dijon, où l'État n'avait pas su intervenir parce
31:16 qu'on ne voulait pas envoyer le RAID, parce que ce n'est pas directement le RAID, c'est
31:19 de l'antiterrorisme. Là, en l'occurrence, c'était des émeutes qui se passaient à
31:23 Dijon et on ne savait pas trop comment intervenir parce que, notamment, je ne vais pas
31:26 rentrer dans les détails trop techniques, mais la question du commandement qui n'est
31:31 pas forcément fait en toute subsidiarité, notamment dans la question du maintien de
31:34 l'ordre. Donc, quand les décisions sont prises dans un centre de commandement extrêmement
31:37 loin du terrain et que le terrain bouge en permanence, ça donne parfois une impuissance
31:42 réelle et on l'a vu d'ailleurs de nombreuses fois. Alors, l'idée, c'était de muscler
31:46 la sélection pour rentrer dans la fameuse CRS8, mais il y en a trois autres qui sont
31:52 en construction, on va dire, dans trois grosses villes aujourd'hui en France. Et l'idée,
31:57 c'était de faire une sélection, notamment d'ordre physique et psychologique, assez
32:01 sérieuse et une formation continue. Pourquoi ? Parce que contrairement aux CRS, vous savez,
32:05 les CRS, quand ils sont à Paris ou même les gendarmes mobiles d'ailleurs, ils arrivent
32:08 parfois, il y en a qui arrivent de Marseille, ils se déplacent partout. Là, il y a une
32:13 idée probablement de régionalisation, donc éviter les déplacements intempestifs et surtout,
32:18 ils travaillent une semaine sur deux. C'est beaucoup plus régulier, ça, ça attire beaucoup
32:21 de CRS parce qu'ils ont des emplois du temps complètement dingues. Mais résultat, ils
32:25 sont mobilisables, on va dire, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Il y a deux groupes de
32:28 100 personnes en gros et donc, ils travaillent chacun une semaine. Et donc, quand ils n'interviennent
32:33 pas dans les rues, ils sont en formation continue, ce qui fait défaut beaucoup dans la police
32:38 aujourd'hui, la formation. Donc, ils ont à la fois un emploi du temps beaucoup plus
32:42 régulier et une formation beaucoup plus forte. Vous comprenez que ça attire. Et l'idée,
32:47 c'est que partout en France, les compagnies d'intervention, celles qui sont des braves
32:51 à Paris mais qui existent partout en France, sont privilégiées parce qu'elles sont beaucoup
32:55 plus mobiles et réactives. Là, l'idée, c'était un peu la même chose. Et l'accent
32:59 est mis, m'a-t-on dit, dans ceux qui sont aujourd'hui à la CRS 8, dans l'interpellation,
33:05 là encore, en flagrant délit. Donc, l'idée derrière, c'est la claire volonté de judiciariser
33:09 finalement les infractions qui sont commises dans ces situations parce que c'est extrêmement
33:14 compliqué pour la justice. On dit parfois, mais ce n'est pas possible, en fait, ils sont
33:17 arrêtés et tout le monde ressort. Oui, parce que pour condamner quelqu'un en France et
33:21 dire merci quand même, il faut des preuves matérielles. Et donc, si vous n'intervenez
33:25 pas en flagrant délit, après, bon courage, les gars, ils savent particulièrement, notamment,
33:29 se silhouetter et se désilhouetter. C'est le vocabulaire un peu. C'est-à-dire changer
33:34 immédiatement. Vous commettez une infraction, vous changez d'apparence. Et donc, les caméras,
33:38 vous pouvez dire tant que vous voulez que ça n'est pas vous. Mais simplement, que ce
33:41 soit dans les braves, que ce soit à la CRS 8 et plus largement, que ce soit dans la police
33:46 tout entière, la question, en effet, du suivi de leur travail par la justice, c'est-à-dire
33:51 finalement la question du sens de ce qu'ils sont en train de faire. Est-ce qu'ils sont
33:55 dissipateurs de brûleurs de poubelle ? Ils n'ont pas forcément signé pour ça à la
34:00 base. Ou est-ce qu'ils sont là vraiment pour faire respecter la loi, auquel cas elle
34:05 doit être respectée parce que ça n'est pas entre leurs mains de sanctionner en vertu
34:09 de la loi. Et ça, il n'y a pas pire découragement. Et ce découragement, il est à plein aujourd'hui.
34:14 Alors, parlons de ces hommes et ces femmes également, puisqu'il y a des femmes parmi
34:19 eux. Comment lire les critiques qui les atteignent d'une part et leur frustration d'autre part,
34:24 c'est important de le préciser, parce que ça paraît parfois un peu contradictoire.
34:27 Et en fait, ce qui est contradictoire, et je pense que là, c'est vraiment une question
34:30 politique de fond, c'est que leur métier, notamment, alors évidemment, leur métier
34:34 quand il s'agit de lutter contre la délinquance, théoriquement, tout le monde est content.
34:38 C'est toujours une question, est-ce que vous aimez votre police ou pas ? Il n'y a pas
34:41 question d'amour, en fait, ce n'est pas tellement le sujet. Simplement, évidemment,
34:44 la police est absolument nécessaire dans la société. En cas de contestation populaire,
34:48 c'est un petit peu plus compliqué que ça, puisque la police qui intervient pour contenir,
34:53 voire contraindre la contestation populaire spontanée, elle est forcément impopulaire
34:58 à ce moment-là. Ce qu'on est en train de voir ces jours-ci, et c'est vrai dans n'importe
35:02 quel mouvement en général, c'est qu'il y a une confusion évidente, de facto, j'ai
35:06 envie de dire, dans la rue, entre les décisions politiques d'Emmanuel Macron et ce qui se
35:12 place entre Emmanuel Macron, à qui s'adresse réellement la contestation, et les policiers
35:17 qui, eux, sont sur le terrain pour empêcher précisément les contestataires d'attendre
35:22 potentiellement Emmanuel Macron. Donc, quand vous avez une critique très longue qui dit
35:28 "mais vous nous privez de tous les outils de représentation", on en parle beaucoup
35:31 ces jours-ci, mais on ne sait plus comment vous exprimer ce qu'on pense du pays, de
35:36 la conduite du pays, des choix politiques que vous faites, et qu'en plus dans la contestation,
35:41 on vous colle des policiers entre vous et l'Elysée, pour faire simple, évidemment
35:45 les policiers sont extrêmement impopulaires. Mais je pense qu'à la limite qu'ils soient
35:49 impopulaires, ce n'est pas tellement leur sujet, ils s'en fichent un peu d'être impopulaires
35:52 au moment de la manifestation. Mais il y a trois questions qui se posent derrière.
35:55 Un, la question de la réponse possible aux violences qui sont commises dans ces manifestations
36:00 de manière générale. Vous avez, et là on rejoint un peu la chronique de Dimitri,
36:04 les cours suprêmes, les différentes cours suprêmes, qui sanctionnent systématiquement,
36:08 qui empêchent tout changement dans la législation. Et là, je ne porte aucun jugement, je ne dis
36:12 pas c'est bien ou c'est mal, mais il y a plusieurs questions qui se sont posées ces
36:14 dernières années. On se souvient dans la loi, je ne sais plus comment elle s'appelait,
36:17 mais de sécurité globale. Donc, il y avait la question, est-ce qu'il est possible de
36:22 cibler certains profils, notamment, vous savez, les antifas européens qui viennent toujours
36:26 en renfort et qui, eux, sont extrêmement organisés et qui connaissent et qui franchement
36:29 quand un antifas allemand est gentil, on a suffisamment de problèmes entre nous, on
36:32 n'est peut-être pas obligé de se taper des gars ultra organisés qui cassent tout.
36:35 Bon, alors, est-ce qu'on peut cibler sur l'interdiction de paraître au préalable ?
36:39 C'est non. Est-ce qu'on peut établir une peine de participation collective, puisqu'il
36:43 est très difficile ? C'est non aussi. Ensuite, vous avez le refus de la réponse physique
36:47 sur le terrain, c'est-à-dire la fameuse confusion avec les voltigeurs. Les voltigeurs,
36:50 ce n'est plus du tout, du tout au goût du jour. Il n'y a pas un homme politique qui
36:53 veut remettre ça. Donc, vous n'avez pas de sanctions directes physiques, on va dire.
36:56 Vous avez une immense peine à apporter une réponse pénale et donc une sanction pénale.
37:01 Et donc, il y a une grosse interrogation sur la pertinence même du travail policier.
37:06 Ensuite, il y a la question de la justice, évidemment. On l'a dit, c'est très difficile
37:10 de rassembler des éléments. Par ailleurs, on a des parquets absolument débordés.
37:14 Le procureur, quand il a 25 appels dans la... Enfin, 25, quand il a 200 appels dans la soirée
37:18 et qu'on lui dit, bon, ben voilà, un tel, on l'a vu en train de brûler une poubelle,
37:21 etc. et qu'il a déjà 400 dossiers sur son bureau, c'est compliqué. Donc là, on retombe
37:25 sur la question de la justice. Et enfin, il y a la question, malgré tout, de l'épuisement
37:29 des forces de l'ordre. On a vu les forces de l'ordre elles-mêmes parler dans cette réforme
37:33 et dire leur opposition à cette réforme. Et là, on a des hommes qui nous disent,
37:37 bon ben voilà, on est rappelés sur nos jours de repos. Je ne dis pas ça juste parce que
37:41 c'est compliqué pour eux dans leur vie à eux. Mais quand ils sont rappelés sur leurs jours
37:44 de repos et que vous faites des semaines avec des manifs comme ça qui durent jusqu'à une heure
37:47 du matin, que vous avez 25 ans, que vous faites cracher dessus, voire que vous prenez un pavé
37:50 dans la tête et que vous faites six jours sur sept, il ne faut pas s'étonner derrière
37:54 que ça finisse très mal. Il faut vraiment s'en inquiéter en réalité. Ce sont des hommes
37:58 les forces de l'ordre. Donc il y a un moment où ils ont des limites aussi dans la capacité à gérer.
38:02 Donc ce qu'on voit, c'est que le pourrissement d'une question politique qui se transforme
38:06 uniquement en maintien de l'ordre, c'est dramatique pour tout le monde et c'est grave.
38:10 Et les conséquences peuvent être absolument dramatiques. Ça devrait être une inquiétude
38:13 de plus à cette Macronie qui nous explique aujourd'hui qu'elle a entre les mains une victoire.
38:17 Non, ce n'est définitivement pas une victoire. Et tout ça est plutôt inquiétant qu'autre chose.
38:22 Alors, puisqu'on parle de maintien de l'ordre, j'aimerais quand même vous faire réagir
38:26 à la visite de Gérald Darmanin qui a eu lieu ce soir à la caserne de police de Béciers,
38:30 c'est dans le 17e arrondissement. Vous le savez, il y a eu plus de 300 policiers et gendarmes
38:34 qui ont été blessés ces derniers jours, deux d'ailleurs plutôt grièvement.
38:38 D'ailleurs, le ministre de l'Intérieur disait redouter de nouvelles violences cette nuit.
38:41 On verra ce qu'il en sera réellement. On va suivre évidemment comme le lait sur le feu
38:45 ce qui se passe du côté de la place de la République d'ici quelques instants.
38:48 J'aimerais vous faire écouter Gérald Darmanin qui parlait à nouveau de bordélisation des manifestations.
38:54 Donc oui, à la liberté de manifester, les policiers et les gendarmes, et l'ont démontré,
38:59 sont là pour encadrer ceux qui veulent manifester contre le gouvernement.
39:03 Et ce sera le cas notamment jeudi, ce sera le cas de toutes les manifestations déclarées
39:07 dans le cadre de notre État droit, quelles que soient ceux qui déclarent cette manifestation.
39:10 Non au désordre, à la bordélisation, et je veux le dire à ceux qui veulent mettre le chaos
39:15 en utilisant les policiers comme victimes de leur propre incurie.
39:21 Et moi je crois qu'on devrait tous, on pourrait tous avoir, me semble-t-il,
39:25 un mot pour les policiers et les gendarmes blessés, condamner les violences,
39:28 et pour ceux qui le souhaitent, appeler à manifester contre la réforme des retraites.
39:31 Ça me paraît tout à fait conforme au pacte républicain que nous menons avec les préfets de la République.
39:35 Ceux qui veulent mettre le chaos. On en revient un petit peu à ce que vous nous disiez tout à l'heure.
39:39 Il y a un message politique derrière.
39:41 Il y a deux éléments à travers ça. D'un côté, il y a le diagnostic, la critique de ce qu'on peut appeler
39:46 la crise de régime. Très bien. Mais de l'autre côté, il y a effectivement des éléments factieux,
39:50 des éléments d'extrême gauche qui, eux, cherchent à radicaliser la crise,
39:53 s'en prennent aux policiers, s'en prennent aux personnes, s'en prennent aux biens physiques.
39:57 De ce point de vue, critiquer la crise de régime ne veut pas dire en aucune circonstance endosser
40:03 justement ceux qui cherchent à bordéliser le pays, ou de manière plus classique,
40:07 qui voudraient semer le chaos dans un espoir d'une forme de révolution érotisée.
40:11 Marc, on en vient à vous. Il nous reste un petit quart d'heure.
40:14 On va parler des grands soulèvements, des grandes grèves, surtout du siècle dernier,
40:21 à commencer par la grève des électriciens. Je crois que c'était en 1905.
40:26 On se rend compte que les blocages, ça ne date pas d'hier. C'est une idée qui n'est pas tout à fait nouvelle.
40:30 Eh non, eh non, eh non. Alors, à l'époque, on a un personnage qui s'appelle Émile Pâteau,
40:35 un anarchiste, un gaillard qui est là, oui, l'esprit révolutionnaire,
40:40 et il estime que la société est particulièrement injuste, il est aussi anti-militariste,
40:46 et il est le Martinez de l'époque. Il constate quoi ? Eh bien que l'état des électriciens,
40:54 l'état professionnel, est particulièrement lamentable.
40:57 L'électricité, elle est apparue en 1900. Ça a fait véritablement un emballement d'enthousiasme pour le peuple.
41:06 Soudain, dans les rues, on n'avait plus le soir à allumer les réverbères, ça jaillissait, il y avait le tramway.
41:13 Et la grande exposition universelle de 1900 a même le palais de l'électricité.
41:20 Et depuis, ils sont venus pratiquement des héros, ces électriciens.
41:24 Reste que la ville de Paris a délégué la distribution de l'électricité et la production à des compagnies privées.
41:32 Et l'état de salaire de ces gens, qui n'appartiennent donc plus à l'intérêt global,
41:42 ces gens estiment qu'ils devraient avoir une petite augmentation.
41:48 Et on ne veut pas en tenir compte alors. Que dit notre Martinez de l'époque, Émile Pateau ?
41:54 Il dit "eh bien, je vais mettre Paris sans lumière".
41:58 Et il déclare que l'opération sera menée sans avertissement.
42:04 Effectivement, pof, on coupe. Et c'est le noir absolu en 1905.
42:11 La réaction forcément des uns et des autres, c'est de trouver qu'il y a là un abus de la grève.
42:19 Reste que le préfet a cherché à concilier ceux qui s'étaient mis en rupture de la loi.
42:26 Il prend certaines mesures et on obtient une légère amélioration des conditions
42:32 qui sont calquées sur les emplois des gens qui conduisent le métro.
42:38 Ce n'est pas trop mal, mais ce n'est pas suffisant.
42:41 Alors en 1907, à Issy-les-Moulineaux, à Saint-Denis, à nouveau,
42:47 les voilà, nos électriciens, qui disent "c'est pas possible, d'abord nous on n'a pas bénéficié
42:52 de l'amélioration, alors camarades, il faut y aller".
42:55 Pateau forcément, il les asticote derrière.
42:58 Et celui qui se présente pour les soutenir à l'Assemblée, c'est Jean Jaurès.
43:05 Le noir, effet, le noir le plus absolu.
43:08 Les tramways ne circulent plus le soir, la ville n'a plus la moindre lueur.
43:14 Alors on va chercher vite fait les lampes à huile dans les restaurants,
43:18 on se débrouille comme on peut dans les appartements aussi.
43:22 Et que dit Jaurès ? Eh bien il dit "pensez à ces gens".
43:27 Alors les mots exacts c'est "doit-on supprimer le droit de la grève ?".
43:33 Le soulèvement même important de la souffrance ouvrière.
43:38 Est-ce qu'il ne doit pas être pris en compte par la masse des consommateurs ?
43:43 Est-ce que ceux-ci ne sont pas enfermés dans un égoïsme ?
43:47 Ils ne cherchent pas à réfléchir, ne pensent qu'à leur petit confort.
43:51 Il y a là un devoir de solidarité actif.
43:55 Oh, Clémenceau, ça le rend furieux déjà, il s'est retrouvé dans le noir,
43:59 dans son bureau, et puis il dit "les grèves ça fait un moment qu'il a pris l'habitude de les mater".
44:04 Alors il attendait.
44:06 "Imaginez mon cher Jaurès, imaginez que partout la continuité de cette grève
44:13 fasse que nos enfants et vos enfants n'aient plus de pain.
44:18 Vous ne tendriez que vos enfants n'aient plus..."
44:20 "Répondez, répondez !"
44:22 Et il met donc en situation de péril notre Jaurès qui tient tête et qui dit
44:31 "mais c'est la solidarité qui doit..."
44:34 Et là, notre Clémenceau lui dit "votre liberté c'est l'oppression du corps social".
44:42 Voilà, mais comment il mate cela ?
44:45 Il a fait venir, on se tourne vers Charlotte,
44:49 il a fait venir de Versailles le cinquième régiment du génie
44:54 et ce cinquième régiment a remplacé les grévistes.
44:58 Donc on a brisé la grève.
45:01 On a maté la rébellion.
45:04 Et on finit par obtenir une amélioration des conditions de travail
45:09 certifiée en 1910 et qui sera reprise en 1946 par le ministre communiste
45:16 qui s'appelle Marcel Paul et ce statut de 1946 amorcé en 1910
45:22 suite à ces grèves de 1905 et 1907,
45:25 c'est celui qui a ce statut qui aujourd'hui est celui qui gouverne le sort des électriciens.
45:32 Et donc ce conflit social au final il aura duré combien de temps ?
45:35 Il ne dure que quelques jours, vu les conditions.
45:38 Mais avec Clémenceau, de toute façon, ce n'est pas la première fois qu'il réprime.
45:43 Mais ne pas oublier quand même 1848 par exemple.
45:46 Voilà un autre exemple de conflit social.
45:48 Oui, alors là 1848, on n'avait pas la liberté d'expression
45:52 et on décide de mener une campagne de banquets partout dans les villes
45:56 pour pouvoir dialoguer et remettre en question les décisions gouvernementales.
46:02 Et il y a un dernier banquet qui doit se tenir à Paris
46:05 et on s'aperçoit qu'il est indispensable de le suspendre.
46:09 Et alors là, spontanéité, les gens descendent dans les rues.
46:13 Ils descendent où ?
46:14 Eh bien en particulier sur les Champs-Elysées.
46:16 Sur les Champs-Elysées, là où vous avez les jardins derrière l'Elysée,
46:19 ils existaient déjà.
46:20 Il y avait un petit guignol, il y avait des chevaux de bois et hop, on enflamme ça.
46:25 Au départ, c'est plutôt bon enfant, mais il y a cette nécessité d'embraser,
46:31 je dirais, la situation.
46:33 Et des étudiants se retrouvent du côté du pont de la Concorde.
46:36 Que tout ça se ressemble, c'est un verre à feu.
46:38 C'est un verre assemblable du côté.
46:40 Et là, on chante quoi ?
46:42 On chante la Marseillaise, une ambiance de Kermesse.
46:45 Mais on est face aux forces de l'ordre qui s'impatientent.
46:49 Les heures auront lieu et puis après, vous le savez,
46:52 je ne vais pas vous refaire toute l'histoire,
46:54 mais ça rejaillira dans les jours qui suivent, boulevard des Capucines.
46:58 C'est la grande révolution qui est partie sans aucun meneur.
47:01 Et c'est 1848, la fin de Louis-Philippe.
47:06 La fin donc de la monarchie.
47:09 Et pourtant, Louis-Philippe disait quelques jours avant,
47:12 "quoi, il y a des barricades qui ont étré dessédroulées ?
47:15 Oh oh oh, des barricades, c'était simplement une charrette
47:18 renversée par deux bougres, deux polissons."
47:22 Vous voyez, il ne faut pas tout tourner en dérision,
47:25 les situations telles qu'elles se présentent.
47:27 Merci Marc. Et voilà une belle transition avec ce qui va suivre,
47:29 puisqu'on va parler de ces soulèvements et de ces mobilisations.
47:33 Mais avant cela, j'aimerais qu'on fasse un détour
47:35 à la place de la République où se trouve Régine Delfaux.
47:37 Régine, on a vu derrière votre caméra ces milliers de personnes,
47:41 il faut bien le dire ainsi, maintenant,
47:43 qui défilent dans le calme avec beaucoup de drapeaux de syndicats.
47:48 On imagine derrière vous, place de la République,
47:50 cette place de la République qui s'est assez rapidement remplie.
47:54 Qui sont-ils ? Quel est le profil de ceux qui manifestent ce soir ?
47:57 Oui, on est ici, c'est une foule assez hétéroclite.
48:02 Il y a des retraités, des salariés, des familles.
48:04 On a vu des enfants avec leurs parents,
48:06 mais aussi beaucoup de jeunes,
48:08 parce que la jeunesse reste très mobilisée.
48:11 Elle a l'intention de continuer à l'être.
48:13 On a échangé avec des étudiants qui nous disaient
48:16 qu'ils étaient là depuis le début de la mobilisation
48:20 contre cette réforme de retraite,
48:23 et qu'ils allaient continuer à être dans la rue.
48:25 Ils y allant tous scandent la démission d'Emmanuel Macron.
48:30 Ils appellent à poursuivre les blancages,
48:32 à poursuivre la grève,
48:34 car pour eux, en fait, la coupe est pleine.
48:36 Et après le recours au 49.3,
48:38 les motions de censure qui ont été rejetées,
48:41 le fait qu'Emmanuel Macron s'exprime demain
48:43 au journal télévisé de 13h, mais non, au 20h,
48:46 est vécu ici quand même comme un affront.
48:49 Une salariée même de la santé nous disait,
48:51 mais vous vous rendez compte, il y a trois jours,
48:53 on fêtait l'anniversaire des 152 ans de la Commune de Paris.
48:57 Alors, pour le moment, l'ambiance est de bon enfant.
49:00 Ici, ça chante, ça danse,
49:02 ça scande beaucoup de slogans anti-gouvernement.
49:05 Mais ce rassemblement doit se terminer dans moins de 5 minutes.
49:09 Et bon, il devrait se terminer à 20h.
49:12 Il faut quand même souligner
49:14 qu'il y a énormément de forces de l'ordre.
49:16 Toutes les rues adjacentes autour de cette place de la République
49:19 sont investies par des véhicules des forces de l'ordre
49:23 pour éviter évidemment tout débordement.
49:25 – Merci beaucoup, Régine, et merci à Antoine Durand
49:27 à qui on doit ses images.
49:29 On va se tourner vers vous, Mathieu,
49:31 pour cette toute dernière chronique de la soirée.
49:33 La jeunesse française, vous dit-on, serait dans la rue désormais.
49:36 À tout le moins, c'est ce qu'on peut lire ça et là.
49:39 Mais de quelle jeunesse parle-t-on au juste ?
49:42 – Oui, je pense qu'il faut se calmer.
49:44 Quand on entend « la jeunesse est dans la rue », on se calme.
49:46 Une certaine jeunesse est dans la rue,
49:48 une certaine jeunesse se mobilise.
49:50 Et il faut éviter de croire que soudainement
49:53 le peuple jeune serait dans la rue sur le mode 68 bis.
49:56 À tout le monde, il n'y est pas encore.
49:58 On pourrait presque distinguer certaines figures
50:01 qui, depuis quelques semaines, en fait,
50:03 et on verra pour ce soir,
50:05 se sont imposées dans le récit de la contestation
50:08 de la loi sur les retraites depuis quelques semaines.
50:11 Il y a une figure, je me permets de la nommer
50:13 avec une forme de tendresse et d'esprit critique un peu,
50:16 qui est apparue, une étudiante de 15 ans.
50:18 Je ne sais pas si vous l'avez vue passer,
50:20 une espèce de surdouée de la parole.
50:22 – M'a mis au beau côté.
50:24 – Dieu m'en garde.
50:26 Manès Nadel, il s'appelle.
50:28 Sordoué, il n'y a pas de doute là-dessus.
50:30 Très intelligent, très volubile, très articulé.
50:33 Mais par ailleurs, le parfait, parfait, parfait
50:36 produit d'un endoctrinement idéologique.
50:38 Il parle véritablement comme un cadre de 72 ans
50:41 du Parti socialiste qui a connu Mitterrand
50:43 et qui veut nous en parler.
50:45 Il a même touché son chapeau en feutre, probablement.
50:47 Donc, il y a quelque chose d'étonnant.
50:49 Mais pourquoi est-ce que je le mentionne?
50:51 Parce qu'on voit ce jeune homme exceptionnel,
50:53 mais qui est le produit d'un endoctrinement idéologique.
50:56 Et on le présente à la manière d'une mascotte
50:59 sur les plateaux télé, sans être conscient
51:01 de ce que ça dit du système scolaire en France.
51:04 Ensuite, il y a une autre partie de la jeunesse
51:06 qui s'en est mêlée.
51:08 Et ça, c'est, je dirais, la plus militante.
51:11 Ce sont ceux qui cherchent à lier,
51:13 de manière un peu rhétorique,
51:15 la question du climat à la question des retraites.
51:17 S'opposer au projet de loi retraite,
51:20 c'est parfaitement compréhensible, c'est légitime.
51:22 On comprend que certains le fassent très bien.
51:24 Mais là, il y a de ces militants qui sont finalement
51:27 tout pour eux, conduits dans tous les chemins Mentarum,
51:29 et toutes les mobilisations Mentogiec et au climat.
51:32 Et là, qu'est-ce qu'ils nous disent?
51:34 Et là, c'est le slogan que j'ai...
51:36 En fait, il y a une vidéo qui tourne qui est un peu ridicule.
51:38 C'est la carnavalisation de la grève.
51:40 C'est "Retraite, climat, même combat,
51:42 pas de retraités sur une planète brûlée."
51:45 Là, c'est le climat qui tourne ainsi.
51:47 Le climat. C'est le slogan qui tourne.
51:49 Ce qui est intéressant, cela dit,
51:51 c'est qu'on voit que la cause qui emporte l'adhésion
51:53 d'une partie de la jeune génération,
51:55 et je dirais la jeune génération militante,
51:57 généralement passée par les sciences sociales,
51:59 généralement dans les universités,
52:01 et pas nécessairement dans les filières
52:03 qui conduisent à la réussite professionnelle et sociale.
52:05 Donc, vous savez, ce profil qui compense souvent
52:08 un échec quelquefois à venir,
52:10 avec la radicalité idéologique,
52:12 qui permet finalement que ça n'a pas fonctionné,
52:14 mais au moins, je suis vertueux.
52:16 Ceux-là, des crieurs de slogans, qui sont normalement,
52:18 qui se revendiquent de leur éco-anxiété militante,
52:20 bien, ceux-là cherchent à s'emparer
52:22 de la contestation du projet de loi retraite
52:25 pour occuper la rue et nous dire, finalement,
52:27 nous sommes les véritables contestataires.
52:29 Ensuite, autre catégorie qu'il faut mentionner,
52:32 et ça, je pense que c'est depuis le 49.3,
52:35 ceux qui sont attirés par ce qu'on pourrait appeler
52:37 l'odeur de la poudre. C'est comme ça.
52:39 Le propre d'une situation sociale éruptive,
52:41 conflictuelle, c'est qu'inévitablement,
52:43 vous avez ceux qui ont envie de se lancer dans l'action,
52:46 qui ont l'appel de l'excitation,
52:48 une excitation propre à la politique.
52:50 La politique, c'est pas seulement des idées,
52:52 c'est des affects, c'est des pulsions.
52:54 Là, ils sont poussés là et ils captent le slogan du jour
52:56 et le répètent et la politique devient fête,
52:58 la politique devient carnaval.
53:00 J'allote une chose, pour l'instant,
53:02 pour l'instant, à ce qu'on en sait.
53:04 Il s'agit essentiellement d'une jeunesse
53:06 quand même plutôt favorisée, plutôt privilégiée.
53:08 Pas seulement, pas seulement,
53:10 mais ceux qui se retrouvent là,
53:12 on n'est pas encore avec les catégories populaires
53:14 qui décideraient de se mêler de la contestation.
53:16 Et une chose sur l'ultra-gauche,
53:18 parce que ça, c'est une catégorie à part,
53:20 ça, ce sont, il faut jamais l'oublier,
53:22 des professionnels de la contestation.
53:24 Les antifas, les... en fait, les mouvances très radicales,
53:26 ça, ces gens-là guettent toujours l'occasion
53:28 pour véritablement, eux, bordéliser le pays.
53:30 On hypnose du chaos, la tentation du chaos.
53:32 Et leur objectif, c'est d'être capables d'amener
53:34 tous ceux qui, d'une manière ou de l'autre,
53:36 sont liés à la contestation et de les radicaliser
53:38 pour les pousser dans une contestation
53:40 qui pourrait exploser autrement.
53:42 - Alors, il y a quand même un risque de réduire
53:44 les manifestants dans la rue et plus largement
53:46 les manifestants, leurs représentants les plus radicaux.
53:48 On va pas faire ce raccourci-là non plus.
53:50 - Et vous avez raison. L'homme d'ordre en moi,
53:52 qui est quand même la part dominante de ma personnalité,
53:54 se rappelle toujours que les radicaux
53:56 ne sont pas les seuls représentants.
53:58 Les excités, les hurluberlus,
54:00 les cheveux bleu haineux,
54:02 les zombies agressifs ne sont pas
54:04 les principaux représentants de ce qui se passe
54:06 dans la rue en ce moment, surtout pas
54:08 de tous les opposants au projet de loi,
54:10 surtout pas de tous les manifestants
54:12 qui prennent sur leur salaire, qui prennent des jours de grève.
54:14 Donc, il y a véritablement une opposition
54:16 très majoritairement légitime.
54:18 Mais ces gens-là, on doit néanmoins les mentionner.
54:20 Je nommerais une chose, si je peux me permettre cela dit,
54:22 sur cette jeune génération
54:24 qui se mobilise dans la défense
54:26 du système de retraite actuel,
54:28 qui ne voudrait pas le changer, qui est contre la réforme.
54:30 Est-ce qu'ils se rendent compte, et ça, ça me frappe,
54:32 c'est une forme d'inconscience générationnelle,
54:34 qu'ils se portent à la défense d'un système
54:36 qui fondamentalement vampirise
54:38 les intérêts des jeunes générations,
54:40 qui est une forme de Dracula,
54:42 appelons-ça comme ça,
54:44 qui vide de ses ressources.
54:46 En fait, la prochaine génération paye maintenant
54:48 pour s'assurer que les boomers,
54:50 jusqu'à la dernière journée de leur vie,
54:52 puissent jouir du train de vie qu'ils ont eu
54:54 tout au long de leur existence.
54:56 - Ce qui voudrait dire, au fond, qu'il y a un conflit ici,
54:58 un conflit de génération qui ne porterait pas son nom.
55:00 - Oui, absolument. Alors, je ne veux pas réduire la crise à cela,
55:02 je ne veux pas réduire la critique du libéralisme à cela,
55:04 faites la liste, et ainsi de suite.
55:06 Mais il y a un conflit de génération
55:08 qui répète des slogans qui se retournent finalement contre eux.
55:10 Un tout petit mot en 15 ou 30 secondes,
55:12 mais en fait, néanmoins,
55:14 plus général sur les différentes jeunesses mobilisées.
55:16 Il y a la jeunesse dans la rue,
55:18 mais ayons à l'esprit quand même,
55:20 il y a une partie de la bourgeoisie aujourd'hui,
55:22 et là, on n'est plus dans la rue,
55:24 qui éduque ses enfants dans l'espoir
55:26 de les équiper mentalement, moralement, linguistiquement,
55:28 pour qu'ils ne soient pas prisonniers de la France.
55:30 Une partie de la bourgeoisie a déjà tourné la page sur la France,
55:32 ne l'oublions pas.
55:34 Une partie de la jeunesse rêve d'exil,
55:36 comme on le voit en Amérique du Nord,
55:38 une partie de la jeunesse française,
55:40 une partie vit ce pays sur le mode de la condamnation,
55:42 hélas, et une partie importante de la jeunesse du monde,
55:44 par ailleurs, rêve de s'y installer.
55:46 Il y a quelque chose qui ne va pas dans la maison France.
55:48 - Merci beaucoup, merci à tous les quatre.
55:50 C'était fort intéressant, j'ai eu grand plaisir à vous retrouver
55:52 pour cette soirée.
55:54 On va se quitter sur ces images avant de retrouver
55:56 Mathieu Devese pour La Minute Info.
55:58 Excellente soirée sur notre antenne,
56:00 et à demain pour certains d'entre vous.
56:02 - Avec Christine!
56:04 - 12 000 policiers et gendarmes seront mobilisés jeudi
56:08 pour la nouvelle journée d'action intersyndicale
56:10 contre la réforme des retraites.
56:12 Ils seront 5000 à Paris.
56:14 Gérald Darmanin l'a annoncé depuis une caserne de police
56:16 du 17e arrondissement de la capitale.
56:18 Le ministre de l'Intérieur appelle les forces de l'ordre
56:20 à ne pas répondre aux provocations de l'extrême-gauche.
56:22 Dans ce contexte, Marine Le Pen prévient
56:24 qu'elle ne participera pas à éteindre le feu de la contestation.
56:26 Selon la chef des députés du Rassemblement national,
56:28 Emmanuel Macron est le seul qui a les clés
56:30 d'une crise de la réforme des retraites.
56:32 L'adoption de la réforme des retraites a entraîné
56:34 des manifestations spontanées, souvent émaillées de tensions.
56:36 Près de 300 personnes ont été interpellées,
56:38 dont 234 à Paris.
56:40 La liberté, enfin retrouvée pour Olivier Dubois.
56:42 Le journaliste a été accueilli peu après-midi
56:44 par ses proches et Emmanuel Macron
56:46 sur la base aérienne de Villacoublé.
56:48 Il se dit chanceux de n'avoir été ni maltraité,
56:50 ni humilié, ni frappé.
56:52 Olivier Dubois avait été enlevé le 8 avril 2021
56:54 pour un coup de poing.
56:56 Il a été élu président de la République
56:58 et a été élu président de la République
57:00 à Gaos et dans le nord du Mali
57:02 par la principale alliance djihadiste au Sahel
57:04 liée à Al Qaïda.
57:06 au Sahel lié à Al Qaïda.
57:08 ...