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Le critique littéraire Arnaud Viviant publie "Station Goncourt" (La Fabrique). Il est l'invité de 9H10.

Retrouvez "L'invité de Sonia Devillers" sur
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Transcription
00:00 Il est 9h08, Sonia De Villere, votre invitée critique littéraire, sociétaire du masque
00:06 et la plume, jurée au prix décembre et au prix de flore.
00:10 Et imaginez si on microtait les membres d'un jury littéraire et qu'on enregistrait leurs
00:17 engueulades.
00:18 Parce que tout ça, ça lui a valu, dit-il à mon invité, autant de joie que d'emmerde.
00:22 Bonjour Arnaud Vivian !
00:23 Bonjour et bravo !
00:25 Merci beaucoup !
00:26 Peut-être un petit mot avant de démarrer cette interview sur ce qui se passe au sein
00:30 de votre maison d'édition.
00:31 Elle s'appelle La Fabrique, je vous invite pour un petit livre qui paraît demain qui
00:35 s'appelle "Station Goncourt, 120 ans de prix littéraire" qui répond à un premier petit
00:40 livre paru il y a deux ans qui s'appelait "Quantique de la critique" paru également
00:45 à La Fabrique.
00:46 À La Fabrique, il y a en ce moment une grande foire aux livres, très importante, à Londres.
00:50 C'est vraiment un moment pour le marché extrêmement important.
00:52 Oui, il y a deux foires, il y a Francfort et Londres.
00:55 Et un membre de La Fabrique s'y rend pour négocier des ventes de livres à l'étranger
01:00 et a été arrêté à la frontière.
01:01 Oui, il a été arrêté, il a été interrogé par la police, il a été libéré au bout
01:07 de 24 heures mais il est toujours inculpé.
01:09 Il est inculpé en fait par rapport aux lois terroristes.
01:13 En fait, on l'accuse de terrorisme intellectuel, selon l'expression qu'a utilisée Gérard
01:18 Darmanin.
01:19 C'est extrêmement grave, on est en train de criminaliser la pensée.
01:24 Il n'a pas voulu donner les codes de son ordinateur, il n'a pas voulu donner les codes de son
01:28 téléphone.
01:29 Il a dû répondre à des questions qui sont extrêmement étranges venant donc de la police
01:34 anglaise, rappelons-le.
01:35 Est-ce qu'il soutenait Emmanuel Macron ? Est-ce qu'il avait participé récemment à des
01:40 manifestations ? Et par ailleurs, quelles sont les prochaines publications de La Fabrique ?
01:47 Mais ça signifie quoi ? Qu'on soupçonne La Fabrique d'être un lieu d'agitation politique
01:51 de sédition ?
01:52 C'est une édition indépendante fondée par Éric Hazan il y a 25 ans.
01:56 Nous fêtons les 25 ans de La Fabrique qui publie des gens comme Frédéric Lordon, comme
02:00 Alain Badiou, comme le Comité Invisible.
02:03 Et donc par conséquent, oui, il a été arrêté, encore une fois, pour un délit qui ressemble
02:11 à un délit de pensée.
02:13 On est encore une fois en train de criminaliser la pensée dans ce pays.
02:17 C'est extrêmement grave.
02:18 Et en plus avec une collaboration de la police anglaise qui n'appartient plus à l'Union
02:24 Européenne.
02:25 Donc vous voyez quand même, le tableau est sévère et grave.
02:28 Il a été relâché, l'info a pas mal…
02:30 Oui, il est toujours inculpé, il doit retourner à Londres et encore une fois, son ordinateur
02:34 et son téléphone ont été confisqués.
02:35 C'est grave ici.
02:36 L'info a pas mal circulé et, petite précision, son nom a été protégé pour limiter la casse.
02:43 Je vous propose d'écouter François Nourrichier.
02:45 Pourquoi pas François Nourrichier ?
02:47 Si vous regardez la liste des lauréats par exemple du prix Goncourt, vous vous apercevrez
02:52 qu'il y a 50% de très bons choix, il y a 25% de mauvais choix et il y a 25% de choix
03:00 très discutables.
03:01 Mais se tromper une fois sur deux, en littérature, je trouve pas que ce soit un score tellement
03:07 déshonorant.
03:08 François Nourrichier qui a été président de l'académie Goncourt.
03:12 Rien qu'aujourd'hui, Arnaud Vivian se remettra le prix des Hussars au Lutetia et le prix
03:17 du roman d'Ecologie.
03:18 Et puis d'ici cet été, on aura le prix Flaubert, le prix Étonnant Voyageur, le prix
03:22 des Libraires, le prix Joseph Kessel, le prix Jean Dormeson, le prix Rogier Nimier, le prix
03:26 du Livre Inter.
03:27 Bien entendu.
03:28 Quel drôle de pays.
03:30 Oui, un pays qui compte au moins 2000 prix littéraires.
03:34 A mon avis, il y en a plutôt 5000.
03:36 J'ai collectionné, au moment où je fabriquais ce livre, j'ai collectionné des communiqués
03:41 de presse m'informant de la création de nouveaux prix dont certains sont assez drôles, il
03:46 faut bien le dire.
03:47 Le prix du manuscrit refusé, par exemple.
03:49 Vous voyez, donc il faut lire tous les manuscrits qui ont été refusés.
03:52 C'est assez étrange.
03:53 Donc c'est une passion française, les prix littéraires.
03:56 Y compris les prix canulars.
03:57 Y compris les prix canulars qui viennent se greffer comme une espèce de parodie des
04:02 prix littéraires pour essayer d'entamer un petit peu leur sérieux.
04:06 Et là, je raconte l'histoire des prix canulars qui commencent en réalité avec le prix Renaud
04:10 qui, au départ, se veut un prix canular parce que le prix Goncourt tardait à être
04:15 mis, les journalistes qui étaient présents, dont Georges Charenceau qui allait faire une
04:18 très très belle carrière au Masqué la Plume dans la deuxième moitié du siècle,
04:23 nous sommes en 1928.
04:24 Donc ça tarde et donc ils décident eux-mêmes de voter pour un livre parce que finalement,
04:29 c'est ça l'idée.
04:30 On bouffe, on boit et puis on vote et tout ça est quand même assez marrant.
04:34 - Assez marrant.
04:35 On s'engueule, ça donne des polémiques, ça donne des scandales.
04:39 Votre petit livre est émaillé de ces scandales qui deviennent en France des affaires d'État.
04:43 - Certaines, certaines.
04:44 Alors moi j'ai essayé de ne pas tomber dans l'anecdote parce que c'est ce qui arrive
04:48 souvent avec les livres sur les prix littéraires.
04:50 On raconte des anecdotes, l'histoire des couverts gravés, comment un IH journaliste
04:57 a essayé de piéger deux fois les délibérations du prix Goncourt, on parlait de ça tout à
05:01 l'heure.
05:02 - On parlait de ça tout à l'heure parce qu'en réalité vous auriez pu vous mouiller
05:05 beaucoup plus Arnaud Vivian.
05:07 C'est-à-dire que là par exemple, le livre s'intitule « Station Goncourt », c'est-à-dire
05:10 qu'en fait vous prenez les prix littéraires comme une sorte de forêt.
05:13 Et il y a des arbres majestueux, centenaires, le Goncourt et le Féminin qui en ont engendré
05:22 d'autres.
05:23 Le Goncourt aujourd'hui, je vous propose d'écouter la réaction de Tahar Ben Jelloum,
05:29 la dernière proclamation du prix Goncourt.
05:32 - Qui a été difficile.
05:33 - Qui a été très difficile, un débat absolument sans fin.
05:37 Finalement la lauréate s'appelle Brigitte Giraud et Tahar Ben Jelloum quitte la table
05:41 du Goncourt.
05:42 Ah bah il y a un petit souci avec le son.
05:47 - Il a vraiment quitté la table du Goncourt.
05:49 - Non mais ça ne s'était jamais vu.
05:51 - Il faut savoir que Brigitte Giraud a été élue grâce à la double voix du président
05:56 Didier Decoin, qui lui-même d'ailleurs avait reçu le prix Goncourt en 1974 si ma mémoire
06:01 est bonne, grâce à la double voix du président de l'époque qui s'appelait Hervé Bazin.
06:06 Donc vous voyez, il y a une histoire de la double voix qui est un peu l'équivalent
06:10 du 49-3 en politique, c'est-à-dire on dit "bon allez, ça suffit, on a assez discuté".
06:15 - Mais on n'arrivait pas à départager le jury.
06:17 Et le jury était divisé entre le match du Kremlin de Daumpoly et le livre de Brigitte
06:22 Giraud.
06:23 Sauf que derrière cette diffusion, il y a des combats hommes-femmes, il y a des combats
06:27 politiques profonds, il y a des clivages idéologiques profonds.
06:30 - Et des clivages littéraires aussi.
06:32 - Oui, c'est important parce qu'il ne faut pas croire que les prix...
06:36 Quand on étudie cette histoire des prix, ce qui a donc 120 ans aujourd'hui, puisque
06:42 le prix Goncourt est né en 1903, on pense toujours à Magouille.
06:47 De la Magouille, il y en a eu effectivement et ça a été dénoncé presque tout au long
06:51 du XXe siècle.
06:52 On a dit, souvent les journalistes ont dit "il faut supprimer les prix, il y a trop de
06:57 commerce et pas assez de littérature".
06:58 Et puis finalement, depuis le début de ce siècle...
07:01 - D'ailleurs, vous précisez, Arnaud Vivian, que le fait de dire "il faut supprimer les
07:06 prix", ça fait vendre des journaux.
07:07 - Oui, c'est ça.
07:08 Il y avait aussi cet argument, c'est une histoire qui intéresse tout le monde.
07:12 Est-ce qu'il faut supprimer les prix ? Est-ce qu'ils sont magouillés ? Est-ce qu'ils sont
07:15 truqués ?
07:16 - Mais je vous ai interrompu.
07:17 L'idée que derrière des grands clivages idéologiques, il y a derrière des vrais clivages littéraires.
07:22 - Oui.
07:23 Pourquoi ? Alors, c'est ça, là on touche vraiment à mon avis le fond du sujet, c'est
07:26 que nous sommes un pays littéraire.
07:27 En tout cas, nous voulons être un pays littéraire.
07:30 Et nous le sommes.
07:31 On peut le voir à la manière dont les présidents de la République se font souvent photographier
07:36 pour la photo officielle avec un livre.
07:38 C'est Mitterrand avec les essais de montagne.
07:40 C'est Emmanuel Macron avec trois pléiades, De Gaulle, Gide, Stendhal.
07:45 Ce qui d'ailleurs, en soi, est une sorte de portrait chinois d'Emmanuel Macron.
07:51 Donc la littérature c'est important.
07:53 Et pourquoi c'est important en France ?
07:54 Barthes disait en France que la littérature c'est l'école.
07:58 Nous apprenons le français à travers les écrivains.
08:01 Nous apprenons non seulement l'idée de la France, l'idée de la République à travers
08:08 les écrivains.
08:09 En étudiant Molière, en étudiant Marivaux, on voit le problème entre les riches et les
08:13 puissants.
08:14 - En étudiant Annie Ernaux aujourd'hui.
08:16 - En étudiant Annie Ernaux aujourd'hui, absolument.
08:18 Donc il y a cette question.
08:20 Il y a une politique littéraire et il y a une littérature politique en France.
08:25 - Donc c'est absolument indissociable.
08:28 Et d'ailleurs, il y a en ce moment un grand podcast sur l'histoire de Léon Blum, produit
08:32 par France Inter.
08:33 Et on découvre que Léon Blum était critique littéraire.
08:35 Et qu'en fait, dans votre livre, on découvre qu'il y a plein d'anciens critiques littéraires
08:38 qui ont eu des destins politiques brillants.
08:40 - Oui, bien sûr.
08:41 Sainte-Boeuve est devenue sénateur.
08:44 Sainte-Boeuve qui est la grande figure de la critique littéraire.
08:47 On pourrait en citer plein.
08:49 Là, je parle de Poincaré qui a été l'avocat de Prix Goncourt au départ.
08:54 Donc il y a cette idée-là.
08:58 - Sauf que la littérature n'a jamais été, peut-être, et la culture en général, soyons
09:03 honnêtes, un tel champ de mine qu'aujourd'hui.
09:06 On sent que les clivages se sont radicalisés.
09:10 On sent que le dialogue s'est durci.
09:11 On sent que les combats se sont énormément accrus et aiguisés.
09:17 - Parce que, si vous voulez, il y a plusieurs choses.
09:19 Il y a le marché.
09:21 C'est ça, nous vivons sous la domination du marché depuis les années 80 où s'installe
09:27 le libéralisme, puis le néolibéralisme, qui fait que l'économie est là, au centre
09:33 de nos vies.
09:34 Je pense qu'on aurait pu trouver d'autres raisons de vivre ensemble si on avait eu un
09:37 peu d'imagination.
09:38 Mais finalement, nous avons choisi l'économie.
09:40 Donc l'économie, elle est présente partout.
09:43 L'idée de la distribution, qui est très importante dans la chaîne du livre.
09:47 Parce qu'il y a ça, on a utilisé cette expression "la chaîne du livre", qui a un caractère
09:53 quasiment un peu marxisant, si vous regardez ça.
09:56 - Ou, oui, marxisant, ou biologisant.
10:00 - Oui, tout à fait.
10:01 - Comme si c'était une chaîne alimentaire où les gros finissaient toujours par bouffer
10:05 les petits.
10:06 - Mais ce qu'il faut savoir, c'est que dans cette chaîne du livre, l'écrivain est celui
10:09 qui gagne le moins.
10:10 Le libraire est celui qui gagne le plus, puis après le distributeur, puis après l'éditeur,
10:15 puis après l'imprimeur.
10:16 Et enfin l'écrivain, sur le prix d'un livre.
10:19 Et donc, à travers les prix littéraires, c'est ce que je raconte.
10:23 Parce qu'il y en a dix qui font vendre en France.
10:25 C'est tout.
10:26 Les autres ne font pas vendre, mais ils donnent de l'argent.
10:28 Alors c'est des sommes qui font l'air assez modestes, entre disons 2000 et 6000 euros.
10:33 - Ah non, il y a des prix qui sont même mieux notés que ça.
10:36 Il y a des prix qui montent jusqu'à 30 000 euros.
10:38 Le prix d'Essamour, auquel je participe, c'est 15 000 euros.
10:42 Le prix Jean Frostier, qu'on ne connaît pas très bien, c'est 25 000 euros.
10:46 Donc vous voyez, il y a effectivement… Mais globalement, la majorité des prix, puisqu'il
10:50 y en a 2000, la majorité des prix, c'est entre 2000 et 6000 euros.
10:53 Donc c'est un mode de financement parallèle de la littérature.
10:56 Au point que certains éditeurs, et ça c'est Pierre Hassouline, grand juré-concours et
11:01 aussi grand journaliste littéraire qui le raconte, qui dit que parfois les maisons d'édition
11:06 disent qu'on ne va pas donner beaucoup d'avaloir, parce qu'on donne de l'argent pour écrire,
11:10 parce que derrière, on va te faire avoir un prix.
11:12 - Le financement parallèle de la littérature.
11:14 Il est 9h19, vous écoutez France Inter, Arnaud Vivian est mon invité et on va se demander
11:22 pourquoi les critiques littéraires sont aussi détestées.
11:26 - Richard Aviard, the executive branch Having some fun with the warm-up act.
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19:25 - Richard Aviard, the executive branch Having some fun with the warm-up act.
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20:24 - Richard Aviard, the executive branch Having some fun with the warm-up act.
20:54 - Richard Aviard, the executive branch Having some fun with the warm-up act.

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