Sourceur d'extraits naturels et ancien bucheron, Dominique Roques publie "Le parfum des forêts" (Grasset). Il est l'invité de 9H10.
Retrouvez "L'invité de Sonia Devillers" sur
https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-9h10
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00:00 Il est 9h09, Sonia De Villers, votre invitée a appris tout petit à couper un arbre.
00:05 Et c'est bien ce qui m'a surpris dans son récit.
00:07 Quand on aime les arbres, on sait quand, comment et pourquoi on les abat.
00:11 Bonjour Dominique Roch.
00:13 Bonjour Sonia.
00:14 Alors votre père, votre père, vous a appris tout petit à vous servir d'une tronçonneuse.
00:20 Pourquoi ?
00:21 Parce que tout ça s'est produit à un moment de l'histoire qui, dans l'histoire des forêts,
00:26 est important.
00:27 C'est l'apparition de la tronçonneuse.
00:28 Pendant 4 ou 5 000 ans, on a coupé des arbres à la hache.
00:31 Et puis dans les années 40, il y a cette invention incroyable de cet outil qui va révolutionner
00:37 l'exploitation des forêts.
00:39 Il se trouve que mon père était parti un peu à l'aventure et qu'il a été bûcheron
00:43 aux Etats-Unis.
00:44 Il a découvert les premières tronçonneuses, il les a ramenées en France.
00:46 Et donc son métier, c'était…
00:48 Et les scènes que vous décrivez à travers vos yeux d'enfant de votre père abattant
00:54 des arbres, il y a vraiment cette confrontation entre l'homme et la puissance de l'arbre.
01:00 Mais l'homme qui est doté d'une machine et qui est doté d'une machine à main nue.
01:05 C'est-à-dire, paradoxalement, il coupe les arbres sans aucune protection.
01:08 Ah oui, complètement.
01:10 Ça, c'est des souvenirs qui sont très vivaces pour moi.
01:13 Main nue.
01:14 Il fumait une cigarette pendant qu'il abattait l'arbre.
01:17 Autrement dit, on est dans une époque qui a aujourd'hui complètement disparu puisque
01:21 tout s'est mécanisé.
01:23 Oui, je pense qu'il y a quelque chose de très beau.
01:26 C'est-à-dire que les gens avec les tronçonneuses sont véritablement les héritiers des bûcherons.
01:31 Des bûcherons à la hache, des bûcherons italiens qui étaient partout en France et
01:36 qui abattaient les arbres.
01:37 Et le bûcheron américain est un homme admiré et au fond, on abat des arbres sans compter.
01:43 Alors oui, c'est très compliqué de parler de ça parce qu'il y a à la fois la fascination
01:50 pour l'exploit de l'homme qui se confronte au plus gros sujet de la création, les Redwoods
01:56 de Californie.
01:57 Ce que les Américains ont fait là est absolument inouï en termes d'exploit physique.
02:02 Et en même temps, on se retourne là-dessus aujourd'hui en disant mais comment est-ce
02:06 qu'on a pu abattre la plus belle forêt du monde et n'en laisser que 3 ou 4 % aujourd'hui.
02:13 Donc les deux choses existent et font partie des paradoxes de cet univers incroyable du
02:20 parcours de l'homme dans les forêts du monde.
02:23 - Et votre parcours à vous Dominique Roch ? Parce que dans les années 70, vous terminez
02:28 à chausser.
02:29 Donc vous étiez plutôt programmé non pas pour retourner dans la forêt mais pour aller
02:34 travailler dans un bureau.
02:35 Vous avez grandi auprès des arbres, vous avez vu votre père abattre des arbres depuis
02:41 tout petit.
02:42 Vous en gardez des souvenirs, on l'a dit, très vivaces.
02:44 Et vous allez pratiquer ce métier très étonnant où vous allez traverser monts et merveilles
02:51 pour débusquer des senteurs et des huiles essentielles pour l'industrie du parfum.
02:55 Mais vous commencez à votre tour par être bûcheron.
02:58 - Oui, je crois que je fais partie de cette génération sur laquelle il y a eu un appel
03:03 d'air, des années de prise de conscience écologiste si on veut dire ça comme ça
03:08 dans les années 70.
03:10 Et pour moi, ça s'est traduit par le fait d'avoir envie d'aller me confronter avec
03:14 la nature, d'aller exercer ça.
03:16 Je ne l'ai pas fait très longtemps mais ça m'a permis de découvrir cette chose incroyable
03:21 qui me fascine toujours autant aujourd'hui, c'est le parfum des forêts.
03:24 C'est-à-dire les forêts sentent, toutes les forêts sentent.
03:27 Elles sentent l'humus, elles sentent la mousse, elles sentent tout ce qu'on a expérimenté
03:33 chacun dans les sous-bois.
03:34 Mais aussi, elles sont pleines de parfums cachés.
03:36 C'est-à-dire que les bois, les troncs, les résines, tout ce qui exude des arbres sont
03:42 des parfums qui sont à l'origine du parfum des premiers parfums de l'humanité.
03:48 Les premiers parfums de l'humanité, c'est la rencontre de l'odeur du cèdre du Liban
03:52 quand le roi Salomon construit son temple, on est en -900 avant notre ère, et que vient
03:58 lui rendre visite la reine de Sabah dont les caravanes sont chargées de résines d'encens
04:03 qui viennent de la corne de l'Afrique, et la rencontre des fumées d'encens et de l'odeur
04:08 du cèdre, c'est symboliquement, c'est véritablement la naissance du parfum de l'humanité.
04:14 - Alors si vous trouvez comme moi que Dominique Roch raconte magnifiquement bien le parfum
04:19 des forêts, vous allez lire son livre qui vient de paraître chez Grasset, qui s'appelle
04:23 précisément "Le parfum des forêts" et qui raconte ce lien millénaire entre l'homme
04:29 et l'arbre, entre l'homme et les arbres.
04:31 Et vous avez, sincèrement, vous avez traversé les plus belles forêts du monde sur les cinq
04:35 continents et vous en faites des portraits extrêmement impressionnants.
04:39 Revenons à la déforestation.
04:42 Pourquoi on déforeste ?
04:43 - Alors on déforeste parce qu'il y a, précisément, il y a 5000 ans, il y a cette bascule incroyable
04:48 qui est la marque de notre histoire, où la forêt qui était jusqu'à présent servait
04:53 d'abri, de refuge et de subsistance à l'homme, tout d'un coup, et ça c'est raconté à
04:59 travers l'épopée de Gilgamesh.
05:01 - Le premier bûcheron.
05:03 - Le premier bûcheron du monde.
05:04 Tout d'un coup, que se passe-t-il ? Et bien parce que l'homme veut aller vers la civilisation,
05:08 il se rend compte qu'il faut couper les arbres.
05:10 - L'homme sort de la forêt.
05:12 Vous dites ça, c'est un tournant majeur de l'histoire pour l'humanité.
05:15 L'homme sort de la forêt.
05:16 Il n'est plus un homme des bois.
05:18 Et la forêt devient, comment dire, une ressource, une mine à exploiter.
05:23 - Et c'est la bascule de l'arbre vivant à l'arbre mort et de la naissance du bûcheron.
05:28 - Et ça ne va pas s'arrêter au point que le sujet est toujours d'actualité et que
05:32 c'est ce que j'essaie d'expliquer dans le livre, c'est qu'on est toujours à la poursuite
05:36 d'une réconciliation entre l'homme et sa quête à la fois d'arbres vivants et son
05:43 besoin toujours croissant de bois.
05:46 - Et vous êtes profondément optimiste.
05:49 Vous êtes profondément optimiste.
05:51 Vous pensez que les forêts sont éternelles.
05:53 On va se demander pourquoi.
05:55 Je vous fais écouter une femme complètement perchée aux deux sens du terme, au sens
05:59 propre et au sens figuré.
06:01 Elle s'appelle Julia Butterfly.
06:02 - Le plus dur, c'était quand ils coupaient les arbres.
06:15 - Je pleure à chaque fois que j'y repense parce que c'est comme si je voyais ma famille
06:22 se faire assassiner.
06:23 - Ça durait des heures ce bruit.
06:28 Et l'arbre qui hurle, ça vous transperce le corps.
06:34 Et ensuite, ils arrêtent la tronçonneuse et ils attaquent à la hache.
06:41 Et vous ressentez tout.
06:43 Et quand le dernier coup de hache est donné, l'arbre crie et le tronçonneuse crie.
06:52 Et vous êtes là obligé de l'écouter crier alors qu'il meurt.
06:55 Julia Butterfly, vous allez nous raconter son aventure.
07:00 Il y a deux arbres extraordinaires, trois arbres extraordinaires dans votre livre.
07:05 Il y a le Redwood en Californie, il y a le cèdre au Liban, il y a le Gayak au Paraguay.
07:11 Commençons par le Redwood au Liban.
07:13 D'abord, il faut nous raconter ce que c'est que cet arbre.
07:15 - Alors, ce sont les plus grands…
07:17 - Le Redwood en Californie.
07:18 Je les mélange.
07:19 - Les plus grands arbres à la surface de la Terre.
07:21 Tout cet arc pacifique, la côte ouest américaine, a des arbres absolument gigantesques.
07:27 Et le plus gigantesque, le plus beau, c'est le Redwood.
07:29 Donc le Redwood couvrait toute la Californie du Nord.
07:33 Et puis en 1850, c'est la découverte de l'or, c'est la ruée vers l'or.
07:37 Et là, en un siècle, on va abattre cette forêt.
07:41 Alors, le Redwood, moi, je dis à nos auditeurs aujourd'hui, il faudrait une fois dans sa
07:48 vie arriver à aller voir les cèdres du Liban et les Redwood de Californie parce que ce
07:52 sont deux des plus belles choses sur Terre, même s'il n'en reste que des lambeaux.
07:57 Et les lambeaux qui nous est donné de voir sont d'autant plus émouvants.
08:00 - Et cette femme américaine, elle est montée sur un arbre, elle s'est accrochée à l'arbre ?
08:05 - Elle a fait quelque chose d'extraordinaire.
08:07 C'est-à-dire qu'elle est tout à fait…
08:09 Elle symbolise les mouvements américains de révolte contre l'industrie et de préservation
08:15 de la nature.
08:16 Très tôt, là, on est dans les années 2000, elle est montée dans un Redwood, dans un
08:20 séquoia, et elle n'est pas redescendue pendant deux ans.
08:23 Elle a vécu pendant deux ans à 60 mètres de haut sur une plateforme, ravitaillée par
08:28 ses compagnons.
08:29 - Et les bûcherons bûcheronnaient à sa droite, à sa gauche, au nord, au sud et elle, elle
08:33 ne bougeait pas de son Redwood.
08:35 - Donc, elle est quelque part le symbole de tous ces mouvements qui, depuis, se sont énormément
08:39 développés sous des plateformes différentes dans tous les pays du monde de préservation
08:45 de ce qui reste des arbres primaires des forêts sauvages.
08:48 - Oui.
08:49 Il est 9h18, vous écoutez France Inter et avec Dominique Roch, je vous l'ai dit, on
08:53 va partir en Amérique du Sud à la rencontre des Gaillac.
08:56 On va revenir au Moyen-Âge européen, savoir ce qui s'est passé entre nos chaînes et
09:01 nos êtres.
09:02 Et on va s'intéresser aussi à ceux qui plantent et qui replantent.
09:06 - On va partir en Amérique du Sud.
09:31 - On va partir en Amérique du Sud.
10:00 - On va partir en Amérique du Sud.
10:07 - On va partir en Amérique du Sud.
10:27 - On va partir en Amérique du Sud.
10:57 - On va partir en Amérique du Sud.
11:16 - On va partir en Amérique du Sud.
11:38 Olivia Deen chante « Dive » avec les compliments de mon équipe préférée, Lucie Lemarchand,
11:44 à la réalisation, Redouane Tella et Grégoire Nicolet à la programmation, Elisabeth Rouvet
11:48 à la documentation et JB Oudibert aux platines.
11:52 Nous choisissons ensemble les disques chaque semaine et c'est un plaisir.
11:55 - C'est un feu géant mon Dieu.
12:16 - Depuis dimanche, plus de 20 000 hectares de forêt sont partis enfumer en Nouvelle-Écosse.
12:20 - C'est le pire incendie de l'histoire de la province.
12:22 - Le printemps a à peine débuté, qu'en Espagne, ce son typique de l'été se fait déjà entendre.
12:28 - Le feu touche l'ouest du pays, la région de l'Est Ramadur.
12:31 - Déjà 8 000 hectares brûlés.
12:34 - Depuis le début de l'année, dans toute la France, près de 48 000 hectares ont brûlé,
12:39 l'équivalent de 4 fois la surface de Paris.
12:42 - À la Teste de Buches et Landiras, les soldats du feu étaient sur le pied de guerre.
12:46 Nous sommes dans le Finistère.
12:48 - 11 hectares ont déjà brûlé, laissant place en Bretagne à cette anomalie d'un paysage lunaire.
12:54 Dominique Roch publie chez Grasset le Parfum des forêts.
12:58 Ces forêts qui brûlent partout dans le monde.
13:02 Et j'imagine qu'à chaque fois, c'est un petit morceau de votre cœur qui se consume, Dominique Roch.
13:07 Comment écrire aujourd'hui, en 2023, des lignes telles que "les forêts sont éternelles" ?
13:14 - Ah ben parce que je le crois profondément.
13:17 - Oui, je pense que les forêts ont 370 millions d'années.
13:22 - Oui, elles étaient là 100 millions d'années avant nous.
13:25 - Voilà, donc c'est juste... Et elles n'ont pas beaucoup changé.
13:29 Et autant, bien sûr, je suis complètement dévasté quand on passe en revue.
13:34 Là, vous avez fait un collage de tous les feux les plus récents.
13:37 - Il est terrifiant.
13:38 - Alors, il faut quand même rappeler qu'elles ont toujours brûlé, peut-être pas dans la dimension de ce qui se passe aujourd'hui.
13:46 Ce que je veux souligner, et c'est peut-être difficile à entendre, mais c'est très vrai, c'est que derrière tous ces feux, derrière les pires feux,
13:54 quelques semaines, quelques mois après, la forêt repousse. Elle revient.
13:58 Alors, ce n'est pas une excuse.
14:00 C'est ça, quand je dis que les forêts sont éternelles, c'est que je raconte dans le livre que moi, j'ai connu aussi les feux de forêt méditerranéens,
14:10 il y a 20 ou 30 ans. Et quand on revient aujourd'hui sur place, mais ce sont de nouvelles forêts qui sont revenues.
14:18 Et donc, je raconte ça aussi quand on voit ce que les forêts, comment les forêts sont venues sur les cités mayas abandonnées en Amérique centrale.
14:28 Aujourd'hui, c'est au point...
14:29 - Elles les ont englouties.
14:30 - Elles les ont englouties.
14:31 - Englouties.
14:32 - Elles les ont mangées. Donc, ça dit beaucoup de choses sur la relation entre les hommes et les forêts.
14:36 L'homme n'a pas le temps. Il est un instant sur Terre. Il peut être dévastateur et il l'a été puisqu'il a déboisé la moitié,
14:45 la moitié des forêts du monde en à peine plus d'un siècle. Mais à la fin, c'est les forêts qui gagnent, si j'ose dire.
14:53 Je sais que c'est un peu provocateur ce que je dis, mais je le crois profondément. Et que si un jour,
14:58 véritablement, on aboutit à ce que l'homme aille vers sa destruction, les forêts seront là. Les forêts s'adaptent.
15:05 Il y a eu des arbres après Hiroshima. Il y a des arbres qui repoussent massivement à Tchernobyl.
15:12 - Et alors, partout dans le monde, Dominique Roch, vous mettez en scène cet affrontement entre l'activité humaine
15:19 et principalement l'agriculture et la forêt, ce face à face, et notamment au Paraguay. Racontez-nous ce que c'est qu'un gaillac.
15:28 - Alors le gaillac, c'est un arbre extraordinaire. Il est plus dense que l'ébène et son bois est gavé de parfum.
15:36 C'est un des bois les plus parfumés qu'on puisse trouver dans le monde. Quand on coupe un gaillac, on est donc dans une forêt primaire sèche,
15:45 au sud de l'Amazonie. C'est la deuxième grande forêt d'Amérique du Sud. Quand on coupe un gaillac, il se produit quelque chose d'extraordinaire.
15:53 C'est que sa charge en essence bleuille le bois et le bois devient bleu, mais d'un bleu intense, d'un bleu roi, quelque chose qu'on ne voit nulle part ailleurs.
16:01 - Oui, parce qu'il n'y a pas de bleu dans les forêts. - Dans les forêts, mais non. Finalement, il nous envoie un message en disant
16:08 "Regarde-moi, je suis un bois extraordinaire et je sens un parfum inégalable". Et donc, la parfumerie a découvert ce bois depuis longtemps, l'utilise
16:20 et évidemment, comme dans bien d'autres endroits, il est en danger le gaillac. Et pourquoi il est en danger ? Parce que les Paraguayens, les Argentins
16:28 ont commencé il y a très longtemps à déforester massivement le Chaco pour faire quoi ? Pour faire des champs de soja et pour faire surtout des pâturages et de l'élevage de viande.
16:39 Donc le gaillac est menacé comme toute la forêt. - Et vous, vous demandez à couper un gaillac. - Oui, parce que...
16:47 - Et vous allez couper un gaillac. Sous l'œil admiratif de vos confrères locaux et des guides, ils disent "Voilà un gars qui sait couper un arbre".
16:56 Parce qu'il y a l'art et la manière de couper un arbre. Pourquoi on coupe un arbre ? Pourquoi est-ce que c'est bien parfois de couper un arbre
17:03 quand soi-même, on milite contre la déforestation ? - Alors, parce que pour une raison très simple, c'est que dans beaucoup, heureusement, dans énormément
17:12 d'endroits du monde, on gère la forêt d'une façon magnifique. Ce qu'on appelle de la forêt jardinée. Dans une forêt jardinée, il y en a beaucoup en France,
17:22 il y en a beaucoup en Europe, on prélève des arbres lorsqu'ils sont mûrs et lorsque des jeunes arbres sont prêts à prendre leur place.
17:31 Et dans ce cas-là, l'exploitation de la forêt, elle est magnifique. Elle est magnifique. Et ce qu'on a essayé de faire au Paraguay, c'est justement de ne prélever
17:40 et de ne couper ces fameux gaillacs que lorsqu'il y a des plans de gestion forestier qui permettent d'être certains que la ressource sera préservée
17:48 et qu'on ne prélève qu'un ou deux sujets quand dix ou vingt sont prêts à continuer à grandir et à prendre leur place.
17:55 - Et d'ailleurs, vous repérez un roi de France, quelque part entre 1328 et 1350, Philippe VI, et vous vous demandez s'il n'est pas le premier,
18:07 non seulement à lancer l'alerte sur les risques de déforestation en plein Moyen-Âge français, mais aussi à réfléchir à la régulation de la ressource forestière française.
18:18 - Oui, alors dans les milieux forestiers, c'est un sujet qu'on connaît bien, la fameuse ordonnance de Brunois qui, très tôt dans l'histoire, dit "il y a un problème".
18:27 - 1346, la fameuse ordonnance de Brunois.
18:30 - Si on continue comme ça, on va manquer de bois. Et alors manquer de bois pour un bois qui servait à tout, parce que c'était à la fois le seul mode de chauffage,
18:40 c'était la source d'énergie à travers le charbon de bois de la métallurgie émergente et c'était ce qui devait servir à faire des bateaux et des navires de guerre.
18:51 Ce qui a produit plus tard tous les engagements de Colbert pour organiser la forêt française de façon à ce qu'on puisse avoir en permanence des chaînes de 200 ans qui permettent de faire ça.
19:03 Et donc on s'aperçoit qu'au fond, après avoir massacré la forêt du Cèdre du Liban dans l'Antiquité, dans le Moyen-Âge, on a commencé évidemment à complètement déforester toute l'Europe entière,
19:16 mais qu'on s'est rendu compte très tôt, on n'a pas attendu le 19e siècle, on s'est rendu compte très tôt qu'on allait avoir un problème et qu'il allait falloir gérer la forêt.
19:24 - Merci beaucoup Dominique Roch. Le Parfum des forêts parait chez Grasset et c'est un livre plein de senteurs.
19:32 - Merci Sonia.