Le ténor du barreau Georges Kiejman s'est éteint ce mardi. Il avait 90 ans. Pour évoquer son parcours, ses vies et combats, Sonia Devillers reçoit : Vanessa Schneider, auteure de ses mémoires parues chez Grasset en 2021, et l'agent littéraire François Samuelson. Ils sont les invités de 9H10.
Retrouvez "L'invité de Sonia Devillers" sur
https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-9h10
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00:00 Et Sonia De Vilaire, vous avez deux invités ce matin pour évoquer la figure de l'avocat
00:04 Georges Kiezman.
00:05 La journaliste au monde Vanessa Schneider qui venait de co-écrire les mémoires de
00:09 Georges Kiezman avec lui, « L'homme qui voulait être aimé ». C'est ce livre qui
00:13 vient de paraître chez Grasset.
00:14 Bonjour Vanessa.
00:15 Bonjour.
00:16 Et François Samuelson, un agent littéraire influent.
00:19 Vous représentez François Samuelson des artistes, des écrivains, des cinéastes,
00:22 des acteurs dont Kiezman a parfois défendu les droits en justice.
00:26 Vous avez écrit un petit livre formidable, « Il était une fois libération », qu'on
00:30 peut trouver chez Gélu, « Histoire de la presse, des intellectuels et de la gauche
00:33 », ça tombe bien, les deux piliers de la vie de Kiezman.
00:37 Bonjour François Samuelson.
00:38 Bonjour.
00:39 Il faut dire que Kiezman a été, est resté et sera à jamais un enfant de la tragédie
00:46 Vanessa Schneider.
00:48 Un enfant de la tragédie, l'enfant juif d'un homme exterminé à Auschwitz.
00:54 Oui, alors c'est en effet un enfant qui est né à Paris, deux parents juifs polonais
01:03 qui ont fui les pogroms, qui se sont installés à Paris, qui sont arrivés avec déjà deux
01:09 filles aînées.
01:11 Un père qui s'est engagé après dans l'armée française.
01:17 Volontairement.
01:18 Volontairement et donc ce qui a valu au reste de la famille en tant que famille militaire
01:26 de pouvoir être exfiltré dans le Béry.
01:30 Ce qui valait à Georges Kiezman ce mot, Georges Kiezman qui avait beaucoup d'humour de dire
01:35 « j'ai pu commencer comme ça une vie de petit bérichon », puisqu'il a passé
01:41 une grande partie de la guerre dans le Béry, dans des conditions assez rudes, puisque dans
01:46 des fermes.
01:47 Alors une enfance comme ça, une petite enfance où il n'a pas compris grand chose de ce
01:56 qu'était la guerre et d'ailleurs de ce qu'était d'être juif, puisqu'il n'était
02:01 pas vraiment caché, il n'avait pas vraiment conscience de ce qui se passait.
02:06 Il avait quand même conscience du danger, mais il n'a jamais retrouvé son père qui
02:14 a été démobilisé assez vite, puis arrêté par les Allemands, déporté et assassiné
02:23 à Auschwitz.
02:24 Une enfance marquée aussi par la pauvreté, voire par la misère.
02:27 Une pauvreté extrême, oui.
02:29 Son retour à Paris avec une vie comme on a du mal à l'imaginer maintenant, dans
02:35 un Paris très très pauvre, dans une chambre de bonne qui partage avec sa mère à Belleville,
02:42 sans eau, sans électricité.
02:44 Son mère, illettrée disait-il, dans toutes ses langues.
02:48 C'est-à-dire qu'elle ne lisait, elle n'écrivait ni le polonais, ils étaient
02:52 juifs polonais, ni le yiddish, ni le français.
02:55 François Samuelson, vous qui l'avez connu aussi tout au long d'une carrière, et
02:59 on va le raconter, passé dans l'édition, passé dans le compagnonnage de grands écrivains,
03:05 de grands intellectuels, de grandes revues, de grands cinéastes.
03:09 Voilà quelqu'un qui commence ce livre que vous avez écrit ensemble, Vanessa Schneider,
03:14 en disant "au fond ce syndrome de l'imposture, cet autodidacte, cet enfant qui a appris à
03:20 lire tout seul, qui s'est hissé jusqu'au barreau, je l'ai trimballé toute ma vie".
03:24 Vous le sentiez, François Samuelson ?
03:26 D'abord, je l'ai plus côtoyé, croisé que connu.
03:31 Petite anecdote, il avait été l'avocat de Thomas Langmann quand celui-ci m'a pris
03:38 pour un punching ball.
03:39 Thomas Langmann qui est le fils de Claude Berry et qui est producteur de cinéma.
03:45 Et dont le père n'a pas pour peu contribué à la future carrière de George Kegeman,
03:54 tout du moins dans sa partie liée au cinéma, puisque Claude Berry et lui étaient tous
03:59 les deux des enfants juifs de l'Est parisien.
04:04 Pour rebondir sur ce que dit Vanessa, je pense que ce qui est absolument exemplaire dans
04:14 son parcours, c'est le fait de, j'enfonce une énorme porte ouverte, mais d'être
04:19 parti d'absolument rien et d'être devenu tout ce qu'il a été.
04:25 Et ce qui est intéressant d'ailleurs, c'est qu'il y a un autre grand avocat qui
04:30 est mort il n'y a pas longtemps, à savoir Hervé Témime, qui d'ailleurs lui a succédé
04:33 dans la défense d'un certain nombre de clients.
04:37 C'est justement le fait d'avoir pu construire une vie avec l'absence d'un père.
04:47 C'est-à-dire l'absence de ce père lui a ouvert un champ du possible infini.
04:56 Ce qui n'est parfois pas le cas lorsque vous êtes dans une famille où les choses
05:01 sont assez, je dirais, rondement menées.
05:04 - Voilà, l'absence d'un père mais la surprésence d'une mère, on en reparlera Vanessa Schneider
05:10 puisque vous avez intitulé ce livre "L'homme qui voulait être aimé" et il y a quelque
05:14 chose de très fort dans la relation que George Kegeman entretenait aux femmes en général.
05:19 Nous sommes en 1979 sur Antenne 2.
05:24 - Je ne lui connais pas d'ennemis particuliers et Goldman était une nature extrêmement
05:28 complexe mais généreuse.
05:30 C'était ça qui était quand même la dominante de sa personnalité et je dois dire que je
05:36 ne crois en tout cas pas du tout à une vengeance policière.
05:39 Goldman a eu des incidents qu'il n'opposait à tel ou tel policier.
05:43 Parfois d'ailleurs à certains d'entre eux il se plaisait à rendre hommage.
05:47 Il les traitait de grands policiers.
05:49 Il n'y avait pas de contentieux général entre la police et lui.
05:52 Je suis sûr qu'un groupe fascisant dont je ne peux savoir même s'il est français
05:57 ou non mais en tout cas un groupe fascisant, ça j'en suis sûr, se cache derrière cette
06:01 appellation trop commode "honneur de la police".
06:04 - Je voudrais que vous François Samuelsson nous rappeliez ce que ça a été que ce procès
06:08 Goldman.
06:09 J'aimerais que vous Vanessa Schneider nous racontiez ce que ça a changé profondément
06:12 dans la carrière de George Kegeman.
06:15 François Samuelsson.
06:16 - Pierre Goldman avait fait le coup de main au Venezuela.
06:20 Il a eu une carrière de révolutionnaire en Amérique du Sud comme c'était beaucoup
06:30 l'horizon de l'époque, précédé par Michèle Fierke qui était une militante française
06:36 qui est morte en Amérique du Sud.
06:39 Il est revenu en France et a commencé un certain nombre de petits délits qui ont mené
06:49 à un cambriolage d'une pharmacie où deux pharmaciennes ont été tuées.
06:52 Quand je dis que c'est arrivé, c'est que lui l'a nié, avoir tué les deux pharmaciennes.
06:58 La suite de l'histoire laisse plaîner un doute mais disons que George Kegeman étant
07:06 proche de Signoré Montand, Simone Signoré l'a sollicité pour qu'il prenne la défense
07:15 de Pierre Goldman et le journal Libération qui avait une grande influence à l'époque
07:23 a fait de cette affaire une aventure absolument exemplaire puisque c'était aussi quelque
07:29 part le portrait d'une gauche radicale.
07:32 C'était d'ailleurs Simone Memorébon et Marc Kravets qui étaient le principal journaliste
07:41 qui suivait ce procès.
07:42 Marc Kravets qui est un des rédacteurs en chef de Libération qui est mort récemment.
07:46 Qui est décédé il n'y a pas longtemps.
07:49 Du coup, le procès en appel que Kegeman a suivi comme avocat de Goldman a été déporté
08:01 en Seine-et-Marne si ma mémoire est bonne.
08:03 C'était devenu une sorte de feuilleton où les plus grandes célébrités de l'époque
08:11 se bousculaient et qui a donné à ce procès une dimension qui était beaucoup plus large.
08:19 Et je crois que la carrière de George Kegeman a connu ainsi un tournant important.
08:26 - Vanessa Schneider, il dira j'ai compris ce que c'était que la vie d'être un Beatles.
08:31 - Oui, alors George Kegeman il est déjà un avocat connu quand il devient l'avocat
08:40 de Pierre Goldman.
08:41 On ne va pas le chercher pour rien.
08:42 Il est déjà un avocat connu.
08:45 Il est déjà proche de Pierre Mendès France.
08:49 Il est déjà l'avocat du Monde de l'édition, des éditions Gallimard.
08:54 Il est déjà l'avocat du Monde du cinéma.
08:56 Il est déjà proche de François Truffaut, proche de Simone Signoret.
08:59 Il est l'avocat d'Yves Montand.
09:01 Il a fait déjà des procès assez retentissants, des procès pénaux assez retentissants.
09:08 Et en effet, il devient l'avocat de Pierre Goldman.
09:11 Pourquoi ce procès est absolument capital ?
09:15 Parce qu'il y a eu un premier procès où Pierre Goldman était condamné et risquait
09:20 la peine de mort.
09:21 - C'est ça.
09:22 - Et le fait libéré.
09:23 - Et sur des charges qui paraissaient, un retournement paraissait extrêmement improbable.
09:33 Et du coup, tout s'est joué pendant les plaidoiries où Georges Kijman a fait preuve,
09:43 tout s'est joué sur sa fameuse rhétorique qu'on a retrouvée après dans des procès,
09:51 qu'on a appelée la méthode Kijman, qui consistait à acculer les témoins.
09:59 Alors tout ça sans notes, parce que c'est quelqu'un qui ne prenait pas de notes, qui
10:03 prenait juste quelques mots sur des bricoles.
10:05 - Et de faire des débats des moments extrêmement intenses.
10:07 - Intenses, à pousser les témoins, à les acculer, à avoir recours aussi à des subterfuges,
10:14 à utiliser des objets.
10:17 Et il a réussi à complètement retourner le jury et à obtenir cet acquittement qui
10:25 était inespéré pour Pierre Goldman.
10:28 Et évidemment, ça a été spectaculaire.
10:32 - Je voudrais que vous écoutiez la voix de Georges Kijman.
10:36 C'est au moment où vous sortez votre livre, Vanessa Schneider, que vous coécrivez avec
10:41 lui.
10:42 C'était il y a un an et demi.
10:43 Il est au micro de France Culture et il dit ce que c'est pour lui d'être de gauche.
10:47 - Aujourd'hui, être un homme de gauche est devenu assez vague.
10:51 Mais dans mes premières années d'adulte, ça avait un sens.
10:54 D'abord, on croyait encore un peu à la lutte des classes.
10:59 On ne savait pas encore quel désastre avaient été les tentatives du communisme en Union
11:06 soviétique.
11:07 Et on croyait que les démocraties étaient des systèmes au fond bancal, un peu mou, et
11:14 qu'il fallait aller au-delà.
11:15 Je crois que être de gauche aujourd'hui, c'est peut-être être moins ambitieux.
11:21 Être de gauche, c'est continuer à croire au progrès.
11:24 C'est tout simplement croire qu'il y a un devoir majeur qui est de réduire les inégalités
11:31 matérielles et culturelles, je dirais.
11:34 - Vanessa Schneider, il a été pour lui Pierre Mendès-France, puisque François Samuelsson
11:39 dit "voilà un homme qui s'est construit sans père".
11:41 Il avait fait de Pierre Mendès-France une sorte de père de substitution.
11:44 Et il y a un trajet de Pierre Mendès-France à François Mitterrand.
11:48 - Oui, mais il a toujours fait un distinguo entre les deux.
11:51 Alors c'est vrai qu'on a retenu surtout son amitié avec François Mitterrand qui
11:57 était plus récente.
11:58 Mais sa vraie admiration, elle allait à Pierre Mendès-France.
12:03 Et d'ailleurs chez lui, il y avait partout des photos de lui avec Pierre Mendès-France.
12:07 C'était vraiment presque une dévotion.
12:09 Son rêve, alors Georges Kitzman était un grand séducteur et il avait eu une histoire
12:18 d'amour avec Françoise Giroux qui à l'époque était la patronne de l'Express, une femme
12:24 très influente qui avait la réputation de faire et défaire les gouvernements.
12:29 Et il lui avait dit "mon rêve ça serait de rencontrer Pierre Mendès-France".
12:32 Elle lui avait dit qu'à cela ne tienne, elle l'avait emmenée avec sa voiture rencontrer
12:36 Pierre Mendès-France qu'il n'avait plus quitté.
12:38 Il a fait des campagnes électorales pour lui, ça a été un vrai engagement.
12:42 Il logeait chez lui, il dormait sur un lit de camp, il était dans sa voiture, il distribuait
12:48 les tracts, les meetings.
12:49 - Mais je voudrais poser la question à François Samuelson parce que Pierre Mendès-France
12:53 c'est une gauche réformiste, c'est une gauche qui n'est pas une gauche révolutionnaire.
12:57 C'est une gauche qui se tient à distance des communistes, qui se méfie des communistes.
13:01 Où est-ce qu'il se situe Kiezgman dans ce bouillon de culture de la gauche ?
13:06 - Je pense qu'il est comme une sorte de charnière entre des mondes qu'il côtoie, une partie
13:17 pour laquelle il est beaucoup plus proche de par le compagnonnage avec Pierre Mendès-France,
13:23 mais crée inévitablement des passerelles dans un désir commun, c'est-à-dire de voir
13:31 une certaine gauche réformiste, progressiste, antiraciste arriver au pouvoir.
13:38 N'oubliez pas que dans ces années-là, ça faisait presque 25 ans, je crois que la gauche
13:44 n'avait pas exercé aucun pouvoir.
13:46 C'est amusant, aujourd'hui c'est le 10 mai, c'est-à-dire la date anniversaire de l'élection
13:51 de François Mitterrand il y a 42 ans, 43 ans, je ne sais plus.
13:57 Et inévitablement, ces liens avec un certain nombre de gens, des métiers de la presse,
14:05 du cinéma, de l'édition, se retrouvent là.
14:10 Il est un point de jonction entre plusieurs mondes.
14:15 Juste le jour où Pierre Goldman est acquitté, mon souvenir c'est qu'on avait l'impression
14:20 que tout d'un coup, un homme revenait de nulle part.
14:24 C'est un espèce de sentiment extrêmement difficile à exprimer.
14:29 On pourrait dire que l'un des enjeux de ce procès, qui dépassait quelque part à un
14:37 moment Pierre Goldman lui-même, c'est que s'il perdait, c'était toute une idée de
14:43 la gauche révolutionnaire qui avançait son chemin, qui pouvait disparaître dans un trou
14:49 noir.
14:50 Je me souviens de cette photo du jour où Goldman est acquitté, où il est debout dans
14:56 un espèce de mouvement physique.
14:58 - C'est ça qui est passionnant, c'est-à-dire à la fois Goldman et à la fois Pierre Mendes
15:02 France qui sont vraiment deux mamelles de la gauche et d'une gauche parfois iré.
15:07 - On n'est pas sur le même registre.
15:09 - Exactement.
15:10 - Totalement opposé.
15:11 - Goldman, il le défend comme il a défendu des criminels, comme il a défendu des assassins,
15:15 comme il a défendu...
15:16 - Exactement.
15:17 - Et ça c'est son travail d'avocat.
15:19 - D'ailleurs, il a été...
15:22 Après, dans le livre, on sent qu'il a des doutes rétrospectifs sur sa défense.
15:32 Son engagement politique, il est autre.
15:34 Et son engagement politique, ça c'est Mendes et après ça va être en effet Mitterrand.
15:39 - Trois fois ministre.
15:40 - Et c'est un engagement politique qui est un engagement politique de gauche, de gauche
15:46 centriste on va dire, de gauche socialiste, centriste et pas du tout...
15:50 Par exemple, Georges Higman, c'est quelqu'un qui passe complètement à côté de Mai 68
15:54 et qui le dit, qui regarde Mai 68 de sa fenêtre de Saint-Germain-des-Prés.
15:59 C'est pas du tout quelqu'un d'extrême gauche.
16:02 - Trois fois ministre sous Mitterrand.
16:05 - Trois fois ministre sous Mitterrand.
16:06 - Il dira "j'ai été un grand avocat, j'ai été un petit ministre".
16:09 - Oui, alors, on lui a fait dire...
16:11 On m'a dit de moi que j'avais été un grand avocat et un petit ministre et c'est pas
16:17 tout à fait faux.
16:18 Mais ça a resté une blessure pour lui.
16:21 Il aurait aimé pouvoir faire plus au service de l'État parce que c'est quelqu'un qui
16:25 a été très reconnaissant envers la République, qui sait qu'il a été un produit de l'école
16:31 républicaine, que sans la République, la France, il n'aurait pas pu avoir ce parcours
16:37 qu'il a eu de la misère au plus haut sommet de l'État et qui a en effet souffert d'être
16:43 un secrétaire d'État qui n'a pas pu avoir vraiment les mains libres pour faire grand-chose.
16:48 - Enfin, il se retrouve secrétaire d'État, ministre délégué à la justice, il se retrouve
16:52 et il est percuté de plein fouet par l'affaire Bousquet.
16:54 Il est publiquement accusé par Serge Klarsfeld de servir d'alibi à Mitterrand pour éteindre,
17:01 pour étouffer un procès Bousquet.
17:03 Je rappelle que René Bousquet, qui était le maître d'œuvre de la RAF du Veldiv en
17:07 1942, il restera meurtri par cette percutation.
17:11 - Sa plus grande douleur, dit-il.
17:13 Oui, sa plus grande douleur puisque Serge Klarsfeld en fait a ce mot, pareil, un mot
17:21 d'avocat.
17:22 Il dit, il lui reproche d'avoir été le juif de service de Mitterrand pour...
17:29 Et ça, 20 ans, 30 ans après, c'était encore très très douloureux et la colère et la
17:44 blessure étaient encore là.
17:46 - C'est ça.
17:47 François Samuelsson, avant d'éclater au pénal, il brillera au civil.
17:52 On en a dit un mot, c'est-à-dire avant d'arriver dans le prétoire et de défendre Goldman,
17:59 il est déjà l'avocat des éditions Gallimard, il est déjà l'avocat du cahier du cinéma,
18:05 il a déjà défendu Jacques Rivette face aux censeurs.
18:09 D'abord, il y a quelque chose de très émouvant dans ce parcours d'être l'enfant d'une
18:13 femme illettrée qui devient l'avocat de la maison Gallimard.
18:16 C'est-à-dire que...
18:17 - Du UNESCO, de Mont-Herland...
18:19 - Mais Gallimard, ce que ça représente dans l'imaginaire français, c'est l'esprit français.
18:23 - Alors, il y avait deux choses.
18:27 La première, c'est qu'il représentait personnellement Claude Gallimard.
18:31 Mais aussi et surtout, à une époque où le juridisme ne touchait pas les entreprises
18:37 comme c'est le cas aujourd'hui, il venait une fois par semaine, si vous voulez, et répondait
18:42 à toutes les questions qui pourraient être posées dans la maison Gallimard.
18:46 Et je veux prendre un parallèle qui était l'agence Armedia où son ami, mentor et protecteur
18:52 Pierre Hébé faisait exactement la même chose.
18:54 Pierre Hébé venait chez Armedia.
18:56 C'est une méthode, je pense, qu'il a héritée de...
18:59 Enfin, héritée ou recopiée de Pierre Hébé qui venait exactement chez Armedia.
19:05 Et on se retrouvait, nous, à devoir lui poser toutes les questions comme on l'était précautionneusement
19:09 pour ne pas les oublier.
19:10 Ensuite, évidemment, ce compagnonnage a fait aussi qu'il a toujours refusé d'écrire
19:19 ses mémoires, craignant de ne pas arriver à la cheville des écrivains.
19:24 Et c'est là où l'intervention de Vanessa Schneider a été extraordinaire.
19:28 C'est que ce livre n'est pas une biographie stricto sensu, une autobiographie, mais elle
19:36 donne des pistes pour un jour un grand biographe.
19:38 Voilà, l'homme qui a affronté la censure, l'homme qui a défendu l'EMLF, l'homme qui
19:46 a défendu Charlie Hebdo.
19:47 On n'a pas eu le temps d'en parler.
19:48 Georges Keijman est mort hier.
19:51 Merci Vanessa Schneider, merci François Samuelson d'avoir été nos invités ce matin.