Les 4 vérités - Fabien Roussel 

  • l’année dernière
Chroniqueur : Thomas Sotto 


Thomas Sotto reçoit Fabien Roussel, député du nord, secrétaire national du PCF,  dans les 4 vérités.

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Transcript
00:00 [Générique]
00:03 Bonjour et bienvenue dans les 4V Fabien Roussel.
00:05 Bonjour Thomas Soto.
00:06 Cette réforme est-elle acceptée ? A l'évidence non et je le regrette, nous devons en tirer tous les enseignements.
00:11 Ce sont quasiment les premiers mots d'Emmanuel Macron hier soir à la télévision.
00:14 Au moins il y a eu un début de "mea culpa", ça doit vous satisfaire ça non ?
00:19 Bah vous parlez, ça fait une belle jambe pour les Français qui l'ont regardé quand même.
00:23 Il n'a rien annoncé, ça fait 6 ans qu'il est président de la République
00:27 et il fait quand même un constat terrible pour notre pays.
00:30 Pas des services publics qui ne fonctionnent pas, des hôpitaux engorgés,
00:35 des profs absents dans les écoles, une France du travail qui est à l'arrêt.
00:40 Enfin quand même, il est responsable de cette politique.
00:42 Il était le président des riches, il devient président autoritaire
00:46 et maintenant le président d'une France appauvrie.
00:49 Et c'est ça ce que les Français ont entendu hier.
00:51 Le pire c'est qu'il n'est rien annoncé, c'est-à-dire même pas annoncé,
00:54 il a dit aux Français "vous devez faire des efforts avec cette réforme, je comprends, vous devez faire des efforts".
00:59 Mais il ne demande même pas aux plus riches, à ceux qui touchent des dividendes records,
01:04 de faire le moindre effort.
01:06 C'est d'une injustice terrible pour l'ensemble des Français.
01:10 Le SMIC il a 1300 euros, 1350 euros net par mois.
01:14 Vous pensez qu'on vit avec ça aujourd'hui ?
01:16 Le plein d'essence, la facture d'électricité c'est 200 euros par mois.
01:21 Vous attendiez des mesures concrètes ? Parce que là c'était plus une mise en perspective.
01:24 Il a dit "nous avons 100 jours d'apaisement, d'unité et d'action devant nous".
01:28 Vous dites "chiche", vous dites "ok, allons-y ensemble, essayons d'avancer ensemble,
01:31 essayons de débloquer les choses ensemble" ou pas ?
01:32 Qu'est-ce qu'il a fait là ? Il est élu depuis un an et qu'est-ce qu'il a fait ?
01:38 Des réformes les plus dures, il demande à ceux qui ont des métiers pénibles
01:42 de travailler deux ans de plus, il nous vole deux ans de vie.
01:45 Et maintenant il veut que les Français se projettent avec lui.
01:48 Il y a une crise démocratique.
01:50 Ça sera sans vous ?
01:51 Bien sûr. D'abord, personne ne baillonnera les Français.
01:55 Personne n'enlèvera au peuple sa légitimité et sa souveraineté.
02:00 Nous continuerons de nous battre avec les salariés, avec les retraités,
02:04 avec la jeunesse, contre cette réforme.
02:07 Nous en parlerons entre nous, avec l'ensemble des parlementaires
02:11 qui se sont mobilisés, notamment en déposant le RIS,
02:13 puis encore le Conseil constitutionnel qui doit rendre sa décision le 3 mai prochain.
02:19 Il y aura cette belle mobilisation le 1er mai, la journée du travail.
02:23 Nous continuerons de nous battre. Il ne baillonnera pas la France.
02:26 Il ne veut pas la baillonner, il veut parler, il veut parler notamment aux syndicats.
02:28 Il a dit "je suis prêt à les recevoir aujourd'hui même, ma porte est ouverte".
02:31 Est-ce que bouder, ne pas y aller n'est pas une erreur,
02:33 alors qu'il veut mettre le chantier du travail, de la justice et du progrès sur la table ?
02:37 Mais vous vous rendez compte que pendant plus de trois mois,
02:40 il a refusé de les rencontrer ?
02:42 Pendant plus de trois mois, la Première ministre a refusé d'écouter les syndicats ?
02:46 Ils ont refusé de se mettre autour de la table ?
02:48 Vous imaginez ce que ça veut dire en termes de démocratie
02:52 quand pendant trois mois, un pays entier se soulève contre une réforme,
02:56 qu'il refuse d'écouter les syndicats,
02:58 qu'il humilie le Parlement en utilisant le 49.3 car il sait qu'il va perdre,
03:04 qu'il n'écoute pas les Français qui se mobilisent pacifiquement dans la rue.
03:08 Mais qu'est-ce qu'il nous reste comme moyen pour nous faire entendre ?
03:10 – Qu'est-ce qu'il vous reste ?
03:11 – Mais c'est une question que je pose, c'est en ça que je dis qu'il y a une crise démocratique.
03:14 Il reste le Conseil constitutionnel,
03:16 qui même lui, alors qu'il y avait beaucoup d'arguments,
03:19 a décidé de valider l'ensemble de la loi.
03:21 Mais il reste ce référendum sur la table le 3 mai prochain.
03:25 – Il n'a pas validé l'ensemble, il y a quelques instants.
03:27 – Mais si en plus de cela, le Conseil constitutionnel
03:30 venait à ne pas nous donner la possibilité de nous exprimer à travers un référendum,
03:35 mais que reste-t-il aux Français pour se faire entendre ?
03:38 Le peuple n'est pas légitime quand il a quelque chose à dire d'aussi profond.
03:42 – Mais quelle est la sortie que vous y…
03:43 parce que les juristes disent, la deuxième demande de RIP,
03:46 il y a quand même peu de chances qu'elle aboutisse,
03:47 on verra bien le 3 mai, il y a peu de chances.
03:49 Quel est votre projet politique derrière, c'est quoi ?
03:51 C'est de mettre les gens dans la rue ?
03:52 C'est de déposer une nouvelle motion de censure comme veut le faire la France insoumise ?
03:55 C'est de faire tomber le gouvernement ? C'est quoi le projet derrière ?
03:57 On a dit on n'est pas d'accord, on n'est pas entendu et on ne veut pas l'aider.
04:00 Tout est bloqué, on fait quoi ?
04:01 – D'abord, nous continuerons toujours de nous battre, nous, forces politiques,
04:04 députés, sénateurs, avec les moyens que nous avons au Parlement.
04:07 Donc ce sera le dépôt d'un texte de loi visant à abroger la réforme des retraites,
04:12 ce sera…
04:13 – La nouvelle motion de censure, elle est finie ?
04:15 – Une, ce sera…
04:16 – Il y en aura une ou pas ?
04:17 – Une nouvelle motion, on va en discuter.
04:18 – Vous y êtes favorable ?
04:19 – On va en discuter entre nous, il y a quand même de quoi censurer le gouvernement.
04:23 Ce que je ne voudrais pas, c'est que cette motion de censure,
04:26 selon la manière dont elle est déposée, qu'elle fasse moins que ce que l'on a fait avant.
04:30 Il ne faut quand même pas qu'on donne des signes d'affaiblissement.
04:33 Mais surtout, on utilisera tous les moyens qui sont aujourd'hui entre nos mains
04:38 et que la Constitution, que les institutions nous donnent.
04:42 Mais ce qui est grave, c'est qu'il ne faudrait pas renvoyer aux Français
04:46 que quelque part les députés ça ne sert à rien, les syndicats ça ne sert à rien,
04:50 un Conseil constitutionnel ça ne sert à rien, les institutions ne servent à rien.
04:53 C'est ça la crise démocratique grave dans laquelle on est.
04:55 – Mais le Conseil constitutionnel, il a fait son job, non ?
04:57 – Oui, il a fait son job, mais il lui reste encore la possibilité
04:59 de donner aux Français la parole via le RIP.
05:02 C'est pour ça que j'insiste beaucoup, le Conseil constitutionnel a une responsabilité forte,
05:06 c'est de donner aux Français une sortie de crise via ce référendum.
05:11 Le deuxième RIP que nous avons déposé…
05:12 – Sauf que le Conseil constitutionnel ne fait pas de la politique, il fait du droit.
05:14 – Oui d'accord, mais enfin c'est aussi une institution…
05:16 – Si il va y avoir un référendum politique, c'est au Sénat de décider…
05:19 – C'est une institution importante, nous avons avec ce deuxième RIP
05:22 où il y a deux articles et notamment avec une mesure de financement que nous proposons,
05:28 eh bien ça fait une réforme et nous espérons que le Conseil constitutionnel
05:31 donnera la possibilité aux Français de pouvoir trouver un référendum
05:34 et donc moi je veux fonder mes espoirs dessus et sinon le 1er mai, nombreux dans la rue
05:38 et ensuite je vous dis, l'ensemble des parlementaires qui nous sommes mobilisés
05:44 et bien au-delà de la NUPES, parce qu'on était 252 parlementaires,
05:48 nous avons beaucoup de choses à faire ensemble au Parlement
05:51 et nous le ferons avec les organisations syndicales.
05:53 Et je dis un dernier mot, Monsieur Soto, la réforme des retraites,
05:56 elle va continuer de nous mobiliser mais la question des salaires,
06:00 la question des salaires, du pouvoir d'achat, des conditions…
06:02 – On en a parlé hier, ça je ne savais pas.
06:03 – Oui mais d'accord, mais il en parle et il ne fait rien.
06:06 Il en parle et il ne fait rien.
06:08 – Mais est-ce que l'achat de vie est la meilleure façon de le faire plus vite ?
06:11 – Les actionnaires du CAC 40, les 40 plus grands groupes français cotés en bourse
06:17 ont récolté 152 milliards d'euros de dividendes en 2022,
06:22 zéro pour les salariés, rien, copec.
06:24 J'ai vu des salariés de l'industrie automobile,
06:26 cette semaine dans ma circonscription, qui travaillent à Peugeot,
06:29 qui disent…
06:30 – Chez Stellantis il y a eu des primes.
06:31 – Oui, mais les mêmes, ils disent "nous on produit des voitures
06:35 que nous les ouvriers ne pourrons jamais nous payer"
06:37 quand bien même ils touchent des primes.
06:39 La réalité aujourd'hui c'est que le travail ne paye pas
06:41 et cette question des salaires, des conditions de travail,
06:44 elle sera mise au cœur de l'actualité et par les syndicats
06:47 et par nous qui défendons le monde du travail.
06:49 – Fabien Roussel, vous voulez faire tomber le gouvernement
06:51 et vous vous faites aussi pas mal de croche-pattes entre vous,
06:53 c'est un peu la guerre des roses à la NUPES.
06:55 Emmanuel Bompard, le coordinateur de LFI, a parlé de vous ce week-end
06:58 dans le JDD.
06:59 Fabien Roussel, il doit arrêter de tirer sur son camp.
07:01 Il y a un an déjà, sa candidature a empêché Jean-Luc Mélenchon
07:03 d'être au second tour de la présidentielle,
07:05 maintenant il veut tourner la page de la NUPES.
07:07 On dirait vraiment un couple en instance de divorce là.
07:09 – Non, pas du tout.
07:10 D'abord, mon camp c'est celui de la France du travail,
07:14 c'est la France, c'est les salariés,
07:17 c'est ceux que je défends, que je défendrai toujours.
07:19 Mon objectif, c'est la victoire de la gauche.
07:22 – Je suis d'accord.
07:23 – Oui mais non, c'est important parce que…
07:25 – Vous êtes censés gagner ensemble et là vous vous faites la gueule.
07:27 – Mon objectif, non, je ne fais pas la gueule,
07:29 je suis quelqu'un qui parle franchement
07:31 et je pense que la franchise c'est le ciment de la fraternité entre nous
07:35 et qu'il faut être sincère et se dire tout, y compris quand ça ne va pas.
07:39 – Et même quand il vous dit, Emmanuel Bompard,
07:41 la NUPES c'est un programme et une stratégie qui ne s'accommodent pas
07:43 d'ambiguïté sur le fond ou d'hommage à Darmanin
07:45 en pleine répression du mouvement social.
07:47 – Je souhaite, moi, que l'on progresse, je souhaite que l'on gagne
07:51 et je souhaite que l'on rassemble largement.
07:53 Je vous parle de ces 252 parlementaires qui ont signé le RIP.
07:57 C'est beaucoup plus que les 150 députés de la NUPES, vous me l'accorderez.
08:01 – C'est 100 de plus.
08:02 – Oui mais on est allé donc beaucoup plus loin.
08:04 Regardez l'intersyndicale, elle a réussi à rassembler largement
08:08 et pour autant ils n'ont pas créé une instance spéciale,
08:11 ils n'ont pas créé même une instance à laquelle on peut adhérer directement.
08:14 – Ça veut dire quoi ? Qu'il faut imaginer autre chose que la NUPES pour demain ?
08:16 – Ce que je souhaite c'est que l'on puisse agrandir, élargir,
08:18 voire plus loin gagner, l'emporter et pour cela parler à toutes celles et ceux
08:23 qui aujourd'hui s'opposent à cette réforme de retraite,
08:25 souhaitent améliorer les conditions de travail des salariés,
08:27 souhaitent augmenter les salaires, remettre en cause ce système économique
08:31 qui n'a qu'un seul objectif, c'est l'argent pour une minorité,
08:34 les profits pour une minorité quand nous, nous voulons le partage des richesses.
08:37 – Très bien, Roussel, certains dans votre propre camp se demandent
08:39 si vous ne seriez pas un communiste de droite.
08:41 – Mais non, mais ça c'est pas vrai.
08:43 En fait, vous savez pourquoi on dit ça ?
08:45 Parce que quand je parle, je parle à tout le monde, je ne parle pas…
08:48 – Il faut parler des frontières passoires, ça c'est les termes qui étaient utilisés
08:51 par PASCO en 90, par De Villiers en 92, par Dupont-Aignan, par Zemmour, par Bardella,
08:55 rarement par un communiste quand même.
08:57 – Je regrette qu'on me fasse une mauvaise polémique sur cette question des frontières
09:01 parce qu'on m'a même dit "les frontières c'est pas de gauche",
09:04 j'ai dit "vous rigolez ou quoi ?"
09:06 Enfin défendre les frontières d'un pays, écoutez-moi bien,
09:10 défendre les frontières d'un pays qui protège notre industrie,
09:13 qui protège nos usines et nos services publics,
09:15 qui nous protège de la fraude et de l'évasion fiscale, ça c'est mon projet.
09:20 C'est-à-dire que la France respecte sa souveraineté économique
09:24 et que l'argent ne s'évade pas et en même temps,
09:27 que nous soyons une France qui sache tendre la main
09:30 à ceux qui aujourd'hui traversent la Méditerranée ou la mer du Nord
09:33 et ne meurent pas dans ces mers qui deviennent des cimetières,
09:36 ça c'est la France que je défends, c'est-à-dire celle qui défend l'emploi,
09:40 les salaires, les services publics, qui nous protège des fraudeurs
09:43 et des délinquants en col blanc et qui ne font pas de ceux
09:46 qui traversent la Méditerranée des ennemis.
09:48 Et bien ce projet-là, mais au contraire, on doit l'apporter
09:52 et moi je ne vais pas regarder qui a dit quoi avant,
09:56 moi je sais ce que je défends aujourd'hui,
09:58 j'entends ce que me disent les Français que je rencontre dans le pays tous les jours
10:01 et je suis fier de pouvoir défendre cette France-là,
10:04 cette France du travail et du progrès social et de la fraternité humaine.
10:07 – Je voudrais une réponse par oui ou par non si c'est possible
10:09 ou par je ne sais pas si vous ne savez pas, il y a des élections européennes dans un an,
10:12 irez-vous à la bataille avec la NUPES ?
10:14 Ou est-ce qu'il y aura des listes autonomes du Parti communiste ?
10:16 – Mais c'est une question de projet, mais je peux vous dire une chose,
10:19 c'est que nous, nous ne sommes pas pour une Europe fédérale,
10:22 nous ne sommes pas pour une Europe qui défend les traités de libre-échange
10:25 et nous voulons défendre la souveraineté économique de la France,
10:30 je viens d'en parler et je vous donne…
10:32 – Donc là, c'est les Français qui sont sur les européennes, c'est les Unions.
10:34 – C'est un exemple qui est majeur pour nous, la question énergétique,
10:37 sortir du marché européen de l'énergie, sortir l'électricité de la spéculation
10:41 et défendre le nucléaire et le renouvelable.
10:44 – Ce que vous faites à la France au lointain national aussi.
10:46 – Mais non, ce qu'on défend nous, c'est un service public de l'énergie
10:49 qui garantisse à tous le même prix d'électricité et du gaz,
10:52 car nous en avons les moyens, et bien cette souveraineté économique-là, énergétique,
10:56 je la défends et s'il faut pour cela que nous ayons une liste
10:59 pour défendre notre projet aux Français, nous le ferons,
11:02 mais nous nous mettrons d'abord le contenu sur la table
11:06 et nous voulons construire une liste la plus large du fond,
11:10 à partir de ce projet pour la France.
11:12 – Merci Fabien Rousset, je rappelle que votre livre "Les jours heureux" sont devant nous.
11:15 – J'en parle beaucoup dans mon livre, tout à fait,
11:17 je parle beaucoup de cet avenir pour la gauche et pour la France dans mon livre.
11:20 – Merci à vous et bonne journée. – Merci.

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