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Thomas Sotto reçoit Sandrine Rousseau, la député EELV de Paris, dans les 4 vérités. 

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00:00 Bonjour et bienvenue dans les 4V, Sandrine Rousseau.
00:03 Vous avez participé hier à la marche contre l'antisémitisme à Paris.
00:07 Qu'est-ce que vous en retenez ce matin ?
00:09 J'en retiens une mobilisation extrêmement importante,
00:11 une mobilisation très sincère de nombre de citoyens et de citoyennes
00:17 qui sont venus se marcher.
00:20 J'en retiens aussi un moment politique, à mon avis, de bascule,
00:24 où le Rassemblement national s'est blanchi face à son antisémitisme de naissance.
00:34 Édouard Philippe a dit que ce qui importe ce n'est pas avec qui vous menez la lutte,
00:37 mais contre quoi ?
00:39 Non, ce n'est pas vrai.
00:40 Je ne suis pas d'accord avec cette phrase parce que je rappelle quand même
00:44 qu'aujourd'hui, parmi les signes distinctifs qui permettent de se reconnaître
00:48 dans les mouvements d'extrême droite, il y a des tatouages néo-nazis,
00:51 des tatouages qui remettent en cause la choix ou qui utilisent les signes du nazisme.
00:57 On n'a pas du tout vu ça hier ?
00:59 Non, on ne l'a pas vu, mais par contre, je rappelle quand même
01:02 que dans le groupe parlementaire du Rassemblement national,
01:05 aujourd'hui, à l'Assemblée nationale, il y a un député qui a donc été investi
01:10 par le Rassemblement national et qui a été élu, qui siège à l'Assemblée,
01:14 qui a ouvert une librairie, qui vendait des ouvrages négationnistes,
01:18 c'est-à-dire qui niait la choix.
01:20 Donc ça veut dire qu'en fait, l'antisémitisme ne se conjugue pas au passé
01:25 au Rassemblement national.
01:26 Mais il n'y a pas des causes plus grandes que nous qui méritent qu'on marche tous ensemble ?
01:29 Est-ce que finalement le problème, c'était les présents ou c'était les absents ?
01:32 Non mais là, c'est pour ça que moi j'y suis allée.
01:35 Parce que je pense que la lutte contre l'antisémitisme est une lutte
01:39 qui mérite que nous marchions et qui mérite que nous y allions.
01:41 Emmanuel Macron ou Jean-Luc Mélenchon ont eu tort de ne pas y aller, selon vous ?
01:45 Moi, je vais vous dire, mon premier réflexe a été de dire
01:47 "je ne marche pas avec l'URN" et mon deuxième réflexe a été de dire
01:49 "la lutte contre l'antisémitisme est plus importante que cela
01:52 et ce n'est pas l'URN qui va nous sortir de ces manifestations".
01:57 Donc voilà.
01:58 Après, hier, il y avait de l'extrême droite et il n'y avait pas que de l'extrême droite en fin de cortège.
02:04 Il y avait des personnalités d'extrême droite dans le cortège,
02:07 y compris derrière ou pas loin de la bande-roche.
02:10 Je vous pose ma question, mais est-ce que Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron
02:13 ont, selon vous, eu tort de ne pas y participer à cette marche ?
02:15 Je pense qu'il était aussi important de montrer que ce n'était pas possible
02:19 de marcher avec le Rassemblement National.
02:20 C'est-à-dire qu'en fait, le choix était difficile, le choix était difficile
02:24 et moi, j'ai décidé de le faire au nom de la lutte contre l'antisémitisme
02:27 et ce que j'y ai vu, c'est vraiment une opération de blanchiment du URN.
02:32 Vous avez vu ça ? Pour vous, les 105 000 personnes qui ont manifesté à Paris
02:35 ont participé à une opération de blanchiment du URN ?
02:37 Non, au contraire, je pense qu'il y a plein de personnes qui venaient là très sincèrement.
02:41 Très sincèrement.
02:41 On n'a pas entendu un slogan politique pendant tout le défilé ?
02:44 Il y a plein de gens qui sont venus très sincèrement lutter contre l'antisémitisme,
02:48 comme moi, je venais d'ailleurs très sincèrement lutter contre l'antisémitisme.
02:51 Après, il n'y avait pas que ça dans cette manifestation.
02:52 Emmanuel Macron va recevoir les représentants des cultes à 9h30 à l'Élysée.
02:56 Est-ce qu'il a raison de le faire ? Est-ce que c'est son rôle ?
02:58 Oui, je pense que là, dans le moment, en tant que président de la République,
03:02 il est important qu'il reçoive tous les cultes
03:04 et qu'il parle avec tous les représentants des cultes.
03:07 Et l'absence de Jean-Luc Mélenchon, pour y revenir, ça signifie quoi pour vous ?
03:10 Parce qu'on sent que tout le monde n'est pas complètement à l'aise dans la nupèce,
03:12 même au sein de l'AFI.
03:15 Elle dit que le Rassemblement national n'est pas une force politique comme les autres.
03:20 Elle dit que ça n'est pas possible de marcher à côté de lui,
03:25 à côté des représentants de ce Rassemblement national.
03:28 Honnêtement, voilà, c'était une situation très compliquée.
03:32 Il était là en 2015 pour les manifestations après les attentats de Charlie Hebdo
03:37 et dans le cortège, il y avait Benyamin Netanyahou,
03:39 il y avait le leader d'extrême droite hongrois, Victor Orban,
03:41 ça ne le dérangeait pas beaucoup à l'époque.
03:43 – Oui, c'est pour ça que moi j'ai décidé d'y aller,
03:45 voilà, après je ne suis pas comptable des décisions de Jean-Luc Mélenchon,
03:50 je pense qu'il est aussi important de rappeler que le Rassemblement national
03:55 n'est pas une force politique comme les autres.
03:58 Et encore une fois, dans l'extrême droite,
04:01 il y a des gens qui ont des tatouages néo-nazis et qui ont probablement été là hier.
04:07 Quelle est la logique de tout ça ?
04:08 On est en train de perdre les repères.
04:10 – C'est compliqué de savoir s'il y avait des gens qui dans leurs sous-vêtements
04:11 avaient des tatouages, enfin pardon,
04:12 Jean-Luc Mélenchon il a tweeté "toute la droite"...
04:13 – Non, ce n'est pas anodin, non, ce n'est pas anodin,
04:15 parce que c'est un signe…
04:16 – Je ne dis pas que c'est anodin, je dis que c'est compliqué de le savoir
04:17 et que j'ai vu qu'à point de concert il n'y a pas eu de…
04:18 – Oui, mais c'est un signe de ralliement en fait,
04:19 c'est un signe de ralliement des militants d'extrême droite.
04:21 Et il faut le comprendre, et c'est pour cela aussi
04:23 que c'était indécent qu'il soit là hier.
04:25 – Il a tweeté Jean-Luc Mélenchon "toute la droite et l'extrême droite,
04:27 pourtant unies, ont échoué à reproduire les mobilisations générales du passé,
04:53 qui aujourd'hui est invisibilisée et grâce à la marche d'hier, elle ne l'a pas été".
05:00 Donc voilà, il n'y a aucun doute, je n'ai aucun regret d'y être allée.
05:03 – Ça n'arrive pas souvent, mais là je ne vous sens pas très à l'aise
05:05 sur ces sujets-là, sur cette question-là.
05:07 – Au contraire, alors là je vais vous dire,
05:08 j'ai lutté contre l'antisémitisme depuis le début de mon engagement.
05:13 – Je ne vous dis pas que vous ne luttez pas contre l'antisémitisme,
05:15 je vous dis à l'aise sur cette manifestation, y être, pas y être,
05:18 y aller, assumer, pas assumer…
05:19 – Oui, non, je n'étais pas à l'aise, oui je n'étais pas à l'aise,
05:20 oui je n'étais pas à l'aise, vraiment pas.
05:22 – Et ce Jean-Luc Mélenchon, Manuel Bompard, il affirme,
05:23 il dit qu'on ne le comprend pas, que les médias ne le comprennent pas,
05:25 Jean-Luc Mélenchon, et Manuel Bompard dit "il n'y a aucune ambiguïté
05:28 dans la lutte contre l'antisémitisme dans le parti".
05:30 Est-ce que vous en êtes convaincue ?
05:34 – Je pense que oui, il n'y a pas de difficulté sur la lutte contre l'antisémitisme,
05:38 mais ça serait bien de le réaffirmer aujourd'hui, maintenant,
05:40 par les présences et je regrette, moi,
05:44 que la gauche n'ait pas organisé cette marche en fait, voilà.
05:48 – Mais vous n'êtes pas convaincue sur l'absence d'ambiguïté ?
05:51 – Je pense qu'il y a eu des propos ces derniers temps qui ont mis le tout.
05:53 – David Guiraud, député LFI, votre allié dans le cadre de la NUPES,
05:56 qui a dit ceci "le bébé dans le four, ça a été fait en effet par Israël",
06:00 "la maman éventrée, ça a été fait c'est vrai par Israël".
06:03 Ils sont où les propos d'extrême droite là ?
06:05 – Non mais ces propos-là, je les condamne,
06:10 et ça fait partie de la difficulté dans laquelle nous sommes aujourd'hui à gauche,
06:14 je le dis, pardon ?
06:15 – Est-ce que ça, ce n'est pas des propos d'extrême droite ce qu'a dit M. Guiraud ?
06:18 – D'extrême droite, je ne sais pas, en tous les cas,
06:20 ce sont des propos qui n'ont pas leur place dans le débat politique aujourd'hui.
06:25 – Fabien Roussel sur la NUPES a dit "nous avons besoin de construire
06:27 un rassemblement de la gauche et des écologistes qui parlent à tous les Français".
06:30 La NUPES a vécu, c'est terminé, pour le PCF c'est clair,
06:33 nous quittons ce rassemblement, est-ce que vous êtes d'accord avec ça ?
06:35 Est-ce qu'il faut reconstruire la gauche et réunir la gauche sans LFI ?
06:39 – En tous les cas, là, on a besoin de discuter entre nous
06:41 et de savoir quelle est la stratégie que l'on mène,
06:43 parce que je pense que dans le moment,
06:45 nous aurions besoin d'une voix de gauche unie et forte,
06:48 d'une voix qui puisse s'imposer dans le débat politique
06:51 et ça n'est pas du tout ce qui se passe actuellement.
06:53 – Donc il faut en tout cas remettre les choses sur la table.
06:55 – On a une responsabilité vis-à-vis des électeurs et électrices,
06:57 on a une offre politique à poser qui ne soit pas juste la montée inexorable
07:02 de cette extrême droite qui vraiment fait tout pour essayer de gagner le pouvoir
07:06 et dont on voit bien que les barrières qui luttaient contre sa montée
07:11 sont en train de voler en éclats les unes après les autres.
07:14 – Politiquement, vous êtes à peu près en désaccord sur tout avec le gouvernement,
07:17 dans quelques semaines, le projet de loi sur l'immigration
07:18 va arriver à l'Assemblée Sandrine Rousseau,
07:20 est-ce que votre priorité c'est de faire tomber le gouvernement,
07:22 de faire passer une motion de censure à l'occasion de ce projet de loi ?
07:25 – Oui, on va lutter contre ce projet de loi "Asile Immigration"
07:30 qui est encore une fois une main tendue aux débats les plus rances dans notre société,
07:36 c'est-à-dire, je pense que nous allons avoir des paroles probablement racistes,
07:40 probablement discriminantes à l'intérieur même de cet hémicycle
07:44 et en fait, moi j'ai vraiment le sentiment d'être dans un flux continu
07:49 de légitimation de politique disant que l'étranger est le danger,
07:56 que les Français ne sont pas égaux…
07:59 – Donc je vous repose ma question, est-ce que votre ambition
08:02 à l'occasion de ce projet c'est de faire tomber le gouvernement ?
08:04 – Ça n'est pas à l'occasion de ce projet mais je pense qu'il y a quelque chose à poser
08:11 vis-à-vis de ce gouvernement qui est une forme de rapport de force
08:13 parce que là, ça n'est pas possible qu'il continue de cette manière-là
08:16 à dérouler ses éléments de politique sans aucune considération des oppositions.
08:21 Je rappelle que depuis le début de cette mandature,
08:23 on a passé des lois antisociales de manière constante,
08:27 là il y a des gens qui n'ont pas de quoi manger,
08:28 qui n'ont plus assez d'argent pour manger, qui n'ont pas de logement,
08:31 on a une crise du logement historique et on va agiter le drapeau rouge sur "Asile Immigration",
08:36 franchement c'est irresponsable.
08:37 – Vous savez que vous aurez besoin des voix du RN pour faire passer une motion de censure ?
08:40 – Non, c'est pour ça que je ne vous réponds pas sur la motion de censure
08:44 et que je vous dis que je lutterai corps et âme contre ce projet de loi.
08:47 – Vous ne voulez pas des voix du RN sur cette motion de censure de la gauche, s'il y en a une ?
08:50 – Pas sur une loi "Asile Immigration", non, ça me semble totalement impossible
08:54 et d'une manière générale, moi je ne cherche jamais les voix du RN,
08:57 je ne cherche jamais son approbation, je lutte contre lui de manière permanente
09:02 et je ne lésinerai pas une seule seconde sur cette lutte contre le Rassemblement National
09:05 dont j'ai l'impression que nous sommes bien seuls à la mener.
09:08 – C'est moi ou j'ai l'impression que ça ne va pas ce matin ?
09:09 – Non, ça ne va pas, ce qui s'est passé hier me semble être un moment politique
09:15 d'une gravité extrême et qu'on minimise et dont on ne voit pas la portée
09:21 et va s'ouvrir dans quelques jours la COP 28 à Dubaï
09:26 où encore une fois on va complètement renverser les codes
09:30 puisque ça fait partie des pays qui consomment de l'eau,
09:33 qui utilisent 70% de son électricité sur de la climatisation qui est un paradis fiscal.
09:41 Donc rien ne va là et j'ai l'impression qu'on est en train de perdre tous les repères
09:44 et oui, je suis inquiète, je le dis, je suis inquiète
09:47 et c'est pour cela qu'il faut que la gauche se ressaisisse
09:48 et que nous offrions une sortie politique par le haut.
09:51 – Merci beaucoup Sonia Monsaud.

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