• il y a 2 ans
Avec Bérengère, infirmière libérale à Palavas-les-Flots dans l’Hérault, membre du Collectif syndical « Infirmiers libéraux en colère »
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##C_EST_A_LA_UNE-2023-02-08##

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Transcription
00:00 - Il est 7h13, nous sommes avec Bérangère, infirmière libérale dans l'Hérault,
00:05 et membre de ce collectif qui s'est créé sur toute la France,
00:09 un collectif sur les réseaux sociaux "infirmiers libéraux en colère".
00:13 Alors pourquoi, rebonjour Bérangère, pourquoi ce mouvement en dehors des syndicats,
00:18 et qu'est-ce qui vous met en colère ?
00:20 - Alors merci déjà de nous donner la parole par le biais de mon intermédiaire,
00:25 parce que ça nous tient beaucoup à cœur,
00:27 ça fait très longtemps qu'on a besoin d'aide,
00:30 et les hospitaliers ont été beaucoup applaudis,
00:32 on les a aidés financièrement, et c'est très bien, parce qu'ils le méritaient,
00:36 et c'était nécessaire.
00:37 Mais nous ce qu'il faut que les gens comprennent aujourd'hui,
00:39 c'est que la gentille infirmière qui aide votre mamie malade,
00:42 qui est en train de disparaître,
00:44 on arrête toute parce qu'on ne s'en sort plus.
00:47 On nous a gentiment imposé un bilan de soins infirmiers,
00:52 c'est-à-dire une prise en charge globale du patient dépendant,
00:56 qui nous a mis dans des situations très compliquées,
00:59 puisque moi personnellement, je parle de mon cas,
01:01 j'ai perdu 1000 euros de salaire par mois,
01:03 on ne peut plus continuer comme ça,
01:05 si vous voyez sur les réseaux le nombre de libérales qui arrêtent,
01:07 ou qui retournent en structure, ou qui font carrément autre chose,
01:11 c'est pas possible.
01:12 - Pourquoi vous avez perdu précisément 1000 euros par mois ?
01:16 - Parce qu'avant, on avait eu un système de cotation pour les patients dépendants,
01:21 qui nous permettait, avec nos 12 heures de travail par jour,
01:24 parce que c'est comme ça, on commence à 5h30 du matin,
01:27 des horaires de boulanger clairement,
01:29 sauf que nous on termine jusqu'à 20h le soir tard,
01:31 c'est des horaires continus,
01:33 donc évidemment que les journées sont intenses,
01:35 et avec ce système de bilan de soins infirmiers,
01:39 donc BSI, je vais l'appeler BSI,
01:41 on est passé globalement à 10 euros par patient,
01:44 avec une heure de soins,
01:46 donc qu'on y passe une fois, deux fois, trois fois, cinq fois dans la journée,
01:49 c'est un forfait,
01:51 et ce forfait-là n'est pas du tout représentatif de notre travail.
01:54 - Pourtant on disait que les infirmiers libéraux
01:57 sentiraient mieux que les autres,
01:59 et qu'ils gagnaient plutôt bien leur vie, Bérengère.
02:01 - Alors, ça, ça nous colle à la peau,
02:03 - Bah oui, c'est vrai !
02:05 - Je l'entends aussi autour de moi,
02:07 c'était peut-être le cas il y a des années,
02:09 mais il faut se mettre au chiffre d'aujourd'hui,
02:11 aujourd'hui c'est plus ça du tout,
02:13 les frais de déplacement sont à 2,50 euros,
02:15 un kiné peut aller jusqu'à 4 euros,
02:17 un orthophoniste peut aller jusqu'à 4 euros,
02:19 les médecins prennent 10 euros quand ils se déplacent,
02:21 pourquoi nous on est à 2,50,
02:23 on parle de brut, tout ça c'est brut,
02:25 une injection pour vous faire une idée,
02:27 parce qu'on va parler chiffres,
02:29 c'est 6 euros bruts qu'on gagne,
02:31 donc 2,70 euros dans notre poche.
02:33 On va chez les gens à 6h du matin,
02:35 parce qu'après ils vont travailler pour leur faire une prise de sang,
02:37 pour 2,70 euros dans notre poche,
02:39 une injection c'est 3,15 euros.
02:41 Il faut en faire combien par jour pour gagner bien sa vie ?
02:43 - Oui, bon alors,
02:45 comment ça se traduit du coup,
02:47 votre mouvement de colère qui est
02:49 en marge des syndicats ?
02:51 - Oui, c'est en marge des syndicats,
02:53 ça a été créé en Occitanie,
02:55 et en très peu de temps, ça a explosé dans toute la France,
02:57 parce qu'on est malheureusement toutes dans le même camp.
02:59 Ça s'est traduit par
03:01 des envois de feuilles de soins avec nos revendications
03:03 à l'Elysée, donc depuis lundi,
03:05 6 février, ils reçoivent
03:07 des milliers de courriers avec nos revendications,
03:09 qui sont donc cette annulation du BSI,
03:11 les frais de déplacement
03:13 qu'il faut changer, la décote aussi
03:15 des soins, il faut aussi le savoir ça,
03:17 quand on va chez quelqu'un, le premier soin
03:19 est coté à 100%, le deuxième
03:21 est à moitié, le troisième est gratuit.
03:23 Je crois pas que chez le boucher,
03:25 on paie à moitié prix
03:27 le steak et le pâté qu'on prend ensuite,
03:29 c'est pas possible. - Oui, bon, et donc,
03:31 vous voudriez une revalorisation, par ailleurs,
03:33 de ces actes, alors, et puis
03:35 des indemnités ? - On veut
03:37 que le BSI soit clairement
03:39 annulé, que les frais de déplacement
03:41 soient revalorisés, que la décote
03:43 des soins soit arrêtée, qu'on puisse compter tout
03:45 ce qu'on fait chez les gens, parce que c'est normal.
03:47 Nous, on arrive chez les gens, on nous dit "le docteur
03:49 m'a rajouté des postes de bas, tu me les mets,
03:51 le docteur m'a rajouté la préparation du
03:53 pilulier, tu me le fais ?" Donc, nous, on le fait,
03:55 bien sûr, mais tout ça, c'est gratuit.
03:57 - Oui, parce que, Bérangère,
03:59 moi, j'ai cru comprendre qu'à travers les
04:01 propos du ministre, récemment, il disait
04:03 que, puisque on avait un déficit
04:05 de médecins, de représentants de la santé
04:07 sur le terrain, que vous alliez jouer
04:09 un rôle plus important. C'était pas le cas,
04:11 alors ? - Alors, c'est pas le cas,
04:13 on nous en demande toujours davantage, mais
04:15 on n'arrive pas à faire le traitement financièrement, parce qu'on n'est pas
04:17 des infirmières, on est des mères de famille, il faut
04:19 retirer notre frigo, on n'y arrive plus.
04:21 On n'y arrive plus. Et juste un point
04:23 sur la retraite, nous, notre retraite, on l'est
04:25 considérée à 67 ans. Avec la nouvelle
04:27 réforme, on passe à 70 ans, il n'y a pas
04:29 de pénibilité pour nous. - Pourquoi 70
04:31 ans ? Tout dépend de vos annuités,
04:33 aussi. - Oui, mais si on veut, les 43
04:35 aujourd'hui, c'est 67. J'ai des
04:37 patients plus jeunes que 67 ans qui sont
04:39 dépendants. - Ah ben, normalement, à 67,
04:41 68 ans, avec la réforme, on verra ce qui passera,
04:43 on pourrait arrêter, quoi,
04:45 normalement, et bénéficier. - Oui, ben,
04:47 normalement, mais ce que je souhaiterais aussi,
04:49 c'est qu'on puisse quand même
04:51 pouvoir avoir une retraite quand même
04:53 relativement correcte. - Bien sûr.
04:55 - Notre régime de retraite, c'est la carte PINCO,
04:57 on verse des sommes astronomiques, on a toutes
04:59 fait nos estimations, on tombe à 900 euros
05:01 par mois. - Bon, ben,
05:03 écoutez, on comprend cette
05:05 colère, et on la relaie ce
05:07 matin à travers votre voix, donc,
05:09 Bérangère, infirmière libérale.
05:11 Merci d'avoir été avec nous en direct sur
05:13 Sud Radio, et bon courage à vous,
05:15 on sait que vous avez un rôle, évidemment,
05:17 essentiel, primordial, sur
05:19 la cohésion et cette chaîne,
05:21 évidemment, des soins sur le terrain.
05:23 Merci.

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