• l’année dernière
Avec Eric Anceau, auteur de "L'histoire mondiale des impôts de aujourd’hui à nos jours" aux éditions Passés composés

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##LE_FACE_A_FACE-2023-02-02##

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Transcription
00:00 Sud Radio Bercov dans tous ses états, le face à face.
00:06 Le face à face du jeudi 2 février avec Eric Anso pour son livre "Histoire mondiale des impôts de aujourd'hui à nos jours"
00:14 co-écrit avec Jean-Luc Bordron aux éditions Passé Composé.
00:18 Bonjour Eric Anso.
00:19 Bonjour, merci pour votre accueil.
00:21 Eric Anso, on était heureux de vous accueillir pour l'histoire de la laïcité,
00:26 très passionnant aussi, et puis là avec Jean-Luc Bordron,
00:31 "L'histoire mondiale des impôts".
00:34 Alors franchement, il y a de quoi dire, ça c'est vrai, c'est absolument passionnant,
00:38 je le dis aux auditeurs et aux assistants de Sud Radio.
00:41 Et d'ailleurs vous commencez par cette formule qui frappe, peut-être pas par son bon sens,
00:48 mais par son réalisme, Benjamin Franklin, père fondateur des Etats-Unis,
00:53 "En ce monde, rien n'est certain, hormis la mort et l'impôt".
00:57 Imaginez, je veux dire, on met l'impôt exactement au même niveau que la mort,
01:02 c'est presque métaphysique.
01:04 Et puis, vous dites, alors, Eric, j'aimerais qu'on en parle, parce que c'est passionnant,
01:08 on aura le temps d'en parler, mais vous dites que ça fait 5000 ans qu'on parle d'impôt, 5000 ans ?
01:14 Oui, depuis que des Etats existent sur Terre.
01:16 Alors on pense aux cités de la Mésopotamie, on pense à la cité d'Our,
01:20 on va penser également aux Péloponnèses, la civilisation mycénienne,
01:24 on pense à l'Egypte pharaonique.
01:26 À partir du moment où vous avez un Etat, il faut payer des employés de l'Etat,
01:30 on dirait aujourd'hui des fonctionnaires, on sait ce que c'est dans notre pays.
01:34 Il faut bien évidemment se protéger des voisins qui pourraient vous agresser,
01:38 donc on érige des murailles, ça coûte cher, et puis il faut une armée.
01:42 Donc c'est les premières dépenses qui ont suscité les impôts, en fait.
01:45 C'est-à-dire que le peuple est là et il faut effectivement les infrastructures, les armées.
01:50 Mais alors, en fait, les impôts sont au dissociable de l'Etat, c'est ça ?
01:55 Exactement, exactement.
01:56 Il n'y a pas d'Etat sans impôts ?
01:58 Ou quasiment pas.
01:59 Alors il y a quelques exceptions, on les donne dans le livre, mais elles sont rarissimes.
02:03 Le premier exemple qui me vient à l'esprit, c'est l'exemple de Monaco.
02:06 Monaco a été un Etat souverain, indépendant, mais qui regardait un petit peu ce qui se passait en France.
02:11 Au moment de la Révolution, on a mis en place quatre contributions, qu'on a appelées plus tard les quatre vieilles.
02:17 Et Monaco s'est calé sur nos quatre contributions.
02:20 Et puis à un moment donné, ça a été dramatique pour eux,
02:24 ils ont vendu à moyen an, espèce sonnante et trébuchante à la France,
02:28 deux communes qu'ils possédaient, la France les a un peu incité à les vendre, Menton et Roquebrune.
02:33 Et du coup, il a fallu trouver de nouvelles ressources.
02:36 Et c'est là où le souverain Charles III, on était au début des années 1860,
02:40 a eu l'idée de créer ce casino qui a dépassé toutes ses espérances.
02:45 - Ah c'est là le fameux casino ! - Il date de là !
02:48 Et toute l'aristocratie européenne s'y est précipitée,
02:51 ça a été une manne financière énorme, et là il a eu le nez fin, il s'est dit
02:55 "Je vais exenter ceux qui s'installent à Monaco, et comme ça ils pourront jouer tranquillement, d'impôts."
03:01 Et depuis les années 1860, les citoyens monégasques ne paient pas d'impôts.
03:06 - Et tous les étrangers sauf les français.
03:08 - Exactement, c'est un cas particulier, c'est une convention particulière.
03:12 - Alors justement, parlons de ça, parce qu'aujourd'hui, on ne parle...
03:16 La France, taxes, TVA, impôts, rappelez-vous ce que disait même Pompidou ou Giscard,
03:22 au-delà de 40% de prélèvement obligatoire, on est en Union soviétique à l'époque.
03:27 - Et on y est là ! - Et on y est, on est à 50% aujourd'hui.
03:30 - 46, quasiment. - Voilà, donc...
03:33 Et alors, on parle des taxes, les TVA, les impôts directs, etc.
03:38 On croule, effectivement, là-dessus, mais alors, justement, ce qui est passionnant dans votre livre,
03:44 c'est que vous montrez les évolutions, et en fonction, alors de quoi, Eric Anceau, j'aimerais que vous le dise,
03:50 les évolutions se font en fait, et ce qu'il s'agit de dire, pour l'État, "Allez, toujours plus, allez, allez, allez,
03:55 encaissons, encaissons, encaissons", mais on vous donne des tas de services, chers citoyens,
04:01 donc, vous payez pour ça, mais regardez qu'on vous aide comblé, est-ce que c'est entre l'habilité ou pas ?
04:08 Qu'est-ce qui joue dans la motivation ?
04:10 - Alors, il y a de plus en plus de demandes, en fait, le citoyen français, mais c'est pas spécifique au français,
04:16 quoique, "quoique" est un peu schizophrène, c'est-à-dire qu'il veut qu'il n'y ait pas beaucoup d'imposition,
04:20 et en même temps, il veut bénéficier de services de l'État, la santé, l'école, de bonnes infrastructures.
04:27 Moi, qui suis un grand banlieusard, quand je vois les problèmes qu'on a avec les trains,
04:30 j'aimerais mieux qu'ils fonctionnent bien et qu'on investisse davantage,
04:33 mais bien évidemment, tout ça coûte extrêmement cher.
04:36 Et les impôts ont augmenté par palier. On peut rappeler très rapidement trois chiffres à vos auditeurs.
04:42 Au 19e siècle, c'est 5% de part du PIB dans un pays comme la France.
04:48 - 5% ? - Oui, autant que les historiens de l'économie et des finances puissent le chiffrer.
04:52 - Du produit intérieur brut, je rappelle le PIB. - Exactement.
04:54 À la veille de la guerre de 1914, on est déjà à 10%.
04:57 Et aujourd'hui, on l'a dit, on est de l'ordre de 45%.
05:01 Donc, vous voyez un peu l'inflation.
05:03 - De 5% au 19e à 45% aujourd'hui. - Exactement.
05:07 Et dans le CDE, la France est deuxième derrière le Danemark.
05:10 Il y a que le Danemark qui fait pire ou mieux que nous. Je laisse les auditeurs apprécier.
05:15 Très intéressant. On en reparle. C'est passionnant.
05:17 Avec Eric Rensaud, histoire mondiale des impôts, tout de suite après ceci.
05:21 Et veuillez nous appeler au 0826 300 300 pour interpeller Eric Rensaud pour son livre "Histoire mondiale des impôts" de "Aujourd'hui à nos jours".
05:28 À tout de suite sur Sud Radio.
05:30 Ici Sud Radio.
05:33 Les Français parlent au français.
05:38 Je n'aime pas la blanquette de veau.
05:41 Je n'aime pas la blanquette de veau.
05:44 Sud Radio Bercov dans tous ses états.
05:47 Il faut toujours écouter la marquise du défunt.
05:50 La marquise du défunt disait déjà "On taxe de tout, hormis l'air que nous respirons".
05:55 Attention, ça risque de changer Eric Rensaud.
05:58 Eric Rensaud qui enseigne l'histoire contemporaine à Sorbonne Université.
06:01 Il a publié 28 ouvrages. On l'avait reçu justement sur les élites et sur la laïcité.
06:06 Alors, les impôts.
06:09 Alors les impôts, c'est quand même...
06:11 Oui, on n'a jamais vécu sans impôts.
06:13 On commence presque au berceau et puis je ne dirais pas qu'après la mort ça continue.
06:19 Pour nos héritiers, oui absolument.
06:22 Qu'est-ce qui a changé depuis la taxe, la Gabelle et la DIME
06:27 qui ont été parmi les origines de la Révolution française ?
06:30 Mais vous parlez justement, c'est l'histoire mondiale je le rappelle,
06:34 vous parlez des quatre grandes révolutions fiscales.
06:38 C'est quoi ces quatre grandes révolutions ?
06:40 Alors ça c'est récent.
06:42 C'est véritablement depuis le XXe et le XXIe siècle qu'on peut parler de ces révolutions.
06:46 La première révolution c'est l'explosion, on l'évoquait tout à l'heure, des taxations et des impôts.
06:52 La deuxième révolution c'est le fait que depuis, on va dire 45,
06:57 avec l'État-providence, le welfare state des anglo-saxons...
07:01 Des tranches glorieuses pour nous...
07:03 Exactement. Donc on a créé la sécurité sociale.
07:05 Je pense que nos auditeurs et moi-même, je m'en réjouis.
07:09 Mais tout ça a fait augmenter les impôts.
07:12 L'État est beaucoup plus intrusif dans la vie des gens
07:15 et c'est un peu la contrepartie.
07:17 La troisième chose c'est que l'impôt devient moral.
07:21 Et là, quand on est attaché à la liberté, c'est un peu plus gênant.
07:25 Alors on va essayer de moraliser pour la santé, le bien-être des gens,
07:30 c'est la taxation du tabac, de la tabagie...
07:33 Ah oui, il devient moral et tout, c'est pour notre bien, c'est pour notre santé...
07:37 Voilà, mais c'est un peu ambiguë, parce que bien évidemment ça crée aussi des rentrées fiscales.
07:42 Mais bon voilà, et/ou l'environnement.
07:44 C'est tout ce qui a trait à l'environnement, on évoquera peut-être plus en détail ça.
07:47 Donc ça c'est le troisième point.
07:49 Et puis il y a un quatrième point, et ça on s'en est rendu compte à la faveur de la crise de 29.
07:53 Et c'est des économistes américains et suédois, aussi Gunnar Myrdal,
07:58 il a eu le prix Nobel d'économie en 1974 pour ses réflexions,
08:02 qui se sont dit qu'en fait, en utilisant le levier de l'impôt,
08:06 on allait pouvoir lutter contre les cycles économiques.
08:09 On allait pouvoir renverser la tendance, faire adopter une tendance anti-cyclique à l'économie.
08:15 Donc l'impôt sert aussi à ça.
08:17 Alors dites-moi, Eric Enceau, ça se lit comme un thriller quelque part,
08:23 au fond, tous les pouvoirs dans tous les pays, je reviens à ma première question,
08:28 est-ce que vous pouvez nous donner des exemples, par exemple, comment ils faisaient ?
08:31 Parce qu'au départ, j'imagine que les populations étaient encore plus rétives qu'aujourd'hui,
08:36 parce que vous nous disiez que vous prenez de l'argent, mais pourquoi vous prenez pas de l'argent, etc.
08:40 Comment ils faisaient ? Quelles sont les méthodes employées ?
08:43 Et puis comment ils faisaient pour les exemptions ?
08:46 Parce qu'il y a toujours eu, vous savez, il y a la règle,
08:48 et Dieu sait s'il y a des exceptions, on le voit avec les régimes spéciaux des retraites,
08:52 mais c'est valable pour l'impôt aussi.
08:55 - Exactement. Alors on agit principalement par la force et par la contrainte.
08:59 Et on ne l'hésine pas.
09:01 Alors là aussi, ça va faire bondir vos contribuables,
09:04 mais dans l'Egypte pharaonique, celui qui ne payait pas l'impôt, il était supplicié.
09:09 Donc, ah oui, il fallait vraiment le payer.
09:13 Alors, bien évidemment, quand le sujet estimait que la pression fiscale était trop forte,
09:18 il estimait que le jeu valait la chandelle de ceux à révolter.
09:22 Et vous avez toujours eu, depuis la nuit des temps, des révoltes également contre l'impôt.
09:27 - Depuis toujours. - Ah, depuis toujours.
09:29 Depuis la plus haute antiquité, vous en avez.
09:32 Mais alors, bien évidemment, il y a des souverains, on va dire, peut-être un peu plus intelligents que les autres,
09:38 qui ont recherché des formes de consentement.
09:40 Et l'exemple que je donne toujours, c'est le petit-fils de Charlemagne,
09:44 qui s'appelle Charles le Chauve, donc c'est le royaume de Francie occidentale,
09:48 qui va prendre un édit, imaginez en 864, ça ne nous rajeunit pas,
09:52 et il dit textuellement dans cet édit, il s'adresse en fait à ses collecteurs d'impôts,
09:58 "Vous devez quand même arriver à une forme de consentement de mes sujets pour éviter les révoltes."
10:04 - Vous voulez dire, on va les dépouiller, mais attention, il faut que ça soit volontaire.
10:12 - Ah, exactement, c'est la formule de Colbert, on va "tondre le mouton, mais sans le saigner".
10:17 Donc c'est tout un art en fait, le percepteur.
10:21 Et puis alors, vous évoquiez les exemptions, alors vous en avez certaines.
10:24 Il y en a encore qui remontent très loin, les prêtres.
10:27 Parce que le prêtre, il prie pour le salut de l'âme, c'est une forme d'impôt, il y consacre son temps.
10:33 - C'est un service public. - C'est une forme de service public,
10:36 et les souverains avaient tout intérêt à avoir les prêtres de leur côté,
10:40 donc ils ont eu tendance à les exenter.
10:43 Quoique parfois on a besoin d'argent, et même les prêtres on va les taxer.
10:46 Et puis les nobles, les aristocrates, parce que traditionnellement ce sont ceux qui portent les armes,
10:51 qui défendent la cité ou qui défendent le royaume, et eux on disait qu'ils payaient l'impôt du sang.
10:56 Donc ils ont été, le mot est là, privilégiés par rapport au commun des mortels.
11:02 - Très très intéressant, mais vous donnez aussi quelques exemples,
11:07 c'est tout à fait formidable, par exemple vous dites que
11:11 sait-on que pour occidentaliser la Russie,
11:14 Pierre Le Grand voulait contraindre ces sujets à ne plus porter de barbe
11:18 en créant un impôt sur la pilosité.
11:21 - Ah oui, ça c'est très intéressant.
11:23 Écoutez, la Russie fait l'actualité,
11:26 et là on a un rapport particulier de la Russie à l'Occident.
11:30 Je mets Occident avec des guillemets bien évidemment,
11:33 on sait ce qui est connoté derrière.
11:35 Alors il se trouve que le tsar Pierre Le Grand, en montant sur le trône,
11:38 a été très intéressé par l'Europe occidentale,
11:40 il a fait un grand tour en Europe occidentale,
11:42 et il a vu que les prêtres et les aristocrates en Europe occidentale
11:47 étaient imberbes, étaient rasés de près.
11:49 Et dans son pays, les popes, le patriarche de Moscou aussi,
11:53 regardez Kyrill aujourd'hui, le patriarche qu'on voit à côté,
11:57 il a une belle barbe,
11:58 et bien il trouvait que ça faisait désordre,
12:00 il fallait occidentaliser le pays.
12:02 Donc il a pris un oukaz, un décret,
12:04 on est en 1699,
12:07 qui interdit le port de la barbe.
12:10 - Ah oui, il fallait tout le monde le mettre rasé.
12:12 - Et alors là il y a eu une levée de bouclier des nobles et des prêtres,
12:15 les prêtres sont très puissants en Russie,
12:17 il a dû un petit peu reculer,
12:19 en 1706, et bien il a pris un autre oukaz,
12:23 qui a transformé l'interdiction en impôt.
12:26 Un impôt très lourd, ceux qui voulaient continuer à porter la barbe
12:29 allaient devoir payer l'impôt.
12:31 Et il faut attendre la grande Catherine de Russie,
12:33 imaginée à la fin du 18ème siècle,
12:35 pour que cet impôt soit aboli,
12:37 il a duré un siècle en Russie.
12:38 - Oui, c'est quand même formidable.
12:40 Impôt sur la pilosité,
12:42 mais ça va donner des idées à Bruno Le Maire,
12:44 il en a besoin.
12:45 - Non, non, taisez-vous, ne lui donnez pas de mauvaises idées.
12:48 - Et alors l'autre chose quand même,
12:50 vous en avez des...
12:51 Dans le livre vous en avez vraiment énormément,
12:54 et des foultitudes d'exemples,
12:56 mais alors là, Abba,
12:58 vous connaissez tous le groupe Abba, hein, bien sûr,
13:01 et bien vous dites qu'ils portaient des tenues excentriques
13:04 parce qu'une loi suédoise
13:06 permettait une réduction d'impôt sur les vêtements
13:09 à condition de ne pas pouvoir les porter dans la vie de tous les jours.
13:12 C'est énorme ça.
13:13 - Ah bah exactement, Abba s'est fait connaître
13:15 en gagnant le concours Revision de la chanson.
13:17 Leur chanson Waterloo était très bonne.
13:19 Ça nous fait un peu mal, ce type de chanson, bien évidemment,
13:23 des fêtes de Napoléon en 1815,
13:25 mais en fait ils ont peut-être gagné aussi par leurs tenues excentriques.
13:28 Et alors, l'un des deux chanteurs du groupe
13:31 a lâché le morceau il y a une dizaine d'années
13:33 dans une interview à la presse britannique,
13:35 il a expliqué la raison de ses pattes d'oeufs,
13:37 de ses tenues scintillantes, etc.
13:39 C'est parce qu'il y avait effectivement une loi suédoise
13:42 qui à l'époque faisait que quand on ne portait une tenue qu'une fois,
13:45 eh bien on ne payait pas d'impôts.
13:47 Donc vous pouviez vous faire confectionner des tenues qui valaient très cher
13:51 et vous aviez une remise d'impôts là-dessus.
13:53 - Et c'est fini ça ?
13:54 - Ah je ne sais pas.
13:55 Vous savez, les Suédois nous taxent aussi beaucoup.
13:57 Les pays nordiques sont avec les Français,
13:59 les recordmen de la planète.
14:00 - On va continuer à parler des impôts, des impôts,
14:03 dans le monde de l'histoire des impôts avec Eric Rensaud.
14:06 A tout de suite.
14:07 - Et vous avez la parole sur Sud Radio
14:09 en vous attendant au 0826 300 300
14:13 pour interpeller Eric Rensaud sur son livre
14:15 "L'histoire mondiale des impôts de aujourd'hui à nous jours".
14:18 Un sujet actuel.
14:19 A tout de suite sur Sud Radio.
14:20 - Ici Sud Radio.
14:23 Les Français parlent au français.
14:28 Les carottes sont cuites.
14:31 Les carottes sont cuites.
14:33 - Sud Radio Bercov dans tous ses états.
14:36 - Et on continue d'inventorier cette passionnante
14:39 histoire mondiale des impôts avec Eric Rensaud.
14:42 Livre paru à passé composé.
14:44 Et je vais vous dire, comme les impôts,
14:46 ce ne sera jamais le passé,
14:47 et qu'il faut composer avec les impôts,
14:49 alors vraiment penchez-vous là-dessus.
14:53 Alors Eric Rensaud va parler de 1789, de la Révolution.
14:56 Souvent on se dit "Ah oui, la Révolution arrive,
14:58 est-ce qu'on n'est pas à la veille de la nouvelle Révolution ?"
15:00 Et il faut rappeler quand même que la Révolution,
15:02 ça ne serait jamais peut-être passé comme ça
15:04 sans les impôts qui étaient la taille, la dîme et la gabelle.
15:08 - Ah exactement !
15:09 Alors le peuple est littéralement pressuré sous l'Ancien Régime.
15:12 Vous évoquiez la gabelle, mais l'impôt sur le sel.
15:15 C'est l'impôt honni par excellence.
15:17 - Ah oui, c'était le...
15:19 - Ah oui, le plus détesté de tous.
15:21 Et alors il se trouve que le roi Louis XVI a besoin d'argent,
15:24 il sort de la campagne d'indépendance des Etats-Unis,
15:27 on a envoyé des soldats là-bas,
15:29 on pensera à Lafayette,
15:31 et donc pour pouvoir lever de nouvelles taxes,
15:33 il doit réunir les Etats-Généraux.
15:35 Et c'est de ces Etats-Généraux que va sortir l'Assemblée Nationale.
15:39 - Ah oui, la réunion des Etats-Généraux, c'était pour les nouvelles taxes.
15:42 - Ah, c'était pour les nouvelles taxes.
15:43 Et éviter la banqueroute.
15:44 Donc tout naît véritablement de là.
15:46 La Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen d'août 1789
15:50 que prennent les députés,
15:52 vous avez deux articles qui concernent l'impôt.
15:54 On n'appelle plus d'ailleurs ça l'impôt,
15:56 on appelle ça la contribution.
15:58 L'idée que désormais, non plus le sujet mais le citoyen,
16:01 va contribuer volontairement,
16:04 on avouera qu'on en est loin quand même,
16:06 à l'impôt.
16:07 Donc ça c'est...
16:08 Il y a un peu de démagogie aussi chez les révolutionnaires.
16:10 C'est intéressant.
16:11 - Et alors justement, ça a provoqué ça,
16:13 et par rapport à...
16:14 Dites-moi alors, juste par rapport à aujourd'hui,
16:17 les taxes Gabel et Diem et autres,
16:20 est-ce qu'on était loin du compte par rapport
16:23 au pourcentage que ça occupe aujourd'hui ?
16:26 - Ben oui, alors c'est ça qui est absolument faramineux,
16:29 c'est que ces taxes que je vous évoque là,
16:32 ne représentent que moins de 10% du travail des gens.
16:36 Mais alors par contre, si vous voulez,
16:38 c'est très inégalitaire,
16:40 et là la révolution est intervenue,
16:42 pas seulement d'ailleurs en France,
16:43 mais vous savez ce qu'on appelle les révolutions atlantiques,
16:45 les anglais avaient fait la même chose au 17ème siècle,
16:48 et les américains sont devenus indépendants,
16:50 ils sont devenus les Etats-Unis d'Amérique,
16:53 en s'émancipant de l'Angleterre,
16:55 pour s'affranchir des taxes,
16:56 comme celle sur le thé, la fameuse Boston Tea Party.
16:59 - Alors ils racontaient ce que c'était ça...
17:01 - Alors les anglais obligeaient leurs colons américains,
17:06 à payer une taxe sur le thé,
17:08 dans les mœurs britanniques,
17:09 c'était rentrer dans les mœurs justement,
17:11 de boire le thé,
17:12 - Ah les américains étaient obligés...
17:13 - Ah oui, ils étaient obligés d'acquitter cette taxe,
17:15 alors ils étaient très peu contents,
17:16 la taxe était très lourde,
17:17 ils se sont déguisés à Boston en indien,
17:20 pour faire porter le chapeau aux indiens,
17:22 ils ont jeté les caisses de thé à la mer.
17:24 Bien évidemment les anglais n'ont pas été dupes,
17:26 et ça a provoqué la guerre,
17:28 - La fameuse guerre...
17:29 - La guerre d'indépendance,
17:30 à laquelle les français ont participé,
17:32 et au bout du compte,
17:33 les Etats-Unis sont devenus indépendants.
17:35 Donc là aussi, vous voyez,
17:36 tout est parti en fait de l'impôt.
17:39 - En fait, l'impôt joue un levier majeur dans la politique.
17:42 - Dans la politique, hein...
17:43 - Dans les soulèvements...
17:44 - Dans la politique,
17:45 au 17ème siècle,
17:46 Portugal est devenu indépendant,
17:48 parce que les espagnols qui les dominaient,
17:51 les taxaient trop.
17:52 Dans l'antiquité,
17:54 Athènes, qui domine le 5ème siècle,
17:56 on a tout en tête,
17:57 la démocratie athénienne,
17:58 va chuter,
17:59 parce qu'elle prélève trop d'impôts
18:01 pour défendre les autres cités,
18:03 contre la menace des Perses.
18:05 Donc c'est aussi très fascinant.
18:07 - En fait, oui.
18:08 C'est-à-dire que,
18:09 quand on dit "il faut les frapper au portefeuille",
18:12 c'est ça.
18:13 On les frappe au portefeuille,
18:14 et ils réagissent en fait.
18:16 - Exactement, exactement.
18:17 Je reviens à ce que vous disiez,
18:18 en fait,
18:19 ce qui est choquant dans l'Ancien Régime,
18:21 pourtant le taux de prélèvement
18:23 est bien inférieur à aujourd'hui,
18:25 c'est que la fiscalité pèse surtout
18:27 sur la masse des pauvres.
18:29 Et c'est la masse des pauvres
18:31 qui vont constituer les gros bataillons
18:33 dont vont se servir les bourgeois
18:35 pour faire la révolution en 1789.
18:37 - Oui.
18:38 En fait, c'est une révolution bourgeoise,
18:40 mais les armées,
18:41 la masse,
18:42 elle a été utilisée,
18:44 et on comprend.
18:46 Et d'ailleurs,
18:47 il y a changé beaucoup de choses.
18:48 Est-ce qu'aujourd'hui,
18:50 d'après ce que vous voyez,
18:52 par rapport à l'histoire,
18:55 est-ce que les impôts jouent toujours,
18:58 parce qu'on a cette impression,
19:00 mais dites-moi si je me trompe,
19:02 Eric Anceau,
19:03 jouent toujours un rôle majeur
19:04 dans les soulèvements,
19:06 ou dans les protestations,
19:08 ou dans les choix politiques
19:10 des Français comme des autres peuples ?
19:12 - Alors, il y a deux choses, si vous voulez.
19:14 D'une part,
19:15 il y a l'idée de consentement.
19:16 Et on va même plus loin,
19:17 parce qu'aujourd'hui,
19:19 même, je dirais,
19:21 le citoyen est devenu un client,
19:23 donc on va avoir un médiateur
19:25 au ministère des Finances,
19:26 pour les impôts.
19:27 On va prendre le citoyen par la main,
19:29 également,
19:30 quand il va remplir sa déclaration d'impôt.
19:32 Tout ça, c'était très neuf.
19:34 Ça date du début du 21e siècle.
19:35 Il n'en demeure pas moins
19:36 que l'État va parfois un petit peu loin.
19:38 Et là, le citoyen se révolte.
19:40 On a en tête,
19:41 vous vous souvenez,
19:42 contre les Kotax,
19:43 on était, au début des années 2010,
19:45 les Bonnets Rouges.
19:47 Et alors, c'est intéressant,
19:48 parce que ça parle à l'historien,
19:50 les Bonnets Rouges bretons
19:51 s'inspiraient de la révolte
19:53 contre le papier timbré,
19:54 sous le roi Louis XIV,
19:56 également en Bretagne.
19:57 Ils ont réussi à faire reculer
19:59 le président Hollande,
20:00 qui a abandonné les Kotax.
20:02 Et encore plus près de nous,
20:03 rappelons quand même,
20:04 que nos Gilets jaunes,
20:05 eh bien,
20:06 naissent d'une taxation sur l'essence.
20:08 - Exact.
20:09 Vous trouvez que c'était trouvé ?
20:10 C'est vrai.
20:11 Ça revient et c'est là.
20:12 Et comme le Tea Party américain,
20:14 pour parler du parti du thé,
20:16 qui est encore très fort,
20:18 ça a été l'un des partis
20:20 qui a assuré l'élection de Trump en 2016.
20:22 - C'est très clair.
20:23 D'autant plus qu'aux États-Unis,
20:24 ils ont une autre tradition.
20:25 Ils ont bien évidemment des taxes et des impôts.
20:27 Ils sont même d'ailleurs assez innovants en la matière.
20:29 Mais le taux de prélèvement est bien inférieur.
20:31 Avec des conséquences, d'ailleurs,
20:33 il faut dire les deux choses,
20:34 que ça, par exemple, sur la santé,
20:36 vous le savez sans doute,
20:37 quand vous tombez dans la rue,
20:39 une ambulance arrive,
20:41 et si vous n'avez pas votre carte de crédit
20:43 dans la poche,
20:44 on vous laisse quasiment crever
20:46 sur le bord de la route.
20:48 - La première question, c'est,
20:50 il est encore agonisant,
20:51 mais c'est Visa ou American Express.
20:53 - Exactement.
20:55 Mais alors, il y a ce courant libertarien,
20:57 dont le Tea Party Movement est l'héritier.
21:00 C'est intéressant,
21:01 parce que "Tea",
21:02 ils ont repris le terme de ce que j'évoquais tout à l'heure,
21:04 la Boston Tea Party du 18e siècle,
21:07 mais ça veut dire, c'est un acronyme,
21:10 "Tax Enough Already".
21:12 - Désormais, on a bien assez de taxes,
21:15 on s'arrête là.
21:16 - Ça suffit, c'est vrai, "Tea",
21:18 T-E-A, c'est ça, absolument.
21:20 Et, Eric, en se fond,
21:23 par rapport à tout ce que vous racontez,
21:26 les inspecteurs,
21:28 alors parlons des inspecteurs des impôts,
21:30 là, rapidement, parce que c'est...
21:32 Donc, il y avait un corps, un peu partout,
21:34 dans tous les États,
21:35 un corps chargé de ramasser
21:37 la DIM, la Gabelle,
21:39 ou enfin tout, des impôts.
21:41 - Oui, les choses se sont perfectionnées au fil du temps,
21:44 alors l'Égypte pharaonique, qui prend
21:46 le meilleur en matière d'impôts,
21:48 si j'ose dire, de la Grèce,
21:50 parce que Cléopâtre, eh bien, il est une grecque,
21:52 il faut le savoir,
21:54 mais prend aussi le meilleur de l'Égypte pharaonique,
21:56 ont un système de scribes et de percepteurs d'impôts
21:59 extrêmement perfectionné pour l'Antiquité.
22:01 Les Romains vont en avoir un, également,
22:04 avec parfois des gouverneurs et des taxateurs
22:07 qui en profitent pour s'en mettre plein les poches,
22:09 on a l'exemple de Verès, le gouverneur de Sicile,
22:11 qui sera dénoncé par Cicéron,
22:13 c'est comme ça que Cicéron devient célèbre,
22:15 mais ce système, je dirais, des taxateurs,
22:18 va aller en se perfectionnant au fil du temps.
22:21 - Oui, déjà, oui.
22:22 Ça c'est absolument passionnant.
22:24 Et alors, l'autre chose qui est importante,
22:27 dites-moi de quand date la lutte,
22:29 qui m'a l'air séculaire et éternelle,
22:31 entre ceux qui veulent échapper au fisc,
22:33 aujourd'hui, il y a les paradis fiscaux,
22:35 pas seulement aujourd'hui, mais déjà hier,
22:37 et Dieu sait si on en parle,
22:39 à coup de Panama Papers, de Pandora Papers,
22:41 vous en parlez aussi,
22:42 mais est-ce que c'est une lutte séculaire,
22:44 voire millénaire, entre ceux qui disent
22:47 "l'impôt est obligatoire, sauf qu'on va essayer de contourner" ?
22:50 - Ah oui, alors je dirais,
22:51 ceux qui contournent l'impôt,
22:53 ils sont aussi anciens que ce qu'on évoquait tout à l'heure,
22:55 c'est-à-dire les impôts.
22:57 À l'époque française moderne,
23:00 pour venir à quelque chose qui parlera à vos auditeurs,
23:03 on a les fameux faussonniers,
23:05 ceux qui vont profiter du fait que
23:07 le taux de gabelle n'est pas le même sur tout le territoire,
23:10 quand vous êtes dans une région qui produit le sel,
23:12 on pense à la Bretagne,
23:14 et bien il n'y a pas d'impôt du sel.
23:16 Et par contre, quand la région n'en produit pas,
23:18 il est très élevé.
23:19 Donc ils vont jouer sur ces frontières intérieures du royaume,
23:22 on peut citer le cas de Mandrin,
23:24 ou encore de Jean Chouan,
23:26 la fameuse Chouanerie,
23:28 on parle beaucoup de la Vendée,
23:29 avec un fameux film, récemment,
23:31 mais le soulèvement de la Vendée
23:33 est aussi d'une certaine façon, ici, des causes fiscales.
23:36 - C'est vrai, on a l'impression vraiment
23:38 qu'il n'y a pas une histoire sans...
23:40 Alors, les paradis fiscaux.
23:42 - Ah, les paradis fiscaux.
23:43 - Parlons-en.
23:44 - Alors, les paradis fiscaux naissent
23:46 d'une certaine façon de la mondialisation.
23:48 Vous avez trois mondialisations dans l'histoire,
23:50 vous en avez une au Moyen-Âge,
23:52 mais vous en avez surtout une à partir du XIXe siècle,
23:55 quand les frontières économiques entre les États
23:57 commencent à s'abaisser.
23:59 Mon cher Napoléon III, cette année,
24:01 en fait, on célèbre, on commémore
24:03 le 150e anniversaire de sa mort,
24:05 a passé un traité libéralisant les échanges
24:07 en 1860 avec les Anglais,
24:09 qui a fait des petits.
24:10 Donc, c'est toujours de là qu'on date
24:12 cette deuxième mondialisation.
24:14 Et bien, là, ça va donner, je dirais,
24:17 des idées aux gens qui ont de l'argent
24:19 pour s'évader fiscalement.
24:21 Les premiers paradis fiscaux,
24:23 ce sont certains États américains,
24:25 le Delaware et le New Jersey,
24:27 à la fin du XIXe siècle.
24:29 - Il y a eu le Delaware.
24:30 - Et qui continue.
24:31 Ah, le Delaware est réputé.
24:33 Et les Suisses.
24:34 Alors, les Suisses s'y sont mis
24:35 avec le secret bancaire,
24:37 à partir de l'entre-deux-guerres.
24:39 Alors là, c'était un débat international.
24:41 Imaginez l'ancêtre de l'ONU, la SDN,
24:44 il y a eu un débat à la Société des Nations
24:46 pour savoir ce que faisaient les Suisses,
24:48 c'était dans les clous.
24:49 Et finalement, on les a autorisés
24:50 à être un paradis fiscal.
24:52 - Et c'est très intéressant,
24:54 et ils ont essémé les paradis fiscaux.
24:56 - Oh là là !
24:57 - Les îles tropicales, les îles de la Moyenne-Noël.
25:01 - Et on a nos paradis fiscaux dans l'Union européenne,
25:03 rappelons quand même le Luxembourg,
25:05 d'une certaine façon l'Irlande.
25:07 - La Belgique.
25:08 - La Belgique, exactement.
25:10 - C'est absolument passionnant,
25:12 on va en parler avec nos auditeurs.
25:14 - Oui, on a le plaisir de faire intervenir
25:16 nos auditeurs au 0826 300 300,
25:19 et on accueille Serge Decanne.
25:21 Bonjour Serge.
25:22 - Oui, bonjour Serge.
25:23 - Bonjour Serge.
25:24 - Bonjour André, bonjour M. Anson,
25:26 merci pour votre émission,
25:27 ça a l'air intéressante.
25:28 Juste d'abord une petite remarque,
25:31 si on parle de paradis fiscaux,
25:34 c'est qu'il y aurait peut-être des enfers fiscaux,
25:36 ça c'était une première réflexion,
25:38 mais ceci étant, je voudrais vous raconter
25:40 une petite anecdote.
25:42 - Allez-y.
25:43 - Il est arrivé quand j'étais étudiant au Liban,
25:45 enfin j'étais pas étudiant au Liban,
25:46 mais j'étais en voyage au Liban.
25:47 Et donc j'étais avec des amis,
25:49 et on s'étonnait auprès d'une personne
25:51 qu'on avait rencontrée au bord de la route
25:53 sur la plaine de la Béca,
25:54 la générosité naturelle des gens qui nous recevait,
25:57 sans nous demander nos papiers ni quoi que ce soit,
25:59 pour déjeuner, pour dîner, même pour dormir,
26:02 avec un élan vraiment, qui était vraiment très agréable.
26:06 Et donc une personne en particulier nous avait dit
26:10 "ne vous inquiétez pas,
26:11 quand vous reviendrez dans 5, 6, 10 ans,
26:14 nous avons nos politiques qui sont en train de réfléchir
26:17 à des systèmes de prélèvement sociaux et fiscaux,
26:21 et peut-être qu'à ce moment-là,
26:24 nous serons moins généreux pour vous accueillir,
26:26 on dira après tout,
26:27 si vous cotisiez, vous y auriez droit,
26:29 si vous ne cotisez pas, vous n'y avez pas droit,
26:31 passez votre chemin, bravo monsieur."
26:33 Donc en fait, c'est un peu le sujet de ma réflexion,
26:36 c'est à quoi sert l'impôt,
26:38 et d'une manière générale également,
26:40 j'ai fait des études de fiscalité immobilière
26:42 au CNAM à Paris,
26:44 et notre professeur, je ne vais pas le citer,
26:47 mais il était un homme très pointu,
26:50 il nous disait en rentrant dans l'INCITEA,
26:52 "écoutez mes braves étudiants,
26:53 je ne sais pas ce que je vais pouvoir vous dire
26:55 au sujet de la fiscalité immobilière,
26:57 car à l'instant où je vous parle,
26:59 une circulaire va détruire le décret de l'avent veille,
27:02 qui lui-même va être en contradiction
27:04 avec une énième circulaire d'administration,
27:06 ce qui en fait le problème."
27:08 - Tout le dédale de la bureaucratie administrative.
27:11 - Et le code des impôts est parmi tous nos codes
27:13 le plus compliqué à décrypter.
27:15 - Il est le plus épais en plus.
27:17 - Il est le plus épais quasiment.
27:18 - Et quand on parle d'état de droit,
27:20 je dirais plutôt qu'il y a un état d'endroit.
27:23 Mais ceci étant, c'est une réflexion plus large là aussi.
27:26 - D'accord, merci.
27:28 - À quoi ça sert et comment le rendre lisible ?
27:30 - Alors à quoi ça sert ?
27:31 Il faut quand même dire que ça sert à certaines choses.
27:34 Il ne faut pas non plus jeter le bébé à un pot
27:36 avec l'eau du bain de la technocratie.
27:39 Eric Rensaud.
27:40 - Oui, tout l'art du bon gouvernant,
27:42 c'est de savoir où placer le curseur.
27:44 Effectivement, on peut guère se passer d'impôts
27:46 dans nos sociétés,
27:47 mais il ne faut pas que ces impôts soient trop élevés.
27:49 Certains dirigeants ont été plus habiles que d'autres
27:51 dans notre histoire.
27:52 - Et puis il y a toujours cette question qu'on se pose,
27:54 où va l'argent ?
27:55 - Exactement.
27:56 - C'est-à-dire qu'on donne effectivement
27:58 l'état qui tue, c'est le droit de prélever, comme on dit,
28:01 sauf que ça va où ?
28:03 Et ça, il n'y a plus...
28:05 Là, les réponses sont beaucoup plus évasives.
28:07 Lucien.
28:08 - On va tourner une rapide page de pub
28:10 et on va continuer à recevoir nos auditeurs
28:12 au 0826 300 300.
28:14 A tout de suite sur Sud Radio.
28:17 - Ici Sud Radio.
28:19 Les Français parlent au français.
28:24 Je n'aime pas la blanquette de veau.
28:27 Je n'aime pas la blanquette de veau.
28:30 - Sud Radio Bercov dans tous ses états.
28:33 - 13h46 sur Sud Radio.
28:35 Vous êtes bien dans le Face à Face avec Eric Canceau,
28:37 auteur de l'Histoire mondiale des impôts
28:39 de aujourd'hui à nos jours.
28:40 Et vous avez la parole au 0826 300 300.
28:43 Et on accueille Jean-Claude Delessonne.
28:45 Bonjour Jean-Claude.
28:46 - Bonjour Jean-Claude.
28:47 - Bonjour Jean-Claude.
28:48 - Oui, M. Bercov, bonjour.
28:49 - Bonjour.
28:50 - Bonjour à votre candidat.
28:51 Ah super, super.
28:53 L'historique des impôts, c'est quelque chose
28:55 qu'il faut quand même connaître.
28:57 Et si j'ai bien compris,
28:59 vous nous dites qu'effectivement,
29:00 à une certaine époque,
29:01 il y a certaines centaines de milliers d'années,
29:03 tout le monde était assujetti à l'impôt
29:04 d'une façon ou d'une autre,
29:05 de force ou de gré.
29:06 Aujourd'hui, je voulais vous poser la question,
29:08 est-ce que vous ne pensez pas,
29:10 parce qu'un des faits de l'État et d'un régalien,
29:13 c'est effectivement de percevoir l'impôt.
29:15 Et on nous dit, percevoir l'impôt,
29:17 payer son impôt, c'est contribuer effectivement
29:19 à la redistribution nationale sur différents services.
29:22 Or, il s'avérait, je n'ai pas les chiffres en tête,
29:25 plus on avance, moins il y a de foyers fiscaux
29:32 qui sont imposés.
29:34 Alors, est-ce que vous ne croyez pas,
29:36 la TVA, on va la mettre de côté,
29:37 c'est l'impôt le plus injuste,
29:38 puisque quels que soient les montants de vos revenus,
29:41 vous vous êtes taxé au même taux.
29:43 - De la même façon, exact.
29:44 - Mais, est-ce que vous ne croyez pas
29:46 qu'il faudrait revoir un jour l'imposition ?
29:48 Et moi, je suis clair, je suis très clair.
29:51 Un euro gagné, vous avez une imposition.
29:55 En fonction, effectivement, bien sûr,
29:56 il ne s'agit pas d'imposer, de matraquer les emplis.
29:59 - Non, non, bien sûr.
30:00 - Est-ce que vous ne croyez pas ?
30:01 - Les petits salaires devraient, voilà.
30:04 - Écoutez, ben oui, parce qu'on bénéficie tous,
30:06 on bénéficie tous, excusez-moi,
30:08 de cette redi... on ne sait pas où ça passe.
30:10 Notre impôt, quand même, quelque part, j'ose le croire,
30:12 il passe quand même dans une redistribution de services.
30:15 - Hum, hum, d'accord.
30:17 - Donc, il me sera... il me semblerait quand même correct
30:20 que tout un chacun mette son écho
30:23 pour bénéficier de notre...
30:25 - En proportion de ce qu'il gagne, etc.
30:28 - Tout à fait.
30:29 - Eric Ansou.
30:30 - Alors, ça, c'est très, très intéressant
30:31 ce que dit votre auditeur,
30:32 parce que c'est toute la problématique
30:33 de l'impôt sur le revenu
30:35 que nous avons eu en France au 19e siècle.
30:37 Et dans la première moitié du 20e siècle,
30:39 il faut rappeler que notre impôt sur le revenu est assez récent.
30:41 Il date de la Grande Guerre, de la guerre de 14-18.
30:44 C'est Josette Caillot qui l'a mis en place à la veille de la guerre,
30:47 et il a été... il est passé dans les actes au lendemain.
30:49 Alors, un impôt proportionnel ou un impôt progressif ?
30:53 Il y a certains pays qui l'appliquent en progressivité
30:56 de manière à, je dirais, alléger le point de l'impôt
31:00 sur les couches les plus défavorisées de la population,
31:02 et même pour les couches qui n'ont quasiment rien,
31:05 eh bien, on les exempte d'impôt.
31:07 Votre auditeur se posait la question du pourcentage, je l'ai.
31:10 Et c'est vrai que ce pourcentage peut choquer vos auditeurs.
31:13 À savoir qu'il n'y a que 44% des foyers
31:16 qui sont des foyers fiscaux qui paient l'impôt.
31:18 - Vous voulez dire que 56% des foyers ne paient pas l'impôt ?
31:22 - Rien du tout !
31:23 - Aucun impôt sur le revenu ?
31:24 - Sur le revenu, parce qu'il y a les taxes indirectes,
31:26 il y a la TVA, qui est une taxe très habile d'ailleurs,
31:29 parce qu'un dollar, il n'y a jamais eu...
31:31 Cocorico, c'est un Français qui a inventé la TVA.
31:33 - Oui, mais ça, ça ne déconne pas.
31:35 - Mais Éric Grosseau, il y a quand même 56% des foyers français
31:40 qui ne payent pas d'impôt sur le revenu.
31:42 - Voilà, alors on peut trouver cette proportion choquante.
31:45 Là, je laisse vos auditeurs réfléchir à ça,
31:47 mais en revanche, il y a un point qui a soulevé votre auditeur,
31:50 et je suis assez d'accord avec lui.
31:52 Pour motiver des gens qui bénéficient quand même
31:55 des redistributions sociales, on évoquait la sécurité sociale,
31:58 on est quand même bien épaulé en France,
32:00 comparativement à d'autres pays,
32:01 peut-être faudrait-il un euro ou cinq euros
32:06 que paieraient chaque citoyen, y compris les plus pauvres,
32:09 pour créer une forme de motivation et un élan, je dirais,
32:12 de toute la société.
32:13 - Oui, ça je crois que ce n'est pas une mauvaise idée.
32:16 - Merci beaucoup Jean-Claude.
32:18 Et on va à Perpignan, on reçoit Simon.
32:21 Bonjour Simon.
32:22 - Bonjour Simon.
32:23 - Bonjour Monsieur Bercoff, bonjour Monsieur Grosseau.
32:26 Voilà, d'abord Monsieur Bercoff,
32:29 premièrement j'avais un petit mot pour vous,
32:31 pour vous féliciter du courage que vous avez eu
32:34 lors d'une émission de télévision,
32:36 en vous adressant à un ministre.
32:39 Vous avez fait preuve de courage,
32:42 ce que ne font pas beaucoup, 99% des journalistes,
32:45 face à une personnalité,
32:47 ils ont tendance quand même à être beaucoup sur la retenue.
32:50 Voilà, premièrement.
32:52 Et puis pour Monsieur Grosseau,
32:54 j'ai écouté presque religieusement tout ce qui a été donné,
32:57 même si c'est de manière très brève
32:59 pour la création des impôts et son évolution.
33:02 Moi je rebondirai là-dessus,
33:04 en disant que de toute façon,
33:06 pour que les gens puissent continuer
33:09 à avoir ce consentement à l'impôt,
33:11 il faudrait que les gens soient informés
33:13 de l'usage de cet argent public.
33:15 - Oui, c'est exact.
33:17 - Parce qu'on voit bien que les dépenses qui sont complètement
33:20 occultes, qui vont à des choses qui ne vont pas.
33:23 Et pour la TVA, pareil,
33:26 comment fait-il que sur l'essence,
33:28 on a encore un double impôt,
33:30 de l'impôt sur la TVA,
33:32 ce qui est absolument inadmissible.
33:34 On est le seul pays à appliquer ce genre de choses.
33:36 Voilà, je voulais sur ces deux choses-là...
33:39 - Intéressant. Eric Grosseau,
33:41 par rapport à justement l'historien que vous êtes,
33:44 et c'est intéressant parce que
33:46 il faut toujours voir, je dis toujours à mes auditeurs,
33:49 le long terme, vous savez,
33:51 avoir l'œil sur le guidon, c'est bien,
33:55 mais le long terme, c'est beaucoup mieux si on veut réfléchir.
33:58 Et c'est en ça que ce livre est intéressant,
34:00 et que tous ces livres-là, c'est intéressant quand on remet
34:02 effectivement la perspective.
34:04 Alors, cette espèce de...
34:06 Simon parlait très très bien de cette taxe
34:09 plus TVA, plus impôts...
34:11 Est-ce que c'est une tendance, ça, ou bien
34:14 cet excès de zèle, je dirais ?
34:19 - Ah, indéniablement.
34:21 D'année en année, on augmente le nombre de taxes et d'impôts.
34:23 Imaginez qu'on en a 460 actuellement en France.
34:26 - 460 taxes et impôts ?
34:28 - Et taxes et impôts...
34:29 - Vous ne parlez pas de TVA, là ?
34:30 - Ah non, non, non. Si, j'inclus la TVA là-dedans, bien sûr.
34:33 C'est le record absolu, là.
34:35 On évoquait tout à l'heure, on est derrière le Danemark
34:37 en taux de prélèvement, mais alors, en nombre de taxes,
34:39 on est les records de même.
34:41 Et c'est jamais régressif, c'est R7, quasiment jamais.
34:44 Il y a la vignette, si. Alors, j'ai cet exemple en tête
34:46 de la vignette, on l'avait créée pour les petites retraites
34:48 dans les années 50,
34:50 elle a été supprimée au tournant des années 90 et 2000.
34:53 Mais, c'est bien le seul exemple qui me vient à l'esprit.
34:56 On empile les taxes et parfois on crée des taxes sur les taxes.
34:59 Votre auditeur a raison, l'un des scandales les plus absolus,
35:02 et ça a parlé à nos auditeurs, c'est les taxes quand même
35:05 sur les carburants. Là, on est vraiment dans...
35:07 C'est incroyable, c'est ubu, là.
35:09 - C'est ta... Déjà, on paie la taxe et puis on...
35:11 - Exactement.
35:12 - Et puis c'est néant.
35:13 Et en fait, Eric Lenceau, si on regarde
35:17 au bout de votre enquête et au bout avec Jean-Luc Bordon
35:20 sur cette histoire mondiale des impôts,
35:23 est-ce que, alors, en fonction des régimes dits
35:27 de gauche ou dits de droite, mais allons plus loin,
35:30 est-ce que les régimes totalitaires, quels qu'ils soient,
35:33 marxistélinistes ou fascistes ou autres,
35:37 ont un peu, en fait, au fond,
35:41 la même démarche, même si c'est avec des mots différents,
35:44 que les régimes démocratiques, libéraux ou pas tellement ?
35:48 - Alors, la démarche, non. En revanche, ils taxent aussi.
35:51 Alors, le plus bel exemple qu'on peut donner,
35:53 c'est le régime communiste, puisqu'à la fin du fin,
35:56 dans une société idyllique, la société du bien commun,
35:59 la société communiste, Karl Marx nous disait
36:01 "Il n'y aura pas d'impôt".
36:02 - Absolument.
36:03 - Or, quand on regarde...
36:04 - Suppression de l'impôt.
36:05 - Voilà, avec le recul, les pays communistes aussi
36:07 taxent beaucoup les sociétés.
36:10 Donc, vous voyez, même dans cet exemple.
36:12 Par contre, ce qui est vrai, c'est que dans les régimes
36:14 dictatoriaux, impérialistes, on va avoir tendance
36:18 à pratiquer plus encore que dans nos pays,
36:20 la politique du bouc émissaire,
36:22 où taxer les peuples qu'on a sous domination,
36:24 c'est ce que faisait l'Allemagne nazie,
36:26 le 3ème Reich, dans les pays qu'elle occupait.
36:29 Elle avait rétabli le système du tribut,
36:31 imaginez, tribut avec un tri au bout,
36:33 qu'on prélevait sur les peuples dominés.
36:35 On en sait quelque chose en France.
36:37 - Comme dans certains pays du Moyen-Orient,
36:39 certaines minorités religieuses ou ethniques
36:42 sont plus taxées que d'autres.
36:44 - Exactement.
36:45 - Et justement, de ce point de vue-là, au fond,
36:48 que dire ?
36:51 Alors, est-ce que ça aussi, c'est une règle
36:53 un peu partout, qui transcende
36:55 les latitudes ou les longitudes,
36:58 la tendance de certains dirigeants à
37:01 aller, à confondre les poches de l'État
37:05 avec leurs poches à eux ?
37:07 - Ah oui, alors ça c'est une tendance fréquente,
37:09 alors qu'il l'est moins, parce qu'on est très très
37:11 contrôlé dans nos démocraties libérales.
37:14 Mais nous, on a un autre problème, qui est celui
37:16 de l'évasion fiscale.
37:18 On rappellera...
37:19 - Je vais aller vous en parler.
37:20 - On rappellera quelques précédents, ici,
37:22 de nos ministres, qui ont défrayé la chronique.
37:25 Par contre, dans les pays dictatoriaux,
37:27 c'est très fréquent. Tous les dictateurs
37:29 ou quasiment, pratiquent un enrichissement personnel
37:32 sur le dos de leur sujet, de leurs citoyens.
37:34 - Mais alors justement, vous savez,
37:36 vous vous rappelez évidemment, beaucoup mieux que moi,
37:38 et tous, vous vous rappelez, l'État c'est moi.
37:40 Donc c'était vraiment, ma poche, c'est celle de l'État.
37:43 Et on voit que beaucoup de gens,
37:45 de dictateurs et d'hommes et de femmes de pouvoir,
37:48 ont continué à pratiquer cette pieuse...
37:50 Vous dites qu'aujourd'hui, c'est plus la même chose.
37:53 Mais quand même, tous les jours, ou presque,
37:56 on a des affaires, soit d'évasion fiscale,
37:58 soit de gens, on constate, vous avez vu par exemple
38:01 cette chose magnifique, enfin prenons un exemple,
38:03 et ça, au Parlement européen, deux ou trois parlementaires,
38:06 on a appelé ça le Qatar Gate,
38:08 on ne sait pas si c'est le Qatar ou autre Émirat,
38:11 qui se sont trouvés avec des valises
38:13 de 600 000 euros,
38:16 embusquées dans leur appartement.
38:18 Faisant preuve d'ailleurs d'une naïveté un peu...
38:21 enfin remarquable.
38:23 Est-ce que ça, c'est une pratique ?
38:25 C'est aussi une pratique pour dire,
38:27 parce que vous savez, beaucoup de gens vous disent
38:29 "Vive le cash", parce qu'au moins ça permet peut-être
38:32 de contourner un peu l'impôt par rapport aux cartes vitales.
38:35 Est-ce que ça va jouer, ça, la numérisation, etc. ?
38:38 - Alors je pense qu'effectivement, ça peut avoir une incidence,
38:41 mais là, l'historien est très prudent,
38:43 parce qu'il ne se risque pas sur le terrain de l'avenir.
38:46 Mais effectivement, ça peut modifier les choses, je pense.
38:49 - En tout cas, n'hésitez pas, vraiment,
38:52 si vous avez quelqu'un qui a le temps de lire,
38:54 et vous avez tous le temps de lire,
38:56 lisez "L'histoire mondiale des impôts".
38:58 Je ne dis pas que vous vous sentirez mieux
39:00 quand vous serez tondu, mais vous ne le regretterez pas.
39:03 C'était le face-à-face du jeudi 2 février
39:06 avec Eric Anceau pour son livre "Histoire mondiale des impôts"
39:09 de "Aujourd'hui à nos jours", co-écrit avec Jean-Luc Bordon,
39:11 aux éditions Passé Composé.
39:13 Tout de suite, l'émission de Brigitte Leh.

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