Mercredi 16 avril 2025, retrouvez Jean-Baptiste Marcy (Rédacteur en chef, Gestion de Fortune) et Guillaume Sereaud (Président, Aliquis Conseil) dans SMART PATRIMOINE, une émission présentée par Nicolas Pagniez.
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00:00Et nous enchaînons à présent avec Enjeu Patrimoine. Nous allons tenter de comprendre ensemble pourquoi il y a des rendements aussi différents en 2024 sur vos fonds euros.
00:14Et pour en parler, nous avons le plaisir d'avoir deux experts du sujet avec nous dans l'émission. Nous accueillons tout d'abord Jean-Baptiste Marcy. Bonjour Jean-Baptiste Marcy.
00:21Bonjour Nicolas.
00:22Vous êtes rédacteur en chef de gestion de fortune et nous avons le plaisir d'accueillir également à distance en duplex Guillaume Serrault. Bonjour Guillaume Serrault.
00:28Bonjour Nicolas.
00:30Vous êtes président de Aliquis Conseil. Alors on va commencer avec vous Jean-Baptiste Marcy. On va essayer de dresser une sorte de panorama, de comprendre un petit peu effectivement comment est-ce qu'on peut analyser cela.
00:42On a les rendements des fonds euros pour l'année 2024. Je ne vais pas tous les donner mais on regarde un petit peu les différents acteurs et on constate qu'il y a un rapport de 1 à 3 presque entre les rendements les plus élevés et les rendements les moins élevés.
00:53Comment est-ce qu'on peut expliquer cela alors que normalement ils sont investis, Jean-Baptiste Marcy pour ceux qui nous écoutent, sur les mêmes sous-jacents en tout cas quand on parle de monosupport.
01:05Parce que je précise juste qu'on peut parler de fonds euros monosupport donc investis sur des obligations d'Etat et de l'Etat français et multisupport là où on vient dynamiser un peu avec des unités de compte.
01:16Mais vous allez nous expliquer cela un petit peu plus en détail. Jean-Baptiste Marcy, comment on explique cela ?
01:20Oui effectivement on va rappeler le contexte économique. L'année dernière sur 2024, le taux moyen, tout assureur confondu, a été de 2,5% en très légère baisse par rapport à 2023.
01:32D'accord.
01:32Et effectivement il faut le dire avec une grande disparité de performance. Pour en comprendre les causes, il faut remonter un petit peu quelques années en arrière.
01:40Et les taux de rendement des fonds euros sont corrélés au rendement des obligations, des emprunts d'Etat.
01:47Bien sûr, des emprunts d'Etat, donc OAT par exemple, l'OAT française à 10 ans.
01:52Pour prendre 2-3 chiffres simples, en 2013, l'OAT France 10 ans était à 3%.
01:58Bien sûr.
01:58Avant de descendre progressivement, pourrait être entre 0 et 1%. Et même été 2019 jusqu'à septembre 2021, le taux est passé en territoire négatif.
02:08D'accord.
02:09C'est-à-dire que la France a emprunté moins cher qu'est-ce qu'elle rembourse.
02:13D'accord.
02:13C'est assez inédit.
02:14Bien sûr.
02:15Donc c'est bien en tant qu'emprunteur vis-à-vis de l'Etat français. Côté épargnant, c'est le revers de la médaille.
02:21Bien sûr.
02:21Voilà. Alors cette passerelle, elle est nécessaire parce que les rendements des fonds euros, effectivement, dans la composition du fonds euro, une grande partie, 70 à 80%, c'est des obligations d'Etat ou des obligations de grosses entreprises jugées solides.
02:37Voilà. Donc c'est le premier point.
02:38Qu'est-ce qui fait que ça, ça a une influence sur les différences de rendement du coût ?
02:43Après, à la marge des assureurs, les 20% restants sont investis en immobilier, en actions et en private equity.
02:52D'accord. Donc ça, on parle de la partie unité de compte.
02:54Non, toujours dans le fonds euro.
02:55Oui, oui, d'accord. Mais dynamiser avec un peu d'unité de compte.
02:58Voilà. Un petit peu, oui, on va dire des unités de compte à l'intérieur du fonds euro.
03:02Mais ça reste vraiment du fonds euro. Et ce qui est important, c'est qu'au niveau de la loi, le fonds euro est garanti par l'assureur.
03:09Les unités de compte, c'est autre chose.
03:11D'accord.
03:11Donc l'assureur, il ne peut pas faire tout et n'importe quoi. Mais certains ont pris un petit peu plus de risques.
03:17Et ça a permis, sur le long terme, de générer un petit peu plus de performances.
03:21D'accord. Donc là, le facteur explicatif, c'est la partie dynamisante du fonds euro qui vient expliquer les différences de rendement. C'est ça ?
03:29Voilà. Après, certains assureurs ont beaucoup collecté sur le support euro.
03:34D'autres ont essayé de faire un effort plus pédagogique vis-à-vis de leur épargnant et de diversifier sur des unités de compte.
03:41Donc il se trouve qu'on a une catégorie d'assureurs qui ont un gros stock d'obligations avec des taux très très bas.
03:47D'accord.
03:47Donc il va falloir de nombreuses années pour éclaircir tout ça.
03:50Des obligations achetées les années précédentes.
03:53Tout à fait.
03:53Et qui n'ont pas bénéficié forcément des acquisitions qui ont pu se faire en 2023 ou 2024 où les taux étaient plus élevés.
03:59Tout à fait.
03:59D'accord.
04:00Aujourd'hui, le taux tourne à 3,2%, 3,3%.
04:03Donc les gagnants, ce sont les nouveaux assureurs, les assureurs qui ont été lancés il y a 2, 3 ans ou ceux qui ont peu collecté les années précédentes et qui ont de nouveau ouvert les bannes aujourd'hui.
04:16Guillaume Serrault, alors on a posé le contexte effectivement avec Jean-Baptiste Marcy.
04:21Quand on accompagne des épargnants sur ces sujets-là, le fonds euro reste déjà très ancré dans les stratégies des Français.
04:30Il repropose du rendement là où il y a quelques années c'était un petit peu plus compliqué.
04:34Comment est-ce qu'on accueille des différences de rendement aussi, j'allais dire aussi élevées, mais en tout cas aussi marquées entre les différents acteurs, Guillaume Serrault ?
04:46En fait, comme le disait très justement Jean-Baptiste, on l'accueille d'une manière positive.
04:53En tout cas, tout va dépendre en fonction de la structure du contrat, du profil de l'épargnant, de l'investisseur.
04:59Donc effectivement, on peut avoir quelqu'un qui est très prudent, qui va rechercher en priorité une poche importante de fonds euro,
05:06compte tenu de ses caractéristiques et notamment la garantie en capital et puis les cliquets et la liquidité, j'ai envie de dire, au jour le jour.
05:14Donc forcément, on va peut-être plus orienter les clients sur les fonds euro effectivement qui ont des rendements solides
05:21et surtout dont on peut espérer que les rendements vont avoir un niveau élevé de façon pérenne.
05:30Ça, c'est la première chose.
05:31Après, aujourd'hui, il n'y a pas que le fonds euro.
05:35Si on vous entend toujours, Guillaume Serrault, vous êtes toujours avec nous.
05:38J'ai eu un écran noir, excusez-moi.
05:40Il n'y a pas que le fonds euro dans les contrats d'assurance-vie.
05:43Donc ça va vraiment dépendre du profil de l'investisseur et aujourd'hui, à côté des fonds euro, la hausse des taux permet aujourd'hui d'avoir une nouvelle attractivité sur les obligations,
05:56donc sur les fonds obligataires, les fonds datés, là où pendant une dizaine d'années, ils étaient très peu utilisés dans le cadre d'une allocation globale patrimoniale.
06:03Alors avant de se poser la question effectivement de voir ce qu'on peut faire à côté du fonds euro, si je comprends bien, c'est que même dans une stratégie visant à investir en fonds euro,
06:12Guillaume Serrault, vous nous dites que là aussi, on jauge le niveau de risque qu'est prêt à prendre un investisseur, c'est-à-dire que c'est plus le...
06:19Enfin, le fonds euro, c'est quand même le réflexe du sans risque pour un certain nombre d'épargnants.
06:23Est-ce que vous nous dites, c'est que même dans le sans risque, il y a des gradations de risque qu'on est prêt à prendre sur ce fonds euro, c'est ça ?
06:29Oui, en fait, c'est surtout ce qu'est-ce qu'on va mettre à côté du fonds euro.
06:33Et puis, c'est vrai que quand on pense souvent à assurance-vie, on va dire, chez l'épargnant en général, on pense assurance-vie, fonds euro.
06:41Et il n'y a pas tout ça.
06:43Et ce qui est important de regarder, au-delà du rendement du fonds euro, c'est aussi son rendement réel et donc le mettre en miroir par rapport à l'inflation.
06:50Si on regarde il y a quelques années, à un moment où effectivement l'inflation était aux alentours de zéro, pour ne pas dire zéro,
06:57on avait des rendements réels qui étaient au-delà de 1,50, 1,80, malgré des niveaux de rendement des fonds euro qui étaient relativement bas.
07:04Donc, je pense que déjà, quand on pense rendement, il faut penser rendement réel et mettre en perspective l'inflation par rapport à ces rendements.
07:13Jean-Baptiste Marcy, est-ce qu'on a tout évoqué pour expliquer les différences de rendement sur les fonds euro ?
07:22J'entends depuis plusieurs mois maintenant des experts me dire qu'on peut bénéficier de bonus à l'entrée sur des fonds euro.
07:30Est-ce que ça vient là aussi expliquer les différences de rendement ou ce n'est pas forcément ce qui vient expliquer les différences de rendement en 2024 ?
07:37Si, tout à fait. Je distingue même trois points importants. Le premier point, c'est la diversification. Les assureurs incitent l'épargnant à mettre une plus grande partie dans la poche des unités de compte.
07:51En contrepartie, ils vont un peu plus rémunérer le fonds euro sur un an, deux ans ou trois ans.
07:58D'accord. Donc, si vous investissez un peu plus en unités de compte, je vous rémunère un petit peu plus le fonds euro.
08:01Exactement. D'accord. Ce qui fait lien effectivement avec ce que nous disait Guillaume Serrault. Et ça, ça se voit dès 2024.
08:08Tout à fait, oui. J'ai pris un exemple, je ne vais pas citer l'assureur, mais qui versait un taux standard de 2% sur le fonds euro.
08:16D'accord.
08:17Si l'épargnant détenait au minimum 40% d'unités de compte, le taux du rendement du fonds euro passait à 2,5%.
08:24D'accord.
08:25Deuxième point, c'est tout basique, c'est les frais de gestion. Moins de frais impliquent un peu plus...
08:31Plus de rendement ?
08:31Plus de performance.
08:32Forcément. Voilà. C'est une laparissade peut-être, mais il faut le rappeler.
08:36Mais qui vient expliquer aussi des différences de rendement, si je comprends bien.
08:38Tout à fait. Voilà.
08:41Guillaume Serrault, donc du coup, effectivement, les choses sont un peu plus claires sur les rendements différents.
08:47Ce que vous nous dites, c'est que le fonds euro, c'est bien, mais il faut aussi penser à diversifier.
08:52Vous nous avez parlé de fonds obligataires. Pourquoi ? Parce que c'est une stratégie similaire au fonds euro,
08:56mais qui permet d'aller chercher un petit peu plus de performance, tout en gardant en tête, bien sûr,
09:00que plus la performance proposée est élevée, plus le risque est élevé de l'autre côté.
09:04Surtout, effectivement, on a retrouvé la faculté d'aller chercher des fonds obligataires depuis quelques mois.
09:12Ça n'avait pas disparu des allocations, mais on les retrouvait beaucoup moins,
09:18puisque les nouvelles obligations émises étaient dans des conditions relativement bases,
09:22donc il n'y avait plus forcément d'intérêt à aller sur les fonds obligataires,
09:26sachant que sur les fonds obligataires, il y avait le risque de remonter les taux.
09:29Et on sait, quand les taux remontent, les obligations, en tout cas détenues en portefeuille, baissent.
09:34Aujourd'hui, avec la hausse des taux, on a retrouvé, effectivement, de l'intérêt pour les fonds obligataires.
09:41Et puis, les fonds datés, donc des fonds à échéance sur des obligations,
09:46ont retrouvé aussi beaucoup plus d'attractivité.
09:49Et les sociétés de gestion ont réouvert, en tout cas, des fonds de cette nature.
09:53Le deuxième point également, en termes de produits structurés,
09:59avec la hausse des taux, les produits structurés à capital garanti,
10:03on a pu en retrouver, effectivement, dans les allocations,
10:07et la possibilité de restructurer des produits avec un capital garanti,
10:13là où récemment, effectivement, les années précédentes, on était plus avec des garanties partielles.
10:20Merci à tous les deux, effectivement, de nous avoir détaillé ces rendements en matière de fonds euros,
10:25mais aussi les autres éventualités, effectivement, quand on va chercher, quand même,
10:29ou quand on cherche à avoir des stratégies un petit peu similaires à celles qu'on peut avoir sur le fonds euros.
10:33Merci, Guillaume Serrault, président de Aliquis Conseil, de nous avoir accompagné à distance.
10:37Merci, Jean-Baptiste Marcy, rédacteur en chef de gestion de fortune.
10:39Merci à tous les deux.
10:40Merci, Nicolas.
10:41Et quant à nous, on se retrouve tout de suite dans l'œil de l'expert.
10:44Merci.
10:45Merci.