Avec Elisabeth Lévy et Françoise Degois
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##DITES_LE_FRANCHEMENT-2025-04-08##
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NewsTranscription
00:00— Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin. — Benjamin Gleize, on en parle. Le Sénat, écoutez bien, va interdire, si c'est voté ce soir,
00:12dans son règlement, les cadeaux aux sénateurs de plus de 150 €. — Oui, lorsqu'ils sont offerts par un lobby. Voilà. Précision importante.
00:21Ce n'était pas le cas jusqu'à présent. Ces cadeaux devaient simplement faire l'objet d'une déclaration. Désormais, donc, à partir de ce soir,
00:27si c'est voté, eh bien ils seront, ces cadeaux, totalement interdits. C'est le président du Sénat en personne, Gérard Larcher,
00:34qui a déposé cette proposition de résolution, proposition co-signée par la centriste Sylvie Vermeillet. Le texte a déjà été adopté
00:41en commission. Et ce soir, sans surprise, il devrait donc être voté en plénière, même si cette mesure fait grincer quelques dents.
00:47Sous couvert d'anonymat, un sénateur de la majorité fait part, notamment, lui, de son inquiétude. Quand on veut des règles,
00:53on va toujours de plus en plus loin. Et d'ajouter, j'ai des collègues préoccupés par la nouvelle rédaction, car elle est mal formulée.
00:59Voilà ce qu'il dit. « Inquiétude des uns quand d'autres veulent aller plus loin ». Un amendement, par exemple, a été déposé pour interdire...
01:05Eh bien pour étendre l'interdiction d'accepter les cadeaux de plus de 150 € aux personnes menant des activités d'influence
01:11pour le compte d'un mandant étranger. Alors on verra si cet amendement est voté ou non. En tout cas fait assez étrange, la résolution initiale
01:19indique que cette interdiction ne s'appliquerait toutefois pas aux déplacements de travail. Qu'est-ce que ça veut dire ?
01:26Tenez, la traduction assurée par une sénatrice de gauche auprès de Public Sénat. En gros, elle dit « ça veut dire que demain, je suis un grand patron,
01:34un grand groupe de BTP français. Je vous invite au Maldives. Et à partir du moment où vous mettez deux réunions de travail, eh bien c'est bon ».
01:41— Voilà. Il faut interdire ou pas ? — Mais non, mais c'est dommage. Moi, qui m'apprêtais à offrir une belle cravate à Gérard Larcher...
01:48Non mais franchement, c'est vraiment de l'étalage, ce que les Américains appellent « virtue signalling », de l'étalage de vertus.
01:57Vous savez qu'il n'a pas de sens. C'est pas ça, le problème de notre République. Mais je laisse François...
02:03— Non, moi, je suis tout à fait favorable, tout à fait favorable à ce que je vois bien pour avoir été dans mon autre vie dans un gouvernement,
02:08à quel point les lobbies peuvent acheter, à quel point les voyages officiels... C'est pour ça que là, je trouve ça un peu franchement fauderche
02:15de ne pas avoir mis les voyages officiels, parce que tout se fait dans les voyages officiels. Les consignes qu'on avait, nous, au gouvernement,
02:20quand on voyageait à l'étranger, c'est de ne pas faire des cadeaux excessifs, y compris aux chefs de l'État.
02:25Je pense que la Commission européenne et le Parlement européen, ils ont adopté ça depuis très longtemps pour éviter...
02:30— C'est pas pareil, là, François. C'est pas pareil, mais c'est exactement pareil. Qu'est-ce que vous dites ?
02:34— Il s'agit des grands groupes qui achètent en quelque sorte la bienveillance des sénateurs.
02:41— Est-ce que je peux vous dire que c'est exactement pareil ? Je vois pas pourquoi vous dites que c'est pas pareil.
02:44C'est la même chose au Parlement européen. — Parce que les voyages officiels, c'est un voyage officiel.
02:47— Vous avez 4 000 agences... — Au Parlement européen, il y a beaucoup de lobbyistes.
02:50— Excusez-moi. Vous avez 4 000 lobbies. Vous avez 4 000 agences de lobbying à Bruxelles, d'accord ?
02:55— Non mais oui. — Depuis des années, ils procèdent de cette manière-là, avec des cadeaux, avec des cigares, etc.,
03:00pour influencer les votes des parlementaires. Nous sommes sur le même principe.
03:03— Oui, mais là... — Eh bien, je trouve ça très bien. Moi, je trouve ça très bien.
03:06— Vous trouvez ça très bien, que les sénateurs... — Non mais en fait, j'écoute... Enfin, je dis pas qu'il y a rien.
03:12Je ne suis pas sûre. Quand vous êtes sénateur, c'est pas parce qu'on va vous inviter à un bon déjeuner, j'espère, que...
03:19— C'est autre chose. Ça, c'est des cadeaux. C'est pas des déjeuners. C'est... — Vous avez changé de comportement, hein, ou de vote.
03:22— Les voyages, c'est quand même un peu plus compliqué. — Eh, les Koh-I-Mah, OK ?
03:26— Bon, les Koh-I-Mah. Quand on vous invite... Pardon, Françoise. Quand on vous invite avec femme et enfant ou femme ou deuxième femme ou je ne sais pas...
03:34— Maîtresse. — Quand on vous invite comme ça dans un grand hôtel... — C'est jamais gratuit. C'est jamais gratuit.
03:39— Tout ce qui vous fait devenir un obligé, tout ce qui vous fait devenir un obligé, t'as pas d'accord.
03:44Eh bien vous voyez, j'ai un peu changé d'avis. — Là, je suis d'accord. — C'est exactement la même chose.
03:49— Françoise, écoute-moi. — T'as changé d'avis grâce à ce que j'ai dit. J'ai entendu. J'ai entendu. J'aimerais bien que...
03:55— Françoise, elle arrive à parler d'un côté et à écouter de l'autre. — Je peux vous dire, je suis assez intransigeant sur ces voyages.
04:03Personnellement, et vous le savez, les journalistes ont été souvent invités. Moi, je n'ai jamais accepté le moindre voyage.
04:09Donc je suis un genre... — Le moindre ménage. Je suis d'accord avec vous. — Non plus. Le moindre ménage, on fait pas...
04:14— Donc ça procède de la même chose, en réalité. — C'est exactement la même chose. Pourtant, on est sollicités.
04:18— Oui. Et ça procède... La loi du Sénat procède de la même chose. — On peut très bien dire non.
04:22— Il a un mauvais accès parce que personne n'a essayé de m'acheter. — Elisabeth !
04:27— Elisabeth. Bon. Allez. François Noël Buffet est avec nous dans un instant. Ministre auprès du ministre de l'Intérieur.