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Avec Pascal Brice, président de la Fédération des Acteurs de la Solidarité

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##C_EST_DANS_L_ACTU_3-2025-03-22##

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Transcription
00:00Bonjour Pascal Brice, merci d'être avec nous. Vous êtes Président de la Fédération des Acteurs de la Solidarité.
00:07Alors, le Ministère du Travail planche sur un barème de sanctions pour les bénéficiaires du RSA en cas de manquement
00:14qui pourrait se traduire par une suspension de l'allocation de 30 à 100% de 1 à 4 mois.
00:19Honnêtement, on a suivi un peu cette histoire de barème, c'est assez compliqué à comprendre.
00:25Quand on parle de manquement, de quoi s'agit-il en fait pour le Ministère du Travail ?
00:30D'abord, rappelons qu'il s'agit de personnes qui survivent avec 640 euros.
00:34J'ai un peu envie de vous dire que dans la période dans laquelle on a tout ce qui nous compte dessus dans ce pays,
00:39on a peut-être autre chose à faire et le gouvernement a peut-être autre chose à faire
00:41que de se préoccuper d'aller chercher des gens à 640 euros.
00:44Bon, mais là en fait c'est une application de la loi qui a été prise récemment
00:48et donc qui vise à ce que vous souvenez que les bénéficiaires du RSA maintenant doivent faire 15 heures d'activité,
00:56doivent être, mais ça la loi le prévoyait depuis longtemps mais ce n'était pas mis en œuvre,
01:00être accompagnés vers le travail et donc pour cela signe un contrat d'engagement avec France Travail.
01:0715 heures d'activité dans la recherche d'emploi, dans l'insertion, c'est ça ?
01:10Dans la recherche d'emploi, dans l'insertion, c'est-à-dire tout ce qui va vous permettre d'aller vers la société,
01:13vers le travail parce qu'on parle... De qui nous parlons ?
01:17Moi je les vois un peu partout dans nos associations, ces hommes et ces femmes.
01:20Ce sont des gens qui sont cabossés par la vie, qui ont des difficultés d'accès au travail
01:26parce qu'il y a des problèmes de santé, parce qu'il y a eu des ruptures familiales,
01:29des problèmes de santé mentale, on sait que c'est très lourd dans la période, dans la population.
01:33Et donc là l'idée c'est qu'un contrat d'engagement est signé avec France Travail
01:40et si vous ne le signez pas ou si vous ne le respectez pas,
01:44eh bien le ministère, le gouvernement prévoit des sanctions qui sont en fait une remise en cause
01:51temporaire ou définitive de toute ou partie du RSA.
01:58Cette sanction s'est baptisée « suspension remobilisation » pour le ministère du Travail.
02:07Autrement dit, si on comprend bien, il faudrait en passer pour la sanction, par la sanction,
02:10pour que ces personnes-là se remobilisent.
02:14Il y a un côté très infantilisant, comme si on avait affaire à des enfants qui ne feraient pas bien des choses.
02:22Vous savez, le principe qui sous-tend tout ça, dans cette nouvelle loi et dans ce nouveau RSA,
02:28c'est-à-dire l'idée que la société, les impôts des uns et des autres,
02:33les gens qui travaillent accompagnent celles et ceux qui sont à la difficulté vers l'emploi.
02:37Et qu'en contrepartie, ces personnes ont des démarches vers la société, vers l'emploi.
02:41Moi, j'adhère à cette démarche-là.
02:44Vous savez, en ce moment, dans la période où il y a des tas de gens qui bossent et qui n'y arrivent pas,
02:48l'idée qu'il y en ait qui touchent des aides publiques sans véritablement faire des efforts,
02:53ce n'est pas tenable, ça.
02:55Donc, sur le principe, moi, je n'ai pas de difficultés.
02:57Le problème, c'est quand, d'une part, on a l'impression qu'on fait beaucoup ça pour dire
03:02« ce problème se paye à des difficultés, les gens ont des difficultés »,
03:05c'est à cause de ceux qui ne bossent pas.
03:08On devrait peut-être regarder ailleurs l'origine des difficultés du pays,
03:12qui sont de différentes ordres.
03:14Et puis, surtout, c'est une question de mise en œuvre.
03:17Si vous mettez en place ces sanctions,
03:20quand vous êtes dans une capacité, de la part de France Travail,
03:24à être au plus près de la situation de chaque homme et de chaque femme,
03:26dont je sais, moi, parce que je les rencontre un peu partout,
03:29qu'à chaque fois la situation est différente,
03:31vous en avez qui vont pouvoir assez vite aller au travail,
03:34vous en avez d'autres pour lesquelles ça va prendre du temps,
03:36ça va se faire, ça va revenir en arrière.
03:38Si vous êtes dans cet accompagnement-là, d'accord.
03:41Le problème, c'est que France Travail n'a pas les moyens de ça.
03:44Il n'y a plus assez de conseillers ?
03:45Voilà.
03:46Les départements, qui ce sont eux qui gèrent et qui vont décider,
03:49n'ont pas les moyens de ça.
03:51Et donc, c'est ça notre inquiétude.
03:52C'est qu'on alimente ces formes de stigmatisation des gens
03:56qui sont les plus fragiles dans notre pays,
03:58et que je ne suis pas sûr qu'on ait les moyens de faire les choses
04:01dans de bonnes conditions, qu'ils ne soient pas d'un truc bureaucratique.
04:04Alors, vous avez une sanction, une deuxième sanction.
04:06Enfin, bref, voilà quoi.
04:08Vous pensez que c'est l'avis aussi de la direction de France Travail
04:11par rapport au manque de moyens ?
04:13C'est dit ou c'est compliqué à dire, Pascal Brice ?
04:16On est dans une période budgétaire difficile pour tout le monde,
04:21y compris pour France Travail.
04:23Vous vous souvenez que tout ça a été préparé par une expérimentation ?
04:26Oui.
04:27Alors, moi je suis allé dans pas mal d'expérimentations.
04:29Par exemple, à Redon, en Ile-et-Vilaine.
04:31Je suis allé discuter avec les personnes au RSA,
04:34avec les travailleurs sociaux,
04:36avec les gens de France Travail.
04:38Qu'en pensez-vous de ces expérimentations-là ?
04:40Est-ce que ça marche ?
04:41En fait, c'était une façon de commencer à mettre en œuvre tout ça.
04:44Et ça, ça s'est plutôt bien passé le plus souvent.
04:47C'est-à-dire que vous aviez, pour chaque personne au RSA,
04:51un conseiller ou une conseillère de France Travail,
04:54et puis un travailleur ou une travailleuse sociale
04:56qui vraiment accompagnaient la personne de manière très adaptée
04:59aux difficultés de la personne,
05:01à son parcours et à chercher des solutions.
05:03Et les résultats sont plutôt bons.
05:05Et ça, c'est parce que dans ces expérimentations,
05:07dans ces villes-là, ou dans ces campagnes françaises où on a fait ça,
05:10il y avait les moyens humains.
05:12À chaque fois, vous aviez deux personnes pour accompagner.
05:15Il y avait du temps.
05:16Or, on sait très bien que les conseillers de France Travail,
05:18ils sont débordés aujourd'hui.
05:20Donc voilà.
05:21La question, c'est toujours la même.
05:23Qu'est-ce qu'on cherche ?
05:24Qu'est-ce que le gouvernement cherche ?
05:25Si le gouvernement cherche à vraiment aider des hommes et des femmes
05:28à aller vers le boulot,
05:29nous, dans les associations, on ne demande que ça.
05:32C'est notre engagement.
05:34Mais s'il s'agit en réalité d'alimenter une petite musique
05:39qui ferait que les difficultés de celles et ceux qui bossent dans ce pays
05:42sont dues à ceux qui toucheraient le RSA et qui feraient rien,
05:44alors que je pense, encore une fois,
05:46qu'on devrait regarder des questions de justice,
05:48de justice sociale, de justice fiscale,
05:50peut-être un peu de l'autre côté.
05:51Ceux qui sont un peu plus et même beaucoup plus que 640 euros par mois.
05:55Voilà, c'est ça la question qui est posée dans la mise en œuvre de tout ça.
05:59En tant que président de la Fédération des Acteurs de la Solidarité,
06:01vous avez eu des contacts, vous, avec le ministère du Travail ?
06:04Et quelles sont, là, les revendications par rapport à ce projet ?
06:09Oui, nous sommes en discussion très régulière
06:12et avec France Travail et avec Mme Pannoyan,
06:15la ministre en charge de tout ça.
06:19La discussion, elle, porte sur, encore une fois,
06:22du côté de nos associations, de notre fédération,
06:24il n'y a pas d'hostilité de principe à cet engagement réciproque.
06:28Vraiment, dans la période dans laquelle on est, ça s'entend.
06:31C'est une question de mise en œuvre.
06:33C'est-à-dire que depuis le début, moi, j'ai demandé au gouvernement
06:36d'être très attentif auprès des départements,
06:38à la manière dont ça se passe.
06:40Très attentif avec France Travail au moyen donné.
06:43Et là, je ne vous cache pas une inquiétude.
06:45Non pas parce que je soupçonnerais France Travail
06:47ou la ministre du Travail de mauvaises intentions,
06:49mais parce qu'on voit bien le climat général,
06:52on voit bien certaines déclarations de certains ministres,
06:54et même du président de la République, à certains moments,
06:56qui stigmatisent quand même beaucoup les gens les plus fragiles de ce pays.
07:00Et donc, voilà, notre discussion avec le gouvernement,
07:03elle va continuer d'être là-dessus,
07:04c'est-à-dire sur la façon dont ça va se passer,
07:06et avec les départements dont ça va se passer,
07:08et les moyens donnés pour que ça se passe au plus près.
07:10Vous savez, c'est toujours pareil.
07:11Quand on fait de la bureaucratie,
07:13quand on regarde les choses d'en haut,
07:15qu'on dit il y a des cases, on va mettre tout le monde dans les cases,
07:17pour des hommes et des femmes qui sont dans la difficulté,
07:20je ne dis pas qu'il n'y en a pas quelques-uns qui se foutent du monde,
07:23mais l'immense majorité, je vous le dis,
07:25ce sont par exemple des femmes qui ont dû arrêter de travailler longtemps
07:28parce que garde d'enfants.
07:30Je me souviens d'un monsieur que j'ai rencontré
07:32dans un chantier d'insertion d'une de nos associations
07:34qui était là parce qu'il avait deux enfants handicapés,
07:37qu'il arrêtait de travailler pendant 15 ans.
07:39Un jeune homme qui a fait des études informatiques,
07:41il était dans un chantier d'insertion.
07:43J'ai dit, mais pourquoi ? Qu'est-ce qui s'est passé ?
07:45On se dit, ben voilà, il y a du boulot.
07:47Ce garçon-là, il a eu une dépression très très lourde.
07:49Voilà, ce sont les difficultés de la vie.
07:52On connaît tous ça.
07:53Il y a des moments, ça empêche d'aller bosser.
07:55Donc on est là dans les associations pour les aider.
07:57Il faut que le RSA, il est là pour survivre, 640.
08:01Donc voilà, arrêtons de stigmatiser et accompagnons.
08:04Ça sera le mot de la fin.
08:06Merci beaucoup d'avoir été avec nous en studio.
08:08Pascal Brice, président de la Fédération des Acteurs de la Solidarité.
08:11Merci, grand merci.

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