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Avec Pascal Brice, Président de la FNAS (Fédération Nationale des Acteurs de la Solidarité)

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##C_EST_A_LA_UNE-2024-12-04##

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Transcription
00:00— Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
00:03— Avec nous Pascal Brice, président de la Fédération nationale des acteurs de la solidarité. Pascal Brice, bonjour.
00:09— Bonjour, M. Bourdin. — Merci d'être avec nous. Le rapport annuel de l'Observatoire des inégalités a été publié hier.
00:16Que dit l'Observatoire des inégalités ? Qu'il y a en France 5 100 000 personnes, enfants compris, qui vivent sous le seuil de pauvreté,
00:25seuil de pauvreté fixé à 1 014 € par mois. Il s'agit de grande pauvreté. — Oui, parce qu'en réalité, c'est 10 millions de personnes
00:34qui sont sous ce que l'INSEE appelle le seuil de pauvreté. Alors c'est moins de 1 200 € net par personne par mois.
00:40— Voilà. L'INSEE calcule à 1 200 € net. Et là, l'Observatoire des inégalités est à 1 000. — Il est à 1 000.
00:46— Donc il est vraiment sur la grande pauvreté, notamment les 4 millions de personnes qui sont au RSA.
00:50Mais ça fait 40 ans que la pauvreté, elle ne baisse plus en France. Et même maintenant, depuis 2 ans, lentement mais hélas, sûrement,
00:56elle augmente. Dans un pays qui est l'un des plus protecteurs au monde, il faut qu'on se le redise, 10 millions de pauvres aujourd'hui
01:03en dessous du seuil de pauvreté, s'il n'y avait pas toutes les redistributions, etc., les soutiens sociaux, ce serait 15 millions.
01:09Donc on est un pays très protecteur, mais dans lequel de plus en plus la pauvreté s'enracine dans les villes, dans les campagnes
01:15et un peu partout dans la population. — Alors la pauvreté s'enracine. C'est très intéressant, ce que vous dites.
01:20Elle s'enracine. Et partout, hein, partout. Et elle s'enracine surtout... Oui, surtout, avant tout chez les jeunes, chez les jeunes.
01:30Plus, plus que chez les personnes âgées. Je regardais les chiffres. 5% à peu près des personnes âgées, c'est déjà beaucoup, trop.
01:38Mais chez les jeunes, c'est beaucoup plus. C'est entre 11, 12, 13%. — Vous vous rendez compte de ce que ça dit de notre société ?
01:46— Et notamment, vous avez parmi elles et parmi eux beaucoup de jeunes issus de l'aide sociale à l'enfance.
01:51C'est-à-dire que moi, je le vois dans les associations un peu partout en France. Les jeunes que vous voyez à la rue, le plus souvent,
01:57ils sortent de l'aide sociale à l'enfance. C'est-à-dire qu'ils ont été abandonnés par leurs parents, etc. Et donc vous avez comme ça
02:02des phénomènes de cumul. Vous avez des étudiants qui vont au Resto du cœur. Donc vous avez effectivement... Ça touche de plus en plus de gens
02:10dans les campagnes, la pauvreté en milieu rural, avec un isolement très fort, dans les villes. — D'entendre pas jamais. Quand on oublie,
02:17on montre toujours les images de la pauvreté en ville. Elle est réelle. Il y a cette autre pauvreté.
02:23— Oui. Et ce qui fait qu'il faut que les associations aillent encore plus vers les gens. Vous avez effectivement des jeunes.
02:28Vous avez des femmes qui sont seules avec des enfants et qui n'arrivent pas à bosser. Vous avez de plus en plus de gens qui travaillent,
02:36— M. Bourdin, c'est ça qu'il faut aussi voir. C'est qu'on a affaire à des gens qui bossent très souvent. Ils bossent. Vous voyez bien, 1 000, 1 200.
02:42On n'est pas très loin du SMIC, etc. Ils bossent. Et pourtant, ils n'y arrivent pas. Et c'est ça aussi qui crée une anxiété très forte
02:49dans une bonne partie de la population. — Je regardais aussi d'autres chiffres. Plus de 20 % des personnes en situation de handicap
02:55sont pauvres. 20 %, hein, beaucoup plus que la moyenne de la population. Même chose pour les immigrés, qui sont surreprésentés
03:03parmi les personnes les plus pauvres. — Des étrangers qui ne demandent qu'à travailler alors que les entreprises en ont besoin.
03:09Ils travaillent pas. Ils se retrouvent dans la précarité. Des personnes en situation de handicap reconnues ou beaucoup qui ne sont pas reconnues
03:14avec des problèmes de santé mentale de plus en plus lourdes, des problèmes d'addiction. Vous voyez, que ce soit à Lille où j'étais dans une association,
03:22à Verdun dans une association en région parisienne, des personnes qui ont des difficultés de santé mentale qui ne sont plus prises en charge
03:27dans la psychiatrie, des gens qui ont des problèmes d'addiction. On sait très bien que de plus en plus, ça devient un drame dans ce pays.
03:33Donc vous avez un cumul des jeunes sortis de l'aide sociale à l'enfance, des femmes seules avec des enfants, des retraités, des petites retraites
03:39qui vont faire la fin des marchés parce qu'ils n'ont plus les moyens. Donc nous sommes dans cette situation-là, un pays très protecteur,
03:45mais dans lequel la pauvreté et la précarité ne cessent de s'enraciner au plus profond. — Et pourtant, vous dites pays très protecteur,
03:51parce que quand je regarde les autres pays d'Europe, je m'aperçois que la France fait mieux que la moyenne européenne, en plus.
03:58— Bien sûr. Mais nous sommes un pays qui a de la force. Nous sommes un pays qui protège. Simplement, nous sommes effectivement dans un pays
04:05dans lequel de plus en plus, ces protections s'amenuisent, de plus en plus, les inégalités augmentent. Et donc là...
04:12— Et oui, les très très riches sont toujours plus riches. Et malheureusement, malheureusement, 50% de la population s'appauvrit.
04:21On peut dire ça, en France. — Oui. Et vous voyez bien ce que ça provoque aussi dans la tête de beaucoup de gens avec cette tentation,
04:27qui est de se dire « Moi, je bosse. J'y arrive pas. C'est la faute de ceux qui sont plus pauvres que moi et notamment qui bossent pas ».
04:33Et ça, c'est dramatique et délétère, parce qu'évidemment, c'est pas en appuyant un peu plus sur la tête des plus pauvres et des plus précaires,
04:38qui sont de plus en plus nombreux, qu'on va s'en sortir. Donc là, ce qui est devant nous, c'est d'abord le travail, que les gens qui bossent
04:47soient rémunérés correctement, qu'ils aient des conditions de travail – je pense notamment aux femmes pour la garde des enfants –,
04:52que nous puissions, nous, dans les associations, faire ce que nous faisons, accompagner des personnes en difficulté vers le travail. Le travail.
04:58Et puis il y a ces politiques publiques qui dysfonctionnent. Je parlais de la santé mentale. Au lieu de fermer des lits dans les hôpitaux psychiatriques,
05:05que l'on puisse accompagner les gens, que des femmes victimes de violences soient prises en charge, que les étrangers qui veulent bosser bossent.
05:12Et puis que dans la tête, là, les uns et les autres, on arrête de penser que c'est en tapant sur les plus fragiles qu'on va aller mieux.
05:18Donc de la solidarité, notamment pour celles et ceux qui peuvent, dans ce pays, contribuer.
05:22— Pascal Breizh, dernier mot. Ça éclate à la figure de tous les députés, franchement, ces chiffres, qui s'écharpent pendant ce temps-là
05:31à l'Assemblée nationale. La réalité concrète, elle est là. Elle n'est pas dans les diatribes que l'on croise là-bas au Palais Bourbon.
05:41— C'est consternant. Vous imaginez ce que vivent ces personnes, les travailleurs sociaux, les travailleurs sociaux, les bénévoles. C'est consternant.
05:46Alors moi, je vous dis un truc. Si ces députés sont pas capables de se parler, de trouver des solutions, moi, je dis que c'est à chacune et chacun
05:52dans ce pays de le faire. — Merci, Pascal Breizh, d'être venu nous voir ce matin. Vous êtes président de la Fédération nationale
05:59des acteurs de la solidarité. Il est 7 h 20. Vous êtes sur Sud Radio. Ça vous fait réagir, j'en suis certain. 0800 26 300 300.
06:07On en parle avec vous.

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