Santé : Les internes réagissent aux déclarations de Michel Barnier

  • il y a 5 jours
Avec Killian L’helgouarc’h, Président de l’InterSyndicale Nationale des Internes

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##LA_VIE_EN_VRAI-2024-10-03##

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Transcription
00:00Le Petit Matin Sud Radio, 5h-7h, Benjamin Aiglaise.
00:06Sud Radio, 6h40, le Premier Ministre l'a affirmé, Michel Barnier fait de la lutte contre les déserts médicaux, l'une de ses priorités.
00:13Pour cela, il propose notamment ceci.
00:15Il propose aux internes français et étrangers volontaires de s'engager à exercer dans les territoires qui manquent le plus de médecins,
00:20le tout grâce à l'accompagnement de l'État et des collectivités territoriales.
00:25Bonjour Kylian El Gouarch.
00:26Bonjour.
00:27Vous êtes toujours avec nous, président de l'intersyndicale national interne.
00:31Comment réagissez-vous d'abord à cette proposition du Premier Ministre, avec inquiétude, curiosité ?
00:38Alors déjà, l'accès aux soins aujourd'hui, c'est une préoccupation majeure des internes.
00:41On est conscients des difficultés.
00:43Quand on est aux urgences, on a toujours des patients qui nous disent « je suis venu aux urgences parce que je n'avais pas de médecin traitant ».
00:49Quand on travaille dans les services et dans les services de consultation,
00:52on voit les délais qui se rallongent, que ce soit à l'hôpital ou dans la ville.
00:56Donc ce programme Hippocrate, il vient un peu en prolongement de la dispositif.
01:00C'est le nom, effectivement, programme Hippocrate.
01:02C'est le nom de ce projet, ce programme qu'il veut mettre en place, le Premier Ministre.
01:05Tout à fait.
01:06Le programme Hippocrate que le Premier Ministre veut mettre en place,
01:09ça vient un peu dans le prolongement d'un dispositif qui existait déjà,
01:12d'incitation à aller exercer dans les zones de soudances contre une rémunération mensuelle.
01:17Donc finalement, ça serait une sorte de modification d'un dispositif qui est déjà aujourd'hui en place.
01:22Ce qui nous interpelle, c'est le nom qui est utilisé, Hippocrate,
01:26qui renvoie directement à notre serment d'Hippocrate,
01:30que l'on prononce à la fin de nos études médicales.
01:34Et je trouve que ça sous-entend un peu qu'il y aurait des bons médecins
01:37de la descendance d'Hippocrate qui s'engagent pour l'accès aux soins,
01:40un terme moralisateur, alors que la responsabilité de l'accès aux soins,
01:44on nous la revoit tous les ans lors du budget de l'État.
01:47Et au quotidien, les internes, on est en première ligne pour l'accès aux soins.
01:51On présente 40% du personnel médical à l'hôpital,
01:54avec une moyenne de temps de travail de 60 heures par semaine.
01:58Donc, on nous fait porter rapidement la responsabilité du baisse du nombre de médecins en France
02:04issus des décisions des décennies dernières.
02:06Ce qui sous-entend, au final, c'est qu'il n'y a pas assez d'internes, peut-être,
02:09qui sont présentes sur des secteurs, des territoires où il n'y a pas assez de médecins.
02:13C'est un peu ce qui sous-entend, finalement, le premier instant.
02:16Aujourd'hui, le vrai problème, c'est qu'on n'est pas assez nombreux en termes de médecins.
02:21Ce n'est pas un problème de répartition, c'est un problème de nombre.
02:24Quand on n'a pas assez de beurre pour tartiner sa tartine,
02:28on ne peut pas tout la tartiner.
02:29C'est exactement pareil pour les médecins.
02:31On n'en a pas suffisamment, donc il faut en former plus
02:34pour pouvoir permettre de couvrir l'ensemble du territoire français.
02:38Après, ça va dans le bon sens, le Premier ministre qui annonce, lui,
02:42une augmentation du nombre de postes d'internes pour 2025.
02:45On va passer de 8500 à 11000, après une baisse cette année, certes.
02:49Mais ça, c'est rassurant, ça va dans le bon sens ?
02:51C'est rassurant.
02:52On va connaître dans les prochaines années une augmentation du nombre d'internes,
02:56une augmentation du nombre d'étudiants en médecine formée.
02:59Donc ça va évidemment dans le bon sens.
03:01Et l'accompagnement de l'État, on sera évidemment force de proposition
03:05pour discuter avec lui de ce qu'il y a dans le contenu même du programme Hippocrate
03:09pour que ce soit le plus bénéfique possible pour l'accès aux soins.
03:14Comment réagissent autour de vous les internes
03:16vis-à-vis de cette proposition de programme Hippocrate
03:19d'aller dans ces territoires-là où il y a peu de médecins ?
03:23Déjà, nous, au quotidien, en stage,
03:27puisque 95% du territoire français est considéré comme un désert médical,
03:32on va déjà dans les déserts médicaux.
03:34Quasiment tous les stages sont dans les déserts médicaux.
03:36Je ne vois pas un endroit où on pourrait dire
03:38« Ah non, il y a trop de médecins, on pourrait envoyer un médecin ailleurs. »
03:42J'ai l'impression qu'au final, ce programme-là, il n'apportera rien de plus.
03:46Ce qu'il peut apporter, c'est la connaissance du territoire.
03:48Le facteur clé numéro un de l'installation médicale,
03:51c'est de connaître le territoire.
03:53Personne ne va aller s'installer en tant que médecin dans un territoire
03:56que je ne connais absolument pas, dont je ne suis jamais venu de toute ma vie.
04:00Ce qui est important, là où les internes veulent s'installer plus tard,
04:03c'est soit dans un endroit où ils sont nés,
04:05soit un endroit où ils y sont passés en stage,
04:07où ils ont appris à connaître le territoire,
04:09appris à connaître l'offre de soins,
04:11et où c'était intéressant pour eux de pratiquer la médecine plus tard.
04:14Là où ça peut être intéressant, un programme comme celui-là,
04:17sur la base du volontariat, et ça, j'y mets un point d'ordre,
04:21c'est important,
04:23c'est de pouvoir faire en sorte de faire connaître aux internes,
04:26aux futurs médecins, des territoires
04:28qu'ils n'auraient peut-être pas découverts autrement.
04:31Le volontariat, c'est suffisant ?
04:33Est-ce qu'on ne va pas être obligés aussi un petit peu de pousser certains à y aller ?
04:38Le volontariat, c'est important à nos yeux.
04:42On n'aura jamais meilleure médecine
04:44qu'avec un médecin qui est motivé de s'installer dans un territoire
04:47pour prendre soin de son bassin de population.
04:50Oui, sauf que là, on se rend compte qu'effectivement,
04:52il y a peut-être un peu urgence.
04:54Vous attendez des contreparties ou pas, là-dessus ?
04:56Alors, il faut évidemment des contreparties.
04:58Aujourd'hui, elles étaient incitations financières pendant les études,
05:03donc à voir qu'est-ce qu'ils veulent y mettre.
05:06Moi, je mets un point d'ordre sur l'accompagnement de l'État,
05:09qui aujourd'hui, dans le dispositif qui existe déjà,
05:11est quand même un peu faible
05:13et dont on pourrait faire beaucoup plus dans les années à venir.
05:15Merci beaucoup, Kylian Nelgouarge, d'avoir été avec nous ce matin sur Sud Radio.
05:19Je rappelle, un président de l'intersyndicale national des internes.
05:22Très bonne journée à vous.

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