Ce matin à 9h20, Léa Salamé reçoit Panayotis Pascot pour son spectacle "Entre les deux". Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20/l-itw-de-9h20-du-jeudi-20-mars-2025-7409922
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00:00Bonjour Panaïotis Pascot, et bienvenue, merci d'être avec nous sur Inter.
00:04Si vous étiez un chanteur, un livre et un plat ?
00:07Oh, il est hyper tôt Léa !
00:11Un chanteur, Étienne Dao, qui n'a pas envie d'être Étienne Dao, non ?
00:16Camomille et cuir, c'est fantastique.
00:19Étienne Dao, absolument.
00:20Un livre, je suis, je pense, tous les livres, à chaque fois, au moment où je les lis, j'ai envie d'être eux.
00:24Donc en ce moment, c'est les « Particules élémentaires » que je découvre en ce moment.
00:30Et je suis là-dedans.
00:31Mais ça change, avant c'était Hervé Letellier avec « L'anomalie », donc je passe dans un mood.
00:36Mais c'est bien de lire Houellebecq quand le soleil arrive, ça équilibre.
00:41Et si vous étiez un plat ?
00:42Un plat, la quiche au reste de mes parents le dimanche.
00:47La quoi ?
00:48La quiche au reste.
00:48Personne n'avait ça dans sa famille ?
00:49La quiche au reste ?
00:50Non, je connais, sérieusement.
00:51Je connais, la tchoutchoukia, moi le taboulet.
00:53Ah oui, mais c'est, on prend les restes du frigo de la semaine, on fait une belle quiche.
00:58Et en fait, on fait du neuf avec quelque chose d'ancien, c'est assez beau.
01:01Panaïotis Pascot, on vous a quitté il y a deux ans, vous étiez venu nous voir, à ce micro,
01:06au tout début du lancement de votre livre « La prochaine fois que tu mordras la poussière ».
01:10Vous étiez tétanisé par la sortie de ce livre, où vous racontiez sans filtre et sans artifice
01:14les souffrances du jeune Panaïotis, qui ne s'appelait pas Panaïotis d'ailleurs dans le livre.
01:19Votre rapport troublé à votre père, à la masculinité, votre dépression, vos incertitudes sexuelles.
01:24Ce livre a été un immense succès, plus de 300 000 exemplaires vendus.
01:28C'est devenu le roman d'une génération, celle qui a 20 ans en 2020.
01:32Mais le succès ne vous a pas forcément apaisé, parce que bon, finalement, la vie, c'est 12 sur 20.
01:38Oui, j'ai 26 ans aujourd'hui.
01:44Déjà, il faut savoir qu'après ce livre, qui était quand même une expérience intense pour moi,
01:49c'était comme éclater un bouton.
01:51Disons, il y avait du pus qui grimpait et d'un seul coup, j'avais besoin d'évacuer tout ça.
01:54Il y avait un moment de cicatrisation, ça s'est fait avec les gens.
01:56Et en fait, j'ai eu besoin de reconnecter avec le rire, avec des endroits d'humanité.
02:01Et du coup, j'ai très vite voulu revenir avec un spectacle, pouvoir partir partout en France
02:05pour rigoler avec les gens le soir.
02:07Et en fait, en commençant à écrire, très vite est venue cette thématique de
02:11comment combler cette salle d'attente étrange qu'est l'entre-deux pour les jeunes adultes
02:15quand on n'est plus enfant et qu'on n'a pas encore d'enfant.
02:17Parce qu'il faut savoir, le premier spectacle s'appelait Presque.
02:20Là, il s'appelle Entre les deux.
02:22On est toujours dans le flou impressionniste avec vous.
02:24Toujours, c'est nul d'être net.
02:27Non, non, mais vraiment, honnêtement, je vous le dis, je ne sais pas vraiment ce qu'on est
02:34censé faire de cette période étrange.
02:36En fait, c'est le seul endroit dans la vie, je trouve, où on vit pour soi.
02:38C'est-à-dire ce moment où on est dans la salle d'attente entre l'enfance et on n'a pas encore d'enfant, dites-vous.
02:44On a tous eu des haleines de café dans ce studio, on n'est plus des enfants, c'est terminé.
02:51On a noyé ses enfants à l'Arabica.
02:55Non, juste, j'ai pas encore d'enfant et moi, j'ai toujours eu des amis beaucoup plus âgés que moi.
03:02Donc, tous mes proches autour de moi commencent à devenir parents.
03:04Je vois que quelque chose s'aligne en eux.
03:06Je ne dis pas que la clé de la vie, c'est d'avoir un enfant, pas du tout.
03:08Mais juste quand on devient parent, il y a quelque chose...
03:10Vous dites que vous en avez envie, en tout cas.
03:11Moi, j'en ai envie.
03:12J'en ai envie, pour l'instant, c'est une pulsion très égoïste.
03:15Parce que c'est l'envie de pouvoir trouver un sens à son pied.
03:19En fait, j'ai l'impression que quand on devient parent, c'est ce que je sens.
03:22Par exemple, mon frère vient d'être père.
03:23Ça relègue au second plan cette espèce de quête de sens qui est un combo aux jeunes adultes.
03:27Cette espèce de pourquoi, qu'est-ce que je dois faire ?
03:29Que ma vie ait du sens, ce n'est pas important.
03:31Celle de mon enfant, elle en a un.
03:32Ça me met dans le concret.
03:34Comment je peux me demander où est-ce que je vais être dans 20 ans,
03:36alors qu'il y a mon enfant aux toilettes qui me dit « Papa, j'ai fini ».
03:38Il y a quelque chose de très concret qui nous ramène dans le présent.
03:42Oui, mais en même temps, vous avez toujours été vieux.
03:45Dès enfant, vous étiez déjà vieux.
03:48On en parle de cette passion accordéon.
03:51Oui, mais j'ai toujours été étrange.
03:54A quel âge vous avez commencé l'accordéon ?
03:56Je dirais à 7 ans à peu près.
03:58Et vous en avez fait longtemps.
04:00J'en ai fait 6 ans.
04:02J'ai décidé moi-même d'écraser mes cuisses avec 12 kilos de mélancolie tous les mercredis après-midi.
04:07Il se peut que je portais des bérets.
04:09Je n'ai pas besoin de tout vous dire non plus dans la matinale de France Inter.
04:11Non, j'étais un vieux.
04:13J'étais fan d'Indochine.
04:15Et là maintenant, vous êtes fan d'Indochine, mais pas le groupe.
04:18Mais le pays.
04:19J'adorais l'Indochine.
04:20C'est vrai, j'avais des passions étranges pour des pays d'antan.
04:23C'est ce que vous racontez entre autres dans ce spectacle, le Théâtre Fontaine.
04:27Vous serez à Bobineau en septembre-octobre, puis vous enchaînerez à l'Olympia.
04:31Cinq Olympias d'affilée.
04:33Pas mal.
04:34J'ai vu le spectacle il y a deux jours et c'était plein, avec un public de tous les âges.
04:38Rarement vu un public aussi mélangé que dans votre salle à vous, Panaio Tispasco.
04:42Il y avait des jeunes, des vieux, des couples hétéros, des gays.
04:45Vous rassemblez beaucoup beaucoup de monde.
04:47Et je pense que c'est ça votre force.
04:48Et aussi sur le livre.
04:49C'est-à-dire vendre 350 000 exemplaires quand on sort son autobiographie à 23 ans.
04:52C'est très très rare.
04:54Et je dois dire que j'ai été bluffée par votre spectacle, vraiment.
04:57Et notamment par son écriture au cordeau.
04:59Cette écriture ultra resserrée, maîtrisée et mature de manière incroyable pour votre âge.
05:0526 ans.
05:06Le mélange de vannes très drôles et de sujets très lourds.
05:08Votre manière de dire vos angoisses avec légèreté.
05:10Et je ne le dis pas souvent.
05:12Et je ne le dis presque jamais.
05:14Mais un tel niveau de maturité métaphysique dans l'écriture d'un spectacle à 26 ans.
05:19Il y a du génie en vous.
05:21Regardez ça.
05:23Je me suis dit parce que je déteste les gens qui disent c'est brillant ou c'est un génie.
05:27Alors je ne vais pas dire ça.
05:29Mais c'est vrai que je suis sortie et pour la première fois j'ai dit mais ce n'est pas possible.
05:32Il y a du génie dans ce mec.
05:34Et vraiment ça me fait très très plaisir.
05:36Déjà j'étais très heureux que vous veniez parce que moi comme vous je me lèverais à 5h tous les matins pour aller faire une émission.
05:40Mais j'aurais plus de vie sociale.
05:42C'est terminé.
05:44Ce spectacle pour le coup c'était vraiment vraiment...
05:50J'avais envie de traiter de manière très solaire des sujets qui nous alourdissent un peu tous.
05:55Et je crois que c'est ça aussi.
05:57D'année en année quand on souffle les bougies il y a un peu de poids qui se rajoute au fond de l'âme.
06:00On arrive à 21 grammes selon certains quand on meurt.
06:04Mais j'ai quand même envie de pouvoir dire que ça va aller.
06:10Moi c'est ça ce spectacle.
06:12En fait c'est moi qui essaie de me reconnecter avec cette idée.
06:14Vraiment.
06:16D'ailleurs on s'est connus j'avais 17 ans.
06:18Je travaillais à la télévision, j'avais été pris sur casting.
06:20Moi j'habitais à Bondoufle à la télévision.
06:22On était collègues, j'étais mineur, j'avais de l'acné.
06:24Vous étiez au Petit Journal et vous étiez le plus jeune chroniqueur de l'histoire à la télé.
06:28J'étais un peu con, un peu content à dire à tout le temps que ça allait aller.
06:30Quand il y avait des problèmes pour la chronique du soir j'étais là mais ça va aller, ça va le faire.
06:34Et je me suis pris cette putain de dépression dans la tête.
06:38Et ça arrive à tout le monde.
06:40Après il y a des dépressions lourdes, des dépressions cools.
06:42C'est des moments où on perd du sens, on a envie de respirer, de partir en Thaïlande de moi.
06:44Ça arrive à tout le monde.
06:46Et je me suis déconnecté avec cette idée que ça allait aller.
06:48Vraiment.
06:50À un moment je me suis dit est-ce que ça va aller on sait pas.
06:52Et là je commence de manière très solaire à essayer de me reconnecter avec l'idée que c'est peut-être ça le concept de la vie.
06:56Ça va pas forcément aller mais on va y aller.
06:58Et j'aime cette idée là.
07:00Et on est tous ensemble dans cette salle.
07:02Et moi j'adore le fait de pouvoir voir des têtes grises et des jeunes gens.
07:04Et des groupes de potes et des collègues et de bureaux qui sont dans les salles partout en France en tournée.
07:10Et de me dire tous ensemble dans cette salle on va expier cette idée étrange qui nous alourdit.
07:16Qui est est-ce que ça va aller ?
07:18Cette espèce de question qui nous alourdit.
07:20Et oui ça va aller mais on sait pas en vrai.
07:22Ça va aller mais il faut accepter que c'est 12 sur 20 quoi.
07:24Ouais mais je pense que c'est ça aussi.
07:26Moi j'ai toujours voulu que ma vie soit 20 sur 20.
07:28J'attendais le moment où ça allait s'aligner pour que ça devienne 20 sur 20.
07:30Mais je crois que c'est en acceptant que ce sera toujours 12
07:32qu'en fait on se retire cette espèce de pression de la note.
07:36La dépression dont vous avez beaucoup parlé dans votre livre il y a deux ans
07:40elle est revenue l'an dernier.
07:42C'est ça aussi que vous dites dans le spectacle.
07:44Ouais.
07:46Elle part, elle revient.
07:48C'est une mauvaise coloc.
07:50D'ailleurs vous dites attention de confondre
07:52un canapé moelleux et une dépression.
07:54Ah oui totalement.
07:56Moi il y a un moment j'étais dans mon canapé toute la journée
07:58je me disais mais il est vraiment bien ce canapé.
08:00J'ai envie d'annuler tous mes rendez-vous
08:02pour passer mes journées dedans.
08:04Et à un moment je me suis dit tiens antidépresseur il faut ?
08:06Ou c'est un bon poltron et sofa ce canapé ?
08:08Il faut vraiment quadriller parfois.
08:10Une dépression vous avez la définition
08:12c'est un rapport sexuel interminable
08:14quand tu as déjà joué à la première minute.
08:16Ah oui mais il est vraiment tôt là.
08:18Mais oui c'est ce que je dis dans le spectacle.
08:20Je compare la dépression à ça.
08:22Mais c'est vrai que c'est étrange
08:24un rapport sexuel c'est l'endroit un peu
08:26je pensais pas que j'allais...
08:28Je pense que ma mère m'écoute en plus je suis désolé maman.
08:30Je fais l'amour maman.
08:32C'est le moment où tu l'apprends.
08:34J'ai 26 ans.
08:36Un rapport sexuel c'est cet endroit magique
08:38où tout est fou mais parfois
08:40quand on jouit on perd cette espèce de filtre.
08:42Evidemment l'amour sublime ça
08:44mais parfois on perd ça.
08:46Et en fait la vie je trouve que c'est la même chose.
08:48Parfois il y a des moments où la dépression
08:50ça peut être un peu le moment où on est encore dans le rapport sexuel
08:52alors qu'on a jouit. Vous me forcez à faire cette métaphore
08:54très très tôt.
08:56Mais oui c'est ça.
08:58Votre pote qui est encore aujourd'hui a aussi connu une dépression sévère
09:00quand il était jeune. Il en parlait.
09:02J'ai commencé à être dépressif à partir de 15 ans
09:04ça allait pas du tout. Mais vraiment dépressif.
09:06Pas vague à l'âme de l'adolescence. Dépression.
09:08C'est un mec qui dort
09:10de 16h30 et qui rentre du lycée
09:12jusqu'à 7h du matin. Il y a un truc qui allait pas.
09:14Physiologiquement.
09:16J'ai grandi dans le non-dit. J'ai grandi dans le
09:18il ne faut pas dire. J'ai grandi dans le on cache.
09:20Parce que mes parents ont été élevés comme ça. On cache. On dit rien.
09:22On ne célèbre jamais.
09:24Il avait honte.
09:26Et puis il n'a plus eu honte.
09:28Vous aussi vous avez eu honte ?
09:30J'ai eu...
09:32En fait j'ai eu honte mais surtout j'ai essayé de fabriquer
09:34cette connexion.
09:36En fait c'est une perte de réseau
09:38un peu.
09:40Ces pensées qui vous alourdissent c'est une perte de réseau.
09:42On est moins connecté aux autres.
09:44Et j'ai essayé de fabriquer cette connexion.
09:46Pendant longtemps.
09:48Autant avec des amis qu'avec le
09:50boulot qu'avec les femmes.
09:52Et puis à un moment j'ai
09:54endossé quasiment
09:56cette perte de sens. Je l'ai vraiment accepté.
09:58Je l'ai enfilé comme un manteau dont j'étais fier.
10:00Et c'est revenu.
10:02Moi j'ai 12 ans.
10:04Vraiment je débute dans la vie.
10:06Dans le métier de vivre.
10:08Mais très honnêtement j'ai l'impression
10:10que parfois la vie elle est un peu chienne
10:12là-dessus.
10:14Quand on veut quelque chose on ne l'a pas. Quand on ne le veut pas
10:16on l'a. Il y a cette espèce de jeu avec le
10:18destin assez étrange. La vie c'est un peu un chat.
10:20Vous voyez ce que je veux dire ?
10:22Quand on veut qu'un chat vienne sur vos genoux c'est là où il vous griffe.
10:24Quand on ne veut pas qu'il soit là il est là.
10:26Et c'est un peu peut-être ça la vie.
10:28C'est un mauvais chat. C'est un chat chiant la vie peut-être.
10:30Il dit Ken que j'en dis. Un jour je suis née
10:32et depuis j'improvise.
10:34Je me souviens j'adorais cette phrase
10:36de Ken. Vous aussi vous improvisez au fond.
10:38On improvise tous. Pas tant que ça je pense que je suis
10:40beaucoup plus contrôle fric que Ken.
10:42C'est vrai que vous êtes très contrôle fric.
10:44Et que je me dis le seul endroit où il se lâche
10:46et il dit vraiment les choses c'est sur scène.
10:48Et d'ailleurs là je vous interroge
10:50mais en réalité il y a des choses que vous dites
10:52sur scène dont je ne vais pas parler là.
10:54Ah oui je pense que ce serait...
10:56En fait c'est le lieu de votre liberté
10:58c'est sur scène. Exactement.
11:00En fait c'est l'endroit où je me rencontre surtout.
11:02Parce que ce que
11:04j'aime dans la scène c'est qu'on a le pistolet sur la tempe.
11:06En fait on monte sur scène.
11:08J'ai 1h20 devant je sais pas à Bobineau, 1000 personnes.
11:10Et d'un seul coup
11:12j'ai 1h20 où je dois leur faire passer une bonne soirée
11:14on doit passer une bonne soirée.
11:16Il n'y a pas d'artifice, il n'y a pas de changement de lumière, de musique.
11:18Et en fait cette idée du pistolet sur la tempe
11:20c'est quelque chose qui me réconforte.
11:22Au début ça m'effrayait et maintenant ça me
11:24supprime cette espèce de troisième oeil qui m'observe
11:26tout le temps et du coup j'ai le rire
11:28facile, j'ai l'envie
11:30d'une légèreté.
11:32Et je trouve que la scène du coup c'est un très bon endroit
11:34pour me rencontrer puisque je me juge beaucoup moins sur scène
11:36que dans la vie.
11:38Avec votre père qui était au coeur de votre précédent spectacle et de votre
11:40livre, ça va mieux ?
11:42Oui bien sûr. Mais ça n'a jamais
11:44pas vraiment été en fait. C'est juste
11:46une distance qu'il fallait trouver.
11:48C'était trouver la bonne distance avec lui.
11:50Avec lui, avec ce qu'il charriait
11:52de la masculinité
11:54ou de ce que c'est d'être un homme.
11:56Et puis aussi sa présence bien sûr.
11:58La trop grande présence
12:00d'une figure paternelle parfois
12:02qui peut devenir écrasante malgré telle.
12:04Malgré telle, il y a une liaison.
12:06Edith Préteau.
12:08Tu seras virile mon kid, je ne veux voir aucune
12:10larme glisser sur cette gueule
12:12héroïque et ce corps tout sculpté
12:14pour atteindre des sommets
12:16fantastiques que seule une rêverie
12:18pourrait surpasser.
12:20Tu seras virile mon kid,
12:22je ne veux voir aucune once féminine
12:24ni les airs ni des gestes
12:26qui veulent dire et je sais
12:28si ce sont tout de même...
12:30Tu seras virile ?
12:32Non, je ne pense pas l'être.
12:34Là les jambes voient pas mais j'ai un cardigan
12:36les jambes croisées c'est peut-être pas
12:38non plus
12:40la représentation ultime de la virilité.
12:42Non mais je crois qu'au final peut-être la virilité
12:44c'est d'accepter qu'on s'en fout.
12:46C'est pour ça tout à l'heure je vous disais
12:48qui ne veut pas être Étienne Dao ?
12:50Je trouve que c'est la virilité douce
12:52c'est la tendre force
12:54qui s'en fout.
12:56Étienne Dao qui était dans la salle le soir où je suis venu
12:58il était là, il est venu vous voir
13:00je me suis dit que vous deviez être très heureux
13:02d'avoir Étienne Dao.
13:04C'est quelqu'un qui a laissé
13:06sa carrière se guider
13:08par l'amour
13:10je crois, je le sais
13:12et je trouve ça fantastique.
13:14C'est l'inverse pour moi d'un contrôle
13:16fric, c'est un amour fric je dirais.
13:18Là où vous êtes très fort dans le spectacle c'est que vous arrivez
13:20à parler de sujets graves de manière légère
13:22et c'est là votre force
13:24et notamment
13:26le patrimoine génétique
13:28de votre famille
13:30parler de ce rapport au suicide
13:32de manière
13:34parce qu'en fait dans votre famille
13:36il faut dire aux auditeurs il y a deux catégories en fait.
13:38Ah bah bien sûr, il y a ceux qui ont réussi leur tentative
13:40de suicide, ceux qui les ont loupés
13:42et qui aujourd'hui ont une calvitie.
13:44Il y a deux groupes dans ma famille, il y a des morts et des chauves tristes
13:46on fait avec, mais effectivement
13:48dans ma famille il y a beaucoup beaucoup
13:50de liens avec les dépressions sévères
13:52et ça fait quand même des gens très marrants, ça faut le dire
13:54ça fait des gens très marrants parce que l'humour est quand même un recul
13:56étrange sur la vie et tout le monde
13:58est très marrant, moi ma mère est extrêmement marrante
14:00j'ai des frères hilarants, ma soeur est très très marrante
14:02et c'est
14:04effectivement quand d'un seul coup je me questionne
14:06sur l'envie de devenir père et potentiellement
14:08je sais pas, l'adoption, la GPA ou autre
14:10je me mets à enquêter sur ma famille
14:12et donc sur vraiment le bagage génétique
14:14le fardeau parfois génétique
14:16qu'on porte tous
14:18en essayant de s'émanciper de notre famille
14:20et c'est quelque chose d'hyper intéressant.
14:22Vous avez trouvé le grand-oncle Joseph
14:24on peut en parler quand même ? Joseph, allez-y, bien sûr
14:26Bah vous surtout, en parlez-en
14:28Oui bah écoutez, un moment je creuse
14:30je creuse et je tombe sur une photo de mon oncle
14:32assez jeune, assez beau gosse et d'ailleurs je me dis
14:34putain mais je lui ressemble vachement et je continue dans les photos
14:36Google et je vois qu'il était un peu ministre des sports
14:38je me dis wow c'est fou
14:40un grand-oncle ministre, un grand-oncle ministre
14:42pis là je me dis
14:44tiens mais à côté de lui c'est quand même pétain non ? Avec une petite moustache
14:46et il était ministre des sports sous Vichy
14:48C'est vrai
14:50Bah oui, je sais que vous avez googlé, faites pas semblant
14:52Bah bien sûr que vous avez googlé
14:54Est-ce que c'est vrai ou pas ? Eh bien oui, Joseph Pascot
14:56était ministre des sports sous Vichy
14:58C'est pas affolant ?
15:00Je laisse les auditeurs regarder
15:02Joseph Pascot
15:04C'est fou, en plus
15:06c'était dur, il a pris
15:08quelques décisions
15:10On va peut-être pas en parler aussitôt
15:12Il faut aller vous voir
15:14Il y a un dicton que j'aime bien, je sais pas de qui il est mais c'est dans chaque famille
15:16il y a un curé, un tueur et un héros
15:18et c'est marrant
15:20on est tous une moyenne de tout ça
15:22et du coup il faut composer avec
15:24Ce spectacle, j'ai essayé de faire une enquête
15:26sur la génétique
15:28et surtout la vraie question du spectacle pour moi c'est
15:30est-ce que devenir parent
15:32c'est dans les gènes, dans la présence
15:34qu'est-ce que ça raconte, qu'est-ce qu'on garde, qu'est-ce qu'on jette
15:36et du coup c'était hyper marrant
15:38de découvrir tout ça parce qu'effectivement comme Kyan le disait
15:40moi je suis dans une famille de taiseux
15:42autant par timidité que par prudence
15:44et donc j'ai découvert plein de choses
15:46c'était assez marrant
15:48Et qu'on apprend donc en allant vous voir les impromptus
15:50on termine très rapidement, c'est vrai que vous enlevez
15:52exprès vos lunettes pendant le spectacle pour voir flou
15:54en fait votre mari à calas
15:56Ah non mais j'aime bien
15:58voir
16:00mais c'est marrant, pour moi c'est la force du stand-up
16:02c'est quand tout le monde s'aligne dans un souffle
16:04et du coup je me suis rendu compte il n'y a pas longtemps
16:06que j'aime bien voir ça flou parce que le public
16:08devient un ensemble
16:10en fait j'arrive à voir quand même les têtes etc
16:12mais j'arrive pas à voir d'émotions et surtout vu que je suis parano
16:14il suffit que je vois un mauvais
16:16sourcil qui se lève au mauvais moment et je me dis
16:18oh putain je suis gênant, qu'est-ce que j'ai dit
16:20qu'est-ce que j'ai fait, merde, cette dame ne m'aime pas
16:22et donc à la fin je les remets
16:24je revois tout le monde et c'est assez marrant
16:26La saison 2 des loups-garous, votre jeu télé avec Farid
16:28sur Canal qui est cartonné, c'est pour quand ?
16:30Et bah on la tourne dans pas si longtemps
16:32et ça c'était une grande aventure
16:34à produire avec Farid, c'était exceptionnel
16:36Paris ou Montréal ?
16:38Oh bah Paris, ce matin je suis venu
16:40vous rejoindre pour cet entretien
16:42traversant les quais au soleil, Paris
16:44Votre quartier préféré à Paris ?
16:46Oh de coeur
16:48le 11ème quand même
16:50c'est un mélange de tout, il y a autant des bobos
16:52que des gens marrants
16:54oh je viens d'opposer les deux
16:56zut zut
16:58C'est quand le prochain livre ?
17:00C'est quand j'aurai eu le
17:02temps de laisser
17:04la prochaine dépression revenir ?
17:06Non, je pense pas du tout d'ailleurs
17:08qu'il faut être triste ou dépressif, c'est pas la même chose
17:10pour écrire, pas du tout
17:12je pense qu'il faut laisser le temps de cuire aux émotions
17:14là elles sont dans le ventre
17:16c'est un four, c'est à 180, un de ces quatre
17:18ça sortira. La dernière fois que vous avez eu un fou rire ?
17:20Oh
17:22en tournée il y a pas si longtemps
17:24avec Mélanie et Amélie
17:26avec qui j'ai la chance de travailler parce que je m'auto-produis maintenant
17:28et on était en tournée et on était morts de rire
17:30vous verrez si vous venez
17:32mais dans le spectacle il y a un élément de scénographie
17:34qu'on essaie de faire depuis un temps et on n'y arrive pas
17:36et à chaque fois on pleure de rire quand ça foire
17:38et on a eu un énorme fou rire là-dessus
17:40Instagram ou TikTok ?
17:42j'aimerais franchement
17:44aucun des deux mais Instagram j'ai pas TikTok
17:46je comprends rien, je vous l'ai dit je suis vioque
17:48liberté, égalité, fraternité, vous choisissez quoi ?
17:52j'aurais eu tendance à dire liberté
17:54maintenant je dis fraternité, c'est peut-être la même chose au final
17:56et Dieu dans tout ça ?
17:58et Dieu dans tout ça, j'aimerais
18:00y croire de temps en temps
18:02mais j'y arrive pas, j'ai le même rapport
18:04avec Dieu qu'avec les femmes, j'adore
18:06derrière une petite clôture pour ma part
18:08voilà
18:10Panayotis Pascot, entre les deux
18:12nouveau spectacle, vraiment
18:14très réussi, à la fois très drôle
18:16et très émouvant, vous serez à Bobineau
18:18en septembre-octobre, vous enchaînez
18:20à l'Olympia, 5 Olympias, bravo
18:22merci beaucoup, merci de m'avoir accueilli
18:24et continuez comme ça quoi
18:26y'a pas trop de déchets chez vous
18:28c'est parce que vous voyez pas tout
18:30sans doute, je préfère comme ça
18:32je préfère voir ce qu'il est à voir
18:34merci beaucoup, passez une bonne journée