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00:00Le Carrefour de l'info, sur Arabelle.
00:07Voilà, je vous le disais dans les titres, la mission de Café Joyeux,
00:11première famille de café-restaurant qui emploie des personnes en situation de handicap.
00:15Et pour nous en parler, nous avons le plaisir de recevoir Nicolas Bébin,
00:18qui est capitaine de Café Joyeux. Bonjour.
00:20Bonjour Tariq.
00:21Merci d'être avec nous sur Arabelle.
00:22Une première question avant de développer un petit peu tout ça,
00:25nous parler un petit peu de Nicolas Bébin,
00:27qui est-il, son histoire et son parcours ?
00:30Je suis Nicolas Bébin, je suis capitaine de Café Joyeux.
00:33J'ai 35 ans et je suis arrivé en Belgique, je suis français,
00:37je suis arrivé en Belgique il y a une dizaine d'années.
00:39Et j'ai pris la responsabilité de Café Joyeux il y a un an tout pile.
00:43Capitaine, pourquoi ce titre ?
00:46C'est l'univers marine qui est propre à Café Joyeux.
00:50Quand on parle d'un équipier joyeux, c'est d'un travailleur en situation de handicap
00:56au sein de Café Joyeux, un équipier, skipper pour les encadrants.
01:00Tout ça est lié à l'univers marine souhaité par le fondateur de Café Joyeux.
01:05D'accord. Alors, pour ceux qui ne connaissent pas justement Café Joyeux,
01:09est-ce que vous pouvez nous en parler un peu plus ?
01:11Un petit peu son histoire et ses missions.
01:13Café Joyeux a été créé par Yann Bucaille en 2017.
01:17L'initiative vient du fait, du constat que beaucoup de travailleurs
01:23en situation de handicap n'avaient pas de travail.
01:27Beaucoup de personnes en situation de handicap n'avaient pas de travail.
01:29Et l'idée, c'est de les mettre en situation ordinaire,
01:33en milieu de travail visible et pas seulement en établissement spécialisé.
01:41La mission est avant tout dans l'inclusion et d'avoir un travail ordinaire.
01:47Comment ça s'est passé un peu, Nicolas, ta première rencontre avec ce monde
01:51de personnes en situation de handicap et qu'est-ce qui t'a motivé,
01:54qu'est-ce qui t'a poussé à en faire un engagement professionnel ?
01:58J'ai eu la chance d'avoir dans ma famille une personne porteuse de 13 ans et 21.
02:03Ça a eu un impact fort puisque l'organisation de ma famille s'est faite
02:12aussi en fonction de l'arrivée de Clément, mon petit frère.
02:18Après, tout devient une évidence, tout nous saute aux yeux.
02:23Le travail de personnes en situation de handicap devient une affaire presque personnelle
02:29puisque mon petit frère lui cherchait un travail.
02:33Il s'avère que si je pouvais avoir un impact sur le travail des personnes
02:38en situation de handicap, je saisis l'occasion.
02:41Et me voilà maintenant capitaine de l'ASBL qui a fait joyeux à Bruxelles.
02:44Justement, comment tu sélectionnes et vous formez ces employés en situation de handicap ?
02:50C'est nouveau pour eux aussi.
02:52Oui, tout à fait. Il y a quelque chose d'extrêmement important,
02:56c'est qu'avant tout, le travailleur doit être motivé.
03:00C'est le premier élément puisqu'en fait, il va falloir qu'il change ses habitudes,
03:05qu'il s'expose à des personnes.
03:08Il faut savoir que le milieu de personnes porteurs de handicap
03:15sont souvent assez peu exposés au public.
03:18Et là, l'objectif, c'est justement de leur faire prendre une place entière dans la société civile.
03:24Et donc, il faut qu'ils dépassent par moments leurs freins qui sont parfois des freins sociaux.
03:31Leurs craintes aussi, de briser la barrière aussi, ce n'est pas évident.
03:36Et donc, la motivation est le facteur prépondérant pour intégrer l'équipe de Café Joyeux.
03:43Alors justement, quel type de poste vous proposez aux équipiers Joyeux
03:47et comment vous les accompagnez finalement au quotidien pour leur donner aussi un coup de main
03:51si jamais ils sont en difficulté, j'imagine ?
03:53Dans la philosophie de Café Joyeux, le convive, le client du restaurant,
04:00doit avoir une rencontre perpétuelle, continue avec le travailleur équipier.
04:07Et donc, pour ça, on a fait en sorte que toute tâche puisse être accomplie par un travailleur handicapé.
04:16Et donc, de la caisse jusqu'à la saisie de la commande,
04:20jusqu'à la prise de la commande, la préparation de la commande,
04:24ainsi que même l'encaissement, ainsi qu'on apporte les plats aux tables.
04:34Donc c'est du début jusqu'à la fin de la chaîne, c'est ça ?
04:36Exactement. Et en fait, l'idée c'est que le convive vienne et vive une expérience entière
04:42en contact avec des personnes en situation de handicap.
04:44Ça, c'est essentiel.
04:46Alors, il est aussi noté qu'on souhaite justement qu'il y ait une polyvalence pour les équipiers.
04:52C'est-à-dire qu'un équipier peut à la fois être à la plonge, donc plutôt en back-office,
04:58et peut aussi être à la caisse et encaisser des convives tout comme dans n'importe quel commerce.
05:08Alors, est-ce que vous avez justement des retours, vous parlez de convives,
05:12lorsqu'ils sont abordés et servis par des personnes en situation de handicap ?
05:16Globalement, on a une super croissance dans la fréquentation
05:21puisqu'on a une fréquentation qui a augmenté de 150% depuis un an.
05:29Donc je pense que les chiffres parlent d'eux-mêmes.
05:32Quand on a des convives qui reviennent, ça veut dire qu'ils sont satisfaits du service
05:37et aussi de ce qu'il y a dans l'assiette.
05:39Autre question, si tu veux bien.
05:41Quel impact tu observes sur tes employés en matière d'insertion professionnelle
05:45et de développement personnel ?
05:48Comment ils évoluent dans ce milieu ? Est-ce que beaucoup continuent ?
05:52Est-ce que certains d'entre eux arrêtent ? Ça dépend des cas.
05:55On a assez peu d'équipiers qui quittent l'aventure.
06:00Après, on est conscients que c'est un modèle assez atypique qu'on expérimente en Belgique
06:07puisqu'on est en sous-format SBL, mais on est très peu subsidiés par l'État.
06:11Les seuls subsides que nous percevons, ce sont les aides liées au salaire.
06:16Mais comme dans n'importe quelle organisation,
06:19n'importe quelle entreprise qui emploie des personnes en situation de handicap
06:22se voit aidée par la COCOF.
06:26Donc ça, c'est le premier point.
06:30Après, il y a une étude d'impact qui a été faite en France
06:34pour quantifier l'impact de Café Joyeux sur le monde civil.
06:40Il s'avère qu'une stat qui est énorme, c'est que 94% des familles
06:46découvrent des compétences de leurs proches porteurs du handicap.
06:54C'est énorme parce que ça permet de faire prendre conscience aux familles
06:59des capacités d'intégration, de sociabilisation et de sentiment d'être utile
07:07qui va avec la fierté.
07:09Ce qui est essentiel parce qu'ils ont les mêmes attentes que nous
07:14de reconnaissance par rapport à la société civile.
07:17Tout cela doit être rentable.
07:20Comment assurer la rentabilité d'un tel projet
07:24et la pérennité d'un café inclusif comme le vôtre ?
07:27C'est un véritable défi. Je ne vous cache pas qu'on est sous format SBL.
07:31Déjà, on n'est pas soumis à l'impôt.
07:36La deuxième chose, c'est qu'on n'est pas à l'équilibre actuellement.
07:41Mais dans le modèle initial, on sait qu'on va dépenser un peu plus
07:46du fait de la masse salariale.
07:48Les pourcentages de dépenses supplémentaires,
07:52on a une activité annexe qui est en cours de développement
07:58qui est la torréfaction de café et la vente de café aux entreprises.
08:04Cette activité annexe est purement...
08:08L'objectif, c'est une entreprise telle qu'Arabelle
08:12à une machine à café.
08:14Ce café peut provenir de Café Joyeux.
08:17Un système d'abonnement va être mis en place.
08:20Cela permet d'accompagner l'ASBL Café Joyeux
08:27de se développer et de se maintenir à flot.
08:30Aujourd'hui, on a 2 ans et demi d'existence.
08:35On n'a pas fini.
08:37On a plein d'emplois à créer.
08:39Notre mission, c'est de mettre les personnes
08:42en situation de handicap en milieu ordinaire.
08:45On va y arriver.
08:47Vous avez parlé de café.
08:49Est-ce qu'il y a d'autres projets pour l'avenir ?
08:52Possibilité d'élargir le concept à d'autres secteurs d'activité ?
08:56A ce jour, on n'est pas ouvert sur d'autres secteurs d'activité.
09:01On se lance dans l'activité Eureka en Belgique.
09:07L'idée, c'est d'embaucher d'autres personnes
09:11en situation de handicap dans ce modèle-là.
09:14On travaille à former une équipe pour ouvrir un deuxième.
09:20L'idée, c'est de dupliquer notre concept
09:23qui est en train de faire ses preuves.
09:26On va parler d'une manière plus générale.
09:29Comment imaginez-vous l'évolution
09:31de l'inclusion des personnes en situation de handicap
09:34dans le monde du travail, chez nous, en Belgique,
09:37sachant que la Belgique est régulièrement épinglée
09:40comme mauvaise élève en Europe ?
09:42Je crois qu'on a du chemin à faire.
09:45Notre mission, c'est de dire que c'est possible.
09:4960% des effectifs de Café Joyeuse sont porteurs de handicap.
09:54En arrivant avec des statistiques comme ça,
09:57on peut, d'office, faire peut-être convaincre des personnes
10:01qui se disent qu'un modèle classique
10:04n'est pas en mesure de mettre au travail
10:07des personnes en situation de handicap.
10:09Il y a physique, mental et cognitif.
10:12Le handicap physique, c'est une question
10:15d'adaptation du lieu de travail.
10:17Le handicap mental et cognitif, c'est une adaptation
10:20des personnes, une formation des personnes autour.
10:23C'est ce que propose Café Joyeux.
10:25C'est aussi, en milieu ordinaire,
10:28mettre des personnes extraordinaires.
10:30C'est une belle formule.
10:32Le temps passe très vite.
10:33Encore une ou deux questions avant de nous quitter.
10:35Quel message tu souhaites transmettre aux entrepreneurs
10:39qui hésitent encore aujourd'hui à embaucher des personnes
10:42en situation de handicap ?
10:44Je crois que c'est la confiance.
10:47C'est ne pas avoir peur.
10:50Je pense que c'est le message le plus important.
10:54Je reprends les mots de Pozzo Di Borghio
10:58qui a inspiré Intouchables.
11:00Il disait dans une de ses conférences
11:02que si il devait refaire sa vie d'entrepreneur,
11:05il mettrait une personne en situation de handicap
11:08dans chacune des équipes.
11:10Pourquoi ? Parce que ça permet de se décentrer
11:13quand on est en compétition.
11:16Quand on se décentre, on arrive à se dire
11:19qu'on emmène le groupe tous ensemble
11:21et pas une seule personne, chacun pour soi,
11:24comme ce que veut la société actuelle.
11:26C'est peut-être ça le message que je voudrais faire passer.
11:30N'ayez pas peur.
11:32On soude avec une personne vulnérable.
11:37On se rallie à une même cause.
11:40Je pense que c'est toute la portée du handicap
11:43dans notre société.
11:45C'est justement de ne pas les oublier
11:47et de travailler ensemble.
11:48Ne pas les oublier et de travailler ensemble.
11:50C'est la conclusion de Nicolas Bébin.
11:52Je rappelle que vous êtes capitaine de Café Joyeux.
11:55Merci d'avoir été avec nous sur Arabelle.
11:57On se retrouve dans quelques instants
11:59pour la suite de votre Carrefour de l'Info.