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00:00Le Carrefour de l'info sur Arabel.
00:06Bonjour, bonjour à tous. Tout de suite, les titres de votre Carrefour de l'information.
00:10Les mesures fédérales devraient coûter 6,1,6 milliards aux pouvoirs locaux bruxellois.
00:17Les pouvoirs locaux qui alertent sur les conséquences potentielles des mesures du gouvernement de Weaver sur leurs finances.
00:23CPS, communes, police, pensions. L'addition risque d'être bien douloureuse.
00:28Dans ce Carrefour de l'info, nous allons parler aujourd'hui de la collecte de vivres annuelle des Restos du Cœur Belgique.
00:33Et pour cela, nous recevrons dans quelques instants un Patrick Dejaz, qui est directeur de la Fédération des Restos du Cœur.
00:40À l'international, une très mauvaise nouvelle qui va faire mal.
00:43L'exécutif américain décide de suspendre aussi l'aide à l'Ukraine sur le front militaire et sur le front du renseignement.
00:50Et puis, comme tous les jours, un détour par le Maghreb.
00:52Nous irons notamment en Tunisie, où de plus en plus de cash en circulation à cause notamment de l'entrée en vigueur de la nouvelle loi sur l'échec.
01:00Voilà pour les principaux titres que nous allons développer ensemble dans quelques instants.
01:12Et dans ce Carrefour de l'information, aujourd'hui, on va s'intéresser à la collecte de vivres annuelle des Restos du Cœur Belgique.
01:18Et pour cela, nous avons le plaisir de recevoir aujourd'hui Patrick Dejaz, qui est directeur de la Fédération des Restos du Cœur.
01:24Bonjour.
01:25Bonjour.
01:26Merci d'être avec nous sur Rabel.
01:27Peut-être avant d'aller plus loin dans le détail, nous rappelez un petit peu c'est quoi les Restos du Cœur
01:32et quelle est la principale mission des Restos du Cœur chez nous en Belgique ?
01:36En fait, la principale mission des Restos du Cœur en Belgique, c'est de donner à manger aux personnes qui en ont besoin,
01:42qui n'ont pas les moyens de se payer un repas ou à manger tout simplement.
01:47C'est la mission toute première qui avait été lancée par Coluche à l'époque en 85.
01:54Et en fait, ça avait fait suite à une année 84 où on parlait de famine en Éthiopie.
02:01Puis on s'est dit, tiens, en 85, on regarde chez nous et il y a aussi des gens chez nous qui n'ont pas ou qui ne mangent pas à leur faim.
02:09Et donc Coluche a eu cette idée de lancer les Restos du Cœur sur la base alimentaire.
02:15Mais depuis, il y a eu beaucoup d'années qui se sont écoulées.
02:18On a un peu aussi élargi notre aide au-delà de l'alimentaire.
02:23L'alimentaire reste toujours le plus important chez nous, mais on a assorti cette aide alimentaire d'autres services
02:30pour faire finalement sortir la personne de la pauvreté parce que c'est notre objectif final.
02:35Alors comment justement fonctionnent rapidement les Restos du Cœur chaque jour, le quotidien ?
02:41Le quotidien, souvent ils ouvrent tôt.
02:43On est en hiver et donc il y a déjà des restos qui sont là à 7h du matin
02:48à recevoir des personnes pour un café, pour un petit déjeuner
02:52et pour offrir un peu de chaleur aussi à des personnes qui ont un peu difficile à se chauffer également chez elles.
02:59Et donc ça permet de diminuer la facture d'électricité ou de gaz pour les personnes en question
03:04et se retrouver à un moment convivial au matin.
03:07Et puis après, on passe au service de l'après-midi pour le repas principal,
03:13souvent le seul repas pour certains de la journée.
03:18Et là c'est la partie repas et donc il y a toute une équipe de bénévoles, de salariés
03:23qui se mettent en place pour offrir ces repas, pour recevoir les personnes,
03:28pour essayer de régler des situations parfois compliquées et fortement différentes les unes des autres.
03:33C'est ça qui fait parfois la difficulté de notre mission.
03:37Alors est-ce que vous recevez des aides, des aides publiques
03:40ou bien est-ce que vous dépendez uniquement, exclusivement des dons privés ?
03:44Comment ça fonctionne un petit peu ?
03:45C'est depuis longtemps aussi. Je rappelle aussi qu'on est apolitique, arreligieux.
03:51Ça veut dire qu'on n'a pas quelqu'un, un parti, une organisation ou autre
03:56qui viendrait nous subsidier en privilégiant les restos du cœur.
04:00De ce fait, on est subsidié à 80 à 90 %.
04:05C'est vraiment l'inverse.
04:07C'est l'inverse.
04:09Donc en fait on reçoit des dons à hauteur de 80 % de nos ressources financières au minimum.
04:16On compte un peu plus de 10 % de la part des entreprises et le reste des particuliers.
04:22Alors l'année dernière vous avez fait face à des difficultés financières.
04:25Vous êtes toujours confronté à une demande qui ne cesse de croître, on en parlera tout à l'heure.
04:30Est-ce que face à cette augmentation, vous avez demandé des subventions supplémentaires ?
04:34Ou si oui, quelles ont été les réponses des autorités ?
04:37Pendant toute une période, après la fameuse période Covid,
04:41on a reçu beaucoup de subsides exceptionnels.
04:44Et je crois qu'on termine le train de subsides exceptionnels
04:48qu'on a reçus encore un petit peu cette année.
04:51Et pour l'avenir, il n'y a rien de prévu.
04:55On a entendu un peu les politiques actuelles se prononcer sur ces subsides exceptionnels,
05:00en appelant parfois ça les subsides du fait du prince.
05:04Mais je ne vois pas dans notre métier dans quelle mesure on peut appeler un subside,
05:08pour les restes du cœur, un subside pour le fait du prince.
05:12Mais toujours est-il qu'on a une inconnue aujourd'hui.
05:16Est-ce qu'on aura encore des subsides ? Ou est-ce qu'on recevra encore des subsides ?
05:20On est demandeur bien entendu.
05:22Donc on a envie au niveau des politiques d'initier des projets
05:28pour qu'il y ait demain des appels à projets,
05:31pour qu'on puisse y répondre et recevoir des subsides en rapport avec ces appels à projets.
05:35C'est parmi les défis financiers les plus urgents pour les restos du cœur cette année ?
05:39Oui, vous disiez que l'année dernière c'était difficile.
05:42En effet, on a connu une perte de 400 000 euros.
05:46Et ça veut dire que ce genre de perte-là, on ne va pas pouvoir se le permettre éternellement.
05:51Et donc on va devoir diminuer à un moment donné nos achats de marchandises,
05:54on va devoir diminuer nos coûts.
05:57Et au final, les personnes qui vont en subir les conséquences,
06:01ce sont dans le premier chef les bénéficiaires bien entendu.
06:05Alors on sait qu'il faut le rappeler que l'inflation est toujours présente dans la vie de tous les jours,
06:10de plus en plus chère.
06:12Vous faites face à l'augmentation des coûts, vous l'avez dit.
06:14Est-ce que cela a un impact justement sur votre capacité à aider ?
06:18Donc c'est moins de moyens, moins de possibilités, moins d'aides ?
06:22Oui, on a une forte résilience et ça c'est beaucoup basé sur le fait que nous travaillons avec des bénévoles.
06:27Et donc on a une forte résilience, on sait tenir peut-être plus longtemps que beaucoup d'autres
06:31qui seraient éventuellement principalement, ou qui fonctionneraient principalement avec des salariés.
06:36On a une forte résilience, mais même la résilience a une limite à un moment donné.
06:41Et à un moment donné, je veux dire, on doit un peu prévoir aussi.
06:47C'est aussi dans mon rôle, dans le rôle de notre conseil d'administration, c'est de prévoir pour les prochaines années.
06:53Et quand on regarde un peu pour les prochaines années, ce n'est pas tout rose.
06:57Et donc c'est là où on est en train de tirer à gauche et à droite des petites sonnettes d'alarme
07:03pour dire attention à ce qu'on va décider aujourd'hui,
07:06parce que ça va avoir un impact assez négatif sur le moyen terme.
07:10Quand je dis moyen terme, c'est deux à trois ans.
07:12On vous avait évoqué brièvement tout à l'heure le Covid.
07:15Ensuite, il y a eu la crise énergétique.
07:17Est-ce que vous avez constaté, je dirais, une évolution des profils des bénéficiaires au cours de ces dernières années?
07:23Est-ce qu'il y a de nouveaux publics cibles touchés par la précarité?
07:27Oui, et c'est parfois un peu, c'est deux publics qui nous marquent plus que les autres.
07:34C'est une augmentation de personnes qui sont salariées.
07:37Donc ça, c'est assez étonnant.
07:39Mais voilà, parfois un job précaire, pas suffisant.
07:43Peut-être une personne dans le ménage qui travaille avec les dépenses d'aujourd'hui,
07:46mais ne sait pas faire face à toutes les dépenses d'aujourd'hui.
07:49Donc ça, c'est un des publics qu'on remarque de plus en plus et qui nous étonne.
07:53Et le deuxième, et c'est plus triste parce que c'est pour l'avenir, c'est le public jeune, en fait.
08:00Parce que ça, c'est inquiétant de se dire que, tiens, comment ils vont démarrer?
08:04Là, ils démarrent dans la vie et ils démarrent en ouvrant la porte des restes du cœur.
08:09Et de plus en plus. Et donc ça, c'est interpellant.
08:13Alors, vous avez des demandes en ressources humaines de plus en plus importantes.
08:18Par exemple, je veux être bénévole. Comment je fais?
08:22Il y a un petit formulaire sur notre site Internet en ligne.
08:27Il faut juste savoir que les bénévoles chez nous, ce qu'on demande et ce qu'on recherche comme bénévole,
08:33c'est du bénévolat de longue durée, en fait.
08:37Souvent chez nous, et c'est assez particulier, un bénévole des restes du cœur, c'est presque un contrat.
08:44Parce que la personne qui arrive, elle reste des années.
08:48Il y a des gens, on va célébrer bientôt des gens qui ont 20 à 25 années de bénévolat
08:53et qui viennent deux, trois, quatre fois par semaine.
08:56Et donc, c'est ce type de bénévolat qu'on recherche.
08:59Il y a parfois aussi des bénévolats un peu plus spécialisés dans certains domaines.
09:03Et ça peut paraître particulier, mais on est aussi une organisation avec des défis juridiques.
09:08Et donc, des personnes ayant une qualité juridique, ça peut nous aider.
09:12Des personnes ayant une qualité dans les finances, la comptabilité, ça peut être une ressource.
09:18Et donc, pas toujours à l'endroit où on pense, mais on recherche également des personnes spécialisées en cuisine.
09:24Est-ce que, de manière plus générale, vous avez des projets ou des initiatives en cours
09:28pour améliorer, élargir, je dirais, votre action dans cette année et au cours des prochaines années, bien évidemment ?
09:33Là, maintenant, aujourd'hui, on pense à comment faire au moins tout autant avec moins.
09:40Même si ce qu'on entend, c'est faire beaucoup plus avec beaucoup moins.
09:45Et voilà, il y a deux notions qui sont importantes pour nous dans ce qu'on entend dans le langage politique.
09:53C'est qu'on comprend et on peut comprendre qu'on doit faire plus avec moins.
09:57Je crois que c'est un message qu'on peut entendre.
09:59Mais à un moment donné, il y a une limite à ça.
10:01Donc, faire beaucoup plus avec beaucoup moins, ce n'est pas possible.
10:04On parlait de l'après-Covid.
10:05En fait, on a remarqué que les repas et les colis ont explosé en nombre de repas et colis distribués.
10:11Et ça n'a jamais pu baisser depuis.
10:13On a cru qu'à un moment donné, ces chiffres-là baisseraient.
10:17En fait, on ne voit pas de baisse.
10:19Et une petite hausse, c'est quand même 10 000 repas en plus par rapport à l'année 2023.
10:25Entre 2024 et 2023, 10 000 repas en plus.
10:28Mais ça veut dire que ça ne diminue pas.
10:30Bien au contraire.
10:31Vous remarquez une constante évolution.
10:33Une constante évolution.
10:35C'est juste inquiétant.
10:37Et à se dire comment on va arriver à un moment donné à tenir le coup avec des dépenses qui augmentent très fort.
10:44Et au moment où on nous demande de nous serrer la ceinture du gouvernement.
10:47C'est un peu une double contrainte, une double peine.
10:50Une dernière question.
10:52Si vous voulez bien nous quitter, le temps passe très vite.
10:54Quel message vous souhaitez adresser au grand public et aux autorités en particulier
10:59pour sensibiliser à votre cause et encourager le soutien au resto du cœur qui a vraiment besoin d'aide en ce moment ?
11:06Les autorités, ne bougez pas les politiques qui étaient importantes pour nous
11:10et qui nous ont permis de survivre et d'arriver à donner un minimum face à la vague de bénéficiaires
11:20qui a déferlé sur le resto du cœur depuis l'après-Covid.
11:24Ça c'est vraiment pour le message au niveau des politiques.
11:26Pour les particuliers, c'est parce qu'on est dans une campagne maintenant de récolte de vivres.
11:30On va refaire un peu notre stock pour l'année.
11:32Le stock de fonds, c'est des produits qu'on appelle non périssables.
11:36C'est-à-dire des produits qu'on peut garder longtemps dans l'armoire ou dans les stocks du resto du cœur.
11:41C'est ces produits-là qu'on recherche.
11:44La campagne pour ce week-end, c'est que les particuliers puissent apporter physiquement
11:51si ils ont la possibilité dans les différents endroits qu'on a mentionnés sur notre site internet.
11:55Il y a 26 endroits en Belgique.
11:57Le supermarché, les hypermarchés.
11:59Le Cora d'Anderlecht, j'ai en tête.
12:02S'ils ne savent pas se déplacer pour des raisons de distance,
12:05il y a une possibilité d'acheter des kits en ligne.
12:07Soit un kit alimentaire simple.
12:09Soit un kit, par exemple, pour les bébés aussi.
12:12Parce qu'on porte aussi une attention là-dessus.
12:15On sait que c'est important.
12:17Et puis sur l'hygiène, sur les produits d'hygiène.
12:20Parce que ça, on en manque tout le temps.
12:22Et ça coûte cher pour les bénéficiaires de se désapproprier, de les avoir.
12:29Et donc de pouvoir leur offrir ça, ça leur permet d'alléger leurs achats finalement.
12:34Alors une campagne pour un peu restaurer les stocks des Restos du Cœur.
12:39Alors bien sûr, si vous faites vos courses ce week-end,
12:41n'hésitez pas à vous diriger vers ces petits bacs des Restos du Cœur pour y mettre quelque chose.
12:46Votre soutien est toujours le bienvenu.
12:49Merci Patrick Dejas.
12:50Je vous rappelle que vous êtes directeur de la Fédération des Restos du Cœur.
12:53Merci d'avoir été avec nous.
12:54Merci pour l'invitation.
12:55On se retrouve dans quelques instants pour la suite de votre Carrefour de l'Info.
12:58À tout de suite.