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00:00Carrefour de l'info sur Arabel.
00:02Et dans votre carrefour de l'information, si on parle souvent des conflits dans le monde,
00:10celui qui touche l'est de la République démocratique du Congo reste malheureusement d'actualité.
00:1530 ans de guerre, instabilité politique, exploitation des ressources naturelles, violence
00:19contre les populations, alors comment expliquer cette situation et surtout quelles solutions
00:23existent pour avancer vers la paix ? C'est précisément le sujet du colloque organisé
00:28récemment par Défi, qui se penche sur l'histoire de ces conflits de 1994 à aujourd'hui.
00:33Et nous avons le plaisir de recevoir aujourd'hui une invitée engagée, Gisèle Mandayla, députée
00:38bruxelloise Défi, militante pour les droits humains.
00:41Bonjour.
00:42Bonjour.
00:43Merci d'être avec nous sur Arabel.
00:44Peut-être avant d'aller dans le détail du détail, nous expliquez en quelques mots,
00:48d'une manière générale, pourquoi cette région est en conflit depuis autant d'années.
00:51Il faut savoir que la région de l'Est, c'est une région qui régorge de pas mal de richesses
00:57de son sous-sol et il y a beaucoup de convoitises de la part de voisins, notamment et principalement
01:05le Rwanda et l'Ouganda, qui aujourd'hui utilisent en fait cette zone, ces conflits qu'ils ont
01:14entretenus pendant des années pour exploiter les minéraux congolais.
01:19Donc on part des coltans qui sont dans nos GSM et aujourd'hui il faut savoir que le Rwanda,
01:24qui n'a pas de coltans sur son sous-sol, est le premier pays exportateur du coltan.
01:29Donc ça explique un peu, en gros, le pourquoi de cette guerre, de ces conflits.
01:34C'est un conflit, ce que les Congolais appellent un génocoste, en fait un génocide économique
01:41pour exploiter les sous-sols congolais et au-delà de ça, il y a le Rwanda, une visée
01:47expansionniste dont très peu de gens, très peu d'experts abordent la question.
01:53En fait il a une visée expansionniste, il voudrait récupérer les terres, soit la récupérer
01:57ou plutôt annexer une partie des territoires congolais, l'annexer au Rwanda pour pouvoir
02:02exploiter les sous-sols de manière légale.
02:06Donc il faut savoir que ces conflits sont partis de 1994, du génocide de Tutsi que
02:12tout le monde reconnaît et que nous condamnons, en tout cas de toutes nos forces.
02:16C'est parti de là et depuis lors il a trouvé le prétexte de pouvoir envahir le Congo parce
02:22qu'en 1994, il faut savoir que des réfugiés Hutus ont été au Congo sur des mains des
02:29Nations Unies pour le protéger et depuis lors Kagame utilise ces prétextes-là pour
02:37pouvoir envahir le Congo, au motif que l'intégrité de son territoire est menacée par les FDLR,
02:44les anciens génocidaires Hutus, mais ça ce n'est pas vraiment vrai, pourquoi ? Parce
02:50que déjà il y a eu deux opérations avec le Congo qui a permis au gouvernement rwandais
02:58de venir sur les sols congolais puisque chaque fois il disait que c'était à cause des
03:02FDLR qu'il doit protéger ce territoire, donc on lui a ouvert l'espace terrestre du
03:07Congo et même l'espace aérien pour qu'il puisse venir lui-même récupérer ces FDLR
03:12et les ramener au Rwanda pour éventuellement des jugements ou pas, mais ça c'est un problème
03:17entre rwandais qu'il puisse les prendre, mais il est venu deux fois dans ce qu'on
03:21a appelé l'opération Kimia 1 et Kimia 2, qui veut dire P1 et P2, et il n'a jamais
03:27réussi à prendre soi-disant ces FDLR, donc on part du principe que s'il y a eu ces deux
03:34opérations qui lui permettent de venir au Congo et de prendre de manière légale les
03:39FDLR, donc normalement il ne devait plus faire la guerre au Congo dans la mesure où le Congo
03:43lui a permis de faire ça, bien coopérer par rapport à ça, donc aujourd'hui revenir…
03:48C'est un agenda caché en fait.
03:49Voilà exactement.
03:50Alors vous avez parlé du M23 qui est sur le terrain depuis de nombreuses années, à
03:54la différence des années précédentes, cette fois il a pris beaucoup de terrain, soutenu
03:59par le Rwanda, il a pris le contrôle des territoires de l'Est, avec des violences
04:03qui ont fait de très nombreuses victimes, de très nombreux déplacés, et qui passaient
04:07un petit peu sous le radar des médias, pourquoi ce silence à demi-mot de la communauté internationale
04:12à l'époque ?
04:13En fait ce silence, comme le disait l'ancien directeur des opérations de la Monusco, c'est
04:20tout simplement parce que le Rwanda est, en disant le voleur, le pilleur de ces minerais
04:27qu'il revend aux multinationales de la communauté internationale, donc les multinationales ont
04:31intérêt à ce que cette guerre continue pour pouvoir en fait acheter ces minerais à vil
04:36prix et donc voilà, les multinationales font partie d'un pays, ils mettent la pression
04:42et les pays s'étaisent dans toutes les langues, et il y a aussi ces spectres que
04:47Kagame brandit tout le temps, les spectres du génocide, on vient encore de le voir avec
04:52le fait qu'il vient de rompre les relations diplomatiques, il avance comme motif, il voit
04:56là qu'il y a ces spectres-là du génocide, et alors comme on sait que ces génocides
05:02quelque part a été un peu la faute aussi de Nations Unies, donc tout le monde s'était
05:07dans toutes les langues, on le laisse faire, et au nom soi-disant du développement, au
05:11nom de la peur qu'il brandit ça, et donc voilà, en fait c'est ça qui a motivé ces
05:16silences, donc ce sont ces deux éléments, c'est-à-dire le résel des minerais congolais
05:21et les spectres du génocide tout-ci que Kagame essaie de brandir aux yeux de la communauté
05:26internationale.
05:27Alors Gisèle Mandayla, on va revenir donc sur ce colloque organisé récemment par votre
05:31partie Défi, pourquoi justement organiser un colloque maintenant sur la guerre à l'aise
05:35de la République démocratique du Congo ?
05:37Il faut savoir que depuis des temps, depuis plus de 30 ans, on est en train de se battre
05:43pour dénoncer cette guerre, ces conflits à l'aise de l'RDC sous les silences, comme
05:48j'ai dit assourdissants, de la communauté internationale, et ici le Rwanda a vraiment
05:53affranchi la ligne rouge, d'habitude il se cache derrière le M23 en disant voilà c'est
05:59une rébellion entre Congolais, c'est aussi pour ça aussi que la communauté internationale
06:04ne réagit pas en disant que c'est une rébellion entre Congolais, mais cette fois-ci je crois
06:08que le monde ne pouvait plus s'éteindre puisqu'il a déployé plus de 4000 soldats rwandais
06:12sur les sols congolais, donc là c'est vraiment un pays qui ne respecte pas en fait l'intégrité
06:18du territoire congolais et qui ne respecte pas non plus le droit international, et donc
06:22voilà il a fallu dénoncer ça avec ces éléments nouveaux que nous avions, ces preuves, et
06:30surtout parce qu'il faut savoir que dans cette guerre on utilise les viols comme une
06:38arme de guerre, le corps de la femme devient un champ de bataille, et je pense qu'on ne
06:42peut pas se taire par rapport à ça, on ne peut pas se dire parce que ce sont des hommes,
06:45non, mais ici il y a non seulement des hommes, mais en même temps il y a des femmes qui
06:50sont violées juste au motif de s'aimer la terreur pour que ces personnes puissent se
06:57déplacer et faire occuper en fait les territoires par une nouvelle population et demain venir
07:02de parler de l'autodétermination d'un peuple qui n'a pas existé sur ces territoires-là,
07:06et donc je pense qu'il y a eu quoi ? En l'espace d'une semaine on a eu plus de 8000 morts,
07:14et donc ça je pense que le monde ne peut pas se taire, et donc voilà c'était l'occasion,
07:19je pourrais dire que toute chose malheureuse est bonne, excusez-moi du terme, mais c'était
07:23vraiment l'occasion pour pouvoir sensibiliser la communauté internationale par rapport aux
07:27violations des droits humains. Justement vous évoquez les femmes, il y a aussi les enfants
07:31qui sont souvent les premières victimes de ce conflit armé, quelles mesures spécifiques on
07:36pourrait envisager, pourraient être mises en place pour protéger ces groupes vulnérables en RDC,
07:41on parle beaucoup de l'Union Africaine, des Nations Unies, mais il n'y a rien au bout sur
07:45le terrain. Rien au bout sur le terrain, bon voilà, moi j'ai entendu certains dire oui,
07:50en fait la guerre à l'est du Congo c'est très loin, parce qu'on fait la comparaison avec l'Ukraine,
07:56on est vraiment dans la même situation, et quand on pose la question de savoir pourquoi est-ce que
08:02pour l'Ukraine on prend des mesures et pas pour le Congo, moi j'ai entendu certains politiques dire
08:06oui voilà c'est loin le Congo, l'Ukraine c'est plus près de chez nous, donc quelque part c'est
08:12un peu, voilà on n'est plus enclin à pouvoir aider l'Ukraine. Il faut aujourd'hui déployer en tout
08:20cas, il faudrait que la Croix-Rouge puisse mettre en place des mécanismes ou alors des structures
08:27qui prennent en charge ces femmes, il faudrait aussi que la MONUSCO change la mission des Nations
08:35Unies qui est au Congo, parce que c'est une mission d'observation et ça fait 30 ans qu'ils
08:39observent, les rapports sont là, mais aujourd'hui il faudra qu'on change cette mission. Voilà une
08:44mission qui protège, même pas pour se battre, mais en tout cas une mission qui protège ces
08:48publics vulnérables et je crois que ça stopperait ou peut-être ça réduirait un peu les, comment dire,
08:54ça réduirait en fait les ambitions peut-être des M23 et de tous les rebelles. Et donc aujourd'hui
09:01on assiste à un désastre humanitaire au niveau de la RDC mais rien n'est fait, rien n'est fait
09:06contrairement à la guerre en Ukraine où on a envoyé des convois, ici on est en train de demander
09:11aussi que BIFAS puissent aller pour aider ces populations, ces femmes qui sont dans des hôpitaux,
09:18moi j'ai encore eu des témoignages où les gens sont dans les hôpitaux mais les M23 viennent
09:22quand même prendre des blessés, quand ce sont des jeunes hommes, des blessés pour le, soit les
09:27ramener du côté de Rwanda, les enrôler des forces ou alors ceux qui ne peuvent pas intégrer
09:32cette armée sont tués et jetés dans les lacs. Et donc voilà, il faudrait nécessairement en tout cas
09:36qu'il y ait des opérations d'aide humanitaire au niveau de ces zones-là.
09:40– Il y a urgence, effectivement, vous avez évoqué il y a quelques instants la présence de ressources naturelles
09:44très abondantes dans l'Est du Congo, souvent d'ailleurs citées comme le facteur majeur de ce conflit,
09:50c'est un peu utopique mais comment peut-on assurer, disons, une exploitation équitable de ces ressources
09:55au bénéfice des populations locales, sachant que certaines multinationales veillent à faire le contraire ?
10:01– Mais c'est tout simple, je pense que le Président de la République démocratique du Congo
10:06l'a dit dans toutes les langues, pourquoi acheter des minerais au Rwanda qui volent ?
10:12Pourquoi ne pas l'acheter directement au même prix que vous achetez au Rwanda éventuellement ?
10:16Pourquoi ne pas l'acheter au même prix mais aux Congolais pour permettre non seulement
10:21de garantir la paix dans la région des Grands Lacs mais de partager les bénéfices de ces ressources
10:30au niveau non seulement de l'humanité, puisque ça sert à nos GSM, ça sert pour nos batteries électriques,
10:38ça sert pour les batteries de la NASA, mais en même temps ça permettra aux peuples congolais
10:42de pouvoir vivre décemment, et c'est tout simplement ça en fait.
10:45Pourquoi chercher nécessairement à créer des conflits pour...
10:51Je pense qu'à décembre où on voit plus loin, c'est peut-être la communauté internationale
10:55où les multinationales ne veulent pas que le Congo se développe, si on achète même au Congo,
11:00on part du principe que peut-être le Congo va se développer, et une fois que le Congo se développe,
11:04mais je pense que c'est toute l'Afrique centrale qui va se développer,
11:07et il y a une mainmise de la communauté internationale qui va maintenir l'Afrique dans la pauvreté
11:11et continuer à exploiter illégalement tous les ressources qu'il y a au niveau de tous les pays africains,
11:15que ce soit en termes de pétrole, que ce soit en termes de minerais, en termes de terres aussi aujourd'hui,
11:21puisqu'ils achètent énormément de terres pour faire de la culture des masses,
11:28pas de la culture qui permette aux gens de vivre, et donc voilà, je crois que c'est vraiment ça qu'il y a en dessous,
11:33et qu'il faudra que les peuples congolais, ou en tout cas les peuples africains, puissent s'élever pour pouvoir barrer cela,
11:39et donc voilà, c'est vraiment en fait, c'est ça pour moi les sous-basements de ces conflits au niveau de l'Afrique.
11:44Un problème de fond, d'une manière plus générale, la Belgique, on le sait, a une histoire très complexe avec la République démocratique du Congo,
11:49en raison de la colonisation, comment cette histoire commune influence les relations en ce moment,
11:56entre les deux pays notamment, dans le contexte de ces conflits à l'Est ?
12:02Je pense que la Belgique est le pays qui connaît mieux en fait la région des Grands Lacs, le Congo, le Rwanda, le Burundi,
12:09parce qu'il ne faut pas oublier qu'il a colonisé ces trois pays-là,
12:12il a une finesse dans, je pense, dans les relations et dans l'analyse des faits, et l'analyse historique des choses,
12:21et qu'il a même de pouvoir peut-être orienter ou donner l'éclairage aux autres pays, peut-être de l'Union Européenne,
12:29qui ne connaissent pas le Congo, pour pouvoir en fait résoudre ces problèmes.
12:34Je pense que c'est ce que la Belgique est en train de faire maintenant avec le nouveau ministre des Affaires étrangères,
12:39contrairement aux autres ministres des Affaires étrangères que nous avons eus en Belgique,
12:43qui ont joué un peu l'hypocrisie et qui n'ont pas été justes.
12:49Mais je pense qu'aujourd'hui, comme l'ont dit les ministres des Affaires étrangères,
12:52c'est vraiment le fait qu'on n'ait pas respecté, que le Rwanda n'ait pas respecté les droits internationaux,
12:57qu'aujourd'hui la Belgique réagit comme il réagit pour l'Ukraine, comme il réagit pour d'autres pays.
13:02Voilà, je pense que c'est cette relation-là qu'il a, et cette connaissance fine de ces trois pays qui le met un peu en avant
13:10pour peut-être le faire des lances dans la gestion de cette crise au niveau des Grands Lacs.
13:16– Revenons à Bruxelles, en tant que députée bruxelloise, membre des défis,
13:20quelles initiatives avez-vous entreprises ou soutenues pour justement sensibiliser le public belge
13:25aux enjeux congolais et faire la promotion des actions concrètes ?
13:29– Au niveau déjà du Parlement bruxellois, nous avons voté la proposition de résolution
13:35pour demander des sanctions à la Belgique et à la communauté internationale,
13:39donc c'était une initiative d'une de mes homologues, Gladys Kazady, que j'ai saluée ici,
13:45et donc on a co-signé et on a voté à l'unanimité cette proposition de résolution,
13:50et donc ici on est en train de soutenir les associations et la société civile congolaise
13:55qui est en train de manifester, de faire pression,
13:59et avec le groupe des mandataires d'origine congolaise et AMI,
14:04nous sommes en train de rencontrer en tout cas l'ensemble des acteurs susceptibles
14:13d'aider à résoudre ces problèmes, donc voilà en tant que député ce que nous on peut faire,
14:18et donc c'est vraiment passé partout dans les médias pour sensibiliser,
14:22je voudrais vous remercier parce que vous êtes le premier média qui nous laisse le plateau
14:27pour expliquer les problèmes de ces conflits, on a essayé de demander à d'autres médias
14:31mais c'est aussi un silence radio de la part des médias dits traditionnels, malheureusement.
14:35– C'est un autre débat, avant de quitter peut-être Gisèle Mandela,
14:38si vous aviez un message à faire passer, je pense notamment pour les jeunes congolais
14:43qui nous écoutent, pour les sensibiliser encore un peu plus
14:47à ce qui se passe en République démocratique du Congo et à l'Est.
14:51– Mais c'est de participer à toutes les colloques qui se font pour expliquer l'histoire de la RDC,
14:58l'histoire de ces conflits pour qu'ils puissent avoir un sens critique
15:02et ne pas faire la distinction entre le régime rwandais,
15:08le régime des Kagame et les peuples rwandais.
15:11Je voulais dire ici que les peuples rwandais, on n'a pas de problème avec,
15:16on a vraiment des problèmes avec le régime, et donc voilà, participez à cela,
15:20venez à tous les sit-ins qu'on est en train de faire pour mettre la pression
15:25sur la communauté internationale, participez à des colloques,
15:29participez à des conférences, allez vous instruire pour connaître l'histoire et les racines,
15:35parce que je pense que quand on ne connaît pas l'histoire, on ne sait pas avancer,
15:38et quand on connaît son histoire, on sait prendre la mesure de la chose
15:42et alors peut-être mieux comprendre aussi les faits,
15:46et puis peut-être prendre des décisions de manière objective et adéquate.
15:51– Voilà, de manière objective et adéquate, c'était la conclusion de Gisèle Mandela,
15:55je rappelle que vous êtes députée bruxelloise, défi militante pour les droits humains,
16:00merci d'avoir été avec nous. – Merci à vous.
16:02– On se retrouve dans quelques instants pour la suite de votre Carrefour de l'information,
16:04à tout de suite.